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COLLECTION
DE
DOCUMENTS INÉDITS
SUR L'HISTOIRE ÉCONOMIQUE de la RÉVOLUTION FRANÇAISE
PL'BUKS PAR I.ES SOINS
DU MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE.
Par arrêté <lii 7 ocLobre ll>05, iM. lo Minisire de rinstruclion
]iiil)li(liio, des beaux-arts et des cultes, sur la proposition de
la Coniniissiou cliai'gée de recliercher et de publier les docu-
ments relatifs à la vie économique de la Révolution, a ordonné
la |inl)lication des Cahiers de doléances du bailliage d'Orléans
pour Ic^ fJtah (jéiiéranx de 1789, par M. Camii.i.I': l'u^nii.
M. AuMAM) Urette, membi'e de la Commission, a suivi
l'impression de cette publication en (jualité de eoirmiissaire
responsal)l('.
SE TROUVE A PARIS
A LA LIBRAIRIE LEROUX
rue lionaparte, Q8.
COLLECTION I)K DoClMKXTS LXEDITS
Vl{ l/mSTolRK ÉCONOMIQUE D K LA U !■; VO LU TI ON 1" R A N C A I S F,
l'iililiés pnr le MinistiTO do rinslrmiion piililiiiiic
DÉPARTEMENT DU LOIRET
CAHIERS DE DOLÉANCES
DU
BAILLIAGE D'ORLÉAl
POUR LES ÉTATS GÉNÉRAUX DE 1789
PLT.LirS PAR
Gamille BI_.OCïi
IXSPECTKUr! GKXERxVL DKS r.IBl.lOTHÈQUES ET DES ARCHIVES
Alil'.HIVISTE lIOXnR.VlliE IJI' IlÉPAIVrEMEXT PI' I.OII'.F.T
Tome premier
^ /
ORLEANS ^ ^
IMPRIMERIE ORLÉANAISE ';
\ •
63, Rue Royale, 63 ^ i
1906
INTRODUCTION
Ire PARTIE. — OBJET ET MÉTHODE DE LA PUBLICATION.
Objet de la publication. — La présente publication ne doit
pas contenir tous les documents relatifs à la convocation des
États généraux de 1789 dans le bailliage d'Orléans, mais seule-
ment, selon le plan adopté par la Commission, les cahiers de
doléances des paroisses et des corporations. Ces témoignages
émanés directement de la population des villes et des cam-
pagnes peuvent fournir une bonne partie des éléments précis
d'un tableau de l'état économique et social de cette portion de
la France à la fm de l'ancien régime. On trouvera également
ici le cahier du Tiers de la ville d'Orléans, à la rédaction
duquel prirent part les députés des corporations et ceux des
paroisses de ladite ville. Il est difficile, pour le but que vise
la Commission, de néghger les cahiers dressés dans les
assemblées des bailliages secondaires et destinés à celle du
bailliage principal d'Orléans. Le texte en a donc été donné.
Quant aux cahiers destinés aux États généraux et émanant
des assemblées générales des trois ordres, il a paru bon de les
publier également pour mettre sous les yeux du lecteur un
ensemble complet de documents analogues et pour faciliter
d'utiles comparaisons non seulement entre les vœux des trois
ordres, mais aussi entre ces vœux et ceux des assemblées
primaires.
La circonscription territoriale que nous embrassons est le
bailliage d'Orléans (1) : on entend celui qui, en vertu du règle-
(1) Plusieurs autres bailliages, désignés par le règlement du "2i janvier, avaient leur
siège dans le département du Loiret. Les caliiers n'ont pu en être jusqu'ici retrouvés en
nombre suflisant pour mériter une publication. Ce sont les bailliages de Montargis et son
VI INTRODUCTION.
ment du 24 janvier 1789, forma une circonscription électorale.
Les p.'troisses, villes et corporations dont on lira plus loin les
cahiers sont donc celles de son ressort. D'après le réi^lement
du 24 janvier, les opérations de la convocation devaient se faire
dans le bailliage principal d'Orléans et dans ses six bailliages
secondairefi, savoir : Heaugency, Jîoiscommun, J an ville (Yen-
ville), Neuville, Vitry-aux-Loges, Yèvre-le-Chàtel. Il eût été
désirable que cette publication-ci contînt aussi les cahiers
adoptés dans les assemblées primaires de ces six bailliages.
Mais, comme ils n'oiiL pu être jusqu'ici retrouvés, il a fallu se
contenter de donner les cahiers du Tiers rédigés dans les
assemblées préliminaires pour être portés à l'assemblée géné-
rale du bailliage principal.
En 1789, il y avait, dans le bailliage principal d'Orléans,
1()9 paroisses proprement rurales; en outi-e, 5 villes, qui
étaient : Orléans, .largeau, Meung, Pithiviers, Sully (1). A
l'exceptiou de quatre d'entre elles (2), on trouvera ci-après les
cahiei's de toutes les paroisses rurales. On trouvera également
ceux des cinq villes précitées. Dans l'état, annexé au règle-
secondaire, Lnrris, et di' (lien. Voici a leur sujet (|iieliiiK's utiles ludications Mbliogra-
lilii(|ues :
I. Bailliage de Moiitar^'is. Aii\ archives du Loiret, on trouve : l'origiual du caliier du
rlerci' et les procurations des memtjrcs de cet ordre ; les procésverbauv d'élection des
dcputês de la plus firaiide partie des riarnisses, mais pas de cahier, sauf ceux de Cliàtil-
lon-sur-Loing, Kerriéres. La CourNlarijiny, La Ferté-Loupière, Saint-F"arf;eau. Aux
archives uninicipahs de Mnntargis, liasse AA 5, ordonnance de Levassor de la Touche,
bailli, pour l'enrepistrenient et la publication de la lettre de convocation : asseiid)lée
générale des habitants ; cahiers des comuninantés et corporations de la ville ; liasse Hl! .tu,
assenildée portiint nomination des députés. Voir aussi Urette, Rcciwil iW docitniinls
rrliilifs II 1(1 niiiroailiDii di's Etals ijnirKuix ilr ns:>, III, |)ap;es 'lîS et suivantes. — 11. Ifail-
iia^;e secondaire de Lorris. Aux iirchives tlu Luiret. on trou\e : plusieurs assignations
iorigif)auxi des nobles pnssédant liefs: assignations de curés et bénéliciers ; pi'océs-\erbal
de lassendilée du Tiers du bailliage (Il niarsj ; « observations de .MM. de l'ordre
du Clergé et de l.i Noblesse sur ce (pii est contenu au caliiei- de doléances des
cominniiis, du bailli.ige de Lorris. » (Sans signature.) Noir aussi lirelle, liiincll. \i\,
|rages 4,").1 et sui\.inles. — III. Ilailliage de (lien (sans secondaire). Aux aicln\es(lu Loiret,
un iHMue : délibérations de l'iissemblée générale de la \ille de (iicn des l('> l'I -H) dé-
cembre ITHK ■■ riinci'rn.int plusieurs objets relatifs à la convocation des l^tats géné-
raux" ; jiroci's \erl)al de l'assemblée des trois ordres du bailli,i;.;e de (iien (Iti mars)
(coiije r.iile p.ar Maupré, archiviste) : procés-verbaux rréli'cjion desdépnlésdu Tiers fie la
ville lie (iien et des paroisses di^ llreteau, ltam|iierie en-lturly, duzouei- sur-Tié/.ée, Saint-
Kii/.nge. l'ojlly : procès verbaux du Clergé du b.iilliace contenant : t" mouinalion des
rédacteurs du cjihjrr général ; 2" cahier: .'!" noiuinalion du député (Iti l« maisi ; procès-
verbal «le pri'slation di- serm«'nl des depnlés du Clergé el de la Noblesse ,uix Klats gêné
ranx tîi n)aisi Voii' aussi Itielle, lircnnl. III. jiages 'ill el suivantes.
(Il Nous avons donné la liste de ces villes et iiiiroisses dans notre lii'oijfiiftliic pidiciairfi
d'' la eirnnir^mpltiia Irrnlnnitle nui n fiinur li ilcimiliineul <lii l.niri'l (\oir plus loin,
page \riii. (In > lrou\era aussi l:i liste des p^roissi's des six bailli.ig(-s seconrlaires.
(2) Itoisseaux. (ili\e|, S.iintl'eie. Traiiiou, dont les ciihicrs n'ont pu être retrouvés.
IXTRODrCTTOX. VU
ment du 24 janvier, des villes devant envoyer plus de quatre
députés aux assemblées de bailliages figurent Orléans et Meung.
Leurs corporations durent donc se réunir pour nommer des
députés chargés de porter leurs cahiers. Mais nous n'avons
retrouvé que les cahiers des corporations d'Orléans.
Sources. — Les textes publiés ci-après proviennent, en
énorme majorité, d'une seule source : les archives du Loiret.
Ils appartiennent à la série B de ces archives et au fonds, pour
la plus grande partie inclassé, du bailliage d'Orléans. Ils ont
été retrouvés naguère par M. Doinel, mon prédécesseur comme
archiviste du Loiret, qui en forma une collection à part que
j'ai complétée et dont j'ai fait le classement.
C'est aux archives de la ville d'Orléans, sous les cotes
AA 29,30 et 31, que sont conservés les cahiers de ces corpo-
rations.
Le cahier de chaque corporation est suivi de l'indication
précise de sa cote. Tous les autres documents ayant pour
unique origine les archives du Loiret, il a paru superflu d'en
répéter pour chacun la mention.
Presque tous les textes ci-après publiés sont inédits. 11 n'y
a d'exceptions à faire que pour les suivants :
Tiers du bailliage. Archives parlementaires, VI, G48.
Tiers du bailliage principal. — 658.
Université d'Orléans. — 068.
Procureurs d'Orléans. — 678.
Notaires d'Orléans. — 681.
Les copies dont se servirent les éditeurs des Archives par-
lementaires avaient été collectionnées sur les originaux déposés
aux archives du Loiret par l\. Maupré, archiviste.
Le cahier du Clergé a déjà paru dans la brochure de M. Cou-
ret. Cahier de V ordre du Clerr/é da bailliage d'Orléans pour
la convocation des États r/énéraux de 1789 publié pour la
première fois d'après le manuscrit de l'abbé Michel Mesnaijcr,
secrétaire de l'assemblée du Clergé. Oi'léans, Herluison, 1899,
in-8", 6i pages. Tiré à 50 exemplaires.
Vni INTRODUCTION.
Le cahier delà Noblesse a été publié en 1789 sous le titre :
Cahier de l'ordre de la Noblesse du hailliage d'Orléans.
Orléans, in-8", 42 pages. Un exemplaire se trouve aux Archives
nationales, carton B» 50.
Le cahier de la ville de PiLliiviers a déjà pam dans la bro-
chure de M. Jules Devaux, Le cahier de Pithiviers aux États
généraux de 1789. Pithiviers, 1897, in-8«, 24 pages. Extrait
de rAlrnanach de Pithiviers pour 1897. Le texte du cahier est
précédé de celui du procès-verbal.
Enfin, M. le D'' Garsonnin a édité le Cahier des doléances
de l'École royale de chirurgie d'Orléans. Orléans, Herluison,
KKJ2, in-8", 15 pages. Extrait des Mémoires de la Société
d'agriculture d'Orléans.
Le caractère inédit des cahiers et, en général, des docu-
ments relatifs à la convocation dans le bailliage d'Orléans n'a
guère permis de les utiliser jusqu'ici. Cependant, qu'on me par-
donne de signaler que j'en ai tiré parti dans les deux études
suivantes •
1" Géographie judiciaire de l'ancienne circonscription terri-
toriale qui a formé le départemoit du Loiret (17 89) accom-
pagnée d'une carte. (Pubhée comme introduction au troisième
volume de l'inventaire sommaire des archives du Loiret.
Orléans, I1K>), in-4".)
2" Les cahiers du hailliage d'Orléans au point de vue
économique. Dans mes Études sur l'histoire économique de la
France (1700-17801. Pai-is, 1900, in-8"', pages 157-22.3.
Méthode suivie dans la publication. — IMainteiiant quelques
indications doivent être iloniiées sui" la méthode suivie dans la
publication présente.
liic première (pieslion se pose naturellement à l'esprit de
tout éditeur au sujet des cahiers ({ui émanent des paroisses
nu'alcs. Doivent-ils être publiés intégralement? La réponse est
snboiddnnc'i' à crllr ipi il laul taire à nur autrr (jnestion : celle
de rori;^inalilt'' des cahiers ruraux, sur laquelle on a beaucoup
discuté.
I^'TR0DUCTI0^^ ix
Les cahiers ruraux. — Si, par originalité, l'on entend dire
que ces cahiers furent le résultat spontané des réflexions des
paysans eux-mêmes, n'obéissant à aucune suggestion étrangère,
abordant de leur propre initiative les graves problèmes poli-
tiques, économiques et sociaux et proposant des solutions, il
serait puéril de nier que les cahiers ne sont pas originaux.
L'histoire de la convocation enseigne que ce mouvement
s'accompagna d'une vive et profonde agitation des esprits. Il y
avait en 1788 et 178*J un état général de l'opinion concer-
nant les réformes à demander aux futurs États généraux.
Des brochures de propagande et des modèles de cahiers sous
forme d'instructions et de pouvoirs à donner aux députés
circulèrent à travers toute la France, et leur circulation a
engendré une identité des vœux et des doléances sur beau-
coup de points du territoire, identité qui s'étendit plus ou
moins complètement jusqu'aux termes mêmes employés par les
rédacteurs. La conséquence de ce fait est que nous devons
rechercher lesquelles d'entre les brochures contemporaines
furent certainement connues dans le bailliage d'Orléans et ont,
selon toute vraisemblance, dû influer par des voies directes ou
indirectes sur la rédaction des cahiers de cette circonscription.
Mais la littérature éclose aux appi'oches de la convocation
des États généraux ne s'adressait pas aux paysans eux-mêmes.
Elle fut lue surtout des hommes cultivés, des procureurs,
notaires, avocats, officiers des bailliages, qui, comme juges des
lieux, présidèrent les assemblées électorales. On constate que
chacun d'eux présida successivement les réunions de plusieurs
paroisses, soit à quelques jours d'intervalle, soit le même jour.
On devine comment les choses se passèrent. Aux électeurs
d'une paroisse le président présenta le cahier adopté dans la
paroisse voisine, qui tantôt fut reproduit sans changement,
tantôt subit des modifications de détail, tantôt fut profondément
altéré.
Mais notre pensée n'est pas que le président fut toujours le
rédacteur. Nous avons remarqué seulement qu'à l'identité du
X INTROnrCTlO.X.
personnitge revêtu de la présidence correspond soit ridentité,
soit la i^rande ressemblance des cahiers du groupe de paroisses
dont il dirigea les réunions. Faute de renseignements plus
précis, il nous a été impossible de donner les noms des rédac-
teui's ni d'établir quel cahier fut réellement le modèle imité
dans chaque groupe.
D'aulrc |.;u'l, il y a d.iMS les cahiers de paroisses, dont les
présidents hu'ent des persomiages diiïérenis, des vœux iden-
tiques qui révèlent une origine commune. Il a dû y avoir des
modèles locaux sur lesquels ces cahiers se formèrent direc-
tement. Nous n'avons pu découvrir aucun de ces modèles. Il
est probable qu'ils furent rédigés pour préciser et pour com-
pléter par des vœux d'un caractère local les modèles généraux.
Peut-être aussi les cahiers de certaines corporations d'arts
hbéraux (notaires, procureurs, avocats) ou du Tiers des villes
voisines ou du chef-lieu servirent-ils de modèles (1).
Après ces considérations, il y a lieu de faire connaître d'abord
les modèles généraux de cahiers sûrement connus dans le
Iciilliage d'Orléans ou les brochures qui ont dû nécessairement
inspirrr h^s rédacteurs. Nous parlerons aussi des brochures
(]ui, sans être des modèles de cahiers, ont dû agir sur le choix
des députés; ensuite, nous expliquerons le mode de grou-
pement des textes que nous avons adopté.
Modclea cl hrocJnireii. — Sous cette rubrique sont réunis tous
ceux qui ligurcnt dans les liasses relatives à la convocation, soit
;u-i\ ;u(diiv('S du Luircl, soiL aux archives ou à la bibliothèque
de la ville d'Orl(''ans. Leur présence dans ces dépôts permet
légitiuK'uitMit de supposer qu'ils furent connus des rédacteurs
des cahiers. On donne, en outre, ceux (jui sans avoir été re-
lll l.i* l'aliiiT (II' Vnir/.nn, .'i (irniHis ilr l;i Iransriirinntinn di'S iniiiôls on nii(> siilivnniinn
If-rrilinialp |i:i>ir par l.-s iiiojirii'lahrs (\uii In-s fri'i|iicnli, a\oii(' oxinosscniptit l'irispira-
llnn oxliiii'iiic : (. (In nuris dii r|c ilnnainliT . » l/o|ijiijnii cxiiiiiiii'c dans le passa^rc sni-
v.int par M. Kdnic l'.lianipinn nniis si-nililr cnrrcspiitidri' à la iraliti-, autant qu'on peut la
•Ifvlnrr. " rrMMliiiTs, iiMlin<-s pour l.i plnparl sur un inodi'lo runnuuu. ne sont pourtant
pas a dfd.iitruiT. d'almrd parrr ipu- df |ij;iTt's flilTi-n'ur.'s imllipuMil ipi'ils n'ont jias et"
ropjrs MTV liiMUfiil, fusiiili' pari •• ipi'il l'st naturel qui- des Inralilis voisines les inies des
autres ayatit niiim'-. Iiesoius aient adopte même réilactiou. » (',liam|iion, L'/Hs/cKf/i'od
n((/</'«/H/' /•» /■■).<m.' il ,ii,n-it Ir.s ailtuis dr iisit. l'aris, I8SI, inS". "i.'l pa^.'es. Extrait de la
lleviic mlLTiialioualu Ul' riinbLigucmenl l'.i . :, note i.
IXTRODL'CTIOX. -XI
trouvés à Orléans, ont cependant un caractère local très
marqué.
1. — De /ihr ration de l'Assemblée générale de la ville d'Orléans,
tenue le 7" décembre 1788, concernant plusieurs objets relatifs à la
convocation des États généraux. Orléans, 1788, in-4'*, Il pages.
Bibliothèque luuiiicipale, H 1481 (fonds I)esnoyers,relatif à l'Orléanais).
On V demande : 1" la représentation du Tiers double de celle des deux
autres ordres réunis ; 2° le vote par tète et non par ordre; 3° le maintien
des anoblis dans l'ordre de la Noblesse.
n. — Instruction donnée par S. A. ,S. M'-i'' le duc d'Orléans éi ses
représentants aux bailliages, sulrie de délibth-ations à prendre dans
les assemblées. 2"^ édition corrigée, 1789, in-8o, 67 pages. Archives
municipales, AA (supp.) 14 et 15. Bibliothèque nationale, Lb^Q^SO (1).
Le titre de cette brochure, attribuée à Sieyès, est plus connu que son
contenu. Elle s'ouvre par une « instruction pour les personnes chargées
de ma procuration aux assemblées de bailliage relatives aux Etats
généraux ». On les invite à insérer dans les cahiers de bailliage les
articles suivants : garantie de la liberté individuelle et de la liberté de la
presse ; respect du secret des lettres ; inviolabilité du droit de propriété ;
indemnité en cas d'expropriation pour l'utilité publique ; toutimpôt ne sera
consenti que jusqu'à la prochaine réunion des Etats généraux ; retour
périodique, à termes peu éloignés, des États généraux ; responsabilité
financière et morale des ministres ; consolidation de la dette de l'Etat;
l'impôt ne sera consenti qu'après connaissance prise par les députés de la
dette et après règlement des dépenses publiques ; répartition égale de
l'impôt ; réforme de la législation civile et criminelle ; établissement du
divorce; recherche des meilleurs moyens d'assurer l'exécution des lois ;
les Etats ne consentiront à délibérer qu'après l'établissement de la
(1) Il est utile (le citer ici le jugement de .M. Edme Champion sur cette brochure, (l)aiis
in^loire fiénérale du l V>= siècle à nos Jouru, publiée sous la direction de MM. Lavisse et Hani-
h.iud lV,mc VllI, La Hévolution française, \k 43.) " 11 (Sieyès) donna un projet de iteliheni-
Moi, Il prendre par les assemblées de biiiUltvies. >\u\ eut une fortune singulière : publie au
moment où beaucoup de monde quill.iit Paris itour aller dans les |)rovmces prendre p;iil
au\ i)|ieralions de la convocalion. réimpiinié à la suile des liislnuiions données par It^
duc dOrJf.ins à ses agents, très largement répandu et lu de t'Uis cotes, d parait avoir
exercé uni' iiilUience cousidéiiible : mais pins tard il lut C(iiifnmlu tautnt avee les liistruc-
linisim'W ac.-ompagiiHJt. tantôt avec je pn'crdent érril de Sie\(s (la fameuse brochure :
Oiieslre une le Tiers i-lal :'). Ile la \ ieiit sans doute (luil est 1res mal conmi... Heuguul a
prele'udu <pie. dans bi>aui'nu|i de bailliages, les paysans, l'xcités par ces dehhi^nilions. les
coiiierent religieusement; ils ne les a\ aient sans doute jamais re-ardees ; elles ne iiouvaient
ni ser\irde modèle pour la rédaction des cahiers, ni échanllcr les esprits. » I. hypothèse
de M Champion que les Délibérations ne pouvaient srr\ir de modèle aux cahiers des
paysans est acceptable ; mais cela n'empèclieiait pas quelles eussent inspiré les hommes
de' loi à qui sont dus vraisemblablement la plupart des cahiers.
Xll INTRODUCTION.
libertt' individuelle et ne voteront l'impôt après l'octroi d'une consti-
tution ; l.'s fondes de procuration du prince ne s'opposeront, relativement
à ses droits, à aucune demande juste du Tiers, que les cahiers soient
rédifrés dans chaque ordre à part ou par les trois ordres réunis ; abolition
des droits et règrlenients des capitaineries, conservation des droits de
chasse.
Viennent ensuite les « délibérations à prendre par les assemblées de
bailliages » commençant par cette phrase : « Un homme qui part pour
son assemblée de bailliage cherche à se rendre raison de ce qu'on aura à
y faire, et se demande : Comment nous y prendrons-nous ? » L'auteur
distingue trois « classes » de délibérations à émettre :
/'••^ classe : « Délibérations de l'assemblée sur elle-même ». C'est une
critique du règlement en ce qui concerne la représentation du Tiers. Le
Tiers doit voter seul. Les « délibérations » portent : 1° sur le choix du
président ; 2" sur celui du secrétaire et autres officiers ; 3° sur les lettres
de convocation et le règlement qui ne doivent être regardes que comme
a des instructions, des avis, des conseils » venant du Roi ; 4" sur les
vices de la députation telle qu'elle sera élue en vertu du règlement; 5°
sur la non-réunion des ordres en commun, les députés devant représenter
toute la Nation et non pas des ordres distingués en privilégiés et non-
privilégiés ; 0" sur les privilèges particuliers de quelques membres du
Tiers, qui devront y renoncer pour être élus par cet ordre.
:i'' fiasse : « Délibérations concernant les besoins publics ». La Noblesse
et le Clergé peuvent s'occuper des besoins de l'Etat, du bailliage, de
l'ordre ; le Tiers confond les besoins de son ordre avec ceux de la
Nation.
l""'" partie. « Besoins communs. » Limiter toutes les parties du pouvoir
exécutif, assurer la liberté individuelle, combattre les privilèges, se
saisir de toutes les parties de l'administration des finances, faire une
constitution, etc.. Cela est le plus pressant. Les autres demandes seront
renvoyées aux sessions suivantes pour avoir l'avis des assemblées
inférieures.
l" division. « Sur la liberté et les formes de l'assemblée nationale. »
" l'i'cmières délibérations sur l'élection du président et pour inviter les
Klats généraux à s'assurer t<»ute liberté dans l'exercice du pouvoir
législatif. «) Le pouvoir législatif doit être exercé par les représentants
de la Nation. Les présidents seront hebdomadaires et pris alterna-
tivement dans clia(jue [)rovinct^; si les trois (trdres sont réunis, les
présidents seront pris indistinctement dans chacun d'eux. Les députés
INTROnrCTION. XIII
siégeront sans distinction d'ordres, de provinces ou de députations. Dès
la première réunion, tous les impôts seront supprimés comme illégaux et
rétablis provisoirement pendant la durée de l'assemblée. Deuxième
délibération « pour faire cesser les inquiétudes, consolider le crédit et
ranimer la confiance et l'opinion publique » : consolidation de la dette,
nécessité de faire autoriser les emprunts par la Nation, création d'un
fonds d'amortissement de la dette. Troisième délibération a sur la
permanence, la police et la forme de l'Assemblée nationale ».
2« division. « Besoins nationaux les plus pressants. » 1<^ Déclaration
des droits à joindre à la Constitution ; 2'^ établissement de l'égalité de
l'impôt, de l'égalité des peines ; assurer la liberté individuelle, celle de
la presse, celle du travail, delà production, de l'échange, du commerce;
introduction du jury.
80 (( Constitution du pouvoir législatif». Au préalable, faire une nouvelle
division territoriale par espaces égaux, sauf aux frontières du royaume.
Prendre pour base de la représentation la paroisse ou le quartier (dans
les villes). L'assemblée de canton (230 paroisses ou quartiers) députera à
l'Assemblée provinciale qui nommera les représentants au Sénat national.
Toutes ces assemblées seront permanentes et aidées dans leurs travaux
par des commissions intermédiaires. Elles seront renouvelables par
tiers.
4° «L'impôt». Publication annuelle de l'état des finances; suppression
de tout impôt non commun aux trois ordres; conversion de la taille en
une « subvention » sur l'universalité des biens et en une « taxe » sur les
biens aff"ermés payée par les propriétaires ; consolidation de la dette ;
amortissement des intérêts les plus onéreux au moyen d'emprunts moins
chers ; égalisation de la recette et de la dépense ; économies ; les
États juges de la recette et delà dépense ; conversion en une subvention
des vingtièmes sur les biens ; suppression des vingtièmes d'industrie ; rôle
unique de capitation pour toutes les classes de citoyens ; proportion-
nalité des cotes aux revenus ; après consultation des assemblées
provinciales, nouvel examen, à la session qui suivra la première, de
toutes les impositions; égalisation de l'impôt entre toutes les provinces ;
échelle de répartition et de proportion entre les généralités ; les assem-
blées représentatives chargées de la répartition, de la perception, des
versements à la caisse nationale administrée par les représentants de la
Nation ; toutes impositions en régie ou affermées; révocation de l'inalié-
nabilité des domaines; autorisation nécessaire des Etats généraux pour
l'établissement de toute taxe locale ou particulière et pour la distribution
XIV LNTRODUCTIO.N.
tle tout se.-oui-.s d'ai-gent ; en cas de guerre imprévu!', nécessité d'assem-
bler les États généraux pour voter les crédits.
3^ division. « Demandes et opérations que l'on peut renvoyer aux
sessions suivantes et sur lesquelles il est bon de consulter les assemblées
représentatives. » Conversion des impôts ; abus de la féodalité ; privilèges
des [M-rsonnes et des provinces ; extension du jury à toutes les parties de
la justice civile et criminelle; unité de législation, des poids et mesures;
plan de police pour les villes et les campagne ; suppression des milices et
des classes (enrôlements forcés) ; abus du service des postes ; système
d'éducation et d'instruction nationale, etc.
2*' partie de la 2" classe. « Besoins du bailliage. » w Adopter tout ce qui
paraîtra tant soit peu raisonnable. »
3" partie de la 2« classe. « Besoins de ror(h-(\ » « Nous n'avons rien à
dire sur cela si ce n'est que l'intérêt i)articulier à un ordre est l'ennemi
de l'intérêt national. »
3e dusse, (c Délibérations concernant l'élection des députés, les \nn\-
voirs, etc. » Les rei)résentants n'auront pas un mandat impératif; ils
auront pleins pouvoirs, ne seront pas de « simples porteurs de notes ».
Ils sont les députés n(jM du l>ailliage, mais de la Nation.
III. — Iir/!p:rio}is sur les pouvoirs et instructions à donner par
les provinces à leurs députés aux Etats fjénéraucr. S. 1., 1781». in-8",
2î) pages. Archives municipales, A A (supp.) 28.
Il s'agit « d'indiquer dans la forme la plus sommaire les bases prin-
fipales sur lesquelles... les Etats généraux doivent fixer leurs premiers
regards ». Ces bases sont les suivantes : refuser tout \oW de subsides
avant que les droits de la Nation soient reconnus et constatés, savoir :
Sf>uveraineté du pouvoir législatif soit en matière d'impôt, soit en toute
autre matière; liberté individuelle; les citoyens jugés seulement d'après
les lois et par des juges légalement reconnus ou établis [)ar la Nation,
qui n'auront aucun pouvoir de modilier ou d'interpréter les lois;
suppi-cssion (b's évocations de causes; responsabilité des juges dans
l'exercice de leurs fonctions; la Nation chargée elle-même de répartir et
de percevoir les impôts; ministres responsables de leur gestion et justi-
ciables des tribunaux; périodicité des Etats généraux. En conséquence,
les députés auront les pouvoirs suivants : prendre une connaissance
exacte de la situation des linaiices, du montant et de l'origine du délicit,
Consolider la delti' nati<jnalc, se faire représenter l'état île iliaque
dépai'leiiieiit pour y établir la règle et la sévérité nécessaires ; interdire
.INTRODUCTION. XV
qu'aiicuno somme des tlenief.s puljlir-s ne soit détuni'iiée de l'emploi qui
lui aura été assigné pai' la Nation : ne consentir d"abord qu'une
somme d'imposition égale à celle des impositions actuelles et la répartir
entre les trois ordres indistinctement ; accorder momentanément la
somme nécessaire aux besoins de l'État; réunion spontanée des Etats
généraux à terme tixe, par exemple un an après la tin de leur session.
IV. — Projet de procès-verbaur/; d'élection de députés et d'instruc-
tions et pouvoirs à donner aux susdits députés par les paroisses,
bourgs, communautés, bailliages et sénéchaussées. S. 1. n. d.. in-8",
Iti pages. Archives municipales. AA (supp.) 28.
Les points visés sont au nombre de 16, savoir : 1" tous les impôts
seront consentis et prorogés par les Etats généraux ; 2" périodicité
des Etats; 3'^ responsabilité des ministres; 4*^ fixation du budget des
dépenses, y compris celles de la maison du Roi; les ministres respon-
sables de l'emploi des fonds ; 5'^ garantie de la liberté individuelle ; 6" de
la liberté de la [tresse ; 7'^ toute loi doit être votée par les Etats géné-
raux ; 8'^ établissement universel d'Etats provinciaux pour l'assiette et la
perception de l'impôt ; 9^ aucun citoyen ne peut être enlevé à ses juges
naturels; 10" les Parlements et les tribunaux n'auront pas le droit de
modifier les lois; 11" protection des magistrats dans l'exercice de leurs
fonctions ; 12" responsabilité des magistrats ; 13" les députés refuseront
tout subside tant que les droits de la Nation ne seront pas établis et
proclamés ; 14" avant de connaître l'état des ressources et des besoins
de l'Etat; 15" tous les ordres saront également soumis à l'impôt; lÔf*
les subsides consentis par les députés jusqu'à la prochaine assemblée des
Etats généraux.
V. — Instructions et pouvoirs à donner par les villes, bourgs,
paroisses et communautés des pays d'élection à leurs députés aux
assemblées des bailliages principaux, contenant en même temps les
pouvoirs généraux à donner à leurs représentants aux Etals géné-
raux, par M. F. n. T. S. L, 1789, in-8".
Brochure sous forme d'appel « à tous les citoyens du Tiers » qui est
menacé parce que, le règlement du 24 janvier bornant aux domiciliés le
droit de participer aux assemblées primaires et laissant néanmoins aux
officiers municipaux non membres du Tiers et aux juges des lieux ou
autres présidents d'assemblées le droit d'être élus députés des paroisses,
en outre les propriétaires et bourgeois non domiciliés étant écartés, les
. habitants des campagnes choisiront les baillis et officiers du siège dont
XVI INTRODUCTION.
ils relèvent, qui sont dans la dépendance des seigneurs. Ce danger est la
cause de ces « instructions » qui portent : 1° exclusion de tout noble ou
de toute personne jouissant des privilèges de la noblesse, ainsi que des
membres ilu Tiers déitendant des seigneurs; des subdélégués, commis
et secrétaires des intendants; des agents des linances royales; des adju-
dicataires ou entrepreneurs d'ouvrages publics; 2*^ désignation d'adjoints
pour remplacer les députés absents ; 3" obligatit^n pour les représentants
du Tiers aux Etats généraux d'entretenir une correspondance avec la
municipalité de la principale ville du bailliage ; 4" protestation contre le
dri»it exclusif pour les membres de la Noblesse et du Clergé d'être élec-
teurs dans tous les bailliages où ils possèdent des fiefs ou des bénéfices;
5" et pour les femmes, filles, veuves et mineures nobles possédant fiefs,
d'être représentées par des procureurs.
Les représentants du Tiers s'occuperont de la constitution, refuseront
tout subside, sauf le cas d'extrême urgence, avant qu'elle ne soit votée,
demanderont le vote par tête, au moins en cas de désaccord entre
les trois ordres, ne voteront de subsides que pour un an, ne consenti-
ront à aucune distinction humiliante pour eux par rapport aux deux
autres ordres. « Sur tous les autres objets à traiter et à discuter dans
l'assemblée des Etats généraux, les commettants s'en rapportent à la
justice et à la prudence de leurs re[»rcsentants (1). »
Quand on compare les cahiers avec les brochures qui viennent d'être
analysées, on voit que les vœux si variés qu'elles expriment ont été, tous
<»u en partie, reproduits à peu près universellement. Le fait que
beaucoup d'entre eux se trouvent répétés dans presque toutes ces
brochures prouve à quel point ils s'imposaient à l'opinion; il n'est pas
surprenant qu'ils aient frappé l'attention des rédacteurs locaux de
• •idiiers, qui les ont retenus (2).
VL — Il faut mentionnera part deux autres brocliures, qui circulèrent
dans le bailliage d'Orléans, mais s'adressaient particulièrement aux
membres du (Jlergé. La première est intitulée :
h'.rlrail des déllhéraliuns cl arrêté des cures d'Orléans relalive-
itnnl à la convoca lion des FAa h généra ua:. S. 1. n. d., in-8o, 23 pages,
liibliotlièque nationale, Lb^''-», 1028. La date est le 28 janvier 178U; elle
est donné»' dans le texte (page 1) et dans le titre de la
(I) ('.«•tle furniuli! se rclroiive dans bon nombre de cahiers.
»i) Aux bniiliiiri's iinri'il.'iitcH, il y a lii-ii d'en ajouter une. attribuée ordinairement à
Jullini. nnl.iiri', el inliluli'i' : » ll^•lll•\iull^ d iiu .ituveu de la nIIIc d'Orléans sur les droits
ijr ronlrol"' di-> arics. dinsinualiiiu, ilr r.utii-iui' deuier, de timbre et Irauc llef ». S. I.
U. d.. iul«, .il l'.ij.""' .\ri liivis muuirj|iuii.s, a.\, M.
INTRODT'CTION. XVII
VII. — LeUre d'un curé de campagne à MM. les curés de la ville
d'Orléans sur leur délibération du 28 janvier 1789. BibliotFièfiue
municipale, E 4523 (Recueils Pataud).
Dans la première de ces deux brochures, les curés d'Orléans émettent
un certain nombre de vœux qui furent communiqués à leurs collègues
du bailliage (1). 1'^ Suppression du casuel forcé; 2^ augmentation de la
portion congrue des curés et des vicaires. «. Notre diocèse en particulier,
disent-ils, mérite toute l'attention du gouvernement par la pauvreté de
ses bénéfices-cures, dont plusieurs n'ont pas même la triste ressource de
la portion congrue; et, lorsque la Nation aura accordé à vos justes
demandes la suppression du casuel forcé, elle sentira davantage la
nécessité de dédommager les curés et les vicaires de la campagne par
une plus forte dotation et de doter entièrement ceux des grandes villes
où les plus fortes cures n'ont pas d'autre revenu que le casuel. » On
préconise l'union des bénéfices aux cures pauvres, qui est prescrite
par les ordonnances de Blois, Orléans, Tédit de Melun, celui de 1005,
l'ordonnance de 1G2U, l'édit de 1708. « L'Église est assez riche pour
pourvoir abondanmient à la subsistance honnête de tous les ministres
essentiels de la religion » ; 3° les curés éliront des représentants aux
assemblées générales du Clergé; 4" protestation «contre la formation
illégale des bureaux des décimes ». Les chambres ecclésiastiques sont
composées de telle sorte que, sur U membres, il y a 5 chanoines de la
cathédrale, et que, parmi les quatre autres, les curés n'ont aucun député
particulier, le député pro reliquu clero étant nommé tous les cinq ans
par un corps électoral où ne sont pas représentés les curés de la cam-
pagne. Vœux pour la publication annuelle des rôles par les receveurs des
décimes, dans tous les diocèses du département, en vuede l'année suivante ;
pour la suppression des honoraires aux membres des bureaux, qui augmen-
tent les charges des bénéflciers : à l'exemple des laïcs qui administrent
la municipalité, l'hôtel -Dieu, l'hôpital général ; 5° abolition des dons
gratuits et des décimes. Le Clergé paiera dans la même proportion et la
même forme que les autres ordres. C'est le moyen de se débai-rasser de
la dette énorme de 150 millions que le don gratuit a accumulée sur le
Clergé. Il convient, du reste, que le Cllergé défende les intérêts du Tiers :
« Joignons notre cause à la sienne, nos prétentions à ses justes demandes,
et nous trouverons en lui des protecteurs généreux et des patrons utiles, w
Égalité de la représentation du Tiers et des deux autres ordres. Election
(1) Cela n-sulte exiicessément de (luelques-imes des doléuiu-es individuelles des .lu-és.
(Voir tome 11)
ï. I. -'
XVIII INTRODUCTION.
des députés aux États généraux par les trois ordres réunis. Délibéra-
tions des trois ordres en commun. Vote par tète. Etablissement d'un
fonds diocésain pour le soulagement des curés et vicaires vieux et
infirmes.
La Lettre d'un curé de campagne signale « la composition incom-
plète et le régime abusif » 1" des chambres diocésaines et 2" des assem-
blées du Clergé de France. Les évêques font élire pour députés dans
celles-ci « un parent, un protégé, c'est-à-dire un jeune abbé sortant à
peine de dessus les bancs, sans expérience, sans caractère moral,
qui aspire aux grâces de la Cour et qu'on veut aider à faire son chemin,
et plus souvent encore un sujet absolument étranger au diocèse dont il
ose se dire le député ». Les coûteuses assemblées du Clergé ne sont que
« des coalitions de prélats et d'aspirants à la prélature ». IjC haut
Clergé est indifférent, sinon hostile au bas Clergé.
Les vicaires ont des gages à peine équivalents aux gages des domes-
tiques des riches citadins.
Les évêques changent tous les 80 ou 3G ans leurs bréviaires, ce qui
entraine le changement des livres liturgiques, missels, graduels, anti-
phonaires, etc., vendus cher par un libraire ])rivilégi(> de M^''" ou par
son valet de chambre favori.
Doter les paroisses en biens-fonds. « Vous aviez sous les jeux les
riches monastères des Chartreux, des Bénédictins d'Orléans et de Saint-
Benoit-sur-Loire, les abbayes d'hommes de Saint-Mesmin, de La Cour-
Dieu, de Saint-Euverte et de Beaugency, celles de filles de Saint-Loup
et de Lieu-Dieu, el le couvent de Fontevristes de la Madeleine; toutes
ces maisons réunies ne formeraient-elles pas une masse assez forte, assez
abondante itour foui iiir un supplément convenable à 200 cures environ
qui nt' sont i)as dotées ou (lui le sont insulfisjimmcnt sui* 270 (jue le
diocèse renferme? »
Les jeunes prêtres sont pru instruits, peu traviiilh'urs. débauchés.
Il f;iu(li':iit rétablir les synodes diocésains.
l'i'olestation contre « l'obéissance passive » en matière de dogmes, à
laquelh' on hai)itue le bas Clergé, qui devrait avoir le droit de suffrage
sur ces niatièi'es dans les conciles, etc.
NUL — La l)rochure suivante s'adressait aux membres de la Noblesse.
Jllli- vis;dl surtout le choix des députés que les électeurs de cet ordre
devaient désigner. Elle a poui' lilrt' :
Ri'/lr.iinn-i d'un i/rnlit/ioimur de /'(Jrti'anais pour ht nomtnailon
INTRODUCTION. XIX
de députes sur les bruits répandus qu'il // avait à l'assemblée de son
ordre des voix demandées et promises à M. le D. /)..., M. le D. D...,
le marquis de C... el autres, adressées aux metnbres de ladite assem-
blée. Bibliothèque municipale, E 4431 (Recueils Pataud.) De la main
de l'abbé Pataud : 24 février 1789.
(( Nous ne devons, dit l'auteur anonyme, prendre nos députés que
dans le corps des simples gentilshommes. Vivant dans une décente sim-
plicité dont ils se contentent, ils n'en ont pas moins les qualités du cœur
et de l'esprit. Ils sont à l'abri de l'ambition et des fautes personnelles
qu'elle peut faire commettre dans ce moment-ci à quelqu'un qui en serait
tourmenté. Cette place ne conviendrait nullement à un grand seigneur :
il a bien des intérêts communs avec le gros de la Noblesse ; mais il en a
de particuliers. Il serait à craindre qu'il s'occupât trop vivement de ces
derniers au-dessus de l'honneur que fera la confiance de son ordre k un
gentilhomme ordinaire ; ce motif ne décidera pas le grand seigneur à se
charger de la députation ; délivré de l'ambition par la jouissance, ce
motif ne sera point encore son motif. Quel peut-il donc être ? l'intérêt
pécuniaire, la continuation de l'inégalité de la taxe dont il jouit, et dont
il craindrait de voir établir l'équilibre. C'est positivement ce que nous
avons à craindre et ce que nous devons éviter le plus soigneusement. »
L'auteur demande aussi l'exclusion des gros propriétaires étrangers
qui ne connaissent pas les intérêts locaux, des gentilshommes indigènes
qui ne briguent les suffrages que pour obtenir, une fois élus, les faveurs
personnelles du pouvoir.
« La Noblesse ne git pas dans les parchemins, ils n'en sont que les
titres ; nous la trouverons en effet dans le cœur, dans l'esprit, dans la
façon de penser de ceux de notre ordre. »
IX. — Un autre document doit être retenu comme symptôme de l'état
des esprits au moment où se firent les opérations de la convocation. Il a
pour titre : Instruction ci l' usage des électeurs du bailliage principal
d'Orléans et des bailliages secondaires. S. 1. n. d. Bibliothèque natio-
nale, L c23, 190. Vraisemblablement, le lieu de publication est Orléans.
La date peut être fixée après le 17 mars et avant le 2 avril, c'est-à-dire
pendant la période où se tinrent les assemblées générales des trois ordres
en vue de rédiger les cahiers généraux du bailliage et de désigner les
députés qui seraient chargés de représenter la circonscription aux Etats
généraux. C'est le texte même qui permet de fixer te date : vme des
principales preuves se tire de l'allusion aux débats que les prétentions
XX INTRODUCTION.
des abbés coininendataires provoquèrent au sujet de la présidence dans
l'ordre du Clergé, débats qui eurent lieu dans la première séance de cet
ordre (17 mars).
Quant à l'auteur, il se désigne lui uirnie des le début, mais en termes
vagues, comme « un des électeurs pour députer aux Etats généraux de
Versailles». Il n'y a pas doute qu'il ne soit un mendjre du Tiers. Ce
renseignement est le seul qu'il semble possible de donner sur lui.
L' K Instruction » est rédigée en forme de catéchisme, par demandes
et réponses ; par exemple, elle débute ainsi :
« I>. Qui ètes-vous ^
« U. Je suis un des électeurs pour députer aux Etats généraux, dont
l'assemblée est indiquée par le Roi pour le 27 avril 178!).
« I). A qui cumptez-vous donner votre sulTrage ?
« R. A celui que je croirai le plus honnête et le plus en état de
défendre les droits de la Nation, en faisant le sacrifice des siens. »
Le document a un caractère bien marqué de pamphlet, s'attaquant en
termes directs non seulement aux ordres de la Noblesse et du (Clergé,
mais même à des personnages qu'il est malheureusement difficile
d'identifier tous.
Trois espèces de renseignements peuvent être extraits de ce libelle :
1" Quelles compétitions se produisirent pour la députation pendant la
réunion des ordres ?
2" Quels moyens de pro[)agande employèrent certains candidats ?
îi" Quelle était, au sujet de la désignation des candidats, l'opinion
d'une partie des électeurs réunis à Orléans?
L'auteui' juge sévèrement tous les candidats.
« D. Que pensez-vous des personnes qui sollicitent les sufirages des
électeurs?
« R. Je pense que leur conduite est plus que suspecte, et qu'ils ne
doivent i»as être élus. »
Il les i)asse en revue et explique les motifs pour lesquels ils doivent
être évincés.
I)'aburd les juges seigneuriaux (baillis, procureurs fiscaux, etc.). Ils
ne doivent i)as être élus, parce qu'ils « sont sous la dépendance absolue
des seigneurs qui ont des intérêts contraires au Tiers état et que les
baillis et les procureurs fi.scaux reçoivent des ai)i)ointements ou hono-
raires de ces mên)es seigneurs ».
lùisiiite, les pi'ofesseurs de droit et docteurs-régents des Universités.
J^'aulcur vise surtout lo corps de 1' « Université de lois » d'Orléans,
INTRODUCTION. XXI
dont plusieurs mombres avaient pris également comme présidents une
grande part aux assemblées des paroisses et avaient dans la ville et dans
la région une situation importante à cause de leur connaissance du droit.
« Je pense, dit-il, qu'ils ne doivent pas non plus être élus, parce que
cette élection les empêcherait de suivre les études des Universités qu'ils
ne peuvent quitter, surtout dans ce moment où l'on se propose de les
régénérer; je suis même persuadé d'avance que par honneur ils n'accep-
teraient pas. )) Un autre argument invoqué concerne la qualité des pro-
fesseur et docteurs-régents qui aspirent à représenter le Tiers. C'est
que, s'ils ne sont « ni nobles ni anoblis, malgré la qualité de messire
dont quelques-uns se parent », ils sont incontestablement membres du
Clergé. Les Universités sont des institutions d'origine ecclésiastique.
Celle d'Orléans n'a jamais cessé de se considérer comme appartenant à
Tordre du Clergé, puisqu'en 1788, aux obsèques de l'évèque Jarente,
elle a pris «séance au milieu des ecclésiastiques ». L'éviction des mem-
bres de l'Université n'est qu'une conséquence de celle des ecclésiastiques.
L'auteur fait allusion à l'un de ceux-ci « qui sollicite des suffrages et en
fait solliciter ouvertement pour parvenir à être nommé». Celui-là, dit-il,
« doit se retirer dans l'ordre du Clergé » (1).
Une autre catégorie de candidats est formée par les membres des
assemblées provinciales, notamment un secrétaire de ces assemblées
« qui sollicite des suffrages ouvertement ». Il faut l'éliminer « à cause
des intérêts contraires et des relations trop fréquentes qu'il a avec
les grands seigneurs qui composent ces assemblées » où sa présence est
d'ailleurs nécesaire ; « dans presque toutes les villes, on a même eu l'at-
tention de ne députer aucun des membres des assemblées provinciales ».
L'auteur traite longuement de la prétention des abbés commendataires
à être nommés soit présidents de l'ordre du Clergé, soit députés. Dès la
première séance du Clergé (mardi 17 mars), un conflit s'était élevé au
sujet de la présidence. Voici comment s'exprime à ce propos le procès-
verbal (texte publié par M. Couret ; voir plus haut, page vu) :
« M^''• l'évèque d'Orléans étant absent, M. Deloynes de Talsy, doyen
de l'église cathédrale et l'un des députés de son chapitre, a cru devoir
prendre séance à la place destinée au président de l'assemblée. MM. de
(1) D. Oue pensez-vous d'un simple curé tonsuré qui ne paie point de capilation, qui
s'en est fait décharger par sa (pialité d'cci-lésiasti<pu' depuis plusieurs années, et qui,
depuis les assemblées indiquées, a fait faire pour lui seul un rôle de supplément de capi-
tation où il se trouve impusê ? ...... j •* i
H. Je pense que la manœuvre de cet ecclésiastique est odieuse ; que sa conduite est
évidemment suspecte, et qu'il doit en être exclu.
XXII JNTRODUCTION.
Chapt (leRastiirnac, abbé commendataire de Saint-Mesmin ; de Gésarge,
de Saint-EuvtTte ; Delageai-d, de la Cour-Dieu et d'Osmont, de N.-D. de
Beaugencv, prétendant que le droit de présider leur appartenait, ou à
l'un d'eux, en l'absence de mondit seigneur évèque d'Orléans, M. l'abbé
de la Cour-Dieu a présenté sur le bureau un écrit en forme de jugement
ou décision provisoire de M. le marquis d'Avaray (1), instruit de la pré-
sente contestation, a fait lui-même lecture à haute voix dudit écrit dont
copie suit :
« L'ordre du Clergé s'assemblera à l'évèché. Il y sera présidé par le
l>lus ancien prêtre, de quelque classe qu'il soit, et seulement pendant le
temps nécessaire pour procéder à Texécution de ce qui va être dit.
« Le plus àgê des deux prétendants à la présidence de cet ordre expo-
sera le premier sur quoi sont fondés ses droits et prétentions, le moins
âgé parlera ensuite. Les deux prétendants se retireront, le président ira
aux voix, et celui des deux qui aura la majorité sera nommé président.
Si M. l'abbé de Saint-Mesmin a le plus de voix en sa faveur, M. le doyen
et les dignitaires de la cathédrale prendront place immédiatement après
lui. Si, au contraire, M. le doyen delà cathédrale a la pluralité, MM. les
abbés commendataires se placeront immédiatement après lui. Il sera inséré
dans le procès-verbal que cette décision n'est que provisoire et qu'elle
ne pourra préjudicier aux droits des parties. A Orléans, le 17 mars 1789.
Sif/né : D'Avaray. » Le vote qui suivit assura la présidence au doyen de
la cathédrale par 153 voix contre 124.
Cet incident est a[)précié durement par Tauteur de la brochure.
« Les droits réclamés par les abbés commendataires me paraissent
absurdes et mal fondés. .Je regarde ce corps comme nul dans la hié-
ranhic. »
(]e qu'il démontre par une dissertation historique sur l'origine des
abbés commendataires. Il ajoute qu'ils ne doivent pas être élus députés
parce qu'ils ont « des intérêts contraires à ceux du bas Clergé, dont ils
abandonneraient les di'oits pour ne s'occuper que des objets qui leur sont
personnels ». Par contre, il pi'êconise la nomination de « deux honnêtes
curés de ville et un lioniiète curé de campagne ».
Suivent l'éloge du président de l'ordre de la Noblesse, le marquis
d'.\vai'ay. grand bailli, et de sa Icmme, et celui de l'ordre lui-même, qui
consent à la suppi'ession de ses privilèges en matière d'impôts.
(1) Le K^uid Ijailli.
INTRODUCTION. XXIII
La brochure se termine ainsi :
« En voilà assez : allons ensemble assister à la messe du Saint-Esprit,
que fait célébrer le Tiers état dans l'église des R. P. Récollets; nous
prierons Dieu qu'il donne des lumières à tous les électeurs ; qu'il écarte
toutes les cabales et inspire toute la défiance contre ceui qui vont diner
aux tables d'hôte pour mendier des suffrages et y faire du bol esprit, en
s'indiquant pour être nommés ; nous l'invoquerons pour que l'on se
tienne en garde contre ceux qui donnent des listes de personnes qu'ils
prétendent devoir être choisies, et vont même dans les auberges mendier
les voix des étrangers électeurs, etc.. A ce propos, je viens d'apprendre
par une personne de considération que les députés du Tiers état n'auront
que trois livres à dépenser par jour.
« Demain, nous causerons plus amplement, et particulièrement du fils
d'un marchand mercier de cette ville, de la rue Sainte-Catherine, d'abord
en détail, puis en gros, dans le moment actuel fils d'un secrétaire du Roi,
qui a aussi fait plusieurs démarclies déplacées auprès de quelques
députés des bailliages secondaires pour avoir des suffrages. Je ne perdrai
pas non plus de vue de vous faire connaître qu'il ne suffit pas au Clergé
d'offrir de contribuer aux besoins de l'État dans la même proportion que
les autres ordres, mais qu"il doit encore acquitter dans son ordre seul la
dette ancienne que l'on dit être de 160 millions et qu'il serait injuste de
considérer comme dette de la Nation. »
Groupement des cahiers. — Ce qui a été dit plus haut du
rapport entre les cahiers des paroisses rurales qui ont eu le
même président justifie le groupement des textes adopté dans
la présente publication. Deux grandes divisions ont d'abord
été faites : 1. Groupe d'Orléans, constitué par les cahiers
adoptés sous la présidence d'hommes de loi Orléanais (procu-
reurs et notaires au Chàtelet d'Orléans). II. Groupes divers.
Le groupe général d'Orléans a été réparti en 21 groupes
secondaires, formés de plusieurs paroisses ou, lorsifue le pi-é-
sident n'a figuré que dans une assemblée, d'une seule paroisse.
Les groupes divers sont au nombre de 51, constitués selon
le même procédé. Au total, 72 groupes.
En voici la liste :
XXIV I>-TRODUCTION.
/. Groupe d'Orléans.
1" Justice temporelle de révèché crOrloans. Paroisses : Saint-.Tean-de-
la-Ruelle et Saran. Président : Ghaufton, avocat, professeur à l'Univer-
sité, lieutenant de la justice de l'évèché,
2" Justice d'Ingré. Paroisse : Ingré. Président : Perche, avocat, pro-
cureur général de l'Université, bailli de la justice d'Ingré.
30 Ormes. Président : Jean-Gabriel Porcher, notaire.
40 Chanteau; Fleury-aux-(^houx. Président : Simon, notaire.
50 Semoj. Président : Petit, notaire.
60 Boignj. Président : Chevreuil de Villebelle, avocat au Parlement,
notaire, bailli de la commanderie de Boigny.
70 Marignj. Président : Hi'uère, notaire.
8» Saint-Jean-de-Braje. Président : Fougeron, notaire.
0" Combleux. Président : Bruslé, notaire.
10 Vennecy. Président : Cornu, procureur au Chàtelet, procureur
fiscal de la justice de Vennecy.
11" Justice de Saint-Mesmin-de-Micy. Paroisses : Chaingy, Saint-
I)enis-en-Val, Mézières, La Ghapelle-Saint-Mesmin. Président : Dubois,
procureur fiscal de la justice de l'abbaye de Saint-Mesmin, en l'absence
du bailli Robert de Massy. — Saint-Hilaire-Saint-Mesmin. Paroisse :
Président : Romet, procureur au Châtelet, en l'absence de Robert de
Massy.
12" Justice de Bucy-le-Roi. Paroisse : Bucy-le-Roi. Président :
Romet, bailli de cette justice.
13" Justice de Sainte-Croix d'Orléans. Paroisses : Sougy, Terminiers,
Rouvray-Sainte-Croix, Gémigny. Président : Guillaume-Anne-Salomon
de la Saugerie, professeur à l'Université, bailli de la justice de Sainte-
Croix (1). — I*aroisses : Saint-Pryvé-Saint-Mesmin, Saint-Martin-
du-Loirct (olivet), Mardié. Président : Johanneton, syndic des procu-
reurs du Chàtclct, i)rocureur fiscal de la justice de Sainte-Croix.
Il" Juslire de Sainl-Aigiian d'Orléans. Paroisses: Artcnay, Santilly,
Teillay-ie-Peneiix, Ruaii. l'i-ésidciit : Moutii-, docteur régent à l'Uni-
vcrsité, bailli de la justice — Paroisse : Lunu-au. Président : Petit,
notaii'c à Artctiay.
lô" .liistlcf de la b;u'(»nirH> de f]hevilly. Pai-oisses : Orcottcs. (ridy,
lÎMuiay, l'ricv, ilui'trc. Clicvilly. Président : 'l'ivicr, procurcni' an Chà-
M) Il fut l(lll^ lanl rlii di |iiilf du Tiers :iiix Etais génùraiix.
INTRODUCTION. XXV
telet, bailli de la justice. — Paroisse : Greuzy. Président : Benoit,
notaire à Chevilly.
16" .Justice du marquisat de Montpipeau. — Paroisses : Rozières,
Goulmiers, Saint-Sij2-isniond. Saint-Ay. Président : Dumuys. procureur
au Chàtelet, procureur fiscal de la justice.
17° Justice de la baronnie de La Ferté-Lowendal (La Fertc-Saint-
Aubin). Paroisses : La Ferté, Ardon, Ménestreau-en-Villette, Mar-
cilly-en-Villette. Président : Denis-Robert de Massy, professeur à TUni-
yersité; avocat en Parlement, bailli de la justice. — Paroisse : Yvoi.
Président : Savart, lieutenant de la justice.
. 18" Saint-Jean-le-Blanc. Président : -Jean Lesourd, notaire au Chà-
telet.
10" Ghécy. Président inconnu.
20° .Justice de Saint-Gyr-en-Val. Paroisse : Saint-Gyr-en-Yal. I^rési-
dent : I^erche, bailli de la justice.
21° Justice du marquisat de Ghàteauneuf. Paroisses : Ghàteauneuf-
sur-Loire, Ouvrouer-les-Ghamps, La Queuvre (aujourd'hui Le Queuvre),
Sigloy. I^résident : I^rche, bailli de la justice.
//. Groupes divers.
22" Justice de la châtellenie de Jargeau. Paroisse : Jargeau. Prési-
dent : Gaucher, échevin, — Paroisses : FéroUes, Bou, Ingrannes,
Donnery. Président : Jucqueau-Dutilloy, procureur fiscal de la ville et
châtellenie de Jargeau. — Paroisse : Darvoy. Président : Ghaufton,
bailli de Jargeau. — Paroisse : Vienne-en-Val. Président : Desbois,
notaire à Jargeau.
23" Justice de Saint-Denis-de-rjJôtel. Paroisse : Saint-Denis-de-
l'Hôtel. Président : Baudin, bailli de la justice.
24" Justice de Sandillon. Paroisse : Sandillon. Président : Glaude
Tilliet, ancien des procureurs de la justice, en l'absence du bailli.
25" Justice de Saint-Benoît-sur-Loire. Paroisse : Saint-Benoît. Prési-
dent : Langlois, bailli de la justice. — Paroisses : Ghâtenoy-aux-Bois,
Bouzy, Guilly, Bray, Vieilles-Maisons. Président : Procliasson, notaire
de la châtellenie de Saint-Benoît. — I\^roisse : Saint-Aignan-des-Gués.
Président : Gautier, procureur fiscal de la justice. — Paroisses : Saint-
Martin-d'Abbat, Germigny-des-I'rés. I^résident : Thiercelin, notaire de
la chât(4lenie, à Saint-Martin-d'Abbat. — Paroisse : Les Bordes. Prési-
dent : Baujouant, notaire de la châtellenie. — Paroisses : Tigy, Neuvy-
en-Sullias. Président : Desnoyers, notaire de la châtellenie, à Tigy.
XXVI INTRODUCTION.
260 Groupe de SuUy-siir-Loire. Paroisse : Sully. Président : Nolleau,
lieutenant général du' duché-pairie de Sully. — Paroisse : Isdes. Prési-
dent : Villoing, notaire à Sully. — Paroisses : Vannes et Yiglain. Prési-
dent : Remy, notaire à Sully. — Paroisses : Sennely et Souvigny.
Président : Branchet, notaire à Vannes. — Paroisses : Lion-en-SuUias,
Saint-P'lorent, Bonnée, Saint-Père. Président : Arnal, notaire à Sully. —
Pai'oisse : Chaon. Président : Berthier, notaire en la justice de Sully, à
(^haon.
270 Saint-Aignan-le-.Taillard. Président : Hodeau, notaire de la terre,
seigneurie et justice du lieu.
280 Saint-Gondon. Président : Bouzeau, ancien expédiant de la jus-
tice et baronnie. en l'absence du bailli.
290 Groupe de Cerdon. Paroisses : Gerdon et Villcmurlin. Président :
Baudet, notaire de la chàtellenie.
300 Coulions. Président : Notin, lieutenant de la justice de Coulions.
.Slo Vouzon et Lamotte-Beuvron. Président : Brigot, ancien procu-
r.'urd. 'S justices de Vouzon, La Motte et Canle, en l'absence du bailli
et lieutenant.
'A2° Nouan-le-Fuzclicr. Président : Leroy, notaire à Nouan.
'A:V' Pierrefitte-sui'-Sauldre. Président : BlanclKird. notaire à Pierre-
fitte.
340 .Justice de La Ferté-de-Pestre (La Ferté-Saint-Aignan). Paroisses :
Grouy, Bonneville. Président : Delahaye, notaire à La Ferté.
350 Toury-en-Sologne. Président : Chapeau, procureur à la prévôté
de Toury.
30» Groupe de Suèvres. Paroisses : Sainl-Christo[»h(', Saint-Lubin,
Saint-Martin-de-Suèvres. Président : David, notaire à Suèvres.
370 La Chapi-lle-Sainl-Martin. Président : Ilénault, notaire à La
(Chapelle.
38° Cléry. Paroisse : (]léry. Président : Fustier, sieur de Bois-Mon-
jouan, procureur fiscal en la ville-chàtellenie-baronnie de Cléry.
30" Meung-sur- Loire. Ville de Meung. Président : Brigot, maire. —
Paroisse : Mareau-aux-Prés : Duinnys, proi urcur fiscal de la chàtellenie
de Meung. (Voir plus haut, 11" iC).)
■10" Haccon. Président : BaiMciil, udlaire à Baccon.
Il" (;ruu[)c de CharsoiiviUr. Paroisses : Charsonville, Huisseau-sur-
.Mauves. Président : l)flanim'. notaire des deux paroisses.
420 (Jroupe de Sainl-Péravy-la-Culonibe. Paroisses : Saint-Péravy,
INTRODUCTION. XXVII
Bucy-Saint-Liphard, Coinces. Président : Goignard, notaire à Saint-
Péravy.
43" Groupe de Nids et Tournoisis. Président : Gajon. lieutenant de
la justice de Nids, en l'absence du bailli.
44» Groupe de Toury-en-Beauce. Paroisse : Toury. Président : Lair,
bailli. — Paroisses : Teillay-le-Gaudin, Rouvray-Saint-Denis. Président:
Aubert, notaire à Toury. — Paroisse : Mérouville. Président : Genty,
notaire à Arbouville, paroisse de Rouvray-Saint-Denis.
45" Groupe de Tivernon. Paroisses : Tivernon, Lion-en-Beauce.
Président : Poignard, notaire à Tivernon.
46'' Groupe de Saint-Lyé. Paroisses : Saint-Lyé, Yilleveau, Bougy.
Président : Martin, notaire à Saint-Lyé.
47" Trinay. Président : Charpentier, notaire à Trinay.
48'' Rebréchien. Président : Valette, procureur plus ancien de la jus-
tice du lieu.
49" Groupe de Loury. Paroisse : Loury. Président : Desnoyers,
procureur du Roi au bailliage de Neuville, lieutenant de la justice de
Loury. — Paroisse : Le Bourgneuf. Président : Petit, notaire de la
baronnie-châtellenie de Loury.
.50" Groupe de Fay-aux-Loges. Paroisses : Fay, Sully-la-Chapelle.
Président : Petitgué, notaire à Fay.
51° Traînou. Manquent le procès-verbal et le cahier.
.52" Chilleurs-aux-Bois. Président : Boucher, notaire à Chilleurs.
53" Crottes. Président : Desnoyers, notaire à Izy.
54" Groupe d'Allainville et Erceville. Président : Petit, bailli d'Allain-
ville et d'Erceville.
.55° Boisseaux. Manquent le procès- verbal et le cahier.
56" Charraont. Président : Malon, notaire à Charmont.
57" Groupe de Pithiviers. Ville de Pithiviers. Président : Lebègue
d'Oyseville, maire. — Paroisses : Bondaroy, Marsainvilliers. Présidents:
Chénard de Fréville et Quinton, notaires à Pithiviers. — Paroisses :
Engenvillc, Bouzonville-en-Beauce. Présidents : Chénard et Mercier,
notaires à Pithiviers. — Paroisse : Intville-la-Guétard. Présidents :
Chénard et Laillet, notaires à Pithiviers. — Paroisses : Bourg-l'Abbaye,
Escrennes. Pithiviers-le-Vieil. Président : Pointeau, procureur fiscal
de la châtellenie de Pithiviers. — Paroisses : Grigneville, Guignonville,
Léouville, Morville, Sébouville. Président : Bernard, notaire à Sébou-
ville.
XXVIII INTRODUCTION.
58» Justice de Mareau-aux-Bois. Président : Marteau, notaire et pro-
cureur lîscal du lieu.
590 Yèvre-la-Ville. Président : Perret, avocat en Parlement et au
bailliap:e du lieu.
00" (iuigneville. Président : Hautefeuille, ancien procureur du bailliage
du lieu.
()!'> Aulnay-la-Rivière. Président : Minger, procureur fiscal et notaire
du lieu.
62» Ondreville. Président : Devilliers, notaire à Puiseaux, procureur
fiscal du bailliage du lieu,
030 Groupe de Malesherbes. Paroisse : Malesherbes. Présidents :
Desroziers, grenetier au grenier à sel, lieutenant des bailliage et chàtel-
lenie de Soissy-Malesherbes, et Hamouy, commis-notaire de la justice
du lieu. — Paroisses : Dimancheville, Labrosse, Buthiers. Président :
H a mou V.
(J40 Orveau. Président : Mercier, bailli.
65° Groupe de Beaune-la-Rolande. Paroisse : Beaune. Président :
Popelin, ancien procureur. — Paroisses : .Turanville, Saint-Loup-des-
Vigncs, Barville. Président : Chappeau, substitut du procureur fiscal
du bailliage de Beaune. — Paroisse : Batilly. Président : Delacroix,
notaire à Beaune.
00" Groupe de Léluin et Saiiiville. — Paroisse : Létuin. Président :
Quénard, notaire à Sainville. bailli de Létuin. l'aroisse : Sainville.
Président : Héroux, avocat, bailli de Sainville.
07" Mervilliers. Président : Poisson, bailli de Mcrvilliers.
68" Xottniiville. Président : Gaillaux, notaire, procureur fiscal de la
chàtelleiiie de Xotton ville.
Oî)" Vieuvic. Président : Leeour, notaire du prieuré de Yieuvic.
70" Villeau. Président : Ainaury, lieutenant du marquisat de Rever-
seaux et justice de Villeau.
71" Grou|)e de Châtillon-sur-Loire. Paroisse : Châtillon. Président :
pommier, avocat. — Paroisse: Ousson. Président : (ihevreau, notaire
à Châtillon.
72" Le Moidiiiet. l'resideiii : I,;iiiglois, notaire à Lorris.
Le iiiitil"' il"' yinii|i(Mii('iil (|iii viciil (Tèlre décrit a permis
(le !;ijt|)i()(ln'r les cuillers analogues ou identiques. Lorsqu'ils
se resscniidf'iit (•()nipl(''l(Mn<'nt, un setil a été publié. Lorsque
les dillérences sont peu ini[)urlantes, les variantes ont été
INTRODUCTION. XXIX
indiquées en italiques. Le modèle étant g-énéralement ignoré,
on a admis comme tel tantôt celui qui fut adopté dans l'assem-
blée électorale la plus anciemie en date; tantôt, quand les opé-
rations se firent le même jour dans plusieurs paroisses,
on s'est tenu à l'oixlre alphabétique ; tantôt, on a pris pour
type le caliier adopté dans la localité la plus importante du
groupe. Il est à remarquer que, dans le bailliage d'Orléans,
l'identité absolue des cahiers est un fait assez rare ; il a donc
fallu reproduire intégralement la majeure partie d'entre
eux.
Notices. — Pour donner à chaque cahier toute sa valeur, pour
faire connaître toutes les conditions dans lesquelles il fut écrit
ou adopté, certains renseignements sur l'état de la paroisse
sont nécessaires. Les archives du Loiret et la bibliothèque
d'Orléans possèdent des documents qui sont à cet égard d'un
grand intérêt et qui nous ont servi à faire précéder le texte
de chaque cahier d'une notice sur la paroisse d'où il émane.
Voici les éléments dont se compose cette notice, et les sources
où ils ont été puisés :
1» Identification de la paroisse : (a) département, arrondis-
sement, canton, commune, s'il y a lieu, dont elle fait aujour-
d'hui partie ; (b) généralité, élection, grenier à sel dans le
ressort desquels elle était autrefois comprise. Un très petit
nombre de paroisses du bailliage d'Orléans étaient de la
généralité de Paris; presque toutes appartenaient à la géné-
ralité d'Orléans. Deux indications étaient particulièrement
difficiles à trouver : celles de l'élection et du grenier à sel.
Pour la première, nous l'avons cherchée dans les rôles de
répartition de la taille entre les paroisses, rôles dressés aux
sièges des élections (Archives du Loiret, C l'idô (provisoire).
Collection complète pour l'année 1788; l'élection de Vendôme
seule manque). — Pour la seconde, elle a été empruntée
aux états dressés en novembre-décembre 1791 par le Direc-
toire du département du Loiret pour le remplacement de la
XXX INTRODUCTION.
fiuljelle et des droits indirects supprimés (Arcliives du Loiret,
L 337) (1).
2û Sous la rubrique Jousse sont groupés des renseignements
de nature variée et d'un intérêt incontestable, tels que : nom
du seigneur, justices diverses de la paroisse, population
(en feux, en communiants), marchés voisins avec leurs
distances (en lieues), poste aux lettres, brigade de maréchaus-
sée, nature du sol, productions principales, hameaux ou écarts,
etc. Ces renseignements se trouvent réunis, sous forme de
notes, dans un manuscrit rédigé en 1741 (t2), par Daniel Jousse,
professeur à T Université de lois d'Orléans, et intitulé : Table
alpJialu'lique des justices, distances et autres particularités
des paroisses de la yénéralité d'Orléans faite pour la maré-
chaussée d'Orléans. 11 a été catalogué parmi les manuscrits de
la liihiiotlièque d'Orléans sous le n" 995 et sous le titre :
« Table alphabétique des justices et des paroisses de la généra-
lité d'Oi'léans, par D. Jousse ». Cette espèce de dictionnaire
n'est pas complet pour toutes les paroisses ; c'est que Jousse
n'a sans doute pas réussi à se procurer tous les renseignements
qu'il désirait. Poui' chaque paroisse nous avons extrait les ren-
seignements utiles de la notice que Jousse lui a consacrée.
3" On trouvera peut-être la date de 1741 bien ancienne
poui- êclairtM- le lecteur sur l'état de 1789. JNlais la nature des
renseignements foui'nis [)ar Jousse laisse présumer qu'entre
1741 et 1789 il n'a pas dû se produire de changement essentiel.
D'ailleurs, sous la rubrique 17G8, nous avons donné des indi-
(Mtions plus récentes sur la population, les noms des seigneurs
cl les productions. Elles sont enqji'untées à un manuscrit
conservé sous la cote (l '20 à la bibliothèque des Archives du
Loiret et |)i-ovenant de celle de M. de Cypierre, dernier inten-
d;uit, ilans les bureaux de (jui, vraisendjlablement, il lut l'édigé.
(Il Oii.inil li's ri'nii'ij.'nfiMt>nlK ont fait iK-fiiiit |>onr une paroisse, nous avons (iiieliinefois
(Iniiiii- iiin- iiiiinatioii cmiiiiiiitc r ail liavail Je Jousse dont il \ ;i être question. Nous avons
uliirs .t|H'i'iu|i-inenl iloniie notri' .soiirre.
(3) Celle date est express^-inenl dorime dans la notice i|iie Jousse ronsacic à la paroisse
de Fayau!i-l,oKes. « Lu verrerie royale, dit il, appartient aujourd'hui (1741) à M. Thévenot.»
INTRODUCTION. XXXI
C'est un État général des noms des paroisses de la généralité
d'Orléans par ordre alphabétique, avec les noms des seigneurs.
Il fait connaître : le nombre des feux, l'élection dont la paroisse
ressort, les noms des seigneurs, le montant de la taille pour
1768, les productions.
4o Pour chaque paroisse, nous mentionnons, sous la rubrique
TAILLE de la paroisse, le chilïre global de son imposition à la
taille (lo principal ; 2" impositions accessoires et capitation).
Cette mention est extraite des rôles des tailles des paroisses
de l'élection d'Orléans pour 1788. Il nous a fallu adopter cette
date pour laquelle les dossiers conservés sont à peu près
complets, tandis qu'ils sont très pauvres pour 1789. Les rôles
de certaines paroisses manquant pour 1788, nous avons même
dû faire appel à ceux de 1787. Ces rôles figurent aux Archives
du Loiret sous les cotes provisoires C 1335 et C 1336.
5o Une autre notion intéressante est celle du taux de la
Dîme, sur lequel nous sommes renseignés grâce à des états
indicatifs dressés, après enquête, par les administrateurs des
districts du département du Loiret, entre février et mai 1791.
Ces documents font assez généralement connaître les diverses
variétés (grandes, vertes, menues dîmes) perçues à la lin de
l'ancien régime dans chaque paroisse et le « fur » (taux) de
ces diverses dîmes (Archives du Loiret, L 307).
Go La sixième rubrique de la notice est intitulée procès-
verbal. Ici sont groupées les indications fournies par les
procès-verbaux des assemblées des paroisses pour la nomina-
tion des députés et la rédaction des cahiers. Ce sont : la date
et le lieu de l'assemblée, le nom du président, la population
(en feux), les noms des comparants, c'est-à-dire des habitants
présents à la réunion et expressément désignés dans le procès-
verbal .
H est intéressant de savoir qui étaient ces hommes appelés
à délibérer dans une circonstance grave, quelle était leur con-
dition économique et sociale. Souvent le procès-verbal indi<iue
leur profession, souvent aussi il ne la donne pas. Mais sur le
XXXII IXTRODUCTIO.N.
degré d'aisance des membres de la réunion, il n'oiïre jamais
d'éclaircissements.
Or c'est là une question non négligeable. On comprend
aisément que la composition de l'assemblée, la présence
d'une majorité d'individus riches (gros propriétaires ou
fermiers) ou, au contraire, peu foi-tunés (journaliers, manœu-
vres, locataires), a dû intluer sur les décisions prises. Même
lorsque la paroisse a adopté le cahier d'une paroisse voisine,
les changements de l'une à l'autre s'expliquent probablement
par la prépondérance de certains intérêts. Grâce aux rôles de
tailles, on peut se l'aire une idée approximative de chacun des
compai-ants. On a fait suivre leurs noms du montant de leur
imposition, qui est un signe sinon absolument certain, du moins
assez satisfaisant. Souvent les rôles nous ont donné les profes-
sions qui ne figuraient pas aux procès-verbaux.
7" Enfin un précieux élément d'information sur l'état des
paroisses est le chitïre, en têtes d'habitants, de leur population
en [190. 11 complète heureusement les indications diverses du
nombre des feux données pour 1741, 1768 et 1789. On sait
combien la valeur du feu était incertaine, combien variable
selon les l'égions. La coimaissance du chillVe d'habitants est
donc tout à l'ait utile. Nous l'avons tirée d'un document des
Archives du Loiret, coté L 'i'iS. C'est un l'Jtat dressé en exécu-
tion de la lettre du ministre de l'intérieur du 7 frimaire
an VI, présentant la réduction a opérer du nombre des can-
tons existant dans le département. Une colonne de cet état
<lomie la |)opnlation de 1790. Évidennuent il ne faut pas attacher
à l'oxacliliide absolue des clnlfres (|u"il foui'nit plus de conliance
qu(; n'en niérilenl les travaux démographiques de répo(|ue.
IF l'AnxiK. — KsnrissK n'u.N tableau de l'état économtoit:
Hr ItAllJJACE n'OVU,KANS EN 1789.
il ne piirailra sans duuLe pas snperllu de donner dans
ri;iit' inli'uduclion un exposé sonnnaire, une esquisse de
INTRODUCTION. XXXIII
l'état économique du bailliage d'Orléans en 1789, aussi bien
dans les campagnes que dans les villes. Les documents à cet
égard ne font pas déiaut. Il ne peut être question ici de les
utiliser tous, comme l'exigerait une véritable étude du sujet.
On se bornera à des indications très générales empruntées
surtout au fonds de l'intendance d'Orléans (série G, Archives
du Loiret) (1). Ces indications constitueront un complément
utile des notices mises en tête des cahiers, au moyen des-
quelles on a dressé une sorte d'inventaire particulier de
chaque paroisse. Le rapport entre l'état économique et social
du bailliage et les vœux exprimés par les cahiers n'a pas besoin
d'être démontré.
(1) On mentionnera notamment ici les articles suivants :
31. Subsistances, 1767-1790. — C 32. Population, 177(i 177S (TalihMiix du iiioiivcnn'iit de la
population dans la tiénéralité d'Orléans). — C 3'.. Statisli(|ur, 17iiM7S7 (.M;ilisli.|ue cri-
minelle).—G. 33 à 58. .\griculture, savoir :C 35-36. Société royale d'a^TuiiItLire d'( )rlcans,1761-
176-2. — C 37. Haras, 1717-an H. — C 38. Ecoles royales vétérinaires, 176M/88. — L 39.
Epizooties, 1737-1784. — C M. Louveterie, 1745-1788. — C 41. Défrichements, 1760-1787. —
C 4-2. Défrichements, 1784-1787. — C 43. Culture de la vigne et vinilication, 1617-1789. —
C 44. Culture du froment, 1763-1764. — C 43. Conservation des forains, 1761-1788. — C 46.
Culture de la garance, 1765-1779. — C 47. Culture de la pomme de terre, 1771-1789. —
C 48. Culture du chanvre, 1779-1781. — C 49. Prairies artilicielles en Sologne. 1763-178/. —
C 50. Culture du mûrier; éducation des vers à soie, 1743-1784. — G 31. Education des
abeilles 1749-1763. — G 5-2. Amélioration des bètes à laine, 175-2-1788. — C 53. Disette de
fourrages, 1785. — C 34-55. Statistique agricole, 1731-1789. — G 56. Objets divers, 1709-1786.
G 37 — Mémoires sur le iinjudicf que le trop grand nombre de fêtes cause a l'agriculture,
176-21763. — G 38. Mémoires sur la Sologne, 1767-1786. .\nalysés dans Camille Bloch, .\ote
sur ijualrt: mémoires inédits sur la Sologne, dans Bulletin de la Smiété anhédlcigique de
rUrlôanais,Xll,p.333.— G60-87. Industrie et commerce,savoir:(:r)ii. Maiiulartuns, Ku -2-17/9.
(Inspection, police de la fabrication, statistique.) — G 61. Kegistrrs des regleiucats et statuts
de la draperie d'Orléans, des sentences rendues par les maire et échevins juges des manu-
factures, 1691-1693. — G 6-2 Manufactures de bas et de bonnets, 1691-an Vlll. — G 63.
Manufactures de toiles, 1764-an X. — C 64. Manufactures de toiles et siamoises, 1/aO-
1780. — G 63. Manufactures de blondes de soie, 176-2-1791. — G 66. Manufactures de |iorce-
laine, 1753-1767. — G 67. Raftineries de sucre, 1756-1780. — G 68. Manufactures de drai» ( e
Komorantin, 1760-1779. — G 69. Filatures de coton, 1770-1783. — G 70. .Mémoire sur la
fabrication des bagettes et autres lainages anglais, par Holker, 1764. — G 71. Manufactures
de draits, 1774. (Draps Molandon dans le Bas-Vendomois.) — G li. Papeteries, 177-2-1778. —
• — --^ ' ■ • ■ -^ •_..__..__:„ .rr. .rr, n -, , Teiiitureries, 16691784. — '"^-
1789. — G 87, Commerce du safran et de la garance, 1771-1791.
La nomenclature ipii précède vise spécialement la partie du fonds de l'intendance ([ui
concerne l'agriculture, l'industrie et le commerce. Un état ecoimauqui' et sn.ial du bail-
liage d'Orléans à la veille de la Uévolulion ne devrait pas mauipicr de lau.' des emprunts
aux autres parties de ce fonds (linances, travaux, publics, etc.). Il taudrait aussi utdiser
les procès-verbaux de l'.\ssemblée provinciale et de sa Gomniission intermédiaire, ainsi
que ceux du Bureau intermédiaire du département d'Orléans et Beaugency. Pour une
étude a|)profondie, bien d'autres sources, soit aux Archives du Loiret, soit aux Archives
ou à la Itibllotheipie municipales, soit aux Archives ou à la Bibliothèque nationales,
devraient élre lunsultées.
T I »^.
XXXIV I^^TRODUCTIO^■.
Divisions géographiques du bailliage. — Géographique-
ment, le bailliage d'Orléans ne présentait pas d'homogénéité
entre toutes ses parties. On pouvait y distinguer :
1" Un territoire compact dont les limites pourraient être
tracées par une ligne englobant, au sud de la Loire, les
paroisses de Saint-Gondon, Coulions, Cerdon, Ghaon, Pierre-
fitte-sur-Sauldre, Nouan-le-Fuzelier, La Motte-Beuvron, Yvoi,
La Ferté-Saint-Aubin, Ardon, Mézières, Gléry ; au nord de la
Loire, Meung, Baccon, Coulmiers, Gharsonville, Tournoisis,
Rouvray-Sainte-Groix (laissant en dehors Patay), Terminiers,
Teillay-le-Peneux, Mervilliers, Lumeau (laissant en dehors
Bazoches-les-HauLes et Baigneaux), Artenay (laissant en dehors
Poupry), Santilly (laissant en dehors Dambron), ïivernon,
Lion-en-Beauce, Ruan, Trinay, Villereau, Saint-Lyé, Bougy,
Loury, ïraînou, Sully-la-Ghapelle, Ingrannes, Fay-aux-Loges,
Cliàtenoy, Vieilles-Maisons, Le Moulinet (laissant deliors Mon-
tereau) ;
2o La région de Pithiviers, s'insinuant vers le sud entre les
bailliages de Neuville et d'Yèvre-le-Gliàtel jusqu'à Ghilleurs-
aux-Bois, limitée au nord et à l'ouest par les paroisses
d'Iiitville-la-Guétard, Boisseaux, Erceville, à l'est par celles
d'Engenville et de Marsainvilliers ;
S'^ Le territoire de Beaune-la-Rolande et des quatre paroisses
voisines, Barville, Batilly, Juranville, Saint-Loup-des-Vignes,
séparé du reste du bailliage principal d'Orléans par les bailliages
de Vitry, iioiscommun et Yèvre-le-Ghàtel ;
4" La région de Maleslierbes, s'étendant au sud jusqu'à
Aulnay-la-Rivière et Ondreville, séparée du reste du bailliage
principal par celui d'Yévre-le-Gliàtel ;
.> De nombreuses enclaves formées par des paroisses iso-
lées dans les bailliag(;s voisins d'Yèvre-le-Gliàtel, Neuville,
Ktampes, Nemours, Junville, Ghartres, Ghàteaudun, Blois,
Bourges, Monlargis (1).
(H Voir Un-lti-, Atlas df» hailUuiji-s H jnridicliom aiinnt formé nnilé électorale en nSi)
(rurU, l'JOl) et la rarti' (|iii acroriipaKiie m.i aénijraiilt'ie ju-liriiire.
INTRODUCTION. XXXV
En envisageant le bailliage d'Orléans dans sa partie la plus
compacte, qui est aussi la plus étendue, on y remarque plu-
sieurs régions naturelles, savoir : la Sologne, la Beauce, le Val
de Loire, la Forêt, dont les caractères différents offrent, au
point de vue de l'histoire économique qui nous occupe, un très
grand intérêt.
Au sud de la Loire, la Sologne s'étendait, selon l'opinion
commune, jusqu'au Cher (1). Ce qu'était la Sologne au mo-
ment de la Révolution, deux témoignages suffisent à nous le
faire connaître. Lavoisier, dans un rapport à l'Assemblée pro-
vinciale de l'Orléanais (2), l'appelait « la partie la moins fertile,
peut-être la plus pauvre de cette généralité ». Et il ajoutait :
« Un sable aride la recouvre dans presque toute son étendue.
Au-dessous de ce sable est une terre glaiseuse qui retient
l'eau. Une partie de cette paroisse est en vaine pâture où l'on
emblave, de loin en loin, du seigle et du blé noir ». « Misé-
rable province de Sologne », écrivait à la même date (1787)
Arthur Young (3). Sol ingrat, climat malsain à cause des
étangs et des mares qui couvraient le pays, tels étaient les
caractères de la Sologne.
S'opposant à elle directement, la Beauce, au nord de la Loire,
montait depuis Ghevilly et Artenay, à peu de distance du
fleuve, jusqu'aux extrémités du bailliage. « L'on remarque,
disait Lemaire, dans ses Antiquités de la ville d'Orléans (4),
que le pays est tout uni et élevé, qu'il n'y a aucun tleuve
qui puisse avoir son cours en bas, et fait que les Beaucerons
puisent leurs eaux des mares et des puits qui sèchent presque
'endroit où le Beuvron se décharge dans la Loire. Tout le territoire renferme dans cette
moeinte peut comprendre -250 lieues carrées, déduction faite du canton appelé Val de
Loire ou un million d'arpents. » Mémoire sur l'ameliuralioii de la Sologne. (Arcli. uu
1', ••'• '
eno(
Loire, ou" un million d'arpents.
Loiret, G 58.)
(2) Procès-verbal de l'Assemblée provinciale, p. 237.
(3) Voyages en France, traduction française, 1, p. 25.
('.) Ilisliiire de la ville el duché d'Orléans, tome 1«'-, rli. vin, De la Beauce.
XXXYI INTRODUCTION.
en été. » Lemaire écrivait en 1048. Mais, en 1708, l'abbé
Expiily, dans son Dictionnaire des Gaules, art. Beauce, fait
les mêmes observations que lui. Et Arthur Young dit le
30 mai 1787 : « Plaine unie, sans clôtures, sans intérêt, même
ennuyeuse, quoique l'on ait partout en vue des villages et de
petites villes, où on ne trouve pas réunis les éléments d'un
paysage ». Mais cette région sans beauté et à certains égards
si déshéritée olïrait des compensations : cette terre « sèche et
mal arrosée », qui n'a ni arbres ni prés, présentait la plus grande
fértihté en grains ; c'était, par excellence, la terre à blé. Avec
les grains, on y récoltait aussi, sur certains points, notamment
dans la région de Pithiviers, du salran.
Entre la Beauce, la Forêt d'Orléans et la Sologne, à l'en-
droit où le lleuve incUne vers Touest, s'étendait le Val de
Loire, dont les limites précises sont assez délicates à tracer.
Là étaient les localités principales et les villes : Orléans, Sully,
Jargeau, Chàteauneuf, Meung. En longueur, le Val s'avançait
jusque dans le Blésois, et en largeur descendait au sud de la
Loire jusqu'au delà des villages de Vienne-en-Val et de Tigy-
en-Val, dont les noms sont assez significatifs. Contrée riche,
où le paysage avait parfois du charme. La principale culture
était la vigne ; d'où le nom de « vignoble » donné aussi à la
région. « Le vignoble qui est à l'entour d'Orléans de cinq à
six lieues, disait emphatiquement Lemaire, contient environ
25 à 30 paroisses, jusques es villes de Meung, Jargeau, Beau-
gency. Il est le plus peuplé du monde, y ayant plusieurs pa-
roissesqui ontjusques à l,000à 1,200 feux, commeOlivet, Ingré,
Bou, Ciiécy, Mardié, Marigny et autres, parce qu'il y a peu de
bourgeois d'Orléans qui n'ait maison dans ce vignoble avec
ti-ois ou quatre arpents de vignes, qui sont suffisants d'entrete-
nir un vigneron et sa faiiiiHc;; et aucunes maisons de.sdits bour-
geois sont si belles et bâties superbement que, pour être peu
de revenu à leur maitie, l'on les appelle par ce nom de folie,
y joignant le nom du seigneur et maître; lesquelles maisons,
si elles étaient jointes à la ville d'Orléans, elle semblerait un
INTRODUCTION. XXXVII
second Paris. (4) » Expilly remarquait que « les villages dis-
persés au milieu des vignes et la quantité surprenante de
belles maisons bourgeoises semées, pour ainsi dire, entre les
villes et les villages, présentent à la vue l'un des plus agréables
spectacles que l'on puisse imaginer (2) ». Dans cette région,
fertile en vins (et aussi en grains), la culture des arbres frui-
tiers et d'agrément était également, en particulier dans la ban-
lieue d'Orléans, très prospère.
La Forêt d'Orléans (3) formait la bordure méridionale de la
Beauce. Elle était divisée en six maîtrises de gardes, savoir :
la garde de Goumas (du côté de Meung, vers la Beauce), la
garde de Neuville, la garde de Vitry, la garde de Courcy (entre
Lorris et Pithiviers), la garde du Milieu (du côté de Chàteau-
neut), la garde de Ghaumontois (du côté de Saint-Martin-
d'Abbat, dans la direction de Montargis). Naturellement la
sylviculture était la principale richesse des paroisses com-
prises dans le territoire riverain de la forêt. Mais beaucoup
pratiquaient aussi la viticulture et en tiraient une grande partie
de leurs ressources. Ainsi Rebréchien, dont le cru était jadis
renommé, se trouvait dans la forêt d'Orléans (4).
Un petit nombre de paroisses du bailliage d'Orléans appar-
tenaient totalement ou partiellement au Gàtinais : c'étaient
Pithiviers, Pithiviers-le-Vieil, Bondaroy, Aulnay-Rocheplatte,
Bourg-l'Abbaye, Yèvre-la-Ville, Ondreville, Barville, Batilly,
Beaune-la-Rolande, Buthiers, Escrennes, Juranville, Saint-
Loup-des-Vignes.
État des campagnes. — On conçoit sans peine que, dans la
circonscription territoriale qui vient d'être décrite, le rôle
économique de l'agriculture fut capital.
(1) Lemaire, loc. cit.' Tome 1''^, cliap. \, Du vignoble d'Orléans. On lit dans le Calen-
drier historique pour 1790, page i32 : « Le vignoble qui est à l'entour d'Orléans est de 11
à 15 lieues et contient environ 60 paroisses, depuis Saint- Benoîtsur-Loire jusqu'à Avaray,
deux lieues au-dessous de Beaugenry. »
(2) Sur l'ancienne viticulture orléanaise, voir : Manière de bien cultiver la vigne, de
filtre la rendanye et le vin dam le vignol/le d'Orléans..., par Jacques BouUay, prêtre, cha-
noine d'Orléans. Orléans, chez Jac(iués Bouzeau, MKCCXaIII, in-8* (3» édition).
(3) Voir Domet, Histoire de la foret d'Orléam. Orléans, in-S", 1892.
(4) Mentionnons en Sologne les bois de La Fertê-Saint-Aubin.
XXXVIII INTRODUCTION.
Le blé faisait la fortune de la Beauce. Il est vrai que les
agronomes de la seconde moitié du xviiie siècle étaient loin de
croire cette culture aussi avantageuse à la population qu'on le
pensait communément. Leur opinion a été remarquablement
exposée dans le rapport de Lavoisier à l'Assemblée provinciale
sur l'agriculture. Il compare le cultivateur beauceron, plus
attaché à la production du blé qu'à l'élevage des bestiaux,
avec le colon anglais, plus soucieux d'avoir du bétail que du
blé, et il montre que la supériorité de l'agriculture anglaise est
due à cette méthode. La Beauce étant déjà alors, comme on
l'a dit depuis, une vaste usine à blé, l'industrie fondamentale
de l'alimentation, la meunerie, y était grandement pratiquée.
Mais les procédés de mouture y étaient très défectueux, exa-
géraient le prix de revient. A la fin de l'ancien régime, les
spécialistes se préoccupaient beaucoup de transformer ces
procédés et de les mettre d'accord avec les données nouvelles
de la science agronomique. Il était question d'introduire dans
l'Orléanais les perfectionnements inventés par des chimistes
comme Malouin, Cadet de Vaux, Parmen tier. En 1783,
l'administration songea même à ouvrir à Orléans une école de
meunerie et de boulangerie sur le modèle de celles qui déjà
fonctionnaient à Beauvais et à Amiens (1).
Comme le terroir de la Beauce était riche, l'activité grande
et heureuse, les progrès à faire n'impliquaient pas une refonte
totale du sol même. Il en était tout autrement pour la Sologne.
La régénération de ce pays a bàtardi (2) était d'autant plus indis-
pensable et difficile à la fois que la nature du sol présentait des
vices pins iKunbrcux. L'humidité rendait la terre inféconde et
le cliiriat insalubre. U;niimcr dans l'ingrate Sologne la culture
allaiblie fut, pendant 1rs trente dernières années de l'ancienne
monarchie, le souci dominant des grands propriétaires, des
agronomes et des administrateurs. On en Uouve des traces
(1) Cf. Ciiiiiillp Hlorh. Ihi projet d'èrolc dr jiieundie et de boulangerie à Orléans en 17S3,
dans Itiilh'lin du Corniti- des travaux historiques ^section des se. écon. et soi-.), 1896,
p. 7fi>.
(2) han» le discmirs nu'il [ironDnra le jour de roiivcrtiire de l'Assemblée provinciale
llnlcndaiit déplorait c 1 abàtardisseriieut de la Sologne ».
«
INTRODUCTION. XXXIX
nombreuses dans les procès-verbaux de la Société d'agri-
culture ou de la Société des sciences d'Orléans. Les mémoires
sur la Sologne et sur les moyens de la régénérer sont nom-
breux ; beaucoup nous ont été conservés (1). Ils exposent des
plans d'amélioration et d'assainissement qui ont été exécutés
de nos jours. On peut en résumer comme suit les vues prin-
cipales.
La nature du sol est vicieuse à cause de l'absence de terres
grasses, propres à la végétation. C'est à la surface un sable
clair et fin, mélangé de gravier et de cailloux; au-dessous, une
couche de terre glaise ou d'argile arrête les eaux pluviales et
engendre l'humidité. A ces maux naturels s'ajoutent ceux qui
proviennent du fait de l'homme : mauvais procédés de culture
et d'élevage, qui ne permettent pas d'avoir de bonnes prairies
et qui favorisent les épizooties. En outre, l'insalubrité de lair
dépeuple les campagnes. Il en résulte une décadence générale
attestée par de multiples témoignages. Ainsi Loiseau, chanoine
de Sainte-Croix d'Orléans, secrétaire perpétuel de la Société des
sciences, écrit, le ier décembre 1769, à l'intendant : «. Il n'y a
aucun des membres de la Société qui possède des domaines en
Sologne qui ne soit en état de faire preuve par titres que la
culture et la population y ont diminué de plus de moitié. Je
suis propriétaire de trois fermes d'une des moins mauvaises
paroisses de la Sologne, à trois lieues de la Loire, qui for-
maient, il y a cent cinquante ans, neuf manoirs et qui mainte-
nant suffisent à peine à nourrir trois ménages. Le relevé des
baux des dimes et des champarts qui appartiennent en assez
grand nombre au chapitre de Saint-Aignan [d'Orléans] dans
plusieurs paroisses de Sologne, dont la plus éloignée d'Orléans
ne l'est que de 7 lieues, annoncent une diminution successive
de culture étonnante depuis deux cents ans. »
Le même Loiseau décrit la misère des cultivateurs : « Ils
sont, (lit-il, plus malheureux que coupables. Peut-on imputer
à des métayers sans avances, sans ressources que les bras
(1) Voir notamment .\rcliives du Loiret, C. 58.
!
>^y^ INTRODUCTION.
affaiblis par la plus mauvaise nourriture, sans espoir de voir
fructitier leurs travaux et d'améliorer leur état, et par la nature
de leuis engagements avec les propriétaires de leurs métairies
et par la non-valeur constante, si ce n'est depuis trois ou quatre
ans, des denrées qu'ils cultivent, de ne rien entreprendre pour
le rétablissement de la culture la plus dégradée. De pauvres
laboureurs qui se croient heureux quand ils cultivent du seigle
ou du sarrazin pour se nourrir jusqu'à la moisson prochaine,
(jui ne profilent de la nourriture de leurs bestiaux que pour
se pi'ocurer le nécessaire le plus étroit et payer l'impôt, ne
doivent-ils pas trembler de faire des essais qui les réduiraient
à mourir de faim s'ils ne réussissaient pas? Que l'on suppose
de l'aisance aux cultivateurs de Sologne comme dans les pays
de bonne culture, que l'on procure à leurs denrées un bon
prix, ils ne seront ni aveugles ni paresseux, ils mettront bien
en œuvre les bons procédés de culture. »
Les moyens préconisés pour reconstituer la Sologne étaient
les suivants :
1» Marner les terres afin de les amender et de leur donner
les qualités qui leur manquent. En même temps, pour com-
battre l'humidité, pratiquer des rigoles et des égouts.
2» Modifier le système de labour, surtout le mode d'attelage.
A cliaque charrue, on n'attache pas moins de 8 à 10 bœufs,
maigres et faibles, et on les attache mal. Entre autres résultats
fàclieux de cet usage, le plus curieux et le plus inattendu est
évidemment celui que signale l'auteur d'un mémoire : la pa-
resse des Solognots. « L'usage de labourer, dit-il, avec une
<liianlité do Ixeufs assez iionibrcuse pour exiger un bouvier est,
(l'ailleiirs, la source naturelle de la fainéantise des Solognots,
puisqu'il liiul, |ioiii' les loucher et garder, un jeune homme au
moinsdc \~)ii Kians ius(|irà'20etqui, par conséquent, n'aura pas
cncoi-e à cet âge accoutumé son corps à aucune espèce de
travail. Il sera paresseux par habitude et incapable île rien
entreprendi-e de laborieux dans un âge plus avancé. S'il se
marie, son li"ivail ne sul'lil pus à sa nourriture. Il donne l'être
INTRODUCTION. XLI
à des enfants mal constitués, dont il se débarrasse en les
mettant à la garde de quelques troupeaux. C'est là où ils
puisent les principes de braconnerie, où ils s'amusent à se
tendre des pièges et des collets, suite presque nécessaire de
l'état de pâtre. »
3» Les bestiaux seront plus vigoureux lorsqu'ils seront mieux
et plus abondamment nourris. Donc, développer les pâturages
au moyen de prairies artificielles et par des irrigations dans
les parties sèches du territoire.
4o Les brebis, nombreuses en Sologne, pourraient être pour
elle une cause de prospérité. Mais il faudrait améliorer la
race ; pour cela, pratiquer une sélection intelligente parmi les
plus beaux types de la région, et faire venir des béliers d'Es-
pagne, de Roussillon et d'Angleterre.
5o Combattre les épizooties par l'aération des bergeries et
par la pratique du parcage. Les bêtes sont renfermées,
presque toute l'année, dans des bergeries étroites, sombres
et closes ; rien de plus propice que ce régime au dévelop-
pement des épidémies. Il faut donc percer des ouvertures,
réagir contre le préjugé que l'air est funeste aux bêtes à laine,
préjugé qui est d'ailleurs combattu par l'exemple de l'Angle-
terre où, même en hiver, malgré la rigueur du climat, les
animaux sont laissés dans de grands parcs ouverts, et par
l'opinion autorisée du naturaliste Daubenton qui préconise
l'application de la méthode anglaise en France.
Oo Les bois sont une richesse pour la Sologne. Il faut en
développer l'exploitation. De plus, introduire des espèces
nouvelles, comme le pin et le bouleau, auxquels le sol convient
parfaitement, et qui pourront être employés industriellement
et commercialement avec avantage.
7" L'industrie solognote appelle les encouragements des
pouvoirs publics. La filature des laines, qui y est répandue,
ofïre pour l'agriculture un double débouché : utilisation de la
laine des troupeaux, emploi d'un grand nombre de bras.
I
XLII INTRODUCTION.
11 convient de la perfectionner par la création rrune école
professionnelle de filature.
80 II n'est pas impossible de combattre Tinsalubrité du cli-
mat en créant pour les eaux stagnantes un exutoire, tel qu'un
canal (jui traverserait le pays et drainerait l'humidité, en même
temps qu'il ouvrirait une voie nouvelle aux produits et mar-
chandises.
Le plan de régénération de la Sologne aux approches de la
Révolution, dont nous venons de tracer les grandes lignes,
dénotait un état déjà assez avancé de la science agronomique
et formait un système assez bien lié en toutes ses parties.
C'est à peu près celui qui a été exécuté au xix« siècle par le
Comité central de la Sologne et les pouvoirs publics.
Dans la population agricole de l'ancien Orléanais, il y a bien
des catégories à distinguer. Les rôles des tailles (1) révèlent
la présence de laboureurs, manœuvres, locataires, journaliers,
métiviers (moissonneurs), bergers, etc. La définition de tous
ces termes n'est pas également aisée. Pas de difficulté pour
les journaliers et les autres ouvriers agricoles, tels que méti-
viers, batteurs en granges, botteleurs de foin. Ils foi-maient
sans doute une catégorie de salariés qui se louent à la journée,
à la saison, pour une durée limitée comme celle de la moisson.
Il n'en allait pas de même pour les laboureurs, les manœu-
vres et les locataires. Les laboureurs étaient généralement,
en Sologne comme en Beauce, les gros cultivateurs, les fer-
miers des grands domaines qui se chargaient, moyennant une
rente annuelle payée au propriétaire, de toutes les opéi-ations
de la culture et du recrutement des bras nécessaires. Les
manœuvreries étaient, scmble-t-il, des biens ruraux de moindre
impoi-tance que leurs possesseurs détenaient souvent en propre,
qui très souvent étaient situés sur les grandes propriétés, et les
mano'uvres étaient ainsi des espèces de journaliers attitrés
:iM service des propi'iétaii'cs ou des fermiers. La locaterie ou
(1) Voir ce <|ui csl dit l'iiis liaul sur ces roK's, page xxxi.
INTRODUCTION. XLIII
1 ocatiire (en Sologne surtout) était sans doute une métairie de
très petite importance occupée par un locataire.
Ces diverses catégories d'individus se rencontraient dans
des proportions différentes sur toutes les parties du territoire
agricole. Dans le vignoble Orléanais étaient surtout nombreux
les vignerons, petits propriétaires, fermiers ou à fa^on (sou-
vent un même individu cumule les trois fonctions ou deux
d'entre elles) ; ils formaient la population presque entière
de certaines paroisses (par exemple, Ingré). Mais on en trouvait
aussi en Beauce et même quelques-uns en Sologne.
Le jardinage et la culture maraîchère étaient partout fai-
blement représentés, excepté dans les environs immédiats
d'Orléans. Enfin, dans la Forêt d'Orléans et aux alentours,
il y avait beaucoup de bûcherons et de « fagotiers ».
Un caractère essentiel de l'ancien village Orléanais, c'est
l'existence parallèle sur son territoire d'une population agricole
et d'une population artisane. Souvent, du reste, les paysans
joignent à la culture une profession manuelle de petite indus-
trie. Ils sont, par exemple, en même temps meuniers ou tuiliers.
D'autres tiennent aussi un petit commerce, notamment celui
du cabaret. Voici, d'ailleurs, des détails plus précis à cet
égard, les constatations qu'il est possible de faire lorsqu'on
envisage d'une manière méthodique les industries exercées
dans les campagnes de l'ancien Orléanais.
lo Industries textiles. Les tisserands sont partout nom-
breux. Depuis l'édit de I76'2, l'industrie de la toile s'est déve-
loppée dans les campagnes. Il y a quelques cardeurs, peigneurs,
ouvriers en laine, aussi bien en Beauce qu'en Sologne
ou dans le Val. Mais c'est en Sologne qu'on trouve surtout ce
genre d'artisans, parce que la filature de laine jouit d'une pros-
périté relative dans cette contrée. L'industrie des draps y est
aussi pratiquée, notamment dans la partie la plus voisine
de Romorantin : c'est ainsi qu'à Vouzon il y a des sergers et
des foulons.
XLIV INTRODUCTION.
2o Peu de chose à dire pour les industries consistant dans
l'extraction des matières minérales : à Fay-aux-Loges, à Don-
nery, on constate la présence d'ouvriers carriers.
3' Les industries du bois sont représentées surtout par les
fDiietions les plus élémentaires : scieurs de long, ou même
simples fendeurs de bois. Les tourneurs sont assez nombreux
dans le Val. Les tonneliers sont très nombreux dans le
vignoble.
4" On ne pratique qu'une métallurgie très simple, d'une
utilité immédiate : celle des maréchaux ferrants, qu'on trouve
partout.
5" Peu de céramique; quelques tuiliers seulement dans
le Val et en Sologne.
O Les industries de l'alimentation ont pour agents les meu-
niers et fariniers (surtout en Beauce et dans le Val), les bou-
langers, les bouchers et les charcutiers.
7o Celles de l'habillement et de la toilette sont représentées
par les tailleurs (qui sont partout les plus nombreux), les cor-
donniers, les sabotiers (en Sologne), quelques couturières et
lingères dans les gros bourgs, des blanchisseuses et lavandières
en petit nombre, quelques perruquiers.
8o Industries du bâtiment. Beaucoup de maçons ; viennent
ensuite h'S charpentiers et les menuisiers ; puis les terrassiers,
les couvreurs, les tailleurs de pierre, les serruriers. Dans
quelques paroisses, comme Fay-aux-Loges ou Marigny,
il y a des chaulourniers.
<>> Une dernière branche d'industrie peut figurer sous
le nom de : construction d'appareils de transport. Comme dans
les aulr-es industries, les professions exercées sont celles qui
visent les besoins les plus prochains : celles des charrons et
des bourreliers. — Les transports eux-mêmes requièrent l'em-
jdoi «le vdituriers, charretiers, rouliers. Dans la Beauce, tra-
vjM'SfM' p;ii- les graniles routes partant de Paris ou d'Orléans,
ou rencoiitie des maîtres de poste à Artenay et. à Chevilly,
INTRODUCTION. XLV
ayant à leur service des postillons. Dans les paroisses voisines
de la Loire et du canal d'Orléans, on trouve des mariniers.
Le commerce n était pas animé dans les campagnes. Dès
l'ancien régime, celui qui paraît avoir été le plus prospère,
c'est déjà celui des débits de boissons. 11 y avait beaucoup de
cabai'etiers et d'aubergistes. Pour les matières d'alimentation,
on trouvait en Beauce des blatiers et regrattiers (marchands et
revendeurs de grains), en Sologne quelques coquetiers (mar-
chands d'œufs et de volailles). Qu'on y ajoute un petit nombre
d'épiciers, de marchands de bois, de marchands de bestiaux,
on aura les variétés les plus actives du commerce.
Pour faire une énumération complète de toutes les catégories
de la population rurale, il faut mentionner encore les gens de
service qui paraissent dans les rôles comme redevables de
la seule capitation : domestiques des seigneurs ou des curés,
concierges, cuisinières, cochers, femmes de chambre ; —
un petit nombre d'arpenteurs, mesureurs, buralistes, gardes,
éclusiers ; — les représentants des professions libérales (notaires,
huissiers, chirurgiens, sages-femmes, maîtres d'école (1) ; —
enfin quelques « bourgeois » ou « bourgeoises > n'exerçant
aucune profession et dont la condition économique n'était que
de vivre de leurs revenus.
La conclusion principale à tirer de cette énumération est que
la population rurale de l'ancien bailliage d'Orléans ne formait
pas une masse homogène soutenue par la communauté des
intérêts. On apercevait en elle des phénomènes de dissociation.
Il faut d'abord mettre à part les bourgeois et, dans beaucoup
de cas, les personnes adonnées aux professions libérales ('2).
Mais y a-t-il lieu de distinguer une population agricole et une
population non agricole ou industrielle? En réalité, connue
nous l'avons déjà dit, elles se confondaient le plus souvent.
Les artisans, en général, ne vivaient pas exclusivement de
leur industrie qui n'était (|u'une industrie de secours, formant
(1) On trouve même un maître de danse à Cléry.
(2) 11 y en a dont l'imposition à la taille est si petite que leur manière de vivre devait
être sensiblement la même que celle des paysans.
XLVI INTRODUCTION.
l'appoint du revenu de leurs biens ruraux tenus en propre ou à
ferme. De même, les marchands cumulaient ordinairement
une occupation agricole avec leur commerce. On trouvait des
tuiliers, des meuniers, des aubergistes qui étaient en même
temps cultivateurs. Or ceux qui joignaient de la sorte le travail de
la terre à une industrie ou un commerce bien modestes ou qui
n'étaient qu'agriculteurs avaient une visible communauté
d'intérêts, distincts des intérêt.^ des bourgeois, vivant non de
leur travail, mais de leurs revenus. D autre part, il y a lieu
de distinguer les paysans qui étaient à la tète d'une grande
exploitation, les gros fermiers qui prenaient à l'entreprise les
domaines seigneuriaux, les petits propriétaires, les fermiers-
cultivateurs, les métayers (nombreux et très pauvres en Sologne).
D'autres catégories étaient formées par ceux des artisans qui
n'avaient que leur petit métier pour vivre et ceux des gens de
culture qui, comme les journaliers, domestiques et autres
ouvriers agricoles, n'avaient que leurs bras pour se procurer
un mince profit incertain et chanceux.
La répartition du sol, si elle était mieux connue (1), éclaire-
rait davantage cette question de l'état économique des campagnes
de l'Orléanais à la fin de l'ancien régime, dont nous n'avons
tracé qu'une esquisse. Vraisemblablement, on y verrait quelle
part considérable de la propriété foncière appartenait à la
Noblesse, au Clergé ou à la iiourgeoisie des villes, combien était
ou petite dans son ensemble ou très étroite et divisée dans chaque
cas particulier la part des paysans. Les petits propriétaires, s'ils
étaient sans doute assez nombreux, avaient généralement
peine à vivre du produit de leurs biens. On trouvera dans les
cahiers que nous publions d'intéressants détails à cet égard.
Bornons-nous à relever spécialement la situation du vignoble
orl(''aiiais. Comme dans tous les pays de viticulture, les pro-
priétés y étaiiMit jtoussées à un très haut degré de division et de
H) M.illieureiist'ment, It-s iJoniinents n'oiil pas été interro|?ês à cet égaid pniir roiliMuais.
(Jii'on me inTiin'Il'' rt'iiiMiiliinl de ritfp li's coiicliisions di' |ioitr-e tr.^ ri'Streiiili' aiiviiiielles
p Aiiis arrivf ilaiis mon travail sur Lu ijroiirit-lé funcierc d im iiuelques paroisse i de la
jjtinéralilé d'Oilé.in$ (KlU'les sur l'Iiistnir.' . . ,iiioiniquu de la Franco).
INTRODUCTION. XLVII
morcellement; beaucoup n'avaient en propre que de maigres
lambeaux ; c'est ce qui explique qu'ils devaient se louer soit
comme fermiers, soit comme ouvriers à façon. Mais une parti-
cularité était la possession de la terre par les bourgeois de la
ville d'Orléans, possession dont les effets se faisaient lour-
dement sentir sur les paroisses voisines (i).
On n'attachera pas à la précédente analyse de l'état écono-
mique de la population rurale plus de portée qu'elle n'en
mérite, étant superficielle et sans une suffisante précision
statistique. Sa valeur n'est que d'indication. Par elle cependant
on peut suffisamment apercevoir les éléments divers et souvent
contraires dont se composait cette population, au moment
même où elle était appelée à exprimer ses vœux et à faire
connaître ses besoins.
État des villes — Maintenant, si nous passons à l'étude des
villes du bailliage, il y a lieu de s'arrêter surtout à Orléans,
sorte de petite capitale, de laquelle se différencient notable-
ment les autres villes encore toutes pénétrées d'un caractère
rural.
Ainsi Jargeau n'était guère habité que par des gens de
culture et par de petits artisans, ceux-ci en plus grand nombre
que ceux-là. Les professions pratiquées étaient à peu près
les mêmes que dans les villages et bourgs précédemment
décrits; seulement elles avaient plus de représentants. Le
principal commerce se faisait sur les denrées ; les producteurs
traitaient avec les marchands ou avec les consommateurs
d'Orléans, qui était peu éloigné. Il y avait un marché hebdo-
madaire aux grains et aux fourrages, fréquenté par les paysans
de la Sologne et du Val. Certaines industries, comme la
tannerie et la mégisserie, apparaissaient à Jargeau ; mais elles
y étaient beaucoup moins prospères qu'à Meung et à Orléans.
Enfin, il y avait à Jargeau un nombre plus grand que dans les
campagnes de personnes adonnées aux professions libérales
(1) Voir à ce sujet le cahier de Saint-Jeaa-le-Blanc, d'un accent si poignant et si révo-
Intionnaiie.
XLVIII INTRODUCTION.
(cliii'Lirgiens, notaires, procureurs, huissiers, etc.) et de
bourgeois.
Meung était un centre administratif assez important. On y
trouvait un bureau de contrôle des actes (en même temps
recette de la régie générale), un bureau de poste aux lettres,
un bureau de poste aux chevaux, une administration municipale.
Son commerce était assez étendu. Il portait principalement sur
les vins (10 commissionnaires). La tannerie occupait 12 mar-
chands tanneurs, dont l'un expédiait ses produits même à
l'étranger. Près de Meung étaient installées trois papeteries (1).
Une manufacture de toiles peintes, établie au château des
Marais, faisait travailler', en 1780, 49 ouvriers et produisait
25,(XX) pièces par an (2).
Pithiviers était une ville moins peuplée que Meung (3);
mais elle occupait entre la Beauce et le Gàtinais une situation
qui en faisait le centre du commerce des blés et du safran,
principaux produits de la région. C'était le siège d'une élection,
d'un grenier à sel, d'une recette particulière des finances. Les
« aflaires du Roi » y nécessitaient la présence de plusieurs
bureaux d'administration, direction des aides, entrepôts de
tabac, contrôle des actes, contrôle des vingtièmes, change, poste
aux lettres, poste aux chevaux, lieutenance de maréchaussée.
11 y avait une administration municipale. La population était
formée surtout de magistrats, hommes de loi, fonctionnaires.
Il ne semble pas y avoir eu d'autre industrie et d'autre com-
merce que ceux qui répondent aux besoins courants.
Ville d'Orléans. — Orléans était le grand foyer économique,
de même qu'il était le grand centre administratif. Dès le
moyen âge, son importance commerciale fut réelle ; elle ne fit
(jue s'accroître avec les siècles, favorisée par sa situation sur
les principales voies de comnumication du royaume {ï) et sur
(l)('.f3 (It'lails sont t'iiipniiitrs ;iii f'.alfudricr histariiiHi' de iOrléanak iioitr nvO, \y 1^^-
(i) Sur ctïttf maniifactiiri-, voir An-liives du Loiret, ('. O'i.
(3) Eu {'W, l'illiivii-rs roiii|iluil 3,(WJ habitants et Meunj,' 4,400.
(4) Voir dans le Calendrier hUlorinue, pp. 281-282, la liste des {grandes routes ((ui
passaient par Orléans oti ipii en parlaient.
INTRODUCTION. XLIX
la Loire, où s'exerçait encore au xviip siècle une navigation
active, quoique précaire (1). Corporations de métiers et cor-
porations de marchands y lloi'issaient. De plus, Orléans était le
siège d'un grand nombre d'administrations politiques, judi-
ciaires, ecclésiastiques, financiers, etc. : intendance, assemblée
provinciale, gouvernement militaire, bailliage-présidial, juri-
diction consulaire, municipalité, bureau des linances, grande
maîtrise des eaux et forêts, élection, grenier à sel, hôtel des
monnaies, juridiction du point d'honneur, prévôté générale de
la maréchaussée, directions des vingtièmes, des fermes géné-
rales, des traites, des gabelles et de la régie, ingénieurs en
clief des ponts et chaussées, des turcies et levées de la Loire,
université, collège, collège de médecine, école de chirurgie,
académie royale des sciences, arts et belles-lettres, société
royale d'agriculture. Il est aisé de concevoir que le nombre
des fonctionnaires, des personnes engagées dans les professions
libérales et des bourgeois y était grand.
Une étude complète de l'industrie et du commerce Orléanais
en 1789 dépasserait les limites de cette introduction, car les
documents du sujet sont abondants. Mais une esquisse rapide
donnera une idée suffisante de l'activité économique de la ville
et de la répartition professionnelle des habitants. Les éléments
en ont été puisés aux sources indiquées dans la note ci-des-
sous (2).
Orléans était au xviii« siècle une ville de grande industrie,
en ce sens que plusieurs de ses manufactures avaient été
fondées avec des capitaux relativement importants, occupaient
beaucoup d'ouvriers et produisaient pour un marché étendu ;
(1) C'est à Orléans oue siégeait le bureau de l'importante <i communauté des
marchands fréquentant la Loire et rivières affluentes en iceile », association des commer-
çants et mariniers du bassin de la Loire. , ,.
Dans un rapport du bureau du Hien public à l'Assemblé.; provinciale de 1 Orléanais, on
lit (p. 238) : « Ua ne peut douter ([u'Ûrléans ne doive beaucoup de ses avantages a sa
position au centre du royaume et où aboutissent des cliemius multiples et commodes qui
facilitent ses abords ».
(2) Une bonne partie s'en trouve aux Archives du Loiret, série C, art. GO et suivants. Voir
en particulier les mémoires généraux conservés sous la cote C 79, notamment ceux (le
l'année 17«7 sur le commerce de gros et sur le commerce de détail. Cf. aussi le Caleiidner
hiaturique de i Orléanais, pp. 128 a 132.
•r , l.
L INTRODUCTION.
011 y trouvait des manufactures royales et des manufactures
privilégiées.
Manufactures royales. — Fabrique de bonnets orientaux, auto-
risée par arrêt du Conseil en date du 8 septembre 1758,
administrée par les frères Michel, d'Orléans, et le sieur
l^oyetet, de Marseille, établie rue Saint-Martin-du-Mail. Dés
1704, elle occupait 1,800 ouvriers et faisait travailler dans
42 localités, notamment en Beauce. Le débit des bonnets
façon Tunis se f-disnit exclusivement en Orient. En échange des
produits expédiés dans le Levant arrivaient par la Méditerranée
des marcliandises telles que café, coton, etc. Au cours de son
existence et malgré la protection du gouvernement, la manu-
facture subit plusieurs crises. Une statistique officielle de 1779
indique déjà un Iléchissement dans sa situation. Elle n'occupe
plus alors que 7 à 800 ouvriers. Elle paraît s'être ensuite
relevée, puisqu'en 1787 on y comptait 1,500 ouvriers, dont
300 en ville (1). Elle se maintint jusqu'au xix^ siècle.
Fabrique de toiles peintes, étabhe en 1762, appartenant aux
sieurs de Mainville père et fils. Un état de situation fourni par les
propriétaires, en 1768, accuse la présence de 140 ouvriers qui
])roduisent 350 pièces d'indiennes et touchent environ 1,000 1.
de salaires par semaine. En 1787, le nombre des ouvriers est
évalué à 200. D'après le Calendrier historique de VOrléa-
nais, on trouvait dans cette manufacture des toiles fil et coton
en toutes qualités, impiimées en bon teint, tant pour meubles
que pour robes; il s'y fabriquait aussi des toiles tout coton pour
le même usage, ainsi que des mouchoirs d'indienne, de tout
prix, et des mouchoirs sur fil façon des Indes. Un état officiel des
toiles et toileries d'Orléans au 1er janvier 1779 donne sur la
fabri(|ue des sieurs de Mainville les renseignements sui-
vants, l^llc emploie de 15 à 16,000 pièces de toiles de colon de
Suisse, de l'Inde, très peu de Beaujolais. Elle occupe 35 à
(1) Lii fabiiijui' (lu liomii^ls (Jesliins puur la Turquie occuiie 15 à 18U0 persounes dans
les fiiviii.iis durit-ans. l'njcés-verbal de l'.\ssemblée provinciale, p. -247. Happortdu bureau
du llieu publii- s ir l'agriculture.
INTRODUCTION. LI
4^ métiers d'imprimeurs. Elle produit enviion 10,000 pièces
par an. Le revenu annuel est évalué à près de 100,000 écus.
Deux tiers des marchandises fabriquées se débitent en France ;
un tiers à l'étranger, surtout en Espagne, en Italie et dans les
îles françaises. En 1787, cette manufacture réclamait les
privilèges dont jouissaient les manufactures similaires, celle de
Bourges, par exemple. Elle se plaignait aussi des entraves que
lui opposaient les exigences du bureau de visite et de marque
des étoffes.
Faïencerie. Cette industrie commença de lleurir à Orléans
à une époque qu'il est difficile de préciser exactement. A la lin
du xviie siècle, on y fabriquait une faïence de terre cuite
à émail. Mais nous n'avons sur cette industrie de rensei-
gnements un peu détaillés que pour le xviiie siècle. Une
manufacture royale fut créée en 1753 (arrêt du Conseil,
15 mars); elle devait jouir d'un privilège de quinze années,
privilège qui fut prorogé pour la même durée en 1771. Au
début, elle ne fabriqua que de la porcelaine tendre. Elle faisait
venir des terres de Flandre, puis des environs de Paris et des
environs de Chàteaudun. A la suite de la découverte du kaolin
en Limousin, les entrepreneurs achetèrent à Saint- Yrieix
une propriété où ils s'approvisionnèrent : ce qui leur permit
de produire de la porcelaine dure. La manufacture occupa
jusqu'à 45 ouvriers dans ses ateliers. Les modèles, d'abord
fabriqués sur place, furent, à partir de 1763 au moins,
demandés à des artistes parisiens. Les produits étaient expé-
diés principalement sur Paris, Besançon, Metz, Bordeaux,
Lyon, JNIontpellier, Toulouse, Clermont-Ferrand, Reims, Tours,
Saumur, Angers, Rennes, Rouen, Arras, et sur l'Espagne et la
Hollande. Des dépôts étaient établis dans quelques villes de
France, et, en outre, à Bruxelles, La Haye, Amsterdam,
Londres, Varsovie, Saint-Pétersbourg. Les villes sans dépôt
faisaient leurs commandes directement. Enfin, une spécialité
de la maison, la vaisselle imitée des produits anglais, était
débitée par des agents qui fréquentaient les foires à cent lieues
1,11 INTRODUCTION.
à la ronde. La manufacture royale semble avoir disparu avant la
Révolution ; car elle n'est plus mentionnée dans le Calendrier
historique de 1790. Dès 1787, il n'existait plus que trois petites
fabriques de faïence occupant une trentaine d'ouvriers.
Manufactures privilégiées. — Un arrêt du 2i juin 1774
autorise l'établissement d'une manufacture privilégiée par les
trois frères Benoist-lléry, qui occupèrent d'abord 800 ouvriers,
puis 1,200. Elle avait de 80 à 100 métiers battants. On y
trouvait un embryon d'économat, une boulangerie spéciale
pour les ouvriers où le pain, supérieur à celui des boulangers,
se vendait au-dessous du prix fixé par la taxe municipale.
Les établissements industriels et commerciaux dont nous
allons maintenant parler ne jouissaient d'aucun privilège ana-
logue à ceux des précédentes manufactures. Mais ils étaient
également très importants.
lo Raffineries de sucre. Elles se sont établies à Orléans au
xviie siècle. Vers 1653, la famille hollandaise des Vandebergue
créa les premières radineries, dont le nombre ne tarda pas à
s'accroître, grâce aux débouchés fournis par la Loire. Quoique
l'épuration du sucre brut semblât longtemps l'éservée à
quelques adeptes, néanmoins plusieurs commeryants Orléanais
i-éussirent à fabriquer une qualité supérieure à celle des
Hollandais; mais la blancheur et l'éclat lui manquaient encore.
Après bien des tâtonnements, la raffinerie orléanaise parvint
p(jui'tant à occuper le prenùer rang; son sucre était regardé au
xvHi'' siècle comme le plus beau du royaume, sa réputation
était incontestée. En 1775, le nombre des raffineries était
de 14; il avait doublé dans l'espace de 30 ans. Elles nour-
rissaient au moins l,i00 familles, à cause des industries auxi-
liaires qu'elles favorisaient, et fabriquaient 7 à 8 millions de
pains de sucre. Un document de 1787 évalue leur nombre 11^3,
dont i<S grandes et 5 petites, occupant plus de 000 ouvriers
dans leurs ateliers, et, au dehors, envirou 701) bateliers,
dt'chargeurs sui' les ports lie la ville, sans compter les ouvriers
des papelei'ies, poteries, corderies, etc. qui trouvaient <lu
TNTRODUCTIO>'. LUI
travail par suite de leur existence (1). Les débouchés étaient
Paris (pour les trois quarts de la production), le Berry, la
Bourgogne, la Champagne, l'Ile de France, le Bourbonnais, le
Nivernais. Les matières premières venaient des îles de l'Amé-
rique, sous forme de sucre brut et de sucre terré ; les deux
espèces étaient travaillées dans les fabriques d'Orléans.
Dans l'histoire de la raffinerie orléanaise au xyiiic siècle,
deux faits sont particulièrement remarquables. Le premier —
moins important, du reste, que le second, — ce sont les
démêlés entre les marchands de vins et les raffineurs qui fabri-
quaient de l'eau-de-vie de miel tiré des mélasses, résidus de la
raffinerie. Le second est la lutte contre la concurrence anglaise.
La liqueur tirée des mélasses distillées était le tafia. Les
marchands de vins et de liqueurs prétendirent s'opposer à sa
fabrication par les raffineurs. Avec l'appui du corps médical,
ils obtinrent gain de cause ; la fabrication des eaux-de vie de
sirop fut interdite. Les Hollandais profitèrent de cette inter-
diction pour écouler chez nous leurs rhums et leurs tafias.
La concurrence anglaise inspirait aux raffineurs du continent
de sérieuses inquiétudes. Ils invoquèrent la protection du gou-
vernement dans plusieurs mémoires intéressants. Ils y exposent
que, depuis 175G, la raffinerie française est entrée dans une
période de décadence, à cause de l'introduction à Paris des
sucres raffinés à l'étranger, notamment en Angleterre, introduc-
tion qui se fait par l'intermédiaire des vaisseaux neutres. Ces
sucres se débitent dans le royaume à un prix inférieur à celui
des sucres nationaux. Les requérants établissent que 100 livres
de sucre raffiné à Londres reviennent à i'Ib 1. 8 s. à Paris,
tandis que 100 livres de sucre raffiné en France reviennent à
Paris à 142 1. 4 s. 7 d., soit un excédent de 16 1. 16 s. 7 d. Ils
font en outre remarquer que le sirop de mélasse qui dédom-
mage l'industriel anglais des- frais de raffinage ne peut en
(1) D'après le Calendrier historique, le nombre des raffineries était en 1790 de 25. Voir,
p. 128, les noms des fabricants.
LiY lîsTRODUCTION.
dédommager le raffmeiir français, à qui il est défendu de faire
des eaux-de-vie de sirop. Excédés par leurs concurrents
anglais, les fabricants nationaux redoutent d'être contraints de
cesser de produire. Le remède ({u'ils proposent d'apporter à
cette situation critique consiste à ajouter un droit de 20 1. à
celui de 22 1. 10 s. déjà imposé à l'entrée du royaume sur
chaque cent de sucre raffiné à l'étranger, et à diminuer les
taxes existantes sui' les sucres bruts venant du dehors.
Le Conseil du Roi, saisi de la question en 1757, ouvrit une
enquête. 11 se trouva d'abord en face de la résistance des
épiciers de Paris s'opposant à l'élévation des droits sur les
sucres étrangers qui, à raison de leur bon marché relatif,
étaient l'objet d\m grand débit à Tintérieur. Les plaintes des
raffineurs ne furent pas admises ; leurs établissements
déchurent ; ils se virent forcés de réduire des trois quarts le
nombre de leurs ouvriers ; la capitale fut inondée de produits
étrangers; de nouvelles raffineries s'élevèrent à Londres pour
fournir la France. Même l'approvisionnement des provinces
l'ut assuré par les épiciers parisiens, qui envoyèrent jusqu'à
10 et \2 heues à la ronde les sucres anglais. Ceux-ci entrèrent
encore dans le royaume par Ostende, Dunkerque et Nantes, se
répandirent en Flandre, Lorraine, Alsace, Franche-Comté,
Champagne, Bourgogne, Lyonnais, Poitou, Anjou, Bretagne,
etc., etc. Bien mieux, ils entrèrent sans payer de droits : car
les négociants ouvrirent des entrepôts en pays de franchise,
d'où ils les firent passer en fraude pour les débiter à vil prix.
Une amélioration sensible se produisit néanmoins, dans les
dernières années de l'ancien régime, au profit de la raffinerie
franraisc. Un arrêt du Conseil (25 mai 1786) accorda aux
élabhssements de Bordeaux, La Rochelle, Nantes, lîoulogne
et autres ports de mer la restitution des droits et la gratifi-
cation sur les produits qu'ils eurent le privilège d'exporter.
Cette mesure avait pour but d'enlever aux étrangers l'appro-
visionnement des provinces françaises réputées étrangères.
Mais la ral'fiiiei-ie orléanaisc l'ut exclue des avantages concédés
INTRODUCTION. LV
par l'arrêt de 1786. Au moment de la Révolution, elle demandait
la réparation de cette injustice ; elle voulait être admise à pro-
fiter, elle aussi, des primes à l'exportation accordées par le
gouvernement aux produits des raffineries établies dans les
ports de mer.
"2^ Bonneterie de laine et de coton. La fabrication des
bas et autres ouvrages de bonneterie à Orléans et dans les
campagnes beauceronnes est ancienne. C'est ce que constatait
déjà l'intendant lîouville dans son mémoire de 1698. Ses
produits furent d'abord fabriqués à l'aiguille (tricot). Vers 1680,
l'usage du métier vint faire au travail à l'aiguille une concur-
rence très forte. Il se forma en 1693 à Orléans une manufacture
de bas au métier qui augmenta beaucoup le commerce de
cette marchandise. L'introduction de la mécanique substituée au
travail exclusivement manuel provoqua une crise et souleva
des protestations analogues à celles qui eurent lieu sous la
Restauration contre les machines. Le gouvernement se sentit
obligé de faire rendre un arrêt du Conseil (-'lO mars 1700) qui
limitait expressément à Paris et à 17 villes privilégiées (dont
Orléans) l'emploi des métiers, déterminait leurs formes, la
nature et la façon des matières, la visite, la marque et les
obligations des maîtres.
En même temps qu'elle semblait nuire aux travailleurs ma-
nuels, la mécanique risquait de porter préjudice à la bonne répu-
tation des produits de l'industrie. D'après le témoignage même
de l'intendant, les bas au métier étaient rarement bons, les bas
au tricot rarement mauvais. Il ajoutait : « La réputation des
derniers favorise beaucoup le débit des autres. Mais, comme
le métier est bien plus utile que le tricot, parce qu'il fournit
beaucoup plus d'ouvrage et demande moins de temps, on
s'aperçoit que ceux à l'aiguille vont sans cesse en diminuant,
et il est à craindre que le métier ne fasse tomber peu à peu
cette manufacture. » La réputation de la bonneterie orléanaise
dura néanmoins non seulement jusqu'à la Un de l'ancienne
monarchie, mais même encore jusqu'au xix^ siècle.
LVI INTRODUCTION.
Les ouvriers en tricot et les ouvriers au métier formaient deux
communautés distinctes. Mais, le 25 août 1769, un arrêt du
Conseil supprima la communauté des fabricants de bas au
métier et au tricot de la ville d'Orléans et la réunit aux
maîtres marchands et ouvriers bonnetiers au tricot ou au
métier pour ne plus faire à l'avenir qu'un même corps sous le
nom de bonneterie. Ce fait indique la prépondérance de
plus en plus marquée de l'élément commercial dans cette
industrie.
Les marchands bonnetiers étaient en 1787 au nombre
de 55; ils occupaient 2Ci) maîtres qui, par leurs ouvriers, fai-
saient travailler 867 métiers. Chaque métier pouvait employer
7 personnes, hommes, femmes et enfants, sans compter les
ouvriers du dehors travaillant pour cette industrie, tels que
« cardiers », laveurs de laine, etc. La bonneterie employait, sous
des formes diverses, au moins 6,000 personnes. Elle utilisait
les laines (hi Berry, de la Sologne, de la Beauce, du Gàtinais,
du Poitou, du Dauphiné et d'Espagne.
La bonneterie orléanaise était donc une branche très impor-
tante de l'activité économique locale (1). Mais, à la lin de
l'ancien régime, elle était en décadence ; beaucoup de métiers
ne travaillaient pas toute l'année. Les causes de cette
crise étaient, selon les documents contemporains, assez
variées :
4o La perte du Canada, principal débouché des produits.
Depuis lors, ils se trouvaient réduits à l'iutérieur du i-oyaume;
une faible partie continuait encore de passer à Livourne et à
Tuiiii, niais Tllalie commençait à s'en dégoûter.
'2» Le luxe. Les classes aisées ne portaient plus que des
bas de soie, de fil ou de coton. Seules les classes pauvres fai-
(i) " L;i bonriftcrin tl'Orlrans fst la |iliis cnnsidérablf du royaume en cellv partie. Les
manhanrls de toute la France et d<' l'itranf^er y viennent faire leurs provisions, comme
dans In seul endroit où il s'en fabricpic » ^Vi/cnV/rJc'c hhtorique, page 142.
INTRODUCTION. LVII
saient encore usage de bas et de bonnets drapés, à cause de
leur bon marché.
3° La concurrence de la Suisse. Il s'y fabriquait des pro-
duits analogues qui entraient en fraude dans le royaume
par les provinces méridionales et qui s'y vendaient à bas prix.
4o Le désordre et l'anarchie dont souffrait la communauté
des bonnetiers. Si les maîtres étaient égaux en droits, ils
étaient inégaux en facultés. Les marchands étaient des capita-
listes, les maîtres ouvriers n'avaient que leurs métiers. Ils se
contrariaient les uns les autres sans cesse et sans raison. Cette
rivalité eut pour résultat que plusieurs fabriques se fermèrent
et que les ouvriers, privés d'ouvrage, portèrent leur industrie
ailleurs, à Vienne, à Romans, à Castres et dans d'autres villes.
C'est en vain que les marchands essayèrent de s'opposer à
l'enlèvement des métiers et à l'émigration.
Couvertures. Cette fabrication était une industrie filiale de
la laine. En 1787, il y avait 13 à 14 fabricants de couvertures,
qui occupaient une centaine d'ouvriers environ : cardeurs, tis-
serands, répareurs, etc. En y ajoutant les fileuses du dehors,
on comptait 500 personnes occupées par cette industrie, qui
produisait chaque année 10 à 12,0C)0 pièces de toutes qualité,
grandeur et taille, faites avec des laines de la Beauce, du
Gàtinais et de la Sologne. Les couverturiers écoulaient leurs
produits à quelques fripiers de la ville et aux colporteurs ; ils
faisaient quelques envois en Normandie. Cette industrie avait
beaucoup diminué par suite de la cherté de la laine. Les fabri-
cants n'ayant pas beaucoup de capitaux altéraient la qualité
des marchandises, si bien qu'à la fin du xviif siècle la répu-
tation de leurs produits se trouvait endommagée. D'autre part,
la fabrication fut victime de la réglementation excessive de
l'industrie. Ses produits ne pouvaient être mis en vente
({u'aprés avoir passé au bureau de visite et de marque des
étoiles, qui n'était ouvert que deux fois par semaine. L'obliga-
tion de porter les produits au bureau causait en outre une
LVIII INTRODUCTION.
grande perte de temps et avait pour conséquence de défraîchir
les objets.
Serties. Une autre industrie dérivée de la laine, c'était celle
de la serge. Elle était ancienne ; on trouvait déjà de nombreux
sergers à Orléans au \\v siècle. Avec de la laine de Beauce,
ils faisaient des étoftes grossières à l'usage des artisans et des
campagnards. On fabriquait aussi des serges drapées et des
droguets pour la consommation locale à Chàteauneuf-sur-Loire
et à Jargeau.
Filature de coton. Dans les dernières années de Tancien
régime, un établissement fondé par la compagnie Foxlow pro-
duisait du coton filé « soit pour la fabrique des mousselines et
des toiles, soit pour la bonneterie, soit pour les bougies et
chandelles » (Calendrier historique, p. 149).
3" Draperie. La draperie était représentée par sept ou
huit maisons de gros qui occupaient environ 50 maîtres teintu-
riers, friseurs, tondeurs, presseurs, laineurs, etc., ayant sous
leurs ordres une centaine d'ouvriers (1). Elle avait, depuis un
siècle, perdu de son importance, des voyageurs de commerce
ayant attiré vers d'autres villes la clientèle. Cette décadence
résultait de deux causes qui sont indiquées dans le mémoire
intitulé : « Observations sur le commerce d'Orléans » (Archives
du Loiret, G 79). « Les personnes qui ont quelque fortune
et <[ui seraient le plus en état d'entreprendre ne veulent
point s'assujettir à une corporation cjui les confondrait souvent
avec le dernier de leurs ouvriers, qui serait maître comme
eux et les obligerait d'aller ensemble de boutique en boutique,
lorsqu'ils seraient en charge, inspecter et visiter leurs con-
fr-ères. La bonneterie se plaint depuis longtemps de cette
confusion, et les personnes aisées s'en retirent ou ne veulent
pas y rester. — Le haut prix de la main-d'œuvre relativement
à la cherté des vivres et le bas prix du vin dans les années
(1) « Ceux qui tiennent cet artiile tirent leurs marchandises brutes pour la plupart,
r'est-ii-diro ii la sortie des foulons, du Herry, de la IMeardie, de la Lorraine et autres
lieux. Ils oeeupenl (|uantité d'ouvriers, tels i|ue friseurs et répareurs. Ils ont aussi noiuhre
de métiers cl de foulons à leur serviic. » Calendrier hislori<iue, i)age 435.
INTRODUCTION. LIX
d'abondance sont encore un obstacle invincible à de nouveaux
établissements de plusieurs manufactures. »
Il s'était créé en 1772 une fabrique d'étoffes rayées appelées
llnnelles, à rimitation de Rouen et de Roubaix. C'étaient sur-
tout les femmes du peuple (jui faisaient usage de ses produits
d'un prix modique.
40 Blanchisseries de cire; fabriques de chandelles. L'in-
dustrie de la cire fut de bonne heure implantée à Orléans. Les
ciriei's de la ville formaient déjà une corporation à la fm
du xiiie siècle. A la fm du xviir% la cirerie occupait plus de
iOO maîtres, 8 maîtresses, 82 agrégés et 78 femmes agrégées.
Mais il faut observer que, depuis 1777, ils ne formaient plus
qu'une communauté avec les épiciers.
Il y avait 6 établissements importants occupant environ
40 ouvriers, pouvant blanchir de 4 à 500 milliers de cire par
an pour la consommation de Paris, Versailles, etc.
Comme les cires de la province et du royaume ne suffi-
saient pas aux besoins de ces divers établissements, ils en fai-
saient venir aussi de Silésie, de Pologne et de Russie. Les
intéressés réclamaient des primes à l'éducation des abeilles
dans les campagnes. Grâce à la grande consommation des
bougies, la cire se vendait toujours facilement. 11 y avait pour-
tant une ombre à la prospérité de la fabrication orléanaise.
Elle pratiquait le mélange du suif, malgré les interdictions
légales, et ainsi la qualité de ses produits était détériorée.
Leur réputation avait donc baissé ; on leur préférait les chan-
delles de Chàteaudun, Patay, Artenay, Voves, Arpajon, Long-
jumeau.
50 Industries du cuir. Tannerie, mégisserie, corroirie
contribuaient à l'activité économique de l'ancien Orléans. Elles
étaient représentées à la fin du XYiîr- siècle : aj par les tan-
neurs, au nombre de *J (6 tanneurs forts et 3 faibles), occu-
pant environ 50 ouvriers. Ils tiraient des environs d'Orléans
et de Paris les peaux de bœufs, veaux et vaches qu'ils tra-
LX INTRODUCTION.
vaillaient. Leurs produits s'écoulaient dans la Provence, le
Languedoc, et à l'étranger. La tannerie souffrait de la concur-
rence anglaise ; bj par les mégissiers et chamoiseurs (22 maî-
tres, dont 14 seulement travaillaient avec des ouvriers au
nombre de 80). Ils employaient les peaux de mouton et de
veau tirées de Paris et de la Normandie. Orléans avait la
spécialité exclusive des peaux à /?eî^/'s (avantage dû, disait-on, à la
qualité des eaux de la Loire). Paris, Rouen et Abbeville étaient
les débouchés de sa production. Cette industrie avait diminué
d'importance, parce que la mode tendait à faire disparaître
l'usage de ses produits tant en culottes qu'en doublures; cj par
les parcheminiers (6 occupant une quinzaine d'ouvriers),
employant les peaux de brebis et de moutons mort-nés qu'ils
achetaient dans les foires et aux bouchers. Ils se bornaient à
fournir les imprimeurs pour les tympans, et les relieurs
pour la couverture des registres. Ils vendaient aux bonnetiers
de la ville la laine enlevée des peaux qu'ils travaillaient. Les
parchemins et les autres peaux blanches étaient expédiés à
Paris.
Les industries orléanaises du cuir étaient en décadence dans
la seconde moitié du xviif siècle, décadence due aux charges
fiscales. Celles-ci étaient eflectivement très lourdes : ainsi une
livre de parchemin valant 18 à 19 sols payait '3 sols 6 deniers
de droits. La circulation du cuir était également entravée par
des visites et des vexations multipliées, résultant de l'édit de
i75î). Un connaît d'ailleurs les protestations célèbres du
cahier de Nemours contre le droit de marque dos cuirs.
H" Conlerie. En 1787, 27 maîtres cordiers, dont les
trois quarts avaient peu d'ouvrage, occupaient environ 20 ou-
vi'iers pendant la belle saison. Ils employaient les chanvres du
iîorry, de l;i Bourgogne, de la Champagne et de l'Auvergne,
ils travaillaient pour l;i navigiilion, l'agriculture, le roulage, les
mlfiner-ies.
7" IV'pinières, commerce d'arbres. C'était une branche
assez considérable. On évnluait, en 1787, à 200 le nombre des
INTRODUCTION. ' LXI
maîtres jardiniers, pépiniéristes et cultivateurs produisant
toutes les espèces d'arbres fruitiers et forestiers pour avenues,
jardins et bosquets, de plantes exotiques, de graines de fleurs
et herbes potagères. Ils occupaient au moins 1,500 ouvriers.
La prospérité de cette industrie avait augmenté d'un tiers
depuis une douzaine d'années, à cause des plantations de jardins
anglais et de bois. Ses produits s'écoulaient dans tout le
royaume et à l'étranger.
8° Commerce en gros des vins, eaux-de-vie et vinaigres. —
Orléans était un des principaux centres de commerce des vins
et de leurs sous-produits. En 1787, sur 200 négociants environ
(y compris les commissionnaires), 30 à 40 le faisaient en
grand; ils employaient 8 à 900 ouvriers, sans compter les
voituriers. La production s'élevait dans certaines années à
plus de 20,000 pièces débitées à Paris et environs. La première
qualité allait en Normandie, en Picardie, en Flandre, etc.
Malheureusement les mauvais plants avaient nui à la réputa-
tion des crus Orléanais; c'est en utilisant les vins des autres
vignobles que le commerce s'était maintenu. Mais il souffrait
des rigueurs de la fiscalité : au lieu d'être payés à la consom-
mation, les droits d'entrée étaient exigés lors de l'emmagasi-
nage non seulement dans la ville, mais même dans l'espace
de trois lieues aux environs. — Le commerce des eaux-de-
vie était également très étendu. Il portait non sur des produits
fabriqués dans l'Orléanais, mais dans les régions de la Charente et
du Midi, qui arrivaient par la Loire. On comptait une trentaine
de maisons de gros, qui alimentaient Paris et le Nord. Vers la
iin de l'ancien régime, les marchands parisiens se fournissaient
directement aux lieux de production. — Le vinaigre d'Orléans
a conservé à l'époque contemporaine la renommée qu'il avait
déjà au xviiF- siècle (1). Le nombre des maîtres vinaigriers
était alors de 200 environ, dont la moitié seulement avaient
assez de moyens pour acheter et traiter les vins dans les
(l) « Le viQaigre d'Orléans reniitoile sur tous les vinaigres du royaume, surtout le
blanc; c'est ce qu'assure M. Cadet, de l'Académie des sciences. » Calenlrier hidoriqiie,
[jat;u 133.
LXII INTRODUCTION.
années de cherté. Le débit annuel était de 25 à 30,œ0 pièces
lie vinaigre expédiées dans tout le royaume.
90 Commerce d'épicerie, droguerie et denrées coloniales.
En 1787, il passait pour le plus considérable d'Orléans. Une
quarantaine de maisons de gros recevaient par la Loire huiles,
savons, cafés, cotons, poivres, aluns, plomb, indigo, casson-
nade, etc., et les débitaient à Paris et dans le Nord. Le
mémoire d'où sont extraits ces renseignements déclare que ce
commerce d'intermédiaires entre les armateurs des ports et
les négociants de Tintérieur allait chaque jour en diminuant.
Il expliquait ainsi cette décadence : « Autrefois Orléans
approvisionnait presque totalement les villes du bord de la
Loire jusqu'à Angers, une paiiie du Maine et du Poitou; mais
les marchands de ces provinces, plus avisés ou plus riches, les
tirent maintenant directement des fabriques ou des ports.
Orléans fournissait également une partie de la Brie, des envi-
rons de Paris, du pays des bords de la Seine jusqu'à Mantes,
toute la Beauce et le pays Ghartrain des marcliandises qui
passent par Rouen. Mais les marchands achètent directement
à Uouen aujourd'hui, et les marchands de Paris ont des
dépôts au Pecq, à Saint-Denis et à Bourg-la-Reine. Chartres
même, qui se fournissait à Orléans lorsque la circulation des
Ijlés était interdite dans le royaume, enrichie aujourd'lmi par
suite de la liberté de cette cii'culation et [de] l'exportation à
l'étranger, n'a plus besoin du crédit des Orléanais. Ses mar-
chands achètent à Rouen, Marseille, à la côte de Gênes, en
Angleterre et en Hollande les produits qu'Orléans leur four-
nissait. Us approvisionnent même les pays ipii les environ-
iicnl. "
10 Poèlerie, 1er, fonte. Ce commerce fut assez longtemps
prospère à Orléans, qui comptait encore à la lin de l'ancien
j-égiine une dizaine de maisons de gros, s'approvisionnant
dans les forges du royaume, d'Allemagne et d'Angleterre. Mais
les droits à l'enli'ée sur les matières premières, les péages
perçus à la circulation sur la Marne et sur la Loire, l'habitude
INTRODUCTION. LXIII
récemment prise par les marchands de province de s'adresser
directement aux forges entravaient le développement de ce
commerce.
Il» Grains et farines. Orléans était l'entrepôt des grains de
Sologne et de Beauce et des farines d'Étampes. Une cinquan-
taine de courtiers opéraient régulièrement sur la place.
12" Réception et commission. A la position même de la ville
était due l'importance de son commerce de réception et de
commission, qui comprenait une vingtaine de grosses maisons,
sans compter plusieurs petites. Alais il souffrait de l'excès des
droits perçus sur les marchandises qui empruntaient le cours
de la Loire. « On n'en fera pas le détail qui serait ici superllu,
écrit le rédacteur des « Observations sur le commerce d'Or-
léans » ; il suffira de dire que ces droits sont souvent arbi-
trairement perçus, sans aucune spécification, et sans autre
acquit qu'une simple signature au dos des lettres de voiture,
dont la perception même de plusieurs est si incertaine qu'on
ne connaît point les arrêts du Conseil qui les autorisent. » Les
représentants de ce commerce demandaient l'interdiction
des moulins flottants établis sur le lleuve contrairement aux
ordonnances, et le rétablissement de la Compagnie (supprimée
en 1772) des marchands fréquentants chargée de la police de
la navigation dans tout le bassin de la Loire.
Les diverses sortes d'industries et de commerces qui vien-
nent d'être décrites rentrent dans la catégorie générale du
« commerce de gros » à laquelle est consacré l'un des deux
mémoires de 1787 conservés aux Archives du Loiret sous la
côte C79 (1). L'autre mémoire de la même année est intitulé :
<( Vues générales sur le commerce de détail et sur les arts et
c
(i; On peut citer ici le passage intéressant d'un autre mémoire des Archives du Loiret,
C 93, relativement à la situation du commerce de gros en 1785-1786.
« La ville d'Orléans est l'exemple le plus frappant de tous les avantages (jue procure le
commerce en gros; elle est redevable de l'étendue du sien à sa position, a l'industrie, aux
elTorts et aux ressources de ses négociants qui sont parvenus à en faire l'entrep.'it le plus
considérable du rovaume, dont ils pourvoient un grand nombre des provmces de leurs
besoins dans tous l'es genres des productions du sol et de l'industrie du royaume et des
objets de l'étranger qui lui manquent.
« Les spéculations de ses négociants se portent, en couscqurnce, généralement sur tous
les objets de commerce d'épiceries, draperies, merceries, qinnraillenes, vins, eauxde-vie
et autres productions, etc. ; ce qui les met dans le cas d'avoir les correspondances les plus
INTRODUCTION. LXIV
métiers de la ville d'Orléans ». L'auleur y passe en revue toutes
les variétés de ce commerce et consacre à chacune d'elles une
notice. Nous en extrayons, sous la forme d'une statistique, les
renseignements suivants :
Ayréniinistes (passementiers), houtonniers, 3 labricants. —
Allumettiers : industrie qui occupe plus de 200 personnes. —
Amidonniers. Les bénéfices de cette industrie sont peu consi-
dérables ; les établissements installés à Orléans ont peu réussi
parce qu'ils n'ont pu s'étendre. (D'après le Calendrier his-
torique, p. 190, 4 amidonneries.) — Armuriers ou arquebu-
siers : 4. — Artificier ; 1. —Aubergistes : 163 maîtres ou agrégés
(4 gi-auds hôtels). — Baigneurs (maîtres de bains) : 2. — Balan-
ciers : 28 maîtres et 18 agrégés. — Banquiers ; 3 (changeurs).
— Bâtiment (industries du). Pas d'architecte; les entrepre-
neurs en tiennent lieu. G appareilleurs. 18 maîtres maçons et
72 agrégés. 2 marbriers. 10 paveurs. Malgré ce nombre, la
ville est très mal pavée : « Les étrangers en quittant Orléans
n'oublient pas de dire que le pavé des rues est impraticable
aux gens de pied ». Plâtriers : 10 maîtres occupant chacun
2 ouvrie['s etl apprenti. Plombiers : 5. Tailleurs de pierre? —
Barbiers-perruquiers : 47 maîtres. — Bateliers (mariniers,
voiliiricrs par eau) : 13, pour Gien, Gosiie, Nevers, Moulins,
Uoaimu, IJlois, Tours, Saumur, Angers, Nantes, etc. — Bimbe-
lotiers : 2 ou 3. — ■ Blanchisseuses de linge, de dentelles, etc.
État libre, sur lequel on ne sait rien de certain. — Boisscliers-
tounieurs, 36 (tourneurs, 9 maîtres occupant ensemble
20 ouvriers). — Bottiers, 2; cordonniers, 263 maîtres ou
agrégés (1). — Bouchers, ne sont point en communauté; il
n'y a pas d'iiballoirs piiltlics. — Boulangers, 86 maîtres; eu
Hlciiiltu's aver los ports, inannfuctiires et provinces du royaimn', :iinsi iiu'aNef l'Italie.
rKspagiii-, la IlollaiiJe et plusieurs autres pays étraiijjers.
" Ils fonniMit (Jaiis Orléans des magasins abondaininent pourvus de tous les objets de
eonsouunatlou tau! di- lintériLur ipie de l'extérieur, d"où ils les répandent dans les pro-
vinees oii ils si- transportent ulusieurs fois dans l'année pour eonnailre les besoins de
leurs eorrrs|iiiudanls, prendre leurs orilres et faire leurs recouvrements. Tel est le coni-
increi' dont sont di-puis lou;,'teinps en possession les néj;.icianls d'Orléans, qui forment
environ UO maisons liclies de 1.5), M), '.Mù, 400, SOO.tHIO livres .jus((n'à 1 et i millions ; indé-
pendamment de -11} ni.flliieries eiiviriui ipii réunissent au moins 1:.' millions de tonds. »
(1) '■ he Ions les mélii-rs d'Orléans, «'est celui qui compte le plus de maîtres. »
JNTIIODUCTION. LXV
outre, les boulangers de Meung et de Gléry viennent deux fois
par semaine vendre leurs pains au marché d'Orléans. —
Bourreliers, 10. — Boursiers (fabricants de bourses à
clieveux), 2. — Brasseurs, 1 ; en 1784, il y en avait 3. —
Brossier, 1. — Chandeliers (fabricants de chandelles), 268 maî-
tres ou agrégés. — Charcutiers, 72 maîtres. — Cendres gra-
velées, 5 fabricants. — Cartonnier, 1 ; il y en avait 3 avant l'édit
d'aoïit 1771 établissant des droits sur les papiers et cartons.
— Cartiers (fabricants de cartes à jouer), 2. — Carrossiers
(loueurs de carrosses?). — Cardiers (fabricants de cardes
pour les manufactures de bonneterie), nombreux. — Cahare-
tiers, très nombreux; « on peut dire qu'il y en a de trop ». —
Chaufourniers, 3. — Chaudronniers'? — C/r/ers (marchands de
cire au détail), 6. — Charrons, 16 maîtres et agrégés occupant
70 à 80 ouvriers. — Cliarpentiers, li maîtres occupant chacun
6 à 8 ouvriers. — Chapeliers, 8 maîtres et 3 agrégés. —
Colporteurs, 8, dont 1 ou 2 sont afficheurs. — Cloutiers, 14.
— Marchands de fer, de cuivre et de fonte, 9. — Colle forte,
i fabricant. — Confiseurs, 8. — Cordiers, état libre; 30
employant ensemble 40 à 50 ouvriers. — Corroyeurs, 5. —
Courtiers {hnt les échanges de marchandises); 10 enregistrés
au consulat pour l'épicerie et la négociation du papier. —
Couturières. Il y en a qui occupent jusqu'à 42 apprenties. —
Couteliers, 9 maîtres occupant ensemble 15 à 18 ouvriers (1).
— Couvreurs, 17 maîtres. — Débitants de tabac, 67; quelques
débitants font aussi la vente du sel (regrat). — Distillateurs,
peu nombreux. — Dominotiers (fabricants de papiers peints),
2, dont un occupe 60 ouvriers. — Doreurs sur bois, 4. —
Drapiers (marchands, non fabricants), 8 en gros, 21 détaillants.
— Droguistes, 47 en gros, 12 détaillants — Ébénistes, 1 . —
Écrivains (maîtres) , appelés « écrivains jurés et arithméti-
ciens » ; 1 écrivain public, très peu occupé. — Éperonniers,
(1) « La proximité de Ulois, où l'on fait beaucoup de roiiteilerie, empêche cette industrie
detre très prospi^re à Orléan-î. La coutellerie de cette dernière ville est cependant
renommée pour la trempe ; on la recherche dans la province soit pour les instruments de
chirurgie, stit pour les ciseaux à tonde la boiinelfric, s )it pour les graveurs sur bois
employés dans les manufactures d'indieunes et df dominolerics (papiers peints). »
LXYI INTRODUCTION.
occupant 4 ouvriers. — ÊpingUers (fabricants d'épingles),
i occupant 8 à 10 ouvriers. — Ktaleurs (étalagistes), nombreux.
— Faïenciers, 3 manufactures occupant une trentaine d'ouvriers
2 magasins de vente des faïences locales et étrangères ; beau-
coup de petits revendeurs ; un dépôt de la verrerie royale de
(Visors. — Ferblantiers, 15 maîtres et agrégés. — Fondeurs
de cloches, 3. — Tripiers, 64 maîtres et agrégés. — Friseiirs
d'étoffes, de laine ou ratineurs, 2. — Futainiers, i occupant
3 ou 4 ouvriers. — Galochiers, 20 occupant 40 ouvriers. —
Ch-aveurs sur bois, employés dans les manufactures d'indiennes
et les dominoteries. — Imagiers, colporteurs-étaleurs qui
étendent des images le long des rues. — Imprimeurs, 4
(autorisés par arrêt du Conseil du21 juillet 1704) occupant 50 à
00 ouvriers, faisant travailler 12 presses; sont réunis à l'Uni-
versité par arrêt du 4 mars 1744 (1). — Libraires, 7 libraires
bi'evetés qui ajoutent à leur commerce la vente de la domino-
terie ou la reliure (2); les 4 imprimeurs font le commerce delà
librairie. — Luthiers, 2. — Marchands de bois à brûler, 9; 4e
construction, 6. — Marchands de chevaux ? — Marchands
de fer, 9 en gros, 3 en détail. — Marchandes de modes, 15:
il n'y en avait que 3 en 1757. — Marchands de salines (poisson
salé), assez nombreux. — Marchands de poissons d'eau douce, 2,
qui i-evendent aux poissonnières débitantes. — Marchandes de
volailles ou poulaillères? — Maréchaux- ferrants, 29 maîtres
ou agrégés ; la plupart sont aussi marchands de chevaux. — Mate-
lassiers, 12. — Mégissi'ers, 20 qui sont aussi chamoiseurs. —
Menuisiers, 87 maîtres ou agrégés. — Merciers, plus de 400(3).
— Messagers, 14. — Miroitiers, 2. — Orfèvres, 20, dont
45 seulement occupent des ouvriers. — Horlogers, 13 ; les horlo-
gers grossiers sont 3. — Pain d'épiciers, 2, occupant .3 ou
H) Il A Orléans, seule ville du royaume, on ne les a j)as crus di^ïnes ou capables
d'orruper une plare au lonsulat. »
(i) l.a proximité de Paris, li-s hibliollicijues publiiiues, le nombre « prodit,'ioux de livres
i|u'(>nl les parliiiiliers nuisent à la prospérité.
(3) « Owariie ils ont le droit de vendre toutes espèces de marchandises, ou les appelle
vmrchamU de lout el fabricants de rien. »
INTRODUCTION. LXVII
4 ouvriers. — Papetiers (marchands de papier), 6 (1). —
Parcheminiers, 3, qui sont aussi marchands de laine. — Pâtis-
siers, 70. — Paumiers, 2 jeux de paume. — Peigniers (fabri-
cants de peignes), 1, occupant 3 ou 4 ouvriers. — Peintres en
miniatures, 5; en paysages, 4; en bâtiments, 18. — Pelletteras-
fourreurs, 5 maîtres et agrégés. — Potiers ctétain, 6. — Potiers
de terre, 10, occupant beaucoup d'ouvriers. — Relieurs, 6 (2). —
Salpêtriers, 1. — Sculpteurs, 4. — Sergiers, 3 (3). — Serru-
riers, 60 maîtres et agrégés, occupant plus de 250 ouvriers. —
Tailleurs de corps de femmes et d'enfants, 4(4). — Tapissiers,
108. — Teinturiers du grand et bon teint, 2 (5); du petit
teiîit, 5. — Tisserayids, 26, employant chacun 2 ou 3 métiers
montés, qui occupent 50 ouvriers nommés aussi texiers. —
Tondeurs de draps, 10 ateliers avec 5 ou 0 ouvriers chacun.
— Tonneliers : 142 maîtres et agrégés occupant chacun 2 ou
3 ouvriers. — Vitriers, 20 occupant 40 ouvriers.
Les relations générales entre le commerce de détail et le
commerce de gros laissaient fort à désirer. C'étaient réel-
lement deux classes opposées, hostiles, engagées depuis plu-
sieurs années dans une vive querelle dont l'objet apparent
était l'exacte déhmitation de leurs attributions respectives.
Nous l'avons déjà racontée ailleurs (6) : on nous permettra de
nous citer.
« La déclaration royale du l*?'' mai 1782 (réglementation des
communautés d'arts et métiers) qualifiait de négociants et mar-
chands en gros ceux-là seuls qui vendaient « sous balle, sous
cordes et par pièces entières ». Or, il paraît que plusieurs
(1) « Les papeteries de Meiinp; et de Saint-Mesniin (prés Orléans) ne font que le papier
d'emballage bleu et gris pour envelopper le sucre ; elles font aussi du champij pour les
dominoteries et les impi'iuicries. »
(2) « Les droits mis sur les peaux de veaux et les basanes rendent cette profession peu
lucrative. »
(3) Produits mal fabritpiés, utilisés seulement par les gens de la campagne.
(4) (c Depuis qu'on ne fait plus d'usage de corps baleinés, les citoyens prennent chez eux.
H la journée dos ouvrières (pie l'on nomme couturières pour corps ; d'autres conduisent
leurs enfants avec eux à Paris pour les y faire habiller. »
(.j) « Ils possèdent le secret de la couleur écarlate qui le dispute à celle des Gobelins. >>
(6) Dans notre étude précitée sur les Cahiers du bailliage d'Orléans au point de vue
économique.
LWIII INTRODUCTION.
commerçants violaient la loi. Ce fut, en particulier, le cas
dun négociant en draperies traduit devant le tribunal de
police municipale par le syndic et les adjoints de la commu-
nauté des merciers-drapiers. Ils prétendaient que les mar-
chands en gros qui ne vendaient pas dans les conditions
légales devaient être contraints de s'inscrire respectivement
dans la corporation analogue à leur profession, et traités
comme des détaillants. Aux merciers-drapiers ne tardèrent
pas à se joindre d'autres corps, tels qu'épiciers, etc. En sorte
(|ue ce fut vraiment le procès des maîtres marchands des cor-
porations contre les négociants libres. Selon la déclaration
de 178'2, nul doute que les négociants ne fussent en faute; mais
ils opposaient l'esprit à la lettre et observaient que, par sa
nature même, le commerce Orléanais ne pouvait être restreint
dans les limites de la définition légale, qu'il fallait interpréter
la loi, non la suivre aveuglément. Le commerce de gros ne
dépend pas de la quantité des marchandises vendues, qui est
toujours proportionnée non aux désirs des vendeurs, mais aux
ressources et aux besoins de l'acheteur. C'est la qualité de
l'acheteur qui seule importe ; il s'agit de savoir s'il est un mar-
chand ou un consommateur. La vraie définition du commerce
de gros, c'est « la vente de marchand à marchand sans aucun
détail au consommateur ». Et, par exemple, comment obliger
les négociants Orléanais à ne vendre que sous balle, sous cordes,
par pièces entières? Ils sont surtout commissionnaires en épi-
ceries, drogueries, draperies, mercei'ies, quiiicaillories, vins,
eaux-de-vie, etc. Or, beaucoup d'articles dont ils ont le débit
ne peuvent se dislribuer aux petits marchands dans les condi-
tions exigées, parce ((ue les détaillants ne sauraient que
faire, dans leurs humbles boutiques, de trop grandes quantités
d'épices, di'ugiies, huiles, etc.
n Sousjce débat, en ((uelque sorte technique, se dissimulait
une hostilité de caractère social. Les corporations de métiers
poursuivaient dans les négociants en gros des privilégiés plutôt
que des concinienls, et les marchands en gros défendaient
INTRODUCTION. LXIX
leurs privilèges. La vraie nature de cette contention éclate à
plein dans un passage d'un mémoire des juges-consuls qui
avaient pris fait et cause pour les négociants parmi lesquels ils
se recrutaient, et s'étaient, en réalité, substitués à eux. « Les
« syndic et adjoints de la communauté des marchands drapiers
« sont sans doute jaloux de voir que les négociants d'Orléans
« ont l'avantage d'avoii* plusieurs gentilshommes parmi eux,
« ([ue beaucoup d'autres jouissent des privilèges de la noblesse
c( (lue aux travaux de leurs pères, qu'il y en a qui sont pourvus
« d'oftices de secrétaires [du Roi], auxquels ils ont été admis
« sans aucune difficulté en continuant leur commerce, et
« qu'enthi quelques autres se disposent et sont dans le cas de
« se faire pourvoir de pareils offices et d'acquérir la noblesse
« ou de la mériter des bontés du Roi, qui veut bien l'accorder
« de temps à autre à des négociants qui se sont distingués dans
ft leur commerce. » Et, sans nul doute, à une époque où la
susceptibilité sociale était aussi développée qu'à la fin de
l'ancien régime, les avantages de quasi-caste dont profitaient
les riches négociants en gros blessaient les petits boutiquiers.
Us n'eussent pas été fâchés de rabattre l'orgueil de ces bour-
geois anoblis ou en passe de l'être. En revanche, les gros
négociants voyaient le danger de leur agrégation à une commu-
nauté : c'était déroger, perdre la noblesse et les privilèges. En
se solidarisant avec eux, les juges-consuls défendaient la pré-
rogative de leur propre recrutement aristocratique, d'où les
membres des corporations étaient exclus.
« On retrouvait le même écart social entre les marchands
au détail et les négociants en gros dans l'attribution des
charges municipales, auxquelles les premiers n'avaient aucune
part. La constitution municipale d'Orléans comprenait trois
organes administratifs disLiurls : le corps de ville, composé de
cinq échevins et (fun sixième appelé maire; les notables ou
administration comnumale composée du corps de ville, plus
quatorze notables ou prud'hommes ; l'assemblée générale de
la « commune -» ou des habitants, se réunissant une fois par
LXX INTRODUCTION.
an pour délibérer sur les plus importantes afïaires de
finances ou de propriété. C'est l'assemblée des habitants qui
élisait les corps municipaux ; les échevins étaient nommés pour
deux ans; le renouvellement électoral avait lieu régulièrement.
Or le petit nombre des officiers municipaux, qui ne représen-
tait pas toutes les fractions de la cité, ne pouvait être choisi
(jue dans deux catégories d'habitants : les négociants et les
fonctionnaires(officiers) ou lespersonnes exerçant une profession
libérale. L'assemblée électorale était formée des députés des
paroisses, pris en partie parmi les commerçants, en partie
parmi les officiers, des députés des corporations ecclésias-
tiques, de ceux des corps administratifs ou judiciaires. Elle
comprenait environ une centaine de personnes, (jui choisis-
saient les notables et le corps de ville. Des conditions restric-
tives d'éligibilité gênaient les électeurs dans le choix du maire
et des échevins, qui étaient mi-partie commerçants, mi-partie
officiers ; et ce choix n'avait de valeur que ratifié par le duc
apanagiste. Il se faisait donc une sorte de tamisage électoral,
à la suite duquel les corps municipaux ne se trouvaient formés
que d'hommes d'une situation sociale particulièrement relevée.
C'est pourquoi les merciers-drapiers sollicitent, en 1789, la
liberté d'accès des petits détaillants aux charges de ville; les
arquebusiers demandent que « la seconde classe du Tiers » soit
admise à la municipalité et aux autres emplois publics « dont
« elle a été exclue jusiju'à présent, malgré qu'elle supporte
« elle seule tous les impôts ».
« L'inégalité était, sous l'ancien régime, à ce point la
marque du système fiscal, qu'elle ne pouvait manquer, en
cITct, de se rencontrer dans les impositions acquittées par les
commerçants, comme dans les autres. On constate dans les
rôles de la capitation <|ue les gros négociants ou industriels
figui'cnt en tète dans une catégorie distincte de celle des autres
marchands. Klle pèse plus sur le petit détaillant que sur le
ni'gociant qui jouit (\o laveurs et modérations (cahier des
pf)èlicrs). Il en est de incnio du vingtième d'industrie qui, au
INTRODUCTION. lAM
(lire des aubergistes, atteint surtout la « classe la plus indi-
gente ». En outre, comme l'imposition est proportionnelle
aux facultés supposées du contribuable, il arrive souvent que
la proportion est injuste. Elle augmente quand les affaires dimi-
nuent. Crainte de perdre son crédit, le coimnerçant dissimule
sa situation. « A moins de faire banqueroute, cet impôt baisse
« rarement » (merciers-drapiers). Consacrée par le régime
financier, l'inégalité des conditions dans le monde commercial
s'accentue chaque jour par les anoblissements de plus en plus
nombreux accordés aux négociants et par les dignités qui leur
sont conférées. Il y a donc aussi des privilégiés du commerce. »
Sur un point pourtant, tous les commerçants, qu'ils fussent
de çros ou de détail, étaient d'accord. C'est le rétablissement
de la Compagnie ou Communauté des marchands fréquentant
la Loire : association ancienne (remontant au xive siècle) des
négociants et mariniers du bassin de la Loire, qui se char-
geaient de la police de la navigation (bahsage) et de la défense
des intérêts du commerce contre les exactions des seigneurs
péagers. Après une longue existence, cette Compagnie avait
été supprimée en décembre \1T2, et ses attributions relatives
à la police de la navigation confiées au service des ingénieurs
des turcies et levées. Mais en 1787 et en 1789, le commerce
Orléanais se plaignait vivement de cette suppression ; il repro-
chait aux ingénieurs et à l'administration leur impuissance à
assurer la bonne navigation de la Loire : il sollicitait la res-
tauration de l'ancienne association.
A titre de document complémentaire, on donnera ici le
résumé des vœux et doléances du commerce Orléanais en 1787,
tels qu'ils sont formulés dans un rapport du Bureau du Bien
public à l'Assemblée provinciale, p. 20Û-2G2. Ce sont des
plaintes contre :
1° La prime de 4 livres par quintal et le droit de transit
accordés aux produits des autres raffineries du royaume ;
i2o La destruction de la Compagnie des marchands fréquen-
tants ;
, X\ii INTRODUCTION.
3o Les inconvénients de la marque des toiles peintes obliga-
toirement donnée dans le local du bureau officiel, alors qu'elle
pouvait être apposée, comme à Jouy et à Bourges, dans le
magasin même du fabiicant. Même plainte de la part des cou-
vei'turiers ;
4° Les droits excessifs sur les parchemins ;
5° La perception à l'avance du droit sur les vins emmaga-
sinés à Orléans et trois lieues à la ronde, lequel droit ne devrait
être perçu ({u'à la vente el à la consommation ;
Go Les droits additionnels sur les cuirs dont souffrent les
tanneries d'Orléans et de Meung.
On retrouvera dans les cahiers du commerce et de l'indus-
trie Orléanais l'expression de ces plaintes et de ces vœux, que
les détails qui précèdent serviront à mieux faire comprendre.
Camille BLOCH.
]Nj 13, — La présente publication formera deux volumes.
Le premier comprend les cahiers des paroisses rurales et des
villes autres qu'Orléans. Le second comprend toutes les autres
calégoi'ies de cahiers mentionnés en tête de rintroduction
(corpoi-ations d'Orléans, baiUiages secondaires, etc.) et la Table
générale des deux volumes.
Conformément au désir de la Commission, les notes et le
commentaire du texte ont été réduits à ce qui nous a semblé
slriclement indispensable.
APPENDICE
I
Liste des députés da bailli a c/e d'Orléans au.i; Ktals (jénérdu.T..
I. Clergé.
Blaiidiu (Liphard-Daniel), ciu'é de Saint-PieiTe-le-l*uelliei* (!"( U-li-ans.
Moutier (Marc-Antoiae), chanoine de l'Eglise d'Orléans.
De Rastignat; (Sicaire de Chapt de), abbé coniuiendatairr df Saint-
Mesniin.
Suppléants :
De Gésarges (de Metfravde), abbé commendataire de Saint-Euverte.
Rony (Louis-Edme), curé d'Aulnay-la-Rivière.
II. Noblesse.
Avaray (Claude-Antoine de Béziade, marquis d'j, grand bailli.
Seurrat de La Boulaye (.Jacques-Isaac), conseiller au bailliage.
Barville (François-Louis de), lieutenant au régiment des gardes
françaises, demeurant à Pithiviers.
Suppléants :
Dupont de Veillenne (Paul-René), ancien capitaine au régiment de
la Marche, demeurant à Orléans.
Dufaur de Pibrac (Daniel-Prix-Germain, comte de), ancien mousque-
taire du roi, demeurant à Orléans.
Rolland (Barthélemv-Gabriel, seigneur d'Erceville), président au
Parlement.
III. Tiers état.
Salomon de la Saugerie (Guillaume-Anne), avocat, docteur-régent
en l'Université.
Pèlerin de la Buxière (Louis-.Fean). ancien médecin du roi. demeu-
rant à Boisc(jmmun.
Lefort-Gert'rier (Li[>hard-.JurK'n). négociant a Orléans.
Delahaye (Jean-Pierre-(;uiliaiime), bourgeois à Montmirail.
T. I. 6.
l^\X\\ APPENDICE.
Henry de J.onguéve (Jean-Louis), avocat du roi au bailliage et
pr^sidial.
Defay-Boutheroue (François-Simon), négociant à Orléans.
Suppléants :
Miron (Auxy), lieutenant de police à Orléans.
Meulle (Marie-Joseph de), maître particulier des eaux et forêts à
Heaugency.
Joly (Etienne), demeurant à Brou.
Bobert de Massy (Denis), avocat, docteur-régent à l'Université.
Sur CCS divers personnages, voir les notices données dans Brette, Recueil
des fhciiments incklits relatifs à la convocatio)i des Etats (jénérnuœ
df 17 S9. tome II.
II
Liste des elahiissemenls ecclésiastiques dti diocèse d'Orléans en 1789.
Ces établissements sont nonnnés à différentes reprises dans les cahiers.
La nomenclature n'en sera pas inutile.
Chapitres : de l'église cathédrale d'Orléans (Sainte-Croix), Saint-
Aignan d'Orléans, Saint-Pierre-Empont d'Orléans, N.-D. de Cléry,
Saint-Ythier de Sully, Saint-Yrain de Jargeau, Saint-Liphard deMeung,
Saint-Georges de Pithiviers.
Abbayes d'hommes : de Micy ou Saint- Mesmin (feuillants), Saint-
Benoît ou Fleury (bénédictins), Saint-Euverte(augustins), N.-D. de Beau-
gency (augustins), La Cour-Dieu (cisterciens) ; de filles : la Madeleine
(ordre di; Fontevrault), Saint-Loup (cisterciennes) ; Lieu N.-D. près
Romorantin (cistériennes).
(^oUvents (à Orléans) : hommes, augustins, bénédictins, capucins, grands
carmes, carmes dét-iiaussés, chartreux, frères des écoles chrétiennes,
jacobins, mininu's, oratoriens, récollets; — filles, Bon Pasteur, Calvaire
(bénédictines), cai-mélites, nouvelles catholiques ou filles de la Croix,
iirsuiincs, visitandines ; à l'hôlel-Dieu, augustines.
ABRÉVIATIONS.
Déj). Département.
Ari\ Arrondissenienl.
Co»«. Onton.
C"«". (Commune.
Gén. (xénéralité.
El. Election.
(iren. (Ti-enier à sel.
J)ioc. Diocèse.
R. Ressortissant.
/?. Bailliage.
Br. Brigade (de maréchaussée) (1).
Lieal. Lieutenancc (de maréchaussée).
L. Livre.
.S'. Sol.
I). Denier.
Var. Variante.
ri)Langennerie, (fui élait le suaire iruno bri-ade som^nt .'itée. fait aujoiirtniui partie
(II' la commune de (",lie\illy.
LES
CAHIERS DE DOLÉANCES
DU
BAILLIAGE D'ORLÉANS
I. - GROUPE D'ORLÉANS.
lo Justice temporelle de l'Evkciié.
Les doux paroisses de Saint-Jtvui-de-la-Uuelle et de Saraii relevaient de
la justice de révéclié d'Orléans (chàtellenie de la Fauconnerie). Leurs
assemblées furent présidées par Cliaufton, avocat (1), professeur à TUniver-
sité, lieutenant de cette justice.
Le même Ghaufton se retrouve, comme président, à Darvoy, mais au titre
de bailli de Jargeau. (Voir plus loin le caliier de Darvoy dans le groupe de
Jargeau.)
Il y a lieu de faire observer que le bailli de la justice de Tévéclié d'Orléans
était Salomon de la Saugerie ("2), qui, en même temps bailli de la justice
de Sainte-Oroix. présida comme tel les assemblées des paroisses de Sougy,
Terminiers, etc. (Voir plus loin le grou|)e de la justice de Sainte-Croix.)
SAIXr-JEAX-DE-LA ni'ELLE.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C^n. Orléans N.-O.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.JoussE. — 110 feux (:i). T/JO communiants. L'évèque d\)rléans.
(1) Calenilrier Itistorique, p. 8'J.
(2) Ibid., p. as.
(3j Au-dessous, 120.
i> BAILLIAGE D ORLEANS.
Justice de levèelié. 1''' l)i'. d'Orléans. A une petite lieue diidit lieu.
Assemblée, le !'''■ lundi de la Pentecôte et le joui- de Saint-.Iean.Vii>noble
et pays plat. Deux hameaux : le l\nit-Saint-,Jean et le Pavé. La cure
vaut 400 1., sans le casuel ; à la collation de révêque.
1708. — 125 feux. L'évèque d'Orléans. Vigne.
DÎME. — Vignes. 0 s. i)ai' arpent.
Taille de la paroisse en 1787. — i,!»!! !.. dont -JAiJ^ pour le prin-
cipal et 2,440 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-veri{.\l. — Assemblée électorale le mercredi 2~> février, au
banc d'œuvre de leglise, sous la jrrésidence de .Tean-Damien Gliaufton,
conseiller du roi, docteur-régent et professeur en droit de l'I'niversité
d'Orléans, lieutenant de la ehàtellenie de la Fauconnerie, justice tem-
porelle de l'évéclié d'Orléans, assisté de son commis-greffier. — Pojjiila-
tion : 100 feux ou environ. — Comparants : Jean-Laurent Salmon,
sjndic de la paroisse et de la nuinici]ialité(14-|- 13.8); Pierre Gastellier
(30-]- 20. 10); Jacques Ilous.seau (24.10^-24.7); Etienne Daudin
(18.5-J-18.4); André Jutteau (30-1-35.17); Etienne Chevalier (17.10-f-
17.8); Jacques Lécuver (0-j-S.i!»); Louis Dulnq) (25-^24.17);
Claude Paupelin (0.15-|-0.14)'; Denis Thomas (10-)- 15.18); Alexandre
Thomas (12 -j- 11.10); Jean Doué (0.10-j-O.O); Jean Daudin (21 -f-
20.18); Jean Fai/Jant (15.10-f-15.8); Etienne Rouet; Etienne Dutrop
(14.10-[-14.8); Jacques Thomas (18-|-17.18) ; Jean Champion (7 -]-
O.lOj; François Méry (14.10 -f- 14.8); Pierre Dutrop (12 -|- 11.10);
Barthélémy Pouret (lO-j-0.19); Charles Duniont (10-|-!t.lO); Jacques
Faiziant (15.05 -{-15.3); François lîrunet (lO-}-0.lO); Jean Daudin fils
(0.10-j- 9.0); Pierre Iloury (7 -{-G. 19); Louis Lécuyer (11 -]- 10.19) ;
François Pouret (13.10 -|- 13.8); Louis Daudin (12-|-11.19); Etienne
Champion (lO-j-O.P.)) ; Charles Lorillard (13.5-|- 13.4) ; Élieime Tho-
mas fils; Claude Labarre (11.10 -j- 11.9) ; François Daudin dO.lO-f-
10.9); Etienne Ciganl ( 11 -j- 10.19). — JJvjjiilrs : Jean-Damien Cliauf-
ton, (Claude Paupelin.
Pnl'ir,.\TinN E.\ 1790. — \'SA lial)itants.
Le caliirf dt- Sainl-.liMU-dc-lii-liucHe est l'onivre même des babitants de la
paroi9S(M(|u<iiipii' la rédartion soit piobaljli'inciil celle du président C-hau(ton),
ainsi (lue cela résulte de la note linalc : « Le i)iéseiit cahier. . . a été éci'it
dar moi, (iruniaiu, commis-ificllier, à la réquisition desdits habitants, qui
CAHIER DK salnt-jeax-1)E-la-iui:li.i:. \]
ont ({('-clarô qu'il n'y :ivait parmi eux porsonnc qui pùl sur le cliamp et assez
prouq)teMiont écrire ledit cahier, qui a été lait tant d'après les notes rappor-
tées par lesdits habitants que sur les déclarations qu'ils nous ont présente-
ment faites. )> Les débats et la rédaction ont duré deux heures et demie (de
'■2 heures 1,'2 à 5 heures du soir).
Cailler de doléaneen, plaintes cl remoiUvances des hahllants
de la paroisse de Saint-Jean-de-la- Ruelle, dressé en exé-
cution des lettres de Sa Majesté do)inécs à Versailles le
24 Janvier 1780.
V> Les haljit;a:it.s do ladite paroisse assemblés se plaignent
de ce qu'ils paient des tailles qui ne sont point proportion-
nées à la valeur de leurs terres ; que toutes les terres, [qui]
ne sont presque [que] des sables légers et plantés en vigne,
paient autant par arpent que les meilleures terres de Beauce
qui sont en grains ; qu'il est cependant vrai que les terres de
Beauce manquent rai^ement de produire ; qu'au contraire,
dans les sables de cette paroisse, les vignes pi'odnisent à
peine une année sur trois, parce que ces terres sont sujettes
à la i^elée et à la coulure;
2o Que lesdits habitants domiciliés sont surchargés par la
taille, à raison de ce que plus de la moitié du terrain de la
paroisse est possédée tant par des bourgeois d'Orléans qui ne
paient aucune taille pour faire valoir leurs vignes que des
gens de mainmorte qui sont exempts et privilégiés; ce qui
fait que le taux de la taille tombe sur le petit nombre des
habitants domiciliés.
3o Se plaignent lesdits habitants que l'imposition des ving-
tièmes, même entre ceux ((ui paient ledit vingtième et les
gens de mainmorte, a toujours été mal assise par la raison
que plus d'un tiers du terrain est occtipé par des étrangers et
domiciliés d'autres paroisses, et que le terrain est morcelé
par quarts, demi-quarts de quartiers et même par perches,
et qu'il est impossible aux collecteurs de découvrir les
propriétaires.
'/ r.AII.LIAUE D OHLKAiXS.
4o Disent lesdils habitants que la plupart sont vigjiierjons
à façon des vignes des bourgeois d'Orléans qui ont des mai-
sons de campagne dans ladite paroisse. Comme lesdits bour-
geois ne paient point de taille pour faire valoir eux-mêmes,
lesdits vig[ner]ons à façon sont imposés, tant aux taux de
tailles qu'aux accessoires, à raison de ces vignes à façon, de
manière que lesdits vignerons à façon paient la taille pour la
propriété de leur dom[ici|le et les vignes qu'ils tiennent à
façon ; ce qui forme pour eux une sui'charge qui les réduit
dans la dernière détresse.
Observent lesdits habitants que, vers l'année 1774, les
bourgeois d'Orléims possédant des vignes dans la paroisse et
les faisant valoir eux mêmes ont été imposés à la taille ;
qu'alors le pied de taille a été augmenté dans ladite paroisse
de 400 1., et les accessoires à proportion; que, depuis plu-
sieurs années, lesdits bourgeois ont cessé de payer la taille ;
que cependant l'augmentation mise rapport à eux est restée
sur la paroisse et a été répartie sur les habitants, ce (lui a
fait sur eux une surcharge considérable.
5° Lesdits habitants souhaiteraient donc que les tailles ou
tout autre impôt qui serait établi pour le besoin de l'Etat
fussent supportés également par proportion des terres que
chacun possèdei-ait, sans aucune exemption ni privilège en
faveur de quelque personne que ce soit.
(')" f^esdits habitants se plaignent qu'ils ne i)euvent faire
construire de bâtiments et maisons à demeurer sans être
assujettis au droit appelé le [droit] d'avenage, qui consiste en
une redevance annuelle envers M. le duc d'Orléans d'une
mine d'avoine; lequel droit est très onéreux et empêche
lesdits habitants de faire aucune construction et maison à
demeui'er sur ledit grand chemin.
7" Lesdits habitants se plaignent qu'on les assujellit au
droit de maîtrise établi dans la ville d'Orléans, à raison de ce
(|u'ils sont (l;uis ce (]u'on appelle la banlieue; ce qui fait qu'ils
ne peuvent faii'e les métiers de tailleur ni faii'e de petites
CAIIIEll !)!•: SALNT-JEAN-ltK-LA-lU ELLK. <)
boiiliquGS (le inarcliandises et denrées (Fusage, parce que
les droits de inaiU'ise sont trop considérables pour que Texer-
cice d'un métier et le débit médiocre de quelques denrées
dans un vilkigo puissent récompenser du paiement de ces
droits.
8" Se plaignent lesdits habitants d'être assujettis à deux
corvées dilTérentes, ce <{ui fait un double emploi, savoir :
les corvées de la banlieue d'Orléans et celles de la roule du
Mans.
9» Lesdits habitants demanderaient la suppi'cssion des
gabelles et des droits d'aides, et même, dans le cas où les
aides et galjelles ne pourraient être supprimées que l'une
après l'autre, ils demanderaient que la première suppres-
sion se fit par les droits d'aides, parce que ces droits leur
sont encore plus onéreux que ceux des gabelles, et que,
d'un autre côté, ils rapportent moins à l'Etat à cause des
frais considérables de perception et entretien de commis.
1C> Lesdits habitants se plaignent qu'il y a environ huit
ans, il a été dressé un nouveau rôle des vingtièmes des biens
de ladite paroisse, par lequel nouveau rôle le total des
vingtièmes, qui auparavant n'était que de seize cent vingt-
trois livres, a été porté à deux mille six cent soixante-douze
livres neuf sols, et que cette augmentation [n'|a été faite que
d'après quelques baux particuliers faits par des gens de
mainmorte ; (]ue ces baux avaient été faits à un prix trop
considérable, dans un temps où les vignes .étaient montées à
une grande valeur et de laquelle valeur elles sont déchues peu
de temps après.
Il" IbMnontrent lesdits habitants ([ue la paroisse a à peu
près une lieue d'étendue et ([ue le revemi du sieur curé est
très modique, puisqu'il ne monte guère qu'à deux cent cin-
quante livres, et (ju'il est impossible à un curé de vivre avec
si peu ; qu'il serait à souhaiter que le revenu du curé de la
paroisse fût porté à une somme honnête et suffisante pour
pourvoir à sa subsistance et que la dotation de cette cure fût
0 BAILLIAGE 1) ORLÉANS.
prise sur le revenu de quelques bénéfices simples du même
diocèse.
Le pi'ésent cahier de doléances, plaintes et remontrances a
été écrit par moi, Jean-Francois Gramain, commis-greifier,
sur la réquisition desdits habitants, qui ont déclaré qu'il n'y
avait parmi eux personne qui pût sur le champ et assez
promptemeiit écrire ledit cahier, qui a été fait tant d'après
les notes rapportées par lesdits habitants, que sur les décla-
rations qu'ils ont présentement laites. Fait le 25 février 1789,
l'assemblée desdits liabitants tenant par devant monsieur Jean-
Damien Chaufton, lieutenant de la justice temporelle de
l'évèché d'Orléans, à laquelle rédaction lesdits habitants ont
vacqué depuis l'heure de deux et demie jusqu'à celle de cinq
du soir, et ont ceux desdits habitants qui savent signer signé
avec nous, et ceux qui n'ont signé ont déclaré ne le savoir,
de ce enquis.
(Suivent M signatures : dont celles de Salnion, syndic;
Pierre Gastellier, Rousseau, etc., et celles de Ghaufton, lieu-
tenant de l'évèché, et Gramain, commis-greflier.)
SAItAX.
Di'p. Loiret. Avr. Orléans. C"". Orléans N.-O.
dén. Kl. (iren. Dinc Orléans.
JoLssK. — Boui'g ot i)aroisse, 240 feux (1). (>10 communiants. Le
duo d'Orléans. 2 justices, r. au h. d'Orléans. D'Orléans pour le marché
ot la jKjste aux lettres, l'"'" br. d'(.)rléans. A une lieue et demie dudit
lieu ; à un quart de lieue de l'ancienne route d'Orléans à Chartres. Sur
les contins de la forêt. Ass('ml)lée le dimanche avant le 4 juillet, fête de
saint Miii'lin. I';i_vs |)lat. \"ii;iii)l)l(' et l)()is. Le (-(nninerce est sur le vin.
1») hame.iux, qui sont : les Sablons, les Vallées, Pimelin, les Toits, le
Vc-iu-des-Toits, i'Ornio-au-(]oin, les Saldonnières, la Foissièrc (moitié),
le Peneiix, Serrv, la Monjoie Jus(ju'au niouliiiilu côté du niniilin. la rue
(1) Au-dt'88ou», 2lM.
CAHIER DE SAUAX. 7
(lu Moulin, le Chéne-\r;iiil;irt. ^^o^ta^an, les Bichardières, les Aydes
(moitié).
1708. — '2i)o feux. L'évèque (l"()i'léans. Vigne.
DÎMK. — Tei'i'es labourables, 1 gei'be par mine. Vignes, 4 s. G d.
rari)ent.
T.viLi.K de la paroisse en 1788. — 6,7351. 10 s., dont :117!».i0 pour le
principal et 3,.55f3 pour les impositions accessoires et la capitation.
I^RocÈs-vERUAL. — Assemblée électorale le jeudi 20 février, au banc
d'œuvre de l'église, sous la j)^'ésidence de Jean-Damien Ghaufton, con-
seiller du Roi, docteur régent et professeur de droit en l'Université,
lieutenant de la châtelleuie de la Fauconnerie, justice temporelle de
l'évéché d'Orléans, assisté de son commis-greffier. — Population :
100 feux ou environ. — Cojuparants : Claude Breviande, vigneron
( 1.5. 10 -j- 17.2) ; Claude Hurteloup, vigneron (9.10 -j- 10.9) ; Christophe
Grossier, vigneron pauvre (0-[-0.12) ; Charles Chevalier, ancien syndic,
vigneron (18 -f- 19.17) ; Guillaume Petit, vigneron (12.10 -f- 18.1.5) ;
Antoine Ghevalier-Pouret, vigneron (13.5-1- 14.12); Jean Rolland le
jeune, vigneron (9.10 -|- 10.9) ; François Marché, vigneron (3.15 -f- 4) ;
Pierre Rochebouet le jeune, vigneron (8 -f- 8.16) ; .Jean Marché le jeune,
vigneron (5-)- 5.10); André Duneau, cabaretier et préposé des ving-
tièmes (16 -j- 17.12) ; Mesmin Couturier le jeune, vigneron (24 -f- 26.8) ;
Pierre Moulin, vigneron (44.10 -|- 49.1) ; Nicolas Méret, journalier
(2.5 -)- 2.10) ; Etienne Gorrant, vigneron (5.10 -j- 0.1) ; Jacques Leva-
cher, vigneron (11.15 -|- 12.19) ; Charles Faiziant, vigneron (23.10 -|-
25.18); Jean llouallard, vigneron (9.10 -j- lO.i)) ; Jean Bertheau,
vigneron, âgé (2.15 -j- 3.1) ; Denis Brunet, vigneron (14.5 -f- 15.14) ;
Jacques Cadorne, vigneron (5.5 -f- 5.10) ; Charles Mothiron, vigneron
(8.5 -j- 9.2) ; Jacques Lasne, vigneron (4.5 -]- 4.14) ; Michel Dabier,
vigneron (5.10 -f- 0.1) ; Louis Moulin, marchand mercier (42 -|-40.0) ;
Jean-Pierre Daudin, vigneron (0.15-}- 7.9) ; Louis Charlier, vigneron,
(6.15 -j- 7.9) ; Tranquillin Gautry, vinaigrier (14.5 -f- 15.14); Barthé-
lémy GouefFon, vigneron (3-]-3.6); François Gouvreux, vigneron (6.10-j-
7.3); .Jean Lorillard, vinaigrier (5-|-5.10) ; Jacques Pouret, vigneron
(11.5 -f- 12.8) ; .Tean Gouvreux, vigneron (12.15 -f- 14.1) ; Denis Feuil-
làtre, vigneron (13.5 -f- 14.12) ; Jean-Baptiste Salmon (lO-j-U) ; Xoël
Desverges, vigneron (3. 15 -j- 4.3) ; Étieime Gandrille, vigneron (.3.15-j-
4.3j ; Pierre ]*errault, cabaretier (8 -}-8.1(i) ; Jean Joseph, vigne-
8 BAILLIAGE D ORLÉANS.
ron (8 -j- 8.16); Jean Iliii-teloup |0.15 -|- 10.15); .Jacques Eouet,
vi^nieron (3.5-)- 3.12) ; Louis Leroy, vigneron (8.10 -f- 1>.7) ; Nico-
las Leroy, vigneron (11.15 -|- 12. lî)) ; .Tacques Vanneau l'aîné (7.5-^
8); Pierre Dumuys Tainé, vigneron 1 0.10^ 10.0) ; Philippe Gros-
sier, vigneron (4.15 -j- 5.5) ; Jean Foucault, vigneron (0.5 -^p 10.4) ;
Jean Ghauvigneau, vigneron (7.10 -f- 8.5) ; Etienne Stobre, vigne-
ron (8.10 -f- 0.7) ; Nicolas Barnoux, vigneron (3.15 -f- 4.3) ; Pierre
Dumuys-Jntteau (7-f-7.14); Pierre Larousse, vigneron (11.15-j-
12.10); Jacques Madré, vigneron (7.15 -f- 8.11) ; Jean Jeulin le
jeune, vigneron (7-}- 7.14); .Jean Pescheux, vigneron (•.).15-[- 10.1.5^ ;
Pierre Lebaume, vigneron (6.15 -j- 7. i») : Jean Ratisseau, vigneron
pauvre (8.10 -f- 0.7^ ; Jacques Vaillant ; Jean Sautereau, vigneron
(8.5 -f- 0.2); Jean Feuillàtre, vigneron (10.15 -|- 11.17) ; Jean Fou-
cault-Compiègne (l-f-1.2); Pierre Faucheux.; Louis (ligant, vigne-
ron (11.15 -j- 11.17) ; Nicolas lieulin Tainé (14.5 -j- 15.14); Jean
Rouault, vigneron (18. 15-f- 20. 13); Pierre Dumuys, vigneron (0-|-!).18) ;
Jean Gariveau (3.15-|-4.3) ; Jean Moireau, vigneron (10.10-}- 11.11) ;
François Duneau, vigneron (4.15 -f- 5.5) ; Etienne Lejeune, vigneron
(O.lO-f- 10.1») ; Charles Lécuyer, vigneron (4.15 -j- 5.5) ; Pierre Salmon,
vigneron (0.10 -f- 10.0) ; Jacques Gigant (0.15 -|- 10.15) ; Pierre Vincent
(3.5 -f- 3. 12) ; Jean Heulin (3.15 -(-4.3) ; Jacques Lori)helin, vigneron,
(5 -(-5. 10) ; François Pelle, bûcheron. — Députés : Charles Chevalier ;
Pierre Perrault; Jean (^ouvreux.
PoPT.LATioN EN 1700. — 850 habitants.
Procès-verbal de doléances de la paroisse de Saran.
1" Oiic Ton puisse ôtre déchargé des aides et gabelle et de
la corvc'c, el (jne, dans le cas (ju'oii lève de la milice, qu'elle
soit sans exemption dans tous les états, parce que cela gène
beaucoup r;igricultui'e.
"2" Si on irvo do hi niilicc, il faudrait qu'on n'en lève (]ue
tous les (|uatre à cIiki ans.
.'{'5 Poni- sujtplèerà l'imposition des aides et gabelle et autres
impositions <jue l'on pouri'ait supprimer à cause de la gène
dans la perception.
CAIIIKEI DE SARAN. 9
40 Volontiers (I) un impôt territorial, réparti sur tous les
sujets du roi indistinctement.
50 Si cela ne suffisait pas, on pourrait établir une indus-
trie (2) sur tous les marchands.
C)0 Supprimer, s'il est possible, les (lefs et champarts, sur-
tout les tlroits de franc-lier, les droits d'aînesse et prérogative
dans les successions.
70 II faudrait que tous les poids et mesures fussent égaux
pai" tout le royaume ; cette uniformité de poids et mesures
serait avantageuse au public qui ne serait pas trompé comme
il l'est souvent, faute de connaître les poids et mesures des
dillérents endroits.
Le présent procès-verbal arrêté par tous les habitants de la
paroisse de Saran, l'assemblée tenant par devant M. le heu-
tenant de la justice temporelle de l'évéché d'Orléans, le
'20 février 1781); et ont lesdits habitants signé, à l'exception
de ceux qui ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 'M) signatin^es : dont celles de Perrault, Gouvreux,
Chevalier, etc., et celles de Chaufton et Gramain.)
2° Justice n'LxoRÉ.
Le pié-sident de l'assemblée de la paroisse d'Ingré est Perche, avocat,
procureur général de l'Université (3), bailli de la justice du lieu.
Le même Perche présida plusieurs autres assemblées comme hailli de
Saint-Cyr en-Val et comme bailli du marquisat de Chàteauaeuf. (Voir plus
loin ces deux groupes.)
iMini':.
Déj). Loiret. Arr. Orléans, f'"". Orléans X.-O.
Gén. EL Gron. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bours-. (318 feux ( t). M. Ccllanl, [H'évôt d'bi<;ré. \ jus-
(1) Sous-critendrc' : on consentirait.
(2) C'est-à-dire ; un impôt comme le vingtième d'industrie.
(3) Calendrier historique, p. 1-13.
(4) Au-dessous, 716. 739 feu.\ et 1900 communiants.
10 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
tices, au b. crorléans. Il y a encore trois fiefs qui ont droit de Jus-
tice à Ingré, savoir : celui de l'abbé de Saint-Mesmin, Selliers, et la
Grande et Petite Grisie appartenant à M. de Rostein. D'Orléans pour
le marché et la poste aux lettres. 2 assemblées, le dimanche après la
Saint-Louis et le l'^'' dimain-he de mai. i''' br. d'Orléans. A 2 lieues
dudit lieu. A 1, 4 de lieue de la route d'Orléans à Chàteaudun. A 1 lieue
de la forêt d'Orléans. Pays plat. Vignoble. Le commerce est sur le vin.
11 y a 40 hameaux, qui sont : le (h'and-OruK!, les Pierres, la Folie, la
Bigotière, Darvoy, (^hampoig-ny, Montpatour, (^hivanneau, les Champs,
Sivache, l'Azin, le Goin-Rond, le Crot-au-Perche, la Grisie, la (Um-
laine. Selliers, r()rme-au-(]liat, les Glissets, les (xesnois, Couste, le
Carrefour de Couste, le Bois Polteau, le (aliène Loiseau, le Champ-
Maugé, Changelin, le (]hamp de la Ville, Montabuzard, Pisselevrette,
Villeneuve, Muid, la Tortellerie, la Fossièrc, la Monnaie, la Pointe,
Moquesouris, le Val d'Orléans, le Moulin (Jlhouard, la Justice, les
Cinq-Cheminées, la Pâtisserie et la Vallée. La cure vaut 1)00^ 1., non
compris le casuel ; à la collatiDii du [irévùt d'Ingré.
17(3<S. — 178 feux. Le Prévôt de Chartres. Vigne.
I)ÎMi:. — î) s. par arpent de vigne.
Taii.lk de la paroisse en 1788. — 14,541 1. 14 s., dont 0,(381). 10 pour
le principal et 7,072.4 [)Our les impositions accessoires et la capitation.
Procks-vkki!.\l. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au
banc d'ceuvre de l'église, sous la iirésidence de Pierre-Nieolas-Bruno
Perche, avocat en Parlement aux bailliage, siège présidial et Chàtelet
d'Orléans et des autres juridictions tant royales que subalternes de la
même ville et de celles y ressortissantes, docteur en dniit de riiiiversité
d'Orléans, bailli de la justice seigneurie et prévôté d'Ingré fondée en
l'église royale et cathédrale de N.-D. de Chartres. - Poimlation :
700 feux. — Cotuparanls : Honoré Coûtant ( 14 -|- 15.7); Etienne
Godefroy, vigneron (40 -f- 44.13) ; Jacques Brissard, vigneron (H-j-
12.0); (Jeorges (irimault (17 -f- 18.10) ; Jean Godefroy, boulanger
et marchand de bois (20 -f- 22.0); Jacques Bruant 1 15 -f- 10.10) ;
Charles Templier père (15-|- lO.lO) ; Charles Tem[)lier lils (0-|-l0.1);
.laeques Didier, vigneron (28 -(-31. 5); Ambroise P>arruet (8-f-8.10);
Jean Didier, vignei-on (33 -j- .30.13) ; Jacques Feuillàtre, vigneron
(l)-[-l0.1); Jean Lainuui-eux. tourneur (15 -f- l(i,15) ; Nicolas Dabout
(8-f-8.l0); Pierre Jalfeux. tailleur (10-|-11.4); François Lesieur ;
CAIIIKR 1) LNGRK
11
Pierre Lejcune-Angenault, marchand (15 -|- 16.15) ; Pierre David
(3.10 -|- 3.18) ; Pierre Maréchal (24 -|- 26.16) ; Jérôme Foulon (8.10 -j-
9.10), vignerons; Frani^-ois Quétard (24 4-26.17): Pierre Maugas
(27.10-|- 30.17) ; Pierre Dabout (21 -|- 23.19) ; Pierre Grimault,
vigneron (10 -[-11.4); .Jean David (18.10 -f- 21.3) ; Pierre Bazin
l'alné (3 + 3.7); Pierre Bazin le jeune (8 -|- 8.19); Pierre Dabout-
Gochon, vigneron (21-^-23.19); André Cordonnier (25 -j- 32.17) ;
François Rouillj (10 sols -j- ii sols) ; Nicolas Ghesneau (15 -^ 16.15) ;
Pierre Bonouvrier, vigneron ( 12 -j- 13.8); Jacques Vaillant ( 10.10 -[-
10.14); Joseph Gouefïon (12.10 -f- 13 19) ; Pierre Faucheux (8 -|-
8.19 ou 11.10-1-12.17); Pierre (îaudin (O.lO-f-7.6) ; Etienne
Duneau, vigneron (3.10 -j- 3.18) ; Pierre Bezard (5-J-5.12); Jacques
Godefroy (11-^12.6); Claude Foucher (4-J-4.9); Jacques Alluard
1 21 -[-22.9); Etienne Grimault (5-^-5.12), vignerons; Barthélémy
Vaillant (8-|-8.19); Etienne Ferdoux, vigneron (5.10-(- 6.3). —
Députés : Etienne Godefroy, François Rouilly, Jacques Feuillâtre,
Pierre Maugas, André Cordonnier, Jean Didier, Pierre Dabout.
Population en 1790. — 2,668 liabitants.
Cahier des remontrances, plaintes et doléances, moyens et avis
fine rend très respectueusement au Roi la communauté des
habitants de la paroisse d'Ingré-lez-Orléatis, par obéissance
à la lettre que Sa Majesté a donnée pour la convocation des
États généraux, à Versailles, le '27 avril 1789, en date du
'■2A janvier même année, et en exécution de l'ordonnance de
M. le Lieutenant-Général, au Chdtelet d Orléans, du 13 fé-
vrier 1789.
Remontre très respectueusement au roi la communauté des
habitants de la paroisse d'Ingré-lez-Orléans :
Que limpùt de la taille est devenu très accablant pour les
cultivateurs domiciliés en ladite paroisse, attendu que sa
répartition n'est plus faite é([uitablement, vu que ce sont
ceux qui exploitent et cultivent les héritages dans la paroisse
et qui n'en sont point du tout propriétaires, ou de petites
lt> BAILLIAGE d'ORLÉANS.
parties (1), qui supportent la majeure partie de cet impôt
avec ses accessoires, pendant que des bourgeois et autres
propriétaires d'héritages dans la paroisse en sont altranchis,
parce qu'ils demeurent dans la ville d'Orléans ou dans ses
faubourgs.
Ainsi, un grand nombre de ceux (jui cultivent les vignes
dans cotte paroisse paient la taille que devraient payer les
propriétaires qui font la récolte des fruits, et non seulement
la laill(\ mais encore les impositions accessoires d'icelle.
Est-il possible (|ue les directeurs de la répartition de la
taille et impositions accessoires d'icelle croient s'acquitter faci-
lement de leur commission en ordonnant aux asséeurs d'imposer
ceux qui, dans la paroisse, ne recueillent que des sarments
retranchés, des bourgeons et des herbes nuisibles, et d'exempter
des maîtres propriétaires qui, en jouissant de leurs maisons de
campagne, jardins, vignes, bois et autres héritages, en recueil-
lent et vendent les h'uits à leur profit ?
De ce mal il en renaît un autre au détriment des cultiva-
teurs domiciliés dans la paroisse : c'est l'imposition représen-
tative de -la corvée, qui devient actuellement un autre acces-
soire de la taille en ce qu'il est ici tixé au quart du principal
d'icelle, et qu'il n'y a aussi que ceux qui sont imposés à la
taille qui contribuent à cet impôt représentatif de la corvée.
C'est pourquoi ladite communauté d'habitants, toiijoiu's
remplie du même respect, expose à Sa Majesté (juil lui parait
injuste de faire payer l'entretien des routes de traverse à de
pauvres gens qui ne s'en servent (jue pour y passer à pied ou
la hotte sur le dos, tandis (|u'une grande partie des propriétaii'es
de vignes dans la paroisse d'ingré, domiciliés en la ville ('2) et
faubourgs, envoient leurs vins par lesdites routes pour les
livrtM' à Icui's mai'chands, et par ces mêmes routes font appro-
chei- les a[ipi'ovisioiinements nécessaires pour l'enli-etien et
(1) C'fst-i'i-ilin,' : ou qui w snni pi opi ii'i.iii is que ilc petites parliez.
(2) Soiis-eritciiclii,' : il'Oiir'itns.
CAIliKll I) J.NUUK. 13
augmentation de leurs bàlitnents, jardins et vignes, sans
contribuer en aucune manière au paiement de cette imposi-
tion représentative de la corvée.
Outre cette charge, ceux de ladite connnunauté d'habitants
qui possèdent des héritages ou en exploitent à titre de baux à
ferme sont encore obligés, chacun sur et vis-à-vis l'héiùlage
qu'il exploite, d'entretenir les chemins ((ui conHnuni(|uent tant
de village que de hameau à autre, et ce à peine d'amende,
suivant les règlements de la voierie, et à (|uoi les procureurs
liscaux des justices seigneuriales tiennent très rigoureusement
la main, sans aviser si les propriétaires emphytéotes ou
fermiers n'ont point dans leurs héritages de matériaux solides
pour réparer ces chemins, et sans se mettre en peine de faire
des défenses aux voituriers de conduire sur ces chemins peu
solides et dont le sol est gras ou mouvant de trop lourds
fardeaux qui, parleur poids excessif, rompent ledit sol de ces
mêmes chemins, y creusent des ornières très profondes et
les rendent comme des terres défoncées, ce qui oblige chaque
détenteur poursuivi et souvent vexé par les voyers desdites
justices d'y faire chaque jour, mais inutilement, de nouvelles
réparations et les constitue en Irais.
Quant aux vingtièmes et supplément qui se lèvent et per-
çoivent actuellement sur les biens fonds de la paroisse, la
répartition d'iceux ne s'étendant point encore sur les biens
possédés par les gens de main morte, les seuls laïques en
demeurent chargés; et il se trouve dans la nouvelle répartition
des vingtièmes de cette paroisse beaucoup d'inégalité et de
disproportion, tant à cause de la bonté ou médiocrité des biens
fonds d'un chacun (|ui n'y est pas considérée que des fausses
déclarations de plusieurs détenteurs d'héritages dans la
paroisse.
Ce qui est encore très onéreux à la communauté d'habi-
tants qui se plaint ici très respectueusement à Sa Majesté,
c'est le droit de gabelle auquel elle est assujettie. Car en
elfet, le sel, qui par son ordre se vend 14 s. G d. la livre, lui
li BAILLIAGE D ORLÉANS.
devient un tribut accablant, et ce prix exorbitant met plusieurs
ménages dans la paroisse hors d'état d'en acheter suffisam-
ment pour saler leurs potages et fromages, et par conséquent
leur empêche (sic) d'avoir chez eux un nombre suffisant de
vaches pour subvenir à l'entretien de leur vie et de celle de
leur famille.
D'un autre côté, MM. les officiers de la maîtrise des forêts
du Duché d'Orléans font, par le ministère de leurs gardes, em-
pèchei-aux (.sà')pauvres fenunes de recueillir les foins et herbes
qui croissent dans la forêt d'Orléans et y pourrissent, sous
prétexte que ces femmes, en coupant le foin, coupent en
même temps le jet de quelques glands germes appelés renais-
sants, lesquels glands, qui germent d'année à autre, sont
toujours étoufïés par ces foins et herbes et ne sont d'aucun
profit; au lieu que, si ces pauvres femmes avaient la liberté
de cueillir à la main ces foins et herbes que les gardes fau-
chent sans se mettre en peine des renaissants et vendent en
partie (le reste pourrit sur le lieu), elles y trouveraient une
ressource pour nourrir des vaches qui leur sont si nécessaires
pour le soutien de la vie d'elles et de leurs enfants.
Dans cette circonstance, ladite communauté d'habitants,
après les remerciements les plus respectueux qu'elle fait à Sa
Majesté du soin qu'elle prend pour le bien et l'avantage de
tous ses sujets, la supplie très humbUnnent d'oi'donner la
conversion de tous les impôts ci-dessus, ensemble le droit des
gabelles, en un impôt territorial à répartir entre tous pro-
priétaii-es de biens fonds, de quelques qualité et condition
qu'ils puissent être, afin (juc, proportion gardée, chacun con-
ti'ibue au paiement de cet impôt territorial pour subvenir aux
besoins de l'Ktat, aux offres que font ceux d'entre lesdils
habitants (jui tiennent des biens, dîmes ou cliampaits à ferme
de tenir compte, pendant le cours de leurs baux, aux pro-
priélair(!S, de ce (jii'ils paient annuellement pour taille, capi-
liilioii d'indiisti-ie, évalualion de corvée et gabelle;
l'cniicltit' ;iu\ i);iiivrcs Ifunnes et enfants de ladite commu-
CAHIER d'iNGRK. 15
nauté de ramasser et couper à la laucille les l'oins et herbes
qui croissent dans la forêt. pour nourrir les vaches;
Autoriser les syndic et membres de l'assemblée municipale
de cette paroisse ou communauté à arrêter, sans le ministère
d'aucun huissier ou sergent, tous et chacun les voituriers qui,
à l'avenir, conduiraient dans les chemins de village ou hameau
à autre dans le territoire de la paroisse des voitures chargées
de plus de quatre poinçons de vin ou deux milliers pesant; à
empêcher absolument à (.s/^;) tout voiturier et autre personne de
conduire ni à vide ni à charge aucune voiture par les sentiers
destinés pour aller au service divin, porter les corps morts à
l'inhumation, et à l'usage des gens de pied et bêtes de somme;
à empêcher aussi ceux qui font passer ou gardent des trou-
peaux tant de bêtes à laine que de porcs le long des chemins
de village ou de hameau à autre, de les faire entrer dans les
vignes, jardins ou déblais, et d'en dresser des procès-verbaux
de contravention citatifs contre les délinquants devant le juge
du lieu, pour sur iccux être par ledit juge statué à l'ordinaire.
Désire encore ladite communauté d'habitants que Sa Majesté
ait pour agréable d'ordonner l'abréviation de la procédure et
la modération des frais de justice, vu que, par une triste
expérience, les anciens desdits habitants ont connaissance que
le patrimoine de plusieurs d'entre eux s'est trouvé presqu'en-
tièrement absorbé dans des instances et procédures qu'ils
ont tenues tant en des causes de liquidation et partage de
biens meubles et immeubles que de saisie réelle et complainte
possessoire.
Et, pleine de confiance la plus respectueuse en la bonté et
la sagesse que Sa Majesté a toujours eues pour l'avantage et
le bonheur de ses sujets, ladite communauté, attendant ses
ordres avec la plus humble soumission et la meilleure volonté
de les bien exécuter, continue les vœux les plus assidus pour
la conservation de ses jours.
(Suivent il signatures : dont celles de Vaillant, Cliesneau,
Bonouvrier, Grimault, etc.)
ii) BAILLIAGE J)\)RLÉANS.
> Ormrs.
Déjj. Loiret. Arr. Orléans. (>". Patav.
Gen. El. Gren. Bloc. Orléans.
JoussE. — 130 feux. 800 eoniiuuniants. Levèque d'Orléans. 3 jus-
tices, r. au b. d'Orléans. Assemblée le mardi de Pâques. D'Orléans pour
le marché et la poste aux lettres. P'' br. d'Orléans. A 2 lieues d'Orléans.
A i 4 de lieue de la route d'Orléans à Cliâteaudun. Prés la forêt d'Or-
léans. Pays plat. Vignoble et terres labourables. La cure vaut 800 1. ; à
la collation de l'évéque d'Orléans. M'' Hanapier est yros déciinatcur de
cette paroisse, et cette dîme relève de l'abbé de Saint-Mesmin. 18 ha-
meaux, qui sont : le Pavé d'Ormes, les Mazures, Gouchant, la CAm-
jiusse. la Borde. C.lianfrain, Charmois, le Bourgneuf, Gervois, le
Pésert, Quervesay, la Martiniére, le Coudreau, Coulvreux^ Tigny,
la Rifaudière, Vesard et le Bois (Jirard.
17(58. — loi feux. L'abbé de Saint-Mesmin. Blé, vigne.
DiMK. — Terres labourables, 1 gerbe par mine. Vignes, 4 s. par ar-
pent.
Taii.i.k di' la paroisse en 1788. — 4.027 1., dont 2,0r)2 [nnw le princi-
pal et 2,87.") pour les impositions accessoires et la ca[iitation.
l*R()Cfc:s-VKRn.\r.. — Assemblée électorale le dimanche 1<"' mars, à
l'issue de la grand'messe, au banc d'œuvre de l'église, sous la prési-
dence de .Jean-Gabriel Porcher, licencié ès-lois, conseiller du Hoi. no-
taire au (]liàtelet d'Orléans. — Puinilalion : 104 feux. — Cotuparants:
Augustin Méry (8 -|- 11.4); Antoine Loiseleur (8..5 -[- 11.11) ; Aignan
Breton, laboureur ( 140 -f- 105.14) ; Augustin Méry (."H" 4.4); Claude
Méry (8-|-11.4); Charles Salmon le jeune (14.1.5-^20.12) ; Charles
Ilouilly père (4.10 -j- 0.0) ; Charles Kouilly 111s (5.10 -f- 7.14) ; Etienne
Molveau (8-f^ll.4); Etienne Rouilly (8.5 -j- 11.11) ; Etienne Transon
(4-f-5.12); François Boucher (7 -)- 0.10) ; François Maubailly (7.5-j-
10.3); Guillaume Perdonx (8.10 -f- 11.8) ; (Juillaume Vaillant [)ère
(12 -f- 10.15) ; Guillaume Adam (7.10 -j- 10.10) ; (lermain Bourgeois
(5-f-7); Germain Dousset (8 -|- 11.4); Gabriel Molveau (7 -|- 9.0) ;
.lac()ues Bruant (8 -f- 11.4) ; .Jacques Feuillàtre (7 -j- 9.10); Jacques
.losL-|ili le jeune (8.10 -|- 11.18) ; .Jean Joseph (3-j- 4.4^: Jacques Salo-
mon l'ainé (l8-|-25.2); .iean \'aillant ( 1:'..5 -j- 18. lOi ; Jacques Méry,
cordonnier (2.10 -j-3. 10) ; .Iean Mniliu. lalxMircur (145.15-j- 203.13) ;
C.VITIER d'ormes. 17
Jean Viii'iiiiei-; Jaciiurs Fcuillàtiv-f Wiin-ol ; .Teaii Ilabert (7 -[-0.15);
Jacques Kouilly Çi.l.l-f-li.iT) ; .laeque.s Leniaitrc (1.15-|-2.9) ; Jean
Gouert'uu (10^ l:-*..!'.)) ; .Tacqiie.s Ti'anson (5.1.") -^ 8.1 1 ; .Tcan Lebauiiie
{S-\- 11.4) ; .leau lUiduii iG.lO -j- 1>.2) ; .fcau llabei't le jeune (8.10 -f-
11.17); Jacques-Saloinoa Pei'doux (11.15 -(- 1G.8) ; Jacques Alluai'd,
garde général (8.10 -|- 11.18) ; Jacques Potier (15.10 -[-21.13) ; Jean
Gordon (4. 5 -[-5. 10); Jean Lefoi't. laboui-our (00.10 -|- 134.1(3) ; Denis
Bizouerne; Jean Leniaître (5.10 -|- 7.14) ; Jacques Fasquier (6.5-f-6.5);
Jacques Hi'issai'd (0^8.8); Jacques Adam le jeune (i-p 1.8) ; Louis-
Jean Vignet (5.15 -f- 8.1) ; Louis Sevin, laboureur (158.10 -|- 221.11) ;
PieiTC (h'imault; Sébastien Foulon (5-)- 7) ; Lubin-Quétard (5.15 -f- 8.1);
Darnanlt, laboureur (127. 15-[- 178.10) ; Michel Grimault (0.15-j- 13.13);
Michel Tilliat (10-|-14); Mathieu Lamy (7.15 -[- 10.17) ; Mathieu
Rousseau ((3 -j- 8.8) ; Nicolas Lejeune (3.5 -J- 4.11) ; Pierre Budon père
(10.5-)- 14.6); Pierre Bouffeliard (5.5^7.7); Pierre Bruant (12 -f-
16.15); Louis Bruant; Pierre Adam l'aîné (15.15 -|- 22.1) ; Paul
Vaillant (6.5 -|- 8. 15); Pierre FouUon-Rouilly (8.5 -[- 11.11) ; Pierre
Champillau (2.15-[-3.17) ; Pierre Chassinat (7 + 0.16) ; Pierre Grison
(5.15-|-8.1) ; Pierre Romain (6.10-|-9.2) ; Pierre Goueffbn le jeune
(7.10 -f- 10. 10) ; Pierre Foucault (10.5 -[- 14.6) ; Pierre Bruant (8.5 -p
11.11); Pierre Rousseau (6.10-1-0.2); Sébastien Méry le jeune
(13.15-f-10.4) ; Louis Champenois; Sébastien Méry (0.10 -f- 13.5) ;
Denis Bezard (2-|-2.l6h Jean Lamy fils; .Tean Méry (O-j- 12.12);
Jacques Grossier; Simon Feuillàtre (5.5 -f- 7.7) ; Augustin Grison {2-j-
2.16) ; Etienne Molveau le jeune (8 -j- 11.4) ; Gervais Grison. — Dépu-
tés : Marcou Darnault; Pierre Adam l'aîné.
Population ex 170Û. — 650 habitants.
Cahier des plaintes et doléances des habitants de la paroisse
d'Ormes, arrêté en leur assemblée tenue le h'' mars 1789
en exécution de la lettre du Roi du 24 janvier dernier et
du règlement y annexé et remis aux députés de ladite
paroisse pour le présenter on besoin sera.
1o Ils représentent que la niasse des impôts est beaucoup
trop forte, et [que], dans la division de la masse générale du pied
de la taille, on nu point eu égard ;i lincertitudc du produit
18 BAILLIAGE D ORLÉANS.
des vignes qui constituent une grande partie des propriétés
de la paroisse ni aux frais excessifs qu'elles exigent, ainsi que
dans la partie ensemencée en grains, pour parvenir à une
mince récolte et toujours des plus inférieures qui paraissent
au marché ;
2° Que, dans les impositions accessoires, on est encore plus
durement traité, puisque le marc la livre de ces impositions
est de vingt-huit sols, tandis que dans les paroisses voisines
il n'est que de vingt-un et vingt-deux sols, différence qui ne
devrait point exister, puisque le pied de la taille est taxé au
prorata de la valeur effective de chaque local ;
30 Que les frais de la corvée, quoique diminués par l'éva-
luation à prix d'argent, ne laissent pas que de peser sur le
mercenaire qui demande, en conséquence, à être déchargé ;
40 Que l'obligation aux réparations de la nef de l'église,
des presbytères, même aux reconstructions lorsque le cas y
échet, est une charge énorme pour la paroisse, qui demande
que les unes et les autres soient payées par Messieurs les
curés qui en jouissent ou qu'il soit destiné un fonds à cet
usage parle corps général du Clergé;
50 Que, payant la dîme pour le desservissement de la cure,
il est onéreux et d'un double emploi de payer aux curés des
droits de casuel qui, par leur multiplicité, atterrent les habi-
tants ;
0" Que le prix du sel, deni'ée de première nécessité et peu
dispendieuse par elle-même, est outré, et l'obligation de le
prendre au grenier vexative (sic) pour des mercenaires qui
souvent ne peuvent en acheter qu'une livre à la gabelle, d'où
lii Kernie tire occasion de leur intenter des procès toujoui's
ruineux ;
7" (Ju'en général, on est écrasé par la masse de rimpi')L et
[tar les ciil raves qu'occasioime la perception :
S' (Jiic la lenteur dans l'administration de la justice et
l'énormilé des frais, tant en première instance <pie sur les
CAHIER d'ormes. 49
appels, ruinent ceux qui ont le malheur de plaider et ceux qui,
elTrayés par ces abus, se décident plutôt à perdre le tout ou
partie de leurs biens ;
Qo Qu'il ne réside dans la paroisse aucun officier de la
justice, et qu'à ce moyen, la taxe du pain n'y est pas correc-
tement suivie, les poids et mesures non surveillés, non plus
qu'aucun autre objet de police ;
lOo Que la jurisprudence actuelle du tribunal des Eaux-et-
Forêts est attentatoire aux propriétés, et la conservation des
forêts exercée avec abus ;
l'io Que le droit de franc-iief soit absolument supprimé et
que les biens féodaux soient partagés également et sans préro-
gative ;
12" Qu'il soit accordé la faculté de se libérer de toutes
rentes non rachetables ;
13o Que l'impôt territorial soit imposé et supporté par les
citoyens et propriétaires, sans aucune exemption, au prorata
de ses (sic) facultés;
W Que les dimes et champarts soient supprimés ou au
moins évalués à deux gerbes la mine ;
15o Qu'il soit permis de laisser pâturer les bestiaux dans la
forêt et d'y aller cueillir de l'herbe.
(Suivent 30 signatures : celles d'Aignan Breton, Claude
Méry, E. Molveau, etc.)
4o Chante AU, Fleury-aux-Choux.
Simon, notaire au Ghàtelet d'Orléans, pi-ésida dans les deux paroisses de
Ghanteau et de Fleury aux-Glioux. Les deux cahiers sont identiques. Il sullit
de publier une seule rédaction. Nous avons adopté, à cause de l'ordre
alphabétique, celle de Chanteau, en mettant en notes deux additions faites
par l'assemblée de Fleury, additions qui constituent la seule dill'érence entre
les deux textes.
C.omini' nous ne donnons pas le cahier de l'Icury, la notice sur celte
paroisse vient immédiatement à la suit(; de celle (pii concerne Chanteau.
20 BAILLIAGE D ORLÉANS.
CHAMEAU.
l)ép. Loiret. An: Orléans. C">K Orléans N.-O.
Gén. EL Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Petit bourg et paroisse. 60 (1) feux. Le duc d'Orléans. On
écrit par Orléans. De la prévôté d'Orléans, de la justice de Sainte-Croix
et de celle de Saint-Gervais, r. à Orléans. Assemblée : les 3 têtes de la
Pentecôte et le !«'' et 2*" dinianclie de juillet. De la 2'' br. d'Orléans. A
2 lieues dudit lieu et 5 de .Jargeau. Route d'Orléans à Neuville. Route
de Marigny à Gercottes. Au milieu de la forêt d'Orléans. Vignoble et
prairie. Les écarts sont : Beaumonts, le Chêne de l'Evangile et la rue
des Rolles. La cure vaut environ 500 1.
17(38. _ 87 feux. Le dm^ d'Orléans. Blé.
DÎMK. __ Blé : 1 gerbe par mine. Vignes, 4 s. (> d. par arpent.
T.\iLLh: de la paroisse en 1788. — 1,413 1. T) s., dont 008.5 pour le
principal et 745 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. —Assemblée électorale le dimanche l*""mars, à l'église,
sous la ]j)'ésidenco d'Etienne-Daniel Simon, conseiller du roi, notaire au
Chàtelet d'Orléans. — Populalion: 68 feux. — Co7nparants : Jacques
Brunet, syndic; .Tacques Deverge (15.15 -|- 17.8); François-Michel Ro-
magnési (38.10 -f- 42.11); Jean Hatton (71.10 -|- 70) ; Jacques Châtelain
(3.10-1-3.17); Nicolas Ouillebois (3-f-3.6) ; Antoine Durand (3 15-]-
4.3); Pierre Marteau (5-f-5.11); Jacques-Micliel Mesny (3-|-3.6);
Etienne Goûtant (18.10-^20.0); Pierre Méré (15.5 + 16.8); Germain
Caillette (12-)- 13.5) ; François Caillette (2.10 -f- 2. 15) ; Fraiirois Deverge
(8-i-8.17); Jacques Bidault (2.10-|-2.15j ; Pierre Pinsard (3 -[-3.6) ;
Pierre Bidault ( 15. 10 -|- 17.3); André Bidault (3-|-3.7); Jean Deverge
(16 -f- 17.3); François Rougelet; Pierre Sévi n; .lacques Paillel (6.5-|-
6.18); Jean-Pierre Pelle (3-f-3.6); Jean-Louis Rouet (4-f-4.8;
Jacques-Abraham Renard (7 -|- 7.15) ; Pierre Thuillier (3-f-3.6); Phi-
li|i|.r Liuiglois (2.10 -f- 2.15) ; Etienne Cornillat (6-)- 6.13); François
Allier (4 -f- 4.8) : Jean Sevin (0 -\- 0.10) ; François Deverge (6.10 -j- 7.4);
Claude Brécliemier (8.5-J-0.3); Claude Baquet (20 -|- 22.2) ; Jacques
IX'launay ((>.15-f-7.0) ; Louis Mesny, bûcheron (4.10 -f- 4.10); Joseph
poirier (4.10 -j- 4,10); Fran(;ois Goret. — Dépidés : François-Michel
Bomagiiési; Jean Ilattoii.
l'iiiTi.A rioN KN 1700. - 2'>i> li.iliitaMts.
(1) Au dessous, H".
CAHIERS DE CHANTP:Ar ET FLEURY. 21
FLEURY-AUX-CHUUX.
Dép. Loiret. A}-)-. Orléans. 0^*K Orléans N.-O.
Gén. EL Cfren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Village. 187 feux (1). 300 communiants. Le duc d'Or-
léans. D'Orléans pour le marché et la poste aux lettres. 4 justices : de la
prévôté d'Orléans, de Sainte-Croix, de Saint-Gervais, de Longuêve,
r. au b. d'Orléans. Assemblée le dimanche après l'Ascension. 2" br. d'Or-
léans. A 1 lieue d'Orléans. A 1 lieue de la route d'Orléans à Paris. A
12 lieue de la furet d'Orléans. Vignoble. Le commerce est sur le vin.
8 hameaux qui sont : la Corne-de-Gerf, le Champ du Moulin et le Pavé
de Fleury. La cure vaut 700 1. ; à la collation de l'évèque d'Orléans.
1768. — 180 feux. Le duc d'Orléans. Vigne.
DÎME. — Vignes : 0 s. par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,649 1., dont 2,667 pour le princii)al
et 2,982 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1<*'' mars, à
l'église, sous la présidence d'Étienne-Daniel Simon, avocat au Parlement,
conseiller du roi, notaire au Chàtelet d'Orléans. — Population :
160 feux. — Comparants : Michel Breton, syndic (7.10 + 8.5) ; Etienne
Loiseau, vigneron (9.5-1-10.4); Denis Cadorne (4.10 -}- 4.19) ; Jean
Lebrun, vigneron (6.10-|-7.3) ; Pierre Loiseau, boulanger (4.10 -j-
4.19); Jacques Renault (11.5-1-12.8 ou 4.15-f-5..5); Claude Adam
(6.10 -|-7.3'); François Cobion (7-f-7.14); Lazare Corbery (6.10-|-
7..3); André (lobion (12-1-13.4); .lean RouUeau (7-^ 7.14) ; François
(luimard ((3-f-6.l2); Louis Landré (5-1-5.10) ; Jean-Baptiste Renault
(7-1-7.14); Louis Pitrou (6-]- 6.12) ; Antoine RouUeau (6.10-|-7.3) ;
Etienne Chaussard ; Etienne Chàtelin, boulanger (6 -(-6.12); Pierre
Cadorne (4.10+4.19); François Pitrou (4.10-1-4.19); IVIartin Roul-
leau (7 -\- 18. 14) ; Nicolas Alézy (6 15 -\- 7.9) ; Jacques Vaslin (9-1-9.18) ;
Charles Houry (15.10-^17.1); René Vauxion (8.15 -j- 9.13) ; Jean
Martin (6 + 6.12); Pierre Coûtant (7.10 + 8.5); Joseph Ducloux, bou-
cher (11 + 12.2) ; Jacques Cadorne (2 + 2.4) ; Jean Vautron, vigneron
(8 + 8.16); .Jérôme Méré (11 + 12.2) ; Jean-Pierre Levacher (6.5 +
6.18); Jacques Girault, vigneron (8 + 8.16); Jacques Gaucher
(9 + 9.18); André Larousse (8.15 + 9.13); Claude Coûtant (4.15 +
(1) Au-dessous, 174.
Ow) BAILLIAGE d'ORLÉANS.
5.5); Denis Martin (o-f- 5.10); Ambroise Maréclial (3-f-3.6); Pierre
Salmon (5.5-1-5.15); Pierre Costé (C)A0-\-7.S); Pierre Cadorne (7.5 +
8); Louis-Ambroise Maréflial CA-j-'Af)). — Drputé^ ■• Etienne Loiseau :
.lean Lebrun.
Population en 17!)0. — 820 habitants.
Cahier des dolécmces, plaintes et remonlrances de la paroisse
de Chanteau (1).
LeshabitanLs de la paroisse de Chanteau, pleins de confiance
dans la bonté palei-nelle de Sa Majesté, dont les vues bienfai-
santes sont dirigées vers la classe la plus laborieuse et la plus
souiïrante de ses sujets, considérant que la sagesse de Sa
.Majesté va rassembler autour d'elle les lumières de la nation,
embrasser tous les besoins de son peuple et proportionner les
charges de l'État aux facultés de ses sujets, ils n'hésitent pas
de (sic) faire parvenir au pied du trône l'expression de leurs
sentiments et de représenter leurs réclamations et leurs
plaintes sur les impôts qui les accablent.
Ils demandent :
l» Que les tailles, capitations soient modérées et réduites,
comme étant actuellement excessives ; qu'en tous les cas, tous
propriétaires ou exploitants dans la paroisse y soient assu-
jettis, quel que soit l'état de leurs cultures, même en prés
naturels ou artificiels, bois, etc. Ils demandent même que ces
impôts, ainsi que la contribution de la corvée, soient supprimés
et remplacés par un impôt foncier et territorial, payé par la
terre utiiqiicmeiit, et dans lequel seraient également comprises
les aides et gal)clles qui sei'aient alors supprimées, à condition
que, pendant la dui'ée des baux qui existent actuellement, les
fernjiers tiendraient compte aux propriétaires de ce qu'il leur
en coûte aujourd'hui pour tous ces impôts, dont les fermier^
(1) Var. : Fleury.
CAHIKRS IiK ClIANTEAL ET FT.EURY. '2o
se trouveraient déchargés et les propriétaires chargés à leur
place ;
2» Ils demamlent qu'il ne soit étahli par la suite et à compter
de ce jour aucun impôt sans le consentement de la Nation
assemblée dans ses Etats généraux, dont la réunion serait
fixée et les époques régulières et invariables ;
30 Ils font tous les vœux pour que les frais de justice soient
diminués, les procédures simplifiées et abrégées, que les
appels soient rendus moins coûteux, et l'obtention de la justice
plus facile et plus prompte par l'établissement d'un tribunal
souverain, ou au moins supérieur, et sans appel jusqu'à con-
currence d'une forte somme, dans le chef-lieu de cette pro-
vince ; que les arrêts de défenses sur requête soient interdits
contre les sentences et jugements exécutoires :
40 Ils demandent que les droits de contrôle soient réduits
au simple paiement des frais qu'exige la formalité de l'enre-
gistrement des actes ; que le droit de franc-fief soit détruit
entièrement comme injuste et onéreux surtout pour les
pauvres habitants de la campagne ; que le jeu de fief, ancien-
nement usité dans la coutume d'Orléans, soit rétabli tel qu'il
avait lieu avant 1775, ou au moins assimilé à celui qui est en
usage à Paris ;
50 Que la milice soit supprimée ou remplacée par la laculté
accordée à chaque paroisse de présenter le nombre d'hommes
qui sera fixé, ou par une contribution uniformément assise
dans tout le royaume ;
60 Que le revenu de la cure de ladite paroisse soit augmenté
par la réunion des bénéfices simples les plus voisins, et parti-
culièrement par celle du prieuré simple de Saint-Gervais-
Saint-Protais, alias Saint- Phalier, qui a le patronage et colla-
tion de ladite cure ; que si, par et au moyen de cette réunion,
le curé se trouve avoir un revenu fixé à 1,500 livres, on sup-
prime le casuel forcé et volontaire qui se paie audit sieur
curé ;
2'|. BAILLIAGE d'ÔRLÉANS.
[7°| Ils demandent que les membres de la municipalité soient
autorisés à exercer la police, dresser des procès-verbaux des
contraventions des cabaretiers, boulangers, et contre ceux qui
troubleront de quelque manière le repos public ; arrêter les
vagabonds, malfaiteurs, etc., pour les conduire au juge du
lieu (1).
Fait et arrêté en l'église paroissiale de Chanteau, issue des
vêpres de ladite paroisse, tous lesdits babitants assemblés, l'an
1789, le U">' mars.
(Suivent 16 signatures : celles de .Jac(iues Brunet, Jacques
Deverge, F. Romagnési, etc.)
Li- caliior de Flcury contient un ;iiticlc dv |)lus que celui de flliantoau, et
cet article termine le cahier, dont voici textuellement la fin :
« Ils observent que la paroisse de Fleiiry est riveraine de la
forêt d'Orléans et exposée à des vexations considérables de la
part des gardes de cette forêt ; qu'il leur est interdit la (2) fa-
culté de ramasser les bois morts et de recueillir les herbages,
si nécessaires pour la nourriture do leiu^s bestiaux ; que cette
interdiction les met dans l'impossibilité de pouvoir faire aucun
élève, la majeure partie de cette paroisse étant plantée en
vigne. . . ; pourquoi ils re<(uièrent qu'il leur soit permis d'aller
recueillir les herbes qiii croissent dans cette forêt et ramasser
les hois morts.
« Fait et arrêté en l'église paroissiale dudit Fleury, le b'' mars
1780, issue de la messe paroissiale dudit Fleury, l'assemblée
lenante. »
(Suivent 2i- signatures : celles de Michel Breton, syndic ;
Etienne Loiseau, (llaude Adam, etc.)
{i) Lu cahier de l'ieury ajoute :
« Ils oljsorvoni que toutes les cures qui les nnvironnoiit soul trop éloljïnées de ladite paroisse
pour qu'il soit utile de faire aucune réunion, mais qu'on pourrait i-efondre le territoire de chacune
des paroisses voisines de manière à les arrondir et à rendre à eelle de Fleury les parties de
relies de Siinl-.Man: et Saint-Paterne qui sont plus voisines de Fleury. »
(2) Ccbt-ù-dirc : que la (acuité est interdite au.\ habitants.
CAHIER DE SEMOY. 25
5o Semoy.
Lc^caliior de Semoy, rédigé sous la présidence de Petit, iiot;iire rui Cliâ-
telot trOrléans, ollre avec ceux de Chanteau et de Fleury-aux-Ghoux de très
grandes resseiiihiaiices dans les termes. On trouvera pour chaque article le
renvoi ou le rapprochement convenables.
Dép. Loiret. Avr. Orléans. C"". Orléans N.-E.
G(hi. El. Gfen. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 100 feux. 300 communiants. Guimont, prieur-curé de
Saint-Sauveur. 5 Justices, 3 r. au b. et 2 à la prévôté d'Orléans. D'Or-
léans pour le marché et la poste aux lettres. 2*' br. d'Orléans. A une
lieue 12 dudit lieu. 2 assemblées, le jour de la Quasimodo et l'Ascen-
sion. A un quart de lieue de la forêt. Vignoble. Le commerce est sur le
vin. La cure vaut 300 1., sans le casuel; collecteur, le prieur de Semoy,
alternativement avec l'évêque. La seigneurie a titre de prieuré. Deux
hameaux, qui sont : le Pavé de Semoy et la rue de Semoy d'un
côté .
17()S. — 107 feux. Le Petit Séminaire d'Orléans. Vigne.
DÏMi:. — Terres labourables, une gerbe par mine. Vignes, 4 s. par
arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,408 1. 1.5 s., dont IjlSO.l.") poul-
ie ja-incipal et 1,.318 pour les impositions accessoires et la capita-
tioii.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1"'' mars, a\i
banc d'cfiuvre de l'église, sous la présùlefice de ,(ean-Pierre Petit,
conseiller du roi, notaire au Chàtelet d'Orléans. — Poj)t(lalion{i). —
Co))i/)(iran(s : Jean Vinauger (10-|- 11.4j; Nicolas Dclorme (4 -[-4.0) ;
.Jérôme Grelet (0. 10 -|- 10.12); Guillaume Ilervault (8.5 -f- 0.4) ; Maria
Souchet ((3.5 -}- 0.19); .loseph Moreau (4.10-}-5.1) ; .Julien Moreau
(7 -(-7. 16) ; .Jacques Loiseau (8. 10-}- 0.10); Aignan Vinauger (12.10-[-
13.10); .Joseph Lemesle (G. 10 -f- 7.5); .Jean Parard (5 -f- 5.11); Guil-
laume Leroz (8 -[-8.10) ; Louis Lemesle (5-}- 5.11); Jacques Roze père
(5. 10-}- 6.3); Etienne Michel (1.10-)- 1.15); Jacques Boudon (4.10-}-5);
.lacques Angenault (5 -|- 5.10); François-Mathieu Didier (5 -[-5. 13);
François Robichon (18.15 -}- 20.18) ; Charles Perdoux (8.10-}-0.10) ;
(.1 ) Le cliiiïiu de lu populalion est icslû en blanc dans le te.\le.
26 BAILLIAGE D ORLÉANS.
Nicolas Moizard (5-]- 5.11); Jacques Loiseau fils (7-|-7.1Ô); Pierre
Ratouin (.5-|-5.11):. Jean Loiseau (4 -(-4.9); Etienne Lebrun (6-f-
().14); Valérien Thiercelin; Jacques Foucher (3.10 -j- 3.18); Jacques
Lepage (2-J-2.5); Jacques Grelet (5 -f- 5.11); Charles Delahaye
{4.i6-\-ô); Charles Grelet (4 -|- 4.9); Pierre Grelet (5.10-^6.3); Jean-
Baptiste Delahaye (5 -f- G) ; François Cochon (1.10 -f- 1.14) ; Jean
Ilervault(6-(-6.14); François Landré (7-]- 7.16). — Députés : Jean
Hervault; François Landré.
Poi'ii.ATiox EN 1790. — 322 habitants.
Cahier de doléances de la paroisse de Semoy pour remettre
aux députés de ladite paroisse, nommés Jean Hervault et
François Landré, qui se sont chaiyés de le présenter le
7 mars prochain à Monsieur le Lieutenant général.
La paroisse de Semoy ayant 90 feux,
lo Elle demande que le revenu de la cure soit augmenté
par le bénéficier du prieuré de ladite paroisse (Voir l'art. 6
de Clianteau);
2» Que la paroisse de Semoy est trop petite en ce que la
paroisse de Saint-Marc franchise... (1) par les terres qu'ils ont
achetées qui contient ou environ des deux tiers ; ensuite de
30 à 35 maisons qu'ils ont démolies et emportées chez eux,
pourquoi ils demandent diminution des impositions. Ladite
paroisse contient 1,200 (?) arpents de terres, dont la paroisse
le tiers (2) et le surplus par les bourgeois et franchises que (3)
la paroisse de Saint-Marc, éloignée de celle de Semoy de
cinq quarts de lieue; la plupart des quartiers de ladite pa-
roisse ne sont éloignés de celle de Semoy que d'un demi-
quart de lieue.
3» Les habitants de Semoy demandent que le bénéficier de
(1) Suivi-nl (Jeux mots ininU'llijiiljlcs. Le sens de la phrase est le suivant : La paroisse de
Semoy est devenue trop petite, parce que les habitants de la paroisse de Saint-Marc, franchise
d'Orléans, ont acquis des terres qui forment environ les 2/3 de son territoire, sans compter
3f> iiu 3.'> maisons
(2) Textuel. Il faut lire sans doute : dont le tiers est possédé par la paroisse et le surplus par
les bourgeois et franchises.
(3) Sic, pour de, vraisemblablement.
CAHIER DE SEMOY. 27
ladite paroisse donne au curé un bénéfice assez fort pour
rentretien du cuiv sans que les hal)ilanls lui paient aucun
droit pour le casuel forcé ni volontaire (Voir l'art. 0 de
Chanteau) ;
V C'est l'art. 7 de Clianteau, avec les variantes suivantes
indiquées en italiques :
La municipalité demande à être autorisée à exercer
des cabareliers et autres qui troublent Suppression des
mots : malfaiteurs, etc., pour ;
5" et 0° C'est l'art. J^^'' de Chanteau, subdivisé en deux
articles. Quelques variantes insignifiantes : y soient
assujettis, même bourgeois ayant prés, bois, étangs et autres
choses les fermiers tiendraient compte de ce qui leur
est compté aujourd'hui ;
7o Art. 2 de Chanteau. — Suppression des mots : ils
demandent la fin ainsi conçue : dont la réunion serait
fixée et les époques régulières et invariables ;
8o Art. 3 de Chanteau. — Suppression des mots : Ils
font des vœux pour Lire ensuite : que les appels soient
rendus plus prompts par l'établissement d'un tribunal souve-
rain.... La lin de l'article depuis : que les arrêts de défense....
supprimée.
9o Art. 4 de Chanteau (début), avec addition de : que
surtout il soit délivré des tarifs arbitraires.
10" Art. 5 de Chanteau, avec rédaction différente : — Les
habitants demandent de ne plus fournir d'hommes pour la
miUce, qu'ils sont prêts avec les paroisses qui sont atta-
chées (I) de trouver un homme ou plusieurs sans être assu-
jettis au tirage ;
Llo Art. 4 de Chanteau : que le droit de (ranc-fief ;
12o Art. 4 de Chanteau : que le jeu de fief Var. : celui
qui a lieu à Paris ;
(1) Sans doute dans le sens de : voisines.
28 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
13" Le rôle des tailles de la paroisse contient 400 articles,
ce qui est beaucoup coûteux et pénible aux collecteurs pour
le peu de revenus qu'ils ont de dedans ;
14o Enfin qu'il soit pourvu à tous les abus qui ont lieu
dans le royaume et au soulagement du pauvre peuple.
Fait et arrêté en l'assemblée de ce jour, b''" mars 178U,
tenue entre les habitants dudil Semoy, et ont signé ainsi que
le notaire qui a tenu l'assemblée.
(Suivent 14 signatures : celles de Jean Vinauger, syndic ;
Louis Lemesle ; Pierre Ratouin, etc., et celle de Petit.)
6o BOIGNY.
Dép. Loiret. Ar)\ Orléans. Co«. Orléans X.-E.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse et coniiuanderie. 48 feux (1). Le comuiandoiii* du
lieu, M. de Sineti. On écrit par Orléans. 4 justices : 1" de la prévôté
d'Orléans, r. au b.; 2° de la conunanderie de Boignj ; 3° de Saint-Euvcrte,
r. en la prévôté d'Orléans ; 4" des Barres de Sainte-Croix, r. au b.
Assemblée le dimanche devant la Saint-Jean. 2'^ br. d'Orléans. A 2 lieues
d'Orléans, sur le ruisseau de Eoigny; à une lieue de la forêt, et à une
portée de l'usil du faraud ciiemin d'Orléans à Pithiviers. Plaine, prairie,
vignoble et bois. Il y a la terre de la Bretauche. 8 écarts : les Barres de
Boijj;nj, le Pont de Boignv et la Fauconnerie. La cure est à portion
congrue, à la collation de l'évèque.
1708. — 51 feux. [,(> Dauphin.
Pi.ME. — (irains, 2 gerbes de 4 pieds 2 [)0UC0s par arpent. Vin, 2 pintes
par poinçon, mesure d'Orléans. Chanvre, la 13'' poignée. Agneaux,
le 13«.
TAiM.Kde la [)aroissc en 1788. — 934 1. 15 s., dont 442.15 pour le
prinfi()al et 492 [»our les impositions accessoires et la capitation.
pRocKs-vERHAi,. — Asscmbléc électorale, le dimanche pr mars, au
banc d'rjiuvre do l'église, sous la présidence de Louis-Auguste Clicvreuil
(1) Au-dcb80U!i : 50 feux.
CAHIER DE r.OIGNY. 29
de Villebelle, avocat au Parlement, ci-tlevant exerr-ant au bailliage et
siège pi'ésiJialrl'Orlé.'uis. conseillei' du roi, notaire au (^hàtelet d'Oi-léaus,
bailli, juge ordinaire, civil, criminel, de police et voirie de la justice
haute, moyenne et basse de la commanderie de Boignv, membres et
domaines en dépendant, assisté de Jean-Michel-Louis Cholet, com-
mis-greffier de ladite justice. — Population (1). — Comparants :
Pierre Cochon (9-)-10) ; Jacques Yassort, laboureur (7-f-7.15) : Pierre
Merlin {b-j-ôAÏ); Victor Lecomte, vigneron (5-}-5.11): Jean-Baptiste
Jeulin (27.5-J-29.4); Michel-Daniel Jérôme (12.15-f-14.4) ; Joseph
Goignet (5-|-5.11) ; Etienne Coignet (9.5-|-10.5) : Mathieu Fouteau
(4-f-4.9); Etienne Vraiu ; Jean Ruet, journalier (4.ir)-j-5.0) ; Louis
Renault (5-|-5.17) ; Jean Persillard (4-|-4.1)) ; Etienne Guyot (7-J-7.18) ;
Louis Lefèvre (5-)-5.17); Jean Greusillet (5-|-5.17) ; Jacques Alzard,
terrassier (li-|-12. 4); Jacques Thiercelin (27-J-29.19) ; Louis Chauffv,
laboureur (8.5-}-9.3); Charles Merlin, meunier (30-f-33.5) ; Euverte
Jovau (9-j-lO); Pierre Eénard (7.10-f-8.7) ; Pierre Merlin (4.10-4-5);
Joseph Charpentier (4-J-4.9) ; Michel Rousseau (19.1.5-J-21.19); André
Tricheux (G.10-(-7.4). — Dépulés : Jacques Yassort ; Victor Lecomte.
Population en 1790. — 203 habitants.
Cahier (2) de doléances des habitants de la paroisse de Saint-
Pie7Te de Boigny par eux rédigé en l'assemblée tenue et
présidée par Monsieur le bailli de la Commanderie magis-
trale, paroisse de Boigny, le i«'' mars 1789.
Les habitants, conliants en la justice et la bonté du roi,
font des vœux poui^ en obtenii^ :
lo L'abolissement entier de l'impôt onéreux de la taille,
dont le poids frappe le cultivateur seul et dont la plus grande
partie des propriétaires de fonds se trouve exemptée au moyen
des privilèges (3) de cet impôt honni dont la répartition
inégale et la perception rigoureuse enlèvent .souvent aux
(1) Le cliillVi' de la population manque dans le procès-verbal.
(2) Le cahier de la paroisse de Boigny a été écrit par une main très inexperle. Il était impos-
sible d'en reproduire la graphie originale et barbare ; nous en donnons une transcription plus
lisible.
(3) Ici un ou deu.\ mots indéchitl'rables.
30 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
habitants des campagnes, dans un moment imprévu, le seul
moyen de subsistance ;
2o La suppression de l'imposition du vingtième, dont la
perception se fait très arbitrairement sur les propriétés de
chacun ;
.> L'abolissement de la corvée très à charge au peuple ;
4o La suppression de ces droits multipliés des aides
et gabelle, qui exposent journellement les habitants de la
campagne à des recherches et des exactions de tout genre, à
des saisies et [àj la prison, à défaut de paiement des amendes
que le fermier de ces droits fait prononcer à son gré ;
5° La décharge du droit de franc-fief qui s'exige avant
aucune jouissance ;
0" La réformation des abus, le changement des lois crimi-
nelles, l'adoucissement des peines qu'ils (sic) prononcent, et
qu'il soit accordé un défenseur aux accusés afin qu'il soit
impossible de condamner un innocent ;
7o Qu'il soit établi un impôt sur tous les sujets du roi sans
distinction de rang ni qualité, dont la répartition se fasse
avec égalité et proportionnellement aux facultés et qualités
de chacun ;
8o Que le curé de cette paroisse soit doté d'un fonds suffi-
sant pris sur les biens du Clergé de France, sans casuel,
dont, à ce moyen, les habitants deviendraient d'autant dé-
chargés ;
i)" (Jiie l'exploitation des blés hors du royaume et tout
emmagasinement par dos spécuhiteurs soient interdits à
jamais, de manière à ce que le prix du pain soit en tout
temps à la portée des facultés du peuple ;
l()" (Jue les lois constitutives du royaume soient gardées,
les pi-océ(iures civiles cl les formes <iui multiplient l(>s frais
de justice soient abi-égées ;
CAHIER DE MAIUGNY. 31
llo Que les [États] généraux soient convoqués toutes les
fois que Tintérèt de la Nation l'exigera;
12° Que les États généraux s'occupent des moyens de
rédimer les propriétés des droits féodaux, rentes serves et
mortaille.
(Suivent 12 signatures : celles de Pierre Cochon, Jacques
Vassort, Jean-Baptiste Jeulin, etc., et celle de Chevreuil de
Villebelle, bailli de la commanderie de Boigny.)
7" Marigxy.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"». Orléans N.-E.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Petit bourg et paroisse. 87 feux. Le duc d'Orléans. Haute
iustice, r. au b. d'Orléans. Justice de la Maison Rouge ; est du b.
d'Orléans. On écrit par Orléans. 2« b. d'Orléans. A 2 lieues diulit lieu
et 4 de Jargeau. Dans la forêt d'Orléans. Vignoble et forêt. Le terroir
produit du vin blanc estimé ; il produit aussi quelques blés. La cure
vaut environ (>00 1. Les hameaux sont : la Maison Rouge, Champillon,
Latruche, Yillers, le Lièvre d'Or, Champrapre et les Hautes Maisons.
1768. — 90 feux. Vigne, fruits.
DÎME. — Terres, 2 gerbes de 52 pouces par ar[)ent. Vignes, G s. par
arpent. 2(3 arpents de prés exempts.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,840 1. 5 s., dont 87:}.."') pour le
principal et 973 pour les impositions accessoires et la capilation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, au banc-
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Bruère, notaire (1). — Popu-
lation : 05 feux environ. — Comparants : Jean Bazinet, jardinier
(8-|-8.19) ; Pierre Feuillàtre (21.10-^23.19) ; Jacques Belouet (U -j-
12.0) ; Claude Face, journalier (3-|-3.7) ; Denis Quartier, journalier
(3-J-3.7); François Coûtant (8-1-8.19) ; Gabriel Coudard, terrassier
(4-]- 4. 19) ; Laurent Gandrille, berger (3-|-3.G) ; Jean Leroy, collecteur
(5-J-5.12); .Jérôme Ouilboii i i5-|- 10..5) ; .Jacques Orimault (0.10 -p-
7.5) ; Aignan Brivet, vigneron à farou (7-j-7.15i ; Louis Coûtant (7 -|-
(1) Bruère étail notaire au Cliùtelet dOiléaiis. Culeiidricr histuriqae, p. '.t2.
32 BAILLIAGE D ORLÉANS.
7.15) ; Fi-ançois Lorillard (8-f-8.19) ; Pierre Poignard, bùelieron (4 -j-
4,9); Germain Martin ; Martin Chevallier, vigneron (11 -f-l:^.(>); Julien
Potdeterre, ohaufournier (11.10 -[- 12.17) ; Nicolas (Uiilbon (12 -j-
13.8); Nicolas Iluet (20 -[- 22.7) ; .Tacques Furlin (8.5 -|- <).;-{) ; Pierre
Roland, tailleur d'habits (4-f-4.î») ; Pierre Roland, vigneron (9.10 -f-
10.12); Louis Trézin. vigneron (8 -[-8. 19); Claude Linger (7-f-7.10);
Jean-Baptiste Caillette (7-|-7.1G) ; Pierre Prieur, laboureur (0 -|-G.14);
Pierre Rousseau (0-|-l3.14); Pierre Huet, vigneron (8 -j- 8.19) ; Jean
Rouet (4-]- 4.9) ; Pierre Moreau(8.10-f-9.10j ; Jean Thabart, vigneron
à façon (7 -f- 7.15) ; Etienne Giraudeau, cabaretier (8.10 -j- 9.10) ;
François Barré (10 -f- 11.4) ; Jean Grelet, vigneron à façon (3.10 -f-
3.18) ; Pierre Pasquier, aubergiste (12 -f- 13.8); Jean Bouret, terrassier
(5-|-5.12) ; Jean-François Vallée, garde (O-j- (>.14) ; François Moreau
(8 -\- 8.19) ; Joseph Lejeune (17 -j- 19) ; Jean Rousseau, vigneron à
façon (10 -|- 11.4) ;.Jean Lerov lejeune; Pierre Rousseau, bûcheron
(G -|- 0.14); la veuve Cattin, aubergiste (41 -j- 45.15); la veuve Jean
Séguin ; Jacques Vassort, berger (4-j-4.9) ; François Bergerat (5-j-
5.12) ; André Picard (6 -|- 0.14). — Déjudés : François (Voulant ;
Etienne Giraudeau.
Population en 1790. — 203 habitants.
Cellier des doléances.
|o Les productions de la paroisse soiil en vignes, tenues,
prés et bois. Le tiers ou environ du teri^oir est de bonnes
terres; le surplus est en sables, glaise et terres qui se noient.
Toutes les vignes qui se trouvent dans cette dernière partie
du terroir sont très sujettes à la gelée, à la coulure.
'2» Le revenu de la cure de la paroisse est do six à sept
cents livres tout au plus.
> Il dépend de la même paroisse des biens ecclésiastiques,
savoir :
Knviron cent arpents de terres labourables ap- -^'p^"'^
partenant au couvent de la Madeleine d'Orléans, ci 100 »
lluitarpents de vignes et terres et une maison ap-
parlcnanl ;iii\ haines de la Visitation <!'( )i'l(''aiis, ci 8 »
A reporter. . . 108 »
riAIIIER DE MARIGXY. 33
ai-pents.
Report 108 ->
Trente-six arpenls en terres, bois et étangs et
une maison dépendant du monastère royal d'Am-
bert, ci 36 »
Trois cents arpents environ de bois dépendant
du chapitre royal de Saint-Aignan, ci 300 »
Un arpent et demi de terres et prés dépendant
de l'abbaye royale de Saint-Loup-lez-Orléans, ci. . 1 2/4
Cent arpents de bois ou environ dépendant de
la Sainte-Chapelle du Palais à Paris, ci 100 »
Total du détail ci-dessus 545 2/4
L'état de la paroisse, considéré d'après le tableau ci-dessus
et les vues du gouvernement, semble susceptible des réformes
qui suivent.
Les revenus de la cure, n'étant que de six à sept cents
livres au plus, ne semblent pas devoir suffire pour faire vivre
honnêtement un pasteur. Il ne serait pas difficile d'augmenter
le revenu sans charger davantage le général des habitants.
Les moyens sont simples. 11 dépend de cette paroisse des
biens ecclésiastiques, dont on a donné ci-dessus le détail ;
évaluation faite du revenu de ces mêmes biens, on en peut
porter le revenu annuel à une somme de douze cents livres.
Que, de cette somme, il en soit tiré six à sept cents livres et
réuni au revenu actuel de la cure, le pasteur pourrait alors
vivre décemment et se dispenser d'exiger de ses paroissiens
aucune rétribution pour l'administration des sacrements.
Jusqu'à présent, les impositions de la taille, capitation,
industrie et corvée peuvent être regardées comme ayant été
imposées arbitrairement. Il serait difficile d'établir ici les
abus qui se commettent, la taille s'imposant plutôt sur l'ap-
parence des habitants que sur leurs vraies facultés et pos-
sessions. On ne voit pas de meilleur remède à tous ces abus
qu'un impôt territorial à raison de la valeur du terrain et de
34 BAILLIAGE d'ORLÈANS.
l'importance de leur production ; de cette manière, l'imposi-
tion se trouverait juste et elle serait acquittée chaque année,
ce qui obvierait à un grand abus qui est celui des réimposi-
tions.
Mais, pour parvenir à exécuter un projet si avantageux, il
semble nécessaire d'établir une municipalité qui serait com-
posée du syndic et des marguilliers auxquels on donnerait
tous les pouvoirs nécessaires pour faire le détail des héritages
de la paroisse et fixer la valeur de leurs produits sur les
instructions qu'ils prendraient des cultivateurs, pour, d'après
cet état communicjué aux habitants, corrigé et approuvé,
fixer l'imposition annuelle, laquelle équivaudrait à toutes les
autres impositions. Cette municipalité serait encore chargée
de l'administration de la police pour la sûreté et conservation
des habitants ; elle serait tenue de s'assembler tous les
dimanches et de recevoir les plaintes des habitants, soit pour
cause de police, soit pour tous les abus qui pourraient se
commettre dans ladite paroisse. Il serait encore à propos que
la nmnicipalité fût regardée comme l'arbitre invariable des
diiïérends qui s'élèveraient entre les habitants et dont l'im-
portance n'excéderait pas cent livres, et de donner à cette
nnmicipalité tous les pouvoirs nécessaires. Et, en effet, qui
mieux «jue les habitants serait en état de juger d'un retirage
de terres et du dommage que pourraient avoir causé des
bestiaux? Ces deux causes sont le sujet de la plupart des
procès qui s'élèvent entre les habitants ; et, pour les vider,
ils sont obligés d'avoir recours aux juges du bailliage royal
d'Orléans où les frais immenses doublent souvent, et au-delà,
le priiici[)al objet de la contestation, dégoûtent les habitants
de demander justice et favorisent l'impunité. Il est à observer
(jue iMarigny est éloigné d'Orléans de trois lieues, et (ju'on
ne peut pas prévenir aucun des cas qui requièrent célérité.
11 semble encore utile de demander à Sa Majesté que la
province df l'Orléanais fût (sic) érigée en pays d'États, et que
les Etats se tiennent à Orléans autant de Ibis qu'il sera néces-
CAHIER DE MAUir.NY. 35
saire pour consolider le nouvel établissement et remédier aux
abus qui se commettraient.
De l'exposé ci-dessus, il ne résulte que des précautions
pour prévenir un très petit nombre des abus qui se commet-
tent dans la paroisse. Il en est un très grand nombre d'autres
dont il n'est pas moins important de s'occuper. Il est môme
des abus qui préjudicient à tous les habitants de la nation en
général et qu'il est également essentiel de prévenir, comme
ceux à raison des aides et des gabelles. Par exemple, Sa
Majesté pourrait, en supprimant les droits d'aides et gabelles,
ainsi que la contribution à la corvée, recouvrer autant et plus
par l'imposition territoriale, qui aurait lieu sur tous les pro-
priétaires du royaume sans distinction, au lieu qu'actuelle-
ment ce n'est que le pauvre peuple qui paie tout et qui n'a
cependant d'autre ressource que le travail de ses mains.
Les habitants se plaignent encore de ce que messieurs les
officiers de la ]\Iaitris(' les veulent priver du droit qu'ils ont
toujours eu de jouir du droit de chauffage et pacage sur une
pièce de bois appelée vulgairement « les usages de Marigny »,
laquelle pièce de bois a anciennement été donnée par le sei-
gneur des Grandes Brosses ; ladite donation a été confirmée
par plusieurs rois de France, et les habitants en ont toujours
joui depuis un temps immémorial ; c'est pourquoi ils ont tous
été d'avis de présenter leur plainte aux États généraux ;
comme aussi qu'il fût permis aux riverains dos forêts d'y ra-
masser le bois sec et d'y couper les foins et herbes qui s'y pro-
duisent, sans cependant prétendre y causer aucun dommage.
Demandent encore les habitants que, lorsque le syndic
recevra quelque signification, ordonnance, assignation qui
intéressera le corps des habitants, il soit tenu de [la] leur com-
muniquer aussitôt, à peine de répondre personnellement des
frais que son retard pourrait avoir causés.
Fait et arrêté ce 13 mars présent mois J781).
(Suivent 18 signatures : celles de J.-F. Vallée, greffier
municipal ; Giraudeau, Goûtant, Paquet, syndic, etc..)
36 bailliage d orléans.
8° Saint-Jean-de-Braye.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"". Orléans N.-E.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg- et paroisse. 278 feux (426, compris Saint-Loupj.
Le duc d'Orléans. 3 justices, r. au b. d'Orléans. Assemblée à la Saint-
Jean le 24 juin. 2'' br. d'Orléans. A 1 lieue dudit lieu. On écrit par
Orléans. Route d'Orléans à Boigny et à Gien. Sur la Loire. Vignoble.
Les écarts sont : Vomimbert et Bionne. La cure vaut 8 à 900 L; à la
collation du prieur de Semoy.
1708. — 257 feux. Le duc d'Orléans. Vigne.
DÎME. — Grains, 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par arpent. Vignes,
4 s. par arpent. Vertes dîmes, la 20^ botte.
Taille de la paroisse en '1788. — 10,128 1. 12 s. 0 d., dont 4,717 pour
le principal et 5,303.12.(3 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l"^"" mars, dans
la salle du presbytère où se tiennent ordinairement les assemblées de la
paroisse, sous la jorésidonee d'Amand-François Fougeron, conseiller
du roi, notaire au Ghàtelet d'Orléans. — Population : 250 feux. —
Comparants : Edme Duneau, syndic de la municipalité (17.15 -j- 20.7);
Jacques Foulon, marguillier (9 -j- 10.6) ; François Belletoise (H -}- 12.15);
François Brouard (26.10 -{-30.9); Simon Belletoise (16-|-18.6); Pierre
Barré (19 -j- 21.14) ; Jean Remj l'aîné (18 -f- 20.14) ; Jacques Renij
(14 -j- 16.2); Pierre Gliampenois (19 -|- 21.14); Pierre Remy (20.10 -f
23.11); Mathieu Belletoise (20 -j- 22.15); Vrain Veillard (14.10 -f
16.12j ; Jacques Desbrosscs, voiturier (17 -j- 19. 9j ; Gharles Guilbon
(17 -|- 19.9); Pierre Hatton (3-J-3.9) ; Jean Guilbon (18 -j- 20.12) ;
Etienne Huet (5.5 -f- 5.19) ; François Merlin (33.10 -|- 38.10) ; Louis
Legagneux(l2-}-l3.15); Jean-Baptiste l'asquier (18.5-^20.19) ; Pierre
Lebrun (l3-f-l4.17) ; Jean David (11.12-j- 12); Jean Lonjumeau, caba-
retier (16 -|- 18.6); Michel Plisson (12-}- 13.15) ; Jérôme Lebrun (13.10-j-
15.7); Jean Lebrun (1!) -|- 21.14) ; Etienne Plotton (21 -f- 24.3); Etienne
Granger-Sougy (15-f- 17..5); Jérôme Sougy (18.10-|-21.3) ; Denis Veil-
lard (12-f I3.15j; Jacques Agnesse (18 -j- 20.14); Émery Vrain 10 -f-
11.8j; Kloy Bonneau, boulanger (14.10-|- 16.11) ; Louis Perdoux (15-j-
17.5); Josei»Ii Merci (ils; Simon Bérault (12 -j- 13.15) ; Pierre Prévost,
CAITIFR !)!•: SAINT-JKAN-DF>imAYE. 37
tailleur (11 -f- 12.12) ; François Mauger (15 -f- 17.5); Pierre Mauger
fils (12 -f 13.15); Michel Lhuillier (16.10 -j- 18.16) ; Etienne Maugas
(14.10-f-16.11);.Tacques Thomas (11 -]- 12.12) ; Jean Lebrun (16.5 -]-
18.11); Jean-Baptiste Roze ( 15. 10 -f- 17.16); .Taoqncs Trépon (12 -|-
13.15); François Belletoise le jeune (18 -j- 20. 14); Louis Plotton (12-j-
13.15); Etienne Granger-Creuzillier (15.10 -f- 17.16); Louis Roux (18 -|-
20.14); Jacques Merlin (10 -f- 11.8); Joseph Brouard (11 -|- 12.12);
Jean Reniy le jeune (6-|-6.i8); Jean Ligneau (5-J-2.6); Louis Re-
nault (20 -f- 22.15) ; Jean Granger le jeune (8.5 -|- 9.8) ; Joseph Méret
(16 -f- 18.6). — Dépidéa : Louis Legagneux; Jérôme Lebrun; Michel
Plisson.
Population ex 1790. — 770 habitants.
Cahier des plaintes et doléances de la paroisse de
Saint-Jean-de-Braye, près Orléans.
Enfin le jom- si désiré est donc prêt d'éclore. Déjà l'ordre
du Tiers près de succomber sous le poids accablant des imp(jts
jouit par avance du bonheui' que le meilleur des rois veut lui
assurer; déjà l'espoir d'une révolution favorable semble alléger
ses maux; depuis (|ii'un ministre aussi zélé que courageux n'a
pas craint de faire a|»|>rociier la véi'ité du trône, il a conçu, il a
espéi^'' du plus au^usie des souvfM'aiiis im changement dans son
infortune. Pouvait-il se ti'()m])er, lui qui estinlimementconvaincu
des bontés de l'aniour patei'nel (|ue ce second ïitus a pour ses
enfiints...? Et |)(mvait-il, ce prince magnanime, en donner des
preuves plus sures et plus t(Midres qu'en engageant la Nation à
lui confier ses peines et à travailler de concert avec lui pour les
lui faire oul)liei'? Il invite non seulement la nation entière, mais
cliaiiuc individu qui la cnnqjose à l'éclairer dans le grand
ouvrage (pic son cd'iu- ui(''dil(' de|)uis longtemps. N'hésitons
donc ))oiiil à lui dire cdiuliiru TcMiormilé des impôts dont il
retire si peu nous a fail SdufliMi', et diMnaiidons-lui [lar la vuix
des députés aux Et;ds généraux :
lo La suppression de la taille, de cet impôt odieux qui nous
ôte la force et le courage par la crainte où nous sommes jour-
38 15AIIX1AGE D'ORLÉANS.
iiollemenl de voif vciidiv nos iiiallieureiix ellets, si nous ne pou-
vons la payer; de cet impôt (]ui, dans son principe, ne montait
pas à moitié de ce qu'il est taxé aujourd'hui, effet d'une ext(Mi-
sion (pi'oii pourrait considérer connue arbitraire;
2« Des vingtièmes portés sur nos faibles propriétés à un taux
excessif, et souvcmiI an delà de celui de rui'(lomiance ;
30 Des francs-fiefs cpii nous ôtent plus du douzième du revenu
de nos possessions (M ([iie nous sommes encore obligés de payer
avant d'avoir joui ;
4'1 Des coi'vées iini relard(Mit nos ti'avanx et inlluent consi-
dérablement sur nos récoltes, lors(|U(> nous les faisons en
nature, et qui augmentent d'un quart le principal de la taille
dei)uis qu'on nous oblige à les payer en argent;
5" D(^s droits d'aides (jui mettent des entraves dans la vente
de nos productions ;
6» Des gabelles (pii nous font payer un pi'ix excessif une
denrée de ])remièi'e nécessité (pie la nature donne et qui nous
l'fiidciil Irilinlaircs d'iuie Iniile de gens von(''S à l'ignominie;
70 De tous ces droits fiscaux qui nous ruinent et qui sont
consommés pour la niajeni-e partie en frais de l'éceptions et
administration;
8" Demandons-lui eiitin <|n'il soit établi im inip(jt uniijue,
nécessaire pour subvenii- aux Ijesoins toujours renaissants de
l'Etat, mais (pii, léparli d'une; manière juste, soit supporté par
h's trois ordres indistinctement et proportionnellement.
Fait et aj'rèl('' en rassenil)l(''e des habitants de la paroisse [de]
Sainl-J('aii-de-l)raye, tonne ceionrd'liui b'"' mars ITcSi).
(Suivent 2i signalni'es : celles de Ivlnie Diuieau ; Foulon;
Jh'ouard, etc.)
D" COMBLEUX.
Dcp. Loiret. Arr. Orloiiiis. T»^". Orléans N.-E.
Gén. El. Grcn. Dioc. Oi'léans.
JoL'SSE. — Paroisse. 'M feux. De la Mannerie. (>ii éci-it par Orléans.
CAHIER DE COMBLEUX. 39
2 justices : de la prévôté irOrléans, r. au b. ; de Poinville, r. en la
prévôté, 2« biv d'Orléans. A 1 lieue 12 d'Orléans. Route d'Orléans à
(Tien ; à une portée de fusil du grand chemin. Sur le bord de la Loire.
Vi^niûble. Assemblée le dimanclie après le 22 août, jour de saint Svm-
phorien. La cure vaut environ 150 1. ; à la nomination du prieur de
Semoj.
1768. — 39 feux. Duc d'Orléans. Vigne.
DÎMK. — 2 s. () d. par arpent pour toute espèce de production.
Taille de la paroisse en 1788. — 870 1., dont 412 pour le principal et
458 pour les impositions accessoires et la capitation.
PRocP:s-vKRiiAi.. — Assemblée électorale le dimanche l*'" mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Martin Brusié, conseiller
du roi, notaire au Ghâtelet d'Orléans. — Population : 37 feux. —
Co7nparants : Jean Bourdin, tailleur, syndic (8.10 -\- 9.8); Jean
Bouin, meunier-boulanger, greffier (25.15 -|- 28.12) ; Henri Fleury,
marinier (15 -f- 1(3.13) ; Charles Mesnier, charpentier (17 -f- 18.16) ;
Jacques Desannois, marinier (20 -|- 22.4); Jacques Bourdin, meunier-
boulanger (33 -j- 36.14) ; Etienne Belletoise, vigneron (16.10 -f- 18.6) ;
Nicolas Granger, vigneron (13.15-}- 15.5) ; Pierre Lelièvre, marinier
(10 -{-11.1); Jean Dumain, vigneron (18.10 -f- 20.11) ; Etienne Sablon
(7-J-7.15); Charles Beaudenuit père (18 -j- 19.19) ; Charles Beaudenuit
fils (7 -j- 7.15) ; Simon Damain, vigneron (12.15 -|- 14.3); Simon Lebrun,
vigneron (8.15 -(- 9.13) ; Noël Friquet ^8.5 -f-9.2) ; Jacques Maupâté,
vigneron (12 -j- 13.6): Etienne Maupàté (7.10-J-8.6) ; Jacques Bérault,
vigneron (10.5 -|-1 1.6); Loup Belletoise, vigneron (7 -f- 7.15) ; Philippe
Belletoise (8 -f- 8.17) ; Louis Martin, vigneron (8 -(-8.17). — Députés:
Charles Mesnier; Jean Bourdin.
Population en 17!»I). — 165 habitants.
Cahier des doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Combleiix pour être présenté à l'assemblée
qui se tiendra devant monsieur le lieutenant général du
bailliage d'Orléans, le 7 mars.
1» Lesdits habitants demandent que leur église ne soit pas
supprimée, en ce qu'elle leur est nécessaire et à tous les mari-
40 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
niers qui fréquentent la Loire et le canal et y viennent entendre
la messe;
'20 Une administration municipale telle qu'elle est établie,
laquelle fera la répartition des impôts;
30 La décharge de la taille, de la capitation d'industrie, de la
corvée, suppression de la gabelle, lesquelles seront converties à
un impôt tei'riloi'ial ;
En marge, après le iromème vœu :
La suppression des (h'oits féodaux, étant ruineux;
4" Qu'il ne soit établi aiicmi \i\\\h)[ par les propriétaires ou
fermiers sans le consenteinciil des États g'énéraux, et [ que ] les
frais de justice soient diminués et les procédures abi'égées ;
5" La suppi'ession des droits d'aides;
G^^ Qu'il ne soit plus l'ail aucune plantation de gravelins (i)
et d'arbres dans le lit de la rivière de Loire; que ceux qui y
sont soient an-achés, attendu qu'ils ont occasionné le déborde-
ment de la Loire par le gonllement des glaces qu'ils ont i-ete-
nues et qui ont fait périr les levées, ce qui a causé im dommage
considérable anx habitants.
P'ait et arrêté an banc de l'oMivre de la paroisse de Comhlenx,
le k'- mars 1789.
(Suivent 12 signatures : celles de Jean Bouj'din, syndic;
Bouin, greffier; Charles Mesnier, etc., et celle de Bruslé.)
lOo Vennecy.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C°>K Neuville.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Petit bourg- et paroisse. i)0 feux. Le comte de Charnisay.
2 justices, r. au b. d'Orléans. Il y a la justice de Soligny appartenant à
la marquise de Vieuxpont, qui ressortit au b. d'Orléans. 2 assemblées,
le 30 avril, joiu* de saint Eutrope, et le 22 août, jour do saint Sympho-
(1) Mot du parlor local, HigniliuiU : petit saule planté dans les graviers des cours d'eau.
CAHIER T>E VENNECY. 41
rien. 2'' hv. frOrléans. A 3 lieues diulit lieu. Route de Marig-ny à
Rebréchien. Dans la forêt d'Orléans. Plaine. Vignoble. Le terroir est
aussi en grains et forêt. Les hameaux sont : la grande rue de Solligny,
la Moinerie. le Charmois et la Gharmoise. Le curé est gros déoiniateur ;
la cure vaut environ 1.000 1. ; à la collation de levèque.
1768. — 04 feux. De Menonx. Vigne.
DÎME. — Terres labourables, 2 gerbes de 50 pouces par arpent. Vin.
1 pinte par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — ;i.25'>l. 10 s., dont 1,. 539. 10 pour
le principal et 1.720 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verkai>. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au
banc de l'œuvre de l'église, sous la présidence de Charles Cornu, procu-
reur au Châtelet d'Orléans, procureur fiscal de la paroisse. — Popula-
tion : 80 feux. — Comparants : Germain Desforges (.56.10 -f- 02.19);
Laurent Péguy (33.10 -f- .37.6) ; François Thiercelin (52 -f 57.19);
André Marotte (133.15 -|- 149) ; Antoine Leroy le jeune (18.15 -|- 20.17) ;
PJerre Boucher; Jacques Regnard (22.10 -}- 25.1);. Louis Leduc
(lO-f-11.3); Pierre Cochon (8-f-8.18) ; Claude P^ouquiau (8-f8.18) ;
Louis Genin (6.5 -|- 6.19) ; Sébastien Coignet (8-)- 8.18) ; Charles Liger
(6 -f- 6.14) ; Laurent Beulin (7.10 -f- 8.7) ; Pierre Girault (6.5 -f- 6. 19) ;
Michel Huet (5.15 -f- 6.9); .Jean Hamelin (5.5 -|- 5.16) ; Pierre Chauffv
(5 -j- 5. 12) ; Laurent .lacquelin (5 -|- 5.12) ; Jean Leroy (3 -f- 3.7) ; Joseph
Rousseau (3 -j- 3.7) ; Jean Bouclet (22.15 -j- 25.6) ; S^'mpliorien Regnard
(15 -f- 33.2) ; .Jean Bordereau (2 -f- 2.5) ; François Chauffy (13.10 -j- 1.5) ;
Mathurin Hamelin (10.5-)- 11.8) : Etienne Gigant ; Gervais Boissard ;
Louis Vignier (14.15 -}- 16.8); Antoine Leroy (34.10 -|- 38.8); Jean
Delachaux (15.5 -j- 16.19); Jean Péguy (21 .5-)- 23.12) ; Louis Gigant;
Jean Lecomte (4.5 -f- 4.14) ; Symphorien Leroy (14 -j- 15.12) ; Jean
Thiercelin (16 -j- 17.16); Etienne Hamelin (13.5 -f- 14.14); Louis Gau-
jard fils (26 -f- 28. 19); Jean Barbier; Louis Delaunay. — Députés:
Antoine Leroy ; Jacques Regnaud.
Population en 1790. — 364 habitants.
Doléances des habitants de la paroisse de Venneci/.
Lesquels oiiL représenté 1res Imiuhh'iiuMil ((uc jtliis les
impôts sont inultipliés, plus ils sont difllciles ù imposer juste-
42 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
nient, et plus leur perception devient laborieuse et dégénère
souvent en abus. Pour y remédier, les habitants de Vennecy
désirent que les impôts qui se perçoivent actuellement sous
dilïérentes dénominations soient su|)primés pour être remplacés
par deux espèces d'impositions : l'une, personnelle, qui se per-
cevra sur ceux qui n'ont jjoint de biens-fonds, et l'autre, réelle,
qui sera payée par les propriétaires de fonds ; et pour faire les-
quelles impositions les syndics des municipalités auront égard
à la valeur des fonds et à leur produit.
Considérant que dans le nombre des liabitiuits de la cam-
pagne il s'en trouve beaucoup qui sont dans l'impossibilité de
se procurer les secours nécessaires à la vie, par la raison que
les impôts qui se perçoivent sur le sel, le tabac et autres den-
rées en portent le prix tro[) haut, ils désirent donc que ces
impôts soient supprimés.
Les habitants de Vemiecy observent que les inq:>ositions de
leur paroisse se perçoivent par ceux des habitants choisis à cet
effet électivement tous les ans ; que ceux qui sont chargés de ce
soin reçoivent une rétribution (jui, (pioique moili(iue, n'a jamais
excité la réclamation irauruii d'eux ; ils désireraient que la
même méthode pût avoir lieu depuis eux juscpfà ce (]ue les
deniers pussent verser (.sic) (1) au Trésor royal, c'est-à-dire que
les habitants de campagne fussent autorisés à faire verser sans
frais le montant des inq:)Ositions (pi'ils |taieiil dans une caisse
[>ul)li(iue qui serait, à cet elTet, établie dans clia(|ue généraUté
et gouvernée [)ar les assemblées provinciales qui seraient elles-
mêmes autorisées à payer sur ces fonds toutes les dettes de
l'Etat, dans clia(|ue généralité, sur le bordereau <(ui leur serait
adressé tous les trois mois à cet eftet par monsieur le Contrôleur
généi'al, lesquelles feraient ensuite passer l'excédent des fonds
de leur caisse directement au Trésor royal avec les quittances
des paietnents qu'elles auraient faits des dettes de l'État en
conformiti' du liordereau (|ui leur aura été adressé. En suivant
(1) Le sens parait èlro : ils tliîsirciaient que la même niéUiode put être suivie depuis le
momont où les deniers sont perçus sur eux jusqu'à ce qu'ils pussent être versés au Trésor.
CAHIER DE VENNEGY. 43
cette marche infiniment simple, tous les fermiers généraux,
receveurs et payeurs de rentes et receveurs de vingtièmes
deviendraient absolument inutiles, et leur suppression néces-
saire.
Arrêté par tous les habitants de Veiuiecy, cejourd'hui 25 lé-
vrier 1781).
(Suivent 20 signatures : dont celles de Jean Delachaux ;
Thiercelin, greffier de la municipalité, etc.)
Réflexions que les habitanls de Veiniecy ont faites depuis
leurs doléances, arrêtées le '25 février dernier, desquelles la
teneur suit (i).
l'i Représentent qu'il serait intéressant pour tous les habi-
tants qu'ils eussent le droit de faire pacager leurs bestiaux dans
la forêt qui les avoisine, c'est-à-dire quand les bois auront
atteint l'âge de six années, avec d'autant plus [de] raison que,
quand ilsatteignent cet âge, ils sont non susceptibles d'être
endommagés par les bestiaux ;
Qu'il serait également intéressant que ces habitants eussent
le droitd'aller couper de l'herbe dans les bois pour faire vivre
leurs bestiaux, bupielle herbe se perd et serait plus néces-
saire au bien public de toute manière, et on éviterait, par cette
permission, qui ne peut être préjudiciable, des procès-verbaux
que les gardes ont la témérité de rendre (sic) tous les jours
contre des personnes qui ne peuvent préjudiciel- aux droits du
prince en coupant cette herbe qui ne peut lui être d'aucune
utilité.
Ils désirent aussi avoir la permission de couper et emporter
tout le bois sec ({ui se trouvera à leur portée dans la forêt du
prince.
Et enfin les habitants de Vennecy demandent que toutes
procédures soient abrégées tant pour éviter les longues pour-
(1> Ces « réflexions » écrites très probal)le.nent de la main de Thiercelin, gieffier, sont sui-
vies seSfementdefsîgnatùres des comparants, tandis que le cahirr dr dolcar.ces a été, en outre,
coté et paraphé par Cornu, président de l'assemblée.
44 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
suites qui engendrent une multiplicité de Irais qui ruine la
plupart des familles (1).
Arrêté les présentes rétlexions ])our être annexées au cahier
des doléances dudit jour '25 février dernier. A Vennecy, ce
3 mars 1789. Et a été signé par nous, habitants soussignés.
(Suivent J7 signatures : celles de Thiercelin, greffier de la
niu!iicipalilé ; Leroy, syndic; A. Leroy, etc.)
lio Justice de l'abbaye de Saint-Mesmin-de-Micy.
Dubois, procureur fiscal dt^ la justice de Saint-Mesrain-de-Micy, présida,
ou l'abseucf du bailli Robert de Massy, les assemblées des paroisses de
Cliaiugy, Saiut-Denis-en-Val, Mézicres, La Cbapelle-Saint-Mesmiu.
Malgré l'analogie de beaucoup de doléances, les quatre cahiers présentent
de grandes diflérences de rédaction.
Il faut observer que Robert de Massy était égalcinent bailli de la justice de
La Ferté-Lowendal, alias aujourd'hui Saint-Aubin. Voir plus loin les cahiers
de ce groupe.
CIIAINGY.
J)ép. Loiret. At-)-. Orléans. O". Orléans N.-O.
Gén. El. Gven. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Paroisse, bourg. 30() feux: (2). L'abbé de Saint-Mesniin.
D'Orléans pour le marché et la poste aux lettres. 8 justices : celle de Saint-
Mesmin, r. à Orléans; celle du Chéray, r. à Meung, et celle de Meung,
r. au 1). d'Orléans. 3 assemblées : le 21 juin, le 1.5 août et le 8 septem-
bre; il y a une assemblée qui est le dimanche après le 22 août, fête de
saint Symphorien. Br. d'Orléans. A 3 lieues 1/2 dudit lieu et à une
demi-lieue du grand chemin d'Orléans à Meung. une demi-lieue de
la Loire. Vignoble. A 1/2 lieue de la forêt d'Orléans. Il y a très peu de
terres labourables. La cure vaut 300 1.. sans le casuel: coUateur : l'abbé
de Saint-Mcsmin. L'abbé et les religieux de Saint-Mesniin ont 4.000 1.
de revenu dans cette paroisse. La dîme, qui est à l'abbé de Saint-Mes-
min. est de 14 pintes et chopine par arpent. 29 hameaux, qui sont :
Cormetterie. le f]héiieteau, la (Irotte. le Moulin à vent, le Clos Renard,
les Sablons, la (Wn'w Cornille, l'Épine, Pan, la Groue, la Tourelle, le
(1) Textuel. La phrase semble t^li-e inachevée.
(2) Au-dcB.sou.'î, 412; b\f\ feux et 1,2CX) communiants,
CAHIER DK CFIAIXGY. 45
Tartre, la Galaniève, la Géneterie, le Chêne Martin, les Brosses, la
Picardière, le Bourgneuf, Villemousson, la Barre, la Ribaudière, la
Gharterie, Bardy, la Pionnerie, Grand et Petit Perray, Mégreville,
TElourre. Monpertuis et la moitié de Fourneaux.
17(38. — 441 feux. L'abbé de Saint-Mesmin. ^'igne.
DÎME. — Vignes, 4 pintes et 1 setier de vin (mesure de Saint-Mesmin)
par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — (j,{yj2 1. U s., dont 3,300.9 pour le
principal et 3,692 pour les impositions accessoires et la capitation.
Phocès-verbal. — Assemblée le mercredi 25 février, au banc d'œuvre
de l'église, sous la. présidence de Sylvain Dubois, procureur-fiscal de la
justice de Saint-Mesmin-de-Micy-les-Orléans, pour l'absence de Denis
Robert de Massy, conseiller du roi, docteur-régent et professeur de droit
français en l'Université d'Orléans, avocat à la cour de Parlement, aux
bailliage et siège présidial d'Orléans, bailli de la justice et châtellenie
dépendante de l'abbaye royale de Saint-Mesmin-de-Micy-les-Orléans,
assisté de Priandy, greffier de cette justice. — Pojmlation : 440 feux.
— Comparants : Pierre Roze (13 -f- 14.11); Alexis Michau, laboureur
(22 -j- 24. 13); Pierre Dumont (12-J-13.8); Etienne Bruslé (10.10-f-
11.10); Etienne Thiboust (18.10 -j- 20.14); Pierre Perron (2r)-j-28);
Jean Venot, tourneur (13.10 -j- 15.2) ; .Jean Houry (11.15 -j- 13.3) (1);
Pierre Gilles fils (16 -j- 17.18) ; Jacques Flocque ; Gentien Gallerand
(15.5 -j- 17.2); François Deparday (9 -|- 10.1); Guillaume Chevillon
(24.10 -f- 27.9); .Jean-Baptiste Billard (4.10 -j- 5.1); .[eau Grison (16 -|-
17.18); Pierre Martin (14 -f- 15.13); Thomas Boucheron, meunier (27 -j-
30.4); Jacques Rouilly (4 -f- 4.9) ; Etienne Letrosne (4.10-f-5.1);
Charles Venot (6.10 -f- 7.15); Jacques Godard (16.10 -|- 18.10); Jean
Leroy (11 -j- 12.6); Vrain Bourdon (8-f-8.19); Etienne Dumont (7-f-
7.16); Paul Letrosne (7.10 -j- 8.8); Antoine Deparday (11 -f- 12.6) ;
Pierre Langrain le jeune (7-|-7.l6); Etienne Quétard (7.10 -}-8. 8);
Pierre Quétard (8.10-]-9.10)(2); François Mothiron (8-1-8.19); Jean
Péron (6.10 -f- 7.1.5) ; Pierre Laîné (8 -j- 8.19); Pierre Gilles père
(27-}- 30.4); Sébastien Chevillon (17-[-19); Etienne Chevillon (11 -f-
12.6); Noël Neveu (7.10 -f- 8.8); Benjamin Perron (9 -f 10.1); Jean
Poinçon (6 -j- 6.14); Macé Ferrand (7-|-7.6); Jean Moreau (5-]- 5. 12);
Jean Dei)arday (8-f-8.19); .lacques Bruslé (4-|-4.9); Jean Quétard,
(1) Quatre autres taillaLle^ du môme nom portés au rôle.
(2) Un autre (12 + 13.^),
46 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
chantre (8 -f 8.19); Pierre Langraiii (13.10-^15.10); Jean Picard
(3.10 -f- 3. 18); Daniel Deschamps (7 -j- 7. 16); Jean-Julien Perrault (3 -j-
3.7); François Garnier (5.10-(-6.3) ; Jacques Quétard (7.10-[-8.8);
Sébastien Délié (9 -|- 10.1); Jacques Vaillant (5-J-5.12); Biaise Basset
(3-f-3.7); Joseph Laurent, boucher (14-)- 15.13); P'rançois Blanchard;
Etienne Séjourné (6 -|- 0.14); François Maupou (4.15 -|- 5.6); Jean
Letrosne (3.10 -f- 3.18); Sébastien Chausson (8-}- 8. 19); Jean Quétard
(O-f- 16.14); Pierre Quétard (10-|-11.4); Jean Girard fils (7.10-j-
8.8); Etienne Chevallier (3-}- 3.7); Jacques Lelioux (3-|-3.7); Bernard
Letrosne (3.10-)- 3. 18). — Députés : Jean-Baptiste Billard; Pierre
Duniond. huissier; Etienne Thiboust; Alexis Michau. syndic; (Charles
A'enot.
Poi'ur.ATiON KN 1790. — 2.051 habitants.
Doléances de la paroisse de Chainijy, diocèse et élection
d'Orléans, adressées au Roi.
Sire,
Les intentions bienfaisantes que Votre Majesté daigne mani-
fester à son peuple par sa lettre et règlement pour la convoca-
tion des Etats généraux font naître dans tous les esprits les
idées les j)liis consohinles. Vous pormellez, Sire, que tous les
corps qui composent le troisième ordre de votre royaume, cette
classe qui renferme le plus iFinfortunés, fassent entendre leur
voix et portent jusqu'au pied du trône leurs doléances et leurs
réclamations respectueuses. Bonté vraiment paternelle, faveur
précieuse, qui, en assurant le bonheur de cette portion nom-
breuse et indigente dont vous daignez vous déclarer le protec-
teur et l'appui, rend plus vif encore le seiiliiiuMit dt^ son amour
et de sa reconnaissance !
Vos très humbles sujets, les habitants du bourg de Chaingy,
paroisse du diocèse et de l'élection d'Orléans, osent joindre leur
faible voix au concert de louanges et de bénédictions dont
retentissent toutes les provinces et dont vous êtes le digne objet.
Ils osent vous présenter, avec toute la nation, l'émission de
liMU's vœux.
Le prriiijcr îles vo'ux (fU(^ forme pour Votre Majesté cette
CAHIER DE CHAÎxNGY. 47
portion de votre peuple chéri est la durée et le bonheur de vos
jours ; c'est la conservation des lois constitutives de la monar-
chie, qui assurent au souverain le droit incontestable de com-
mander et imposent aux sujets l'heureuse obligation de l'obéis-
sance et de la fidéUté.
Mais, parce que cette fidélité due au souverain prend sa source
surtout dans les principes sacrés de cette religion pure que
vous avez le précieux avantage de professer, nous supplions
Votre Majesté de n'admettre, de ne favoriser même dans toute
l'étendue de son royaume que la religion sainte, catholique,
apostolique et romaine, d'imposer, par conséquent, le plus pro-
fond silence à tout sectaire qui oserait proposer une tolérance
impie sous le spécieux prétexte d'une liberté qui, tôt ou tard,
serait contraire à la tranquillité de la nation et au bonheur de
son Roi. Qu'il ne soit donc pas plus permis. Sire, d'étabhr des
doutes sur votre croyance que sur la soumission qui vous
est due.
D'accord avec toute la nation, nous supplions Votre Majesté
de convertir les droits qu'elle perçoit par la taille, la capitation
d'industrie, la contribution à la corvée, par les gabelles, en un
impôt territorial payable par tous les propriétaires du royaume,
moyennant que les fermiers tiendraient conq^te pendant le cours
de leurs baux auxdits propriétaires de ce qu'ils paient annuel-
lement pour taille, capitation d'industrie, évaluation de corvée
et gabelle. La collecte de cet unique impôt entraînerait moins
de ces h'ais toujours ruineux pour l'État et par là même oppo-
sés à vos vues bitMilaisaiiles. (Jii'il n'y ait pour celte contribution
proporliounelle aux subsides aucune distinction de rang, d'état
et de privilège; que les deux pi-emiers Ordi'es du royaume
fassent volontiers le généreux sacrifice de leurs imnumités pour
partager également les charges, contribuer au couuuun salut et
concourir enfin au bonheur de tous.
Daigne aussi Votre Majesté écouter favorablement les vœux
que nous formons pour l'augmentation du revenu de la cure de
Chaingy, dont le produit ne consiste aujourd'hui que dnns la
portion congrue de 700 livres cl le (MsucI lorc('' ;iu(jiiel nous
48 BAILLIAGE D*ORLÈANS.
sommes souvent hors d'état de satisfaire. Quelle modique res-
source pour un prêtre chargé de 1,500 communiants ! Q)uels
secours peut-il procurer à un peuple indigent?
Il existe dans la paroisse des biens-fonds appartenant autre-
fois aux religieux de la maison d'Ambert supprimés, et dont
raihiiinislration et régie nous sont inconnues (1). Il existe
aussi, dans notre territoire, une ferme dé|)endante de la maison
conventuelle des religieux Feuillants établis à Saint-Mesmin. Il
existe encore des terres appartenant autrefois à la communauté
de Voisins (2). Veuillez, Sire, ordonner la réunion de ces
biens ecclésiastiques en faveur de la cure de Ghaingy, et ils
fournii'ont au curé un revenu de 2,0CK) livres, une dotation pro-
portionnelle pour le vicaii'c, une pension suffisante pour intéres-
ser un chirurgien habile dont les soins deviendront intéressants
à un peuple tro|) longtemps abandonné à l'ignorance et
aux inqjérities toujours funestes des empiriques qui le gou-
vernent.
Ces mêmes biens réunis pourront encore servir à l'établisse-
ment d'une bourse en laveur des j)auvres, dont le nombre est
ici iiiiilti|(li('', à raugnienlalioii des émoluments accoi'dés déjà
aux maître et maîtresse chargés de l'éducation de la jeu-
nesse. Que d'avantages produiront dans la paroisse de Ghaingy
ces fonds de charité, dont Votre Majesté va désigner l'emploi !
Un autre ohjct non uioius digne de votre biculaisance et qui
ne serait pas plus à charge à l'État, c'est la réduction de la dîme
que paient au sieur abbé de Saint-Mesmin les habitants de la
paroisse de Ghaingy. Nous l'espectons, Sire, l'élablissemtmt
ancien des dîmes : nous ne souhailous doue [xtiul de nous
soustraire à ce droit saci'é; mais il est |)ossible, sans enfi-eindre
les lois ({ui conmiandent ces sortes de réli'ibutions, de les
(1) Lo couvent dos Céleslins d'Aniliert (aujourd'hui G" Chanteau) fut supprimé par bi'ef de
Pie VI le 22 mai 1770 et lettres patentes confirmatives du 5 avril 1778. (Arclt. Loiret. Il 2i)'i
provisoire.) Ses biens furent reunis au séminaire de Mcung.
(2) Voisins, aujourd'hui (>• Sainl-Ay. Lahbaye cistercienne de Voisins fut supprimée, faute
de religleusen, par l'évèque d'Orléans le 'i septembre 1778 et ses biens réunis ù ceu.K du monas-
tère de N.-D.-du-Lieu-lez-Homorantin. Lettres patentes confirmatives en date de février 1780.
(Doinel, Curlulaire di' I^.-l).-(le-Viiisi>iif, Orléans. 18H7, p. xxxi.)
CAHIER 1)K (IHAlXr.Y. 49
rendre moins onéreuses. C'est cet adoucissement que nous
demandons à Votre ^Majesté, et nous osons espérer qu'elle dai-
onera nous écouter favorablement, lorsqu'elle saura surtout
que cette réduction [leut avoir lieu sans léser les droits du sieur
abbé, seigneur de la paroisse. Le fur de la dîme que nous lui
payons est de quatorze pintes et septier par chaque arpent de
vignes en valeur ou non valeur. Il abandonne de cette percep-
tion la quantité de soixante-quatre poinçons ou demi-queues de
vin aux Feuillants religieux de son abbaye. La privation de cette
redevance serait pour lesdits religieux une dimimition modique
dans leurs revenus, et, rentrant au profit de la paroisse, devien-
drait gracieuse pour nous.
Nous supplions aussi Votre Majesté d'ordomier qu'à l'avenir
les propriétaires tréfonciers ne soient plus tenus de partager
avec les princes de Votre auguste Maison le produit de leurs
bois; d'abolir, par conséquent, le droit onéreux des grueries,
moyennant que les mêmes propriétaires paieront seuls les rede-
vances de leurs possessions et qu'ils pourvoiront à la garde et
conservation de leurs biens.
Accordez, Sire, aux vœux de toute la nation la suppi'ession
des droits des aides, des entrées de votre ville de Paris, si inii-
sibles à la liberté du commerce, et dont le cultivateur épronve
plus que tout autre combien ils sont ruineux.
Accordez la tenue des États provinciaux, le i-etour pério-
dique des États généraux qui fourniront toujours à Votre
Majesté les ressources convenables aux situations de l'Etat.
Daigmez aussi accorder dans chaque bourg une administra-
tion municipale pour veiller sur la police, dresser des procès-
verbaux, des contraventions, arrêter les mendiants non domici-
liés et les conduire devant les juges des lieux.
Nous supplions Votre Majesté de réduire aux Ixsoins réels
du service public cette multitude de juges qui, pai' la linance
de leurs charges, par la progression des degrés de juridiction,
par leurs exemptions et leurs pi'ivilèges, deviennent nécessai-
rement à charge au peuple. Arrêtez, Sire, par vos sages ordon-
... . 4
50 BAILLIAGE D ORLÉANS.
nances, ces frais immenses que multiplient des procédures
injustement prolongées.
Vous daignez, Sii'e, annoncer à votre peuple le désordre de
vos finances. Si, pour concourir à leur rétablissement, Votre
Majesté se décide à se saisir de quelques biens provenant des
maisons religieuses dont on sollicitera auprès de vous ou une
suppression totale ou une diminution de revenu, permettez.
Sire, que ceux de vos sujets qui doivent des rentes sur ces
biens de gens de mainmorte puissent les rembourser. Ces
remboursements autorisés assureront la tranquillité des familles,
rompront des solidités toujours désagréables et rendront plus
facile le cours des espèces.
Celui des Ordres de voti'e royaume qui, par la force de son
bras, soutient la patrie, dont le courage et la vertu ont si sou-
vent et si utilement servi l'État : la Noblesse, qui méritera tou-
jours vos bienfaits signalés et nos respects, se refuserait-elle.
Sire, à faire des gratifications pécuniaires que Votre Majesté
daigne lui accorder si abondamment un usage qui prouverait
par dessus tout son zèle et la délicatesse de ses sentiments?
(Qu'elle se charge de faire à ses frais la levée de vos soldats
l)roviiiciaux. Alors, le tirage forcé de la milice n'aurait plus
lieu. Ccnix de vos sujets qui ne sont pi'opres (|u'à l'agi'icMiltm-e
et à donner des soins nécessaires à une famille dont ils sont
souvent l'unique ressource ne seraient plus exposés à suivre
un état où ils vous servent moins utilement que dans leurs
maisons. On n'aurait plus à craindre fépuisement qu'occasion-
nent les sonunes domiées, malgré vos ordonnances, il est vrai,
ni;iis pii'sqiK' iii(''\ ilabics, pour suppléer aux trop faibles res-
sources (piils s'attendent de trouver hors la maison paternelle.
Nous sup[)lions Votre Majesté d'ordonner que, dans les
sommes qu'elle veut bien accorder pour être employées aux
jilelicrs de cliiirih'', l'usage |)i'einier de ces sommes soit pour la
confection des cliemins vicinaux aux gi'andes routes dont la
nécf'ssitt'' csl la plus connue, et que les paroisses trop iudi-
îj'entcs |i(iui' cDiiliibuer à l'établissement de ces chemins indis-
CATTTER DK ririAINOY.
51
pensables pour 1(^ Iransporl de ItMii's denrées ne soient [pas]
exclues de la parlicipalion au secours que Votre Majesté daii^iie
présenter. Les habitants de CbainiiV sont particulièrement inté-
ressés à vous lair(> ci'Ko Iminblc^ diMiiande.
Nous osons espérer, Sire, l'acconiplisseinent de nos vœux.
L'arbitre de notre bonheur s'est montré sensible à nos besoins;
il nous a donné l'idée la plus juste de son cœur bienfaisant,
idée chère (jui nous passionne, Sire, pour l'éclat île votre
trône, pour la dui'ée et le bonheur- de vos joui-s, idée conso-
lante qui nous soutiendra toujours dans les sacritices qu'exigera
l'intérêt général, idée gravée à jamais dans le cœur de tous les
Français, et qui, passant d'une génération à l'autre, perpétuera
leur amour jusqu'aux derniers âges.
Nous sommes avec le plus })rolond respect. Sire, de Votre
Majesté, les très humbles et très obéissants et fidèles sujets,
les habitants de la paroisse de Ghaingy.
(Suivent 43 signatures : celles de Michan, syndic; Roze;
Duniont, etc., et celle de Dubois.)
Précis des vœux unanimes de la paroisse de Chaingy.
lo Que les lois constitutives de la monarclii(% qui assurent au
souverain le droit incontestable de commander et aux sujets
l'obligation d'obéii-, soient conservées dans toute leur force;
"2" (^)ue la religion cathohque, apostolique et romaine soit la
seule admise, la seule favorisée dans le royamne et [)ai' le
monarque. (Ju'il soit inrposé un l'igoureux silence à (|uicon(|ue
oserait proposer le tolérantismi» en iniilièrc de religion :
.> Qu(^ tous les différents iiii|)(')ls (|ui existent aiijonnriiui
soient sup|)rimés et convertis en un impôt tei-riloi'ial [)ayable i)ar
tous les propriétaires du royaume sans aucune distinction «le
nmg, d'état et de pi'ivilège, et en ini ini|»ôt |tersonnel [loiu' tous
les non-propi'iétaires ;
i" Que le produit de la cure soit de 2,(K)0 livres; qu'il soit
attaché au vicariat une dotation pi'oportiomielle; (|u'il soit fixé
52 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
une pension suffisante pour intéresser un chirurgien habile;
qu'il existe une bourse en faveur des pauvres de la paroisse;
([u'il soit accordé une augmentation aux émoluments des maître
et maîtresse chargés de l'éducation de la jeunesse. Que tous
ces établissements de bienfaisance soient pris sur les fonds
ecclésiastiques exishnit «laiis la paroisse;
50 Que tous droits de dîme, cens et rentes soient rachetables ;
qu'il n'existe plus de franc-fief ni de gruerie; qu'il soit permis
de ]'(Mnbourser toutes rentes dont sont chargés ceux qui occu-
pent les biens des gens de mainmorte; que toutes aliénations
faites autrefois par les ecclésiastiques ou maisons religieuses
o[ <[iii ne sont |)eiit-ôtre ])as revêtues des formalités qu'on exige
aiijourd'liui soient i'endiies valides pour la tranquillité des
possesseurs actuels et pour ôter à tout contendant l'odieux d'un
procès trop souvent injuste et presque toujours ruineux;
0" Que la province d'Orléans soit érigée en pays d'États; que le
retour périodique des États généraux ait lieu; que les frais de
justice soient diminués et les procédures abrégées; qu'il soit
établi dans clia(|ne bourg ime adiiiiiiislratioii municipale pour
veiller sur la police; ([ue le tirage forcé de la milice soit sup-
primé; qu'il soit fait une retenue sur toutes les pensions accor-
dées pai- le Roi et que ces son unes réservées servent à
entretenir les troupes et former les régiments provinciaux. (J^ue
les paroisses trop indigentes pour contribuer à la confection
des chemins ({ui leur sont nécessaires pour le transport de
leurs denrées, loin d'èti'e exclues de la |»arlici|»aliuii aux
sojnmes accordées pour former les ateliers de cl la ri Lé, jouis-
sent les premières d(y ces avantages précieux ;
7" (Juc l'Iionnnage d(»s peuples, ([ue le seniimcnl de leur
anioin' vif et reconnaissant, que leurs vœux j)Our la durée et le
bonlicui- des jours du monai-cpie le plus auguste, le plus bien-
faisant et le pliiscliéri soient portés au ])ied du tr()ne.
CAHiKU m-: sal\t-di<:ms-1':n-yai.. 53
SA INT-DENIS-EN- VA L.
Dëp. Loiret. Arr. Orléans. C<^". Orléans Sud.
Gén. EL Grcn. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 173 feux. 550 communiants. L'abbé de Saint-Mesmin.
6 justices, dont 5 r. au b. d'Orléans. D'Orléans pour le marché et la
poste aux lettres. 3« br. d'Orléans. A 2 lieues 1/2 dudit lieu. Assemblée
le dernier dimanche d'avril. Route d'Orléans à Sandillon. Près la Loire.
A 1; 2 lieue de cette rivière. Vignoble. Le commerce est en vins. La cure
vaut 800 1. ,: à la collation de l'abbé de Saint-Mesmin. Deux hameaux
ou écarts, qui sont : la Levée et le Pavé de Saint-Denis.
17(J8. — 100 feux. L'abbé de Saint-Mesmin. Vigne.
DÎME. — (irosses dîmes : blé, 1 gerbe de 52 pouces par arpent ; menus
grains, 2 gerbes ; vignes, 2 s. 6 d. par arpent. Vertes dîmes : pois,
vesce, etc., le 20" de la récolte.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,432 1. 10 s., dont 2,.5G4.10 pour
le principal et 2,808 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. ■ ■ Assemblée électorale le jeudi 20 février, au banc-
d'œuvre de l'église, sous la présidencp de Sjdvain Dubois, procureur
fiscal de la justice de Saint-Mesmin-de-Micy, en l'absence de Denis
Robert de Massy, bailli de la justice et châtellenie de l'abbaye de Saint-
Mesmin, assisté de François Priandy, greffier de cette justice. —
Popuhftioti : 180 feux. — Comjiovanis : Etienne Rouillard ( 14.10 -[-
16.4) ; .Tean Giroust (11 -\- 12.6) ; Vincent Angot (10 -j- 21.5); Pierre
Foulon (13.10 -f- 15.2); .Jacques Dubois (10.10 -j- 11.15); (Jentien
Robichon (6 -|- 6.14) ; Etienne Bel (12.5 -f- 13.14); Gentien Dubois
(10 -|- 11.4) ; Louis Tliuillier (10^ 11.4) ; André Pineau l'aîné (12-)-
13.8); Jean Foulon (13 -)- 14.10; ; Michel Guénault (15 -f- 16.15) ;
François Bérault (13.15 -j- 15.8) ; Claude Rouillard {il Ai) -\- i^.i2);
Julien Jacquet (13-}- 14.10); Jacques Riffault (lO-f-11.4); Pierre Houry
(18.10 -\- 20.14); .Jean Legroux (1 1 -j- 12.6); Louis Belouet (13 -)- 14.10) ;
Pierre Lepage (10 -j- 11.4) ; Jean Lejeune (12-)- 13.8) ; Claude Lejeune
(lO-f-11.4); André Pineau le jeune (16-f- 17.18) ; Jacques Feuillâtre
père (15-)-16.15) ; Pierre Lecomte (11. 10-f- 12.18) ; Christophe Pineau
(14-)- 15.13) ; .Jean Besnard (1.10 -j- 1.14) ; René Angot (15 -)- 16.15);
Christophe Moi/.ard (0.5 -|- 10.7) ; Jacques Dubois (10.10-)- 11.1.5);
Jacques Robichon (12.5 -j- 13.14) ; Michel IJoury (17.10 4" l'-M^);
54 BAILLIAGE d'ORLÉAiNS.
Simon Cxilles (23.15 -f- 20.11); Denis Lecoq (12.1.5+ 14..5); .Jacques
Rimbort (2.10 -j- 2.16) ; Vincent Angot fils (17.10 -j- 10.12); Claude
Robichon le jeune (18-}- 20.8) ; Fran(,-ois Chemin (8 -f- 8.19); Jacques
Cliemin (7 "t-V.K)) ; François Morize ; Claude Angot (12 -|- 13.8) ; Claude
Robichon l'aîné (10 -j- 11.4); Vincent Godefroj ((3 -f- 6.14); Etienne
Rouillard fils (12.10-f i4) ; François Pineau le jeune ; Nicolas Bergère
(12.10+14); Cliarles Venon (6.10 + 7.5); Michel Robichon (9.10 +
10.12); Etienne Vauxion (7.10 + 8.8); Jean-Baptiste Chemin (10.15 +
12.1); Nicolas Lejeune (7 + 7.16); Pierre Foucard (21.5 + 23.1.5);
Jean Robichon (19+21.6); Jacques Lejeune (22.10 + 25.5); Denis
Eérault (12 + 13.8); Claude Montigny (9 + 10.1) ; Charles Boistard,
syndic (12 + 13.8) ; Patrice Beiouet (21 + 23.10) ; Pierre (Uiève,
laboureur (56 + 62.15); François Pineau (11 + 12.6); Claude Char-
pentier (65.10 +7.3.8) ; Pierre Proust (13.10 + 16.2) ; François Angot
(17 + 19.1); François Robichon (22 + 24.12); Simon Houry (19.10 +
21.6); Pierre Saintonge (42.5 + 47.8); Cilles Masson (8 + 8.19) ;
Claude Chaussard (9.10+10.3); Pierre Guénault (6.10 + 7..5) ; Pierre
Chaussard (9.10 + 10.12) ; Claude G astellier (9.10+ 10.13) ; Guillaume
Vauxion (13+14.10); François Bérault (13.15 + 15.8); Jacques
Vauxion (2 + 2.5) ; Antoine Gault (8 + 8.19) ; Jacques Proust (11.10 +
12.18) ; Claude Cochon (1 + 1.2) ; François Vauxion (13 + 14.10);
Claude Stobre (11 + 12.6) ; Denis Chaussard ; Florent (Jrimault (25 +
28.1). — Dépulés : Pierre Gricve ; Patrice Beiouet.
Pom-ATioN KN 1790. — 352 habitants.
Cahier de doléances de la paroisse de Saint-JJenis-en-Val,
(jrand bailliage d'Orléans.
Les habitaiils de ladile paroisse cetiiipusaiiL le tiers état se
sont accordés à demander :
1" L'aii^iiaMilalKtii du lu^venu de la cinv jnsqiia 2,000 livres,
|i;ir ;i|i|ilicali()ii des l)iens ecclésiaslinues, à la cliarqe ])ai'
M. jr ciii'i'' d(< ne pouvoir exif^er aucune rétrihnrKui lorcéc cl
méinc voldiilairc p(inr r;idmiiiisliMli(iii ^\>^'':^ saci'ciiKMits, i'cIm-
liiilioii iv-iinh't' coiiiiiK' odieuse par M. le curé lui-inéni(\ ([ui,
eu cela, ne laiL (juc se coulbriner au désir de inessicui'S ses
coiifrèrqs ;
CAHIKR lit: SAINT-DKMS-KN-VAL. Ji)
^1'' Une administration nuuiicipale dans leur paroisse, laquelle
administration S(M'ail composée du syndic el des marguilliers,
pour veiller sur la police, dresser des procès-verbaux des
contraventions, arrêter les mendiants non domiciliés et les
conduire devant les juges du lieu;
3« La décliarije de la taille de la capitation d'industrie, de la
contribution à la corvée, même de la gabelle qui serait con-
vertie en un impôt teri'itorial payé par les propriétaires, aux
oiïres par les fermiers de tenir compte, pendant le cours de
leurs baux, aux propriétaires de ce qu'ils payent annuellement
pour taille, cai^italion d'iiidustrie, évaluation de corvée et ga-
belle, de manière ([u'il ne soit imposé dans la suite aucun
impôt sur les fermières sans le consentement des États géné-
raux, dont ils désirent que le retour périodique soit fixé avant
la dissolution des États généraux ; des droits sur les vins (1)... ;
io Que les trais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
5" Que le tirage de la milice soit supprimé, ou, au moins,
qu'il ne soit })as si fréquent, puisque, malgré les ordres de
vSa Majesté et la surveillance des officiers à ce préposés, les
jeunes gens trouvent toujours le moyen de faire des bourses
auxquelles ils font contribuer leurs mallieureux parents, ((ui
sont souvent obligés non seulement de se priver de leur sub-
sistance, mais encore de vendre le peu d'effets qu'ils possèdent
j)Our fournir à cette bourse, ce ([ui devient nécessairement im
inqxH inliniiiiciil onéreux, surtout poui' los habitants de la
campagne ;
()" La réparation des chemins qui aboutissent de la ville à
cette pai'oisse. Il est notoire <pril n'en est aucun de praticable;
qu'il est souvoni impossible aux voitures do parvonii' jiis(prau
boui'g; (pie cependant, cette paroisse f>st regardée connue un
des vignobles les ])lus yirécieux de l'Orléanais, dont les j)ro-
priétaires ne retirent pas tout le Iriiit qu'ils j)oun'aienl en
(1) C'est-à-dire : la décharge de droits sur les vins.
:)(•) BAILLIAGE D'ORLÉANS.
recueillir, parce que la (iiiïiciillé de tirer les vins éloigne les
marcliands et diminue nécessairement le prix de ces excellents
vins; il en est malheureusement ainsi de prescfue tous les
cliemins de la campagne. Ils observent que, quoiqu'il n'y ait
(ju'une route passant sur le bord de la paroisse, ils payent
600 livres pour la corvée chaque an; c'est beaucoup plus
(|ue suffisant pour entretenir cette route, qui n'est même
prescjne pas passage i-e ; néanmoins, elle est encore mal entre-
tenue. 11 fandiail, \nn\v le bien général, (pie les adjudications
pour l'entretien des routes et chemins de traverse se tissent
devant les officiers de la justice du lieu, et que, sans distinc-
tion, toutes personnes fussent admises à cette entreprise;
Les rapprochements des Cours souveraines; que, pour éviter
les irais du pourvoi, il en soit établi une dans cliaque généra-
lité ; que la nomination des officiers de magistrature soit
élective; (jnil soit accordé des États provinciaux dans les
générantes où il n'y en a pas;
Qu'il soit accordé la liberté d'affranchir les biens des droits
seigneuriaux et fonciers par le remboursement de la valeur
des droits, môme les rentes foncières dues aux gens de main-
morte ;
La suppression de tous les impôts actuels pour être remplacés
par un impôt territorial et un impôt personnel, qui seront
payés par les trois ordres sans distinction.
(Suivent '25 signatures ; celles d'Angot ; lîoistard, syndic;
Belouet, etc.)
MÉZIÈRES.
Déjt. Loiret. At-r. Orléans. C"«. Gléry.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tou.ssK. — Baronnie et paroisse. 127 feux (1). 4.50 communiants. De
(iardioles. :Jjustices. r. au b. d'Orléans. Les liabitants vont aux marchés
d'Orléans, Meun^' et Beaugency. On écrit \n\v (Uérj. Assemblée le
(1) Au-dessous, •14V
CAHIER DE MÉZIÈREy. 57
dimanche après le 17 juin, jour de saint Avit. ',V br. d'Orléans. A
3 lieues 1 2 dudit lieu, 3 de Moung et 3/4 de Beaugency. Route d'Ar-
don et Gléry. A une demi-lieue de la route d'Orléans à Bordeaux. Pays
couvert. Vignoble et Sologne. Le terroir est en vignes, bois et terres
labourables. Le commerce est sur le vin et le seigle. Il y a le fief des
Muids dans cette paroisse, appartenant à M. de Vandeuil. Outre les
Muids, il y a quatre autres petits fiefs qui sont : Mantelon, le Buisson,
le Bailli et le Colombier. Onze hameaux qui sont : les Muids, Mantelon,
le Buisson, le Bereau. Nuisance, Roland, la Palotière, le Bailli, la
Folie, Grollet et le Colombier. La cure vaut 7 à 800 1.; collecteur, le
seigneur de Mézières.
1708. — 144 feux. Lenoir. Vigne.
DÎME. — Terres labourables, 1 gerbe 1 2 de 4 pieds 6 pouces par
journée d'homme. Vignes, .5 s. par arpent. Menues dimes : le IS*'.
Taille de la paroisse en 1788. — 3.452 I. 4 s., dont 1,028.13. 0 pour
le principal et 1.823.10. 0 pour les impositions accessoires et la capita-
tion .
Procès-verdal. — Assemblée électorale le dimanche l*""" mars, au
banc d'(jeuvre de l'église, sous la i))'ésidence de Sylvain Dubois, procu-
reur-fiscal de la justice de Saint- Mesmin-de-Micy-les-Orléans, en l'ab-
sence de Denis Robert de Massy, conseiller du roi, docteur-régent et
professeur du droit français en l'Université d'Orléans, avocat en la cour
du Parlement aux bailliage et siège présidial d'Orléans, bailli de la
justice et chàtellenie de l'abbaye de Saint-Mesmin-de-Micy, assisté de
Pierre-Lazare Bourassin, bourgeois d'Orléans, commis d'office pour
greffier à la place de Priandy, greffier ordinaire de cette justice,
empêché. — Population : 150 feux. — Comparants : Fiacre Montigny,
syndic, vigneron (14 -j- 15.11); Avit Javoy, vigneron (29. 15-)- 33) ;
Etienne Montigny (11.15-}- 13.1) ; Etienne Bourgoin, vigneron (6.10-(-
7,4); Jean Tige (14.15 -f- 10.7) ; Pierre Chabre, laboureur (57.10 -f-
63.18); Hilaire Fromentin, vigneron (12.10 -f- 13.17); Thomas Vessier,
laboureur (55.10 -|- 01.12); Nicolas Pineau (0.10 -j- 10.11); Pierre
Lemaire, vigneron (15.5 -|- 10.18); François Adam, vigneron (11.10 -|-
12.15); Claude Thabard, vigneron (7 -j- 7.15); Guillaume Barbet (12-)-
13.6); Hilaire Amary l'ainé ( 10. 10 -f- 21.13) ; Pierre .lavoy ; Jean
Sauvagère, conduiseur (3.5-)-3.12); Jacques Bonnamy; Hilaire Amary
le jeune (8 -\- 8.18); Jean Grimault (14 -\- 15.11); François Roux,
vigneron (12-)- 13.6); Pierre Boissay (24.10-|-27.4); Jean Grimault,
58 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sonneur ((î.lO-f- 7.4); Alexis Couteau, vigneron (8-J-8.18); Pierre
Macé, vigneron (10-|-21.2); Etienne Laurenceau (7-J-7.15). — Déjnc-
lés : Georges Bonnaniy; Jacques Javoy.
Population ex 1790. — 54(5 habitants.
Doléances et remontrances des habitants de la paroisse de
Mézières, bailliage d'Orléans.
Les hiibilaiits <l(> hidile paroisse de Méziéres, composant le
Tiers état, observent (ju'il serait, entre antres choses, de l'avan-
ta<.;e de tons les fidèles snjets de Sa Majesté :
Changer tous les impôts en [un] seul (|ii'on lèvera snr les
biens fonds;
Que le Pailement ne puisse enregistrer aucun impôt avant
la convocation des États généraux ;
Que les réparations de la nef de l'église ne soient payées que
par les propriétaires, et non par les fermiers; qu'il en soit de
mètne de toutes réparations coumumes ;
Qu'il l'éside un officier de justice dans son ressort, et qu'il y
ait une administration suffisante pour maintenir le bon onlre;
Que les frais de justice soient diminués, les procédures
abrégées ;
Que toute espèce de casuel soit supprimée; qu'on dole la cure
d'un revenu suffisant pour la subsistance du cui'é, de sorte
qu'il soit proportionné au nombre des habitants; (|u'on pourvoie
aux besoins des pauvres, et qu'on mette le curé à portée de le
faire ;
Qu'on diminue la multiplicité des actes, dont la plupart sont
inutiles piiur l;i sùi'el('' des seigneurs et propi"iétaires;
(Ju't)u mette les débiteiu's de rentes foncières dans le cas de
ifMubdurser aux simples particuliers, à un prix jugé suffisant,
pour les dédommager, et les mettre de la sorte hors d'état
CAIIJER DE LA CIIAPrOLLE-SAINT-MESMIN. 59
d'exercer les... (1) contre les «ncquéreiirs des biens qui en sont
fnippés directement on indirectement.
(Suivent i8 signatures : celles de Fiacre Montigny, syndic;
Javoy, etc.)
LA en A PELLE-SAINT-MESMIN.
Dép. Loiret. Arv. Orléans. C*^». Orléans N.-O.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. • — Bourg et paroisse. 254 feux (2). 800 communiants. L'abbé
de Saint-Mesmin. D"Orléans pour le marché et pour la poste aux lettres.
5 justices, r. au b. d'Orléans. 3'' br. d'Orléans. Al lieue 1/4 d'Orléans.
Assemblée le dimanche d'après l'Ascension. Route d'Orléans à Meung-.
Sur le bord de la I>oire. Vignoble. Le commerce est en vins. lia cure
vaut 800 1. ; à la collation de Tabbé de Saint-Mesmin. 19 hameaux qui
sont : Le Gourant jusqu'à la grande Source, Vaussoudun, Gouffaut,
les Muids, Oranté, Failli, la Maison Rouge, l'Autruche, les Berges,
le Grand Chemin, Monteau, Beauvoir, Croque-Ghataigne, les Hauts
Ghamps, la Gabillière, Gratelard, l'Orme au Loup, la Patache.
178G. — 303 feux. L'abbé de Saint-Mesmin. Vigne.
DiME. — Terres labourables, 3 gerbes par arpent. Vin, 1 pinte par
poinçon, mesure d'Orléans.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,2.5(3 1., dont 3.897 pour le princi-
pal et 4,359 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mercredi 3 mars, au banc
d'œuvre de l'églLse, sous la présidence de Sylvain Dubois, procureur-
fiscal de la justice de Saint-Mesmin-de-Micy-les-Orléans, en l'absence
de Robert de Massy, bailli de la justice et chàtellenie de l'abbaje de
Saint-Mesmin, assisté de Benoît-François Priand, greffier de cette
justice. — Population : 325 feux. — Comparants : Guillaume Rouillj,
vigneron, svndic(9.10-|-10.12) ; Fiacre Mothiron, vigneron (13.15-)-17);
Sébastien Vignier, cordonnier (7. 1.5-]-8. 13) ; André Plotard, vigneron
(21.10 -j- 24.1) ; François Bezançon, boulanger (1(5.15 -f- 18.15) ; .Tean
r>uiii()nt. vigneron (7-|-7. l(i) : .laoqucs Lojeune, vigneron (12. 15 -j- 14. .5) ;
(1) Un mot illisible.
(2) Au-dessous, 274.
60 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Jean Deshaycs, vigneron (22.5 -j- 24.17) ; Fiacre Couturier, vigneron
(18-{-20.3) ; Claude Moreau (18.15-(-20.19) ; François Romain, vigneron
(0.5-f-10.7): Thomas Renault, vigneron (10.15-f-12) ; Jacques Rouilly
(5 -[-5.12); Jacques Blanchard, vigneron (21 -}- 23.9); Denis Vincent,
vigneron (8-(-3.7); François Bouchet; Jacques Mothiron (12.10-|-13.in) ;
Marcou liejeune, vigneron (16. 15-j-18. 14) ; Guillaume Duniont, vigne-
ron (12.1.5-)- 13.14) ; Jean-Baptiste Prieur, bourgeois (0-j- 6.14) ; Jean
Moreau, vigneron (14.15 -[- 16.10) ; Pierre Soreau (20.5 -f- 22.3) ;
Jacques Desliajes (23.i5-j-26); Etienne Leroy, vigneron (lO.lO-f-21.16);
Nicolas Sougy, vigneron (18.10-)-20.l4) ; Pierre Feuillàtre, vigneron
(15.5 -f- 17.1); Michel Renault (23. 15-}- 26. 11); Jean Beaudenuit
(21. 15 -f- 24. 6); Etienne Baratin, vigneron (18. 10-]- 20. 14); Michel
Lejeune, vigneron (21. 10-)- 24.2) ; Jean Rouilly, vigneron (21-)- 23.9);
Etienne Hatton, vigneron (6. 5-|-7); Augustin Sougy, vigneron (12.15 -)-
14.5) ; Etienne Alézy, vigneron (7-)- 7. 16) ; Jacques Renault (5.10-)-6.3);
Jacques Renault lejeune (5.15-)- 6.8); François Romain, vigneron
( 12. 10 -f- 13.19); .Jean Deshayes (12.15 -f- 14.5) ; François Mothiron
(9. 15-]- 10. 18); Ambroise Pineau, .vigneron (14. 10-]- 16.4); Mathurin
Romain (15.10-)-17.6); Jacques Bergerard, vigneron (5.15-f-6.8) ;
Jean Mothiron (10.15-)- 12) ; P'rançois Deshayes, maîtred école (8.15 -]-
Î).l6); Jean Brunet, vigneron (18-)- 20. 2); Nicolas Renault, vigneron
(22-)- 24. 12); Laurent Daudin, tailleur (7.15-)- 8.13) ; .Tean Sougy,
vigneron (17.5-)- 19.6); Charles Mothiron, vigneron (11.10-)- 12.17) ;
P'rançois Bruslé, vigneron (12.10 -f- 13.19); Jean Groussier, vigneron
(ll-]-12.6); Jacques Deparday, vigneron (22.10 -]- 25.3) ; Jean Brunet
(14. 15-]- 5.6); Mesmin Billard (19. 15-]- 22.2) ; Joseph Bergerard,
vigneron (12.15-)- 14.5); Etienne Rouilly, vigneron (18.10-)- 20) ;
François Blanchard, vigneron (31 -]- 34.13) ; Nicolas Hatton, vigneron
(23-)- 25. 14); François Didier, vigneron (31-)- 34.1 3) ; Sauveur Hatton,
vigneron (7-)- 7. 16); Etienne Grimault, vigneron (23. 10-)- 26.5) ;
Guillaume Mothiron, vigneron (23-)- 25. 14); Jean Cribillidr, vigneron
(8. 15-]- 9. 16); Pierre Deshayes, vigneron (13.15-)- 18) ; François
Groussier, vigneron (9.15-)- 10.18); Michel Ramonet; Jean Bergerard,
vigneron (10.5-]- 11.9); Laurent Blanchard (28.31-)- 6); Pierre Berge-
rard. vigneron (10-]- 11.4); Charles Hatton. vigneron (10.15 -f- 12) ;
Etienne Renault, vigneron (8. 10-)- 9. 10) ; Etienne Daudin, vigneron
( 15.5-]- 17.1); Jean Renault (18.5 -]- 20.8) ; Jacques Percheron, menui-
sier (5-]- 5.12) ; Michel Renault (23.15 -]- 26.11) ; Etienne Brunet,
vigneron (9. 10 -f- 10.12); Sylvain Mornes; François Cochon, vigneron
CAHIER DE LA niIAPELLE-SAINT-MESMlN. 61
(8. 10 -f- 9. 10); Jacques Alézy, vigneron (15.5 -f- 17.1) ; Charles Hattnn.
vigneron: François Motliiron (8.5-1-9.4); Etienne Mothiron. vigneron
(7 -f- 7.16); Antoine Sautereau, voiturier (5-f-5.lL^) ; Lazare Brissard,
aubergiste (16 -|- 17.18) ; Charles-Guillaume Houry, meunier (12-}-
13.8); André Barré, cabaretier (15-f- 16.15) ; Pierre Bourdon, vigneron
(13.10 -j- 15.2); Laurent Groussier, vigneron (12. 15 -|- 14.4); François
Bodin. tailleur (3 -[-3.7); François Couturier, vigneron (12.10 -f- 13. 19);
Denis Mothiron, vigneron (18. 10-}- 20. 14) ; Pierre Dreux, vigneron
(5.5-}- 5. 17); Pierre Groussier, vigneron (16.5 -|- 18.3) ; François
Rouillj, vigneron (6.10-|-7.5); Mesmin Blanchard (9.5-)- 10.7);
Guillaume Bergerard, vigneron (11.15-}- 13.3) ; Etienne Hatton, vigne-
ron (6. 5-}- 7); Daniien Moreau, vigneron (24-)-28.17) ; Antoine
Lejeune, vigneron (6-}- 6. 14); Jean Moreau (16.15-}- 18.15) ; Marcou
Lejeune, vigneron (6-]- 6. 14); Etienne Alézy, vigneron (20-}- 22.7);
Charles Groussier, vigneron (10-}-11.4); Jean Lejeune, vigneron
(6-]- 6. 14); Jacques Deparday, vigneron (8. 15-}- 9. 16) ; François
Leroy, vigneron (16.10 -f- 18.9) ; Etienne Cochon, vigneron (8.10 -j-
9.10). — Députés: Guillaume Rouilly, syndic; Fiacre Mothiron; Claude
Moreau ; François Bezançon.
Population en 1790. — 1,404 habitants.
Cahier des plaintes et doléances faites à Sa Majesté par les
habitants de la paroisse de La Chapelle Saint Mesmin, en
leur assemblée générale du 3 mars 1789 par monsieur le
bailli de la justice de Saint Mesmin et juç/e dudit lieu.
A Sa Majesté.
Vous nous avez doue hMnoii^iié en ce jour, piir votiv très
respectueuse lettre (i), le désir ardent pour le souhii^enient que
vous avez depuis longtemps cherché et désiré, la peine que
votre sage | et] estimable personne se donne tous les jours pour
le scjulagement et les intérêts de l'État. Nous sommes dans
rinqjuissance de vous rendre les louanges et les honneurs qui
vous appartieinient, parce (pie vous devez être regardé comme
la plus juste personne qu'il puisse y avoir sous le ciel, et nous vou-
(1) C'est-à-dire: par votre lettre dont nous sommes très respectueux
62 BAILLIAGE U ORLÉANS.
Ions que vous portiez ce nom, si c'est votre bon plaisir (1),
Louis le Juste.
lo Nous vous demandons, pour tout le bien de votre peuple,
l'impôt territorial, afin ({u'il n'y ait point d'exemption sur aucun
terrain, à qui il (s'/c) puisse appartenir, à qui il soit, et qu'il
plaise d'ordonner une déclaration réi^uliére pour (lu'il ne se
trouve rien d'omis.
2» Nous vous demandons qu'il vous |)laise d'ordonner que
ledit impôt sera également prélevé sur tous les officiers qui
possèdent des charges, suivant leur produit, <le telle (sic)
nature qu'il puisse être.
3o Nous vous demandons que toutes les maïuilactures, de
(luelcpie fobrique qu'elles soient, le négoce, l'industrie, arts,
métiers, conmiissionnaires et correspondants soient taxés à un
impôt, suivant et chacun le produit de leur état, tant dnns les
villes, villages, bourgs et paroisses de campagne.
4o Puisque Votre Majesté a bien voulu nous permettre de
faire nos plaintes et doléances et remontrances, nous vous de-
mandons que les fermiers et sous-fermiers et tous les employés
(jui sont dans les Fei'mes et qui sont la ruine de la France en
général par Ions les impôts (jui sont prélevés (2) savoir :
Premièrement, pour la saline, qui est un alinienl indispen-
sable et le moins coûteux pour la fabrique (,']) ;
Deuxièmement, le tabac dont l'impôt est exli-aordinaii-e ;
Troisièmement, le transport des vins, les entrées de ville, les
d(''bils. Le tout coûte consid(''r;ilil('ni('nl, cl de Ions ces dilïerents
droils, à peine peut-on payer les employés et les lermiers ; la
populace est ruinée et Sa Majesté reçoit peu. Il est donc
temps et niônif ini|»orl;nit de mettre remè<l<' à ccl alli'cnx
désastre, regardant noire l'oyaume de France comme un arbre
qui se pr('j);n-«' à lleurii-, et que des insectes lui rongent ses
(1) Les points suspensifs sont dan^ l'ui'iginal.
(2) lj> pliiuse n'csi pas termin(!'e. Le sens est complété par colle qnon lira iilus loin : il est
donc ulisolument nécessaire de révoqiiLT tous ces employés
('.!) C'esl-ù-diie : le moins coûteux ù fabriquiT.
CAHIEll DE l.A CllAl'ELLE-SAINT-MKSMIN. 63
fleurs à mesure qu'elles poussent, ce qui empêche qu'il ne
produise du l'ruit (U^^ ^^^ donc absolument nécessaire de
révoquer tous ces employés qui sont représentés comme des
insectes dans le bon royaume de France, respecté de tous les
princes de l'univers.
50 Nous vous demandons que les revenus des apanages et
domaines des princes ne soient point diminués, quoique révo-
quant tous les employés de leurs apanages, en portant sur le
territorial de leur apanage ceux qui peuvent avoir des revenus,
leur fermier général payé.
60 Comme nous vous avons demandé la taille territoriale, il
faut expliquer les causes : ce sont les «droits prélevés sur les
vins, et qui empêchent le transport de cette marchandise et
qui sont la cause de la ruine de tous les vignobles, qui ont
payé jusqu'à ce jour plus de droits de toute nature, tant en
vingtièmes, taille, capitation, impositions accessoires et l'im-
position pour l'entretien des chemins.
Paie (2) onze pour cent pour les vingtièmes; plus, pour la
taille, paie douze pour cent; plus, pour la capitation et inii)o-
sitions accessoires, dont le marc la livre du principal de la taille
est d'une livre deux sols six deniers, fait treize livres dix sols
pour cent ; plus, pour l'entretien des routes, cinq sols pour livre
du principal de la taille, fait trois livres pour cent. Total que
notre paroisse de La Chapelle Saint-Mesmin paie pour cent :
trente-neuf livres dix sols.
La plupart de nos cultivateurs tiennent leurs emplois à ferme
ou à rente, dont les propriétaires en (sic) reçoivent les revenus
et se trouvent quittes en p;iyant seulement les vingtièmes.
7» Nous vous demandons, pour ces bons et utiles et cliai-i-
tables pasteurs de paroisse qui sont occupés pour le service divin
et pour les instructions de leurs paroissiens et sont très souvent
tourmentés par la grande (jiiantilé de i)auvres de leur paroisse
(1) Les points suspensits sont iluns l'orit^'inal.
(2) C'est-à-dire : Noire paroisse paie.
04 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
pt même obligés d'aller chez les riches de leur ])aroisse pour
([u'ils fassent l'aumône à ces pauvres, ne pouvant subsister, vu
le peu de revenu de leur cure, et qu'il serait nécessaire de fixer
une dotation de 2,000 livres par la réunion des cures voi-
sines ou, au défaut, par une application des biens ecclésias-
tiques aux curés primitifs et une dotation proportionnée pour
les vicaires, dont les curés n'exigeront aucun droit forcé.
80 Nous demandons une administration municipale dans
notre paroisse, composée du syndic et des mai-guilliers pour
veiller sur la police, avec pouvoir de dresser procès-verbal de
contravention qui serait encontre les ordonnances du roi (1),
arrêter les mendiants non domiciliés et sans certihcat, et les
conduire devant les juges du lieu.
9'j Nous vous demandons que les frais de justice soient dimi-
nués et taxés, soit des notaires (2), soit des contrats et insi-
nuations, soit des procureurs ou greffiers, et que les procé-
dui-es soient abrégées.
U>' Nous demandons (|u'il soit très expressément défendu à
tout marcliaiid de blé, loin, avoine et de besquiai (sic) (3),
même du bois à brûler, d'avoir des correspondances dans
dillërents endroits du royaume, même sur l'étranger, qui
tiennent une des plus grandes parties de celt(> marchandise en
main forte afin de tenir toujours la cherté et de faire |»(M'ii' le
pauvre indigent.
Il" Nous vous demandons ({ui' Ion punisse le vice ([ui se
pr;iti<pi(' p;n'mi plusieurs marchands, (pii, a|)rès avoir diverti
les (Icnit'i's de leur marchandise sans l'avoir payée, font une
coutume de faire cession (i) et cela est si commun que
plusiem-s de ces gens-là ne peuvent monlrei- volontiers de
pertes bien certaines. Il serait nécessaire d'en faii'e un cxein-
(1) C'fst-à-diiv : ilo loiite contravention (jui serait luiLi^ aux ordonnances du roi.
(2) C"f'4i-ù-din! : \o^ frais à l'occasion, soit des actes devant notaire, soit...
(3) Ui'taii.
(4) Dans le te.xle, il y a à la iilucc de ces points des mois inintelligibles : « on appelle
manque ».
CAHIER DE LA CIIAPELLE-SAINï-MESMIN. 05
plaire par piiiiilioii corporelle, excepté ceux (pii niontreraienl
leurs pertes par des accidents fâcheux, pertes par le feu ou
pertes par la navigation,, dont les preuves seraient bien cer-
taines.
12" Nous demandons que toute noblesse ou haut et bas
clergé ne fasse aucun commerce, sous [quelque] prétexte que
ce soit, soit par commission ou par correspondance, à peine de
confiscation, perte de leurs titres de noblesse ou interdiction;
leur permettre seulement de vendre leurs récoltes qu'ils
recueillent dans leurs terrains ({u'ils font valoir par eux-
mêmes.
i3o Nous demandons que tout inspecteur et ingénieur
veille avec sévérité [sur] les entrepreneurs des ouvrages du
roi, qui, sans prétexte, font paraître des dépenses innombrables
et [qui] quelquefois sont bien fausses. Nous vous demandons
qu'il vous plaise d'ordonner à toute municipalité de veiller (1), et
même aux entrepreneurs de n'employer aucuns matériaux sans
qu'ils ne soient comptés par les ingénieurs ou par ceux qui
tiennent la police des paroisses dont se tirent les approvision-
nements, sous peine d'amende.
44o Nous demandons que tous ministre, amiral, chef d'es-
cadre, général d'armée, tant par mer que par terre, gouver-
neur des îles et des villes froiUières, soient récompensés de
leurs bons et fidèles services, et que tous pareils ofliciers qui
auraient la même administration fassent punis avec rigueur et
sévérité s'ils manquent de remplir leur devoir en supposant
toute fausseté, comme nous l'avons vu flans les guerres de
notre connaissance,
ib^ Nous vous demandons d'ordonner que le lieutenant de
police de notre ville d'Orléans soit plus exact et veille à rendre
justice : l» dans le marché au blé d'Orléans, où les marchands
achètent à Loule iicui'c de la journée, av;ml (|iie même la po[»u-
(1) Sous-eiitentlre : à ce que le^s enlrepreiieurs n'emploient.
T. i.
00 lîAll.l.lACK I)"<1R1,KANS.
lace ait leur (sic) founiilure; 2" nous demandons que aucun mar-
chand ni même les boulangers, après avoir acheté une voiture
de blé, n'aient point à refuser depuis une mine jusqu'à un sac
de quatre mines de blé au particulier qui en aurait besoin,
en le payant, sous peine d'amende contre lesdits marchands
ou boulangers.
lOo Nous vous demandons qu'il soit fait défense à toute per-
sonne de planter de la vigne dans les terres qui ont l'usage
d'être en blé, et même défendre d'arraclier aucun bois sous
peine de punition par argent,
(Suivent 54 signatures : celles de Plotard, Mothiron, Rouilly,
syndic, etc.)
■ Romet, procureur au Châtelet d'Orléans, présida, à la place de Robert de
Massy, bailli de la justice de l'abbaye de Saint-Mesmin, les assemblées des
paroisses de Saint-IIilaire-Saint-Mesmin et de Saint-Nicolas-Saint-Mesmin.
La rédaction des deux cahiers étant pareille, nous ne publions que celle de
Saint-Hilaire, en portant en notes les diderences qu'elle présente avec celle
de Saint-Nicolas. Les notices relatives aux deux paroisses se trouvent à lu
suite immédiate Tune de l'autre.
SAlNT-IflLAlRE-SAINT-MESMIN.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C^». Oi-léans N.-E.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourii" et paroisse. ::^(J0 feux (i). TTOconnnunianIs. Le Duc
d'Orléans. ;} justices, r. au b. d'Orléans. J)'()rléans pour le marché et
la poste aux lettres. 3" br. d'Orléans. A 2 lieues dudit lieu. Route de
Cléry à Orléans. A une demi-lieue de la rivière de Loire. Assemblée
le dimanche de la Quasimoilo. Vignoble. 4 hameaux (jui sont : Fleurv,
les Muids ([)artie). les Peri-ières et les A'alins. La cure \aiit 1.(100 1. :
à la collation di; l'abbé de Saint-Mesmin.
17(W. — 303 feux. Ij'abbé de Saint-Mesmin. Vigne, fruits.
DÎMK. — drosses dîmes : blé. 2 gerbes par arpent; grains. 1 gerbe:
vignes. '2 s. C» d. par ar[pi'iil. N'crtcs dinies : [lois. 13'' bilinn (Hi planciit;
en nature.
ili Au-ilesj.soiis, IIKJ.
CAHIER DE SAINT-nn.AIRE-SAIXT-MESMIX. 67
Taille de la paroisse en 1788. — 7,200 1. 18 s. (i •!., dont 3,384.10
pour le principal et 3. 870. 8. G pour les impositions accessoires et la
capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche premier mars,
au banc d'œuvre de l'église, sous la preszcZewce de Pierre-Joseph Romet,
procureur au Ghàtelet d'Orléans, avocat en Parlement, en l'absence de
Denis Robert de Massv, conseiller du roi, docteur régent et professeur
de droit français en l'Université, avocat en la cour de Parlement aux;
bailliage et siège présidial d'Orléans, bailli de la justice et chàtellenie
dépendant de l'abbaye royale de Saint-Mesmin-de-Micy-les-Orléans. —
Population: 288 feux. — Comparonts : Guillaume Rourdeau (23.15-f-
27.1); P>ançois Legroux (19 -f- 21.13) ; Jérôme Chrétien, tonnelier et
marchand (13.5 -f- 15.2); Paul Rousseau, boucher (9.10 -f- 10.10); Fran-
çois Poutil, meunier (30. 10 -j- 41.12) ; Gentien Roistard (32-|-30.9); Jac-
ques Laurenceau (20-}- 22. 10); Joseph Jarrige, chirurgien et buraliste
(9 -f- 10.5); Louis Durand (48.10 -f" 55.5); Nicolas Lhuillier (15 -|-
17.2) ; Pierre Amary (30.10-)- 41. 11) ; Simon Foucard le jeune (12.10-|-
14.5); Charles Roulage, préposé des vingtièmes (10.5-|-18,11); Jacques
Thomas (20-]- 29. 13); Nicolas Lepage (27.10 -f 31.0); Jules Robinet ;
Jacques Chrétien, cabaretier (9-|- 10.5) ; Louis Cornet, charcutier (10 -j-
18.5); Joseph Marotte (9-)- 10.5) ; Guillaume Clergeau; Pierre-Alexan-
dre Amary (7.10 -]- 8.11) ; Antoine Moireau, boulanger (20 -)- 29.13) ;
Martin Loiseau (0-|-0.17) ; Claude Lanson (27 -f-. 30. 15) ; Claude Lhuillier
(11.10 -j- 13.2); Guillaume Héaulé (13.5-|- 15.2) ; Antoine Durand
(35 -j- 39. 18); Vincent Roulage le jeune; Hilaire Legroux (13 -(- 14.10);
Jean Lanson père (32.10-^37.1) ; Jean Parard 10.10 -j- 11.19) ; Pierre
Legroux (0.15-j-7.l4) ; Hilaire Durand (38 -f- 43.015) ; Hilaire Lan-
son (13.5-]- 15.2); Louis Durand (l3-j-14.10) ; Louis Javoy (lO-f-
18.5); Gabriel Legroux (12.15 -^14.11); Pierre Relouet (18-^20.10);
François Legroux (10 -j- 18.5); Jacques Foucard ((j-f- 0.17) ; Jacques
Roulage(10.10-f-18.10); Jacques Mathieu (9-|-10.5); Pierre Hérault
(O.lO-j-7.8) ; Gentien Parard (11 -}- 12.11) ; Maurice Crosnier ; Pierre
Simon; Jean Javoy (15-^17.2): François Liiuillier (10-|-11.8);
Martin Lanson (17-[- 19.17) ; Gentien Roistard hls, vigneron (O-j-0.17);
Rarthélémy Roucheron (7-|-8); Guillaume Dubois, cabaretier (7 -|- 8);
Jean Giimault (7.10-(-8.11) ; Pierre Legroux (15 -j- 17.2); Jean Cour-
tin (8-f-9.2): Hilaire .lavoy (4.5 -j- 4.17) ; François Lanson (24.1 5 -f-
28.4); Marcou Lebrun (9.10 -f- 10.10) ; Jean-Raptistr Cliauveliu
08 bailtja(;e d orléans.
(12.10 -f- 14.5): Joseph Richer, monuisier (5-J-5.14) ; Gilbei'l-Abraham
Desvigne.s; Jean Courtin {2-j-2.~)); Paul-Barthélémy Gourtin (5-)-5.l4);
René Delaville père (5.10 -|- 6.5) ; Pierre-Martin Legroux (18.10 -|-
21.1); Jean Durand (6 -f- 6.17); Antoine-EustacheLegToux(10-|- 11.8);
François Lhuillier(18-f-20.10); Pierre Foucard (4.10 -f- 5.20); Antoine
Lhuillier (11.10 -f- 13.2) ; Jean Beaujean, charpentier (4.15 -f- 5.8) ;
Jean Lepage (14 -|- 15.19); Jean Beaulieu père (24 -j- 27.7); Alexandre
Glergeault; Michel Gouchault (5.10 -|- 6.5); Gabriel Lanson (13.5 -j-
15.2); François Laurenceau (9.10 -j- 10.16); Jean Durand (5. 10 -f- 6.5);
François Gourtin, cordonnier (5.15 -[- 6.11) ; Sébastien Laurenceau
(14-|- 15.19); Jacques Durand (15.5-1-17.9); Etienne Roullet (IS-f-
U.U)); Gervais Durand; Barthélémy Lanson (8.5 -j- 9.8) ; Jérôme
Héaulé (6.10 -]- 7.8); Jacques Angot, cordonnier (l-f-1.3); André
Parard; Jacques Beaulieu; Gentien Durand (9-)- 21.13); Barthélémy
Héaulé; Charles Durand. — Députés : Jérôme Ghrétien; Louis Durand;
NicoUe Lhuillier.
Population en 1790. — 808 habitants.
SAW T-NICOLAS-SAINT-MESMIN.
Bép. Loiret. Avr. Orléans. C»". Orléans S. C'"'. Saint-Pryvé.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Pas de notice.
1768. — 58 feux. L'abbé de Saint-Mesmin. Vigne.
DÎME. — Gro.sses dîmes : blé, 2 gerbes par arpent; grains, une
gerbe; vignes, 5 s. par arpent. Vertes dîmes : pois i-onds et vesoe.
13" billon ou planche en nature.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,909 1., dont 1,232 pour le prin-
cipal et 1,677 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verijal. — As.scmblée électorale le dimanche 1"^'' mars, au ])anc
d'fi'U vre de l'église, sous la présidence de Pierre-Joseph Romet, avocat en
Parlement, procureur au Ghàtelet d'Orléans, en l'absence de Denis Roljcrt
de Massy, avocat en la cour de Parlement aux bailliage et siège présidial
«rorléaiis. bailli de la jnslicc et chàtellenie dépeiidaiil de Tabliayc roNale
de Saint-Mesmiii-de-Micy-ics-Orléans. — Popuhdion : 54 feux. —
Cutn/iûi-anls : Noël Pelitet, syndic (56.10 -f- 76.6) ; Hilaire Chrétien
CAIllKH HK SAlM-llll..\JKi;-S.\lM-.Mi;s.ML\. 09
(53 -(-71.9); Hilaire Breton ( tlMO -f- Od.iT) ; Fi-aïK-ois Qiiétin (70-j-
94.0) ; Pierre Martin (01 -|- 8l\G) ; Hilaire Mathieu (5-f-(3.15) ; Joseph
Bouin (O-j-8.2); Antoine Boistard (10 -|- 13.10) ; Pierre-Henri Fortier
(3-f-4.1); .Joseph Marotte (78.10 -|- 105.17); Antoine Moret ((Jl.lO-^
82.19); Michel Mault, vigneron (15-J-20.4); Cuillaume Allais (11. lO-j-
15.10); François Midiou (2(5.15 -|- 35.18) ; Xieolas Gallerand (5-}-
0.15); Tiiomas Parard (5 -j- 0.15); Jacques Parard, vigneron (5.10-[-
7.8) ; Sébastien Camus (4-f 5.8) ; François Michou fils (19.10-]-2().5) ;
Jacques Tabard (47 -j- 63.7); Charles Sautereau (6.5 -|- 8.8); Pierre
Dufay (6-f-8.2); Pierre Richard (0-|-8.2); François Richard (8-f-
10.16); Pierre Boulange (38 -f- 51.5); Yrain Franche! (2-|-2.14);
François Sautereau (4-f- 5. 8); Fiacre Deparday; François Michou
(22 -(-29.13); Sylvain Moret (2-f-2.14); Jean-Paul Boulmier; Jacques-
Aubin Gallerand (5-J-6.15). — Déjiulés : Hilaire Chrétien; Hilaire
Mathieu.
Population en 1790. — 190 habitants.
Cahier de remontrances, plaintes et doléances de la paroisse
de Saint-Hilaire-Saint-Mesmin, près Orléans, contenant
notre vœu général [sur] les besoins de l'Etat, la réforme
des abus, rétablissement d'un ordre fixe et durable dans
toutes les parties de l'administration, la gloire et le bonheur
du Roi et le bien de ses sujets, fait par nous soussignés,
tous nés français ou naturalisés, âgés de vingt-cinq ans,
compris dans les rôles des impositions, habitants de la
paroisse de Saint -Hilaire- Saint -Mesmin, composée de
''288 feux, défaut et absence des défaillants (1).
Lcilil cahier rédiyé oejouixl'hui, (liinaiiche le>' mars 1780, en
l'assemblée générale de ladite paroisse de SainL-Hilaire-Saint-
Mesmin, convoquée an son de la cloche en la manière accoutnmée
au banc de l'œuvre de ladite paroisse, en vertu des ordres de Sa
Majesté portés par ses lettres données à Versailles le 24 janvier
dernier pour la tenue et convocation des États généraux du
(1) Les f inq derniers mois sont supprimés dans le texte de Saint-Nicolas.
70 liAii.jJAiii-: d'ohi.éa^s.
royaume el pour salislaire aux ivykMnculs y annexés, ainsi qu'à
Fordonnance de monsieur le Lieutenant général du bailliage d'Or-
](''ans ( lu 13 février, présent mois, et en exécution de l'ordonnance
de M. le bailli de ladite justice de Saint-Mesmin du 20 fé-
vrier dernier, tlonl nous avons tous connaissance tant par les
publications qui on ont été ci-devanf faites au |)r(Uie dos messes
paroissiales que par la lecture ({ui vient d'en èti-e faite cejour-
d'hui à l'issue de la messe de paroisse et par l'aftiche qui en a
été mise et attachée à la porte de cette église et autres endroits
(Ml la manière accoutumée.
Accablés d'impôts, ne pouvant plus nous soutenir ni subsis-
ter, les campagnes ([ue nous habitons se dépeuplent et devien-
nent désertes; le désir de leui' culture nous abandonne; nous
nous découi'ageons parce que l'on nous ùte par les imjxMs le
pouvoir de fumeries terres et (feu l'otirer les productions : la
taille arbitraire, la corvée, impôts ruineux et pei'uicieux, celui
du sel et tous les autres, (|ui nous rendent tous également
iiiallicureux. Les riches ne paient point en proportion, tandis
(juc nous, écrasés sous le poids du travail et de la chaleur du
jour, nous portons le fardeau des impôts pour le paiement
desquels on nous V(Mid nos lits. Les di'oits d'aides, les (•ontr('iles,
les procédui'es nous ruinent. Nous demandons sui'tout (|ue ce
soit notre juge qui nous rende justice, et (pie nous ne soyons
pas obligés de quitter nos i'emmes, nos enfants, noti'e travail
poni- allci' les suivre à trente ou (juarante "lieues de chez nos
demeures, attendu que nous aimons mieux perdre nos petits
pati'imoines que de plaider contre ceux ([ui veulent nous les
enl('V(M', et surlout contre les riclies.
Nous sommes joiu'nidiers pour la plupart dans la paroisse ;
nous sommes obligés de faire les corvées ou de les payer,
tandis que nous devrions nous occuper à cultiver les terres.
Nous avons découvert l'origine du mal : c'est parce que les
impi'its ne sont pas payés par les riclies et par les nobles qui en
son! exempts, ainsi ([ue les ecclésiastiques, ce qui nous détermine
tous à faire au lloi et aux États généraux qui vont se tenir
(;A1IIER ItK SALM-IIlLAlUi:-t;.VLNT-ML:.S.ML\. 71
nos doléances et très humbles supplications, qui sont que les
députés du troisième Ordre soient au moins égaux en nombre
à ceux de la Noblesse et du Clergé réunis, afin que nous ne
soyons pas opprimés comme nous le sommes ; qu'il soit tenu
des États généraux pour le bonheur du Roi et le nôtre, même
tous les ans; que les inqi(Ms soient payés proportionnellement
entre tous les sujets du i'(tyaiiine sans distinction et sans Irais
de perception; <|uil y ait une rélorme dans la justice civile et
criminelle, dans la procédure, les droits de greffe, de contrôle,
et quil soit établi dans cette généralité une justice pour ne
point être obligés de faire des frais énormes de voyage ; qull
soit établi un seul impôt sur les propriétés, qui sera versé dans
une caisse nationale dont les ministres fourniront letat à la
Nation et dont ils seront responsables; la suppression de la
vénalité des charges de judicature ; l'établissement des États
dans cette province; la réforme des abus, des privilèges et
l'extinction de tous ceux qui sont accordés en faveur des nobles
et du clergé.
C'est en observant tous ces articles et tous ceux qui seront
admis par le \œ\i général que nous espérons à (sic) la félicité
du Roi, à la gloire du royaume et à notre bonheur. Nous nous
réunissons tous à ce qu'il y a de Ijons citoyens et au vœu
général de toute la France pour demander la destruction des
abus dont nous venons de parler et de tous autres que nous ne
pouvons détailler ici, nous en rapportant à la prudence des
députés que nous allons nommer, et les engageant de se sou-
venir qu'ils doivent oublier leurs intérêts particuliers pour
conserver ceux de la paroisse en général ; sans quoi, nous
les garderions (i) comme parjures à notre patrie et à notre
paroisse.
Clos et arrêté par nous tous habitants qui savons signer et
autres qui se sont retirés sans le pouvoir, ainsi qu'il sera
(1) Sic, pour : regarderions.
72 BAILLIAGE d'ORLÉANR.
constaté par le procès-verbal de noininatioii de nos dépu-
tés (1).
Nous <leniandons (Ml oiilre qu'il soit accordé à monsieur le
curé de cette paroisse une somme de 2,000 livres pour le
mettre à portée de vivre honnêtement et sans aucune rétribu-
tion, et (|u'il soit rendu à cette paroisse le pàturai^e ([ui man(|ue
poni- la nourriture des bestiaux.
(Suivent 52 sii^natures : celles de Jacques Chrétien, Du-
j'and, Bourtleau, etc., et celle de Romet.)
12" .U'STICE DE BUCY-LE-ROI.
Uoiiii't, que nous jivoiis troiivf'- commo présidiMit, à la place de Robert de
Massy, à Saint-Hilaire et à Saint-Nicolas-Saint-Mesmin, présida rassemblée
de Bucy-lc-Roi en qualité de bailli de la justice du lieu. Le cahier de Bucy,
qui, en raison de sa date, a dû être l'édigé avant les deux autres, présente
plusieurs doléances analogues, avec des variantes qui se remarqueront aisé-
ment à la lecture.
BUCY-LE-ROI.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. r>». Artonay.
Gén. EL Gren. Dioc. Orléans.
joussE. — Paroisse. 51 feux. 1.50 communiants. MM. do Saint-Victor
de Paris. D'Artenay pour le marché et [JOUr la poste aux lettres. Haute
justice, r. à Orléans au h. Assemblée le jour de saint Li[)har(l. Hr. de
Lanf;ennerie. A 2 lieues de Lanj^cnnerie, 5 d'Orléans et 1 d'Artenav.
A une lieue delà forêt d'Orléans. Dans une jjlaine. Beauce. 100 arpents
de terres labourables ; 8 arpents de viii'nes. I^c prieuré vaut 200 livres.
1768. — 63 feux. MM. de Saint-Victor. Blé.
DÎME. — Pas de dîme. Tout est à champart.
(I) A partir d'ici, le cahier de Saint-Nicolas continue ainsi :
En observant tous que nous sommes dans l'impossiljilitô de supporter ni payer dans cette
paroisse aucun impùt dans ce moment, toutes nos propriéti's et liicns ayant éti^ ravagés par
l'inondation des eaux de la Loire, par les courants des gla(;ons qui ont détruit nos héritages et
nos propriétés comme le pont du Loiret qui intercepte la communication de toutes voitures et
réduit le pays dans la misère la plus alTreuse.
Signé : Noël Petilet ; Hilairo Chrétien ; Hilaire Breton ; ,loseph Bouin ; Antoine Boistard ;
l'icrrc-Hcnry Korlié; Marotte; Antoine Moret ; Camus; Guillaume Allais; Michounis; .Tacques-
Auhin Oallerand ; Uomet.
CAillKR DE BICY-LE-UOI. 73
TAiLi,Rflo la paroisse on 1788. — 2.898 1. 1.") s., dont I-SS."!.!.") \umv
le principal et l..")13 poui' les impositions accessoires et la capitation.
PROcF.s-vERiiAii. — Assemblée électorale le mercredi 2r) févi'ior. au
prétoire de la justice du lieu, sous la présirhnce de Pierre-.Ioseph
Romet, avocat en Parlement, bailli de la justice de Bucj-le-Roi. —
Populalio7i : 52 feux (1). — Covipavanis : Pierre Sevin, laboureur
(G:3.10 -|- 09.7); Jacques Duret, laboureur (49.10 -]- 54) ; Lazard
Houzé, charretier (5 -j- 5.9) ; Aignan Malaquin, charretier (5 -|- 5.9) ;
Pierre Greffin, charretier (5.5 -(-5. 15) ; Fran(,'ois Gentr (15.15 -(-17.4);
Paul Fannon fils; Philippe Picard, métivier (1.10 -[- 1.13) ; Etienne
Legrand ((3.5 -|- (3.1(3) ; Aignan Malaquin, laboureur (88.5 -f- 90. 18) ;
Aignan Picard, journalier (2-|-2.4); Pierre Baras; l'aul Fannon,
charron (10.10 -j- 11.9) ; François Gouvret, laboureur (22.10-)-
24.11); Michel Giiesneau, cordonnier (9-)-9.16); Etienne Benoît;
Philippe I*errault, laboureur (77.10 -|- 84.12) ; Michel Foirien, char-
retier (12-}- 13.2); Sébastien Perrault; .Jacques Charron, charretier
(7 -j- 7.13); Pierre Bénard (6.15 -j- 7.7) ; .Jean-Baptiste Madré;
Sébastien Ménard. journalier (1.10 -J- 1.13); Etienne Moreau ; Fran-
çois Perrault ; Aignan Picard, journalier (2 -f- 2.4) ; Antoine
Laurent, syndic, membres de la municipalité. — Déj)utés : Pierre-
Joseph Romet ; François Gouvret.
Population en 1790. — 170 habitants.
Cahier de remontrances, plaintes et doléances de la com-
mune de Bucy-le-Roi, province de l'Orléanais, concernant
le vœu général, les besoins de l'Etat, la réforme des abus,
rétablissement d'un ordre fixe et durable dans toutes les
parties de l' administration, la gloire et la prospérité du
royaume et le bien des sujets du Roi.
(2)
Il y a longtemps que les habitants des campagnes, dont ceux
f[ni demeurent en cette paroisse ne font qu'une portion divisée
à l'infini, rpii ciillivent les terres, qni nourrissent et entre-
tiennent les bestiaux, dont les produits essentiellement nc^ces-
(1) L(i caliier porte 53 feux.
(2> Les points suspensifs sont dans Toriginal.
/ 'j BAILLIAGE D ORLEANS.
saires sont portés aux villes et le prix en provenant payé aux
propriétaires, aux créanciers de rentes, languissent dans la plus
grande misère, accablés d'impôts réels par les tailles et les
corvées et par ceux fictifs (|ui se sont successivement établis
sur les denrées en tous geiu'es (|u'ils consomment journelle-
ment avec la plus I liste économie, et nonnnément sur le sel
dt^venii si nécessaire à la vie et dont l'énormité de l'impôt fait
la seule valeur. Cependant tout le monde convient (jue, sans les
travaux pénibles du laboureur écrasé, plus de blé, plus de pain ;
sans lui, plus de bestiaux, conséquemment plus de viande ;
enfin, plus de denrées de première nécessité pour la vie de
tous ](^s individus. C'est cependant cette portion essentielle et
iiiiioiiihiMlilc (riiabitaiils du l'oyauinc, dont les pénibles occupa-
tions pi'ocurent les premiej'S besoins de la vie, qui se trouve la
première la plus écrasée. En effet, dans l'intervalle immense
de cette classe d'hommes au roi, et pour donner une idée trop
faible encore de l'oppression dans laquelle elle gémit, qu'on
suive graduellement la chaîne des redevances, des corvées, des
tailles et des autres impôts et de leur ruineuse perception : on
y verra les laboureurs écrasés parles propriétaires; ces der-
niers le sont par d'autres, et, s'écrasant les uns par les auti'es
successivement jusqu'au trône, tous se ti'ouvent opprimés. Le
laboureur toujours dessous est écrasé contre la terre du poids
de celui qu'il nourrit ; un pain noir, rebut du blé qu'il ne peut
vendre, fait sa principale nourriture et l'eau sa boisson joui-na-
lière.
En vain clitM'clioiis-nous tous par des travaux fatigants cl
par une économie forcée à donner à la ten-e ses labours et ses
engrais nécessaires pour la production ; la taille, la corvée, les
inq)()ts et mille auti-es droits destructeurs pesant encore sur
nous, tout dégénère et tout périt. Triste, mais tableau trop
fidèle et trop vrai du sort alïreux qui opprime le laboureur, et
pailiculièrement le droit de champart en cette paroisse.
Ces malheurs (|ue nous aurions dû ignorer à jamais ont des
sources que nous connaissons maintenant, parce que nous les
CAiiiKU [»!■: I!L(:v-i-f:-roi. /ii)
éprouvons tous; habitant les canipaj^nes, nous les avons clier-
cliées lonj^temps ; nous avons aeipiis à nos dépens ces connais-
sances luiiestes, et nous sa\(iiis tous aujourd'hui que si le mal
n'est pas coiiih'' dans sa source, nous n'avons rien à espérer de
la révolution ({ui va s'opérer.
D'après ces motifs bien sentis entre nous, après avoir mûre-
ment rétléchi, notre premier but, notre unique désir, que nous
consignons ici unanimement en domiant pouvoir aux députés
(juenous allons nommer de les porter à l'assemblée préliminaire
du 7 mars prochain et ensuite aux Ktats généraux réunis dans
les cahiers des autres paroisses (1), enfin notre vœu général
est de demander dans les circonstances actuelles :
io Qu'avant de procéder à aucune opération aux États géné-
i-aux, où les députés du Tiers état seront nécessairement en
nond)re égal à celui du premier et du second ordre réunis, il
soit |iivliminairement et définitivement arrêté que tontes les
délibérations soient constamment prises par les trois ordres
réunis et <[ue les sulîrages soient comptés par tète ;
2o Qu'en l'appelant les principes constitutionnels de l'Etat,
on procure à la France une constitution cpii confirme à jamais
notre gouvernement monarclii([ue, l'hérédité de la couronne,
la stabilité des droits du Uoi et ceux du peuple français, qui
consacre l'inviolabilité de la foi publique et assure la liberté
individuelle de tous les citoyens, de manière qu'on ne puisse
dans aucun cas et sous aucun prétexte y porter atteinte ainsi
qu'à toutes les propriétés ; ([ui défende expressément l'établis-
sement d'aucime loi, la levée d'aucun impôt, qu'il soit même
lait d'emprunt sans l'autorité du Roi et sans le concours et le
consentement des États généraux ; qui établisse enfin la
réforme nécessaire des abus relatifs à la procédure et aux
tribunaux tant supérieurs qu'inférieurs et à l'administration de
la justice ;
3° Qu'après avoir pris une connaissance pleine et entière des
(l) C'est-à-dire : \en États généraux où nos désirs seront réunis à ceux qui s'expriment dans
les uutres cahiers.
76 BAIIJJAGE d'OULÉANS.
revenus el dettes de l'État et de ses besoins, il soit établi un
nouvel ordre dans l'administration des finances, afin d'éviter
les abus ; l'établissement d'une caisse nationale afin que les
dettes de l'J'^tat soient acquittées soigneusement et fidèlement,
dont les fonds ne pourront être touchés ni divertis par les
juiuislres, dont l;i responsabilité ne remédierait ({ue faiblement
à un mal (pi'il viiudrait mieux éviter que punir;
4» La réunion, difficile à la vérité, mais bien essentielle, de
tous les divers impôts en un seul levé dans une juste propor-
tion sui' les trois ordres sans frais de perception, d'abord rela-
tivement aux besoins actuels de l'État et de la dette nationale,
ensuite proportionné au bonheur du Roi, à la gloire du trône,
à la prospérité et au salut de la nation ;
5» Le retour fréquent et périodique des États généraux et
l'établissement uniforme d'États provinciaux dans l'Orléanais,
même dans tout le royaume où il n'y en a pas encore d'établis,
au lieu des assemblées provinciales qui ne représentent point
les provinces, n'ayant pas été nommées par elles.
Tous ces grands principes établis, nous sommes certains
qu'il en résultera un bien général qui refluera nécessairement
dans toutes les parties du royaume et sur toutes les classes des
citoyens. Les laboureurs verront avec une reconnaissance res-
pectueuse les citoyens qui les écrasaient placés, à la vérité, au-
dessous d'eux, mais supportant dans une juste proportion
les charges de l'État sans les accabler. La terre mieux engrais-
sée, cultivée plus soigneusement, produira davantage. L'ai-
sance, la paix, la tran(pullit,é fixeront à jamais le bonheur dans
la France sur tous les ordres des citoyens.
Au surplus, nous déclarons unanimement que nous nous en
rapportons avec confiance, tant sur les objets ci-dessus détaillés
que sur tous autres qui n'ont pu y être exprimés, à la prudence
des député's que nous allons nommer, les engageant d'avance
(\e(fii('j mcllrc de côté toute considération personnelle et tout
intéi'ét particulier et de se rappeler sans cesse que leur conduite
doit être dirigée par la fidélité envers Sa Majesté, la justice, la
C.AHIKH DE SOUr.Y. 77
modération, le respect des pi'opriélés, W vœu général, l'amour
de l'ordre, de la tranquillité publique, et en particulier pour le
bonheur de cette paroisse.
(Suivent 16 signatures : celles de Lazare Houzé, Sevin, syn-
dic; Bénard, greffier, etc., et celle de Romet.)
i'S'i Justice de Sainte-Croix d'Orléans.
Salomon de la Saugerie, avocat en Parlement, proie&seur à l'Université,
préside, en qualité de bailli de la justice temporelle de Sainte -Croix
d'Orléans, les assemblées de Sougy, Terminiers, Rouvray-Sainte-Croix et
Gémigny. Les cahiers de ces quatre paroisses présentent, malgré certaines
analogies, des différences trop grandes pour nètre pas intégralement repro-
duits.
SOUGY.
Dé}}. Loiret. Arr. Orléans. C<^>K Artenaj.
Gén. EL Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — 162 feux. 600 communiants. Chapitre de Sainte-Croix.
3 justices, r. au b. d'Orléans. D'Artenay pour la poste aux lettres et de
Patay pour le marché. Br. de Langennerie. A 3 lieues de Langennerie,
3 d'Orléans, 2 d'Artenay et 2 de Patay. Route de Huétre. A une portée
de fusil du grand chemin d'Orléans à Chartres. Plaine. Beauce. 2,000 ar-
pents de terres labourables; 20 arpents de vignes. La cure est à portion
congrue; à la collation du chapitre de Sainte-Croix. 5 hameaux, qui
sont: Lancorne, Milchevreuil, Topineux, Les Bordes-Soug.y et Boissay.
.1768. — 176 feux. Chapitre de Sainte-Croix. Blé.
DÎME. — 1 gerbe de 44 pouces par mine de iiij perches (20 pieds à la
perche) .
T.YiLLE de la paroisse en 1788.-10,028 1. 15 s., dont 5,157.15 pour le
principal et 5,771 i)our les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verb-^-l. — Assemblée électorale le jeudi 26 février, au banc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Guillaume-Anne Salomon de
la Saugerie, conseiller du Roi. docteur agrégé en rtlniversité d'Orléans,
avocat en Parlement, bailli de la justice temporelle de Sainte-Croix
d'Orléans. — Popahitiioi : VM feux. — Coiiiparanls : Jean-Pierre
Gassot ; Nicolas-Léonard Chartier (18.15 -|- 21.1) ; André Thomain
78 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
(230 + 257.16); Jacques Ménai'd (89 + 99.11) ; Pierre Bourdon (10.10 -f
11.16); Jacques Legrand (4-f4.9); Pierre Michau (59.5 -j- 66.5);
Toussaint Moulin, laboureur (105-|- 117. 12); François Lanceau (11.5-|-
12.11); Jacques Hardy (23 + 25.15); Charles Pouradier (43.15 +
48.18); Pierre Gosson (201 + 225.8); Jacques Bouin (28.10 + 31.18);
Laurent Lecointre (17.15+19.19) ; Pierre Chaudeau (16 -^ 17 AS) ;
François Ménard (8 + 8.19) ; Pierre Dorard (5 + 5.12) ; Germain
Échard (19 + 21.5); Louis Legrand, marchand (20.10 + 22.19) ; Jean
Bruneau (34.15 + 38.19); Etienne Régnier (25.10 + 28.12); Louis
Ghesneau, traiteur (15+16.16); Pierre Ménard (14.10+16.11);
Pierre Ghaudeau (16 + 17.18); Etienne Garreault MO + 21.5) ; Etienne
Ghaudeau (8.10 -f9.il); Noël Salle (62.10 + 69.19); Pierre-Guillaume
Sevin (21.10 + 24.1); Georges Ghaudeau (10.10 + 11.15); François
Sevin (2 + 2.4); Louis Michau (33 + 36.17); Denis Moreau (7.15 +
8.13); Gharles Ghaudeau (10 + 11.4); Noël Salle (81.5 + 91.4);
Simon Massot (27,15 + 31.1); Jacques Ghevallier (8.5 + 9.4); François
(]répin (1.5 + 1.8) ; Léonard Rousseau (225 + 252.5); Léonard Doucet
(52+58.4); Adrien Heurteau (10 + 11.4); Laurent Ghaudeau (11.10 +
12.18); Guillaume Bouin (25.10 + 28.11); Jean-Baptiste Gassot ;
Pliilil)pe Vigoureux (107.10 + 120.9) ; Nicolas Ghartier (18.15 +
21.1); Barthélémy Besnault (28 + 31.8); .Jean Salle (24 + 26.18);
Jérémie Lefort (14 + 15.13); Ch. -Léonard Descauses (83 + 92.19);
Jacques Sevin (1.5 + 1.8); Georges Ghaudeau (10 + 11); Gharles Des-
causes (15 + 16.16); Jean-Pierre Ilauduroy (2 + 2.5). — Dé paies :
Jacques Ménard ; Jacques Legrand.
Population en 1790. — 690 habitants.
Doléances de la paroisse de Sougy-en-Beauce, du ressort
du bailliage d'Orléans.
Nous, syndic et habitants de la paroisse de Soiigy, assem-
blés par-devant M. le bailli de la justice temporelle de Sainte-
Croix d'Orléans, en vertu de son ordonnance relative à la
lettre du lloi pour la convocation des Etats généraux, avons
dit ce qui suit :
D'abord, nous ne saurions exprimer toute notre reconnais-
sance, tout notre amour pour notre bon lloi. Lors(iue nous
avons entendu lire la letti'e de Sa Alajeslé au sujet des Ktats
cAiiiKi! hK sorc.v. 79
oénéraux qu'elle veut bien assembler de tous les coins de son
royaume, nous avons cru entendre un bon père qui voudrait
rapprocher de lui tous ses enfants et soulager ceux de ses
sujets qui, comme il l'a dit lui-même, ont plus de maux et
d'appréhensions. Nous sommes malheureusement de ce nom-
bre; nous ne pouvons donc contribuer comme les sujets
riches de Sa Majesté au bien de l'État et à la prospérité du
royaume autant que nous le désirerions. Chargés d'impôts,
tout en portant au milieu de nos champs le poids du jour et
de la chaleur et les rigueurs des saisons, nous ne pouvons que
faire entendre, comme notre bon Roi nous y appelle, nos
plaintes et nos doléances.
Nous osons donc très humblement remontrer à Sa Majesté
que, dans cette paroisse composée de 190 feux, au nombre
desquels nous comptons seulement sept fermes de deux ou
trois charrues et sept autres d'une seule, dont souvent les
fermiers sont forcés de se passer de domestique, dans un
terrain dont le produit est en général médiocre, il nous faut
payer pour la taille et autres impositions 10,916 Hvres, et
plus de 1,300 livres pour la corvée; sans parler des vingtièmes
que paient les petits propriétaires en même proportion que les
propriétaires riches et aisés; sans parler du cliampart et de la
dîme que doivent nos terres; sans parler enfin des faux frais
qu'entraîne nécessairement le tirage de la milice, ni des
autres charges communes à tous les sujets. Aussi nous
voyons le pauvre mercenaire devenu vieux réduit à mendier
son pain.
Pourquoi nous suppUons instamment la bonté de notre Roi
de vouloir bien aviser aux moyens d'alléger à (sic) son peuple le
plus indigent le poids des impôts ; de supprimer les gabelles,
les corvées, les droits d'aides, le champart que nous payons à
la neuvième gerbe.
Nous supplions aussi Sa Majesté (jue, dans loules les délibé-
rations qui se feront aux États généraux prochains et tous ceux
qui se tiendront à l'avenir, elle veuille accorder et ordonner
80 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
que les voix soient comptées par tète, sans aucune distinction
des ordres de l'État.
Enfin, honorant le Roi comme fils aîné de l'Église, notre
sainte mère, nous le supplions de ne pas permettre que les non
catholiques, nos l'rères égarés qui nous enviroiment, abusent
du bienlait qui leur est accordé par son édit du mois de
novembi'e 1787. Nous le conjm^ons, au nom de Dieu, de ne pas
souffrir que par leurs assemblées publiques ils ébranlent la
simplicité de notre toi, ou, un jour, celle de nos enfants.
Nous ne cesserons de prier pour le Roi, la famille royale et
la prospérité du royaume.
(Suivent 40 signatures : celles de Jean-Pierre Gassot, Jacques
Legrand, André Thomain, etc., et celle de Salomon de la Sau-
gerie, bailli de la justice de Sainte-Croix.)
TËRMINIERS.
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Ghâteaudun. C«»^ Orgères.
Gén, El. Orléans. Dioc. Orléans.
JoussE. — 192 feux (1). 1,200 comnuiniants. Cliapitre de Sainte-
Croix. Justice de Sainte-Croix et de la prévùtr (d'Orléans), r. au b. Du
marché de Patay, et d'Artcnay pour la poste aux lettres. Br. de Lan-
gennerie. A 4 lieues de Langennerie, 0 d'Orléans, 3 d'Artcnay, 1 1 2 de
Patay. 2 foires : une le 25 juin «M l'autre le 2 novembre. Près le f>rand
chemin de (Chartres. Plaine. Beauce. o,000 arpents de terres labou-
rables; l."j arpents de bois; 15 arpents de vifiiics. La cure est à portion
cong-rue. 0 hameaux, qui sont : Villrpion. Iv-lidles. Muzelli'. (loumiers,
FaveroUes et Terrenoire.
17G8. — 1!)2 feux. Chapitre de Sainte-Croix. Blc.
'i'Aii.i.K d.' la paroisse en 1788. — 15,42-1 1. 10 s., dont 7,27'.». 10 pour
\(' priMi'i|t:il ri S, 115 pour les impositions accessoires et la capitation.
PacjCKs-vKHii.M,. — Assemblée électorale le vendredi 27 février, au
banc d'oHivrr de l'ép-lise, sous Xa présidence de Guillaume-Anne Salomon
di' l;i .Sjtiiirrric, ccjnscillrr ilu l{oi. docteur aj^réizé en TUniversité, avocat
(\) Au-dussous, '234.
CAIIIKH UK TF.UMl.MKRS. 8i
en Parlement, bailli de la justice teiii[»orelle de Saiiite-(]i'oix d'OHéans.
— Population : '2U) feux. — Comjxri'dnt^ : (Claude Coclion-Laroche-
<; rand maison (32 -|- 35. 16j; Klieiinc (iriniaiilt (70-j-78.7); .lean-Fien-e
Diépois (43-}- 48.2); Claude Fleui'v (.■');)(J -j-;)2;).ll); Chaides (iomhault
(•2-|-^^-">); .lean-Ba[.tiste Pelle (150 -f- 107.18); Pierre Ménard (22 -f-
24.12); (lermain Courtois (377-(-421.1()) ; Jean Pineau (270 -f- 302.3) ;
Jean Pineau til.s (17(i-]- lîW.lD) ; Jean Sevin (232 -f- 259.14); Pierre
Dorard (141>.5-}- 107.1); Etienne Bourgeois (272-}- 304.7); André Bes-
nault i7-}-7.1(>i; Nicolas Moireau (12-}- 13.8) ; I-'raïK.-ois Paré (27-}-
30.4); Jean Besnault (3,7-}- 41.8); Pierre Billard (l-}-1.2i; Pierre-
Jean Moireau (5-}- 5. 12); Jacques Cosnie (12-}- 13.8); Claude-Charles
Bouclet (3-}- 3.7); Charles Sicot (18.15-}- 20.19); Germain Tourne
(10-}- 11.10); Etienne Chartier (35 4-39.3); Jean Thomain; Jean Salle
(42-J-47); Pierre Pelle (18^-20.2); Etienne Duclion |13-|- 14.11 j ;
Pierre Fousset (225. 15-]- 252. 14) ; Antoine Vannier (O.lO-j-7.5) ;
Pierre Morizc (177.15 -|- 199.1); Roland Tourne (I0.10-|-18.8j; Pierre
Dorard (4.10-}- 5); Pierre Hauduroy (143.5-}- 100.0) ; Pierre Gau-
cheron (95 -|- 100.(5); Jean Gosme (70.10-)- 78. 18); Aignaij Besnault
(120.15-]- 135.2) ; Jacques Ligouy (48.10-}- 54.5); Charles Chaudeau
(1.10 -}- 1.13) ; Guillaume Ménard (15 -)- 10.15) ; Jacques Prévost
(15.5-f 17); Pierre Lorin (5.10 -f- 0.3); Lubin Billard (44-}- 49.5);
André Cahouet; Barthélémy Besnault (24-}- 20.17) ; Sébastien Marcou
(l-}-1.2); François Barbadan ( 10. 10 -f 11.15); Etienne Chau (04.10-^
72.3); Louis Dorard (123 -j- 137.12) ; François Besnault; (Claude
Lemaire (21. 10-}- 24); Nicolas Chesneau (7-j-l.U')): Claude Auger
(7.15 -f- 8.13) ; Toussaint Marin (10.10-}- 10.15) ; Roch Bourgeois
(14 -|- 15. 13); Jean Barbadan (9.10-]- 10.12). — Députes : Etienne
Grimault; Claude Cochon-Laroche-Grandmaison.
Demandes respectueuses que font les habitants de la paroisse
de Terminiers pour former leur caliier de doléances.
1" Oljscrveiii Ic'sdils liabilaiils ([iic. jiis(|ii";t[ur.^, les iiiiposilioiis
royales ([iiils supportent à raison dHiie somme détermiiit^e
pour la |);ii'oiss(' clnuiue année, connue l:i laillc, eapitation d'in-
duslrie, viiiLitièmes, cte., se sont l'éparlies pai- les t'ollecleiu'S
nomuK'S pai- oi'di'c du tableau, avec peu de précision et loujoufs
avec beaucoup de luveui' puni- (|ucli|irim : ce <|ui \':\\\ (pic le plus
H-2 BAILLIAGE d'OULÉAIS'S.
graïul iioiiibi'(' des coiiLribiiables soiiliVe évideiiiinent de cette
assertion; qu'outre ce, les exeiiiplious accoi"dées aux nobles,
seigneurs de paroisse et autres d'èti'e affranchis de ces inipcHs
fait nécessairement retomber ces conti-ibutions sur la classe
des plus malheureux, qui se voient hors d'état de se soutenir et
donner l'éducation à leurs familles dont (Mies sont susceptibles;
({u'au contraire, si ces répartitions se faisaient avec é([uité par
une i)roporlion à raison des individus contribual)les et (|u'il n'y
eût personne d'exempt, on verrait par ce nouvel oi'di-e le
peuple soulagé et payer- sans murmure les impùls (ju'il |»lairait
à Sa Majesté leur faire supporter.
2o Lesdits habitants représentent (pie le ])ri\ actuel du sel
étant excessif, ce sont particulièrement les pauvres qui en
souffi'ent, ne pouvant s'en procurer par cette raison, quoique
étant l'objet le plus utile à la vie. Ils désii'eraient (pie la suppres-
sion fût faite des gabelles et que le sel fût marchand par tout le
royaume. Mais, comme cette suppression coûterait à l'État et
qu'il serait peut-être nécessaire d'y suppléer par (pi(M(pies autres
impôts, on prie d'abord d'examiner que la suppression de tous
les officiers comblerait à peu près le vide que ce changement
occasionnerait; et, au surplus, en ne formant (ju'un seul imp("»l,
tant de la taille, capitation, vingtièmes et autres subsides, dont
la répartition s'en ferait non à raison des individus de chaque
paroisse, mais à raison des biens (pi'ils y aui'aienl, il en n'sul-
terait nécessairement un grand avantage; car, n'ayant aloi's
besoin, pour parvenii' audit recouvi'ement, que de (piel(|ues
officiers gagés (1), la suppression considérable de ceux actuels
viendrait au soulagement du peuple et leur donnerail le plus
gi-and espoir, si ce n'est en ce momenl, au moins par la siiile,
d'être libérés en partie desdits impôts.
.'}» L'abolissement général des corvées pour être à l'avenir
converties en at(^liers de charité; ce (pii l'aciliterail par ces Ira-
vaux inmienses de poiivoii" reconnaîlre les vi'ais p.iiivres d'aNCc
>li .M<jt souligné dans l'uriginal.
CAHIER DE TERMINIERS. 83
les mauvais, lesiiuels, faute de ces ressources, se servent sou-
vent de ce prétexte de ne point trouver d'occupation pour
mendier leur vie et enlever en quelque façon le pain des pau-
vres nécessiteux. D'ailleurs, pour le peu que Ton veuille jeter
les yeux sur le mauvais entretien des routes, malgré les sommes
immenses que paient depuis quelques années en argent les
particuliers taillables, on reconnaîtra facilement [que], si ce
n'est pas le défaut personnel du bon ordre que dicte Monsei-
gneur l'Intendant, c'est au moins par ses sous-commis (ju'il se
glisse de tels abus; et, comme il est de la première importance
l)onr le commerce que les chemins de grandes routes soient
praticables, on ne peut mieux y parvenir (pi'en convertissant
les travaux en ateliers de charité.
4o Comme toutes les issues ou entrées de ce bourg sont
impraticables et ({u'il ne sera jamais possible d'y remédier sans
avoir recours aux bienfaits de Sa IMajesté, les habitants de celte
paroisse, quoique portés d'inchnation à s'y prêter sans intérêt,
sont, par une su€€ession de mauvaises années et par des impôts
mal répartis, dans l'inqjossibilité de pouvoir le faire (1), à moins
d'y être secoui'us par les ordres de Sa Majesté bienlaisante,
en ordonnant que ce rétablissement se ferait par ateliers de
charité.
.> Qu'à l'exemple des villes d'Amiens, de Bourges, de Ghà-
teauroux, du Mans, d'Issoudun, de Montmorilton et quantité
d'autres endroits, on contraigne à expulser les mendiants
étrangers et leur enjoindre de se retirer chacun en leur pays
natal; alors on verra avec la plus grande satisfaction les pauvres
de sa paroisse secoui-us; et on demande que les seigneui's
patrons fassent édiiiei' nue maison de rliwrjté dans eliacune [de]
leurs paroisses pour y j/ecevoir les pauvi'es infirmes et sans
asile, en hxaiit un revenu annuel pour le soutien d'ieelle mai-
son, laquelle somme se lévei'ait sui' les particuliers par égale
propoi'tion à raison des iuipi~>ls qu'ils paieraient à Sa Majesté
chacun an.
(1) C'esl-a-<lire : ilo pouvoii' mettre en état les issues et entrées fin bourg.
8i BAILUACK d'oUI.KANS.
6*^ Re(]iiiéreiiL aussi lesdils lial/ilanls fépi'imer les aljiis (jui
se sont «-lissés insensiblenieiit dans la perception des droits de
contrôle, centième denier et insinuation par la finesse des
coniiiiis qui dorment toujours une interprétation avantaiieuse
au tarit de 172:2; et, connaissanl cependaid l'utilité de luistitut
des contrôles pour assurer aux paiiies contractantes d'une
manière invariable la date de leurs actes et l'inalléralion des
conventions, ils requièi'ent qu'il soit payé im droit déterminé
pour chaque acte, de (juelque nature (pi'il soit, siiivanl l;i
sagesse de l'administi-ation, sans (iiic, dorénavant, les coimnis
des bureaux i)uissent s'arrétei" à la (jnalilé des parties et
;m,y-menter ])ar cette raison leurs di'oits; et de même, lorsqu'il
sera lait un invenliiii'c dissolntit de communauté, le droit de
contrôle ayant déjà été perçu sur l'actif de rinvenlaii'e, la
vente qui pourrait s'ensuivi'e des mêmes elléts y estimés ne
payerait, outi'e le sim|)le droit de contn')le aux exploits,
que pour le prix excédant l'inveidaire, et (jue tous actes laits
])ar suite d'icelle, comme liquidation ou compte mobilier, ne
j)ayeront (ju'un simple droit;
7» Que les seigneui's de cette p;iroisse, |)Oui' éviter la ruine
totale de leurs sujets et ne leur point faire |»erdre le tenq»s de
la culture, comme cela est arrivé, rétablissent Icui' justice en
cette paroisse connue elle y était ci-devant, en commettant des
officiei-s sur les lieux, si mieux n'aiment les y envoyer à jours
déterminés, ]»our jui^ei" tous différends (|ui pom'r;iient s'élever;
mais <|n'il y ait au moins un |)rocui"eur liscal l'ésidant siu' le lieu
pour maintenii- le bon oi'dre et veiller avec plus d'exactitude à
l:i police et |»om' l'éprimcr piU'ticulièi'euKMit les ;d»us qui se sont
introduits par le défaut d'olliciers ])résenls : connue d'iMever
<\^'^ tneules de p;iille jusqu'aux extrémités de la liauleiu' des
clieurui(''es, et dans l'cMé, où les marais d'eau de cette pai'oisse
sont liU'is p;u' la ,L;r;inde S(''cliei'esse, de contraindre cliaque p;ir-
liculier domicilié dans le bon r^' ou les villages d'avoii' toujoiu's
un poinçon on tonne plein d'eau à leur portée poiu' prévenir
les fmiesles accidents ilincendie (|ui p(iurr;iienl arriver, et ce,
CAHlKll DE TERMINIKUS. 85
confoi'inément aux sages ordonnances de ])olice rendues à ce
sujet;
8» Que les frais de justice soient dimiimés et les procédures
abrégées ;
9" Que tous dillérends (|ui s'élèveront entre le j)eu|ile, soit
|)0\M" retirage de terres, usages particuliers consacrés au lieu,
maladies pestilentielles sur bestiaux, et généralement toutes les
alïaii'es où un juge le plus éclairé ne peut porter son jugement
sans (ju'il y ait des (wperts de (s<c) noiumés |)Our se transporter
sur les lieux, ou que, |)Our rendi-e justice aux jiarties plaidantes,
on soit obligé d'en renvoyer l'alTaire devant des laboui'eurs ou
autres [xM-sonnes à |)roximité de connaître des dilïérends, soieut
portés dorénavant devant Messieurs les officiei-s municipaux
de chaque paroisse où le sujet de la contestation existera,
lesquels pourront juger la cause sans épice et leur jugement se
mettre à exécution, nouobstant rap|)el (ju'il sera libre aux par-
ties d'interjetei' devant leur juge ordinaire.
IQo Représentent aussi lesdils lial)itanls (|ue, lorsqu'il s'agit
de diviser et |)artager (|uel([ues biens de famille dans laipielle
il y a des mineiu^s, les lois obligent qu'avant de faire partager
des inmienbles, il y ;iit des ex|)erls nommés en justice, lesquels
|)rètent serment de sacquitler en conscience de leur mission,
et, si,pai' révènement, il se trouve des l)iens uou partageables,
lie le déclarer par ItMu^ i'ai)port. Alors, les parties majeures vou-
lant sortir de rindividuité(l)sont ol)ligées, à cause des nn'neurs,
de faire vendre |tar afiiclies en justice lesdits biens, et les frais
que ces formalilés occasioinient absorbent en quelque lai-ou les
di'oits des |)ai'lies, et ce n'est que Messieurs les procureurs cpii
y gagnenl.
Kn coiisé<|ueiice, demaudeul les habitants que, poui- le bien
public, il soit dorénavant ])eriuis de partag-er entre les parties
majeiu'e^ el iiiiueiu'es re|iréseiitées par leurs tut(MU's tous les
(1) C'esl-;i-(Jire : Je l'indivision.
8() BAILLIAGE d'ORLÉA^'Ï!:.
biens partageables sur la réquisition «les majeurs, seulement
d'après un ra|)p(irl tait [)ar deux experts, dont un nommé
par le tuteur pour ses Jiiineurs ; lesquels experts, pour éviter
les fraudes, sei'ont tenus de se transporter avec toutes les par-
ties eopartageantes cliez rolficier qu'elles clioisiront pour être
présents à la rédaction desdits ])artages, desquels leur sera l'ait
Icclure en entier, et les signeront ou déclareront ne le savoir;
ft vaudront iceux partagés comme si les experts eussent prêté
serment.
De même, pour ne pas anéantir, en (juelque façon, les droits
desdits liérilages ayant mineurs ou non, qu'il soit permis de
faire l'adjudication des biens non |)artageables par un officier
public requis par les i)arties, en faisant trois annonces ou affi-
ches de la vente desdits biens par trois jours de dimanches ou
fêtes consécutifs à l'issue des messes paroissiales où seront
décédés les père et mère des parties (1) ou à la paroisse la plus
prochaine de l'assiette des biens. Lesquelles adjudications vau-
dront conmie si les formalités de justice eussent été faites, et
ces moyens moins dispendieux retourneront à l'avantage des
parties ;
ii'> (Ju'il soit permis aux notaires royaux de faire les ventes
des meubles et (pie les droits de coniri'tle soient les mêmes
que ceux perçus connue ayant été faih>s |)ar huissier (2);
120 Qne le notaire de cette paroisse et ses successeurs aient
le droit de faire conhvMer leurs actes au liureaii de Palay. qui
n'est qu'à une lieue de son notariat, landis qu'en ce momeiil il
est contraint daller au bureau deChevilly (pii est à troisgrandes
lieues de son notariat (exposé souvent à uv point trouver de
connnis au bureau), et cette seule raison doit ne lui pas
faire refusfM' de lui accorder le bureau le plus prochain ;
l;{" (Juc les notaires l'oyaux aient, à Tiiislar de ceux du
(1) C'est-à-dire : à l'issue des messes des paroisses où seront décèdes les père et mère des
parties.
(2) C'est-à-dire : comme si les vculcs- avaient été faites jiar huissier.
CAHIKU I31-: TER. MI M ERS. 87
bailliage où ils sont, reçus, le droit (riiistriinienter par lout le
royaume, lorsque les |)arties les en requerront;
14» Que le droit soit ôté aux seigneurs, de quelque qiniliU'
(|u'ils soient, (!(> coiniiiellre des notaires, ies(|uels, sans exami-
ner leurs capacités, sont reçus à la chaleur (\ç<: enciiéi-es que
lait porter un intendant ou agent du seigneur à toutes les per-
sonnes qui se présentent; et, ce qui le prouve assez, c'est que,
distraction laite de quehpies notaires subalternes qui sont res-
pectables (par leur science), ce sont ordinairement des gens
sans étude des lois, comme un tailleui-, im maître d'école et
autres artisans, lesquels ont fait et font tous les jours des bévues
etimpérities irréparables au préjudice des personnes qui leur
ont confié souvent leurs intérêts forcément;
15o Qu'il soit permis aux notaires royaux de recevoir tous
actes de tutelle, curatelle et autres, assistés des parents au
nombre déterminé par les lois ; et à icelle assemblée y présidera
le procureur fiscal, que l'on insiste, comme il est ci-dessus dit,
être établi sur cette paroisse, pour donner sa voix en cas
d'égalité entre celles des parents élus, afin d'élire définitivement
un tuteur, octeur ou curateur auxdits mineurs, suivant l'exi-
gence des cas, sans qu'il soit dorénavant besoin de comparaître
devant le juge <lu lien à moins ({u'il n'y ait sa résidence.
\V)"([) Connue il arrive parmi les personnes sans éducation
de tourner en ridicule les di'oits de casuel forcé accordés :hix
curés de [paroisses, le(iiiel casuel, s'ils en recliercliaieiil foi'igine,
n'est cependant accordé (pie pour suppléer jusipi'alors aux
faibles éuioluments ([ui leur est donné (sic), qu'à (sic) beaucoup
près ne poiinaient suffire pour se soutenir décemment si, joints
avec le casiid, ils n'y ai)portaient la plus grande économie, sur-
tout pour les cures à portion congrue, indépendamment de
raugmentalion accordée ])ar Sa Majesté depuis plus d'un an ('2);
(1) Col arliole a été barré dans l'original.
f'2) Le sens fie la phrase, malgré son IncorrecLion, est facile à saisir : lequel casuel, si ces
personnes en recliercliaicnt rorigirio, n'est cependant accordé que pour suppléer aux faibles émo-
luments donnés aux curés, émoluments qui, à beaucoup près, ne pourraient suflire aux curés pour
se soutenir décemiiienl, si, joints avec le casuel, ils ne faisaient montre de la plus grande économie,
surtout pour les cures à portion congrue . . .
^ BAll>I.JA{iK d'ORLÉANî^.
(lesquels ('iiKiliiiiK'iils messieurs les eurés se coiileiilei-iieiiL si,
(rmi eôlé ils ne liisseiil (sic) obligés de montrer l'exemple de lii
charité en commenraiil à verser dans le sein des pauvres de
(|uoi pouvoir les soulai^cr dans leur détresse. Ce sont tous ces
motifs, à nous lialiilaiils connus, (|ui nous fonl ^émir de leur
sort et requérir (|u'à Tavenir le casuel forcé n'ait plus lieu; et,
pour y supjjléer, connaissant l'immensité des biens ecclésias-
ti(pies, demandons respectueusement (|u'il soit accordé à tous
lesdits sieurs curés ayani des cures sujettes à vicaii'e ou suscep-
ti})les d'en avoii' par la dilliculté de leur desserte, soit qu'elles
soient à dînie ou non, une somme fixe de 2,000 livres de
revemi; kapielle somme se pi'élèvera soil par plusieurs réunions
de bénéfices, ou, poui- pail'aire, s'il est nécessaire, sur l'état
ecclésiastique, en diminuant des revenus excessifs dont jouissent
plusieurs connnimaulés. VA outre ce, demandons (pi'il nous soit
p;n' les seii4ii(Mn'S de ce lieu, tel (pi'ils y sont obligés ( 1), foui'iii
le plus pi'omplemenl possible d'un vicaire au(piel ils paieront
une pension suffisante pour le d('dommaL;er du casuel forcé
(pii serai tanéanli dans le cas ( pie nos li'ès Innnbles supplications
fussent accueillies.
\\l comme, en co moment, la maison presbytérale na pas
suflisamnient de logement en voulaid loger Ci) le vicaire dans
l'endroit accoutmné, nous, habitants, consentons faire faire à
nos dépens l'exhaussement d'un étage audit presbytère afin de
suppléer au peu de logement dudit presbytère, et demiuidons
qu'a|)rès cette dépense faite, dans hupielle contrihueraient tons
les propriétaires à raison des l)iens assis en cette j)aroisse,
que (sic) messieurs lesvénérables doyen jet | clianoinesde Sainte-
Croix, seigneurs de ce lieu, soient tenus aux grosses répara-
tions, tant lin pi'cshytère (pie du clKeiir, nef pi'incipale et
(docherile IV'i;lisr de cette [)aroisse.
17" Lesdits hidiitants |)rient encore d'ohserver (pi'ils paient
aux seigni'urs de celle paroisse un clianipart sur tontes leurs
(1) Cesl-à-dire : coiiimu il.s mjhi uiilinc-
(2) C'est-ii-dirc : si on voulait loger.
CAHIKU 1)K TKU.MLMEllS. '"^'^
tt'i'ivs eiiseiiieiicées en tous crains, de neur,nerl)es une, exeeplé
les ouclies (1) (jui ne sont que de douze, et qu'il y en a très peu
d'exeniptes, qui alors paient auxdits seigneurs la dinie ; sauf
celles des fermiers desdits seigneurs ([ui font la majeure partie
de celles de cette paroisse, lesquelles sont, suivant les baux
desdits fermiers, airrancliies de cette servitude. En consé-
(|uence, ils refjuièreni ipie, lors (\v~' impositions fixées pour
celle paroisse à raison des biens (pie cliaipie propriétaire
|)ouria posséder, les sieurs commissaires (pii seront probable-
nienl élablis à cet ellet aient la l)oiilé, en faisant révaltialion de
ces mêmes l)iens, d'en distraire les cli;u-ges par une ap[)réciation
([u'ils détermineront; en sorte ([ue les j)ropriétaires d'icenx ne
supportent, avec la jonction de ce champart, que des impôts
]iroportioniiés à ce (pie les terres desdits seigneurs (pii en sont
all'rancliies seront taxées devoir supporter;
18" Entin, que le peu de récolte de toutes espèces de grains
({u'on a presc{ue universellement fait cette année fait craindre
une disette d'iceux ; en réiléchissant sur le prix excessif où les
voilà portés en ce moment, et craignant «pie cela ne soit occa-
sionné (|iie par le (ransporl d'icenx en pays étrangers, nous
i'e(piéroiis très liiiiiibleiiiciil à (s/c) ce ipie la main soit tenue a la
défense desdits enlèvements en teri'es étrangères.
Demandent lesdits habitants qu'à cause de la (lifliciiltc' de l;i
desserte de cette ])aroisse, il nous soit incessamment foinni
d'un vicaii'e par Messieurs de Saiiile-r<roix ;
(Jiic le champart ({ue l'on |)aie à Messieurs de Sainte-Croix,
lixé ci-dessus article 17, soit réduit à deux gerbes la mine à
l'avenir.
Nous avons ray('' les (piatorzièinc. (piin/iènie et seizième
])ages du pr(''seiil cahier (t2).
I^t à l'instant, reveiiant sur l'objel du chaniparl, dciiiiindenl
rli « Ouche, s. f.. ou oclie. Vieux mol fraiiiuis qui sitiiiilie uiif ttnie labourable' cImsc du lussijs
ou de haies ; en .\njou. dans le .Maine, la Toiïraine, le Heni cl ailleurs, c'est un jardin ferme de
haies et yilanti:- d'arbres fruitier.-. » (Dicl. de Trévou.v.) Jaubert (Gluasaire du centre de la
l-'ninci') dit que ce jardin ou enclos est attenant à la maison.
(2) Voir ci-dessus, art. Ki.
90 BAILLIAGE IJ ORLÉANS.
lesdits liabilaiils (ju'il leur soit seulement accordé de payer ledit
champart en argent, au lieu de le payer en nature.
[Signé ;] Coclion-Laroche-Grandmaison.
Et avant les autres signatures, lesdits habitants supplient Sa
Majesté d'accorder la jiériodicité des États ijénéraux, et
demandent ipie, tant dans les États prochains que dans ceux
([ui se tiendront à l'avenir, les voix soient toujours comptées par
tète et non |)ar distinction d'ordre, et à la simple pluralité des
sutîrages.
(Suivent 41 signatures : celles de J.-C. Hubert, Coclion-
Laroche-drandiiiaison, Claude-Charles lîoaclet, etc.)
ROUVRA Y-SA INTE-CROIX .
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C^n. Patay.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — 39 feux. 180 communiants. Chapitre de Sainte-Croix.
2 justices, r. au b. d'Orléans. De Patay pour le marctié et d'Orléans
pour la poste aux lettres. Br. de Langennerie. A ... (t) lieues de Langen-
nerie, 5 d'Orléans et 1/2 de Patay. Pioute d'Aschères. IMaine. Beauce.
500 arpents de terres labourables. 3 arpents de vignes. Un liameau, qui
est Moret. La cure est à portion congrue ; à la collation du cliapitre de
Sainte-Croix.
1758. — 45 feux. Chapitre de Sainte-Croix. Blé.
DÎME. — Terres labourables : une gerbe de 44 pouces par mine de
0(3 perches (de 20 pieds la perche).
T.vn.LE de la i)aroisse en 1788.— 3,702 1. 15 s., dont 1,795.15 pour le
l)rincipal et 1.1>07 pour les impositions accessoires et la capitation.
I'rocks-vkhhal. — Assemblée électorale le samedi 28 février, au
banc-d'œuvre de l'église, sous la présidence de (juillaume-Anne Salo-
mon de la Saugerii;, conselHer du roi. docteur-régent en l'Lniversité
d"()rléans, avocat en Parlement, bailli i\v la justice temporelle dr
Saiiitc-(]roix d'Orléans. — PopulaLkm : 33 feux. — Co/njjaranls :
.lacques Soûlas ; Pierre Chaufton (325.15-f-34().2) ; Denis Morize (1 18 -f-
125.7); Mi<li.'l Lrroy (12 -|- 12.15) ; Jean Marotte (27 -j- 28.15) ; .lean
(^) Lft chillrc mamiuo.
CAHIER ItK RUUV1\AÏ-^^A1^•TE-CR01X. 91
Chaiiitiou (î).!.")-]- lO.r)): Pien-o Lofort (()4-f-68): Claiulo Gidoinfl):
Charles Perrault (101. 10 -f- 107. 1(5) : (Tcrmain Éeliard (18.10 -f- 10.1:^) :
Denis Lecomte (ll.l.") -j- ir).l:i). — Dépulèa : Denis Morize : .lean
(-liaintiou.
Population kn 1700. — iTyZ habitants.
Messieurs, voilà robjcl de nos demandes :
Premièreiiienl. — On demanderait (|ne les tailles et autres
impositions accessoires soient dimimiées d'un quart, attendu
que la paroisse est trop surcliari^ée.
Secondement. — Un (h'oit de champart levé sur la douzième
pai'lie des biens de la paroisse et une dîme qu'on n'en connaît (1)
|)as la jauge; les fermiers en prennent sans compte ni mesure,
ce qui devient onéreux à la paroisse ; on demanderait qu'il y
eût une règle de quarante à quarante-deiix pouces (2), ou l'éva-
luaiion en ai'gent.
Ti'oisièmement. — On demanderait que les voituriers et ma-
nœuvres pour la corvée fussent payés de leur salaire, attcnrlu
(|u'une partie n'ont {sic) point de pain et travaillent le reste
(lu jour poui' rien ; car ce serait malheureux que de vouloir
d('truire le Tiei's état que Sa MTijesté regarde comme ses
enfants, qui (3) est digne d'un père tendre.
Quatrièmement. — On demandei'ait que le sel, qui est un
des pi-emiei's aliments de la vie, fût libre et en conmierce,
|)ai'C(^ qu'il est d'une cherté qui empêche le pauvre d'en useï' à
son besoin, ce qui occasiomie beaucou[) de misère dans |)lu-
sieurs familles.
Ginqiiiènienienl. — On dcmaiidcrail qu'il n'y eût point d(^
nuMidiaiits, (T (|ui cause ini grand liberlinage à la jeimesse
f[u'on accouliniie à njeiidier, font (i) des fainéants, ce qui occa-
(1) C'est-à-dire : dont on ne connaît pas.
(2) Sous-enlendre : par gerbe.
(3) Sous-enlendre : ce qui. . .
('♦) C'est-à-dire : ils (les jeunes gens) font (deviennent^ des fainéants.
9t> r, A I LLl A ( i !•: D 0 RLÉ A iN s .
sionne à la suite des voleurs, et si chaque paroisse nourrissait
ses pauvres, ça mettrait une grande tranquillité dans les pro-
vinces ;
De plus, la réforme de la justice, et que les causes soient
jugées en dernier ressort dans la province; la fixation des
contrôles (1) à une même somme i)Our toutes sortes d'actes, la
suppression des frais (2) d'aides.
Sixièmement. — On demanderait que notre petite paroisse
ne fût point supprimée pour être aimexée à (Tauti'es plus foi'tes,
ce qui occasiomici-ait que beaucouj) [dej monde serait pi'ivé
des instructions nécessaires à leur salut par le grand éloigne-
ment qui se trouvei-ait, surtout dans les campagnes que (sic,
poui' où) les chemins sont impraticables, surtout en hiver; eu
oiiti-e, t;i grande dépense qu'on a faite pour l'éparer l'église et
le pi-esbylère qui serait une (sic) ouvrage perdue qui a coûté
(pia(i-e à cinq mille livres qui a altéré (sic) les habitants.
Septièmejneiil. — Ou deuiandei-ail que les fermiei'S ne soient
poini obligés aux réparatious des églises et presbytères, ce qui
leur cause une gi-aiide déptMise, (pie changeant de paroisse à
autre (.'}), et on demanderait que ce lût les propriétaires (pii
paicul les r(''paralious. ,
HiiiliriiKMiieul. - On dciiiimdci'ait (pie les liefs fussent sii])-
primés, alleiidii (pie, dans nos caïupagiies, un j)arliciilier qui
a un petit bien en lief, et père de quatre à cinq eufanls, il peut
se li'Oiiver (pie le lils aîné aura tout le lief et que les iiiilres
enfants irimroul rien : voilà la division de famille (i).
()ii demande (pTil ne soit désormais lev('' anciin iinp(')t sans
le (•oiiseiitemeiit i\v> |l''tats| génécaiix ;
L'établissement (les l'>lals provinciaux et le retonr p('i'iodiipie
lies lOtats généraux, et (pi(> les voix y soient comptées pai' tète
et non pai' ordre ;
(1) (J'iîst-à-iliie : dus droits de contrôle.
(2) ("est-il-dire : des frais occasionnés par les droits d'aides.
<3) C'est-ù-dire : lors(|u'ils changent (passent) d'une paroisse à nne aiilrfl.
Ci) C'est-à-dire : voilà la division (iiii éclate dans la famille.
CAUlKll I»K (iKMKJ.NV. 93
La (léleiise de casser les baux et île n'Miiiii' plusieurs fermes
sur une luèiiie UMe.
(Suivent 7 >i^uaLuj'es : celles de Pieri'e Chaiillou, Claude
Gidoin, Michel Leroy, etc.)
GÉMfGNY.
Dej). Loivci. .1/v. ()i'lé;uis. ('■">. Patav.
fr('n. Orléans. AV. lU'aup'UCv. (iroi. iJioe. ()i'l(''ans.
.loessE. — 57 feux. Le Roi. Justice de Monlpipeau. v. au h. d'Orléans.
!'■'' br. d"Orléans. A 5 lieues d'Orléans. Prés la forêt d'Orléans. Beauce.
17()8. — T)'A feux. Le Roi. Bois.
DÎME. — Terres. 1 yerbe ordinaire par petite mine de 40 perches ;
1 gerbe de 4 pieds 2 pouces par mine de ()(> perches 2/3. Chanvre, la
13« poignée. Troupeaux. 1 s. par bête. Cochons de lait, 1 par ferme.
Oies, 1 par bande.
T.\ILLE de la paroisse en 1788. — 4,405 1.. dont 2,060 pour le princi-
pal et 2,405 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*^'"' mars,
au banc-d'œuvre de l'église, sous la présidence de Ouillaume-Anne-
Salomon de la Saugerie. conseiller du roi, docteur agrégé en l'Univer-
sité d'Orléans, avocat en Parlement, bailli de la justice temporelle de
Sainte-Croix d'Orléans. — Population : 57 feux. — Comparants : .Jean
Hureau, .Tean Tardif, Charles Bourgeois, .Jacques Marceau. I^ierre
Cosson, .Jacques Percheron, I^ouis (^assegrain, Nicolas Yenot, I*ierre
Fournier, Etienne Yenot. Simon Chaj)tas. .Jacques Percheron, Jjouis
.Jullirn, Simon Ysaml)ert, .Jacques lienault. I^'ran(,-()is Nourrisson. liOuis
(^haptas, Louis l>ouclier, I^aurcnt Silly, l^aurent Breton, Claude Lenor-
mant, Aignan Salle, J^ascal Laniirault, J^ierre TufFet, .Jean lioucher,
Toussaint Chandeau, Mathurin ijamyrault, Pierre Chaptas, Mathieu
Lenormant, Pierre Duval, .Julien Amelin, .Jean Gouetfon. .Jean-Baptiste
Marotte, Mathieu Guérin, .Jean Piêcourt, Etienne I)oll)eau, Pierre
Pelle, .Jacques Rougelet, .Jean Ijernard(?), François Nourrisson, .Jacques
Jullien et l^aurent .Jullien. — Députés: Etienne Venot, Laurent Breton.
Population en 17'.HJ . — 217 lialùtants.
94 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Les liabilanls de la paroisse de Gémii^iiy en Beauce, autorisés
par la justice et la bienfaisance de leur bon roi, demandent
aux Etats généraux :
lo La dotation de leur curé, gros décimateur, en biens fonds
ecclésiastiques, afin de ne plus voir transporter hors paroisse
une partie des engrais de leurs terres ;
^o Que cette dotation soit suffisante pour ([ue le pasteur
puisse se passer du casuel et sulnenir aux besoins de ses
pauvres paroissiens, particulièrement de ceux (pii ne vcnilent
déconvrir leur misère ([u'à lui seul ;
3o Qu'il soil établi dans leur paroisse des écoles chrétiemies ;
4° Que toutes les impositions sous le poids desquelles ils
gémissent depuis longtemps soient converties en un impôt
territorial payé par les seuls propriétaires et tous cultivateurs ;
5o Que l'impôt sur le sel disparaisse poiu^ toujours;
60 Qu'on ne puisse lever aucun impôt sur les fermiers
à raison de leur exploitation poiu' bâtisse de presbytère,
entretien delà nef ou autres réparations commîmes, mais (pie
toutes ces dépenses ne puissent toniber (jue sur les proprié-
taires ;
70 Que toute imposition quelconcpie, tout emprunt, tout
office auquel on attacherait des émolumenls ne puissent être
établis que par les États généraux, doni le i-elour pério<li<pie
sera \\x(' i)ar lesdils États;
8^^ Que les coutumes, les poids et les mesures soient les
mêmes dîms toutes les provinces du royaume ;
*.)o Que les ti'ais de justice soient diminués et les [procédures
abrégées ;
Hy> (Jue les syndics et collecteurs (\o cette paroisse, obligés
de luire des courses fréquentes pour le service de Sa Majesté,
iK' d(-pi'iiilfiil plus de l'éleclion de la ville de Beaugency avec
I;m|U('IIc ccltr paroisse n'ii ;iiumuic rehirujiirt (pii eu est (''loiL;ii*''e
CAHIER DE SAIM'-PRYVÉ-aALNT-MESMlN. 95
(le cini| i^raiides JitMics, sont mauvais chemins (I); mais (|ii'ils
(lépeiideiiL de réleelion de la ville d'Urléaiis avec hKiiielle les
habilanls ont nue rclalioii journalière, soiL pour vendre, soiL
poui' acheler, et (|ni n'est distant de cette paroisse (pie de
ipiatre litMies, ilont trois sont pavées.
(Suivent 19 sii^natures: celles de Jean llurault, Breton,
Venot, etc.).
Les assemblées de Saint-Pryvé-Saint-Mesiniii (25 février), de Saint-Martin
d'Olivet (ou Saint-Martiii-du-Loiret) Ç2G février) et de Mardié ('27 février)
eurent pour président Johanneton, syndi-c des procureurs au Cliàtelet
d'Orléans (2), procureur fiscal de la justice de Sainte-Croix. Nous n'avons
pas retrouvé le cahier d'Olivet. Entre ceux de Saint-Pryvé et de Mardié, il y
a des ressemblances et des différences que la simple lecture des deux textes
fera aisément apercevoir.
SAINT-PRYVÉ-SAINT-MESMIN.
Dép. Loiret. An\ Orléans. C'-'n. Orléans S.
Gén. El. Gren. Dioc. : Orléans.
JoussE. — 71 feux (3). L'évêque d'Orléans. 2 justices, r. au b.
d'Orléans. 8" br. d'Orléans. A 1 lieue dudit lieu. Au milieu des deux
routes d'Orléans à Blois. Assemblée le dimanche après la Saint-Sulpice.
Sur la Loire. Vignoble.
1768. — 82 feux. L'évêque d'Orléans. Vigne.
DÎME. — Grains, 2 gerbes de 4 pieds 1/2 par arpent. Vignes, 5 s. par
arpent. Pois et vesce : la 13" planche.
Tau.le de la paroisse eu 1788. — 2,390 1. 10 s., dont 1,12!).10 pour
le principal et 1,2(31 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-veriîal. — Assemblée électorale le mercredi 2."> février, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Nicolas Johanneton, pro-
cureur fiscal de la justice de Sainte-Croix d'Orléans, assisté de Claude
Espaulart. son commis-greffier. — Popnhilion : (59 feux. — Comji'i-
(1) C'est-à-dire : où les chemins sont mauvais.
(2) Culpndr'wr histori<iui', ]>. !''i.
(3j Au-Ues!jOUS, 05.
<)(•) J5A ILLIAGE D ORLÉANS.
rants : Ktieiinc Michou. viyncron (8-|-8.11)i ; Etienne Reniy, vigneron
{7.10 -j- 8.7) ; François Micliou, vigneron (8.10 -f- 0.10) ; François
Fromentin, vigneron (15 -j- 10. 15), membres de l'assemblée municipale;
François Foulon ( 1.3.5 -f 14.10) ; Jean Chesneau, vigneron |7^-7.1(>) ;
Jacques Foulon, vigneron (7.10 -j- 8.8) ; Jean Rocher, vigneron (0^
10.1), adjoint de la municipalité; Jean-Louis Belouet, vigneron, mar-
guillier (lO.lO-j- 11.1:|) ; Jacques Roullet, vigneron (0.5^ 10.0) ; Jean
Boitard, vigneron (13-^ 14.10) ; Joseph Boitard, vigneron (12 -f- 13.8) ;
Jean-Baptiste-Denis Yion (0.15-]- 10.18) ; Louis Fromentin, vigneron
( 10.10 -j- 11.14) ; Michel-Pierre Branchu, syndic de la paroisse et de la
municipalité, vigneron (;i2-f-13.8) ; Nicolas Foulon le jeune, vigneron,
membre de la municipalité (10.5 -f- 21.10) ; Nicolas Niocbe, vigneron,
ad joint de la municipalité ( 15 -f- 10.1.5) ; Nicolas Rocher, vigneron, mar-
guillier (0-f-lO.l) ; Nicolas-Hubert CT&rnier, vignercwi (8.10^0.10);
Nicolas Garnier, vigneron (1 -f- 1 .2) ; Nicolas Michou, tuilier (10^ 21.4) ;
Pierre Michou, tuilier, adjoint de l'assemblée municipale (25. 15-[- 28. 15^ ;
Privé Michou, tuilier, niarguillier (25.15 -|- 28.15) ; Marceau Ratouin
(4-|-4.0) ; Jean-Baptiste Leloup (4.10 -f- 5); Louis Renouard (2.15 -|-
3.1) ; Fiacre Malécot (7 -)-7.l0) ; André Lanson, vigneron (7 -j- 7.10) ;
Michel Gault,, vigneron (0 -j- 10.1) ; Jean (lastellier (7 ^- 7.10) ; François
Lanson, vigneron (10.5 -[-11.8) ; Jean Rimbert (0.10 -j- 10.12) ; Jacques
Cochon, vigneron (10.15-}- 12) ; Pierre Barruet, vigneron (5.10 -j- 0.3).
— Dépulés : Nicolas Nioche ; Michel-Pierre Brancha.
PoiMLATiox EN 1700. — 3)00 hal)itants.
Cailler des pîaiitles, doléances et remo)Urances des Jiabilants
de la paroisse de Sauit-Pryvé, à rassemblée convoquée au
son de la cloche en la nianicre accoutumée.
Sire,
Lfs li;iliil;iiils lit' hi jxii'uisse de Sainl-Pi'yvt' i'('|ii'(''S(MiI('1iI Irôs
liiiiiihh'iiiciil il \'()lr(' Majesté qu'ils ont soiiIïerhlciMiis plusieurs
iiiiiiérs une perle considérable par riiileiiipcTie des saisons;
(pi'ils vieniieiil (ré|)roiiV(M' (Ml la i)résenle aiiiii'e une iiiomlalion
d(''saslreiise {)ec;isioiin('M' p;u' le déltordeiiieiil de la Loire, (pii
iKiii sfulciiiciil a lail nii lort eoiisidérahle à leurs l);'iliuieuls et
CAHIER DE SAINT-PRVVK-SAINT-.MESMLX. 07
aux vins (|u"ils avaicnl. ivfoltés, mais encore à leurs vignes et k
ItMU's cliai'iiiei's (|u'ils oiiL pei'dns |tr('S(|ne en l()(alil('';
(Jue, pour comble de mallieui', leui's vignes se trouvenl,
gelées, (le manièi'e ([ue la misère dt? la cam[)agne est parvc^niu'
au derniei' degré.
Ces malheurs prenaient déjà leur source dans la clierté du
pain, dans l'augmentation des gages des domestiffues devenus
excessifs par la rareté des bras.
Ces malheurs en ont encore produit d'autres : ils ont dimi-
nué considérablement le produit de leurs terres, et ils (I) n'en
ont pas moins supporté les mêmes taux de taille et d'impositions.
Autrefois, h; pied de la taille de cette paroisse n'était que de
ÎKK) francs; mais, depuis l'année 1784, la taille se trouve mon-
ter en totalité à 'i.'ÎOO livres 10 sols, laquelle sonnne est bien
au-dessus de leurs l'oi'ces, et, répartie proportiomiellemeiit, met
les [)liis pauvres d'enlre eux dans le cas d'avoir à peine de ({uoi
y subvenir.
Ce qui en rend encore le poids plus lourd, c'est que Monsieur
Miron, l'un des pro|H'iétaires de cette paroisse, fait valoir j)ar
lui-même trente-hiiil ar[)ents ou environ de terres et prés pour
lesquels il ne paie rien, puisqu'il en est exempt.
C'est que Monsieur Boittet (Boyetet) fait valoir par lui-même
douze arpents ou environ de terres, qui payaient ci-devant la
taille, objet d'aiilaiil plus précieux (|u'il y avait sui'lesdites terres
une tuilei'ie, cl (pie Monsieiu' UoitteL Joiiil de la même
exemption.
Enlin, Monsieiu' l'abbé de (<hamillai"d avait auti'elbis ini
vigneron, i|iii payait taille pour neuf arpents île vignes, et (pii
les lail valdir par son domestii|ue.
Ce sont lous ces différents objets (|iril laul r(''partir tous les
ans sur les liabit;inls et (|ui, par consé<|uenl, augmentent encore
h'ui'S inq)()silions.
Le bienfait (|ue Sa Majesté a cru accorder aux lial)ilants de
U) (;ef^t-:.-.Jiiv : l.s liul/ilMiils.
1. I. "
98 BAILLIAGE D ORLÉANS.
la campagne en substituant à la corvée en nature une pres-
tation annuelle en argent qui excède le quart île la taille de
chaque contribuable est une nouvelle charge d'aulant jjIiis
pesante pour eux qu'ils ne la connaissaient point avant le chan-
gement et qu'ils sont encore obligés de la tirer de leurs
pociies, au lieu que de simples journées qu'ils pourraient
donner pour la corvée n'occasionneraient la perte que d'une
partie de leur temps, qu'ils pourraient remplacer sans doute
d'une autre manière moins onéreuse pour eux;
Qu'il serait à désirer que Sa Majesté voulût bien accorder à
.toutes les villes. et pays de son royaume une administration
provinciale qui serait chargée de répartir les impositions dans
une égale proportion, eu égard au plus ou moins de fertilité de
terrain, et qui les lit parvenir directement au Trésor royal,
moyen le plus sûr comme le plus vrai de diminuer les Irais de
perception et de mettre Sa Majesté à portée de suivre les mou-
vements de son bon cœur et de son anioiu' particulier pour les
pauvres gens de la campagne.
La déclaration solennelIcnuMit raito |)ar les niemhresdu Clergé
et de la Noblesse, que leui- inlcnlion est de cond'i huer à toutes
les charges de l'Etat ainsi (|ue tous ceux (|ui composent le Ti(M's
état, leur donne tout lieu d'espérer (|u'il (^n résulliM'a au prolit
de Sa Majesté une augmeiitalion de revenu coiisidérahle ; mais
si. malgré cette ressource, il est encore nécessaire d'étahlir
(juelques nouveaux impôts, ils supplient Sa ^hijesté de le laii'e
de concert avec les députés de la Nation par supplémiMil de
capitation, dont l;i durée sera limitée à hi lenue i\i'>^ prochiiins
Jetais généraux (|ni ;inra lien Ions h^s v\\\i\ ;uis.
l'Jilin, les hahitanls de celte paroisse l'emontrent 1res lium-
l)lemenl à Sa Majesté ((ue le moyen le |)lus sur pour encourager
ragriciillnre serait la suppression des droits de Iraiie-lief (pii
.i;eiirnl le coninierce des hi(Mis léodiinx, les d(''pi'éeienl
niihililiMiienl, l'I <|ne, s'il n'esl p;is possible (l;ins ces nionienls-
ci de l'endre lihi'e |;i \cnte du sel el île SU[)priniei' les dl'oils
CAHIER DE MARDIÉ. 99
d'entrée sur les vins, il est au moins bien intéressant pour les
nens (lo c;un|»aL;ii(' qu'ils soient i'é<lnils et modérés.
Fait au banc <le l'œuvre de la paroisse de Saint-Pryvé, le
'■2b février 1789, et ceux d'entre nous qui savent signer ont
siiiué.
(Suivent 19 signatures : celles de Michel-Pierre Branchu,
syndic; Nicolas Nioche, adjoint; Nicolas Foulon, membre, etc.)
MARDIÉ.
Dép. Loiret. An\ Orléans. C^'K Orléans X.-E.
Gé7i. El. Grcn. Dioc. Orléans.
JoussE. — Petit bourg- et paroisse. 158 feux. Le chapitre de Sainte-
Croix. 4 justices, r. au 1). d'Orléans. On écrit par Orléans, 2^ br. d'Or-
léans. A 2 lieues 1/2 dudit lieu et à 1 lieue 1/2 de .largeau. Route
d'Orléans à Jargeau. Sur le bord de la Loire. Assemblée le 4 juillet,
jour de saint Martin. Vignoble, prés, bois et terres labourables. La
cure vaut environ 5 à 000 1. ; à la collation de l'évèque. Les hameaux
sont : les Berteaux, la Durandière, les Querniers, la Chaise, Mézières et
le L*ont-aux-Moines qui est sur la route d'Orléans à Lyon.
17(38. — 170 feux. MM. de Sainte-Croix. Vigne.
Di.ME. — Blé, une gerbe par arpent. Menus grains, la 18'' planche.
Vin, une pinte par poinçon. Pois, la 18'- planche. Cochons, le 18".
Agneaux, i s. par bête.
Taillk de la paroisse en 1788. — 4,097 1. 10 s., dont 2,359.10 pour le
princiiial et 2,038 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le vendredi 27 février, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Nicolas Johanneton,
procureur-fiscal de la justice de Sainte-Croix d'Orléans, assisté de
Claude Espaulart, son commis-greffier. — Comparants : Jean
Pousot (54-]- 59. 10); Claude Jobet, syndic (19 -j- 21.5) ; Michel Che-
naut, marguillier (12.5 -f- 13.14) ; François Gorrant (40.10 -j- 51.19);
Etienne Dupuis (27 -f- 30.3) ; Antoine Bâtard (39.5-}- 43.10) ; Nicolas
Ratoin (10.5-^18.1); Jean Leclere (30 -|- 33.10) ; Nicolas Lemoine
(13.10 -}- 15.2) ; Pierre Bernardeau (17 -|- 18.19); Marceau Proust
(4-1-4.19); FiacrePicaut(20.10-f-29.11); Jean Pinuit ( 13.5-|- It.Ki);
lui) BAILLIAGK d'ORLÉANS.
Pierre Ratouin (2.5 -|-2.10) ; Louis Ratouin (9.15 -|- 10.17) ; Pierre
Lecointe ; Hilaire Ratouin (20 -f- 22.7) ; Patrice .luranville (12.15 -[-
14.4); Marceau -Victor .Tobet (87 -|- 41.7) ; .Tean-Baptiste Mauger
(11. 15 -f- 13.3); .Jean-Michel Lecointe (10 -f- 11.3); François Dunau
(20 -f- 22.7); Guillaume Barré; Etienne Picot (8.5^-9.3); Pierre
Dunau (8.15 -|- 0.15) ; .lacques Merlin (12 -{-13.8); .toseph Leclerc
(ll-f-12.5); Denis Gauguin (23.10 -f- 26.6) ; .lacques (Vond (0.5-)-
10.5); François Richard (131 -f- 146.4) ; Claude David (7.5-^8.1);
Pierre Aubert (11.15-}- 13.2) ; André-Pierre .Jobet (19. 15-|- 11.10) ;
Nicolas Dupais (17 -}- 18.10) ; Claude-Pierre Levaché (3-|-3.7, plus
3.10-]-i.l5); Jérôme Vaillant (11.15-^13.2); .lean .Jacquet (15-f-
16.14); Sébastien Landré (0.10-^10.12); .Jean Bonneau (8-f-8.19) ;
Jacques Larousse (10.15 -j- 11.10) ; Jacques Landré (13.15-j- 15.7) ;
Firmin Joljet (12.15 -{- 14.5) ; André Juranville (16.10-]- 18.8) ; Josei)h
Asselineau (11 -j- 12.3) ; Léonard Guillery (5.15 -j- 6.8) ; Nicolas
Ratouin (16.5 -j- 18.1) ; Jean-Fiacre Lecointe (8.10 -f- 0.9); Pierre
Jobet (11.15 -j- 13.2) ; (Charles Leclerc ( 12.15-|- 14.5) ; Jacques Gond
(13.15 -f- 15.6); Simon Thibault (7-(-7„14 ou 37-J-41.8); François
Guillery ; Jean Leclerc (23-}- 25.13 ou 30-|-33 10). — Députés : Jean
Pousot ; Marceau Proust.
Population en 1790. — 566 habitants.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances des habitants
de la paroisse de Mardié, assemblés cejourd'hui au bcuic de
l'œuvre, au son de la cloche, en la manière accoutumée, en
exécution du règlement [ait jxir le Roi le 2A janvier der-
nier concernant la convocation des Etats généraux.
SlUK,
L;i misère des caiiipiiLîTios csl, piii'vcmic ;ni coinblc l;iiil |i;ir
l'inU'nipéric des saisons (|ii(' |);ir les iniposilioiis *\(' loiites
espèces dctiiL elles si! Iroiiveiil siireliargées : e'esl. en parlien-
lirr l;i liisie siluiition des liabilanis <le c(Mte paroisse.
(les niallicni's prennent lenrs sonrces dans la clicrU- du pain,
dans ran^nientalion des {^a^'es i\r^ donicsiiipics devenus exees-
sifs |iai' la rareO'' des l)ras.
(^es niallienrs en uni encore (irudnil d'anlres : ils uni diininné
CAHIKR l>K MAUniK. lOl
consi<l(''ral)loinpnt le iiroduit de leurs terres et ils n'en sup-
jtortent pas moins les mêmes taux de tailles et impositions. Ces
diflerentes impositions, qui se trouvent monter pour cette
paroisse en totalité à la sonniie de I,M1)*.I livres 10 sols, sont au-
dessus de leurs forces, et, réparties proportionnellement, les
plus pauvres d'entre eux ont à peine de quoi y subvenir (1).
i'i Ils (Iciiiandeiil (|iic riiii|M)t tcn'rilorial ait lieu; que ptM-
sonne n'en soit exempt ; (pie le haut connut? le bas Cleri.;é sup-
portent les charges de l'État; que la Noblesse paie à proportion
de ses biens, en observant très humblement à Sa Majesté que si
le Clergé en général avait contribué comme les autres sujets
aux charges de l'Ktat, l'État ne devrait point les millions qu'il
doit aujourd'hui. Pour soulager les peuples, il est donc absolu-
in(Mit nécessaire (pie tous y contribuent, et généralement tous
les ordres religieux et religieuses (2), qui, pour l'ordinaire, sont
les plus riches dans le royaume ;
2o Ils estiment qu'il est décent et convenable que les curés
aient un revemi au moius de 1,5(K) livres; ce serait le moyen
d'exempter les [)auvres gens de la campague du casuel et de la
dinie, objets onéreux pour eux.
La suppression des aides est le vœu de tous les habitants de
ceth^ paroisse; les droits (|ui en résuMcnt gênent les cultiva-
teurs, les débitants, les commer(;aiits, et généi'alement tous les
sujets. Ces droits d'aides sont d'un poids énorme sans bénéfice
pour Votre Majesté, puisque ])lus de la moitié du produit passe
au |)ro(it des Fermiers généraux et des euiployés, sans compter
les h'ais immenses auxquels donnent lieu des procès qu'ils
font, justes ou non, et pour lesquels ils ont toujours plein suc-
cès.
3o Les habitants croient pouvoir proposer à Votre Majesté
un moyen plus sinqjle de perception : si, par exenq)le, les
notables do chaque pays vignoble taisaient un inventaii'e a[)rès
U) I>es deux paiaRniphes précéilents sont à peu près Kleiiliiiucs à un passage du cahier de
Saint-PryvO-.Saint-Mesrniii. Voir page 'J7.
{2) C'esl-à-dirc : les ordres de religieuses.
102 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
la vendange de flia(|ue année, Votre Majesté, en niettiinl un
impôt de cinq ou dix sols par poinçon de vin pour la province
d'Orléans, qui serait reçu par les collecteurs, recevrait un pi-o-
lit efïeclir beaucoup plus considérable que celui qu'elle reçoit
aujourd'hui.
4o La suppression des tailles et corvées doit aussi fixer votre
attention. Le bienfait que vous avez cru accorder aux habitants
de la canipa,L;ne, en substituant à la corvée en nature une pres-
tation ;innuelle en r^rj^ent, qui est le quart de la taille de
clia(|n(^ contribuable, sans compter ce que l'on paie aux ingé-
nieurs, est ime charge d'autant plus pesante pour eux qu'ils
sont encore obhgés de la payer de leur poche, au lieu (jue les
journées qu'ils étaient obhgés de donner pour la corvée n'oc-
casionnaient que la perte d'une partie de leur temps qu'ils
|)0uvaient remplacer d'une autre manière moins onéi'euse pour
eux (1).
5» Les habitants vous demandent, Sire, qu'il n'y ait qu'un
seul poids, qu'une seule mesure et une même aune dans tout
le royaume; le consommateur ne serait ])lus trompé. Il est
bon d'observer que, dans cette paroisse, il y a trois mesures,
soit pour la liqueur, soit pour les grains : il y a l;i pinle d'Or-
léans, celle de Jargeau, et la mesure de messieuis du cliapiti-e
de Sainte-Croix. Cette diiïérence est nuisible pour les débitants
comme pour les consonnnateurs.
0° Il serait bien à désirer que Sa Majesté voulût bien per-
mettre de remboui'ser toutes les rentes foncières aj)partenant
aux gens de mainmorte; ces remboursements tourneraient à
l'avantage des familles et augmenteraient les biens fonds.
Un règlement bien précieux pour les gens d(^ campagne serait
de fixer le coût des reconnaissances qu'il faut fom^nir au.v sei-
gncui's à rhiKpic iiiut;dion ; ces recomiaissances coùt(Mit, chez
le nolaire, (piaire à cinq livres chaque, ou, jtour mieux dire, les
notaires les font payer comme bon leui- semble; et conune il
arrive bien souvent q;ue les gens de campagne sont obligés de
(i) Texte à peu près identique à f-elui do Sairit-Pryvc. Voir page 97, in fine.
CAHIER DE MARhIÉ. KU
passoi' plusieurs reconnaissances de cens |»ai' an, |)arce (|ue leur
propriété est toujours morcelée, il suit qu'il leur en coûte des
sommes au-dessus de leurs forces. Si le coût de chaque recon-
naissance était fixé à quinze ou vingt sols, ces exactions n'ari'i-
veraient pas.
7» Les habitants de cette paroisse, et singulièrement ceux du
caillou des Breteaux, éloignés d'une lieue du bourg de la
paroisse, ainsi que six fermiers, demandent un vicaire. Il est
absolument nécessaire et indispensable, et il est fort facile de
trouver de quoi ])ayer ses honoraires, ainsi que ceux (bi curé
de cette paroisse, dans les reveiuis du prieuré de Pont-aux-
Moines et la chapelle de Saint-Matliurin en prenant sur ces
bénéfices (|ui ])roduisent quatre à cinq mille francs chacun an
ce que le Conseil du Roi jugerait à [)ropos.
80 Les liabitants remontrent à Votre Majesté que le moyen
le plus sûr pour encourager l'agriculture serait la suppression
des droits de franc-fief qui gênent le commerce des biens féo-
daux et les déprécient notablement; celle des gabelles : le sel
est pour les gens de la campagne la consommation la plus
nécessaire et la plus urgente. Il ar)-i\e fort souvent que, dans
la classe des ])auvres, ceux-ci sont obligés de s'en passer à
cause de sa cherté; et s'il n'est pas possible dans ces moments-
ci d'en rendre la vente libre, il est au moins bien intéressant
pour les gens de campagne que le prix en serait (sic) réduit et
modéré ;
9" La suppression de toules les chai-ges qui sont onér-euses
à l'État, comme intendants de (inances, receveurs généraux,
receveurs «les tailles, serait un grand bienfait de Votre Majesté.
Lorsque ces derniers auront reçu dix millions, il y en a un
pour eux. Ils (l) regardent comme bien inutiles les charges de
trésoriers de France, et généralement toutes celles qui coûtent
à l'État,
10' Ils vous supplient de lixer votre attention sur l'adminis-
(1) C'est-à-dire : les habitants.
lOi BAILLIAGE I) ORLÉANS.
Iralioli lie l;i .juslifp; ils demandent que la justice se rende plus
|iroiii|ileiiient et à moins de frais; (jue la sentence porte nne
li(|iii<lalion certaine de tous les dépens; enfin ([ue l'édit du mois
de mai, ((ni avait établi les gi-ands bailliajjies, reprenne sa force
et vei-lii.
11" Toute la France ne doit j)as être inquiète sur Tadminis-
tralion de vos finances tant que Monseigneur Necker vivra et
sera en |)lace. Les habitants de cette paroisse forment les vœux
les plus sincères ])Our sa conservation.
12" Dans les moments ])résents et eu égard aux besoins de
riùat, ils pensent (ju'il faut laisser subsister un impôt quel-
conque sur le tabac, mais an moins le modérer snr le café,
sur les cartes, sur la poudre et le fard.
13o II faut faire payer nne forte capitation aux Uupiais, gens
inutiles au monde, fainéants, et la plupart déserteurs des cam-
pagnes; aux filles de chambre. Il faut un inq)ôt sur les carrosses
et cabriolets, dont il y a les deux tiers de trop.
14o Enfin les habitants et notables de la paroisse représentciil
(jue la l'igueur de l'hiver a gelé totalement leurs vignes, de
manière ([u'ils sont sans aucune es])éranrede récolte, et malgré
les malheurs dont ils sont accablés, ils paieront encore et
feront leurs efforts pour payer les impôts anxciuels ils sont obli-
gés, quelque onéreux qu'ils soieid, pour satisfaire à tous les
besoins de l'Etat, mais ils supplient le \\o\ et l'Assemblée géné-
j'ale d'avoir égard à leurs remonti-ances et <le ne faire opiner
(]ue par tète.
Fait au banc de l'œuvre de la paroisse de Manlié, ce 27 te-
vrici- ITcStl.
(Suivent 10 signatiu'es : celles de Claude Jobet, syndic;
Etienne Massias, Pousot, etc.)
Supplément au cahier.
1")" Supfilient Sa Majesté d'accorder à l'Orléanais des Etats
CAHIER DK MARDIÉ. 10."")
généraux à Tiiistar de ceux du Daupliiué, C(^ l'égime étant celui
(|ui convient le mieux à tous ses sujets et ({ui fait l'objet du
vieu de tout bon citoyen ;
je»" Les bontés du Roi qui veut se prêter aux besoins de
l'État; en consé(iuence, l'on propose ce (jui suit à l'Assemblée
générale vl qui pourrait produire plus de (juarante millions.
17" L'on (leniainlc (|iie tous les carrosses en général, y com-
pris ceux de Sa Majesté, paient un louis pai- carrosse et douze
livres par cabriolet, et faute de paiement, les carrosses et cabrio-
lets soient vendus au profit de l'Etat;
18" Les chefs de cuisine, d'office ou de rôtisserie, dans tout
le royaume, six francs ;
19" Les valets de chambre, hors ceux (|ui sont en office, et
filles de chambre du royaume, douze livres ;
20^ Les valets de pied, laquais, cochers et postillons du
royaume, six francs ;
21" Les aides de cuisine et d'office, et les cuisinières du
royaume, trois livres ;
22" Tous les suisses et portiers du royaume, cinq livres;
23" Toutes les servantes de ville et de campagne, de labou-
reur, vigneron, etc., dix sols;
2i" Tous gareons jardiniers travaillant chez les seigneurs ou
autres bourgeois, cent livres.
25" Chacun de ces articles serait reçu pour la canq)agne par
les collecteurs et versé dans la caisse qui loin' serait indi(iuée;
ce dérider article serait le premier reçu une fois payé, et ce
deux mois api-ès l'assemblée générale, par les maîtres, sauf à
eux à s'en faire tenii- compte, s'ils le jugei't à propos.
2(1" l'onr (■(•iiiph'Ier les 2,00() livn>s i\r^ cui'és, il n'y a qu'à
réduire les e;inonicals et prendre sur cet objet ainsi que sur les
Chai-li-eux, nénédictins. Bernardins, Blancs-Manteaux, etc. Les
cuj-és sont plus nécessaii-(»s |)Our la religion, au Boi, à l'Ktat, à
la p;iti'ie que tous ces ordres en général; au moyen de <iuoi.
IfM) BAILLIAGE D'ORLÉANS.
point (le casuol ni diine; ils seraient respectés de tons leurs
paroissiens, et il ne ponrrait en résulter ([u'nn grand bien ;
27o La sn])pression on modération des droits de contrôle, etc.,
et qu'il y ait un tarif claii' et précis dont tous les agents du fisc
ne pourraient s'écarter ;
28^' La suppression des droits sur les cuirs et sur les pa])iers,
coninie nuisibles aux manufactures qui dépérissent et à la
liberté du commerce ;
29" La suppi'ession des douanes; les reculer aux frontières et
faire disparaître toutes distinclions des provinces étrangères et
provinces françaises, et anéantir les bai'rières qui les séparent.
La suppression des péages ;
30> La destruction des entraves qui s'opposent aux progrés
de l'industrie et du commerce, ainsi qu'à ceux des manufac-
tures, tels que sont les privilèges exclusifs ;
31o La suppression des droits qui se perçoivent pour l'iiôpital
de Saint-Cliarles, dépcjt de la mendicité, administré (4) pai' les
Etats [M'ovinciaux d'Oiiéans que nous demandons toujoui's avec
empressement ;
Observations à l'iu-ticle 4 :
32'» Que la prestation en argent dont il est parlé soit sup-
portée par les trois ordres, et non pas par le Tiers Etat
seulement ;
33» Qu'il soit permis à tout le monde de se servir de toutes
voitures, sans être obligé de prendre des permissions des Messa-
geries.
34° A l'égard de l'impôt territorial (|n'ils demandent à l'ar-
ticle le du caliier de doléances, ils observent et demandent
que l'assemblée municipale de la paroisse soit chai'géed'en fain^
le recouvrement à peu de frais; qu'elle en portera le pi'oduit à
l'assemblée des ICtats |)rovinciaux d'Orléans; cette somm(\
ainsi (|ue celle <les antres endi'oits (pii en dépendront, sera
vei'sée directemenl dans le Trésor royal aussi à peu de frais.
3.")" Il f;iii(|inil ohtenii- la permission dans tout le royaume de
(1) C'est-à-clirc : qui serait administré.
CAHIER DE saint-martin-d'olivet. 107
bi'ùloi- les iiiai-cs et les lies : il y a plus do ciiniiiaiilo pour ecui
(le luMuMicc, (^xppi'ienco laite à Manlic;
;)(■)" (Juc Idus ceux (Ml cliai'i^e, (•(ininiission : syndics, iiotaliles,
collecteurs, etc., qui feront des fautes volontaires, avec preuves,
soi(Mit punis, suivant ce (ju'il en sera décidé aux Etats L;énéraux,
pour servir (Texemple.
Oljjet des plus consé<pients jiour le royaume :
37" Alxtlir moulins, foiu's et pressoirs banaux; (pit> loutes
les moutures soient payées en ai'gent et non en nature; que les
meuniers |)rend!T)nt le ])lé au poids et rendront la farine au
|i()i(ls. H csl l)on d'observer (pie les meuniers prennent autant
de blé (piaiid il vaut 8 livres la mine (pie comme quand il ne
vaut (pie 2 livres, ce (pu fait les trois quarts en sus; l'artisan
est déjà assez à plaindre de payer le blé cher et de payer les
trois quarts de plus.
38" Su|)i)rimer toutes les entrées des villes du royaume.
30" Et, pour suppléer aux dépenses inattendues counne grêle,
déboi-d(Mnents des eaux et incendies, mettre une taxe, connne
nous l'avons déjà dit, sur les voitures, domestiques et sur tout
ce qui est luxe; on pouirait même établir dans les gi-andes
villes une caisse pour recevoir tout ce que les bons sujets du
royaume voudraient y porter et des registres pour inscrire les
noms des biiMifaiteurs.
SAINT-MARTIN D'OU VET (1) {aujourd'hui OU VET).
Ih'p. [.(liret. Arr. Orléans. O^. Orléans S.
Gén. Kl. (ircn. Dioc. Orléans.
JoLSSE. — Bourg et paroisse. ()()5 feux (:?). 25300 communiants. Le
(lu(^ d'Orléans. 1 justices, dont 3 r. au b. et 1 à la prévôté d'Orléans.
iîP br. (POrléans. A une lieue dudit lieu. D'Orléans pour le marché et la
poste aux lettres. Assemblée le dimanche avant l'Ascension. (Jrande
roule d( )i-léans à La Ferté. Sur le Loiret. Vignoble en entier. Il y a dans
(1) Appelé aussi Sainl-Marlin-sur-Loiict.
(2) Au-dessous, 624.
108 BAILLIAGE D ORLÉANS.
cette paroisse les fiefs du Poutil. de la Source et de Noras. Il v a 30 ha-
meaux qui sont : Rue Veillard, Satin, la Croix Baudrj, la Giraudière,
Corne Garnier, Cournon, Saint-Julien, le Chapeau Rouge, l'Ours, le
(noître, Norain, le Rondon, le Caillot, le Moulin d'Olivet. la Trésorerie,
la Croix Breton, la Belle Croix, Pressoir Aubry, l'Ormeteau. TArman-
dière. Carrefour de l"Hotel-Dieu, la Croix de Noras. la Rue de Noras,
la Rue aux Chiens, la Croix Dularie, Coin Rond, le Four Neuf, le Gros
Orme, la Source, Lorette. La cure vaut 2,400 1.; coUateur, le chapitre
de Sainte-Croix.
1768. _ 700 feux. De Courcelles. Vigne.
DÎMK. — Blé. une gerbe de 4 pieds 4 pouces par arpent. Vignes,
2 s. () d. par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 21,(>!)1 1.. dont 10.2r)2 pour le [.rin-
cipal et il. lOî» iHiur les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verhal. — Assemblée électorale le jeudi 2() février, au banc
dVpuvre de réglise, sous la présidence de Nicolas Jolianneton, procu-
reur fiscal de la justice de Sainte-Croix d'Orléans, assisté de Claude
Kspaulart, son commis-greffier. — Population : 700 feux. — Compa-
ra ni >^ : Claude Cribier (12 -f 13.7): Charles Dubois (12+13.7); Clé-
ment Fortépaule (H -j- 12.4); François Robinet (l<3-j- 17.15); Gentien
Lanson (15.10-1-17.4); Guillaume Gastellier (22.10 -)- 25.1) ; Jacques
Desbois, marguillier (18-J-20); Jean Rimbert (12 -f- 13.7); Jean Cosson
(21. 10 -f- 23. 18); Jean Rimbert (18.10 -f- 20.11); Jean Lanson (10-f-
11.2); Louis Bobault (24.10 -j- 27.4) ; Mathieu Fortépaule (23.10 -f
26.2); Martin Nioche (10. 10-f 21.14); Pierre Lepage (22.10-}- 25.1);
Simon Bobault (37-}- 41.3); Jacques Boutian; Thomas Delahave(2.10-}-
2.15); Aignan Chauvet (17 -|- 18.18); Nicolas Cosson (10.10-^-21.14);
Pierre-Martin Belouet (17.10 + 10.0) ; André Châtelain, marguillier
(28-J-31.4); Charles Cosson (23 -f- 25.11); Claude Robichon (23-}-
25.11); Claude Cléret (27. 10 -j-30.11); Clément (iodefroy (8-]-8. 10);
Charles Cosson (14 -j- 15. 1 1); Denis Desbondant, chirurgien (14.10 -}-
10.2); .lean Rimbert ( 12. 10 -f- 13.18) ; Joseph Beh)uet (17-^-18.18);
Louis Bequin ( 17. 10-}- 0.0) ; Jacques Begot (0 + 10); Jean Cosson. col-
lecteur (25 -f- 27. 15); Jacques Cosson (21-}- 23.7); .lacques Duru (20-}-
22.4); Jean Fortéi.aule, huissier (15.10 -f- 17.4); Pierre Belouet (32-}-
35.13;) Pierre (ioineau (.37-f-41.3) ; André (Châtelain (17 -}- 18.18);
Pierre Dubdis (20-}- 22.4); Jean Belouet (20-f-22.4); Jean-Nicolas-
Martin Belouet (I'». !()-}- 21. 11): Simon Bohaull ( I 1. 10 -f- 10.27); Jac-
CAHIER DF<: SAINT-M.\HllN-l)'()LIVF;r. 100
ques Ritfaiit-Ci-ibiei' (1:5 -}- 14.0) ; .lean Laiison (iL^ -j- 1:'>.7); l'ieri'.'
Bi'un ((). ancien svnilic; Claude Belouct C^^O.IO -|- ^^2.15); Claude Va-
rennes (-iO. l()-|-'i'-.Mr)); Jacques Rek)uet (15. 10 -f- 17.-1); .Jacques Be-
louet (30-|-:^3.8): .lean Belouet (30 -|- 33.8); .Jacques Lanson ('iO-f-
22.4); .lean Xioche, niai-guillier (25.10 -f- 28.7); .Jean Robichon, collec-
teur (24 -j- 2(3.13); .Jean Gastellier (22-}-2U.4); Martin Gautry (20.10 -|-
22.15); Michel Cribier (10.10^-21.15); Michel Cribier (21-^-23.7);
Martin Lepage (18-^-20); xMartin Lepage (27. 10-]- .30. 11); Pierre Vi-
nauger, collecteur (10. 10 -j- 21. 15); Pierre Bobault (23 -f 25.12); Pierre
Berge (21 -|- 23.7); Sylvain Nioche (32-]- 35. 13); .Jacques Bobault (20^
22.4); Louis Fortépaule (15-f-10.l3); François Beaulieu (12-}- 13.7);
Pierre Bobault (14.10+10.2); Pierre Noiffé (1 1. 10 -|- 12.1.5) ; (Uiil-
launie Begot (24 -|- 20. 13) ; François Riffault (25-]-27.1.5) ; Guillaume
Lanson (11.10 + 12.1.5); .lean Foucard (10 -f- 21.4); .Jean Lepage
(21.10 -f- 23,. 18); .Jacques Laloue (20 + 22.4); -lean Yarannes (31.10 +
35.1); .lean Lanson (10 + 21.3); .Jean Nioche (11 + 12.4); Louis Nioche
(32-)- 35. 12); Michel Gautry (04 + 71..5) ; .Jacques Lepage (32 +35.12);
Pierre (ialiiiant (18.10+20.11); Pierre Berge (25 + 27.15); Pierre
Courcicaut, niarguillier (.38 + 42.-5); Pierre Duru, collecteur (10.10 +
21.14); Pierre Chauvet (13 -}- 14.0); Pierre Berge (17 + 18.18); Pierre-
Claude Vinauger (23 + 25.11); Martin Galinant (13.10 + 15); .Jean
Duru (18 + 20); François Lanson (10 + 21.3); Simon RoJjichon (31 +
34.10); .Jacques Riffault (.32. 10 -[-,30. 3) ; Euverte Rouilly (10.10 +
11.13); .Jacques Bérault (14.10 + 16.2); Charles Lanson (13.10+15);
Jacques Leroy (17.10 + 10.0) ; .Jean Rim.bert (21 + 23.7) ; .Jacques Ro-
bichon, marguillier(8.10 + 0.0); .Jean Varennes (14+15.11): .Jacques
Bonne (12.10+13.18); .Jacques Nioche (0+10); Martin Belouet
(21. 10 -f- 23. 18); Nicolas Lamandé (15.10 -j- 17.4) ; Nicolas Varennes
(42 + 40.16); Martin Lepage (6 + 6.1.3); Louis Tabard (5 + 5.11);
Jérôme Lanson (6 + 6.1.3); Aignan Brière (6.10 + 7.4); Toussaint
Brière (8.10 + 0.0); Jacques Baron, collecteur (0+ 10;) Charles Dubois
(7 + 7.15); Claude Gastellier (7 + 7.15) ; Etienne Dubois (4 + 4.0).
— Députée: Etienne-Clément Fortépaule; Denis Desl3ondant ; Claude
Robichon; Martin Lepage; Mathurin Lanson; Michel Gautry; Nicolas
Lamandé ; André (]ril)ier. syndic.
P(il'[l,.\Tl().\ KN IT'.M). — 3.020 li.d.ihmls.
Le ciiliici' <!"( )li\('l iiiaiHiiu'.
MO BAILLIAGE d'ORLÉANS.
14o Justice de Saint-Aignan d'Orléans.
Ce groupe est formé : lo par les cahiers d'Artenav, Santilly, Teillay-le-
Peiicux et Ruan, rédigés sous la présidence de Moutié, docteur-régent en
l'Université d'Orléans, bailli de la justice de Saint-Aignan, et '2" par celui
de Lumeau, rédigé sous la présidence de Petit, notaire à Artenay.
Les dillérences entre les quatre textes nécessitent leur publication inté-
grale.
ARTENAY.
Dép. Loiret. Arv. Orléans. C^n, Artenay.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans (1).
.Tousse. — Gros bourg et paroisse. 24(3 (2) feux. 700 eomnauiiants.
Lo chapitre de Saint-Aig-nan. Haute Justice de Saint-Aignan, r. en la
prévôté d'Orléans. Marchés le mardi et le vendredi. Une foire d'un
jour le premier Jeudi de carême et une assemblée le jour de saint
Victor. Br. de Langeniierie. A 2 lieues de Langennerie et (] d'Orléans.
Grande route d'Orléans à Paris. A 2 lieues de la forêt d'Orléans.
Beauce. 10 arpents de vigne ; 3,.'i20 ar[»ents de terres labourables. 11 y a
sept iiameaux dans cette paroisse, qui sont : Autroche, le Moulin Brûlé,
la Grange, Rue Neuve, Auvilliers, Arbelle et Ghichy. La cure-[)rieuré
vaut 1,500 1. Elle est à la collation de MM. de Saint-Euverte.
1708. — 257 feux. Le chapitre de Saint-Aignan. Blé.
DiMK. — Grosse dîme : 1 gerbe 1/2 de .50 pouces par arpent sur
800 arpents ; 1,200 arpents à champart ; 034 arpents exempts de dîme
et de champart.
Taille de la paroisse en 1788. — 13,502 1., dont 0,3>00 pour le prin-
cipal et 7,302 pour les impositions accessoires et la capitation.
l*Koci^:s-VERBAL. — Asseuiblée électorale le (linianche 1'"'' mars, au
banc-d'œuvre de l'église, à onze heures du matin, sous la pi-ésidcnce
de Jean Moutié, doyen des conseillers du roi, docteur-régent en
l'Université d'Orléans, avocat en la cour du l'arlcinciit de Paris et
au (Miatelet d'Orléans, bailli de la Justice temporelle de Saint-Aignan
d'Orléans, assisté de son greffier ordinaire. — Pi)})i(lalion : 2<)0 fi'ux.
— Conijuiranls : Pierre Loret lils (<>. 10 -j- 7.5) (3); .leaii Mesland
(1) D'après Jousse, Artenay était ilii ressort du grenier ;'i sel d'Venvillc (.lanville).
C2) Au-df'ssM(Us, 'SXi.
CJ) Le rùle d'.\rteiiuy pour 17»H est dans un mauvais état de conservation et présente trop de
larunes pour être utilisé. Le taux de rliaque paroissien est indiqué ii-i d'après le rùle de 1787.
(Arch. du Loiri-t, i^VSVi provisoire. >
CAHIER D ARTENAY.
111
(30.5 -f- 33.10) ; Joseph Giroist, ; Jean Besnard, maoon (2.5 -j- 2. 10) ;
François Toueliard (50 -j- 56. 3); Louis Descoui'tis, aubergiste (58 -j-
65.0); Etienne Penot, laboureur (86-J-96.13) ; Toussaint Doucet
(6.5 -h~): Pierre L'Hôte fils; Louis Jacquet, laboureur (126.10 -j-
142.8); Laurent Chenu, marchand (26.10 -[- 20.14) ; Thomas Moutié
l.ère (8.15 -j- 0.17) ; Louis Beaumont, cordonnier (4-|-4.0); Jacques
Soisson père; André Doucet père, cordonnier (17.5-)- 10.6) ; Charles
Blairet ; Pierre Hauduroy (bourgeois, 18.15 -f- 21 ou boulanger,
0-f- 10.2); Lazard-Benjamin Miné, marchand (15.5-]- 17.3) ; Pierre-
Victor Lhôte, maréchal (16. 10 -j- 18.10) ; Louis Lesourd, cabaretier
(34 -|- 38.04); le nommé Saran (3.10^3.18); Jean Mothu le jeune
(4-f-4.0); Pierre Grimault, boulanger (17.15^10.18); Martin Paulei ;
Antoine Lecomte (12.5 -j- 13.15) ; Louis Fouchet, boucher (0.10-f-
10.3); François-Thomas Robinet, marchand (15 -f- 16.17) ; Jacques
Antigna, serrurier (12.5 -j- 13.15) ; Joseph Girault, maréchal (6.10-|-
7.5); Jean Martin, mesureur (22.15 -f- 25.11) ; François Lenoble, tisse-
rand (3.5 -f- 3. 13); Claude Gommet, journalier (2.10^2.16); Augustin
Boitard ; Jean Pelletier père (12.15-^ 14.6) ; Thomas Mathieu (6.5 -f-
6.19); Jean Fougereux, maçon (8.5 -f- 0.5); Guillaume Aubry, maître
de poste (225. 10 -f 253.13); Louis Vaillant, marchand (15.15-}- 17.14);
Louis Popot, charron (13. 15 -j- 15.0) ; Etienne Thomas ; Louis Cheval-
lier, cabaretier (46 -f- 51. 14) ; Sébastien Besnard père, cordonnier
(14.15-[- 16.11) ; Georges Fougereux père, maçon (18 -f- 20. 3);
Georges Fougereux fils (3 -{-3. 7); Jacques Souchet, boucher (6-|-
6.14); Pierre Lefranc, tailleur (4.10-f-5.1) ; Toussaint Lefranc (3 -)-
3.7); Mathieu Robichon, charron (15. 15 -j- 17.13) ; Jacques Lescot ;
Jacques Girault (5-|-5.12); Denis Fougereux père (15. 10 -j- 17.8) ;
Denis Fougereux fils (3-^-3.7); Pierre Lecomte, maçon (11.5 -|-
12.12); François Chevallier, jardinier (15.5 -f- 17.2) ; E'rançois Jac-
quet; Denis Doucet ; Alexis Baudron, charcutier (5.15-J-6.8) ; Jacques
Méland, marchand (24.15 -f- 27.16) ; Pierre Boitel ; André- Claude
Chauvin, cordonnier (12 -|- 13.9); Claude Thoinard, cordonnier (6-1-
6.14); Prosper Nolet ; Sébastien Nolet père (9.10-^10.13); Sébastien
Nolet fils (7.5 -[-8.2); Charles Vanneau, charron (6 -j- 6.14); François
Deslande père (3.15 -f- 4.3); Etienne Antigna, cabaretier (12 -f- 13.9) ;
Jean Sainson. boulanger (12. 15 -j- 14.6) : Claude P>esnard (postillon,
10.15-f-l2.2 ou oliarj.entier 12-1-13.0): Denis Maugas, marchand
(17-J-19); .leaii Girault. niailre d'école (5.15 -[- (j.8) ; Sébastien Bes-
nard fils (4.10^5); .lean Muthu l'ainé, tanneur (11.10-1-12.18);
112 BAILUAGE d'ORLÉANS.
Jacques Besnard, charpentier (4.15-)-5.0) ; Gervais Barry ; Julien
(]olas, tourneur (O-f- 0.14) ; Thomas Miné, marchanol (13 -j- 14.1-J) ;
Jean Sauger ; Jean Pitrou, cabarctier (08.5 -|- 76. 10) ; Louis Pitrou
(128 -f- 144.4); sieur François Gallard (500. 15 -f- 037. 18) ; Jacques
Hubert, tailleur (5 -j- 5.12) : sieur Jean Amy ; P'rançois Meurise (5-)-
5.12); Pierre Laille (5-}-5.12); Charles Lenoble (11.15-}- 13.4) ;
Pierre Gharnon ; Claude Granger, niayon (0-]-0.14) ; Etienne Hermon
(5.10 -[- 0.3) ; Etienne Ménard ; Denis Marchon, laboureur (280.10 -|-
322.1); André Leleu, laboureur (213-}- 231). 14) ; Pierre Barbier (73 4"
82.3); Denis Gaucheron, meunier (102-}- 114.18) ; Jean Barra ult,
laboureur (5-)- 5. 12); Toussaint Houzé ; Jean Michou ; François
Picault (7-}- 7.10); François Bellenoue (0-}-10.2): .leaii (^lianveton
(10-}- 17.10) ; François Bevanneau (7.15 -j- 8.14) ; Simon Gallard
(5. 15-)- (5.8) ; Aignan Chaufton (15.10-}- 17.8) ; Pierre (iuyon (8-)-
8.10). tous aubergistes, bourreliers, bouchers, charrons, épiciers, clian-
deliers, chapeliers, cordonniers, boulangers, cabaretiers, cafetiers,
maçons, couvreurs, charpentiers, menuisiers, maréchaux, serruriers,
maître de poste, laboureurs, tonneliers, journaliers, nuuKiaivres,
hummes de labour. — Dépulés : François Gallard; Louis Jacquet; Jean
Amy.
Population en 171K). — 1,1 10 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse d'Artena;/, pour être remis aux députés de
ladite paroisse, en l'assemblée qui sera tenue le i<"'' mars pro-
chain^ fait et arrêté le même jour par les soussignés.
1" Les habiluiils de hidilc paroisse croiciil (in'il serait avaii-
taiteux'iueles cures au-dessus de 1,500 livres soient aui^uieulées
eu propoiliou de la quaiiliLé de eouiiuuuiaiils et de l'eux dout
elles seront comijosées, et (ju'il ne soit exigé de la pail des eiuvs
aucune l'élrihuliou l'orcée, ni acceptée même aucune volontaire
|)(iur radniinistration des saci'ements, et pour tout ce (|ui concerne
leur uiinistère; de même (|u'inie dotation proportioimée aux
vieaii'es(l) dans les paroisses qui sont dans l'usai;! ' d'en avoir ci),
et (|ui en ni;u)(|uent souvent i)ar cette raison (."});
(h .S.ius-fiilciiilri- : -liait laarilugcux.
(2) (;'u8l-i'i-<Jire : d'avuir des vicaires.
('.() C'cst-ù-iliie : paire i)u"il n'y a jias Ue dolalioii.
CAHIER D'ARTENAY. 113
2" Quo roxaiHon des cliiriirgiens flesliiiéspour les campagnes,
(loiil les liabitaïUs sont éi^alemenl (1) cliers et utiles que tous
autres (éloii;iiés de tout secours), fût aussi exact, aussi rigou-
reux et le même que celui de ceux destinés pour les villes ;
(jue, pour y pouvoir fixer des sujets utiles et revêtus des talents
nécessaires pour un exercice et un art aussi intéressants à la
société et leur faire un sort convenable à leur état, il y soit
pourvu |)ar le gouvernement en leur formant des arrondis-
sements et leur attribuant une somme fixée et annuelle,
ne fût-ce (|uaux dépens de la province et même des paroisses
dont serait composé l'arrondissement de chaque chirurgien,
({ui alors serait tenu de veiller au soulagement des malheureux,
dont le nombre serait fixé pour chaque ])aroisse et indiqué
par messieurs les curés ;
.> Qu'on opine aux États généraux par tête et non par ordre;
4» Qu'il soit établi des États provinciaux composés des trois
ordres, dans la même proportion que le sont les États généraux;
50 Qu'il existe toujours une administration numicipale chargée
de la répartition et levée générale des impositions, de l'exécu-
tion des ordres ilu Roi, et généralement de tout ce qui intéresse
les communautés, tant en demandant qu'en défendant, même
dans les endroits où il n'y a aucun officier de justice; veillera la
police ; arrêter les mendiants non domiciliés ; enfin, maintenir
le bon ordre, et faire tout ce qui sera adressé des États provin-
ciaux;
()" La décharge des vingtièmes, fie la taille, impositions acces-
soires, ca|)itation et celle de la contribution à la corvée, dont
les trois (piarts sont payés jjar les cultivateurs et l'autre quart
parles habitants de la campagne, tandis que les ouvrages qui
en résultent sont utiles et nécessaires aux citoyens de tous
les ordres du royaume, lacpielle, par conséquent, doit être
supportée par tous; suppléer à toutes les inqjositions par un
seul et uiiiijue impôt attribué sur toutes les propriétés en géné-
ral, de tout ordre, par égale portion, suivant l'estimation de
(i) Sic, pour aussi.
T. I. H
114 BAILLIAOF. d'ORLÉANS.
cliacune, et industrie pour ceux ^[n\ n'en ont aucvuie ; sauf
néanmoins modération pour les paroisses sujettes au logement
des troupes et autres charges quelconques ; et que les sommes
résultantes fussent portées par l'administration municipale
à celle des États provinciaux pour être ensuite versées flirec-
tement au trésor royal;
7o Que le sel, si util»' cl indispensable, même à toutes les
personnes les plus indigentes, et qui, par sa nature, nous est
donné abondamment par la Providence, soit libre et marcliand;
80 Que les droits d'aides, de détail, courtiers-jaugeurs, ins-
pection aux boucheries, et autres de cette nature qui donnent
lieu à tant de malversations, monopoles et abus, soient suppri-
més, et qu'il y soit suppléé, s'il est nécessaii'e, d'une autre
manière ;
9» Que les Irais de justice soient diminués et les procédures
abrégées, et, pour y parvenir en partie, que les diiïérentes
contestations dans les campagnes susceptibles d'y être ren-
voyées, telles que des retirages des terres et autres objets dans
lesquels il n'y aurait aucune question de droit, fussent (sic)
portées directement et sans frais à la décision des municipalités,
ou qu'elles leur soient renvoyées par le premier jugement pour
y être décidées sans autre rappel;
lO" Que les justices seigneuriales trop muHi|iliées fussent n*-
duites; qu'il leur soit fixé des arrondissements, ainsi ([[lo rétablis-
sement du siège dans les petites villes ou gros bourgs, avec obli-
gation aux seigneurs de gager leurs officiers qui seront tenus
à la résidence sur les lieux; que les justices jugent en derni(M'
ressort jusqu'à la somme de cinquante livres, et que les bail-
liages royaux jugent pareillement en dernier ressort jusqu'à la
somme de cent cin((uanle livres, non compi'is la conipcMence
des prt''sidiaux, dans l(>s lieux où il s'en ti-ouvcra d'iMidilis,
cl (jn't'U ^(''Mi'imI les tribunaux rnssciil sinq)liliés;
II" (Jne les olficiers des justices seigneiu'iales et autres ne
puissent être pourvus de ces charges sans être gradués ou avoir
CAHIER d'ARTENAY. 415
exercé les fonctions de procurenrs dans une juridiction royale
pendant l'espace de dix ans ;
J'io Qu'il lut fait un tableau pour fixer les lionoraires des actes
des notaires par proporlion à leurs étendue (sic); ce qui serait
avantageux pour les habitants delà campagne, qui alors auraient
connaissance de la dépense que peuvent leur occasionner diffé-
rents actes qu'ils ont intention de faire faire ;
13o Que la perception du droit de contrôle soit simplifiée et
modérée, de manière qu'elle ne puisse servir qu'aux honoraires
de la personne chargée de cette opération, qui ne doit avoir
pour but que l'assurance des dates, des actes, et que leurs (sic)
bureaux soient invariablement établis au milieu de leur arrondis-
sement; que les droits de franc-fief et autres de cette nature
soient totalement supprimés ;
14o La suppression de tout privilège quelconque ; que les baux
des propriétés de tous les ordres aient leur entière exécution
et ne puissent être révoqués par mutation ou mort des titulaires
qui les ont passés ;
io» Qu'il soit défendu à tout propriétaire, soit ecclésiastique
ou séculier, d'exiger aucun pot de vin sans en faire mention sur
le bail, à peine fie restitution du quadruple, sur la preuve qui
en sera administrée par témoins ou autrement ;
16o Que, pour l'avantage des cultivateurs et particuliers de la
campagne faisant valoir, les droits de dîme et champart fussent
perçus d'une autre manière qu'en nature, si cela était possible,
en ce que, de cette manièi-e, les terres se trouvent privées
d'une partie des engrais par les empaillcments qui en sont
retirés ;
17o Que les personnes chargées d'une nombreuse famille, en
fixant toutefois la (piantité, eussent la consolation d'être soute-
nues j)ar ((uel(|ues modérations ou bienfaits annuels des États
provinciaux autorisés pai' le gouvernement qui serait fixé à cet
égard. Cet encouragement, peu dispendieux, serait très utile
à la société et aux bonnes mœurs ;
HG BAILLIAGE iVORLÉANS.
'18o Qu'il soit pris toutes les mesures convenables pour abolir
la mendicité; défendre à tout pauvre, même aux infirmes, de
(juéler hors paroisse sans l'atlaclie (1) de leur curé ou syndic,
et de pouvoii' s'étendre dans les paroisses circoiivoisines,
à peine d'être poursuivi. Qu'eu conséquence, il soit poiuTii par
chaque connnunauté au soulaL;ement de leurs pauvres;
lOo Qu'il ne soit imposé par la suite aucun impôt sur les
fermiers dont les travaux ne tendent qn'à la prospérité de
l'État, et (|iii. jiis(|u'à présent, en ont su|)porté le pins limrd
fardeau.
(Suivent 25 signatures : celles de Fi'ançois Gallard, Marchon,
Touchard, etc., et celle de Moutié).
SANTILLY.
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Chartres. C^n, Janville.
Gén. El. Orléans. Gven. Janville (2). Dioc. Orléans.
JoussE. — 90 feux (;i). 250 communiants. Le chapitre île Saint-
Aignan. Justice de Saint-Aiii'nan, r. en la prévoté d'Orléans. D'Yenville
(Janville) pour le marché et d'Artenaj [)Our la poste aux lettres. Br. de
Tourj. A 2 lieues de Tourj, 8 d'Orléans, 1 (rVenville et 2 d'Artenay.
Assemblée le 27 juillet, Jour de saint Pantaléon. Route d'Yenville.
Plaine. Beauce. Le terroir est fort bon. 3,440 arpents de terres labou-
rables. La cure est à portion con,^'rue. Il y a 4 hameaux, qui sont :
Chàteau-Oaillard. Veillard. Santilly-le-^'i(■il et BoissaiiiviUr.
i7()8. — KJo feux. (Chapitre de Saint-Aij4"naii. Hlé.
Tah.lk de la paroisse en 1788. — 8,90(3 1. tO s., dont 4.204. 10 jxiur
le principal et 4,702 pour les impositions accessoires et la capitidion.
pRoCKS-vKRnAL. — Asscuiblée éhictorale le vendredi 27 février, au
banc d 'oeuvre de l'église, sous la présidence de Jean Moutié, doyen des
conseillers du Roi, docteur-régent et professeur de droit (M1 l'Université
d'Orléans, avocat au Parlement et au Châtelet d'Orléans, bailli de la
Justice tem|toi'(dle de Sainl-Aigiiaii d'Orléans, assisté de son greflier
(1) l'erinissinii écrite, aiilurisatioii (|iii l'Iait ttHarhri' u cerluiiics pièces.
Ci) D'après Jousse.
(H) Au cIpssous, !)8.
CAHIER DE SANTILLV. 417
ordinaire. — Populdtîon : 108 feux. — Comparanls : Rocli Desforges
(4G0.5-f-514.13); Claude Popot (277-f-30l).14); Aignan Brunet (300 -f-
835.10): Louis-Gilles Paveii ; Louis Planson (182-1-203.12); Jean
Gidoin (175 -j- 11)5. 15): .Teaii Brunct (1.57.10 -f- 17fi. 3): Guillaume
Porteau (8(3-j-OG.4): Claude Seviu (21+23.10): Denis Doucet
(12.15^-14.4): Jean Mesland (11 -^ 12.!)); -Tean Cliauveau (9-]- 10.1);
Marin Pasquier (8 -f 8.10): Louis Mesland (7-^-7.10); Pierre Marte
(5 -(-5.12); Claude Lefèvre (7-f-7.10); Claude Guyon (7-|-7.l0): tous
laboureurs et journaliers. — Dépulcs : Jean Gidoin ; Louis -Gilles
Paven.
CcUiier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Santilly-en-Beauce.
jo Nous demandons qu'il soit pourvu par une taxe sèche à
la liquidation des dettes de l'État, qui sera levée en plusieurs
années sur tous les sujets du Roi sans aucune distinction ;
2o Qu'on supprime la taille, les corvées et tous les impôts
trop onéreux au peuple par les frais de perception, et qu'on les
remplace par d'autres impôts simples auxquels tout le monde
sera assujetti ;
30 Qu'on établisse dans cliaque généralité des États provin-
ciaux, qui seront cliargés de la répartition des impositions pour
en compter directement au Trésor royal ;
4° (^u'on s'occupe des moyens de détruire la mendicité et
qu'on établisse dans chaque province un dépôt pour ren-
fermer tous ceux qui se trouveront mendier hors leur
paroisse ;
50 Qu'on supprime le casuel forcé et qu'on pourvoie à la sub-
sistance hoimète rUi curé par la suppression de tous les béné-
fices simples, dont les biens seront répartis par les évoques
entre les bénéflciers à charge d'àmes ;
6° Qu'on dote les écoles de charité répandues dans les
paroisses de campagne;
118 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Conversion du cJiampart de cette paroisse, qui est très oné-
reux, en une prestation en argent.
Arrêté au Ijanc de l'œuvre, cejourd'hui 21 février I781>.
(Suivent 11 signatures : celles de Planson, Gidoin, Aignan
Bj'unet, etc.)
TEILLA Y-LE-PENEUX.
Dëj). Eure-et-Loir. Arr. Chàteaudun. C"». Orgères.
Gén. El. Orléans. Gren. Janville (1). Dioc. Orléans.
joLssE. — 104 feux. 4U0 communiants. (Chapitre de Saint-Aignan .
•lustice de Saint-Aignan, r. en la prévôté d'Orléans. D'Yenville pour le
marché et d'Artenay pour la poste aux lettres. Br. de Langennerie. A
4 lieues de Langennerie, 7 d'Orléans, 2 d'Yenville et 3 d'Artenay. La
cure vaut 800 1. par an. Plaine. Beauce. 2.250 arpents de terres labou-
rables; 20 arpents de bois; il arpents de vignes.
1768. _ 120 feux. Chapitre de Saint-Aignan. Blé.
TAn.LE de la paroisse en 1788. — 0,058 1., dont 3,282 pour le prin-
cipal et l>,G71 pour les impositions accessoires et la capitation.
l*RO(:KS-vER]i.\L. — Assemblée électorale le samedi 28 février, au banc
d'asuvre de l'église, sous la j'^'ésidence de Jean Moutié, doyen des 'on-
seillers du roi, docteur-régent et professeur à l'Université d'Orléans,
bailli de la justice temporelle de Saint-Aignan d'Orléans, assisté de son
greffier ordinaire. — Population : 136 feux. — Comparants : Etienne
Cassegrain (257 -f- 287. 14); Joachim .Tullien (lO-f-ll.t); André
Bouclet (8. 10 -[-0.10); Claude Duchon (28-^31.0); Claude Potier
(59.5-)-66.5); Claude Courgeon (9 -j- 10.1); Denis Bellenoue (08.10 -f-
70.13); Etienne Blain (lO-f-11.4); François Larry (2.10-}- 2. 10);
François Sicard (5.i0-|-0.3); François Proust (10.10-j- 11.14); Ouil-
laume Pailly (12 -[-13.8); François Gautron (83 -|- 02. 17) ; Jean XcvtMi
(221 -(-247.8); Jean Vanneau (20.15 -|- 23. 4); Charles Pérot ; Jacques
Lefèvre (3(j.lO-[-40.17); Jérôme I^apon (14-|- 15.16); Julien Chevrier
(3-f-3.7); Jean Vallet (liO-)- 1.13); François Fauconnier (52-J-58.5);
Louis Plisson (12.5 -j- 13.13); Louis Duvcan (5.15-(- 6.0) ; Thomas
{\) D'après Jousse.
CAHIER DE TEILLAV-LE-PENEUX. 419
Plubert (7-J-7.10); Claude Leblanc (5 -j- 5. 12) ; Louis Destas (4 -f-
4.0); Marcou Papou (13.10-(- 15.1); Louis Legeudre (3. 10 -j- 3. 18) ;
Nicolas Marcou (<).5-(-<3.l!)); Orient (lu von (10 -]- 11.4); Pierre Guérin
(2. 10 -f- 2.1(3); Pierre Rocherieux (7 ^7.1(3); Pierre Lubin (4.10-J-5);
Jean-Simon Clievalier ((].") -|- 7); Pierre-Jean Peigné (13 -j- 14.10) ;
Claude Doré (3-f-3.7); Jean Lecomte (40-[- 44.15); Etienne-Mathurin
Cassegrain. receveur du chanipart (510.10 -j- 571.9); Denis Blain (9 -f-
10.1); Thomas Boutet (27-f-30.5); Séba.stien Dargcnt (212.5 -f- 237.2);
François Bataille (1 -j- 1.2); Mathurin Bouillon (37-J-41.7); Louis
Duchon (201. 10-(- 225.11); Vrain (lougy (9-|-10.1), tous laboureurs,
charron, maréchal, tailleurs et manouvriers. — Déjnités : P^rançois
Gautron; François Fauconnier.
Remontrances, 'plaintes et doléances faites par les habitants de
la paroisse de Teillay-le-Peneux en Beauce, avec les moyens
et avis qu'ils ont à proposer en V assemblée générale des
États, au désir de la lettre du Roi du 24 janvier 1789,
ainsi qu'il suit :
DOLÉANCES .
Ils (demandent la suppression :
Art. 1er. — Des dîmes et champarts, encore plus particuliè-
rement des champarts, parce que ce droit est très préjudi-
ciable à tous propriétaires et fermiers qui exploitent et font
valoir les terres qui en sont susceptibles, non seulement en ce
qu'il est gênant à raison de la livraison et de l'enlèvement de
son propre grain, que l'on ne peut faire qu'après que les gerbes
ont été préalablenient comptées (il en résulte souvent une perte
considérable occasionnée par la viuiation du temps), mais
encore c'est que la sixième, neuvième ou douzième gerbe que
l'on est obligé de fournir et livrer au seigneur propriétaire ou
fermier de ce droit de champart, et dépouiller en partie le
terrain sur lequel ce droit est pris et perçu, lui ôter son engrais,
c'est empêcher sa production, et semblable à une personne à
laquelle on citerait au temps froid une partie de ses vêtements
de dessus son corps.
120 BAILLIAGE d'0RLÉA>S.
Poiii- rcjiiédiei' eL IcMiir lien de ces di-oils de dîme et cliani-
jtart, il est aisé de savoir dans eliaqiie lien et ])ays où ils sont
établis ce qne Je ti-irain penl |)i'odnii'e de nombre de ^erJtes
de i^rains, année eonnnnne, par mine de terre, Tnne dans
l'antre, c'est-à-dire tant bonnes que mauvaises; aloi's on évalue-
rait ce que chaque mine de terre ensemencée en blé et mars
pourrait produire de i^i-ain à clia(|ue récolte, selon le pays et le
climat; et l'on serait temi de livj-er tant de blé de telle qnalilé
et tant d'avoine commune pour cliaipie mine de terre de la
nature qu'elle aurait été récollée, chacun an, le premier octobre,
au lieu seigneui'ial de l'endroit où ces di'oits sont étabhs. A ce
moyen, on verrail mie i^i'ande tranquillité à ce sujet et le ter-
i';iin du cultivaleur iruclilier bien davantage;
Art. 2. • — Des droits de h'anc-lier qne paient les pauvres
roturiers à chaque mutation (pii arrive, à i-aison des biens
nol)les qu'ils possèdent. Ce di-oil est écrasant, parce que l'on
paie, au cas susdit ou au moins Ions les \in14l ans, une amiée
et demie de revenu de ce (pie |)i'oduit cette espèce de bien;
ce qui en ojnpèclic le commerce, parce que, daiis un lot de
terres à vendre, il s'en trouvera un tiers, la moitié, ou peut-
être les deux tiers en lief, plus ou moins. L'n roturier tremble
de l'acheter, parce que, dans le courant de Tan do son acfjui-
sition, il est tenu de payer la moitié en sus de ce que ce bien
vaut do l'evenn ; aj)rès quoi, il niemi l'année suivante; ses
liériliers sont obligés de payer encore ce même di'oit, ensuite
ils le vendent, et 1(^ nouvel ac(juérein* recommencf^ une ti'oi-
sièine lois. Ces miilatioiis peuvent ari'ivei' en .trois ans de
temps; alors, loin de j)roiiter du revenu de son pro})re bien, il
en coule moitié en sus de ce qu'il produit annuellement, dm'ant
le temps (|u'il clianL;r de mains. Ainsi, pourquoi les i'otnri(M's
ne jouissent-ils |)as aussi bien du privilège fie cette exemption
(pie les nobles, |)nis(]u'ils sont autan! prêts à sei'xir le Uoi et
à dél'endre la patrie qu'eux?
Art. ."). Des droits il'jiides et d"ins|iecteiir aux boissons et
aux bouclieries, [larce qu'ils gênent aussi iiiliniment le conir
CAHIER DE TEILLAÏ-LE-PENEUX. 121
merce, reipportaiix difléieiits inijjôls qui y feoiilallacliés et [à| la
sujétion que chaque pei'sonue a pour vendre, livrer et débiter
les liqueni's et viandes qui sont susceptil)les de ees droits.
Souvent il en résulte des procès qui ruinent des commerçants,
|)Oui' avoir manqué d'en ac(putter quelqu'un strictement, les
uns par ii^norance, les autres par malice et quelques-uns par
oubli. On peut également remédiera ces droits en en imposant
un senl é([uivalent sur le climat du terrain de clia(pie endroit
(|ni ])roduit ces sortes de marchandises;
Ai't. i. — Des droits de Isabelle. Il est de la dernière consé-
(liienct» d'abolir et éteindre cet impôt en entier, pai'ce que, après
le pain, c'est le sel qui est le plus utile à tout le monde pour la
subsistance, car sans sel on vit fort mal ; exemple : un pauvre
mercenaire, enfm un journalier quelconque rentrant chez lui,
à midi on le soir, n'y trouvant (ju'nn morceau de pain sec et
dur, s'il n'a pas un peu de sel pour le faire bouillir avec de
l'eau, il est très à plaindre, parce que bientôt ses forces sont
épuisées et sa vie est de peu de durée ; souvent, il en résulte
qu'une femme et des enfants sont malheureux, étant obligés de
mendier, et il arrive par la suite que plusieurs d'entre eux
s'attroupent avec des brigands, ils finissent mal leur vie et
mettent en danger celle des honnêtes gens. Au lieu qu'avec du
sel ils font de la soupe, ce qui est l'unique ressource de la plu^
part des pauvres gens, et par ce moyen, au moins ils vivotent ;
Art. 5. — Des taille, capitation, industrie et corvées, parce
que tous ces impôts, par la multiplicité des commis qui en smit
occupés, l'uinent la France; et on peut les réunir en un seul,
en appi-éciant ce qu'ils produisent aujourd'hui annuellement
au lioi. pour les mettre et imposer sur le géné:-al des biens du
l'oyauiiic, à proportion de ce ipie cliaque objet est méritant,
connut^ châteaux, maisons de ville et de campagne, vignes, bois,
\^\v^, livières et terres labourables; ce faisant, il est certain
que le Roi sera mieux payé et son peuple l)i(Mi soulagé ;
Art. (■). — Des tabellions des seigneurs, parce (pi'il en résulte
souvent de fâcheux inconvénients, rapport aux actes qu'ils pas-
\22 . BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sent pour les difïérenls particuliers autres que les seigneurs
(lesquels ils tiennent ce tabellionne (1). Exemple : qu'il arrive
le décès du tabellion, ou qu'il soit disgracié de son seigneur ;
dans le premier cas, ses héritiers, auxquels les minutes des
actes qu'il a passés n'aj)parliennent pas, les pillent, cachent
ou séquestrent, ])our les vendre ou en disposer tel qu'ils avi-
sent ('2) en leur laveur ou en celle de leurs amis; et dans le
second, le tabellion lui-même, qui prévoit sa disgrâce, en fait
autant ; il a seulement soin de rendre à son seigneur, bien pré-
cieusement, tous les actes qui concernent ses intérêts, et ce,
parce qu'il craint son courroux et une entière destruction de
sa petite fortune. Le seigneur content, il ne pense pas aux
intérêts des autres; en sorte que, par la suite des temps, il
arrive qu'un particulier a égaré ou perdu l'expédition de
l'acte qu'il a passé chez ce tabellion ; il en a besoin d'un autre
pour justifier du droit qu'il a dans un procès ou autrement ;
en vain il cherche la minute, il ne sait plus où elle est, ni en
quelles mains elle est passée ; donc, il résulte de cet inconvé-
nient qu'avec bon droit il perd son bien, faute de pouvoir jus-
tifier son titre ;
Art. 7. — Que les procédures soient abrégées et les frais
diminués, de sorte que, pour le bien et avantage de tout le
monde, les procès ne devraient pas durer plus longtemps,
savoir : dans les justices subalternes, que six mois ; dans celles
royales, qu'un an ; et au Parlement, que deux ans. Alors, les
juges exigeraient que leurs greffiers missent par écrit sur un
tableau qui serait exposé dans l'auditoire, et sur un autre qui
serait dans le cabinet sous les yeux de chaque juge, le jour
que la cause d'entre un tel et un tel a été portée et appelée
à l'audience pour l;i piemière fois; par ce moyen, le délai
susdit expiré, le juge jugerait sur les pièces qih> les procu-
reurs chargés et cotés .seraient également tenus de lui repré-
senter et déposer dans son cabinet huitaine avant l'échéance du
(\) Sic, pour tabellioniiage.
(2} Sic, pour : selon ce qu'ils -avisent.
CAHIER DE TEILLAY-LE-PENEUX. l'23
délai fixé, à peine «le telle amende qu'il serait à propos de
détcr?iiiner à ce sujet. C'est alors que l'on aurait la douce
satisfaction de jouir et profiter chacun particulièrement de son
bien.
Pour le bien de la chose et éviter bien des peines et courses
aux justiciables, il faudrait que la justice fût exercée et tenue
dans cluKjue paroisse, c'est-à-dire ({u'il n'y en eût qu'une par
paroisse et tenue dans le chef-lieu ;
Art. 8. — Que les dix sols pour livre aujourd'hui mis en sus
du principal [du] droit de contrôle et insinuation fussent ôtés et
j'éduits à ce moyen au temps de sa création (1), conformément
au tarif de 1721 ;
Art. 9. — Qu'il n'y eût que le principal seigneur dans chacjue
paroisse qui eût droit d'avoir un colombier ou volière peuplé de
pigeons, parce que la multiplicité des pigeons que chaque pro-
priétaire a aujourd'liui la faculté d'avoir fait un tort considérable
à tous fermiers, rapport aux grains qu'ils mangent et perdent
au temps des couvrailles et moissons.
Art. 10 et dernier. — Moyens pour .parvenir (2) aux besoins
de l'État.
Il serait à propos de réduire, au moins pendant cinq années
consécutives, savoir : MM. les archevêques et évéques à 12,000
livres de revenu par an chaciue, et qu'ils fussent tenus de visi-
ter leur diocèse au moins une fois tous les cin(| ans; MM. les
abbés à raison de 1,5(K) livres aussi par an, et C{u'ils fussent
obligés de vivre dans le couvent de chacun leur abbaye avec
les religieux auxquels il serait accordé 1,000 livres de revenu
par an pour chacun d'eux ; enfin, qu'il n'y eût dans chaque ville
épiscopale de la France qu'un nombre suffisant de chanoines
pour la cathédrale et servir au conseil de leur évèque seule-
ment, et que le revenu fût aussi fixé à raison de 1,500 livres
par an pour chacun d'eux. Le surplus appartiendrait au Roi.
(1) C'est-à-dire : à ce c[u'ils étaient lors de sa création.
i2) C'est-à-dire : pour parvenir à pourvoir aux besoins de l'Etat ; ou simplement : pour
pourvoir.
1"2Î BAILLIAGE iVORLÉANS.
Il est encore bon d'observer que, poiu' raison des l)iens
des i^ens de mainmorte en général qui sont affermés par nn bail
(|iielc()n(|iie, que (sic) le fermier (|ni en aurait connneneé la
jouissance fût eerlain de le iiiiir; aloi's, un fermier tr;ivaillerait
à coup sûr à bonifier le terrain (|u'il serait sin* (rexitloilci-
jus(|u'à la (in de son bail ; aulrenienl, un fermier li-einldc joui-
nelh^nent, en ensemençant sa lei're, de ne pas en récollei' les
fi'uits, ce (]ui occasionne (jue beaucoup de fermiers sont ruinés
à ce sujet, parce que, étant placés (au moment d'un change-
ment de seigneui' |)ropriétaire), ou il (sic) est forcé d'essnyer
raugmentaiion qu'on lui demande, ou il se trouve sans place;
par consé(iuent une famille est, poui' ainsi dire, au dépourvu.
Fait et ari'été enti'e nous, liabilaids de ladite paroisse de
Teillay-le-Peneux soussignés, au son de la clocbe, en la
manièi-e ordinaire, au banc de l'œuvre de l'église paroissiale
• ludil lieu, le samedi dernier jour du mois de février, l'an 1789,
avant midi.
(Suiveid .'{| signatures : celles d'Etienne Cassegrain, François
Gautron, François Fauconnier, etc.)
RU AN.
IJep. Loiret. Arr. Orléans. C^". Artcnav.
Gén. EL Orléans. Gren. Janville (1). Dioc Orléans.
JOUSSE. — 07 feux (:^). -lOO (•(nnmuniants. Cli.ipili'c dr Saiiit-Aiji-naii.
.Tiisfiee de Saint-Aifrnan. !■. en la |)i-év("ilé d'Oi-léans. I»'Ai'lcii;iv pdiir le
marché et pour la poste au.\ ietU'es. Br. de Laii^Miiicrir. A t licncs de
Langennerie, 7 d'Orléans. 1/2 d'Artenay. A une Heur de l;i roule de
Paris. Plaine. Beauee. 2.500 arpents de terres labourables, 20 arpents
de vignes. La cure vaut 800 1. ; à laeolhuion du chapitre de Saint-Aignan.
7 hanie;iux. qui sont : Assas, Doniarvillc, Villechat, le Coudray, le Roii-
dr.iii. l;i Horde-(]halon et. Sesve.
170S. — 102 feux. Chapitre de Saint-Aignan. Blé.
(-1) P'aprés Jausse.
(2) Au-dessous, 103.
CAHIER DE RUAN. 125
DÎME. — Terres lal)nui'al)les. une gerbe 1 2 de 50 pimees par ai-pent.
sur A'.M) arpents 2 3. Vin: 2 [tintes ])ai' [iouicon (sui' (i arpents de
viy-ne).
Taille de la paroisse en 1787. — 0.7:^'.) 1. iO s.. d(jnt ;i.l7'.).l() piau-
le principal et ;i,.j50 pour les impositions aceessoires et la eapitation.
Procès-verbal. — Assemblée éleetorale le jeudi '2o février, au banc
d"ceuvre de leglise, sous la présidence de Jean Moutié, doyen des
conseillers du roi. docteur-régent et professeur à l'Université d'Orléans,
avocat en Parlement, aux bailliage et Cliàt(det d "(Orléans, bailli
de la justice temporelle de Saint-Aignan d'Orléans, assisté de. son
greftîer ordinaire. — Population : 12.5 feux. — Comparants : Pierre
Breton (254-}- 283.12) ; Etienne Darnault (175 -|- 11)5.8) ; Barthélémy
Charron (105 -j- 117.. 5) ; Pierre Mazure (87. 10 -j- 07. 12). laboureurs;
•Jean Chaufton ; Pierre Bonnet ; Louis Blot (la veuve Louis Blot et son
lils), laboureur ((38.10-}- 7(j. 10); .Jean Besnard, laboureur et cabaretier
(31.10 -j- 35.3); Pierre Camus, laboureur (23 -|- 25.14) ; .Jean-Georges
Minet (14-}- 15.13); .Jean-Louis Legrand (14.10-}- 1(3.4), vignerons;
Pierre Charron, charron (18 -}-20.2) ; Pierre Legrand, vigneron (12.10-f-
13.19); Sébastien Bidault, charron (14.10-}- 1(3.4) ; Pierre Servaux
(13-J-14.10) ; Symphorien Pilté, journalier (14 -f- 15.13) ; Thomas
Minet, vigneron (11)-}- 11.3); .lean Darnault, ancien laboureur
(11.10 -f- 12. 17); .Jacques Chesneau, maréchal (10-}- 11.3); Pierre
Legrand Tainé ((3.10-}- 7.1) ; Pierre-.Jean Lecomte (8 -|- 8.19) ; .Jacques
Porthault (Claude et .lacques Porthault), cordonnier (9-f-lO.i); Claude
Barrault, charretier ((3 -f- 0.14); François Sevin (père, 2-}- 5; fils, 3-f;-
3.7); Jean Barrault; Jean Moreau, tisserand (2-}- 5); François Moulin,
journalier (10 sols -j- 11 sols) ; Antoine Morize, maître d'école (1 -j- 1.2) ;
Jean Lefèvre, maréchal ((3-}- 0.14); Vincent Barberon. journalier
(3-J-3.7); Louis Freton, laboureur (145 -j- 1(31.18). — Déjuités: Jean
Besnard; Pierre Mazure.
Population ex 1790. — 455 habitants.
hiO BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Cahier de doléances, de plaintes et remontrances
de la paroisse de Ru an.
1" Quant aux imposilions royales, tailles et autres acces-
soires, se montent à la somme de (3,735 1. 10 s.;
[dus, pour lé vingtième , 1,()8G G;
plus, pour la corvée 8(K) 1(3.
2" Nous demandons la suppression de la gabelle.
.'V> Nous avons pour seigneurs MM. les doyen, chanoines et
chapitre de l'église royale de vSaint-Aignan d'Orléans, auxtiuels
notre ])aroisse est chargée de payer le sixième de tout grain
récolté sur le terrain de cette paroisse; en outre, le livrer
auparavant le sien à la grange champarteresse, et que, pendant
cette livraison, celui des cultivateurs est exposé aux injures du
temps en outre, le grain étant battu et métivé, d'après (1)
laquelle métive le cultivateur est obligé de le conduire dans le
grenier de ces messieurs à Orléans, qui est éloigné de notre
paroisse de sept à huit lieues, et ([ue les empaillements prove-
nant de ce sixième qui entre à la grange dégradent les terres
par le manque d'être fumées comme elles le devraient, et que
nous souhaiterions que ces messieurs paient des inqjôts à pro-
j)oi'tion de leurs biens, rentes et revenus ;
4" Qu'en outre, on paie à Son Altesse Sérénissime le Duc
d'Orléans un droit d'avenage ou rente l'oncièi'e par chaque
mine de terre, une mesure d'avoine et huit deniers payables et
livrables au domaine de Janville, distancé d(^ Irois lieues de
liuan.
5» Les terrains joignant les bâtiments, vulgairement appelés
ouches, n'étaient |pas] assujettis au droit de champart ci-dessus
énoncé. Le chapitre s'est arrogé d'y ))ercevt)ir un nouveau
à la douzième (2).
(■>" (Jiianl à la justice |)()ur notre paroisse, nous sommes obli-
gés de nous Irausporlcr à Orléans, à la justice de Saint-Aigiiaii.
(1) c;"c3t-ù-<lire : uprùs.
('2) C'esl-ii-(Jire : un nouvouu droit de <.-|iuiiiparl ù la duuïii'iiie ^rerlje.
CAHIER DE RU AN. 127
distante de sept à liiiit lieues de notre paroisse; ce qui con-
soninie les parties en Irais, même quand il s'agit d'une affaire
où il s'ag-it de preuves ou arbitres, par la longueur du chemin
qu'il faut se transporter si loin, même quand il s'agit d'élire
des tuteurs et curateurs et autres choses semblables que (i)
ces alfaires, vu que ces affaires se doivent terminer prompte-
ment, qu'il est impossible d'y vaquer en ce peu de temps; et il
serait à propos de nous rapprocher cette justice, ou, si mieux
un aime, qu'il soit commis des personnes dans notre paroisse
pour terminer ces affaires, ce qui serait un soulagement pour
notre paroisse ; et nous faisons observer que cette paroisse est
composée de plusieurs justices, que le hameau du Coudray
est d'une justice, et des autres métairies de cette paroisse sont
de différentes justices, et que nous désirerions que notre
paroisse soit d'une seule justice.
En ce qui concerne la cure de cette paroisse, elle est située
entre trois (sic) petites cures à portion congrue, savoir : Lion,
qui est une petite paroisse sans liameau à un quart de lieue ou
environ, et Trinay, qui est à une demi-lieue avec des hameaux,
11 serait à souhaiter qu'on réunit une de ces paroisses à la notre,
ou, si mieux on aime, les deux, vu que notre fabrique est très
modique en revenus, et, si on avait Lion, cela augmenterait
notre fabrique ; et qu'on donnât un vicaire à M. le curé,
sans que les émoluments de ^L le vicaire se prennent sur
cette paroisse.
7° Quant au fait d'une espèce de police, il serait à propos
qu'il fût établi dans cette paroisse un quelqu'un de cette
paroisse pour veiller à l'ordre public, relativement à de cer-
tains quidams qui se répandent dans les campagnes en espèce
de colporteurs qui osent subtiliser les particuliers en forçant
les gens de jouer à de certains jeux qu'on ne connait pas et
d'aclieter leur marchandise en forçant de donner ce qu'ils
demandent DU ils lonl du ta])age, et des gens qui ont les appa-
(1) C'est-à-dire : semljlables ù ces affaire:;.
128 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
l'ences d'espions ; et ([ue les i-ens commis a cet effet eussent
le droit de faire procès-verbaux et de faire conduire ces sortes
de gens aux juges des lieux en demandanL iiiain-l'orte, s'ils
n'ont pas de bons papiers pour prouver leur honnêteté.
8^ Quant à la corvée, il serait à propos que notre paroisse eût
le droit de taire leur corvée dans la pai'oisse (1), vu que nous
sommes obligés de souffrir les paroisses voisines, ce qui abîme
les cliemins de notre paroisse, et ([ue les habitants de notre
paroisse ne peuvent arriver à la route ({u'à force de chevaux,
ce qui abîme tous les équipages ; et cpie (sic) nous demandons
qu";iu lieu de coi'vée, le pouvoir (2) de faire construire des rues
solides et les chemins pour conduire leurs (sic) grains à la
destination dans les marchés voisins et de rétablii' les chemins
conducteurs à la route ; et que, par ce moyen (3) de la quantité
de voitures qui sont obligées de livrer les grains à la grange
champarteresse et en hiver pour tirer les empaillements de cette
grange, et que cette paroisse, indépendamment de toutes ces
grosses charges, est chargée d'impositions royales aiitiml (pi'uiie
infinité d'autres paroisses et juème plus, et les sn|)pliants deman-
deraient d'être modérés, attendu les grandes charges dont notre
paroisse est cliargée.
1*^1 liiialement, nous demandons, j'eprésentous (pie notre
liaroisse n'est pas beaucoup en état de pourvoir aux instruc-
tions des écoles. Nous désirerions que notre paroi.sse j)ùt obte-
nir quelques fondations au sujet des gens qui ne peuvent
envoyer leurs eulants aux écoles et (|ue ces éniolimienls ne
soient pas pris sur cette paroisse.
(Suivent 20 signatures : celles de Louis Frelon, Pierre
Jireton, Sébastien lUdault, syndic, etc., et celle de Moutié.)
Aiijoiu'd'liiii dimanche, quinzième jour d(; mai's 1781), à
(1) C'esl-à-dire : que les habilanls do noire jmroisse eussent le droit de faire leurs corvées
dans la paroisse.
(2) Sous-enlondre : nous ayous le pouvoir de . . .
(;}> Cesl-ù-dire : à cause de...
flAIIIKR DE lA'MEAU. 129
l'issue (le la messe, nous, liai)itaiils de cette paroisse, sommes
assemblés au banc cVœuvre et avons donné an présent cahier
les articles ci-dessous ([u'on avait onliliés :
Un droit de cliampart au liameau du Coudray, au douzième,
et un droit de dîme envers M. le curé de cette paroisse, et
nous demandons que tous ces champarts et dîmes soient sup-
primés, attendu la dégradation des terres; la suppression et
destruction des pigeons.
(Suivent 13 signatures : celles de Bidault, syndic ; Louis
Freton ; Pierre Charron, etc.)
LUMEAU
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Gliâteaudun. C'^'K Orgères.
Gén. El. Orléans. Gran. Janville (1). Dioc. Orléans.
JoussE. — 84 feux. 3:i0 conununiants. Chapitre de Saint-Pierre-
Empont. 3 justices, dont 'Z r. au Ij. et 1 à la prévôté d'Orléans. Br. de
Langeniierie. A 4 lieues de Langennerie, 7 d'Orléans, 2 1/2 d'Artenav et
3 d'Yenville. D'Yenville pour le marché et d'Artenaj pour la poste aux.
lettres. Route d'Yenville. Plaine. 11 y a 5 hameaux qui sont : Ecuillon,
Neuvilliers, le Grand, Domainville, et Auneux. 2.420 arpents de terres
labourables ; 8 arpents de vignes ; 15 arpents de bois taillis. La cure est
à portion congrue ; collateurj le chapitre de Saint-Pierre-Empont.
1768. — 95 feux. Chapitre de Saint-Pierre-Empont. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,906 1. 10 s., dont 4,204.10 pour
le principal et 4,702 pour les impositions accessoires et la capitation.
pROCÈs-vERB.^L. — Asscmblée électorale le dimanclie 1*^'' mars, au
banc d'ceuvre de l'église, sous la présidence de Jean l\^tit, notaire
royal au bailliage d'Orléans pour les paroisses d'Artenay, Lumeau,
Baigneaux, Santilly-le-Moutier et leurs dépendances, résidant à Arte-
iiay. — Population : 103 feux ; 191 taillables. — Comjxwanls :
(u'rniaiii Oreslou, maçon, syndic de la municipalité (15 -|- 16.15) ;
(Jliarles Casscgraiii, laboureur (234 -j- 261.11) ; Jean-Baptiste Des-
forges, laboureur et meunier (326 -f- 364. 18) ; Pierre Iludebine, tour-
(1) D'aprè.s Jousse.
130 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
neur (16 -f- 16.18), nieuibres de la nuiiiicipalité ; Pierre Descauses,
serrurier (13-}- 14.10.6) ; Nicolas Girault, laboureur (131 -[- 146.7) ;
Claude Barillon, laboureur (512 -)- 571.16) ; Remv Pigé, laboureur
(45 -j- 50. 6); Louis Douville, charretier (8.10 -[- 0.10) ; François Tho-
main, charretier (6 -|- 6.14); Toussaint Moulin, homme de peine
(34. 10 -j- 38. 12) ; Jean Loingtier, marchand (10-)-11.4); Etienne Lig'er
le jeune, charpentier (8. 10 -j- 9. 10) ; Jean Legrand, cordonnier (11-)-
12.6) ; Jean-.Iacques Sevin, laboureur (326 -j- 364.3) ; Pierre-Jean
Pothier, homme de peine (6-|-6.14); Charles Pelletier, aubergiste
(81 -f- 90.10) ; Jean Tourne, journalier (9.10 -j- 10.14) ; Etienne Neveux,
laboureur (252 -j- 281.9) ; François Jousse le jeune, meunier (8.10 -}-
9.10); Pierre Sellier, vigneron; Pierre Leconte, journalier (7.10-|-
8.8); Honoré Genty, laboureur (512-)- 571.17) ; Jean Gibier, labou-
reur (3-)- 3.7) ; Louis Dorson, laboureur (430-)- 480.6) ; Louis Fleury,
laboureur (146 -j- 163.2) ; Louis Vaslin, journalier (2 -j- 2.4.9) ; Charles
Degusseau, laboureur (30. 10-)- 34. 1) ; Aignan Cassonnet, charretier
(18. 18-)- 21.2) ; Louis Bourgeois, journalier (10-[- 11.4) ; Jean Sevin,
journalier ((3. 10-)- 7.5); — Députes : Pierre Descauses; Pierre Hude-
bine.
Cahier de demandes de la paroisse de Lumeau, qu'elle a
charge' ses députés de remettre à l'assemblée du bailliaf/e
d'Orléans.
Lorsque le Roi, pour éLiblir un ordre consLanl eL invariable
dans toutes les parties du gouvernement et assurer le bonlieur
de la Nation, veut bien consulter toutes les classes des
citoyens, chacun doit concourir avec recoiniaissance à secon-
der les intentions paterneik's de Sa Majesté, en déposant au
|iird du tnuic les moyens qu'il croit les plus propres pour y
jiarvcnii'.
Tels sont les vœux de la paroisse de Lumeau :
La conversion de tous les impôts actuels eu deux i^viu'i^s
d'impositions : l'oncière, l'iiiitre sous dénoniin;ilion d'iniposilion
jx'i'sonncjlc ;
La i'(''pai-lilion juste cl pi'0|)orlioimelle sur les objels sujels à
l'impôt i'oncier, c'est-à-dire siu' les leri'es et leiu's produits,
CAHIER DE LUMEAU. i'3[
coinine le seul et unique moyen d'en alléger le poids et rendre
a la campagne une émulation si désirée ;
L'établissement d'un cadastre ou état exact des objets sujets
à l'imposition et de leurs pi'oduits; il serait facile d'y parvenir,
en en cliargeant les Etats provinciaux. Il serait à désirer
qu'une terre, une fois taxée, ne pût jamais être augmentée,
quand même l'industrie parviendrait à en doubler ou tripler le
produit ;
L'abolition de toutes les exemptions pécuniaires, tant du
Clergé que de la Noblesse, la propriété devant seule déterminer
ce que chacun doit supporter de l'impôt ;
Que le sel soit marchand.
Il serait bien à désirer que les procédures soient diminuées,
et que les demandes qui seraient données pour raison de reti-
rage de terre ou autres fussent jugées par la municipalité de
chaque paroisse en dernière instance, lorsque la valeur de
l'objet conteste n'excéderait pas deux cents livres ;
Que le syndic de chaque municipalité soit autorisé à di'esser
des procès-verbaux des contraventions qui se commettent sur-
tout dans les cabarets contre les règlements de police qui
défende[it la fréquentation de ces lieux pendant la nuit et le
service divin.
Les députés demanderont que les dépenses nécessaires pour
l'entretien et réparations des chemins soient supportées par
toutes les classes de citoyens, mais que les campagnes éloignées
de plus d'une lieue des grandes routes soient autorisées à rete-
nir le tiers de leurs contributions, qui serait employé à établir
un chemin de communication à la route voisine, d'après les
ordres et sous l'inspection des États provinciaux.
Il paraîtrait aussi conforme aux principes de religion que
bien vu en politique d'améliorer le sort des curés de campagne.
Il serait possible de trouver dans la suppression de ({uelques
communautés et abbayes les moyens de leur procurer une sub-
sistance honiiélc et indépendante, qui les mît à j)Oi'tée de secou-
[32 lîAILLIAtlH d'OIILÉANS.
rir le inallieuroux au lieu d'être contraiuts d'exiger de lui le
salaire dû aux l'oucLious de leur iiiiiiislère.
Les avantages qui résulteraient de lonniir à l'agriculture
tous les moyens de se perfectionner sembleraient devoir déter-
miner une loi qui ])ermît à tout redevable du droit de cliam-
part de pouvoir rembourser cette redevance en une rente
foncière en grains. Le tort notable que le droit de champart
fait à la culture, tant parce qu'il prive les terres d'une partie
de leurs engrais que par les entraves qu'il met au cultivateur
qui se voit souvent contraint de laisser perdre une partie de sa
récolte par la mauvaise liimicin' ou les tracasseries des rece-
veurs, mérite une attention particidiére du gouvernement.
Les députés, enfin, représenteront au Roi que la campagne
gémit sons 1<' poids énorme des impôts ; que, (h^piiis (rente ans,
il est aisé de voir ([ii'clh* est dépeuplée de plus d'im tiers; que
dans beancoii|) d'endi'oits, entre autres dans le pays appelé la
Beauce, l'imposition directe coimue sous le nom de vingtième,
taille, capitation, accessoire, etc., est montée à un taux exor-
bitant, en sorte que si, dans les années abondantes, les culti-
vateurs ont à peine de quoi subsister, dans les années stériles
ou lorsqu'il arrive quelque accident imprévu, la campagne se
voit l'tMluilc à luie extrême misèi'e.
Les députés seront priés de mettre sous les yeux de Sa
Majesté que ses fidèles sujets, habitants de la campagne, sont
remplis de confiance dans la protection de sa justice et
espèrent lout des soins prévoyants de sa bonté patenielle.
Fait et arrêté par nous soussignés, composant l'assemblée
générale de Lumeau, cejourd'Imi dimancli(» !'''• mars 1781), et
ont signé.
(Suivent l20 sJLiualiu'es : celles de lludebiue ; (leruiaiu (Ires-
loii, syndic; (iatillier, greffier, etc.)
CAHIER DE CHEVILLY. i3o
L> Justice de la Baronnie de Giievilly.
Jean Tivier, procureur au Chàtclct d'Orléans, présida, on qualité do hailli
do la baroimie do Chovilly, ios réunions dos paroissos de Cercottes (24 fé-
viior), Cidy (25 février), Boulay (26 févrior), Bricy (27 février), Huètre (28 fé-
viier) ot Chovilly (1" mars).
Le cahier de Huètro diffèro notablement do ceux dos cinq autres paroisses,
(jiii présentent entre eux de très grandes ressemblances.
D'autre part, la présidence de la paroisse de Greuzy fut dévolue à Jean-
Edino Benoit, notaire à Chevilly, qui figure, à titre de greffier, dans les
réunions de Cercottes, Cidy, Boulay, Bricy ot Chovilly. Le cahier adopté
sous sa présidence est à peu prés identique aux cinq autres.
Nous donnerons intégralement le texte de Chevilly, non seulement parce
que cette paroisse est le siège do la justice, mais parce que ce texte est le
plus complet. Il nous servira de type de comparaison avec les autres. Quant
au cahier de lluétre, il sera reproduit en entier.
CHEVILLY (nom ancien : ANDEGLOU), (I).
Dép. Loiret. Arr. Orléans. 0°". Artenay.
Géfi. EL G)-en. Dioc. Orléans.
JoussE. — Andeglou, dont dépend le bourg- de Langennerie. 201 feux.
500 communiants. MM. de la Sainte-Chapelle de Paris. D'Artenay
pour le marché et la poste aux lettres. 5(2) justices; haute justice,
de la prévôté, de Sainte -Croix, de Cossol, de Saint - Magloire,
de Langennerie, r. au b. d'Orléans. Deux assemblées, les 1er niai et
25 juillet. Br. de Langennerie, lieutenance d'Orléans. A 4 lieues 1/2
d'Orléans. Orande route d'Orléans à Paris. Plaine. Beauce. Près la
forêt d'Orléans. Les bois de Cercottes, qui sont des deux côtés des che-
mins d'Orléans, ont été autrefois très dangereux. Il y a 14 arpents de
toi-res labourables, 50 arpents de vignes et 000 arpents de bois en la
forêt d'Orli'aiis. Il y a dix hameaux, savoir : Chevilly, Nogent, Langen-
nerie, la Croix Briquet, partie de la Folie, Beauvoir, la Chapelle, les
Mardelles, Ézolle et Cossol. La cur-e vaut 000 1. ; elle est à la collation
du chapitre de Sainte-Croix d'Orléans.
17G8. — 103 feux. M. de Gypierre. Blé ; vigne.
BÎMR. — 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent (moins 200 arpents qui
en sont exempts).
(1) Kii réalité, comme on le voit, il y en av;iil 0.
(2) .\ndeglou, aujourd'hui hameau de la commune de Chevilly.
134 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,025 1. 10 s., dont 3,170.10 pour
le principal et 3,846 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^ mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Jean Tivier, procureur
au Chàtelet d'Orléans, bailli de la justice et baronnie de Ghevilly, assisté
de Jean-Edme Benoît, notaire royal à Ghevilly, commis pour gref-
fier en l'al)sence de notaire ordinaire. — Population : (1) — Coiti-
paranls : Ciiarles Fougeu, laboureur, syndic de la municipalité
(101.10 -[- rj:i.l2) ; sieur Jacques-Parfait Darblay, maitre de poste aux
chevaux et laboureur (64 -j- 77.6); Charles (Jassot (178.5 -f- 215. 18) ;
sieur Claude Peigné le jeune; Jean Ménard, laboureur (125 -f- 151);
Antoine Morizo l'aîné, laboureur, et son fils (82.15 -)- 90.18) ; Louis
Bonneau, laboureur (225.5 -|- 272.0) ; Jean Sagot, laboureur (76.10 -|-
02.'.») ; Clément Faucheux, laboureur (00.15 -|- 120.0) ; P'rançois Méland,
laboui'cur (30. 15 -)- 47. 10) ; Claude Bourdin, laboureur (40 -|- 48.6) ;
Antoine Morize le jeune, laboureur ; Félix Malaquin, laboureur (16. 1.5-|-
20.4); Etienne Legendre, laboureur (17.5 -j- 20.15) ; Pierre Bamier,
laboureur (22 -f- 2.612) ; Jean Garnier, laboureur (13.15 -|- 16.11) ;
Gilles Brancliu, vigneron (15. 15 -f- 10) ; Germain Camard, vigneron
(11.15-|- 14.3) ; .lacques Legrand le jeune, vigneron (10.15 -j- 12.10) ;
Denis Théodet, vigneron ; Louis Popot. vigneron (9.10-)- 11.0); Jacques
Beauhaire, vigneron (3.5 -j- 3. 18) ; Jean Sellier, vigneron (7-f-8.0);
(luillaume Théodet, vigneron (14.5 -j- 18.4) ; Jean Pichon, vigneron
(4.15 -j- 5.14) ; Jean Sanson, vigneron (3.15-|- 4.10) ; Pierre Théodet,
vigneron (5.15-f- 6.0) ; Charles Moulin, tonnelier (10. 12 -|- 12.13) ;
Guillaume Bime, bourrelier (8.10 -f- 10.5) ; Louis Claveau, boulanger
(7.10-t-O.l); Eugène Marchand, cliariuMitier (15.10 -f- 18.13) ; Xnël
Lecomte, maréchal (4.15 -\- .5.14) ; Pasquier Somitiaire, charfon
(17.15 -f- 21. 0) : Louis Chesneau, mai-écli;il ( 12. 15 -|- 15.8) ; Lauivnt
.Iulicn. cordonnier (14.5 -(- 17.4) ; Louis .Iulicii. cui-donnici' ; l^'raiiçdis
.Iuliun, cordonnier (2. 15-)- 3.6) ; Laurent Julien, le jeune, aubergiste
(21 -j-25.7) ; Denis Lecomte, ancien meunier (8-)- 0.13) ; Pierre Houzé,
marchan<l ; Joseph Sehregle (?), serrurier (2.15-[-3.6) ; Jean-Pierre
F'aris. tonnelier (3. 15 -)-4. 17) ; Claude Peigné l'aîné, ancien maréchal
(0.5-)-il.3); Pierre Duclu' (11 -)- 13.(5) ; Picnv l'.h.t ( 1 1 ,5 -j 1:;. 12);
rVeorges Julien le jeune, conduiseur (h' ventes (2.15 -)- 3.6) ; 'l'homas
Millet, garde (2.15-^-3.6); Gilles Mercier, bûcheron (8-)- O.Li) ; An-
(1) I.p cliillre iMaii(|uc dans le proci's-verbal.
CAIIIEH DE CllEVILLY. 135
toine Leoomte, bûcheron (45 -f- 54.0); Laurent Vanneau, bûcheron
(:3-|-3.12); Clément Jutteau, bûcheron (4.1()-(-5.8) ; Jean Freton, bû-
cheron (5.5 -[-(3.0) ; Jean Caniard, l)ûcheron (2. 15 -f- 3.0) ; Germain
Caniard, bûcheron (0.10 -]- 7.17) ; Jacques Lecomte, bûcheron (5.10 -(-
O.lL^); Pierre-Charles Gullas, bûcheron (3.10 -(-4.4) ; Claude Goiynet,
bûcheron ; Charles Duché, bûcheron (l.l()-(- 1.10) ; Pierre Germereau,
bûcheron (2-|-2.8); Claude Allerj, bûcheron (4.5-f-5.2); Charles
Morize, bûcheron (o.l5-|-0.19) ; Antoine Allerv, bûcheron (2.15-f-
3.0); Jean Legrand, bûcheron (4.15-}- 15.14) ; Antoine Lecomte, bû-
cheron (0.5 -|- 7.11) ; Barthélémy Pépin, bûcheron (2 -[- 2.8) ; Jacques
Allegrin, journalier (1.10-(- 1.10) ; Etienne Villain, journalier (2.15-|-
3.0) ; Vincent Gratet, journalier (3. 15 -{-4. 10) ; Louis Châtelin, jour-
nalier (2.10 -{-3) ; François-Michel Besson, journalier; Pierre Baraillon,
journalier ; André Popot, journalier (10 -|- 12.1) ; Pasquier Popot, jour-
nalier (0.10 -)- 7.17) ; Jacques Ghaumeton, terrassier (O.lO-j-7.17) :
Jean Sargant, terrassier (3. 10 -f- 4.4) ; Jean Hardy, tisserand (12.10-j-
15). — Députés: Jacques-Parfait Darblay ; Charles Fougeu ; Charles
Martin.
Population en 1790. — 1,100 habitants.
Cahier des doléances, plaintes et remontrances que font à Sa
Majesté les habitants de la paroisse de Chevilly, diocèse et
généralité d'Orléans, rédigé lors de V assemblée tenue au
banc de l'œuvre de ladite paroisse, par devant M. le bailli
de la justice de la baronnie de Chevilly, le /«■■ mars 1789,
pour être porté par les députés qui seront nommés à
l'assemblée préliminaire qui sera tenue par M. le lieute-
nant général au Chdtelet d'Orléans le samedi 7 dudit mois
de mars pour la convocation et tenue des Etats généraux
du royaume.
La communauté des habitants de la paroisse de Chevilly
supplie très liumblement Sa Majesté de lui accorder :
1» L'élal)lissement des Etats pi'ovinciaux à l'instar de ceux
du Dauphiné;
'20 La consei^vation des assemblées municipales des paroisses
et comiimnautés; qu'on ne pourra être membre de cette
130 BAI [.LIAGE d'ORLÉANS.
assemblée sans avoir été nommé par le suiTrage libre de la
communauté et que nulle représentation ne pourra avoir lieu;
30 La suppression de tous les privilèges pécuniaires et
exclusifs;
40 L'abolition du di'oit de franc-fief si onéreux et préjudi-
ciable à tous ceux qui n'ont pas l'avantage de la noblesse ;
5° La suppression des corvées d'autant plus à charge que
les chemins de travei'se d'un village à l'autre, les rues et
abords des villages, si utiles aux gens de campagne, sont
totalement négligés et à un tel point qu'ils sont impraticables
et qu'il est d'une nécessité indispensable de pourvoir à leur
rétablissement ;
n» La suppression des gabelles, le sel étant à un si haut
prix que beaucoup de gens de la campagne ne peuvent s'en
procurer, quoiqu'il soit une denrée de première nécessité;
70 La suppression des tailles et capitation dont souvent la
répartition arbitraire est si nuisible à la classe la plus indi-
gente des citoyens;
80 La suppression des vingtièmes dont les abonnements et
les exemptions privent le Jîoi de la majeure partie du pro-
duit;
90 La suppression de tous les droits d'aides et autres y
joints, absolument onéreux à tous les citoyens tant par leur
perception, les entraves qu'ils mettent au commerce des vins
que par l'augmentation qu'ils occasionnent qui retombe en
majeure partie sur la classe la moins fortunée;
1(1" La réunion de tous ces dilTérents inqxHs en un seul,
après avoii- été consenti par les Etats généraux, pour être
l'éparli également sur les trois ordres de l'j'^tat et supporté
lant [)ar les propriétaires des biens-fonds proportionnellement
à Iciu'S vaii'urs et revenus que par ceux (pii ne font l'ien valoir,
par une juste répai'lilion relative à lenrs état et l'acuité et être
v('i'S('' au Iré'sor royal sans Irais;
11" La icMorme des ahus qui se sont glissés dans ladiui-
CAHIER DE CllEVlLLY. 137
nislration de la justice; que les procédures soient abrégées,
les frais diminués, et la suppression des droits qui se perçoi-
vent au profit du Roi;
12" Que les cures de campagne soient dotées pour mettre
les curés à portée de vivre convenablement à leur état, rela-
tivement à l'étendue et [aux] charges de leurs paroisses et aux
revenus qu'ils recevaient auparavant, et qu'au moyen de cette
dotation tous les casuels en général des curés soient sup-
primés ;
lo" (Jue la liberté de tous les Français fût plus que
jamais à l'abri de tout abus d'autorité, ainsi que leurs pro-
priétés ;
lio La suppression du droit de gruerie;
15o La faculté de rembourser les rentes foncières dues aux
gens de mainmorte entre les mains du roi, sur le pied du
denier vingt ;
16o La faculté de racheter les dîmes et champarts tant aux
gens de mainmorte qu'à tout autre particulier, sur le même
pied pour ceux des gens de mainmorte, pareillement entre
les mains du Roi;
il" Que les baux faits par les bénéficiers et commencés
aient leur exécution pendant la durée de ces mêmes baux,
nonobstant la mort des titulaires; que défenses seront faites
aux titulaires de recevoir aucun pot-de-vin, à peine de priva-
tion de leurs bénéfices; ^
■i8'> Qu'il ne pourra être établi aucun impôt quelconque qui
n'ait été consenti par les États généraux, dont le retour
périodique sera fixé avant la séparation des États généraux;
19" ()ue les droits do contn^)le et insinuation qui se perçoi-
vent sur les quotités soient tUminués;
'20' Que les biens féodaux possédés par les roturiers soient
partagés dans leurs successions sans prérogatives du droit
d'aînesse;
138 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
21" La faculté de racheter les cens et autres redevances
seigneuriales;
22" Qu'il soit enjoint aux gens de mainmorte de vendre
leurs propriétés pour les mettre dans le commerce.
(Suivent 44 signatures : celles de Martin, G. Gassot, Fougeu,
syndic, etc.)
Supplément qui a été omis à Vassenihlée qui a été faite en
Véglise de Chevilly^ issue de la grand' messe paroissiale, le
dimanche h^^ mars 1789, en présence de M. Tivier, bailli
de la baronnie de CheviUy, où les habitants ont représenté
leurs doléances.
Comme tous les habitants demandent que le champart
et cens de Saint-Louis et Saint-Barthélémy leur est {sic)
très incommode et qu'ils voudraient qu'il lût au compte du
Roi, afm d'être libres de leurs moissons, comme il est parlé
dans le cahier du 1^''' mars dernier, nous prions messieurs les
députés de représenter à l'assemblée qui se tiendra samedi
prochain, 7 du présent mois, que le champart a été établi au
moyen qu'il y avait une chapelle et (jui est encore et qui sert
de grange. Gette chapelle a été interdite en 17()4. Le seigneur
et baron de Glievilly a fait abattre le petit clocher, a lait des-
cendre une cloche du poids d'environ 100 livi'es, a l'ait empor-
ter le calice et tous les ornements qui servaient à célébrer la
sainte messe (pii se disait tous les vendredis de chat|ue
semaine, et tout le carême l'on y faisait le catéchisme pour
l'instruction des enfants, et même l'on y recevait les fenunes
([ui étaient des environs. Les vieillards profilaient d'entendre
la m(!sse, ce qui était très connnode dans ces hameaux des
Gliapelles, des Ghatelliors, i'>.olle, Gossol et des Mardelles,
d;uis lesquels il peut y avoir IJO feux qui sont ])rivés de cet
avantage. Gette chapelle a été desservie par le sieur curé de
Glievilly, ci-devant Andeglou, qui recevait tous les ans une
somme de (30 livres pour ses honoraires et dessertes au jour
CAHIER 1)K CERCOTTES. 139
de saint Louis et saint Barthélémy, après la grand'messe qui
s'y célébrait ce jour-là; l'on y présentait deux pains bénits qui
étaient présentés à tous les assistants. Cette chapelle apparte-
nait anciennement à messieurs les chanoines du chapitre de
Saint-^Magloire de Paris. Cette chapelle peut rapporter aujour-
d'hui un revenu de 15 à 1,600 livres, tant pour leurs ferme,
champarts que cens gros et menu qui fait un boisseau de blé
et un minot d'avoine à '2 deniers de litte pour chaque arpent,
tant plein que vide, attendu que les terres ne sont que des
sables et ne peuvent supporter que des métaux (1) (sic) et
seigles et que les particuliers sont obligés d'acheter des blés
à '2 deniers de litte pour acquitter leur dit cens, ce qui leur
est très endommageable ; outre ce, une partie de ces terres
sont sujettes aux inondations causées par les débordements des
eaux qui s'écoulent de la forêt.
Fait à Chevilly, ce 2 mars 1789, présence des soussignés
et de plusieurs autres qui ont déclaré ne savoir signer.
(Suivent 2i\ signatures : celles de Gilles Branchu, Pierre
Duché, marguilliers ; Pierre-François Baraillon, etc.)
CEHCOTTES.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. (Jon. Artenay.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. 78 (2) feux. 200 communiants. Le Duc
crOi-léans. De la prévôté d'Orléans. Assemblée le It septembre. Br. de
Lang-ennei'ie. Dans une plaine. Dans la forêt d'Orléans. A trois lieues
d'Orléans. Grande route d'Orléans à I\aris. 700 arpents de terres labou-
rables. Il j a 4 hameaux, savoir : la Cornardière. les Bordes, Jupeaux
et le Chêne Brûlé. La cure vaut 2r)0 1. : collateur. levêque.
17Ô8. — 83 feux. M. de Gy pierre. Blé.
DÎMK. — i gerbe de 4 pieds 4 pouces par mine.
T.UM.K de la paroisse en 1788. — 2.393 1. 17 s. 10 d.. dont 1.12!» 1.
(1) Pour métt'ilti.
(2) Au-dessous, 74.
140 BAILLIAGE U'ORLÉANS.
10 s. pour le principal et 1,^04 1. 7 s. 10 d. [)Our los impositions acces-
soires et la capitation.
Procès-verijal. — Assemblée électorale le mardi 21 février, au])anc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de .leaii Tivier, procureur au
Ghàtelet d'Orléans, bailli de la justice de la baroiinie de Ghevillv,
assisté de Jean-Edme Benoit, notaire royal à Ghevilly, commis comme
grrefficr. — Population : 84 feux. — (krmparants : Pierre Darnault,
laboureur (2:^8 -|- 20f3. 10) ; Heiu'j Millet, laboureur (la veuve Henry
Millet et son lils, 142.10 -)- 150.11) ; Pierre Bén;inl. laboureur (l!)8 -j-
221.14); Jean Toussaint, laboureur : Micbau, laboureur; Louis Linge,
meunier (37.10 -f- 42) ; Jean GorJjin, huissier et aubergiste (43.10 -j-
48.14); Glaude Roux, aubergiste et cabaretier (21 -\- 28.10); André
Moreau, aubergiste et cabaretier; Nicolas Besson, aubergiste et caliare-
tier (20 -|- 22.8); Laurent Poteau, aubergiste et cabaretier (12-[- 13.1)) ;
François Millet, aubergiste et cabaretier (boulanger, 13 -\- 14.11);
Jacques Pépin, aubergiste et cabaretier ; Louis Moreau, aubergiste et
cabaretier; Paul Lesage. aubergiste et cabaretier; Antoine Marsandon,
aubergiste et cabaretier (12 -j- 13.9); Etienne Lefièvre, charron '(8. 10 -f-
0.10); Jean Legros-Salomon, médecin (15 -j- 15.16); Joseph Bourret,
chirurgien; Aignan Popot, maréchal (0-j-lO.l); Louis Lauce, bûche-
ron (7 -j- 7.17) ; Pierre Hurteloup, bûcheron (2 -j- 2.5) ; Martin Gatineau,
bûcheron (2 -f- 2.4); Pierre Langlois, bûcheron (3-)- 3,7); Jean Gartier,
bûcheron (2-|-2.5); Michel Vauxion, bûcheron ; Pierre Jahan, bûcheron
(6. 10-]- 7.5); Jean Taureau, bûcheron (2-}- 2.5); Jean Gougeon, bûche-
ron ; René Naut, bûcheron (3 -j- 3.7) ; Jacques Delaunay, bûcheron
(3 -[-3.7); Pierre-Michel Vauxion, bûcheron (3-J-3.7); François Ghau-
veau, bûcheron ((J.IO -]-7.0) ; Jacques Perdereau, bûcheron (2 -(-2.5) ;
Jacques Lemoine, bûcheron (2 -j- 2.5) ; Etienne Gouvret. liûcheron
(2.10 -f- 2.1(3) ; Jacques Gosset, ancien garde (5-)-5.12); Léonai-d liri-
deau, voiturier (G -j- 0.14); Jacques Dupuis, voilurier (13 -f- 14.11) ;
Pierre (iirault, voiturier (7 -j- 7.17) ; Jean Dabier, cordonnier (2 -\- 2.5) ;
Jacques Gochard, marchand (h- porcs ; P^rançois Légal, charron; Louis
Lépinc. paire (3 -j- 3.7) ; Barthélémy Bidault, vigneron (7 -j- 7.17);
Germain Olévry, vigneron (0.10 -j- 7.0) ; Jacques llabert, facteur de
vente (0 -\- 0. 10) ; Pierre Gassonnet, tisserand (2 -f- 2.5) ; François (]har-
tier, tisserand (2-)-2.5i; René Fouraingault. tisserand (2.10 -j- 2.10),
— JJr/}i(l('s : .loseph l>ourr(;t; Jean Legros-Salomon.
l'on i.Aiio.N K.N 17!)0. -- IV.IH hal)itants.
CAHIER DE CERCOTTES. 144
Cahier de Cereottes.
Le titre est le même que celui de Chevilly. avec suppression
des mots : diocèse et généralité d'Orléans; le 24 février,
au lieu de : le l''"' mars ; et suppression des mots en ita-
liques : le samedi 7 diidil mois de mars prochain pour la con-
vocation et tenue des États généraux du royaume.
Le texte continue comme à Chevilly : « La communauté des
habitants »
io Art. 3 de Chevilly.
2'J Art. 4 de Chevilly, jusqu'au mot : franc-fief.
3» Art. 5, 6, 7, 8, 9 de Chevilly, fondus en un seul article
ainsi conçu : a La suppression des corvées, gabelle, tailles et
capitation, vingtièmes, droits d'aides et autres y réunis. »
4o Art. 10 de Chevilly, ainsi réi Hgé :
(( La réunion de ces différents impôts en un seul pour être
réparti également sur les trois ordres de l'État et supporté
par tous les propriétaires des biens-fonds proportionnelle-
ment à leur valeur et versé directement au Trésor royal, sans
frais. »
5o Art. 11 de Chevilly, ainsi rédigé :
(( La réforme des abus qui se sont glissés dans l'adminis-
tration de la justice et la suppression des droits qui se per-
çoivent au profit du Roi. »
(Suivent 30 signatures : celles de Darnault, syndic ; Henry
Millet; Pierre Bénard, et celle de Tivier.)
GWY.
Bép. Loiret. Arr. Orléans. f>«, Ai'tenay.
Oén. EL (rrcn. Dior. Orléans.
JoussE. — 137 feux (i). L'évèque d'Orléans. D'Orléans pour le mar-
ché et la poste aux lettres. 3 justices : de la prévôté d'Orléans, de
(1) Au-dessouft, 11 li.
'li'2 BAILLIAGE d'ORLÉAXS.
révèclié, V. au b. ; de Saint-Euverte, r. à la prévôté. Assemblée le
diniaiiclie après le 27 août, jour de saint Sulpiee. Br. de Laiigennerie.
A 2 lieues de Langennerie et 3 d'Orléans. Près la forêt d'Orléans. A
1 4 de lieue de ladite forêt. A 1/2 lieue de l'ancienne route d'Or-
léans à Chartres. Plaine. Beauce. Le terroir consiste en terres labou-
rables et en bois qui sont dans la forêt. Une partie du terroir est en
vignes. Le commerce est en blé et vin. !.'> hameaux, qui sont : le Cas
Rouge, la Mivoie, la Buterie, le Portereau, la Souche, la Renardière,
la Roche Planche, la Vallée, P'oussebot, Gondiot, Rouilly, Beaurepaire,
Ghuny, Champ Gâté, Hunot, Laquetière, Marmagne, Montaigu, Pou-
mier, Villeros, Lantrembleterie, la Gaillarderie, Malvovier. Il y a dans
la paroisse le fief de Montaigu. La cure vaut environ 000 1.; à la colla-
tion de l'évêque d'Orléans.
1768. — 143 feux. M. de Cvpierre. Blé, vigne.
DIme. — Blé, 1 gerbe de 4 pieds 4 pouces par mine. Vignes, 1 s. par
arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,794 1., dont 2,872 pour le princi-
pal et 2,922 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verhal. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de .Teau Tivier, procureur
au (^hàtelet d'Orléans, bailli de la justice de la baronnie de (^Ihevilly,
assisté de Jean-Edme Benoit, notaire royal à (^hevilly. commis pour
greffier. — Populalion : 1.50 feux. — Comparants : -Jean Gasuier,
ancien laboureur; Guillaume Sevin (3)1.15 -[-3(38.3) ; Pierre Lefièvre
(205.10 -f- 270.4) ; François Taffourcau (208.5 -f 211.19) ; Louis
Richard (173.5 -|- 170.4) ; Charles Marotte (178.15 -f- 181. 17) ; Pierre
Sevestre (180. 15 -j- 183.18); Etienne Blain (170. 15 -|- 173.14) ; André
Lefièvre, laboureurs ; Antoine Taffé, vigneron et syndif de ]):iroissc
(11.15 -f 11.19); André Bourgeois (1 1. 10 -f- 11.14); Guillaume Richard
(17. 10 -f- 17.10); Etienne Pa/ard (12. 15 -|- 12.19) ; Etienne (;oran(i
(7. 15 -f- 7.17) ; Cliarles .Tullien (4.5 -J- 4.0) ; André Thomas (0.5 -|- 0.7);
Louis Chevalier (4.15-[- 4.10) ; Jacques Couvret (0.5-)-0.7); Jacques
P'oucault (8 -[-8.3) ; Jean-Jacques Foucault (7 -[-7.2) ; Jacques Laroche
(9.15-J-9.18); Nicolas-Denis Lorpiielin (1.15-}- 1.10) ; Louis Bresland
(0 -[-0.2) ; Etienne Bourgeois (4.10 -f- 4. 11) ; André Bourgeois (2.10-|-
2.11) ; EtieniK! Gorand rainé(7.15-[-7.17) ; .Ican-Louis Jarry (5-[-().2);
André Gaucher (4.10-^4.11); Liphard Foucault (1.15 -[- LKi) : .Nico-
las Li.rphelin (3.15-|-:!. lO) : Etienne Chartier (2.10 -[-2.11) ; Claude
CAHIER DE GIDY. 143
Jarrv (5.5-}- 5.7); Jean-Louis Chevallier (7.10-[- 7.13) ; Jean Merce-
reaii (5.5-}- 5.7) ; Jean Foucault (5.5 -j- 5.7); François Jullien (4.10-j-
4.11); (leorg-es-Vinceat Doueet (0.5-|-'J7); Louis Jullien (4.15-|-
4.10): Jcan-Pien-e Bâillon (4.10 -f-4.1i) ; .Tean-Éloi Jarry (O.lO-f-
0.11) ; Pierre AUuard (1.5 -j- 1.5); Claude Gaucher (0.5-}- 6.7) ; Jean-
LouLs Richard (l-}-l) ; Jacques Hure (3.10-}-3.11) ; Jean Chevalier
(3-f-3.1); Jacques Besson (4.15 -}- 4.10) ; Jacques Chevalier (3.10-]-
3.11) ; Jean-Claude Etienne (0.5-}-0.7) ; Michel Hardy (1 -j- 1) ; André
Doucet (2.10 -fLMl); Pierre Barry {2.ô-^2.(i) ; François Jarry
(l-f-l); Pierre Foucault (5 -j- 5.2), vignerons; Guillaume Legendre,
cabaretier (0-}-6.2); Liphard Besnault, maréchal (10.5-}- 10.9) ;
Jacques Vanneau, charron (0.10-|-0.12) ; Jacques Legendre, journalier
(9 -]- 9.3) ; Jacques David, tailleur ; Louis Jullien, cordonnier (3.15-}-
3.10); Etienne Delaporte, voiturier (3-}- 3.1). — Députés : Guillaume
Sevin; Guillaume Richard.
PoPL'L.VTiox EX 1790. — 580 habitants.
Cahier de Gidij .
Même début qu'à Cercottes.
Art. U'''. — Art. 'i de Chevilly ; var. : dont on ne pourra
être membre sans avoir
Art. 2. — Art. 3 de Chevilly, 1 de Cercottes.
Art. 3. — Art. t> de Cercottes.
Art. 4. — Art. 3 de Cercottes.
Art. 5. — Art. 4 de Cercottes ; var. indiquées en italiques :
proportionnellement à leur? valeur et produit.
Art. (). - Art. ."J de Cercottes.
Art. 7. — Art. 17 de Chevilly, ainsi rédigé :
(( Que les baux faits par les bénéticiei's, qui sont com-
mencés aient leur exécution pendant tout le cours du bail,
sans pouvoir être annulés par le décès des titulaires, auxquels
défenses seront faites de recevoir des pots-de-vin, à peine de
pi'ivation de leurs bénéfices. »
Art. 8. Que les vacations des notaires soient fixées par
144 BAILLIAGE d"ORLÉANS.
un tarif pour éviter l'arbitraire, et donner connaissance aux
parties avant de passer l'acte de ce qu'elles auront à payer.
Art. <», 10, 11. — Art. \'2 et lO de Ghevilly, fondus, ainsi
l'édigés :
9" Que les curés de campagnes soient dotés pour vivre de
la manière convenable à leur état et relativement à l'étendue
et charges de leurs paroisses et aux revenus qu'ils en rece-
vaient auparavant ;
IQo La faculté de rembourser les dîmes, cliamparts aux
seigneurs et propriétaires sur le pied du denier vingt, à la
chai'ge, néanmoins, par les seigneurs ecclésiastiques de placer
sur le Roi le produit des remboursements ;
il» La suppression du droit des curés pour tout le casuel
en général;
Art. 12. — L'établissement d'im maîlre d'école.
Art. J3. — Art. 18 de Ghevilly, avec suppression de la (in de
la phrase : dont le retour
(Suivent 10 signatures : celles de ,1. (lasnier ; Pierre
Lefiévre; Taffé, syndic, etc.)
BOULAY.
JJéj). Luii-et. Arr. Orléans. C'"". Oi'lùans X.-O.
Gën. KL Ofcn. iJioc. Oi-léans.
Joi'SSK. — Pai'oisse. 74 (1) feux. l'JO fainilli's rt 100 coiiiiiiiiiiiaiits. i
Le duc d'Orléans. D'Orléans pour le marché et la poste aux. lettres. l)i^
la prévôté d*(h"léans. Assemblées, les deux fêtes de la Pentecôte,
le dimanciie d'après le L") juin, fête de saint Aii^iian. l!i'. de Lan-
gennerie. A 'A lieues dudit lieu et à 3 1/4 d'Orléans. A 1,4 de lieue de
la roule d'Orléans à (^hàteaudun. Près la forêt. Plaine. Beauec. (le sont
toutes terres lajiourables. Le eonimerce est en blé. La cure vaut
700 livi-es (Ml environ; à la collation de l'archidiacre de IJeauiiencv. i
11 hameaux (pii sont : Les Harrcs, Jauverj. Hurdis, LAlivant. la lier- '|
(1) Au-flessous, SV
CAHIER DE BOULAY. 145
g'Oi'le. le Tarte. Curaïubery. Villianl. li« Moulin IJi-ùlé. le Moulin de
Jauverj et le Moulin de Boula v.
1768. — 80 feux. Le duc d'Orléans.
DÎME. — Terres labourables, i gerbe de 34 pouces par mine de
44 perches.
Taille de la paroisse en 1788. — 4.145 1., dont 2,052 pour le prin-
cipal et 2,01)3 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 20 février, au banc
d'ieuvre de l'église, sous la présidence de Jean Tivier, procureur au
Chàtelet d"Urléans. bailli de la justice de la baronnie de Chevilly, assisté
de .Jean-Edme Benoit, notaire rojal à Ghevillj, remplissant les fonctions
degreltîer. — Population: 80 feux. — Compnranls : .Jean-Baptiste Pei-
gné, maréchal, syndic de la paroisse ; Gentien Bracquemond. laboureur
(249. 10 -f- 254.10); .Jean Sevin, laboureur (180,10 -[- 190,0) ; .Jacques
Habert, laboureur (10 -f- 10.7) ; .Jean Bouillon, laboureur (73.10 -|-
74.18) ; François Gosson, laboureur (09.5 -j- 70. 12) ; François Benaudet,
laboureur (59. 15 -|- 60. 19) ; .Jacques Houdet, laboureur (70-j- 77.12) ;
Pierre Gosson. laboureur (4 -j- 4.2) ; André Gointepas, laboureur (235 -f-
239.14); Guillaume Perdou, vigneron (6-|-6.3); Julien Percheron,
vigneron (23. 10-}- 24); Pierre-Xoël Mathieu, vigneron (3.10 -f- 3.11);
Aignan-Joseph Ghevalier, vigneron (2.5 -j- 2.0) ; Grégoire Gau, caba-
retier (9.5-f- 9.9) ; Pierre Bouillon, marchand; Jean Lecomte, jour-
nalier (2.15 -f- 2.16) ; Mathias Leplat, journalier (0.15 -|- 0.18). —
Députés : Louis Peigné ; Jean Sevin.
Population en 1790. — 440 habitants.
Cahier de Boulai/.
Le cahier de cette paroisse est un amali^aine de celui de
Gercottes et de celui de Gidy.
Les art. 1, 2, 3 de Boulay sont les art. 2, 3, 4 de Gercottes,
3, 4 et 5 de Gidy. Mais dans l'art. 3 est supprimé ce membre
de phrase : « et versé directement au trésor royal, sans
frais. »
L'art. 4 de Boulay est le môme que l'art. 9 de Gidy.
T. [. 10
446 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Jl y a dans le cahier de Boulay deux articles originaux,
cotés 5 et 6. Ils sont ainsi conçus :
5° Que la fabrique de la paroisse de Boulay n'a pas de revenu
suffisant pour acquitter ses charges annuelles, ce quiobhge les
habitants à y suppléer d'environ 150 livres par an. Pourquoi
lesdits habitants demandent qu'illeur soit accordé non seulement
des revenus suffisants pour acquitter lesdites charges, mais
encore pour faii*e les réparations nécessaires à l'éghse et au
clocfier qui menace ruine ;
6o Qu'il soit pareillement accordé une somme de 100 livres
pour payer le loyer du maître d'école, si nécessaire pour
la paroisse, et dont souvent elle manque faute de hii procurer
ce secours.
(Suivent 14 signatures : celles de l;)rac(iuemond, Sevin,
Gosson, etc.)
BIUCY.
Dép. Loii-et. Arr. Orléans. C'"«. I^atay.
Gén. Orléans. El. I^eauy-ency. Grcn. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. Klecfion de Heaiigency pour la taille et d'Orléans
pour les aides. Le Roi, 60 feux. 200 coniniuniaiils. Du marché de Patav,
et d'Orléans pour la poste aux lettres. De la prévôté d'Orléans. 15r. de
Langennerie. A 3 1. de Lang-ennerie et à 4 1. d'Orléans. A côté du grand
clieniin de Cliàteaudun. Dans une plaine. Beauee. 800 arpents de terres
labourables ; 30 arpents de vignes; 40 arpents de buissons ciui sont hors
gruerie. La cure vaut 500 1. ; à la collation (h; l'evoiiue d'Orléans.
1708. — 68 feux. Le roi. Blé, vigne.
DÎMi:. — Blé, 1 gerbe de 34 pouces par luiiic de 44 pei-i-hes.
TAUiLKde la pai'oissiMin 1788. — 2.612 1.. tlont l,20r) puni' le iiriiiei[)al
et 1,407 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verhal. — Assemblée électorale le vendredi 27 l'évrier,
au banc d'œuvre de l'église, sous \nj)résidenceàeikiM\ l'iviei-. |)rneui-eur
au (Ihàlejfl d'Orléans, bailli de la Justice de la pai'oiss.' de CheviUy,
assisté de Jean-Kdnii' l'.eiioit, notaire royal à GheviUv, remplissant les
CAHIER DE BRICY. 147
fonctions de greffier. — Populalion : 04 feux. — Comparants ; Pascal
Gombault, laboureur et syndic de la municipalité ; Pierre Miné, labou-
reur et syndic de la paroisse ; François Perdereau, Louis Lemaire,
Jacques Houzé, laboureurs ; Louis Janiain, Jean Neveu, Pierre Marchand,
Michel Rivière, Guillaume Duvalet, Charles Ghesneau et René Daudin,
vignerons; Louis Joseph, ancien laboureur; Charles Chesneau père,
cabaretier; Lubin Peigné, maréchal; Pierre Lubin. charron ; Augustin
Lefèvre et Miclicl Lefort, journaliers ; Pierre Guidoux, marchand de
bestiaux et Jean Lessard, marchand. — Dejjiilés : Pascal Gombaud ;
Pierre Miné.
Population en 1790. — 270 haliitants.
C allier de Bricy.
Le cahier de Bricy comprend dix articles, dont voici les
rapports avec les cahiers des autres paroisses du groupe.
Art. 1er. — p^i-i_ [ev (\q Gïdy, mais réduit à ces mots : La
conservation des assemblées municipales.
Art. 2. — Art. 2 de Cercottes, 3 de Gidy, 1^'' de Boulay.
Art. 3. -- Art. 9 de didy, 4 de Boulay.
Art. 4. — Art. 11 de Gidy.
Art. 5. — Art. 3 de Cercottes, 4 de Gidy, 2 de Boulay.
Art. 6. — Art. 4 de Cercottes, 4 de Gidy.
Art. 7. — Art. 5 de Cercottes, G de Gidy, avec addition des
mots en italiques : suppression des frais et jjroce'dures et
droits qui se perçoivent
Art. 8. — Art. 12 de Gidy, 6 de Boulay, mais avec une
rédaction ditïérente : L'établissement d'un maître d'école dans
la paroisse, absolument nécessaire pour l'éducation de la
jeunesse et auquel sera attribuée une rétribution sufiisante
pour vivre ;
Art. y. — Que les rues et chemins qui con(hiisent au boui'g"
soient rétablis, étant impossible de pouvoir y passer sans
courir les risques d'être englouti dans les ornières et dans les
eaux.
148 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. dO. — Art. 43 de Gidy, inodillé comme suit : Qu'il ne
puisse être établi aucim iinpiH quelconque sur les fermiei's et
autres sans le consentement des Etats généraux, dont le retour
périodique sera fixé avant la dissolution des Etats généraux,
(Suivent 15 signatures : celles de François Perdereau, Louis
Lemaire, Jacques Houzé, etc.)
CREUZY.
JJép. Loiret. Arr. Orléans. C^". Arlenay.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans,
JoussE. — Paroisse. 57 feux (1). 150 communiants. Chapitre de
Saint-Pierre-Erapont, 2 justices : de la prévôté d'Orléans, r. au b. ; et de
Saint- Pierre-Empont, r. en la prévôté. Du marché et de la poste aux lettres
d'Artenay. Assemblée le IG août. Br. de Langennerie. A 1 lieue de
Langennerie et 5 d'Orléans, La paroisse est sur le bord du chemin de
Chartres à Orléans. Plaine. Beauce, Il y a six hameaux qui sont : Che-
vaux, Boigency, Lesrand, Chameules et Lisle; la moitié du village de
La Croix-Briquet dépend de cette paroisse. 1,000 arpents de terres
labourables,
1768, — 64 feux. Chapitre de Saint-Pierre-Empont. Blé.
DÎME. — 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,997 1. 10 s., dont 2,3.50.10 pour
le principal et 2,638 pour les impositions accessoires et la capitation.
Prooès-verhal. — Assemblée électorale le mardi .'> mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la pvésideiice de Jean-Edme Benoît, notaire
royal à Ghevilly. — Po2)ulation : 55 feux. — Curnjxifanlx : Chiude
Marteau, laboureur, syndic di' la municipalité (122,10 -)- 137); .lean
Deslandes (160 -[-179), Paul Lenormand (.5î).5-f-66.7), Claude Lcfau-
cheux (286.10 -j- 320.8), .Jacques Houzé (164.10 -f- 183,18), Eugène
Cointepas (128,10-]- 143,14), François Dorard (109 -f- 121.18), Jean
Duchon (200 -j- 223.12), laboureurs; Pierre Pouradier, maçon (père,
9-)- 10.1; fils, 14.10 -f- 16.4) ; Jean Pouradier, charpentier (12 -}-
13.8); (Charles Hardy, tisserand (10-}-11.3); Charles Lelièvre, Jacques
Blot (4.10-J-5), journaliers; Michel Tliomine, coi-donnicr (3-J-3.7);
(1j Au-dessous, IKi.
CAHIER DE CREUZY. 149
Jacques Lesage. charretic-r (G -f- 0.14). — Déjnilés : Claude Marteau ;
Jean Deslandes.
Population en 171)0. — 250 habitants.
Cahier de Creuzy.
Le cahier de Creuzy a eu pour modèle celui de Chevilly.
Même début.
Art. l-^'-. — Art. 2 de Chevilly.
Art. ± — Art. 3 de Chevilly.
Art. o. — Art. 4 de Chevilly, plus développé :
L'abolition du droit de franc-fief, préjudiciable à ceux qui
n'ont pas les privilèges de la noblesse, et que tous les biens
possédés par les roturiers et qui sont en fiefs soient partagés
dans la succession de tous les roturiers possédant des biens de
cette nature par égale portion entre tous les enfants, sans pré-
rogative d'ainesse.
Art. 4. — Art. 5 de Chevilly, ainsi rédigé :
La suppression des corvées, d'autant plus à charge que les
chemins de traverse qui conduisent de village à autre n'en res-
sentent aucun effet et sont impraticables.
Art. 5. — Art. G de Chevilly, ainsi rédigé :
La suppression des gabelles, le sel étant une denrée de pre-
mière nécessité et étant d'un si haut prix que la majorité des
habitants de la campagne ne peuvent s'en procurer autant
de fois qu'ils en ont besoin.
Art. 0 et 7. — Art. 7 et 8 de Chevilly.
Art. 8. — Art. 9 de Chevilly, ainsi rédigé :
La suppression de tous les droits d'aides et autres y joints
absolument onéreux à tous les citoyens par leur perception
considérable, la difficulté qu'ils mettent au commerce des vins,
l'augmentation qu'il occasiomie à ceux qui le débitent en
détail qui ne retombe que sur les plus malheureux qui ne
peuvent en avoir qu'en détail.
150 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 9. — Art. JO de Chevilly , var. in(1i(|uëes en italiques :...
tous Jes impôts ci-dessus en un seul consenti
Art. 10. — Art. 11 de Chevilly, avec la rédaction de
l'art. 5 de Cercottes.
Art. M. — Art. 17 de Chevilly, avec suppression des mots:
et commencé.
Art. 12. — Art. 15 de Chevilly, ainsi rédigé :
La faculté de remljourser les rentes aux gens de main-
morte et autres sur le pied du denier vingt.
Art. 13. — Art. 16 de Chevilly, ainsi rédigé :
La faculté de racheter les dîmes et champarts dus aux gens
de mainmorte et autres pai'ticuliers sur le même pied.
Art. 14. — Que le liameau de Chevaux, qui est une année
de ladite paroisse de Creuzy et une autre de Sougy alterna-
tivement, soit pour toujours de la paroisse de Creuzy, étant
beaucoup plus près de cette dernière paroisse, ce qui évite-
rait une corvée considérable aux habitants dudil liameau.
Art. 15, — Art. 18 de Chevilly, rédigé comme l'art. 13 de
Gidy.
(Suivent lU signatures : celles de l'aul Liîiiurmand, .Jacques
Houzé, Pierre Pouradier, etc.
III lyriŒ.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. Co". Artonay.
Gén. Kl. (iven. Dioc. Orléans.
.ToussK. — .").") feux. :iO() communiants. L evèque d'Oi-léans. Du mai'-
c;hé fie Patay ot (rOrléaiis pour la poste aux lettres. De la ]n'évùté d'Or-
léans. Dr. (il- [.aiilicMiicric. A :> lieues de Ijan^eiuicrie. 1 d"( )i'l('';iiis. L* de
Patav et L^ dArtenav. A i :i lieue du grand (dieniin d"(>rléans à Ohà-
teaudun. Plaine. Beauce. Deux hameaux : Troui-ny et la Proveneliére.
Lr)00 arpents de teri'es labourables; 10 arpents de bois en garenne. La
eiire vaut !)00 I. ; rollnfeui'. l'évèquc d'Orléans.
1708. — 71 feux. l>e Cy pierre. Blé.
CAHIER DE IIUÈTRE. 151
DÏME. — 1 grerbe de 34 pouces par mine de 44 perches.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,4.32 1. 10 s., dont 2.564.10 pour
le principal et 2,8(38 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le samedi 28 février, au
banc d'oeuvre de l'église, sous la présidence de .Jean Tivier, procureur
au Ghàtelet d'Orléans, bailli de la justice de la baronnie de Ghevilly,
assisté de .Jean-Pierre Benoît l'aîné, notaire royal à Ghevilly, commis
pour greffier en l'absence du greffier ordinaire. — PopuJalion : 00 feux.
— Comparants : Guillaume Heurteau, la])oureur. syndic (104 -j- 183.0) ;
Jean Heurteau (190.10 -}- 210.14), Germain Michau (155 -|- 173.18),
Charles Gombault (100.10-)- 170.11), Pierre Simoneau (81.10 -f 01.4),
Jacques Hallot, Jean Michau (97.10 -|- 109.2), Louis Gouin (139 -f-
155.10), Barthélémy Ricliard (168 -f- 187.19), Gharles Besnard (62.10-}-
69.19), .Jacques Sevin, Lucien Popot (71 -f- 79.9), Jacques Legendre
(21 -{-23.11), Etienne Goueffon (22 -f- 24.13), Jean Fougereux (23-}-
25.16), laboureurs; Eloi Pouradier, charpentier (13.10-)- 14.17, plus
pour son champart, 46 -|- 51.9) ; François Mesnard, tailleur d'habits
(18 -j- 20.3) ; Louis Ghesneau, maréchal ; Jacques Lecomte, cordonnier
(7.10-)-8.7) ; Pierre-Jean Guérin (7.15 -)- 8.13) ; Jean Pothier, journa-
lier ; Toussaint Marteau, boulanger (40 -j- 51.9). — Députés : Germain
Michau; Jean Heurteau.
Population EX 179IJ. — 322 habitants.
Cahier de doléances, plaintes, remontrances des habitants
domiciliés composant la paroisse de Huêtre en Beauce,
pour être par les députés de ladite communauté présenté
à rassemblée préliminaire que tiendra M. le lieutenant
(jénéral au Chdtelet d'Orléans, le 7 mars 1789.
Nous soussignés, habitants domiciliés composant la commu-
nauté de la paroisse de Huétre en Beauce, conformément à la
lettre du Roi du 24 janvier dernier pour convocation des États
généraux, pour satisfaire au règlement y annexé ainsi qu'à
l'ordonnance de M. le lieutenant général au bailliage d'Or-
léans du l.'î février et à celle de M. le bailli de la justice de
Ghevilly du 8 dudit mois, duement assemblés pour coopérer à
la rédaction du cahier de doléances, plaintes et remontrances
LV2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
de ladite communauté, après un mûr examen et une sérieuse
délibération des objets qui la pourraient intéresser, avons
unanimement arrêté., dans l'assemblée tenue au banc de
l'œuvre, cejourd'hui 25 février 1789, par devant M. le bailli
de ladite justice de Chevilly :
i» Qu'il serait fait au juste et bienfaisant monarque qui nous
gouverne, au nom de tous et de chacun des habitants de cette
communauté, de très respectueux remerciements du soin qu'il
prend de leur bonheur, de la bonté qu'il a d'appeler leur
communauté à concourir à la grande œuvre du bien public
qu'il médite depuis longtemps de consommer. Nobles effets de
la tendresse et de l'amour dont il est animé pour tous ses
peuples !
2o Qu'il lui serait témoigné le zèle et l'empressement de
ladite communauté à contribuer de tout son pouvoir et par
tous les moyens qui seront à sa disposition à la réforme des
abus, à la prospérité du royaume, le bien de chacun et de tous
les sujets de Sa Majesté, le maintien de la sainte religion
catholique, apostolique et romaine; qu'il lui soit enfin porté le
vœu que forme ladite communauté pour la tranquillité, le
repos, le bonheur, la conservation des jours de Sa Majesté et
de tonte la famille royale, si chei's et si précieux à l'État;
.'>> Qu'il serait témoigné à Sa Majesté la disposition où est
et sera toujours ladite communauté de se conformer à tout ce
qu'il lui plaira d'ordonner pour le bien pubhc, et la soumis-
sion sans bornes et de la promptitude avec la(jnelle ellemctlra
à exécution tous les ordi'es qui lui seront adressés de sa p.ul,
du zèle avec lequel elle se fera un devoir essentiel d'entriT
dans tout ce (jiii lui sera suggéré pour contribuer, selon ses
facultés, an bonliciu' et à la prospérilé de l'Etat;
1" Qu'il serait respectueusement exprimé au Roi le regret de
ladite comiiinnaulé qui, vu les charges (ju'elle sup|iorte, se
triiiixc dans rinipossiliililc de fournir aucun nnu\(Mn nioyc!! de ;
seconder les vues et les désirs qu'elle a de conlribiier an hien
public ;
CAHIER DE IlUÈTRE. 153
5" Qu'il serait porté à Sa Majesté le vœu formé par la com-
munauté, qui la supplie pour la diminution des différentes
iiiiposilions dont elle se trouve surchargée, soit du côté du
principal de la taille, soit du côté des autres impositions acces-
soires, dont le total se monte pour ladite communauté à la
somme de 5,432 livres 10 sols, et à celle de 645 livres 16 sols
8 deniers pour impôt représentatif de la corvée, sommes bien
onéreuses pour ladite communauté, en faisant attention au peu
d'étendue de sa situation, à la stérilité de son terrain, dont une
grande partie est de terres des plus médiocres, aux charges
dont elles sont grevées tel qu'est le champart que lèvent les
seigneurs dans la paroisse, à savoir : le douzième sur une par-
tie desdites terres, le neuvième dans l'autre partie, ainsi que
le droit de cens et avenage, sommes d'autant plus onéreuses
pour ladite communauté qu'elle n'est composée que de
60 feux, parmi lesquels il ne se trouve qu'une seule ferme
de trois charrues, sept de deux charrues, et sept d'une seule
charrue, dont les propriétaires tirent presque seuls tout
le profit par le prix extrême auquel est portée la locature de
leurs fermes, le reste des feux n'étant, pour la plupart, que de
simples locatures louées au plus haut prix et occupées par
des mercenaires, dont le revenu n'est fondé que sur le travail
pénible et continuel qu'ils font tous les jours pour gagner leur
pain et celui de leur famille à la sueur de leur front ;
6° Que le Roi serait supplié de convertir l'imposition de la
taille, capitation, gabelle, champart et autres droits seigneu-
riaux en une imposition telle qu'il jugera la plus convenable
pour le soulagement du peuple et une plus libre exploitation
des biens de la campagne ;
7o Que l'on supplierait Sa Majesté d'avoir égard aux culti-
vateurs et de ne pas permettre qu'il fût levé désormais sur
les fermiers laboureurs aucun imp(H à raison de l'exploitation
de leur ferme; que ce que l'on nomme in(histrie chez eux,
dont les fruits sont souvent si tardifs, coûtent tant de |)eines,
de travaux, exigent des avances si dispendieuses, ne fût plus
154 BAILLIAGE d'ORLÉAîs'S.
sujet à ces impositions qui, ajoutées à celles qu'ils supportent
déjà, rel)utent souvent le laboureur, suspendent ou font
languir son industrie, mettent conséquemment un obstacle
bien pernicieux à l'agriculture, enlèvent aux cultivateurs la
seule ressource qu'ils ont souvent pour les dédommager des
pertes et des infortunes si communes dans levn^ exploitation,
les privent d'une récompense bien capable d'établir parmi
eux une noble émulation qui ne pourrait que contribuer au
bien de l'Etat;
8° Que Sa Majesté serait suppliée de diminuer les frais de
justice, d'abréger et de simplifier la forme de procédure, de
confier aux officiers des dilïérentt^s justices de la campagne le
soin d'arrêter le cours de la mendicité pour la plus grande
sûreté des liabitants ;
90 (Ju'il serait humblement représenté au Roi le bien qu'il
y aurait d'autoriser chaque paroisse de la campagne à rendre
|)his facile rexjiortalion de leurs (.s-/c) denrées par la construc-
tion et l'entretien de chemins qui des bourgs et des villages
considérables conduiraient aux grandes routes les plus voi-
sines, et cela en ne permettant plus que l'impôt représentatit
de la corvée soit désormais employé à l'entretien de chemins
qui ne sont d'aucune nlilit(' à ceux <{ui y contribuent, à cause
de l'éloignement de leur domicile, mais en ordomiaiit que l'ar-
gent de ces contribuables soit désormais employé à rendre
moins pénible et moins dispendieux l'exportation de leurs
denrées par ledit entretien ou construction de chemins à la
portée de chaque communauté de la campagne ;
10 Que le Roi serait supplié de supprimer les privilèges île
la Noblesse, à raison de l'exploitation qu'ils (.<?/c) font de leurs
fermes, ce qui tourne toujours au désavantage des habi-
tants (pii se trouvent chargés des impositions, lorsqu'il
plaît aux nobles de venir exploitei* par eux-mêmes leurs
ddiuaines auxquels souvent ils joignent daulres terres qui
toiu-nent en mauvais p(jur la paroisse où se ti'ouvent situées
ces teri'es;
CAHIER ])E ROZIÈRES. 155
Mo Qu'il serait porté à S'a Majesté le vœu de la suppression
des commis des aides, si dispendieux à l'État et si gênants
pour les particuliers ; l'augmentation des résidences des cava-
liers de la maréchaussée, ainsi que l'augmentation de leurs
gages, pour une plus grande sûreté des habitants ;
'12o La suppression des droits de franc-fief onéreux et pré-
judiciables à ceux qui n'ont pas l'avantage de la noblesse.
1> Ladite communauté observe qu'encore qu'il soit porté
en l'article 5 ci-dessus que la majeure partie du champart se
lève à raison de la neuvième gerbe, la vérité est qu'on paie
deux gerbes sur sept, qui est le fur dudit champart et qu'on
paie en outre la dîme à M. le curé, ce qui prive le cultivateur
de la majeure partie de sa récolte.
(Suivent 17 signatures ; celles <le G, Heurleau, Gombault,
Hallot, etc..)
10" Justice du Marquisat de Montpipeau.
Comme procureur-fiscal du marquisat rie Montpipeau, Dumuys, procureur
au Chàtelet d'Orléans, présida successivement dans les paroisses de Roziéres,
Couhniers, Saint-Sigismond et Saint-Ay. Le cahier de Goulmiers difîère des
trois autres, entre lesquels il y a une identité absolue. Nous nous sommes
donc borné à reproduire le plus ancien en date, celui de Roziéres, et à indi-
quer en notes les très petites différences par lesquelles ceux de Saint-Sigis-
mond et de Saint-Ay se distinguent de lui. Les notices sur les trois paroisses
sont données à la suite immédiate l'une de l'autre.
Le cahier de Goulmiers est publié en entier.
Le cahier d'Huisseau-sur-Mauves, rédigé sous la présidence de Delacour,
notaire à Charsonville, doit être rapproché de ceux de R^ozières, Saint-Sigis-
mond et Saint-Ay, dont il est la copie presque textuelle. Voir plus loin
le groupe de Charsonville et Huisseau.
Il faut observer que Dumuys présida aussi, mais au titre de procureur-
fiscal de la chàtellenie de Meung, l'assemljlée électorale dr IMarcau-aux-Prés.
^ oir plus loin le groupe de IMeung.
ROZlPjRES.
J)éj). Loiret. Arr. Orléans. C"". Meung.
Gén. Orléans. El. Beaugency. Gren. Dioc. Orléans.
JuussE. — 49 feux. Le chevalier de Montpipeau. Justice de Montpi-
150 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
peau, r. au b. d'Orléans, l*"' br. d'Orléans. A 4 lieues dudit lieu. Près
la forêt d'Orléans. Plaine. Beauce.
1708. — 50 feux. Du Cluzel. Blé.
DÎME. — (Grosses dîmes : terres labourables, une gerbe de 50 pouces
par grande mine ; vin, trois pintes et chopine par poinçon d'Orléans.
Vertes dîmes : chanvre, la 12'^ poignée. Menues dîmes : moutons, G d.
par bête ; oies, 1 par bande.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,645 1., dont 1.220 pour le principal
et 1,425 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procês-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'^'^mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Pierre-François Dumujs,
procureur au Châtelet d'Orléans, procureur-fiscal du marquisat
de Montpipeau. — Population : 42 feux. — Co»iparants : .Tacques-
Marie-Thérèse Huet svndic de la paroisse et de la municipalité ;
François Boudet, Laurent Duval, Michel Dousset, tous trois raarguilliers
en exercice; Pierre Piau, Jean Renard, François Legain, Jean Beauvil-
lain, François Juchct. Jacques Marotte, François Billard, TjOuîs Edru,
Pierre Rabier fils, Charles Le Liard, Etienne Leplàtre, Jean Gouvet,
Pierre Leplàtre, Sébastien Landrier, Martin Desmaisons, Mathurin
Pothcvin, Jacques Blain, Etienne Séjourné, Laurent Blain. Lubin
Fou ré et Jacques Cottanccau. — Déjjutés : Jean Renard ; Etienne
Séjourné, laboureurs.
Population en 1790. — 16(3 habitants.
SAIM-SIGISMONU.
iJëp. Loiret. Arr. Orléans. C<^". Patay.
Gén. Orléans. El. Beaugencj. Gren. Dioc. Orléans.
.loi-'ssE. — 77 feux. Le chevali(M' de Mont[tiiipau. Justice d'Orléans.
liv. de Châteaudun. A 7 lieues de ChiUf^audun, 12 de Ohartre.s et 6 d'Or-
léans. Plaine. Beauce.
1708. — 85 ffiix. Du Cluzel. Blé.
Di.ME. — Terres lal)oiii'a])les : dîme du curé. 1 gerbe de 4 pieds 2 pouces
j)ar grande inine ; dîme d'Ambert (couvent), une gerbe de mêmes dimen-
sions pour deux petites mines de 40 [x-i-elies de 20 |)ieds : sur[ilus de la
dîme, une gerl)e de .'-! pieds 0 pouces par grande dime. ^'in. 2 |)iutes par
poinçon.
CAHIER DE SAINT-AY. 157
Taille do la paroisse en 1788. — 7,911 l., dont 3,(350 jxmr le priiiciiiMl
et 4,'^6l poui* les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, au banc
d'tL'uvre de l'église, sous la présidence de Pierre-François Dumuys,
procureur au Gliàtelet d'Orléans, procureur-fiscal du marquisat de Mont-
pipeau. — Population : 84 feux. — Comparants : Pierre Bracquemond,
syndic de la municipalité et marguillier ; Nicolas Hurault, marguillier ;
Louis Pinsard. Laurent Renaudet, p]tienne Salle. Pierre Hurault,
Jacques Barillun. Jean Hurault, Mathieu Hurault, Léonard Bret(jn,
Léonard Fougeu, Sébastien Soraud, Etienne Gracieux, Aignan Breton,
Léonard Soraud, Jean Laugé, Jean Soraud. Sigismond Hurault, Jean
Imbault. — Députés : Louis Pinsard; Léonard Boisseau, laboureurs.
Populatiox en 17!)0. — 450 habitants.
SAINT-A Y.
Dé}}. Loiret. Arr. Orléans. C'^". Meung.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg, 213 feux (1), 000 communiants. Le comte de
Montpipeau. 3 justices, 2 r. au b. d'Orléans et une à Meung. Des mar-
chés d'Orléans et de Meung, et d'Orléans pour la poste aux lettres. 3*^ br.
d'Orléans. A 3 lieues dudit lieu et une de Meung. Assemblée le qua-
trième dimanche après Pâques. Route d'Orléans à Meung et à Beau-
gency. Près la Loire. Pays vignoble. Il y a les trois quarts de la
paroisse en vignes, le reste est en terres labourables. Le commerce est
sur le vin. Il y a dans Saint- Ay le fief de la Pourcellière. Il y a dans
cette paroisse une abbaye de filles appelée Voisins, de l'ordre de Saint-
Bernard, qui a dans cette paroisse 2,000 1. de revenu. La cure vaut
environ 400 1., sans le casuel; collateur, l'abbé de Saint-Mesmin.
15 hameaux, qui sont : Cropet, les Landes, la Chaise, le Fourneau,
la Pourcellière, Voisins, Voisinât rue Haute et Basse, la Planche-Tou-
che, les Laprës, les Coutures, la Folie, les Groisons, Montafilant, le
Moulin à Vent et la moitié de Fourneaux.
1768. — 205 feux. Du Gluzel. Vigne.
DÎME. — Terres labourables, 1 gerbe de 50 pouces par grande
mine. Vignes, 4 s. par arpent. Menues dimes, le 13''.
(t) Au-dessous, 222.
\Z)S BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Taille de la paroisse eu 1788. — 5,214 1., dont 2,462 pour le pria
cipal et 2,752 pour les impositions accessoires et la ca[iitati(in.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le vendredi G mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la j)résidence de Pierre-François Dumuys, [iroeu-
reur du Cliâtelet d'Orléans, procureur fiscal du marquisat de Montpiiieau.
— Populalion: 240 feux. — Citinpardnls : (Charles Quétard. svndic de la
municipalité (24 -|- 20. lt>'i; André Bouguereau, notaire (2(3. 10-)- 2!). 12i;
.lacques Romain, marguillier (12-]- 13.8); Louis-Charles Durand, mar-
guillier (O-j-lO.l); Gabriel Breton, marguillier (10.10 -[- 11.15); .Jean
Groyer (25.5-)-28.3); Jacques Foucher (9.10-j-l ou O-f-6.14 ou 5-f-5.12) ;
Jacques Séjourné (9 -)- 10.1); Mathieu Séjourné (20 -\- 22.7); Pierre
Michou (7-f-7.16 ou 18.10-]- 20. 13) ; Jean-François Masson (8.5 -\- 9.4) ;
Simon Lefièvre (27-]- 32.2); Mathurin Séjourné (21-]- 23.9); Claude
Michou (22 -j- 24.11); Jacques Dumont (3 -\- 3.7) ; Jacques Vaillant
(11.5 -\- 12.11); Jean Foucher (7 -|- 7.10); Simon Ruet (25 -)- 27.19);
Pierre Bouguereau (0 -|- 0.14); Jean Degrigny (14.10-]- 10.4); Ciiarlcs
Miard (13.10 -]- 15.1); Charles Deparday (0 -J- 0.14) ; Jean Coûtant
(9.5-]- 10.6); Claude Masson (14-^15.13); Laurent Durand (9 -f-
10.1); Mathurin Ruet (0-[-0.l4); Mathurin Lefièvre (13 -}- 14.10);
Charles Roulleau (24 -f- 20.10); Barthélémy Letrosne (7-]- 7. 10); Jac-
ques Foucher; Jean Moreau (15 -\- 10.1.5) ; Pierre Daudin (17 -\-- 19);
Louis Ruet (13 -|- 14.10); Barthélémy Renault (10 -[- 11.4); Pierre
Foucher (9.5 -(- 10.0 ou 15 -j- 10. 15) ; Louis Bouguereau (7.10 -\- 8.8);
Pierre Michou (7 -|- 7.10); Jacques Pcri-un (18.15 -]- 20.18) ; Charles
Agoult (10 -|- 17.7) ; Germain Émery (11 -f- 12.0) ; Pierre Huet (4.5-j-
4.15); Charles Agoult (0 -)- 0.14) ; Pierre Brûlé (20-]- 29.1) ; François
Thiboult (11.5-]- 12.11); Louis Tliibnull ^lO-j-11.4); Pierre Renault
(12-]- 13.8); Claude Bouvier (^11 -]- 12.0) ; Piere Leclerc (80 -|- 89.5);
Sylvain Toupenay (13 -]- 14.10) ; Jean Champenois (5 -|- 5.12) ; Guil-
laume Boissay (14-J-15.3>); Jean Deparday (12 -f- 13.8); cl autres. -
Dcjtulcx : André Bouguereau ; (Charles Quétard ; Jean (broyer.
Poi'LLATio.N KN 1790. — 954 habitants.
CAHIER DE SAINT-AY. 159
Cahier de doléances, plaintes et remontrance^^ des habitants
de la paroisse de Rozières (1), ensemble des moyens qu'ils
croient devoir proposer à rassemblée des États (jénéraux,
en exécution des ordres du Roi du 34 janvier i789.
1» Les habitants de la paroisse de liozières croient que le
premier soin dont doivent s'occuper les députés à l'assemblée
des États généraux est de former une charte de Constitution
invariable qui assure à toujours entre le monarque et la
Nation le pouvoir législatif et exécutif, dans laquelle les droits
respectifs du souverain et de la Nation soient clairement et
solidement établis ;
"2" D'arrêter le retour périodique des États généraux tous
les trois ans ou tous les cinq ans, à l'effet de former et régler
ce que l'on n'aurait pu faire dans les premiers, et réformer les
vices qui auraient pu se rencontrer dans les premiers établis-
sements, sans cependant que, dans l'intermédiaire desdits
États, il fût établi aucune commission ni conseil, auxquels on
n'attribuerait aucune espèce de puissance législative, entière
ou partielle;
3» Que les représentants [de] la Nation doivent solliciter et
s'occuper de la réforme complète de la justice civile et crimi-
nelle, laquelle, dans sa forme actuelle, est des plus vicieuses
et ruineuses, particulièrement des droits de greffe des bail-
liages royaux, par la manière dont les actes s'expédient, les
droits immodérés que les greffiers s'attribuent, les huit sous
pour livre qui en dérivent, enfin les droits réservés qui se
perçoivent sur tous les actes judiciaires, qui sont très onéreux.
De cette partie dépendent encore les droits de contrôle des
actes et contrats qui se forment entre les citoyens, qui se pei-
çoivent arbitrairement, tandis que ce {sic) droit, dans l'origine,
n'a été établi que pour assurer l'authenticité des actes et
contrats ;
(1) Il faut naturellement substituer pai-lout au nom de Rozières ceux de Saint-Sigisniond ou do
Saint-Ay, pour reconstituer le texte des caliiers de ces deux paroisses.
100 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
4° Que les États généraux doivent demander et solliciter la
suppression de toutes espèces d'impôts : taille, capitation, cor-
vées, aides, gabelles, et généralement de tous impôts dont
rénumération est impossible par sa multitude.
50 Les babitants représentent qu'il est encore bien essen-
tiel d'obtenir la suppression du droit de franc -fief, lequel, sans
être d'aucun avantage lucratif au Roi, est le plus onéreux aux
sujets en ce que les biens qui en sont grevés se trouvent de
nulle valeur dans les mains du Tiers état qui les possède et
de difficile défaite dans le commerce.
G" Les habitants représentent que la suppression des impôts
et du droit de franc-fief, qui est à désirer et même de néces-
sité, emportent en eux seuls plus de la moitié du produit des
fruits (1) ; qu'il reste encore à la charge du cultivateur les droits
d'aides et gabelles, les droits seigneuriaux et de dime, les
frais d'avances de culture et de récolte.
70 Mais en même temps que les habitants demandent la
suppression de tous les impôts et droit de franc-fief, comme
il est nécessaire de subvenir aux besoins de l'État et au sou
tien de la splendeur du monarque, ils croient que les députés
de la Nation doivent offrir et proposer la formation de deux
impôts uniques : l'un, personnel, qui sera supporté par tous
in<lividus non propriétaires de biens-fonds, relativement à
leurs facultés, à leur état et à leur commerce, sans que qui
que ce soit puisse en être exempt, c'est-à-dire sans distinc-
tion de rang ni de privilège; l'autre, réel, qui sera supporté
par les propriétaires de biens-fonds, dans la plus juste propor-
tion de la valeur et du produit des biens-fonds, également sans
nulle exemption, distinction ni privilège, et sans que l'on
puisse cumuler sur les propriétaires l'impôt personncd avec
celui réel.
8° Les habitants réclament et sollicitent de la bonté du
lV)i l'établissement d'Ktats Iprovinciaiix] dans la meilleure
(1) La phrase parait incomplùti!. Lo sens est: après la suppression désirable el nécessaire
«les impùts et fin droit do franc-tlef, «pii emportent à eux seuls plus de la moitié des fruits, il
restera encore ix la charge du cultivateur les droits d'aides et de gabelles.
CAHIK[\ DK SAL\T-AV. lOl
l'orme possible ; en conséquence, d'accorder le règlement d'une
manière stable et invariable pour leurs régime et composition.
Que les États provinciaux aient la répartition des deux
impôts; qu'ils en fassent seuls la recette aux moindres frais
possibles ; qu'ils en fassent le versement direct au trésor
royal sans qu'il soit besoin du ministère des receveurs géné-
raux, sous la déduction des cliai'ges et rentes attachées à cha-
cune des provinces, qui seront acquittées par les États provin-
ciaux.
D" Les habitants, d'après toutes ces opérations arrêtées et
qui sont préliminaires, croient que les représentants [de] la
Nation doivent s'occuper à constater et fixer la dette natio-
nale, à laquelle les deux. impôts seront proportionnés ;
U> Que ces deux impôts ne peuvent ni ne doivent être
accordés que pour un temps limité, et seulement pendant
l'intervalle d'une tenue des États généraux à la suivante, dont
l'époque sera irrévocablement fixée.
llo Les habitants représentent que, depuis la réformation de
la forêt d'Orléans, arrêtée en 1716, l'étendue de la gruerie
qui y est attachée a été lixée ; que la forêt est séparée des
terres qui en sont riveraines par des fossés; que, sur partie
de leurs terres, il s'y est lormé quelques accrues de bois, qui
appartiennent aux propriétaires et font partie de leurs héri-
tages ; que, cependant, les officiers de la maîtrise leur inter-
(hsent la libre disposition de ces accrues et les déclarent
journellement sujettes au droit de gruerie, ce qui est une
usurpation sur la propriété des riverains, pourquoi ils en
demandent l'affranchissement.
120 Les habitants de Rozières représentent que, dans leur
paroisse, lise trouve deux justices : l'une, dépendant du mar-
quisat de Montpipeau, qui s'exerce sur le heu, et l'autre de
l'abbaye de Saint-Mesmin, qui s'exerce à Orléans, éloignée de
leur paroisse de quatre lieues (1); que, pour l'intérêt général
_ (1) Var. du cahier de Saint-Sigismond : et l'autre do l'ancien monastère d'Ambert, qui
sexerce à Orléans, éloignée de leur paroisse de cinq lieues
Var. du cahier de Saint-Ay : il se trouve trois justices, l'une de la Porcelllère qui est sans
exercice, l'autre de Meung, et la principale de Montpipeau
T. I. Il
162 BAILLIAGE d'ORLÉAIS'S.
et le maintien du bon ordre, il serait intéressant qu'il n'y eût
qu'une seule et unique justice dans chacune des paroisses de
la campagne, et que la moindre partie fût réunie à celle prin-
cipale de la paroisse ; pourquoi le seigneur de la moindre fût
tenu de l'abandonner au seigneur principal, h raison de
10 livres par feu.
13o Les habitants représentent que leur paroisse est desser-
vie par un seul curé, dont le revenu est composé de dîmes,
quelques fonds de terres et du casuel, le tout de valeur d'en-
viron 1,200 livres (1). Il serait bien intéressant de lui accorder
un l'evenu lixe et honnête, à la charge par lui de ne pouvoir
exiger aucune rétrilnitioii forcée et même volontaire pour
l'administration des sacrements, et encore à la charge par le
curé d'abandonner toutes espèces de dîmes dont les habi-
tants demeureraient déchargés, qui sont des sujets de querelle,
de dissension entre le curé et les habitants, relativement à
leur perception, qui occasionnent toujours des procès ; que,
pour compléter et former le revenu fixe du curé, l'on pourrait
réunir des biens dépendant de prieurés et bénéfices simples
qui sont possédés par des ecclésiastiques qui ne rendent
aucun service ni à la religion ni à l'État, comme les prieurés
de Saint-Étienne de Beaugency, de Saint-Georges d'Épieds,
de Saint-Sigismond et autres de cette nature. Pour parvenir
à former les dotations des cures et vicariats, il serait intéres-
sant d'interdire aux possesseurs de bénéfices simples le droit
de pouvoir les résigner et permuter.
Au surplus, les habitants se réunissent au vœu général de
la Nation pour tout ce qui peut contribuer au bonheur de la
patrie et à la gloire du souverain.
Fait et arrêté en l'assemblée générale des habitants, tenue
cejourd'hui I'''' mars 1789.
(Suivent 1 1 signatures : celles de François Boudet ; Jean
lîeauvillain ; Jacques-Marie-Thérèse Huet, syndic, etc.)
(1) Var. de Sûint-Sigismuncl : 1,100 livres.
Var. de Saint-Ay : 800 livius.
CAHIER DE COULMIERS. d63
Saint-Sigismond (15 signatures : celles de Bracquemond,
syndic; Nicolas Hurault; Louis Pinsard, etc., et celle de
Dumuys.)
Saint-Aij (35 signatures : celles de Quétard, syndic;
Groyer ; Bouguereau, etc., et celle de Dumuys.)
COULMIERS.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. Co'^. Menng-.
Gén. Orléans. El. Beaugency. Gren. IJioc. Orléans.
•JoussE. — Paroisse. 00 feux. Le comte de Montpipeau. Haute jus-
tice de Montpipeau, r. au b. d'Orléans. !•"■ br. d'Orléans. A 4 lieues
dudit lieu. A 1 lieue de la forêt. Beauce.
1768. — Ci feux. Du Gluzel. Blé.
Di.ME. — Blé, 1 gerbe de 50 pouces par grande mine. Le reste
au 13e.
T.vir.LE de la paroisse en 1788. — 3,970 1., dont 1,830 pour le prin-
cipal et 2,140 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verb.vl. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de François Dumuys, procu-
reur au Châtelet d'Orléans, procureur fiscal du marquisat de Montpi-
peau. — Population : 50 feux. — Comparants : Clément Maliverne,
syndic de la municipalité ; Toussaint Pelé, laboureur ; François Michau,
laboureur ; Jean Venot, laboureur ; Jacques-Denis Barrault, laboureur ;
Nicolas Dreux, laboureur ; Mathias Bracquemond, laboureur ; Pierre
Michaud ; Jean Venot ; Jacques-Honoré Ghampdavoine ; Etienne Pelé ;
Mathieu Yillevalois; Ambroise Lenfant ; Antoine Maliverne; François
Guérin ; Jean Le Normand ; Mathias Pilate ; Jean Hubert ; Laurent
Dreux; Laurent Dousset; Pierre Hourv ; Antoine Maliverne; François
Ghartier ; Mathias Guérin. — Députés : Jacques-Denis Barrault ; Nico-
las Dreux.
Population en 1790. — 306 habitants.
164 BAILLIAGE d'ORLÉAN'S.
Plaintes et doléances (1) que présentent aux Etats généraux
qui doivent s'assembler le 27 avril prochain à Versailles
les habitants de la paroisse de Saint-Aignan de Coulmiers,
élection de Beaugency, généralité d'Orléans.
Les plaintes et les soufïrances des gens de campagne ont
presque toujours été étoullées par leurs larmes dans l'inté-
rieur de leurs maisons et presque toujours rebutées par ceux
qui étaient préposés pour les écouter et y avoir égard. Jamais
elles n'ont pu pénétrer au trône du souverain ; elles ont été
arrêtées par ceux qui avaient intérêt d'en empêcher le succès.
Aujourd'hui, le Roi bienfaisant qui occupe le trùne de cette
monarchie, né avec un caractère de justice et d'équité qui
donne les plus heureuses espérances, s'occupe principalement
du bonheur de la classe indigente, la plus nombreuse de ses
sujets, et leur {sic) demande de lui exposer les torts et préju-
dices qu'ils ont éprouvés jusqu'à ce jour, les remèdes que les
États peuvent y apporter et les moyens qu'ils estiment les plus
utiles pour lui procurer une situation plus heureuse.
Les habitants des campagnes forment nécessairement une
partie principale de cette multitude souffrante de citoyens,
et, en conséquence, vous exposent ici sommairement leurs
doléances.
lo Ils disent que les impositions sur les propriétés sont
excessives ; que les tailles, les corvées, les vingtièmes forment
une masse de prélèvement très considérable, (|uj été toute
aisance au cultivateur, l'empêche d'avoir des engrais et des
facilités pour l'exploitation, laquelle, à ce moyen, est faible
et languissante, excepté chez les plus riches qui ont amassé
assez par succession ou par quelques événements heu-
reux pour ne rien refuser aux avances de l'exploitation ;
2° Que non seulement la masse des impôts est excessive
sur les propriétés, mais qu'elle est levée avec une rigueur
(\) Les points «uspensiTs sont dans l'originnl.
CAHIER UE COULMIERS. 105
incroyable ; que cette masse passe par trop de mains ; que
tous préposés, receveurs particuliers et généraux, caissiers,
font un prélèvement si considérable, qu'ils ont ouï dire que,
lorsqu'elle est portée au trésor royal, elle est diminuée de
presque moitié; et que c'est un proverbe en campagne que
pour devenir riche en peu d'années, il faut être financier ;
qu'il semble donc auxdits habitants qu'il serait de la sagesse
des États généraux de simplifier la perception de l'impôt en
évitant les divers versements de l'argent et en établissant dans
cette province les États provinciaux chargés de faire le recou-
vrement des impôts avec moins de dépense et plus de modé-
ration ;
3» Que les propriétés ayant toujours été accablées d'impôts
soit par les vingtièmes, corvées, francs-fiefs, constructions
d'églises, presbytères et autres, il s'ensuit que les propriétaires
des fonds, accablés par les impôts et par les réparations de ces
biens, sont forcés, pour vivre et pour les payer, d'affermer
à une perte excessive les terres, et qu'à ce moyen, le cultiva-
teur, après avoir arrosé la terre de ses sueurs, abrégé sa vie
par un travail continuel et forcé, meurt dans l'indigence et
sans laisser une carrière plus heureuse à parcourir à ses
enfants que celle dont il vient d'atteindre le but;
4o Qu'il est juste de concourir au soulagement, même à la
prospérité de l'État ; mais que la seule manière juste de le
l'aire est que chaque individu y concoure, puisque chaque
individu est protégé et mis en sûreté par le gouvernement ;
que ce serait une injustice manifeste et un tort irréparable
à l'État de ne charger que les seuls propriétaires de l'impôt ;
que le négociant et le commerçant possèdent une grande
partie des richesses du royaume ; que son opulence forme le
luxe; qu'il est protégé par la loi; que les grandes routes sont
en partie construites et entretenues pour lui, et que si, pour
le prétexte frivole qu'on ne connaît pas sa fortune et qu'elle
peut varier d'une année à l'autre, il ne doit rien payer,
ce serait le comble de l'injustice. 11 sera de la sagesse des
166 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
États g-énéraux de ])roportionner la division de l'impôt à
chacun suivant sa fortune réelle ou apparente, et aux compa-
gnies choisies de négociants pour diviser la portion imposée
au commerce avec la proportion convenable joint à l'intérêt
général luttant avec l'intérêt particulier, fera sortir la lumière
pour éclairer cette opération (1).
Nous entendons dire que comme la terre produit tous les
biens réels, c'est elle aussi qui doit payer tout l'impôt ; de ce
principe, vrai dans sa première partie, il en résulterait les
conséquences les plus funestes et les plus injustes. Un proprié-
taire ayant 3,000 livres de rentes en fonds paierait environ
1,000 livres d'impôts en tous genres quelconques, et un négo-
ciant jouissant annuellement de 40 ou 50,000 livres de rentes
par son commerce paierait seulement 7 à 800 livres pour son
industrie, et voilà où les choses en sont ! Quelle inégalité
efirayante pour le propriétaire ! Quelque favorable que soit la
classe des négociants, est-elle aussi utile que celle des cultiva-
teurs et propriétaires? Fait-on une demande injuste de
requérir que les uns et les autres soient taxés à l'impôt relati-
vement à la fortune, notoire ou présumée, d'un chacun ?
Les nations les plus sages ont toujours favorisé l'agriculture
et ne l'ont assujettie qu'à la plus légère partie de l'impôt.
L'Angleterre, dont la constitution du gouvernement représente
les États généraux habituellement assemblés, ménage le pro-
priétaire de fonds et le cultivateur avec la plus scrupuleuse
attention, en sorte qu'un domaine affermé 1,200 livres ne paie
pas plus do 100 livres d'impositions quelconques; l'impôt est
rejeté sur le commerce, sur le luxe et sur les objets de
consommation qui ne sont pas de première nécessité. La vérité
de cet exposé sera connue par plusieurs membres des États
généraux.
L'objection du négociant qui voudrait échapper à la distri-
(1) La phrase est incorrecte el obscure dans sa seconde partie. Le sens parait ôtre : il appar-
tiendra à fies compagnies choisies de négociants de diviser la portion imposée au commerce
avec la proportion convenable ; en outre, l'intérêt général luttant avec l'intérêt particulier, ces
mesures feront sortir la lumière pour éclairer celte opération.
CAHIER DE COULMIERS. 167
bution proportionnelle de l'impôt est de dire : « Nous vendrons
en ce cas plus cher notre marchandise. » 1» Ils la vendent
dès à présent le plus cher qu'ils peuvent ; 2° s'ils la vendent
trop cher, on en achètera moins ; 3» cette objection est nulle
vis-à-vis des gens de campagne, du pauvre et de l'artisan qui à
peine peut (.sic) se procurer le nécessaire de la subsistance et qui
n'achète rien de commode et de superflu ; et combien d'entre
eux ont encore l'habit de noces qu'ils ont fait faire il y a vingt
ans ! Ce ne serait donc une augmentation qu'envers les riches,
et l'inconvénient est moindre que d'ôter tout aux uns pour ne
rien ôter aux plus riches et aux plus fortunés.
Cette classe du propriétaire et du cultivateur est d'autant
plus à ménager qu'elle ne peut que décroître et jamais s'en-
richir ; les intempéries, les stérilités, les grêles, les incendies,
les insolvabilités l'épuisent. Le gouvernement ne peut venir
suffisamment à leur secours, et nous en avons une expérience
récente et funeste cette année où les propriétaires ne sont pas
payés et où la plupart des cultivateurs sont ruinés. Au reste,
les lumières et l'équité des citoyens composant les États géné-
raux suppléeront à ce qui manque et à ce qui pourrait être
ajouté à ces observations.
5o Les gens de la campagne, gémissant sous le poids de
l'impôt, ont encore d'autres malheurs à supporter pour conser-
ver leurs biens : ils sont quelquefois dans le cas d'éprouver des
procès, soit en demandant, soit en défendant ; les frais immenses
pour obtenir la justice, les degrés multipliés de juridictions,
l'impéritie des gens de pratique auxquels ils confient leurs
intérêts, leur avidité, souvent le peu de lumière d'un juge
seul du bailliage seigneurial, surtout lorsque les tribunaux de
haute justice, par les éloignements des villes, ne sont point
occupés par des avocats et jurisconsultes, forment un enchaî-
nement d'exaction et d'injustice qui achèvent de ruiner les
pauvres cultivateurs de la campagne.
Les huissiers, les procureurs se font payer infiniment plus
que le tarif ne leur accorde, ainsi que les greffiers. Comment
-168 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
un homme, à qui il est permis d'ignorer le dédale d'obscurité,
peut-il éviter cette tyrannie ? Il est dans l'ignorance de ce
qu'il doit légitimement ; il compose sans savoir s'il n'offre pas
le quadruple de ce qu'il doit ; il sait que, nonobstant ces offres
verbales, il sera encore condamné sur une assignation aux
dépens; il sait obscurément qu'il peut demander la taxe aux
juges, mais il sait aussi très clairement que le notaire, le pro-
cureur, l'huissier, le greffier, sont les créatures du juge et
qu'il a peu d'espérance à concevoir des suites de cette taxe
qu'il faut encore payer.
L'abus est encore plus grand pour les actes non contentieux
passés par les notaires, principalement de la campagne; ils sont
juges et parties et ne craignent pas d'exiger cinq ou six fois
plus que ne doit être payé leur travail. 11 n'est que trop vrai ((ue
dans une succession de 3,000 livres, par exemple, l'inventaire,
la vente, la liquidation et le partage produit (sic) au notaire
de campagne le moins avide plus de 400 livres de bénéfice,
outre les contrôle et insinuation, ce qui diminue la succession
d'un quart, en sorte que, par tous les genres d'injustices,
le malheureux est toujours appauvri et dépouillé et le sera tou-
jours ; et (juel est le remède à un pareil abus? Les gens de cam-
pagne n'ont pas assez de lumière pour l'indiquer; il suffit à eux
de proposer ces abus aux États généraux dans leurs cahiers
de doléances. Ils trouveront dans leur sagesse les moyens d'en
empêcher la continuation.
6o Qu'il est encore un genre de malheur qui désole les
gens de la campagne ; qu'il est étonnant que les gardes-chasse
des seigneurs, l'état le moins estimable par la dissolution de
leurs mœurs, aient une autorité en justice que la loi refuse à
l'homme le plus vertueux ; que le procès-verbal d'un seul
garde pour une prétendue contravention fasse foi suffisante
pour décider une condaiiinaliou ; que c'est une erreur de
croire que la religion du serment airête un homme sans prin-
cipe, souvent sans religion, qui abuse de sa place ou pour
satisfaire sa haine particulière ou pour se venger de ce qu'il
CAHIER DE COULMIERS. 169
ne peut mettre à contribution des gens cVim caractère ferme ;
que ce n'est pas assez que les animaux et le gibier donnés
par le Créateur pour la nourriture et l'agrément de l'homme
soient réservés pour satisfaire la sensualité du riche seul, et
que ce soit un crime punissable à un cultivateur roturier d'en
délivrer son champ et de lui tendre des embûches ; on lui
soulï're à peine des chiens nécessaires pour sa défense dans
des voyages nocturnes où il marche isolé dans des chemins
dangereux ; on veut lui interdire la faculté d'arracher les
herbes de son champ ou de celui de ses voisins, avec leur
agrément, pour conserver du gibier dont il ne mange jamais ;
ou il faut que l'herbe étoulïe le blé et que les vaclies meurent
de faim ; on ne lui permet pas, dans bien des endroits, d'arra-
cher les chaumes après la récolte, en sorte que les engrais de
la terre diminuent ; combien a-t-on rendu sur ces objets
d'ordonnances ritUcules et de sentences plus injustes encore!
7o Les droits de franc-fief consistent dans le revenu de
l'année et les dix sous pour livre, droit (sic) qui se perçoit tous
les vingt ans et, en outre, à chaque mutation soit par vente
soit par succession en hgne directe et collatérale, peuvent être
évalués une perte totale du revenu des biens féodaux tous les
neuf ou dix ans ; droit d'autant plus funeste que le propriétaire,
ne récoltant rien à cette époque, n'est pas dispensé de payer
la taille ; que souvent le préposé, lorsqu'il n'y a pas de baux
(ce qui arrive souvent), taxe avec une rigueur excessive le
revenu qu'il évalue lui-même ; le paysan sans défense, interdit,
ne sait faire autre chose que de gémir et payer, heureux si les
frais et les contraintes qu'il a éprouvés ne doublent pas le
paiement. Les frais considérables que la perception de ce
droit, qui ne peut être exigé que des roturiers, occasionne ne
rendent pas le produit assez intéressant pour le domaine royal
pour compenser les inconvénients qu'il entraîne. Les habitants
de Coulmiers espèrent de la bonté du Roi et de la sagesse des
États généraux l'abolition d'un droit aussi désastreux.
8» Enfin, il paraîtrait digne de la bonté du souverain et de
i70 BAILLIAGE D'oRLÉANS.
la sai^esse des États généraux de prendre en considération le
prix excessif du sel. Cette denrée de première nécessité à tous
les individus est encore plus indispensable à la classe indigente
des citoyens ; ne pouvant atteindre pour la plupart au prix
immodéré de la viande, accablés de lassitude et de fatigue par
des travaux répétés journellement, ils ne peuvent se restaurer
qu'avec du pain bouilli dans l'eau avec des légumes ; le sel y
est nécessaire et pour le goût et pour la santé, et le peu
d'argent que les pauvres ont amassé en journées passe en
grande partie en l'acliat du sel ; le prix en est trop cher pour
que le laboureur en use pour médicament et préservatif sur
les bestiaux. Si la situation actuelle des finances ne permet
pas, pour le moment, de rendre le sel marchand, du moins il
est à désirer que le prix en soit de beaucoup diminué, afin que
les plus pauvres puissent participer à ce bienfait de la nature.
9o Les habitants de Coulmiers représentent que, lors de la
rétormation de la fbrèt d'Orléans, en l'année 1710, le droit de
gruerie, qui y est attaciié, a été fixé ; que les terres riveraines
(le la fbrèt en ont été distinctes et séparées par des fossés; que,
depuis cette réformation, il s'est formé quelques accrues sur
partie des terres qui appartiennent aux propriétaires; que
cependant la libre disposition de ces accrues leur est interdite
et les officiers de la maîtrise les déclarent journellement sujettes
au di'oit de gruerie, ce qui est une anticipation et usurpation
sur la propriété, et que l'on doit en |)rononcer l'alfranchis-
sement (1).
Les habitants de Coulmiers se contenteront de ces observa-
tions, parce que les autres abus à réformer, les améliorations
à procurer n'échapperont pas aux lumières des corps et com-
nuuiaut('S (pii préstîuleront leurs cahiers, ni à la sagesse de
MM. les députés aux Etats généraux et aux vues hieiilaisantes
dim souverain aimé de ses peuples donf il recherche le
bonheur.
(1) L'art. 9 du cahier de Coulmiers n'est autre que l'art. 11 des cahiers de Hozières, Saint-
Sigismond et Saint-Ay.
CAHIER DE LA FERTÉ-SAINT- AUBIN. 171
Fait et arrêté à l'assemblée générale tenue cejonrd'hui
2 mars 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de Maliverne, syndic ; Pierre
Mïchau ; Etienne Pelé, etc., et celle de Lemaire, notaire.)
17o Justice de la Baronnie de La Ferté-Lowendal
(La Ferté-Saint-Aubin).
Denis Robert de Massy, professeur à l'Université d'Orléans, avocat en
Parlement, présida, comme bailli de la baronnie et châtellenie de La Ferté-
LoAvendal (La Ferté-Saint-Aubin), les réunions de La Ferté, Ardon, Ménes-
treauen-Villette Marcilly-en-Villette. Le cabier d'Ardon est sensiblement
diflérent des autres; mais ceux de La Ferté, Ménestreau et Marcilly présen-
tent entre eux de très grandes ressemblances. Nous donnons le texte de La
Ferté, quoique l'assemblée électorale se soit tenue dans cette paroisse après
les deux autres, et nous indiquerons pour Ménestreau et pour Marcilly les
variantes de ce texte.
LA FERTÉ-SAINT-AUBIN.
[Autrefois La Ferté-Lowendal et La Ferté-Senneterre.J
Dép. Loiret. Arr. Orléans. Con. La Ferté-Saint-Aubin.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 269 feus (1). La marquise de Bouteville. .Justice, r. en
la prévôté d'Orléans. 2 assemblées, le If'mars et le le"" juillet. Br. de La
Ferté-Senneterre. A 1/4 de lieue dudit lieu et 5 d'Orléans. Route d'Or-
léans à Bourges et Ghaumont. Bois de 8 lieues de tour. Pays couvert.
Sologne.
1768. — 276 feux. Bertrand. Blé.
DÏME. — Grosses dîmes : froment et seigle, 1 gerbe par 80 perches ;
menus grains, 1 boisseau de L5 1. par 80 perches. Vertes dîmes :
chanvre, la i.3e poignée. Menues dîmes : laine, la 20" toison, sur les
moutons seulement ; brebis, le 20^ agneau.
T.viLLE de la paroisse en 1788. — 0,433 1., dont 4,717 pour le princi-
pal et 4,716 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 26 février, dans
(1) Au-dessous, 246.
172 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Denis Robert de Massy,
conseiller du roi, docteur-régent et professeur de droit français en
l'Université d'Orléans, avocat en Parlement, bailli de la baronnie
et chàtellenie de La Ferté-Lowendal, ci-devant Senneterre. —
Population : 352 feux. — Comparants : Poinclou père (8 -f- 7.18) ;
Jean Duvoisin, aubergiste, syndic (33 -)- 32.14) ; Louis Poinclou
fils, marchand aubergiste (161 -j- 159); Antoine Guillemin, maître
de poste (172 -f- 170) ; Etienne Bourdon, greffier (14 -|- 13.18) ;
François Bardon, notaire (42 -f- 41.13); Louis Fromont, marchand
(62 -|- 61.8); Clément Houry (46 -f- 45.13) ; Pierre Houry fils (réuni
avec son père, 20.5-}- 20.2); Louis Ghauveau, chirurgien (11 -}- 10.8);
Pierre Gazeau, chirurgien (6 -f- 5.19); Pierre Debray, marchand auber-
giste (50-)- 49.12); Adrien Lemaire, marchand (31 -)- 30.15); Ambroise
Leblanc, cabaretier (24 -)- 23.16); André Baschon fils, laboureur (27-}-
26.15); Antoine Régnier, charcutier (6-}- 5. 19); Biaise Humes, labou-
reur (62 -|- 61.8); Benoît Yierrieux, aubergiste (44 -]- 43. 1.3); Barthé-
lémy Lemaire, cordonnier (3.10 -}- 3.9); Charles Gautier, menuisier
(6.5 -f- 6.4); Claude Chapeleau, laboureur (43-}- 42.13); Claude Boul-
land, laboureur (59-}- 58. 10); Charles Houry l'aîné, fournier (6.10-f-
6.9); Denis Villette, tourneur (5 -f- 4.19); Etienne Tanchon, terrassier
(3-}- 2.19); François Fidé, marchand tailleur (11 -f- 10.18); François
Barbereau, laboureur (64.10 -}- 63.19) ; François Clément, tailleur et
cabaretier (4 -]- 3.19) ; François Duchesne, laboureur (95 -}- 93.12);
François Gillet, locataire (8.10 -f- 8.9) ; Frédéric Régnier, marchand
cabaretier (11 -}- 10.8); François Vinaugé, laboureur (64.10-}- 63.19);
Guillaume Tizeau, tailleur (5 -|- 4.19); Guillaume Beaudoin, laboureur
(53 -|- 52.11); Guillaume Laurent, laboureur (39-}-38.13); (Tuillaume
Villette, marchand aubergiste (71-)- 70.6); Jean HouUin. lalxiurcur
(48 -j- 47.12); Jean Saunier, laboureur (46.10-}- 46.2); .Jean Trepeau
(10 sols-|-10 sols); Jacques Petit, aubergiste (15 -f- 14.17); Jacques
Pichery, journalier (2-)- 2); Julien Gillet. labi>ureur (94 -)- 92.12) ;
Joseph Vaussier, scieur de long (4.10-)- 4.9) ; Joseph ^L1rtinot, auber-
giste (22-)- 21. 16); le nommé Plantade, perruquier (4.10 -j- 4.9) ; Jean-
Baptiste Chevet, laboureur (56-|-55.10); Louis Laurent, laboureur
(36-}- 35. 14); Louis Boulland, tailleur (24 -}- 23. 16); J;(uiis Durumes,
locataire (4.10-f-4.9) ; Louis Bruère, laboureur (62-}-61.8): Louis
Barbereau, laboureur 1 46 -j- 45. 2j ; Laurent Barbereau, lo(\Ttaire
(5.10-}-5.9); Mathurin Iliroii, laboureur (41 -}- 40.13) ; Martin Chou-
leau, maréchal (10 -f- 9.18); Michel-Polycarpe Gitton, boucher (41 -f-
CAHIER DE LA FERTÉ-SAINT-AUBIN. 473
40 13); Pierre Martin, aubergiste (25 -f- 24.1(3); Pierre-Roch Barbe-
reau, locataire (17.10 -j- 17.7) ; Pierre Barbereau, laboureur (83 -j~
82.14); Pierre Bruère, laboureur (34 -j- 33.14) ; Pierre BouUand, labou-
reur (33-)- 32.13); Sylvain .Julien, laboureur (29 -j- 28.15) ; Sylvain-
.Tacques Jacq, tisserand (2.10 -f- 2.10) ; Sylvain Doublet, laboureur
(37-)-3G.14); Thomas Gaullier, meunier (31 -)- 30.15); Vrain Baschon,
locataire (5-]- 4.19); .Tean Moulin (3 -f- 3.19) ; Gharles-Jean-Baptiste
Penault (3 -f- 2.19); Pierre Julien, laboureur (131-^129.10). — Bé-
putés : Pierre-Clément Houry, docteur en médecine, seigneur du fief de
Mizé; sieur Louis Poinclou père, bourgeois; Pierre Debray, marchand
aubergiste, et Charles Gautier, menuisier.
Population en 1790. — 1,326 habitants.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances arrêtées par
les habitants du Tiers état des paroisses de Saint-Aubin
et de Saint-Michel de la Ferté-Lowendal en l'assemblée
générale tenue cejourd'hui par M. le bailli de ce lieu en
exécution des lettres du Roi, du règlement y annexé et de
Vordonnance de M. le lieutenant général du bailliage
d'Orléans.
Article premier. — Il est essentiel de prendre connaissance
exacte du déficit des finances du royaume, avant d'assurer la
dette publique et de déterminer les secours qu'il la ut donner
au Roi.
Art. 2. — Demander la suppression de la taille et acces-
soires pour établir un impôt unique sur les biens-fonds tant
des villes que des campagnes, qui comprendra la taille et
accessoires, le vingtième et la corvée, sauf à les distinguer par
autant de colonnes sur le rôle, s'il est jugé nécessaire, à raison
de la destination particulière de chaque impôt.
Art. 3. — Tous les fonds indistinctement supporteront cet
impôt, quels qu'en soient les propriétaires, ecclésiastiques,
nobles, ou du Tiers état; cependant ceux qui n'exploiteront
pas les biens par eux-mêmes ne seront pas imposés en raison
174 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
des châteaux, maisons d'agrément, leurs cours et jardins
réduits à une quotité déterminée d'arpents.
Art. 4. — La répartition de cet impôt sera faite par les mem-
bres de la municipalité de chaque paroisse, sans qu'il puisse y
avoir lieu à aucune taxe d'office, par qui et en faveur de qui
que ce soit.
Art. 5. — Pour parvenir à une répartition de cet impôt
exacte et proportionnelle entre les propriétés, on croit indis-
pensable qu'il soit procédé à l'arpentage général des héritages
formant le territoire de chaque paroisse, avec distinction de
leur nature et de chaque domaine dont ils dépendent. Il sera
ensuite par la municipalité étabh trois classes de chaque
espèce d'héritage : bon, médiocre et mauvais, et [procédé]
à l'allivrement de chaque classe eu égard à la somme totale
imposée sur la paroisse, distraction faite de celle à imposer
pour la capitation, industrie ou autre faculté personnelle.
Art. 6. — L'arpentage fait de chaque paroisse d'une pro-
vince, il sera par l'assemblée ou les États provinciaux procédé
à la répartition proportionnelle de la masse totale de l'impôt
entre chaque ville et paroisse, eu égard à la nature, à la
qualité, à la fertilité ou stérilité du sol, à son produit annuel
et aux frais plus ou moins considérables de culture que le
terrain exige.
Art. 7. — ^ La répartition tant générale que particulière une
fois faite, après avoir été proposée dans chaque paroisse pen-
dant trois ou quatre ans de suite, temps pendant lequel chacun
proposera ses réclamations et observations, elle demeurera fixe
et stable au moins pour vingt-cin(| ou trente ans, pendant
lesquels chacun exploitera et améliorera ses héritages comme
il jugerai propos, sans que sa taxe puisse être augmentée ni
diminuée, les seuls cas extraordinaires exceptés.
Art. (S. — Demander la suppression de la gabelle comme
portant sur une denrée de première nécessité et dont la classe
des pauvres fait la plus grande consommation. D'ailleurs, s'il
CAHIER DE LA FERTÉ-SAIXT-AUBIN. 175
était à un prix modéré, on en ferait usage pour les bestiaux
pour lesquels il est un préservatif sûr contre bien des mala-
dies. Demander qu'il soit rendu marchand, sauf à mettre un
impôt très modique qui sera perçu aux salines et payé par
l'acheteur, jusqu'à ce que, par l'amélioration des finances, on
ait pu récupérer l'impôt de la gabelle.
Art. 9. — • Demander la suppression du droit de franc-lief ;
cet impôt est tlétrissant pour le roturier ; il gêne le commerce
des biens-fonds et il est nuisible à l'agriculture.
Art. 10. — Assujettir au tirage de la milice indistinctement
tous les domestiques des ecclésiastiques, nobles et privilégiés,
qui, jusqu'à présent, en ont été exempts. Si quelques-uns
devaient en être dispensés, ce devraient être les cultivateurs. Il
est urgent de rendre une loi à ce sujet, car les bras manquent
dans les campagnes ; leurs gages commencent à être plus
chers que ceux des villes ; tous les jours, les campagnes se
dépeuplent par l'émigration des fils de journaliers et même de
laboureurs, qui se retirent dans les villes pour y servir, étant
exempts de la milice.
Art. 11. — Pour empêcher la dépopulation des campagnes,
il serait à propos de mettre un impôt sur les domestiques
mâles servant seulement à l'usage des personnes. Il faut aussi
imposer les carrosses et autres objets de luxe.
Art. 12. — Demander que les frais de justice soient dimi-
nués, les procédures abrégées, les honoraires des procureurs
et notaires fixés et assujettis à la taxe faite par autres que par
les membres de leur communauté.
Art. 13. — Demander la suppression de la vénalité des
charges de magistrature pour n'être données qu'au mérite et
aux personnes qui auront fait preuve de leurs capacités et
d'une intégrité reconnue.
Art. 14. — Aux États généraux prochains, il convient d'arrê-
ter comme la loi fondamentale de la monarchie qu'il ne pourra
être levé aucun impôt direct ou indirect sans le consentement
176 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
des États généraux, dont le retour périodique sera fixé avant
la dissolution des prochains.
Art. 15. — Il serait très avantageux au commerce qu'il n'y
eût qu'un seul poids, une seule mesure.
Art. 1(3. — Personne ne connaissant mieux les besoins des
campagnes que les propriétaires qui les habitent et les cul-
tivent, il conviendrait de prendre parmi eux la moitié des
représentants aux États généraux.
Art. 17. — Diminuer les frais de perception des impôts; ce
qui peut se l'aire facilement en chargeant les hôtels de ville
des bureaux de recettes, et en demandant que les hôtels de
ville paieront directement sur des mandats et rescriptions les
sommes que le gouvernement a à. payer dans chaque province
connne pour les ponts et chaussées, la solde des troupes, les
pensions et autres objets.
Art. 18. — Conserver les assemblées municipales dans chaque
paroisse, et si, l'impôt unique a lieu et est payé parles proprié-
taires, les pei'sonnes de cette classe doivent en composer au
moins les deux tiers des membres.
Art. 19. — Demander la réunion des différeiites justices
seigneuriales qui sont dans une paroisse à la principale, de
manière qu'il n'y eût qu'une seule et même haute justice ;
et même, pour qu'il y ait des officiers de justice sur les lieux,
demander que les seigneurs hauts justiciers de plusieurs
paroisses soient tenus de se réunir pour ne nommer que les
mêmes officiers dans une certaine étendue de territoire, et
que le prétoire de la justice soit placé dans la ville ou le bourg
le plus considérable, surtout lorsqu'il y aura foires et marchés.
Art. '20. — Demander que les campagnes ne soient jamais
tenues de contribuer à l'embellissement et décoration des
villes.
Ail. 'Jl. — Il est nécessaire de doter d'une manière conve-
nable les curés et les vicaires par union de bénéfices, suppres-
si(jn, réunion de cui-es trop petites et par tous autres biens
CAHIER DE LA FERTÉ-SAINT-AUBIN. 177
ecclésiastiques ; il serait mètne à souhaiter qu'on prit les arran-
gements convenables pour (fu'il y eût dans chaque paroisse de
campagne au moins deux prêtres.
Art. 22. — La noblesse ne doit point s'acquérir à prix
d'argent; le corps de la Noblesse ne doit se régénérer que
parmi les gens qui se sont distingués par leur talent et par les
services qu'ils ont rendus à l'État. En consécpience, demander
la suppression de toutes les charges qui donnent la noblesse
au premier ou second degré, qui toutes n'ont presque point de
fonctions à remplir et dont les pourvus n'ont même jamais été
au lieu de l'exercice de leur charge.
Art. 23. — Demander que les propriétaires des maisons
situées sur les grandes routes et qui ne sont pas dans l'aligne-
ment tixé par les ordonnances et les règlements de la voirie
puissent faire les simples réparations d'entretien lorsque leurs
maisons ne menaceront pas de ruine prochaine. On observe
que les choses à cet égard sont portées à l'extrême, car sou-
vent on ne permet même pas de recrépir, de boucher un trou
entre deux colombages, de manière qu'on force im pi'oprié-
taire à laisser périr sa maison ou à l'habiter, exposé à toutes les
injures de l'air.
Art. '24. — La destruction de la mendicité avait procuré aux
campagnes le plus grand soulagement et la plus grande tran-
quillité : depuis quelque tenq^s, on ne tient pas la main aux
règlements ; la mendicité commence à se reproduire. Il serait
à propos qu'on autorisât les syndics des municipalités et
membres de faire arrêter tous ceux qui mendieront hors
l'étendue de leur paroisse.
Art, 2d. — Il serait fort intéressant qu'on ne fût pas obligé
d'aller à une distance trop éloignée pour obtenir justice en
dernier ressort. Demander luie nouvelle ampliation du pouvoir
des pi-ésidiaux et qu'il soit établi un présidial clief dans les
villes principales des provinces ou généralités, ({ui jugei-ail en
dernier ressort au double des simples présidiaux et connaîtrait
par appel des sentences des présidiaux du second ordre
178 r.AiLi.iAGE d'orléans.
lorsque l'objet de la chose jiij^ée excéderait la compétence des-
dits présidiaux du second ordre.
Fait et arrêté les jour et an que dessus, et ont signé ceux qui
savent signer.
(Suivent 20 signatures : celles de Duvoisin, syndic; Houry;
Poinclou, etc., et celle de Robert de Massy, juge.)
MEXESTREA U-EN- VILLETTE.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. €<■>». La P'erté.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — 110 feux (1). La marquise de Bouteville. Justice de La Ferté,
r. en la prévôté d'Orléans. Assemblées, le 8 septembre et le 15 août.
Br. de La Ferlé. A 2 lieues de La Ferté et 5 d'Orb'ans. lioute de Sen-
nely. Pays couvert. Sologne.
1708. — 125 feux. Bertrand.
DÎME. — Grosses dîmes : une gerbe par 80 perches pour la moitié.
et la 10" gerbe pour l'autre moitié. Vertes dîmes : chanvre, la l.S'' poi-
gnée. Menues dîmes : agneaux, laine des moutons seulement, le 2(J''.
Tah^lk de la paroisse en 1788. — 4,5021. 10 s., dont 2,154.10 pour le
principal et 2,405 pour les impositions accessoires.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 24 février, au banc
d'œuvre de l'église, sous la préaidoncn de Denis Rol)ert de Massy,
conseiller du Roi, docteur-régent et professeur (h> droit français en
l'Université d'Orléans, avocat en Parlement, bailli de la baronnie et
chàtellenie de La Fcrté-Lowendal, ci-devant Senneterre. — Popuhtdon :
110 feux. — Comparanla : Julien Dubois, syndic; Vraiii Dudoux.
laboureur (00 -j- 100.10) ; .Jean Émart, marcliand (00 -f- 100.10) ; Lau-
rent Giblel (41.5 -f- 40.1), Pierre Julien (48 -f- 53. 12); Pierre Barbereau,
Antoine Lavau (8. -\- 03.10). Charles Galluet (51 -f- 50.10) ; Claude Bou-
cheron (38. 10 -|- 48), Etienne Thenot (41.5 -j- 40.1). Jean Champaux
(77-J-80). Sylvain Maistre (82.10 -|- 92.2), Jean P-uimicr (02-|-09.5),
l'ii'rre Beaufils (47 -f- 52.10), François Pajon (00 -|- 00.18), Georges
Lampcriére (22-|-24.11j, Jacques Maugars (41.5 -j- 40.1), Louis Bri-
(1) Au-dessous, 102.
CAHIER 1)1-: mi;nestreau-e.\-villi.:tte. 179
non (55-f-G1.8), Jean Dulaucl (41.5 -f- 46.1), Etienne Dulaud (55-f-61. 8),
.lacques Maziiray, Pierre Tissier (48 -f- 53. 12), Jean Lemerre (59 -f-
(M.IO), laboureurs; Julien Nérot, aubergiste (102 -|- 113.18) ; Jacques-
Julien Nérot, marchand (100 -)- 111.13) ; François Roullet, locataire;
Jean Barbereau, meunier (10 -j- 17.17) ; Pierre Gimont (8 -|- 8.18),
Jean Mazuray (8 -j- 8.19), Jean CoUadent (0.10 -j- 7.5), locataires; Jean
Yenon, fermier de la fabrique (0.10 -f 7.5) ; Sylvain Aubigny (3 -[-3.7),
Jacques Mitaine (5 -j- 5.12), Sylvain Mitaine (12 -j- 13.8), charrons;
Laurent Migoubert (3-|-3.7); Pierre Dubois, journalier (4-|-4.9);
André PouUin ; Clément Bobeau (3-|-3.0); Jean Huret (4.10-f-5);
Sylvain Rabourdin, tisserand (0-(-0.14); Louis PouUin, journalier;
Charles Maubert. tisserand (7.10 -|- 8.7) ; Mathieu Migoubert, tisserand
(3-|-3.7); Claude Bernier ; Antoine Yalentin, locataire; Sylvain Raf-
fouard (2 -j-2.4) ; François Lecas, tisserand (3 -[-3.7) ; Nicolas Lempe-
reur. marchand (8 -[-8.19); Jacques Lempereur (3 -[-3. 3); Pierre
Souche! ; Antoine Droit, tisserand ; tous locataires et journaliers. —
Députés : Yrain Ducloux ; Jean Émart.
Population en 1790. — 0.59 habitants.
Cahier de Meneslreau-en-Villelte.
Comparaison avec celui de Lu Ferté.
Même titre, Var. indiquées en italiques : que les habitants
du Tiers état de la paroisse de N.-D. et de Saint-Thibault de
Menestreau-en-Villette ont arrêté en l'assemblée généi^ale de
ladite paroisse tenue le "24 février il 89, en exécution des
ordres du Pioi, pai^ M. le bailli de La Ferté-Lowendal.
Art. Jc'-. — Art. t2 de La Ferté. Var. : Demander que V impôt
de la taille soit supprimé et qu'il soit établi un impôt
uiii(|ii('
Art. t>. ^ Arl. li de La Ferté. Var. (i) :
Cet impôt unique sera imposé sur les fonds et tous objets pro-
duisant son (sic^ revemi, soit annuel soit après un certain nombre
d'années. Il sei-a payé et ac(|iiilt('' par les projir'K'Iaii'es soit
(1) Lorsque le texte présente de notables dillérences, il est reproduit iiitcgralement en cai-ac-
tères ordinaires.
180 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
ecc]ésiiisti(|ues, nobles et du Tiers état, tous privilèges et
exemptions anéantis. Cependant les ecclésiastiques et les nobles
de condition ne seront pas imposés à raison de leurs châteaux,
maisons d'habitation, cours, jardins, réduits à une quantité
déterminée d'arpents, par exemple de 10 ou 15 arpents, si tant
en comporte l'enclos du j)rincipal manoir; et jusqu'à l'expiration
des baux actuels, les fermiers tiendront compte aux ]»i'0|)rié-
taires des impositions qu'ils paient comme fermiers.
Art. 3. — Ai't. 4 de La Ferté. Var. :
Demander que la l'épartition de l'impôt qui sera établi soit
faite dans clia((ue j)aroisse par les membres et adjoints de la
miiiiicipalilé, sans que personne ou quelque corps ou établis-
sement que ce soit, même les intendants (^t connnissions inter-
médiaires des assemblées pi'ovinciales ou États provinciaux,
puissent taxer d'office (|ui ([ue ce soit.
• Art. 4. — Art. 5 de La Ferté. Var, :
Pour parvenir à une répari iliou exacte et proportionnelle,
demander qu'il soit procédé à l'arpentaL-e des héritages de toute
espèce formant le territoire de chaque paroisse, par distinction
de la nature des héritages et de chaque domaine; <iu'<'iisuite il
soit établi par la municipalité, dans une assemblée générale,
trois classes diiïérentes des héritages : bons, médiocres et
mauvais; et de suite [procédé] à l'apprécia! ion du revenu annuel
de chaque classe, à la somme totale à iuiposer sur la piu'oisse,
distraction faite de celle à imposer pour capitation des domes-
tiques et pour l'industi'ie des commerçants et gens de métier.
Art. 5. - Art. G de la Ferté. Var. :
Que d'aprca l'arpenlage du territoire de chaque 'paroisse de
la même provi)ice^ il soit à une répai'tition de riuip('it
de la province entre chaque paroisse à la iialui'e et à la
bonté du sol, (|U(^ la jerUlité ou slcrilitc du terrain exige.
Ar-t. 0. - Alt. 7 de La Ferté. Var. :
Cette répartition générale et particailièn' une lois faite dans
CAHIER DE MENESTREAU-Ei\-VILLETTE. 181
chaque paroisse et pendant 3 ou 4 ans de suite, pendant
lesquels les réclamations des propriétaires seront écoutées pour
Il être fait droit, s il y a lieu, et elle demeurera au moins
pendant 25 ans, comme il jugera convenable, sans qu'il
puisse être augmenté ni diminué dans sa cote d'imposition,
tels qu'incendie et grêle
Art. 7. — Art. 8 de La Ferté. Var. :
L'impôt de ki gabelle est désastreux, funeste et injuste en ce
qu'il a porté le prix d'une denrée de première nécessité et dont
la classe des pauvres fait la plus grande consommation au prix
quadruple de ce qu'il serait naturellement. La gabelle a été
jugée p;ii' le souverain lui-même être contraire au principe de
l'équité naturelle dans l'assemblée des notables du mois de jan-
vier 1787. On sollicitera de sa bonté et de sa justice qu'il fasse
mettre cette preuve de sa bonté à exécution sans délai. Il est
d'autant plus intéressant pour le bien du royaume que la gabelle
soit supprimée, parce que, si le sel était à un prix modéré,
la consommation en serait le double, puisqu'on en ferait usage
pour les bestiaux, pour lesquels il est un préservatif salutaire
contre beaucoup de maladies ; d'ailleurs, en détruisant la gabelle,
on rendrait à l'agriculture et aux arts une nuiltitude de bras
armés par la Ferme contre les sujets du Roi. Pour ne pas
priver les finances du royaume du produit total de la gabelle
en rendant le sel marcliand, on pourrait mettre un impôt qui
serait payé aux salines à raison de 1 ou 2 sols par livre ou de
10 francs par ({uintal, et cela provisoirement jusqu'à ce que,
par l'amélioration à metti'e dans les finances, ont eût réciq^éré
l'impôt de la gal)ellc.
Art. 8. — Ai-t. 9 de La Ferté. Var. :
Le droit de franc-(ief est un inip(H llétrissant pour le Tiers
état : la nature n'a pas distingué les biens en biens nobles et
en biens roturiers. La division civile qui en a été imaginée est
de distinction du commerce de l'agriculture (1) ; il ne laudrait
(1) Textuel.
182 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
même conserver la qualité de fief qu'aux domaines un peu
importants qui ont droit de vassaux et censives ; et ces fiefs
seuls jouiraient du droit de chasse, encore d'une manière
modérée de la part du propriétaii-e.
Art. 9. Art. 10 et 1 1 de La Ferlé. Var. :
La milice, par un renversement de tous les principes d'un
gouvernement sage, ne tombe principalement que sur la classe
des citoyens utiles et des cultivateurs. Les domestiques, au
contraire, des ecclésiastiques, des nobles, des anoblis et même
de ceux qui jouissent simplement des privilèges de la noblesse
en sont exempts, tandis que cette classe d'hommes est destruc-
trice de la population, à charge à l;i nation, et la cause princi-
pale de la corruption des mœurs dans la classe du peuple.
D'ailleurs, ces domestiques enlèvent à la campagne une multi-
tude de bras robustes et la plus belle jeunesse dont elle a le
plus grand besoin, puisque la rareté des domestiques mâles
dans la campagne est telle aujourd'hui qu'on est obligé de leur
donner des gages plus considérnbles qu'aux domestiques de
ville. Demander en conséquence que les domesti(|ues mâles
attachés au service personnel des ecclésiastiques et des nobles
soient non seulement assujettis sans distinction à tirer à la
milice, mais même qu'elle soit double à leur égard de ce qu'elle
sera vis-à-vis des domestiques de la campagne. 2'^ : (leni;iii-
der qu'il soit levé sur les domestiques mâles un impôt par tète,
(lui doubici'a progi'essivemcnit à raison du nombi-e des
domestiques mâles que la même personne ;iura à son ser-
vice.
Art. 10. Arl. in.le L;i F(M'té. Var. :
L;i iiiiilliplicit('' des justices seigneui'iales dans l;i iiiiMiie
paroisse est lUie sin'cli;irge onéreuse ai l\ hahitanls de l;i cain-
pagne. Il anive (|uel(|uel()is qu'il y en a trois ou (|iiati'e, ou
bien dfs cantons d'une |KU'oisse qui dépendent de la justice
diuie ;iltb;iye, d'un (■li;q-)itre ou d'une commaiiderie, et ils
sont ol)lig(''S lie iiure (pielcpiej'ois 7 à 8 lieues pour une simple
CAHIER DE MENESTREAU-EN-VILLETTE 183
élection de tuteur, les justices ecclésiastiques ne s'exerçant
ordinairement qu'à Tendroit où existe la communauté ou
chapitre. Cependant, la justice est due aux justiciables dans
le lieu de leur résidence ou dans une distance peu éloi-
gnée .
Art. 11. — D'après les mêmes principes, les habitants des
campagnes demandent qu'on ne puisse les assigner et les forcer
de défendre leurs propriétés et leurs droits en première ins-
tance ailleurs que dans la justice de leur domicile. Il arrive
souvent (jue les personnes puissantes les attirent dans un pays
éloigné et inconnu, et où ils ne peuvent trouver aucun appui,
ce qui les détermine à faire le sacrifice de ce qui leur appar-
tient.
Art. 12. — Art. 24 de La Ferté. Var. :
Les habitants de la campagne avaient ressenti le plus grand
soulagement de ce qu'il y a quelques années on avait détruit
la mendicité. On demande avec instance que les lois relatives
à cet objet soient remises en vigueur, que même il soit
défendu à toute personne de mendier liors l'étendue de sa
paroisse; sinon, permis aux syndics et membres des munici-
palités de les arrêter ou faire arrêter et de les conduire à la
brigade de la maréchaussée la plus prochaine.
Art. 13. ~ Art. 21 de La Ferté. Var. :
Les cures de la campagne ne sont pas suffisamment dotées,
ce qui met les curés dans l'impossibilité de soulager les
pauvres malades. Il serait convenable que ciiaque curé de la
campagne eût un revenu de 1,500 livres sans vicaire et à
proportion des cures sujettes à vicaire. Il serait même impor-
tant pour le bien de la religion qu'on put établir un vicaire
dans chaque paroisse; à ce moyen, tous les habitants pour-
raient entendre la messe les fêtes et dimanches, et les
vicaires seraient chargés d'apprendre à lire et à écrire aux
enfants.
Ail. 14. — Finalenient, il serait très important de suppri-
18 i BAILLIAGE d'ORLÉANS.
mer les dimes de chanvre et jardins et autres dîmes, rentes
qui souvent empêchent chacun de faire ce qu'il juge à pro-
pos dans ses héritages pour la nourriture de leurs (sic) bes-
tiaux (4).
Fait et arrêté les jour et an que dessus, et ont signé ceux qui
le savent.
(Suivent 17 signatures : celles de Ducloux; Jean Émart ;
Dubois, syndic, etc.)
MA RCILL Y-EN- VILLETTE.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"». La Ferté.
Gén. El. Greji. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 100 feux (2). La marquise de Bouteville. Justice de Gosmes,
r. au b. [d'Orléans]. Br. de La Ferté. Al lieue 1/2 de La Ferté et à
3 1/2 d'Orléans. Route de La Ferté à Jargeau. Bois. Sologne. Pays
couvert.
1768. — 118 feux. Bertrand. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes : blé et seigle, une gei-be par 80 perches ;
menus grains, le 13''- billon. Vertes dinics : chanvre, la 13® poignée.
Menues (limes : agn(^au, laine des moutons, le 20*-'.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,781 1., dont 2,257 pour le princi-
pal et 2,524 pour les impositions accessoii'es et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au
banc d'd'uvre de l'église, sous la présidence de Denis Robert de >Lissy,
conseiller du Roi, docteur-régent et professeur de droit franrais en
l'Université d'Orléans, avocat en Parlement, bailli de la bardiuiic et chà-
telleriic de La Ferté-Lowendal, ci-devant Senneterre. — PopuUilian :
112 f ux. — Comparants : François Rousseau, syndic (31 -j- 34.7) :
Fran.;ois Lrphit (01. 10 -f- 08.3) ; André Cliartier (2-|-2.4); Louis
Catindincau (08^108.12); (Uiillaume Cliartier (.55.15 -f- (il . K)) :
.I;.cr|ucs iMonnier (57.10 -}- 0.3. 14) ; Charles Pajon (25.15 -f- 28. 10) :
.i-'.'tn hnliois (45. 5 -j- .50. 2) ; François Ilurpin (70.15-(- 78.7) ; Louis
fi) Les articles 1, V2, 13. l'i, i."), Iii, il, \H, 20, 22, 23, 2.'), de La Ferlé n'ont pas ûlù repro-
duits dans le caliier de Meneslruau.
(2) Au-dessous, 114.
CAHIER DE MARCILLY-EN-YILLETTE 185
Pépin (30-]- 10.4); Jean Bellenoue (18-^19.10); Pierre Gastellier
(62.5 -j- (38. 19); Louis Brochard (48 -|- 53.4); Claude Berger père
(113 -f- 125.5) ; Laurent Lambert (42 -f- 40. 11) ; François Monnier
(28.15-|-31.17); Jean Louvrouer (30-|-43.4); Claude Mornin (10-f-
17.14); Claude-Paul Dorson (44. 15 -f- 49.12) ; .Jean Saulnier (49.19-}-
54.17); Etienne Mazuray (09.5 -|- 70.15) ; Louis Burette (38.16 -j-
42.18); Nicolas Miracle (59. 10 -j- 65.19) ; Pierre Miracle (35-^38.10) ;
Claude Vie (4 -f- 4.9) ; Georg-es Chauvet (4.15-]-5.5) ; Claude Gobert
(7.15-f 8.10); Denis Mazuraj (13.5^14.13); François Picard
(10 -[-11. 2); Jacques Barbereau ; Jean Naudin (6 -|-6.13) ; François
Franchon (6.5 -{-6.18); Jacques Chaufour (5.10 -j- 6.2) ; Etienne Jacquet
(6.10-|-7.4); Laurent Yié (3.15-|- 4.2) ; Pierre Proust (2.15-f-3);
Damien Galifart (2-|-2.4); Louis Delagrange (3.10-}-3.17) ; Pierre
Reguigne (6-)- 6.13) ; François Derouin (7.10-|-8.6) ; Marin Marnier
(3^3.6); André Soucliet (6-|-6.13); André Derouet (17-}- 18.17);
Antoine Bouguin (10.10 -f- 11.13); JeanRémord, serrurier (4. 15 -|- 5. 5);
Pierre Chevalier (2.10-}- 2.15) ; Jean Beaugeard (3.15 -}- 4.2) ; Pierre
Bonnavoie (l-f-1.2) ; Noël Buffet (5 -f- 5. 11); Louis Lemperière(3.10-}-
3.17); Louis Souchet (7 -f- 7.15); Pierre Lemperière (0.10 -j- 7.4) ;
Jean Plancheron (4 -[-4.9) ; Sylvain Gonneau (5-[- 5.11) ; Charles Bas-
chard (3-J-3.6) ; Etienne Asselin(6 -[-6.13) ; Toussaint Chesneau (17 -j-
18.17); Nicolas Buffet (2-^2.4); .Jacques Migoubert (10 s. -j- 11 s.) ;
Patrice Béchard (4 -[-4.9) ; Pierre Saulnier (3-]- 3.0) ; Nicolas Reuilly
(2-}- 2.4); Paul-Germain Girou ; François Bézard ; Antoine Burget ;
Luc Maubert ; Louis Garnier, tous locataires, journaliers et gens de
métier. — Députes : Claude-Paul Dorson ; François Leplat.
Population en 1790. — 020 habitants.
Cahier de Marcilhj-e)i-Villette.
Comparaison avec le cahier de La Ferté-Saiiit-Aubin (1).
Même lilr(\ Var. : tenue cejourd'lmi "25 février 1789. Sup-
primer les mois : par M. le bailli de ce lieu.
Art. Vy. — Art. 2 de La Ferlé. Var. :
On demande (|ne la laille soil supprimée et ([u'il n'y ait à
(1) Quelf|ues articles semblent èti-e inspiv(;s aui^si et plusparticulièremcnl du cahier de Menes-
ti-eau. Nous en avons fait mention, le cas échéant.
186 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
l'avenir qu'un seul et unique impôt sur les biens-fonds de la
campaL^ne, qui comprendra la taille, capitation, industrie, la
corvée, le vingtième, sauf à distinguer par autant de colonnes,
s'il est nécessaire, à raison de la distribution d'emploi de cha-
cun desdits impôts. Cet impôt uni(|ue sera imposé sur les pro-
priétaires, et, jusqu'à l'expiration des baux actuels, les fermiers
leur tiendront compte des objets à ({uoi ils sont imposés
actuellement.
Art. ± — Art. :3 de La Ferté. Var. :
Cet impôt ne peut avoir lieu qu'autant qu'il portera sur toides
les propriétés sans exception et que les privilégiés et exemptions
seront supprimés.
Art. 3. — Art. 4 de La Ferté. Var. :
La répartition de l'impôt unique sera faite dans chacjuo
paroisse par les membres de la municipalité, sans qu'il puisse
y avoir lieu aux taxes d'office de la p;u"t ni on favcMu* de qui que
ce soit.
Art. 4. — Ali. .") de La Ferté. Var. :
Pour pai'venirà nue répartition exacte et pr()|)()iii()nnell(\ il
est indispensable de procéder à rarpeiihige du teniloire de
chaque paroisse, par distinction de la nature d(*s héritages et de
ciiaque domaine; ensuite la nmnicipalité, dans une assemblée
générale à la<jnelle les propriétaires seront appelés, établira
trois diiïéi'entes classes des héi'itages, savoir : bons, médiocres
et manv;iis, afin d'établii' j'allivi-ement (l(^ cIkhIiic élusse.
Art. 5. Art. (i de La t'erh''. \rir. :
L'arpentage fait du tei'i'iloire (le elia(|iie pjiroisse d'iiiie ino-
viiice, il sera, pur r;isseiiil)|(''e ou l<'S h'.lals (rieelle, pi'oc(''( li'' à l;i
r(''|(;ii'tition pro|)orlionnelle de la masse totale de riiM|i(~)l eidi'e
chaque [)aroisse eu égard à la nalui'e, à la (|u;ilit('' et la fertilité
ou stérilité du sol, à son produit annuel, dt'dueliou l'aile des
HmIs plus ou moins considérables de culture ; et celte dislribu-
tii'U sei'a stable, sans |)()UVoii' être idiaui^ée, ;iliu ipie cli;iipie
piiioisse sache la somme (ju'elle doit supporter.
CAHIER DE MARCILLY-EN-VILLETTE. 187
Art. 0. — Art. 7 de La Ferté. Var. :
La répartition particulière faite dans chaque paroisse pendant
trois ou quatre années de suite, pendant lesquelles les réclama-
tions seront écoutées, demeu[rejra stable et fixe au moins
pour 25 ans, sans pouvoir être augmentée ni diminuée, les
seuls cas extraordinaires exceptés.
Art. 7. — Art. 9 de la Ferté. Var :
On sollicitera de la bonté du Roi pour avoir la suppression
des francs-fiels, et ([u'il soit permis de vendre les fiefs à cens ;
sans quoi le roturier propriétaire de fief paierait toujours plus
que les nobles et les privilégiés, ce qui répug[n]e à l'équité et
aux vues bienfaisantes de notre monarque.
Art. 8. — Qu'on abolisse le droit des aides en faisant sup-
porter au vignoble une partie de l'imposition territoriale, et
demander la suppression d'une infinité de commis qui devien-
nent à charge à l'Etat.
Art. 9. — Faire parvenir à Sa Majesté sans le secours des
receveurs particuliers des finances avec le moins de frais pos-
sible ses revenus.
Art. 10. — Art. 11 de La Ferté. Var. :
^lettre un impôt convenable sur les objets de luxe, tels que
le grand nombre de domestiques, voitures et chevaux. Il y a
bien assez longtemps qu'on charge le malheureux cultivateur
qui hieiihU ne pourra plus rien payer.
Art. 11. —Art. 25 de la Ferté. Var. :
La justice est due à tous les sujets du Roi dans leur l<M'i'i-
toire, sans être obligés d'aller la solliciter en des endi'oits trop
éloignés. En conséquence, on solficite de la bonté du Uoi
d'augmerder l'édit des présidiaux et même de créer un prési-
riial chef dans chaque généralité, <jui jugera en dernier ressort
jusqu'en double de ce que les simples présidiaux connaîtront.
En conséquence, les appels des simples présidiaux seront
portés au présidial chef.
188 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 12. — Art. 49 de La Ferté et de Menestreau. Var. :
La multiplicité des justices seigneuriales dans une même
paroisse est un obstacle à ce qu'il y ait des juges sur les lieux ;
il faut, en conséquence, demander qu'il n'y ait qu'un seul
seigneur haut justicier dans chaque paroisse. De même, on ne
doit jamais distraire les habitants de la campagne de la juridic-
tion (le leui' domicile et les forcer d'aller se défendre dans des
jni'i|di]ctioiis éloignées, sous prétexte de privilège et de commit-
timus : autrement c'est les obliger à renoncer à leurs droits et
à leurs propriétés.
Art. i;}. — Art. 10 de La Ferté. Var. :
La milice est un fardeau ti'ès onéreux pour la campagne.
Elle est cause de leur dépopulation et de ce (ju'on y manque de
bras pour la cultiver; le nondjre des domestiques mâles dans
les villes au service des ecclésiastiques ou gentilshommes se
multiplie tous les jours d'une manière sensible, parce qu'ils y
jouissent de l'exemption de la milice. Le seul moyen de remé-
dier à cet abus est de les y assujettir même en raison double de
ceux de la campagne.
Art. 14. — Art. i;5 de La l-Vrté. Var. :
La vénalité des cliarnes de magistrature empêche d'avoir des
juges éclairés et [d'Jane probité reconnue; il faudrait qu'elles ne
fussent données qu'au talent, et comme une récompense à ceux
([iii s'en seraient montrés dignes.
Art. 15. — Art. 14 et 16 de La Ferté. Var. :
Les imp(jts ne pouvant être établis sans le consentement des
Etats généraux, on doit demander la tenue périodique avant la
dissolution des États prochains, et les liahilanls des campagnes,
supportant la majeure partie des imp(Hs, il serait juste (pi'il y
eût de leur classe la moitié des dé|>utés de cha(|ue ordre, et
<]u'oii votât [jar tête et non par oi'dre.
Art. 10. (Ju'on limite retendue; des leri'es, déjà trop
grande, en défendant dy réunir les [x'tites terr(>s des environs,
ces réunions faisant un mal notable aux campagnes par la
CAHIER I)K iMARCILLY-EN-VILLETTE. 189
destruction de plusieurs métairies et locaturos ; elles ont mis
des déserts à la place de petites propriétés qui auparavant,
sous leurs anciens maîtres, étaient agréables et bien culti-
vées.
Art. 17. — Art. 18 de La Ferté. Vcw. :
Qu'on nous conserve notre assemblée municipale en éten-
dant un peu davantage ses pouvoirs.
Art. 18. — Art. t21 de La Ferté. Var. :
Une dotation convenable pour les curés, ce (|ui les mettrait à
l'abri de procès, de disputes et dissensions pour les intérêts
des dîmes du casuel, et, en un mot, (|u"ils n'aient rien à discu-
ter avec leurs paroissiens pour l'intérêt. Il serait aussi très
nécessaire, surtout dans le désert de la Sologne, de donner de
l'aide et des secours du côté de leur ministère en supprimant
tant de places d'ecclésiastiques inutiles dans les villes; nos
paroisses et surtout celle-ci se trouvent avoir neuf lieues d'éten-
due et circonférence ; il est impossible que l'homme le plus
zélé puisse suffire seul au desservissement (sic) d'une paroisse
si étendue ; les paroissiens sont obligés d'abandonner pendant
le temps du service leurs maisons ; de là, les vols et accidents
du fou et autres inconvénients.
Art. 19. — Que le droit de contrôle soit diminué et actes des
notaires ; réduire les droits de greffier et procm^eur ; que les
frais de justice soient diminués et les procédures abré-
gées.
Art. 20. — Nous vous observons que les propriétaires privi-
légiés de cette paroisse ont quantité de réserves en bois, prés
et étangs qui est incroyable, et ils ne paient aucune imposition
pour ces objets ; c'est le pauvi'e cultivateur qui est chargé de
tontes les impositions.
Art. t21. — Les champarts et autres droits bien considérables
que possèdent les chapitres dans ces cantons sans y être d'au-
cune utilité ne seraient-ils pas mieux consacrés au bien [)ublic
et au culte divin que d'ôti'e envoyés 'à des personnes éloignées
JUO BAILLIAGE h ORLÉANS.
et qui ne sont (raucuii secours et d'aucune ressource pour cette
paroisse? La taille, la corvée, la capitalion, la dinie, le cliam-
part, la moitié pour le inaitre, levés sur un niallieureiix cultiva-
teur de la Sologne, ne lui laissent pour récompense de ses
travaux et de ses sueurs qu'une misère criante et alïreuse, et
comme la stérilité du terrain ne peut donner de récoltes que
pour louniii' aiDv objets ci-dessus énoncés, loin de défricher,
il laisse ses terres incultes; de là, dans une paroisse aussi
étendue, les trois quarts des terres sont des bruyères et de
vastes plaines désertes.
Art. 22. — Supplier Sa Majesté de faire construire dans
clia(]ue ville municipale des i^reniers publics et autoriser
les officiers municipaux à faire l'achat des i^rains nécessaires
pour l'approvisionnement de chaque paroisse ; par ce moyen,
retrancher les abus qui se pratiquent de la part de ceux (pii
font des amas de grains, ce qui rend toujours le pain Tort
cher.
Art. 2'3. — Art. 8 de La Ferté et 7 de Menestreau. Var. :
La gabelle est très onéreuse aux habitaiils dv la campagne.
Elle est même injuste en ce qu'elle porte sui' une denrée de
première nécessité dont les pauvres font la plus grande consom-
mation. On demande que le jugement porté par l'assemblée
des notables soit mis à exécution sans délai.
Telles sont les représentations des habitants de la paioisse de
Marcilly, située dans la Sologne. Que Sa Majc^sté daigne jetei'
uncoupd'œil sur cette malheui-euse pi'ovince. Sa stérilité et son
insalubrité ne sont que troj) conmies ; il {sic) ne pouii'a ([ue lui
accorder des secours, ce qui engagei-ait infailliblement les pro-
priétaires et cultivateiu's à l'améliorer et pratiquer des égouts
pour domier des écoulements aux eaux croupissantes et qui
cori'oiHpi'nt la |)ureté de l'air ([ui donne des maladies é|tid('-
iiii(|ucs, (pii la désolent et la ravagent (l).
(1) Les arlides 1, 12, i:), 17. '2ii, 22, 23, 21 du caliier de La Ferlé n'ont pas été reproduits
dans celui de Marcilly.
CAHIER D ARDON. 491
Ym[ h arrêté lt>s jour et an (|ue dessus.
(Suivent 15 sigiiatui'es : celles de Le|)lat; Lemperière ;
Rousseau, syndic, etc.)
Le cahier d'Ardon est le plus court de tous ceux de la série, et il s'en
distingue d'ailleurs par de grandes différences. Seuls les articles 2, 3 et 5
sont inspirés du cahier de La Ferté, mais en constituent des variantes assez
importantes.
ARDON.
Dep. Loiret. Arr. Orléans. C"'*. La Ferté.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
•JoussE. — 82 feux (1). 200 communiants. La marquise de Bouteville.
Du marché de La Ferté, et d'Orléans pour la poste aux lettres. 6 jus-
tices : de la prévôté d'Orléans, de Saint-Mesmin, Saint-Laurent, la
Salle, la Maison-Fort, r. au h. d'Orléans et de Saint-Pierre-le-Puellier,
r. à la prévôté d'Orléans. Br. de La Ferté-Senneterre. A 2 lieues de La
Ferté et à 3 d'Orléans. Du grenier à sel d'Orléans. Sur la grande route
d'Orléans à Jouy et à une lieue de la route d'Orléans à Bourges. Près
les bois de La Ferté, qui ont 8 lieues de circuit. La cure vaut environ
800 livres. Gollateur : rarchidiacre de Sologne. Assemblée le 24 juin.
Pays couvert. Sologne. Le fief de la Rivière appartient à M. Charpen-
tier. 14 hameaux qui sont : les Bordes, la Maison-Fort, Bel-Air, les
Gremions, la Touche, le Yexion, le Clos, le Trepolinière, Villarceau,
Villiers, Marchais Lambert, Boisgibault et la Rivière.
1768. — 99 feux. Beaurand. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes : blé, 1 gerbe de 52 pouces par journée
d'homme ; orge, chanvre, blé noir : le l:j« ondin. Vin. une pinte par
poinçon ou le 200*'. Menues dîmes : le 13" agneau; la D!" toison.
Taille de la paroisse en 1787. — 2,737 1. 10 s., dont 1,293.10 pour
le principal et 1,415 pour les impositions ai'cessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 23 février, au banc
d'œuvre de l'église, sous la jirésidence de Denis Robert de Massy, con-
seiller du Roi, docteur régent et professeur de droit français en l'L'niver-
(1) Au-dessous, 77.
1<.^2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
site d'Orléans, avocat en Parlement,, bailli de la baronnie et ehâtellcnie
de La Fei'lé-Lowendal, ci-devant Senneterrc — Population : 98 feux.
— Comparanta : Nicolas Trépin, labuureui'. syndic de la municipalité
et de la paroisse (42.10 -{- 40.12); Sylvain Trasbot (27.10 -j- 30.1),
Pierre Lecœur (40.15-)- 44.12), Louis Tavenault (67.15 -}- 74.2), -Jean
Pajon (23 -f- 25.1), Pierre Craipeau (GO -|- 65.13), Jean Dupuis, Jacques
Budon (48.10 -|- 53), laboureurs; Toussaint Robert (11.10 -f- 12.11),
François Mallard (9. 15 -f- 10.13), François Lecœur, Ambroise Barruet
(9.10 -|- 10.7), .Jacques Duchêne (9.10 -f- 10.7), Louis Duchène (9.10 -f-
10.7), locataires; Etienne Labbé, tailleur (4.10 -|- 4.19); Louis Desou-
ches, cliarroii (8 -j- 8.15), tous locataires et journaliers; Charles-Fran-
çois Dumaige, régisseur de la terre de Boisgibault. — Dépalés : Nicolas
Trépin ; Louis Desouciies.
Population en 1790. — 600 habitants.
CaJiier des plaintes, doléances et remontrances que les habi-
tants du Tiers état de la paroisse d'Ardon ont arrêté
cejourd'hui 23 février 1789 en l'assemblée générale desdits
habitants tenue par M. le bailli de la baronnie et chdtel-
lenie de La Ferté-Lowendal, le tout pour obéir aux ordres
de Sa Majesté portés en ses lettres du 2 A janvier dernier, et
pour le cahier desdites plaintes être porté par les deux
députés de cette paroisse à l'assemblée du Tiers état au
bailliage d'Orléans, qui se tiendra le 7 mars prochain
devant M. le lieutenant général dudit bailliage.
Art. !'-■'■. — Lesdils liabilaiits représentent très respectueu-
sement à Sa Majesté (in'ils sont très surchargés d'impositions
eu éyard à la stérilité et à i'ini;ratitude du sol de la paroisse
qui n'est qu'un sable très léger, et d'une et d'autre partie
de la paroisse il est argileux et très humide, de manière que
les teiTes labourables ensemencées en blé, seigle rendent à
peine deux lois et demie la semence; que, de l'autre côté, ils
ne trouvent presque aucune indemnité du peu de récolte des
grains dans le produit des bestiaux, étant sujets à la pourri-
ture, attendu la grande humidité du terrain dans la saison
d'hiver et du [»iinteuips ;
CAHIER d'aRDOxV. 193
Art. 2. — Que l'imixH du sel est aussi onéreux pour eux que
celui de la taille et accessoires, et que même, à l'égard de
plusieurs laboureurs, l'achat du sel pour la fourniture de leur
maison excède presque d'un quart le taux de la taille et acces-
soires ;
Art. 3. — Qu'il serait à désirer, pour parvenir à une exacte
et juste répartition de l'impôt, qu'elle fût faite par arpent de
terrain que chacun exploite ou dont il est propriétaire, en
distinguant néanmoins trois classes dans les terres labou-
rables : les prés, les bois, les étani^s et les bruyères, auxquels
il serait donné une évaluation amiuelle du produit ou de ce
qu'ils pourraient être affermés. D'après cette évaluation faite
par le général des habitants et, en conséquence, la répartition
de l'impôt d'une juste proportion, il serait à souhaiter qu'il ne
fût plus permis d'augmenter ou diminuer le taux auquel une
métairie ou autre possession aurait été taxée, si ce n'est dans
des circonstances extraordinaires, parce que par ce moyen
chacun saurait la portion qu'il doit supporter dans les impo-
sitions; il ne craindrait plus qu'en travaillant et en améliorant
ses héritages, de voir {sic) ses industries et son travail mis, en
quelque façon, à l'amende.
Art. 4. — Représentent que les habitants de la paroisse
d'Ardon sont continuellement exposés à être tourmentés par
les cavaliers de la maréchaussée, conducteurs des routes et
autres particuliers souvent inconnus qui se disent chargés de
veiller à ce (|ue les voitures aient des numéros, à ce que les
voituriers ne soient point dans leurs voitures, à ce qu'ils soient
toujoui's à la suite et conduite d'icelles, ou qui se disent chargés
de veiller à ce qu'on échenille les arbres, haies et clôtures des
jardins et terres; que ces diflérentes personnes, sans dresser de
procès-verbaux contre les délinquants, exigent, souvent même
de ceux qui ne sont pas en contravention ou sous prétexte qu'il
y aura quelque (?) de chenilles qui ont échappé à la
recherche, le paiement actuel et sans déport (1) d'une amende
(1) C'est-à-dii-e : sans délai.
T. I. -13
194 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
(le trente livres, qiiiir/o livres ; sinon ils s'acliarnent de (sic) me-
ner en fourrière les chevaux et autres choses qu'ils trouvent
sous leurs mains; que même, à raison de ce qu'un voitiu'ier n'a
pas un numéro fort lisible ou de ce ([u'il n'était point immédia-
tement à la suite de sa voiture, faute de pouvoir payer l'amende
exigée, on détache même sur la route un cheval de la voitui'c,
qu'on conduit en fourrière. Pourquoi lesdits habitants demandent:
lo qu'il soit lait défense à toutes personnes préposées de vaipier
auxdites contraventions, d'arrêter en aucun cas sur la route et
de détacher les chevaux de la voiture ou l'un d'eux, s'ofh'e (1)
de dresser procès-verbal ou de suivre le délinquant, s'il ne le
connaît pas, jusqu'au bourg le plus prochain pour en référer soit
au juge, soit au syndic de la paroisse; 2<> que lesdites personnes
ne pourront exiger les amendes ni autres sommes que les pré-
tendus délin(|uants n'aient été entendus dans ses (sic) moyens
de défense ou de justification devant les juges préposés pour
comiaître de l'exécution des règlements rendus sur ces matières;
qu'autrement c'est une vraie vexation exercée contre les habi-
tants de la campagne.
Art, 5. — Représentent que le revenu de la paroisse est très
modique, étant annuellement de 1,000 livres; ce qui met le
sieur curé dans l'impuissance de secouru' les pauvres et surtout
les malades; pourquoi lesdits habitants demandent (]ne l'état
du sieur curé soit amélioré par l'union de bénéfices ou aulre-
meiit jusqu'à concui'rence de 1,500 livres ou autre somme
qui sera détei-minée en général anx ICtals généranx imi laveur
des curés de campagne.
Fait et arrêté les jour et an (]ue dessus, ladite assiMnbléc
teiKUitc, et ont ceux qui savent signer signé.
(Suivent les signatures de Trépin, syndic; Desouclies; Du-
maige; Pajon; Labbé; Robert de Massy.)
(1) Sic, sari6 donle pour : sauf.
CAHIER d'y VOL 195
A Yvoi, la l'éunion fut présidée par Savai't, lieutenant de la justice de
La Ferlé. C'est à ce titre que le cahier de cette paroisse figure dans le
groupe de La P'erté et que nous le publions à cette place-ci. Il devra tou-
tefois, lorsqu'on l'étudiera, être rapproché des cahiers de la région solo-
gnote à laquelle appartient Yvoi.
YVOI.
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Romorantin. C"». La Motte-Beuvron.
Gén. Orléans. El. Gi-cn. Beaugeney. Dioc. Orléans.
JoussE. — 153 feux. La marquise de Bouteville. Justice de La
Ferté, r. en la prévôté d'Orléans. Br. de La Ferté. A 3 lieues de La
Ferté et à 0 d'Orléans. Assemblée le 9 octobre. Route de Beaugeney.
Pays couvert. Sologne.
1708. — 97 feux. Bertrand. Étangs.
Taille delà paroisse en 1788. — 3,276 1. G s., dont 1,511.0 pour le
principal et 1,705 pour les impositions accessoires et la capitation.
pROGÈs-VERK.\L. — Asscmblée électorale le mercredi 25 février, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de François-Honorat Savart, avo-
cat en Parlement, lieutenant de la justice de la baronnie et châtellenie
de La Ferté-Lowendal, ci-devant Senneterre. — Population: 118 feux.
— Comparants : Jean Deschamps ; Simon Cordon ; Jean Guillon ; André
Garnon ; Jean Fortier ; .Jean Pressoir ; Charles Bothereau ; Etienne
Gherrier; Henri Dubois; Louis Blondeau ; Pierre Main; Louis Gol-
leau; .Jacques Boulland ; Pierre Détins; François Meunier; Claude
Gillet ; Etienne Grillas ; André Giboire ; Jean Gillet ; Jean Moreau ;
Noël Bruère; Louis Laurent; Etienne Fasseau ; Etienne (iriveau;
Pierre Barbary ; Sylvain Blondeau; Mathieu Fasseau, Louis Gillet;
Jacques Dugenet ; Henri Ménard ; Jacques Rimbert; François Meu-
nier; François Béranger; Claude Coflron ; JeanTrépin ; JacquesTivierge ;
Mathieu Cambray ; Etienne Béranger; Michel Boistard. — Députés:
Simon Cordon; Jean Guillon.
196 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Cahier de plaintes, doléances et remontrances arrêté par les
habitants du Tiers état de la paroisse d'Yvoi en Sologne
en l'assemblée de cejourdliui 25 février 1789, en exécution
des ordres du Roi concernant la convocation des Etats
généraux à Versailles le 27 avril prochain.
Art. Ji"''. — Demandent lesdits liabilaiils iiu'il soit piis les
moyens les plus efficaces et les plus prompts pour remédier à
l'étal de misère, d'abâtardissement et de dépopulation de la
Sologne, qui s'accroît de joui' à autre, et dont les causes doivent
être attribuées : d» à lasurcliari;-e d'imjxHs dans tous les genres,
qui, autrefois répartis sur un plus grand nombre d'habitants,
se trouvent aujourdliui accumulés sur la tète d'un li'ès ])etit
noinbi'e d'individus; '2" à la cherté excessive du sel dont l'usage
serait inlininiciil avaiilagciix pour la conservation et l'améliu-
ration des bètes à laine et des autres bestiaux de ce pays
malsain et marécageux ; l> à la dihiculté des connnunications
et des débouchés (|ui s'oppose à l'exportalion des bois et autres
productions du pays, ainsi qu'à l'inq^ortation de la mai'ue, dont
l'engrais peut seul fertiliser le sol hmnide et froid de la Solo-
gne.
Art. 2. Pro|)Osent, en conséijuence, lesdits habitants de
suppi'imer TinqxH sur le sel, on, du moins, de !<> l'éduire à un
prix modique;
Art. 3. — D'accoi'dei' aux cuHivateni's des encouragemciils
et des i'éconq»(Mises |)i'0|)ortiomi(''s aux avjiiiccs qu'ils pourraient
faire tant pour l(>s dérrichemenis (juc pour rimporliilion de la
marne et la jjlantalion des bois;
Art. 4. — D'établir lui ui;ircli('' de grains cl de (oulcs autres
denrées au bourg de Chaunionl, el d'ouvrir lui clieniin de coiii-
.munieiitidu de (Ihanmont à Ueaugency;
Arl. ."). De supprimer l.i liiille el d"(''l;dtlir un st'ul im|»("it
sur les biens-lnnds, (|ui comprenne lu hiillc, les vinglièmes et
|:i eorvcM' ;
Art.f). he supprimer loiile espèce de pi'ivilège, en soi'lc
CAHIER d'yVOI. 191
que tout le monde indistinctement supporte cet impôt à raison
de son revenu ;
Art. 7. — De rendre la répartition exacte, et, à cet effet, de
faire un tableau le plus juste qu'il sera possible du terrain de
chaque paroisse, distingué en trois classes;
Art. 8. — De faire une distribution proportionnelle de la
masse de Fimpùt entre les paroisses, eu égard à la nature
du sol, son produit, aux frais plus ou moins considérables que
sa culture exige, ainsi qu'à la facilité ou difficulté de l'expor-
tation;
Art. U. — De cliarger les membres de la municipalité de
chaque paroisse de la répartition de l'impôt, sans qu'il puisse
être fait aucune taxe d'office;
Art. 10. — De rendre cette répartition fixe et invariable, au
moins pendant vingt-cinq ans, sans pouvoir l'augmenter ou la
diminuer ;
Art. 11. — De charger les membres de la municipalité de
veiller sur la police de leur paroisse et de dresser des procès-
verbaux des contraventions, les autoriser à ne recevoir dans la
paroisse aucun nouvel habitant sans avoir préalablement re-
présenté un certificat de ses bonnes vie et mœurs, à arrêter
les gens sans aveu et les mendiants non domiciliés, et les con-
duire devant les juges des lieux.
Art. l'2. — Représentent encore lesdits habitants que le droit
de franc-fief est nuisible au commerce et à l'agriculture ; qu'il
serait utile de le supprimer et de ne conserver le titre de fief
([u'aux domaines qui ont vassaux et censive, qui seuls joui-
raient de la chasse modérément;
Art. 13. — Qu'il serait très intéressant qu'il n'y eût qu'une
seule et même justice dans chaque pai'oisse et (pie le clief-lieu
de la justice ne fût pas éloigné de plus de trois lieues, et qu'on
ne pût être assigné que devant son juge naturel, pour quelque
cause que ce fût; que les h'ais de justice fussent diminués et
les procédures abrégées ;
198 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 14. — Que les habitants de la campagne ne devraient
pas être les seuls assujettis à tirer à la milice; que les domes-
tiques des ecclésiastiques, nobles et autres privilégiés devraient
y être également assujettis, sans aucune distinction ; qu'il serait
même juste de lever sur eux une taxe par tête : ce serait un
moyen d'empêcher la dépopulation de la campagne, qui, depuis
plusieurs aini(''es, iiiaii(|no de bras;
Art. 15. — Qu'un autre moyen de rendre les campagnes plus
peuplées serait d'établir une répartition plus juste de l'impôt
entre les villes et les campagnes ; que les villes paient aujoni'd'liui
iiiliiiiineiil moins en proportion que les campagnes, tandis que
tout j'avantage devrait être en faveur de ces dernières ;
Art. 40. — Qu'il serait très important pour cette province de
rechercher les causes qui ont influé sur la diminution subite
du prix des laines et des bêtes à laine, et d'y apporter le plus
prompt remède ;
Art. 17. — Qu'il serait également très utile que le gouverne-
ment voulût bien faire continuer les observations qui ont élé
commencées sur la maladie l'ouge des bêtes à laine et sur les
remèdes ou préservatifs qui lui sont propres;
Art. 18. — Que les dîmes vertes et celles des jardins occa-
sionnent des difficultés fréquentes enlre le curé et ses habitants;
qu'il sei'ait iiih'i'essanl de les sup]H'imer, ce (|ui sérail (raiihiiil
plus facile (|ue ce! objet est peu iiit(M'essaiil poiii' messieurs les
curés ;
Art. 10. - Que la réunion des novales anciennes aux grosses
dîmes serait aussi fort utile |iuur obNier aux einbaiM'as et aux
dinicullés (|ue cette «lislinclion dccasiomie:
Art. 20. — Qu'il serait intéressant de i-épriniei- les vexalions
qui se commetleid sur les routes, l'elalivemenl à l'c'xéculioM
de rordiinnance (|ni iisireini tous les \oiluriei's à iivoir ^^^
phujues et à se lenir auprès de leurs voitui-es;
Art. 21. — Que de])uis l'établissement de l'inqiosition repi't'-
sentative de hi coi'vée, les paroisses éloignées des grandes
CAHIER DE SAL\T-JEA.N-LE-BLANC. 199
routes se trouvent beaucoup plus surchargées que les paroisses
(jui sont con ligues à ces mêmes roules, parce (jue, lors de l'an-
cienne répartition de la taille entre les paroisses, celles qui
avoisinaient les grandes routes et qui seules étaient alors
sujettes à la corvée ont été taxées plus modérément que les
autres paroisses ; qu'il est de toute justice de réprimer cet
abus, puisque chaque paroisse doit contribuer à l'entretien
des routes en proportion de l'avantage et de l'utilité qu'elles en
retirent.
Art. 2t2. — Demandent en dernier lieu lesdits liabitants qu'il
soit étal)li dans toute la généralité une seule et même mesure
pour la vente des gr;iins et autres denrées, attendu que la mul-
tiplicité des mesures dilïérentes expose les gens de la campagne
à être journellement trompés, et (ju'elle ne peut être utile que
pour les spéculateurs, cpii souvent tirent avantage de leur
ignorance.
Fait et arrêté audit bourg d'Yvoi lesdits jour et an.
(Suivent 12 signatures : celles de Guillon ; Pressoir; Garnon,
etc., et celle de Savart.)
J8o Saint-Jean-le-Blanc.
Dép. Loiret. An\ Orléans. C»". Orléans Sud.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussK. — 132 feux (1). Le duc d'Orléans. De la prévôté d "Orléans.
Assemblée à la Saint-Jean. 3« br. d'Orléans. A 1/4 de lieue dudit lieu.
Route d'Orléans à Saint-Denis-en-Val. Sur la Loire. Vignoble. Il y a en
tout 8 à 900 arpents de vignes et 90 maisons bourgeoises de campagne.
1768. — 140 feux. Boutin. Vigne.
Di.MK. — Blé, 1 gerbe par arpent ; mcmis grains (avoine, orge, seigle),
2 gerb(!S ; vignes, 4 s. par arpent; méleil, 1 botte par arpent; vesce,
blé noir, etc., 2 bottes. Menues dîmes : moutons, toisons, le 1G'\
Taille de la paroisse en 1788. — 4,562 1. 10 s., dont 2,154.10 s.
(1) Au-dessous, 171.
t>()0 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
pour le principal et 2,408 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le dimanche !<''' mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Jean Lesourd, conseiller du
Roi, notaire au Ghâtelet d'Orléans. — Population : 130 feux. —
Comparants : Jacques Bobault (23.5 -f- 25. 19) ; Jean Lanson (17.15-J-
19.17); Pierre Godillon (19.15-1-22); Antoine Godillon (21.10-|-24);
Pierre Hurteloup (16-|- 17.17) ; Jean Robichon, syndic (22.5-}- 24. 17) ;
François Bénard (21. 15 -|- 24.5); Jacques Godillon (46.5-{- 51.13) ; Jean
Genty (18.5-1-20.7); Pierre Colas (14^15.13); Gabriel Belouet
(10. 10 -f 11.15) ; Jean-Baptiste Gautry ; Etienne Leuret (13.15 -(-15.7);
Jean Piedju (12.15-(-14.5) ; Denis Houry (11 -|- 12.6); Antoine Gigant
(11 -j- 12.6); Etienne Motu (10.5 -f- 11.10) ; Jean Stobre (13.15-f-
15.7) ; François Gallier (12.10 -}- 13.19). — Députés : Antoine Godillon ;
Pierre Hurteloup.
Popui.ATiox EN 1790. — 505 habitants.
Cahier de remontrances, plaintes et doléances de la paroisse
de Saint- Jean-le-Blanc-lez-Orléans.
Nous, Pierro Ilui'teloiip, Antoino Godillon, (((''piilés; Jean
Robichon, syndic; Michel Rol)i(dion, i;refliei'; Pierre Godillon-
Pinenu ; Jacqnes lîobault ; Franeois Renard; François Picart;
.lac<]ues An^i.;ot ; Pierre Godillon ; Jean Lanson; Jean T)ol)ault;
Gentien Linger, et autres, étant assemblés au lieu ordinaii-e,
avons dressé les observations suivanles poni- èli"e présentées à
Sa Majesté :
'La paroisse de Sainl-Jcan-le-iîlanc, siliu'e pi'oclie Orh'anset
SOI' les Itords de la Foire, est composée de l.'^O l'eiix : c'est
un pays viL;]iol)lc et conséquemjuenl lial)ité par des vi^i^iie-
rons qui, presque tous, sont au service des honri^eois, dont ils
façonnent les terres. Ces hommes, si précieux à KKlal, mènent
une vie dure et souvent malheureuse, à cause des impùls qui
les écraseni et du prix niodifpn^ iIouik'' à leni's lon^s et pénihh^s
travaux.
La paroisse paie cIkmjuc année à Sa Majesté (»,00() li\irs
CAHIER DE SAIM-JEAX-LE-DLANG. 201
en taille, capitatioii et corvée, somme trop considérable, comme
nous allons le faire voir.
Le vigneron le plus adroit et le plus robuste ne peut façon-
ner que quatre arpents de vignes ; il perçoit quarante francs
de l'arpent, c'est donc cent soixante livres qui lui restent, sur
(|uoi il faut ôter vingt-cinq francs d'impositions ; il touche donc
cent trente-cinq livres par an. Comment cet homme peut-il
vivre avec sa femme et ses enfants avec une somme aussi
médiocre? Comment peut-il fournir aux besoins de sa famille?
A ])eine peut-il acheter du pain pour apaiser la faim qui la
dévore, et, dans le temps déplorable où nous sommes, il faut
([ue la plupart soient aux charges des curés et des bureaux de
charité.
Le nombre des impôts, la dureté avec laquelle on les exige,
le mépris dont on couvre notre profession nous désolent, nous
découragent et nous arrachent des larmes.
Nous sommes des cultivateurs infatigables ; nous supportons
le poids du jour et de la chaleur; le pain que nous mangeons
est sans cesse arrosé de nos sueurs, et nous ne travaillons que
pour nos maîtres et Sa Majesté.
On nous accuse de ne pas remplir les devoirs de notre état
avec zèle et exactitude ; que ceux qui nous font ces reproches
examinent la triste position où nous sommes réduits ! Qu'ils
consiflèrent l'extrême indigence où nous sommes plongés!
Qu'ils jugent si des liommes faibles, mal nourris, et qu'on traite
comme des esclaves peuvent travailler avec cette force et cette
constance qu'on exige ! Que les bourgeois augmentent nos
gages, que le Roi diminue nos impôts, et bientôt on verra
renaître parmi nous cette ardeur et cette activité qu'on
désire.
Et, dans la circonstance présente, pouvons-nous j)eiiser à nos
calamités sans gémir? L'inondation terrible arrivée» le LS janvier
dernier a j)orté le i-avage et la désolation dans notr'e |)aroisse.
Elle olfre maintenant à nos yeux le spectacle le plus déplo-
rable : des maisons écroulées, des vignes arrachées, des ter-
202 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
rains dénaturés, des fermes enlevées, des labours couverts de
sable, des vii^nerons entièrement ruinés, voilà ce qui frappe
sans cesse nos re<^ards. Dans cet aifreux désastre, comment
satisfaire aux impôts'? Où poiuTons-nous trouver les sonnnes
qu'on nous demande? Ah! nous sonnnes dans Timpossibilité de
les fournir! Qu'on ait donc l'humanité de nous soulager! Nous
supplions donc Sa Majesté de vouloir bien nous exempter de
la taille, capitation et corvée pendant cinq ans, afm de rétablir
nos lei'res que des eaux et des glaces ont détruites ; ce terme
une fois exj)ii'é, nous osons la supplier encore de diuiiiiuer
nos impositions, iiliu *\\yv nous puissions être un peu moins
mallieureux.
L'iuqx'tt de la corvée nous piu'ah prcsfiiic iuiililc; il se
monte à 550 livres. Nous n'avons qu'une grande l'oule, el c'est
la ville d'Orléans qui en entretient la niajenre partie à ses
frais. Nous estimons qu'on pourrait faire le reste avec une
somme modique.
Rien n'est mieux j-aisonné que d'ùter l'imi)!')! du sel. Nous,
nous sentons plus que personne cette taxe onéreuse; connue
nos facultés ne nous permettent pas d'acheter une (piantité
considérable de cette denrée, nous sommes obligés de passer
j)ar les mains des marchands (jiii la l'idsifient, et le fréquent
usage que nous en faisons nous prive de choses qui nous sont
très nécessaires.
Dans cette légère représentalioii, nous ne |)ouvons nous
empêcher de parler de la cure de Saint-Jean-le-Blanc. M. le
curé de notre paroisse est aussi à plaindre ([ue nous. Le revenu
de sa cure ne se monte ((u'à ;^00 livres, savoir : 200 en dîmes et
'JOO en vignes. Nous dcniinidons si! csl pussililc (|u"il puisse vivre
d'mie manière homiète avec un rcNi'iui ;uissi nnMlioci'e. Nous de-
mandons s'il peiil soulag(M" les p;iu\res el nous secoin'ii' iious-
ni("'nies, qui. ;i\ ;u il ri nond;i lion, I ion \ ions nous p;isser des eli;n"i lés.
Ah ! d;uis celle iiuni'-e ni;il heu relise, il perd eiil i(''renieiil son mo-
dique revenu, La misèi'e est trop grande pour (pi'il puisse laper-
cevoir. Nous sonmies très étomiés de voir <pie des prêtres, dv>
CAHIER DE CllÉCY. 2U3
curés, des pasteurs, qui pourraient faire tant de bien dans nos
campagnes, n'ont pas même de quoi vivre, pendant que des
prélats, des al)bés, des prieurs regorgent de richesses. C'est
une cliose révoltante ! Oui, les vrais ecclésiastiques sont ceux
qui travaillent et qui, conuiie nous, portent le jîoids du jour
et de la clialeur. Ce sont les seuls qu'on doit récompenser.
Nous demandons donc, pour grâce dernière, que Sa Majesté
élève le revenu de notre cure à la somme de 2,000 livres,
afin ({ue notre curé puisse vivre honorablement, administrer
les saci'ements sans rétribution et verser des aumônes dans
le sein des ])auvres. Nous n'avons pas de liénéfice dans notre
paroisse, mais il y en a tant en France qu'il sera très facile
d'en réunir un à notre cure pour la doter à perpétuité.
Telles sont les demandes qu'osent faire à Sa Majesté ses très
fidèles sujets.
(Suivent 14 signatures : celles de Antoine Godillon, député ;
Pierre Hurteloup, député; Jean Robichon, syndic, etc., et
celle de Lesourd, notaire.)
IQo Chécy.
I)é}t. Loiret. Arr. ()i'lé;ins. C»". Orléans N.-E.
Gén. El. Gren. JJ/'oc. Orléans.
.Tors.sE. — Paroisse et bourg. 395 (1) feux. Le due d'Orléans. On
écrit i)ar Oi'léans. 4 justices : de la prévôté d'Orléans, de Portmorand,
r. au 1). ; du i)rieuré de Pont aux Moines, de l'Isle, r. au b. Une partie
de Gliécj est de la justice de M. Genfroneau. 2 assemblées, le 29 juin,
jour de saint Pierre, et le dimanche après le 30 juillet, jour de saint
(iermain. 2'' lu-. d'Orléans. A 1 lieue 1 2 dudit lieu et 2 1 2 de Jargeau.
Route d'Orléans à (]hàteauneuf ; à deux portées de fusil de la route. Sur
le bord de la Loire et sur le canal. Vignoble presque entier. Il y a quel-
ques terres en h\r. I.(^s liamcaux sont : le Pavé de Chécv, le canal de
Chécy, le grand et le petit Hourgncuf, Portmorand. La cure vaut environ
1,000 1.; à la collation de M. Tévèque.
(1) .\u-dessous, 427.
204 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
1768. — 440 feux. Legrand de Melleray. Vigne.
DÎME. — 2 s. 6 d. par arpent pour toute espèce de production.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,84(3 1. 15 s. 8 d., dont 3,794 1. 10
pour le principal et 4, 052. .5. 8 pour les impositions accessoires et la
capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 26 février (1). —
Population : 360 feux. — Co^nparanls : François Boistard (15-}- 1()) ;
François Bernard (16 -(-17); Guillaume Bruneau, vigneron (15 -[-16);
Jacques Bézy, vigneron (6-j-6.8); Michel Bénard, vigneron (6 -|-6.8) ;
Michel Bernardeau l'aîné (21 -j- 22.0) ; Pierre Bernardeau, tonnelier
(20 -|- 21.8); Pierre Brossier. tisserand ((>-}- 6.8) ; Etienne Barrier,
tailleur (5 -{- 5.7) ; Claude Boulleau, marchand (12 -f- 12.16) ; Louis
Bezelle (8-|-8.11); Sébastien Dinnechère, vigneron (13.10 -j- 14.7);
Simon Besson (11.10 -f- 12.5) ; Louis Belletoise, vigneron (4 -f- 4.6) ;
Nicolas Brugère, boucher (12 -|- 12.16) ; Michel Bernardeau, fils de
Pierre (7 -f- 7.10); Etienne Belletoise (4-|-4.6); Claude Cordier, de
Givron, vigneron (10.10 -(- 11.4) ; Claude Creusillet, vigneron (22.10 -j-
24.1) ; Etienne Clieiiault, laboureur (32 -|- 34.3 ; François Cordier
l'ermite, vigneron (10-]- 20.6); François Contant l'aîné (18 -[-10.5);
François C(n'dier, de Percavenon (12 -j- 12.16) ; Jacques Cordier,
vigneron (l6-[- 17.1); Jacques Cheveau, vigneron (6 -[-6.8); Claude
Cordier, vigneron (20 -f- 21. 8); Jean Coûtant (1 1.10 -[- 12.5) ; Jean
Coignet (8 -[-8.11); Laurent (Poignet, vigneron (17 -(-18.3); Martin
Creusillet, vigneron (18 -f- 10.5) ; Pierre Coûtant l'aîné (19-[- 20.(>) ;
Pierre Contant, dit Jolicœur (6 -j- 6.8) ; Etienne Coignet ; Simon Creu-
sillet, vigneron (13-|- 13.18) ; Jean Creusillet, vigneron (18 -[- 19.5) ;
François Contant le jeune (5 -\- 5.7) ; André Dubois, vigneron (26 -(-
27.16) ; François Dufour (4 -[- 4.6) ; Jacques Dufour. du Croué (10 -(-
10.13) ; Jacques Dalley, vigneron (17.5 -[- 18.8) ; Jean David (5 -(-5.7);
Jean Desbrosses, de la Bizaudière (12 -[- 12.16); Jean Desbrosses, du
Bourgneuf (19 -j- 20.6) ; Jean Desbrosses-Ecot, vigiiri-dii (21 -j- 22.9) ;
Jean Denizeau (10 -(- 10.3) ; Jean Desbrosses, du boni-^- ( 1 1 . 10 -j- 12.5) ;
J»an Desbrosses, du Godet (8 -(- 8.11); S. Deverduii. chirurgien (9 -(-
9.12) ; Louis Depardav, vigneron (8 -(-8. 11) ; Louis Denizeau (7. 10 -j- 8) :
Louis Desl)rf)sses (6 -[- 6.8); Jacques P^oncpiean (i7-[- 18.3); Jean
l-'iiiKiiicau, vigneron (9 -j- 9.12) ; Nicolas Fouqueau (8 -[- 8.11) ; Pierre
(1) Ni le lieu de la réunion ni lu nom du président ne sont donnés.
CAHIER DE CHÉCY. 205
Fouqueau, vio:neron (10-[- 10.13); Adi-ienGuvot. tonnelier (20-]- 21.8) ;
Bai'théléniy Grivot. bouelier (24 -f- 25.13) ; (Uaude Garnier, vigneron
(22 -f- 23.10) ; Jacques Maubailly. vigneron (15 -|- 10) ; Jean Milon,
vigneron (11 -)- 11.15) ; Jean Marché, vigneron (12.10 -f- 13.6) ; Pierre
Maillet, vigneron (10 -f- 10.13); Mathurin Marché, vigneron (11 -)-
11.15) ; Pierre Milon père (7 -j-7.10); Pierre Marché, vigneron (20 -|-
21.8) ; Paul Moullé ; Jean Merlin, vigneron (0.10 -\- 0.19) ; François-
Germain Poitou, vigneron (19 -\- 20.0) ; Jacques Poplin, vigneron
(10.10 -f- 11.4); Jean Poitou, du Croeq (4 -|- 4.6) ; Jean Poitou, voi-
turier (5.10 -)- 5.18) ; Michel Perdoux (3 -|- 3.4) ; Michel Perdouan
Protais Plumelle (10.10 -j- 11.4) ; Vincent Poitou, vigneron (5 -j- 5.7)
Denis Plisson, vigneron (10 -)- 10.13) ; Julien Pasquier (7 -|- 7.10)
Claude Rolland, vigneron (10-f- 10.13) ; Etienne Régnier le jeune (6 -}-
6.8) ; Jacques-René Salle (5.10-]- 5.17); Jean-Baptiste Luneau, vigneron
(8.5 -f- 8.16) ; Charles Tardiveau, vigneron (9.10 -|- 10.2) ; Daniel
Thibault, vigneron (9 -j- 9.12) ; Etienne Thomas, vigneron (11-]- 11.15);
Jacques Thiercelin le jeune, vigneron (10.10 -)- 11.4) ; Jacques Yeillard,
vigneron (3 -j- 3.4); Toussaint Yauxion, vigneron (10 -j- 10.13);
Etienne Granger (14 -]- 14.19) ; Etienne Guyot, vigneron (8 -}- 8.11) ;
Gabriel Gauguin, menuisier (12 -|- 12.16) ; Jacques Gilles, vigneron
(25 -]- 26.14); Jean Guyot Tainé (9 -f- 9.12); Jean Guyot le jeune
(10.10 -]- 11.4) ; Pierre Guyot, des Yaslins (20 -]-21.8) ; Pierre Guyot-
Lafère (8 -]- 8.11) ; Jean-Baptiste Girou (8-]- 8.11); Jean Girou, ter-
rassier (5 -j- 5.7) ; Pierre Gilles (16 -f- 17.1) ; Jean-Baptiste Guibourg
le jeune (H -]- 11.15) ; Germain Guyot. vigneron (5 -\- 5.7) ; Barthé-
lémy Guyot (4 -J- 4.6) ; le sieur André Houdas, huissier (10.10 -j-
11.4) ; Michel Guittet (4 -j- 4.6) ; Jean Hurault, syndic (10 -j- 10.13) ;
Ambroise Hurtault, vigneron (6 -\- 6.8) ; Claude Johanet, vigneron
(17 -j- 18.3) ; Etienne Jérôme, vigneron (12 -f- 12.16) ; Joseph Jérôme,
vigneron (9 -j- 9.12); Louis Jérôme (10 -j- 10.13); Pierre Jérôme
(6.10 -|- 6.19) ; Pierre Jérôme, du Quillard (8 -|- 8.11) ; Pierre Jérôme,
des Plantes (4 -j- 4.6) ; Pierre Jérôme le jeune (4 -j- 4.6) ; Etienne
Landreloup, vigneron (13 -f- 13.18) ; Etienne Lebrun, vigneron (12 -j-
12.16) ; Isaac-Jaeob Lebrun (25-)- 26.14) ; Jacques Lecointe, vigneron
(14 -j- 14.19) ; François Lecoq ; Simon Lonjumeau ; Jean Lecointe ;
Pierre Lecointe ; Monsieur Lambert ; Jacques Lavoye ; Jacques Lemesle ;
Ambroi.se Manger, vigneron (16.5 -j- 17.7) ; André Mauger, ancien
boucher (13 -j- 13.18) ; André Mathieu, meunier (34 -j- 36) ; Ambroise
Moreau. vigneron (11 -j- 11.15) ; Alexandre Milon. vigneron (8 -j- 8.11) ;
"206 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
Aiituiiie Minet, vigneron (17 -j- 18.3) ; André Moullé, cordonnier
(10.10 -f- 11.4); Etienne Maillet, vigneron (14 -[- 14.19); Franrois
Maupàté (13 -j- 13.18) ; François Milon, vigneron ((3 -f- 0.8) ; François
Moullé, charcutier (13 -|-13.18); François Maréchal, vigneron (6 -[-
6.18). — Dépictés : Adrien Guyot ; François Maupàté ; Barthélémy
Grivot ; Jacques Gilles.
Population en 1790. — 1,500 habitants.
Les humbles 'plaintes, doléances et remontrances des habitants
de la paroisse de Chécy, élection d Orléans, pour être pré-
sentées à Sa Majesté lors de la tenue des États (jénéraux
indiqués pour le 27 avril 1789.
Cette paroisse, qui est presque toute en vignobles, est com-
posée de 'AGO feux, non compris les habitations des propriétaires
jouissant des privilèges d'exemptions ; elle est située à deux
grandes lieues d'Orléans; les Jiabilants qu'elle renferme sont
très pauvres, écrasés par les impôts de toute espèce.
Ils supplient donc très humblement Sa Majesté, comme le
père du j)euple, de venir à leur secours en écoutant favoi^able-
iiiriil leurs plaintes et doléances et, faisant di'oit aux respec-
tueuses remontrances (|ui suiveni, leur accurdei' les grâces
qu'ils vont l'equérir.
1» 11 sei'ait de l'intérêt du peuple, que le Roi désire soulager,
que le curé de cette paroisse lut suflisannneiit doté, aliii (|ue
les habitants fussent déchargés de tous frais hméi'aii'es et
administration de sacrements, ce qui est pour eux un impôt
iiiilii'ecl ; en conséquence, ils requièrent que l'augmeiihilion
de la cure soit poi'tée jusqu'à la somme de '2,0(K) livres par
l'application des biens ecclésiastiques qui sont dans la jiaroisse.
2" De tout temps, sur l'étendue de la paroisse, il y a toujours
cil nn vicaire, pour lequel ils requièrent ([u'il suit pareillement
accordé une dotation propurtiomielle, l;i([nelle sera ég;ilenient
prise sur les revenus des biens ecclésiastiques.
3o Le bourg de Chécy, chef-lieu d'une grande [laroisse, situé
. CAHIER DE CHÉCY. 207
entre le Ljrand cliomin, le c-aiial (r()rl(''aiis cl la Loire, il est du
premier intérêt relativenient à la |)olice et à la sûreté du com-
merce qu'il y ait une aduiinistration municipale, laquelle, étant
composée des plus anciens notables, ferait la répartition des
impositions, étant à portée de connaître les facultés de chaque
individu de la paroisse; c'est pourquoi ils requièrent que la
municipalité qui existe dans cette paroisse soit continuée et
fasse ses fonctions comme à l'ordinaire.
4o Ladite paroisse étant presque tout vignoble, que (sic) cette
partie de l'agriculture étant déjà par elle-même très onéreuse
par les frais immenses qu'elle entraîne pour sa manutention,
elle a le jjIus grand intérêt à demander la suppression des
droits d'aides qui mettent les plus grandes entraves au com-
merce des vins et entraînent des procès ruineux pour les
familles par l'injustice des commis, dans le grand nombre
desquels il s'en trouve toujours qui commettent les vexations
les plus odieuses par des interprétations insidieuses de la loi;
en conséquence, ils requièrent la décharge de la taille, de la capi-
tation d'industrie, de la corvée, des droits d'aides et de gabelles
qui seront convertis en un impôt territorial.
On demande également la suppression des droits de bou-
cherie pour les campagnes, qui, en augmentant le prix des
viandes, privent les malheureux de ce secours, même dans les
plus grands besoins, par la gène de l'exportation.
Le sel, denrée de première nécessité, est d'une cherté si
excessive que les pauvres sont exposés aux makuhes les plus
graves par la privation de ce secours.
5o Ils requièrent pareillement qu'il ne soit établi aucun
impôt direct ni indirect sur les propriétaires ou fermiers sans
le consentemiMit des États généraux, dont la paroisse unanime-
ment demande le retour périodi([ue ;
6i> Que les frais de justice soient diminués et les procédures
simphdées et abrégées.
7o Comme la pai'oisse de Ghécy est d'un ;iri'ondisseiiuMit
208 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
considérable, qu'il y existe plusieurs justices seigneuriales,
dont les audiences se tiennent en la grande salle du Gliàtelet
d'Orléans, les habitants demandent qu'il n'y ait qu'une seule
justice dont les audiences se tiendront dans le clief-lieu, en y
établissant des officiers qui peuvent être choisis dans l'endroit,
ce qui serait moins dispendieux.
80 Par le même intérêt, il serait très avantageux que l'on y
établit un tabeliiomuige ou un notariat royal; par ces secours
locaux, on éviterait la perte du temps par les transports multi-
pliés que les habitants sont obligés de faire très souvent inlruc-
tueusement, ce qui les entraîne dans des dépenses frustratoires
et indispensables.
1)0 Le dernier débordement de la Loire a causé un dommage
si exorbitant dans cette paroisse qu'elle a le plus grand intérêt
à demander que l'on emploie tous les moyens qui pourront la
mettre à l'abri de ce lléau destructeur; en conséquence, elle
demande la réparation et l'entretien des levées, la destruction
des plantations existantes, telles que les graveliiis ([iii ohsti'ueiit
le cours de la rivière.
10" Demande également la suppression de tous privilèges,
l'égalité dans la répartition des iiiq)ùLs et la diminution dans les
frais de perception, objets quoique indirects |qni| sont l'impôt
le plus onéreux pour le peuple.
11» Demande qu'il sorte un édil faisant K)i fondamentale por-
tant défense, sous les plus gi'andes peines, de faire aucun
emmagasinement ni exportation de lil(''. Ce (Icinicr (ijijct <lu
Vd'u public est d'autant plus intéressant (]ue ce commerce
illicite tend à la ruine du |)eu|)le pom* em-ichir le pai'ticulier.
12o Demande enlin la diminution des h-ais de contrôle et
insinuation, l'abolition des droits de franc-fief et la faculté de
i'(''dini('r les di'oits IV'odaux, les riMiles scM'ves cl nioi'l;iill;d)les.
(Suivent 53 signatures : celles «le l*V;ui(ois liénaid, (luil-
iaumc Brunean, Jacques Boitiei', ele.)
CAHIER DE SAINT-CYR-EN-VAL. 200
20o Justice de Saint-Cyr-en-Val.
Perche, qui préside, coiiiiik; i)ailii de la justice du lieu, l'assemblée de
SaintCyr-en-Val, est le uièmc qui présida à Ingré et à Chùteauneuf. (Voir
ces uoius.)
SATNT-CYR-EN-VAL.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. <y". Orléans Sud.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — lli feux (i). Madame de Troies de Gaiitray. 7 justices,
dont 5 r. au b. d'Orléans. Les principaux fiefs sont : la Motte-Saint-Gyr,
Gornay, Cormes, (rautraj et la .Tonchère. D'Orléans pour le marché et
pour la poste aux lettres. 3" br. d'Orléans. A 2 lieues dudit lieu. 2 assem-
blées, le jour de l'Ascension et le [)remier dimanche de septembre, ou
plutôt le dimanche après le 27 août, jour de saint Sulpice. Route de
Vienne et de Tigy. A 2 lieues de la Loire. Le terroir rapporte vin et
seigle, ce qui fait le commerce. Plaine et pays couvert. Val et
Sologne. La cure vaut (3001.; à la collation du chapitre de Sainte-Croix.
li hameaux, qui sont : Chàteaugaillard, Cormes, Gautray, la Jonchère,
Cornay, la Motte-Saint-Cyr, la Mairie, la Source qui est moitié de Saint-
Gyr, et le Gué Renard.
17G8. — 112 feux. Boutin. Vigne.
l)iME. — Blé, une gerbe par journée d'homme; avoine, orge et vesce,
3 oisons par cheval de chaque voiture; blé noir, le 13**; vignes, 2 s. 0 d,
par arpent; moutons, 1 s. par bête; cochons, le 13*^.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,010 1. 5 s., dont 1,808.5 pour
le [iriuripal et 2,121 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'"'" mars, au
banc d'œuvre de Téglise, sous la présidence de Pierre-Nicolas-Bruno
Perche, avocat en Parlement aux bailliage, siège présidial et Chàtelet
d'Orléans, bailli de la Motte-Saint-Cyr-en-Val, alias de la Motte-Velis,
qui s'étend sur partie de ladite paroisse, on l'étendue de laquelle justice
l'église paroissiale dudit Saint-Cyr est située, assisté de son greffier
ordinaire. — Population : (en blanc). — Comparants : Jacques Sou-
chet (47-j-51.15j; .Jacques Dufour (34.10 -f- 38.1) ; André Sauvagère
(1) Au-dessous, 100.
T. I, 14
210 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
(O-j-6.12); Aignaii Coui-tin (7 -\-~ AA); Charles Chesneau (8(3.10 -f-
95.7); Denis Doucet (13-|- i4.G) ; Louis Baron (34.10 -|- :38.ij ; Etienne
P'euillâtre (11.5 -|- 12.7) ; Jean-Louis Marguei-itte (80 -|- 88.4, plus
37.5 -f- 41.1); François Baron père (18 -f- 10.17) ; (Uiillaume Beaulieu
(8.10 4-0.7); Pierre Doré; Louis Trépin (32.5 -j- .Ti.ll ) : François
Belouet (O-j-0.18); Louis Delalande (0.10-^7.3); Louis Leroy (15.10 -j-
17.2); Matiiurin Boisquillou (10.15-)- 11.10); François Guérin ; Jacques
Duru (13-)-14.(J) ; Louis Porteau (4-f-4.8); Pierre Bénardeau (13-j-
ILO); Jean-Pierre Bénardeau (10-f-ll); Pierre Froux (42.10-[-4G.17);
SiuKin Lanson (0. 15 -f- 10.15) ; Thomas Paug-ouay (13 -{- 14.0) ; Tous-
saint Cocher (4 4-4.8); Vrain Barette (52-]-57.7); Hubert Dubois (31-j-
34..3); Jacques Berthelot (21.10 -|- 23.14); .Tean Jacquin (00-f-G().2) ;
Jérôme Froux (47.10 -j- 52.0); Fi-ançois Rolx^rl ((il -)-07.3); Jacques
Lucas (3 -j- 3.6); Jean Caillcteau (15.5 -f- IC). 10): Jean Maître (2.10 -|-
2.15); Martin Gautry (11.10 -f 12.13) ; Jacques Proust (12 -f- 13.4);
Jean Giroux (8.15 -f- 9.13); Louis Belouet (18.10 -f- 20.8) ; (Uiillaume
Dubois (13 -f- 14.6); Jacques Ferciiault (0.10 -j- 10.9); Louis Rohichon
(28 -f- 30.18) ; Claude Dubois (().10 -[- 7.3) ; Jacques-Simon Robin
(7.10-J-8.5); Jean-Louis Leibrt (105 -j- 115.13) ; Jacques Durand (4-|-
4.8); Sylvain Guidas (8-f-8.l6) ; Jacques Galluet (22-}- 24.5) ; Alexandre
Ferchault (0 -}- 0.18) ; Pierre-Léonard Fortépaule (14.10-|- 16) ; Thomas
Mallard (3,-j-3.6); Mathurin Kaulé (7-^7.14) ; Pierre Belouet (10.10-f-
11.11); Guillaume Dubois (3,.10 -)- 3.17) ; Augustin (iiroux; François
Baron fils ; Jacques Grié. — Députés : Jacques Berthelot ; Simon
Lanson.
Population kx 1700. — 532 habitants.
Cahier de Sain t-Ci/r-en- Val.
Les liabiUiiils (i) de ht pitroisse de Saint-Cyi'-eii-Val consen-
tent volontiers à raui^mentation de lu cure et être délivrés du
casuel, pourvu ([lu? l'augmentation de la cure et du casuel ne
soit point à hi charge des jiabitanls.
Lesdits habitants font observer que la paroisse ayant l)ean-
coup d'écai'ts, il serait à pro|)os de pourvoir à une seconde
(1) L't'i'i'ilure et l'nrlhugraphe du ce cahier sont très mauvaises et ont causé plusieui's liilli-
cullés de lecture.
CAHIER DE SAINT-CYR-EN-VAL. 211
messe les (liinaiiches et fêtes, nfiii i|uo eliacun des lialjilants
puisse satisfaire ù J 'obligation de feii tendre, pourvu encore
(]ue cette charge ne toinl)e point sur les habitants.
Les habitants désirent la décharge de la taihe et capiUilioii,
la conU-iljulion de la corvée, et que (sic) les grands chemins ne
sont point à la commodité des paroisses et qu'il n'y a ([ue les
grosses voitures passagères qui peuvent l'uiner les grands
chemins. En marge : le pied de la taille de ladite paroisse se
monte à 1,700 livres et les impositions se montent à 2,300 livres.
Les habitants désirent beaucoup que le sel fût (sic) marchand,
par le moyen (ju'il est beaucoup coûteux, au prix où il est
actuellement.
Les habitants désirent la diminution des frais de justice, et
les procédures abrégées.
Les habitants désirent aussi que les gardes de chasse des
seigneurs n'aient point à se transporter dans aucune dablés (1)
ni dans les vignes, attendu qu'ils gâtent considérablement.
Les habitants désirent que les impôts des vins soient abro-
gés.
Les habitants désirent qu'il n'y ait point de frais d'huissier de
garnison des tailles, attendu que ne c'est que du coût pour les
collecteurs (2), et d'abroger les significations des habitants
qu'ils (sic) transportent leur domicile d'une paroisse à une
autre .
Les habitants représentent que beaucoup des seigneurs fiii-
sant valoir leur ferme et ({u'ils n'en paient aucune imposition
et que la taille de leur ferme tombe en mauvais sur la paroisse;
et au sui'pkis déclarent (3) que beaucoup aiment mieux les
laisser en déserts que de les alfermer pour un prix raison-
nable.
Lesdits habitants désireraient aussi de n'être point chargés
des grosses réparations de la nef et du presbytère, mais seule-
(1) Textuel. Lire : « aucune terre à blé ), {•?).
(i) Lecture probable.
l3j Lectui'e probable; le mol est mal écrit dans l'original.
212 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
ment les propriétaires ; maintenant il serait à souhaiter que le
Parlement n'enregistrât aucun impôt sans le consentement des
États généraux.
Et les habitants désireraient beaucoup que la taille fût
imposée comme le vingtième, attendu que l'assiette des tailles
occasionne des procès d'abus tous les ans.
Les habitants sont si persuadés que ce sont les linanciers qui
ont l'argent du royaume, qu'il serait à souhaiter qu'on en dimi-
nuât le iiondjre.
Les habitants désireraient que Técole fût de charité.
(Suivent 18 signatures; celles de François Haroii; Jacques
IkM'thelot ; Jacques Dufoui-, greffier, etc.)
Les habitants de ladite paroisse désireraient encore que les
bestiaux eussent à pâturer dans les bois comme ci-devant,
attendu que plusieurs seigneurs ont retranché ladite coutume
et que cela occasionne une grande destniclion de licslimix,
et parle moyen que les terres de Sologne ne pciivenl rappor-
ter de récolte, faute d'être fumées.
Lesdits habitants désireraient que ]le| menu |)euple puisse
se transporter dans les bois pour y i-amasser du bois sec,
attendu que les gardes font des procès tous les jours à cet
aveu (sic).
Lesdits habitants désireraient encore au siijel des pigeons, ce
qui est un animal qui cause extrêmement de donnnages dans
les campagnes, que sil(~»t (pie Ton a ensemencé les (erres île
toute nature de grains Jus(]u'à la fm de la récolte, lesdits ani-
maux ne cessent point de d('li'uire U^sdiles récoltes, même ipie
d;ins les semences on est ol)lig('' do uiolti-o des pei'sonuos [)oiir
les faire gardei'.
(.Suivent 11 signatui'es : celles de Jacques Bei'llielol : J.icqiies
Sonchet, syndic; Jacques Diilour, greffier, etc.)
cahier de chateauxeuf-sur-loire. 213
21" Justice du Marquisat-pairie de Ghateauneuf-
sur-loire
Les cahiers de Châteauneuf-sur-Loire, Ouvrouer, Laqueuvre et Sigloy for-
ment le groupe de la justice du marquisat de Châteauneuf. Le président à
C.hàteauneuf est le l)ailli Perche, qui est aussi bailli dlngré et bailli de La
.Motte-Siiint-Cyr. A Ouvrouer et à Laqueuvre, la présidence appartient à
iii'cullé, procureur-fiscal du marquisat, qui figure parmi les comparants de
Cliàteauneuf avec le titre de receveur du grenier à sel ; il est assisté de Bruère,
praticien à Châteauneuf, qu'il commet pour son greffier. Le président de
Sigloy est Fiacre Bidault, ancien procureur du marquisat de Châteauneuf, qui
comparaît à l'assemblée de cette paroisse comme syndic; il a pour greffier
PouUin, qui est le greffier du marquisat.
CHA TE A U NEUF-SUR-LOIRE.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C'^'\ Ghàteauneuf-sur-Loii'e.
Gén. El. Orléans. Gren. Châteauneuf. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Gros bourg et paroisse. 6(38 (1) feux. Le comte de Saint-
Florentin. Marquisat-pairie, r. au Parlement. Br. de Châteauneuf. A
1) lieues de Gien, 0 d'Orléans et 2 de Jargeau. Routes d'Orléans à Gien
et de .Targeau à Boiscommun. Près la rivière de Loire et dans le Val.
Près la forêt d'Orléans. Sur une hauteur. Il y a un messager qui com-
munique avec la porte d'Orléans trois fois la semaine. 5 foires, savoir :
le 2\) octobre, lendemain de saint Simon ; le 14 décembre, jour de sainte
Luco; le jeudi saint, le 30 juin et le 24 août. Marché le vendredi, non
pour les grains. 2 assemblées : le lundi et le mardi de la Pentecôte. Le
bourg est grand, bien bâti et bien situé ; le port en est fort commode.
Les avenues du château sont belles, et le château et les jardins magni
fiques. Il y a un liameau qui est la Ronce. La cure vaut environ 4,0001.;
à la nomination du chapitre de .Jargeau; il y a trois vicaires.
1708. — 025 feux. De Saint-Florentin. (Commerce; vigne.
DÎME. — Grosse dîme : grains, la 20'' gerbe; vin, 2 pintes par poin-
çon de 120 pots, mesure de Châteauneuf. Vertes dîmes : chanvre, le 20''.
Menues dîmes : agneaux, le 20", et 0 s. par troupeau perçus chaque
année sur les fermiers.
(1) Au-dessous, 654.
214 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Taille de la paroisse en 1788. — 15,50(3 1. 13 s. 7 d., dont 7, .587
pour le principal et 8,009.13.7 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mercredi 4 mars, dans le
prétoire de la justice, sous la présidence de Pierre-Nicolas-Bruno
Perche, docteur en droit, avocat en Parlement et aux bailliafîe et siège
présidial du Chàtelet d'Orléans et procureur général de l'Université de
cette ville, bailli de la terre et seigneurie du marquisat-pairie de Cliàteau-
neuf-sur-Loire, membres et domaines en dépendant, assisté de M'' l-^tienne
Poullin, son greffier. — Population : (360 feux. — Coiuparanls :
Fiacre Bidault, svndic (30 -j- 31.13) ; Pierre-Gabriel Lormeau, mar-
chand de fer, gros marchand (100 -j- 105.11) ; Henri Recullé, gros mar-
chand de bois (42 -)- 41.(3) ; Louis Dubois, procureur du roi au grenier à
sel ((30 -f- 63.8); Guillaume Recullé- Robineau, gros marchand (46 -f-
48.10); Jean Durand, maître cordonnier (23 -j- 24.5); Claude Rochet,
cabaretier-pàtissier (28 -j- 20.10); Pierre-Etienne Recullé, marchand
tonnelier (25 -|- 26.7); Louis Huicque, aubergiste (20 -j- 21.2) ; Barthé-
lémy Grivot, ancien boulanger (29-f- 30.11); Charles Vaslin, tonnelier
(13^-13.14) ; Pierre Grivot-Brucy, tonnelier (33^34.16) ; Michel Gor-
berj, laboureur (85 -j- 80,15) ; Jacques Picasnon, petit marinier (14 -f-
14.15); Pierre Bastard, greffier (62 -[-63.16); Charles Recullé, rece-
veur du grenier à sel (33 -j- 34.16) ; Pierre Perrot, marchand drapier
(22 -)- 23.4) ; Jacques Gobj, marinier (14 -}- 14.15) ; Aignan Ilerbelain,
marinier (7 -|- 7.8) ; Rémv Barillet, maçon (8 -f- 8.9) ; Pierre Ducloux,
bourgeois (55 -j- 58.1) ; Lupin-Jacques Baudin, grénetier (35 -j- 36.18);
Charles Dupuis, marchand (18-|-1!)); François Ducloux, tonnelier
(3-|-3.3); Charles Mitelle, cordonnier (14 -|- 14.15) ; Pierre Thévard,
meunier (18 -|- 10) ; Martial Martin, vigneron (8 -|-8.9) ; Jean-Baptiste
Yaslin, marchand tonnelier (46 -}- 48.10) ; Jean-Baptiste Voix, mar-
chand tonnelier (24 -j- 25.(3) ; Emery Mau[)in, vigneron (15 -|- 15.6);
Sul[)ice Pichery. gros marchand de vin (.56 -f- .50.1) ; .lean-l^'ranrois Ghé-
ron, cordonnier (2() -}- 27.8) ; Jacques-Gabriel Desbois, voiturier (4 -f-
4.4) ; Pierre Blanluet l'aîné, vigneron (l8-f- 10) ; François Yaslin. t<»nne-
liri'(l5-f-15.1()) ; Martial IMIh-, (•liarr..ii ( 12 -]- l:*..!:'.); MartiaKirégoire,
compagnon marinier (1 -|- 1.1); .lcan-Ba[)tiste Assclin (0 -j-0.10);
Claude Grivot, vigneron (8-f-8.0); (Jiarles Gaillard, taillandier (14 -f-
14.15) ; Pierre Kobineau-Macé, ancien président au grenier à sel
(110 4- 116.3) ; Jean Blanluet-Navet (12-]- 12.13) ; Paul Rolland, char-
pentier (6 -j- 6.7) ; .lacques Billaud, marchand aubergiste (25-}- 26.7);
CAHIER DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE. 215
Jean Ghambolle, vio-neron (l8-|-i'->); <^^Tabriel Thévard, meunier (10 -f-
16.17); Jean Ghartier, vigneron (3 + 3.3) ; Etienne-Pierre Landreau.
ancien bedeau, mareiiand (20 -f- 21.2); Pierre Trembleau, vigneron,
fermier de champart (28 -f- 29.10) ; Jacques Fouquean, vigneron (Q-\-
6.7) ; Louis Pointe, charcutier (7 -f- 7.8) ; Martial Trembleau-Gham-
bolle, vigneron (19 -[- 20.1) ; François Quartier, vigneron (6-f-6.7);
Martial Desbois, meunier (20 -j- 21.2); Barthélémy Hapart, vigneron
(6-f-6.7); Jean-Baptiste Ghaignot; Jacques-Michel-Martial Boudeau,
manœuvre (2 -|- 2.2) ; Louis Lemaire, laboureur (40 -f- 42.4) ; Louis
Barbier, charpentier (20 -j- 21.2); Pierre Pointellet, vigneron (16 -f-
16.17); Henri Ménard, aubergiste, contrôleur au grenier à sel (51 -(-
53.16); Pierre Baudin-Ganivelle, vigneron (16 -j- 16,17) ; Pieri'e Asse-
lin, vigneron (14 -f- 14.15) ; Gharles Lecourt, vigneron (4-f-4.4); Ghar-
les Boutroux, marinier (2 -|- 2.2) ; Louis Maupin, vigneron (13 -|- 13.4) ;
Jacques Galerneau, marinier (2-f-2.2); Laurent Hurissé, vigneron
(7-f-7.8); Jean Grivot, vigneron (16 -f- 16.17) ; Eucher Bicher, pâtis-
sier (6 + 6.7); Martial Blanluet-Marquis (4 + 4.4); Gharles Giroux ;
Hilaire Mercier; Pierre Moireau ; Jacques Lecourt, vigneron (12 +
12.1.3); Médard Ghartier-Baudin, vigneron (4+4.4); Gharles Desbois,
vigneron (16 + 16.17); Guillaume Durand, cordonnier (24 + 25.6);
Antoine Desbois, vigneron (19 + 20.1); Martial Baudin, vigneron (17 +
17.18); François Lutton, marchand boulanger (12 + 12.13); Pierre
Ducloux, bourgeois (55+58.1) ; Nicolas-Pascal Moreau, meunier (10 +
10.11) ; François Fortin, perruquier (3 + 3.3); Jacques Amenon. mari-
nier (3 + 3.3); Louis Bézault ; Pierre Baudin, vigneron (6 + 6.7);
Jacques-François Garnier, aubergiste (16+16.17); Etienne Imbault,
marchand (6 + 6.7); Jean Hapart. vigneron (7 + 7.8); Clément Barbier,
vigneron (15 + 15.16); Gharles Yaslin, tonnelier (13 + 13.14); Pierre
Ducloux, marinier (3 + 3.3); Jean-Marc Ghenille, marchand boucher
(18+19); Toussaint Mesnier, aubergiste (19 + 20.1); Louis Vaslin,
tonnelier (3 + 3.3); Antoine Bérault, vigneron (18 + 19); Jacques
Baudin, vigneron (3 + 3.3) ; Glaude Gastelnau ; Etienne Marchand,
tessiei- (i> + 9.10) ; Jean-Georges Liger, chirurgien (20 + 21.2); Tous-
saint Mercier, fermier du péage et cabaretier (24+25.6); Martial
Bidault, meuniei' (20 + 21.2) ; Jean-Pierre Bourdeau, tonnelier (13 +
13.14); Etienne Gabet, vigneron (4 + 4.4); François Pointellet, vigne-
ron ((> + 6.7); Gharles Trembleau, vigneron (8 + 8.9); Etienne Blan-
luet, vigneron (12 + 12.13); .Joseph Grivot, marchand tonnelier (24 +
25.6). — Députés: Perche, l)ailli ; Gharles Becullé. procureur liseal;
216 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Lormeau ; Louis Desbois; Guillaume ReruUé : Sulpice Picherv; Bidault,
sjndic.
Population en 1790. — 2,800 habitants.
Articles qui composent le cahier des plaintes, doléances et
remontrances des habitants composant le Tiers état du
bourg et paroisse de Chàteauneuf -sur-Loire, aux États
géîiéraux.
Art. h''. — Demander au Roi et à la Nation (jifil soit pour
toujours établi une loi invariable tant pour la constitution de
l'État que pour la convocation et la tenue des États généraux
du royaume, et y arrêter (]ue les représentants du Tiers état
seront toujours en nombre égal à ceux des deux autres ordres
réunis, comme aussi que les sulTrages y seront comptés par
tête et non par ordre;
Art. 2. — Le retour pêiModic[ue des États généraux dans
les délais qui seront aiTêtés, et consentis par le Roi et la
Nation . Mais solliciter rétablissement d'une commission com-
posée de membres du Clergé, de la Noblesse (>L du 'i'iers état,
dans les j)r()p()rtioiis égales à celles des d(''|)ut(''s di^s trois oi'dres
aux États généraux; hupielh^ coinniission, pendant le temps
intermédiaire de la teiuie des Etats généraux, à l'époque de
son retour périodique, sera seule compétente pour connaître
les prévarications qui ])()urrai(Mit survenir dans l'adminislriitiou
des finances du royaume, et à laquelle commission seule il
appartieiidi'a de se faire rendre compte par les ministi-es de
leur ;nlniiiiislr;ilion, les(]ii('ls coniplcs seront rendus pour cl uKjue
année et rendus publics par la voie de l'impression .
Art. .'î. — Demander la lihei-lé individuelle de tous les
citoyens : ((u'ils soient soumis an seul glaive des lois et des
juges natni'els (''laitlis parle Koi et la Nalion;
Art. '(. (Jn'il ne soit ('-tahli ni cré('' ancini iiup(")t, de (|ue|(|ue
nature (|u'il suit, sans le concours de la XalidU, à jaipielle
seule il ajipartiendra de les consentir et d'en lixer la durée, de
CAHIER DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE. 217
donner à cet elTet aux lois qui les établiront toute la sanction
dont elles auront besoin pour leur exécution, dont la promul-
gation se fera par les États généraux, en les envoyant aux
iDaillis et sénéchaux de chaque province qui les feront parvenir
dans chaque bailliage et juridiction de leur ressort, où elles
seront lues, publiées et registrées, sans, pour ce, avoir recours
à l'enregistrement dans les cours souveraines, dont les fonc-
tions demeureront réduites à la simple administration de la
justice.
Art. 5. — Si les besoins de l'État demandent des secours
prompts et de la première importance, tous les sujets de Sa
^lajesté doivent d'autant plus d'empressement à seconder ses
intentions paternelles par des efforts proportionnés aux facultés
de chacun d'eux que le sacrifice qu'ils feront sera personnel à
chaque individu qui y contribuera, et que cette contribution
sera momentanée et prise sur les épargnes ou les revenus
superflus, subordonnée à la nécessité d'exister sans altérer les
propriétés qui seront conservées, d'où il doit résulter la repro-
duction d'un bien général. En conséquence, les subsides doi-
vent donc être répartis sur tous les individus du royaume sans
exception, avec la proportion et la justice d'une contribution
certaine, exempte de tout arbitraire.
D'après cela, réclamei- la suppression de la taille, impositions
accessoires et capitation, ainsi (pie la prestation en argent
représentative de la corvée ; mais que l'équivalent de ces
impôts, ainsi que les vingtièmes, soient réunis en un seul pour
être également réparti et supporté par tous les propriétaires
des trois ordres. Et de ces suppressions, aussi nécessaires
qu'indispensables, résulte la nécessité d'étûblir une loi qui fixe
invariablement la forme de cette contribution générale;
Art. 0. — La suppression des gabelles et tabacs; et
demander que ces denrées soient commerçables dans toute
l'étendue du royaume, ou, si les besoins actuels de l'État ne
permettent pas ces suppressions, ([u'au moins h; prix de ces
218 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
denrées, qui sont de première nécessité, soit considérablement
diminué ;
Art. 7. — La suppi-ession des droits d'aides et de courtiers-
jaugeurs, parce qu'ils mettent les plus grandes entraves dans
le commerce des vins, eaux-de-vie et autres boissons; ou qu'il
soit substitué à ces droits un léger impôt déterminé sur chaque
poinçon de vin, d'après les inventaires qui en seraient laits
avant la Saint-Martin de chaque année par les officiers muni-
cipaux des chefs-lieux d'arrondissement qui seront formés ; les-
quels feraient ensuite le rôle de ce que chaque propriétaire
distingué par paroisse aurait à payer pour ces imp(Hs, et
remettront ce rôle entre les mains des collecteurs de l'année
pour en faire le recouvrement, sans pouvoir, par aucun pro-
priétaire, vendre lesdits vins, ni aucun marchand ou créancier
les acheter ni (Milever, sans payei' le droit, à peine du double;
Art. 8. — La sup[)ression des droits d'inspecteurs aux bou-
cheries et de tous autres droits sur les viandes, de manière à
ce que l'état de boucher soit un connnerce lil)r(>, toutefois
sujet à la police des lieux tant pour la taxe des viandes que
pour leur (Qualité, le tout sans préjudice aux droits des sei-
gneurs pi'opriétaires desdits droits de boucherie, jusqu'à ce que
la Nation puisse ail'ranchii' ces droits, dont et de quoi elle
aura toujours la faculté, en les remi)oarsant aux seigneurs
propriétaii'cs sui' le pied du deniei' treide de leur produit;
Art. 1>. La su|)pi"essi()n des droits élahlis siu' les cuirs
comme onéreux à tous les peu[)les, et dout les frais de régie
consomment une grande partie de la [terception ; impôt,
• rnillcurs, qui a porté le plus grand préjudice au commerce et
;iux r;iliri(|ues d(> l''r;mce.
Art. In. — Demander la loiTiiation d'un uouveau tarif pour
le controU; <les actes et insinuations, celui de [122 étant
méconnaissable actu(;llement par une inllnité de décisions du
Conseil survemies en interprétation. L'article des conlrals ilc
mariage surtout est porté jusqu'à des perceplious si exorhi-
tantes ipie l)eaucoup de citoyens se marient sans conti'at ou
CAHIER DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE. 219
que les riches contractants vont se retirer à Paris pour arrê-
ter le contrat civil de leur mariage, parce que les droits de
contrôle n'y sont point en vigueur. Cependant le législateur,
en établissant les droits de contrôle, avait pour base de pré-
venii' les antidates des actes ; aussi est-il à désirer que cette
formalité soit généralement observée dans le royaume, mais que
ce ne soit pas un objet de bursalité, et qu'il soit payé un
simple droit pour chaque acte, déterminé par sa qualité, et
non par les sommes qui en font l'objet.
Art. il. — Les droits de franc-fief sont encore au nombre
des impôts exorbitants à la charge du Tiers état ; c'est pour-
quoi il en sera demandé la suppression. Ce droit, en effet,
consiste dans le paiement que fait le propriétaire d'un bien
noble d'une année de son revenu pour par lui en jouir
pendant vingt années ; mais si ce propriétaire vient à décéder
dans l'aimée même qu'il aura payé, son paiement n'est compté
pour rien à ses enfants ou héritiers, qui doivent aussi, pour
acquérir une jouissance de vingt années, payer l'année de
revenu desdits biens nobles, et ainsi de paiement en paiement.
On voit souvent que les biens nobles entre les mains des rotu-
riers, loin de leur être avantageux, leur sont au contraire
onéreux par l'établissement dudit droit de franc-tief. A joindre
qu'indépendamment de ce (h^oit, ils paient encore les ving-
tièmes de ces biens, et sont compris dans la répartition des
;iiitres impôts à raison de ces propriétés qui ne sont point
oubliées dans l'état de leurs facultés.
A ri. Ii2. — L;{ suppression des milices, parce que tous les
citoyens sont prêts à voler au secours de la Patrie et à défendre
les entreprises de l'ennemi. Les milices, au contraire, depuis
environ vingt ans qu'elles subsistent, forment un impôt pour
chaque paroisse, aussi sensible que préjudiciable, surtout pour
les citoyens de la classe la plus indigente ; car, nonobstant les
défenses portées par les règlements de ne formel- aucune bourse
;iu profil de ceux sur lesquels le sori doit tomber, il [n'J en est
p;is moins vrai (jue Ions les garçons bons au tirage forment une
220 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
contribution pour laquelle bien des pères et mères vendent ou
engagent même les etTets les plus nécessaires à leur ménage,
pour se procurer, ou quoi que ce soit à leurs enfants, la somme
nécessaire à ladite contribution.
D'après cela, les milices ne devraient avoir lieu que lorsque
Sa Majesté a réellement besoin de sujets; car on a vu tous les
soldats provinciaux, tombés au sort depuis le tirage des milices,
rester cliez eux en attendant jjériodiquement la révolution du
temps de leur prétendu service pour obtenir un congé qui
leur était destiné et qui les faisait encore mériter des exemp-
tions de la taille et autres charges publiques dans les deux
premières années de leur mariage après la délivrance de leur
congé.
Art. 13. — Il subsiste dans la paroisse un droit de mesurage
des grains, le droit d'étalomiage des mesures et un droit de
péage par terre, tous appartenant au seigneur, et de pareils
droits subsistent encore dans d'autres paroisses. Mais, comme
ils sont aussi contraires à la prospérité du commerce qu'ils sont
gènanis, il est de TinteTét ])ul»lic et de celui de l'État de les
supprimer, en les remboursant, toutefois, aux seigneurs pro-
priétaires sur le pied du denier trente de leur produit. Cepen-
dant, comme il est important à tous les citoyens que les ventes
et livraisons soient faites à l)ons poids et bonnes mesures pour
prévenir toute espèce de fraude à cet égard, il paraîtrait néces-
saire de laisser subsister le droit (rétalonnagc d(>s |)oids et
mesures, lequel droit resterait en la main du seigneur (|ui l(^
iei-ait exei-cer par les officiers de sa justice ou par les personnes
qu'il jiroposerait poiu- cela comme t;iil de police.
Art. 14. — J/administra(ion actuelle de la justice a li\('' les
attentions du Roi, et c'est encore une |)ai'tie qui doit fixei' celle
des Ktats généraux ; il est incontestable (|ue les formes de
prT)C(''(|ei' sont trop longues et deviennenl jtr(''jn(lieiables aux
plaideurs, et, par ces raisons, il est devenu nécessaii-e et
indispensal)le d'abréger les procédures et de simplifier l(^s
formes de procéder.
CAHIER DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE. 221
Art. 15. — La résidence du juge dans le chef-lieu de la
juridiction est encore essentielle, et Sa iVIajesté l'avait même
prévue et ordonnée par son édit du mois de mai 1788. Aussi,
il est important de mettre cette loi en vigueur et d'en suivre
l'exécution.
Art, 16. — Mais, comme des débiteurs et plaideurs mal
intentionnés, souvent insolvables, pour se soustraire au paie-
ment de ce qu'ils doivent ou pour en retarder l'époque, se
permettent d'appeler des sentences qui les condamnent au
paiement d'une somme qu'ils doivent bien légitimement et
obligent par là leurs ci'éanciers à les suivre en cause d'appel,
ce qui ne tend qu'à multiplier les frais ; pour prévenir de
pareils abus, il paraît nécessaire de demander aux premiers
juges la faculté de juger en dernier ressort jusqu'à concur-
rence de la somme de 300 livres ou plus, mais pas moins,
laquelle faculté ne sera donnée qu'aux juges royaux et aux
juges seigneuriaux îiyaiit titre de ducliés ou marquisats-pai-
ries, baronnies, comtés ou cliàtellenies.
Art. 17. — Quant aux justices non titrées ou qui ne s'éten-
dent pas sur 100 justiciables au moins, il serait à propos de les
suppi'imer toutes et de les réunir à celles qui en sont les
plus voisines ou à celles qui sont exercées dans un chef-lieu
ayant foires ou marchés, où les justiciables de ces petites
justices vont habituellement pour la vente de leurs denrées
et pour leur approvisionnement.
Art. 18. — La paroisse de Ghàteauneuf est située au nord
delà rivière de Loire. Ghàteauneuf est exposé sur le coteau et
sur [un] terrain maigre et sablonneux <|ui n'est propre à aucun
rapport. Or, ses liabitants n'ont de ressources, les uns que dans
le produit de leurs bras et les autres dans le commerce et
l'industrie ; mais les uns et l(^s autres (1) ne peuvent se faire
que par des commimications avec les pays circonvoisins,
notamment avec le Val et la Sologne, et, pour se procurer
(i) C'est-à-dire : les opérations du commerce et celles de l'industrie.
222 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
respectivement ces communications, ils doivent avoir recours
au bac établi à Cliàteauneuf pour le passage de la Loire; et,
comme la confection qui vient d'èti'e fiiite d'un ([uai à Clià-
teauneui a rendu l'abordage inaccessible pour les chevaux,
charrettes et autres bestiaux, de manière qu'il n'y a que les
gens de pied cjui peuvent commodément passer dans le bac,
par ces considérations, les habitants de Châteauneuf demandent
an Roi et à la Nation ([ii'il soit fait à chacune des rampes qui
sont aux deux extrémités du (juai un abordage propre à con-
duire les chevaux, charrettes et besliaiix au l);ic ; et ({u'iiidé-
peiidaminent de ces deux rampes, il en soit l'ait une au milieu
du quai, commodément établie pour que les charrettes et bes-
tiaux puissent entrer et sortir du bac.
Art. 19. — Sa Majesté et les Etats généraux portei'ont sin-
cèrement leurs vues paternelles et leur attention sur les biens
de l'État qui ne sont grevés d'aucune possession et dont les
revenus peuvent venir au secours de la Nation, tels que les
biens des bénéfices à la nominiition t\\\ Roi.
Les biens qui composent ces bénéfices sont les biens de
l'État, et les titulaires n'en sont que possesseurs précaires,
pendant qu'ils en sont pourvus; mais dès (|u'ils deviennent
vacants parla mort des titulaii-es et qu'ils tombent à la nomi-
nation du Roi, ils redeviennent libres et à la disposition du
Roi et de la Nation.
Des motifs anciens peuvent avoir nécessité la réunion
d'aucuns de ces bénéfices à ceilains évéchés et archevêchés,
à l'eiïet d'augmenter les dotations et revenus des sièges de
l'Eglise ; mais, comme ces motifs ne sont pas toujoui-s existants,
que peut-être on y a déjà reconnu des inconvénients, même
des abus, s'il est une circonstance où ils doivent cesser, c'est
quand l'Etat a besoin de secours et que tout ce qui lui appar-
tient doit louiner à son profit.
Or on ne pent disconvenir que tous les bénéfices à la noini-
ïiation du Uoi sont les domaines et l'apanage de l'Etat, et dès
lors, la Nation asscndjlée du consentement du Roi peut
CAHIER DE CHATEAUNEUF-SUR-LOIRE. 223
arrèler qu'à fur et mesure que tous ces bénéfices devieudronl
vacants, les revenus en seront appliqués au profit de l'État
pour subvenir à rac({uittement de ses dettes et à ses besoins,
jusqu'à ce que la Nation soit libérée des charges dont elle est
grevée. Il est cependant à observer que les évêchés et arche-
vêchés, qui exigent un titulaire actuel et résident, doivent être
respectés et conservés dans la plénitude de leurs droits ; en ne
laissant à ces bénéfices que les biens (jui en foj'iiient l'ancienne
dotation, de manière qu'un nouveau pourvu à l'une ou l'autre
de ces places ne pourra y être admis qu'en remettant dans la
main du Roi les autres bénéfices dont il pourrait se trouver
pourvu alors, en sorte qu'un bénéficier ne pourra posséder
plus d'un bénéfice, ce qui fournira au Roi plus de moyens de
gratifier ceux de ses sujets qui l'auront mérité et que Sa
Majesté en trouvera dignes.
Art. 20, — Par une conséquence nécessaire à l'exécution
du projet proposé par l'article 19, il devient important de
s'affranchir de toutes redevances envers la Cour de Rome, à
cause des vacances et nominations aux bénéfices de France,
soit que les bénéfices tombent aux économats au profit de la
Nation, ou qu'il y soit nommé des titulaires, parce que, dans
tous les cas, tous les biens du royaume appartiennent au Roi
et à la Nation ; et, d'après cela, il doit paraître dur à la Nation
d'être obligée de payer une somme quelconque en Cour de
Rome pour être admise à posséder un bénéfice qui n'a aucune
situation dans les états du Pape. Ainsi, on désire que les États
généraux prennent en considération l'avantage qui peut et
doit résulter de ce projet en faveur de la Nation, dans les cir-
constances où elle se trouve.
Art. 21. — Un autre objet qui grève essentiellement tous les
citoyens, ce sont les dispenses qu'aucuns d'eux se trouvent
dans la nécessité de solliciter, et de ne pouvoir obtenir qu'à
prix d'argent, tant dans les sièges ecclésiastiques du royaume
qu'en Cour de Rome. Si, avec des dispenses ol)teiiues à pi'ix'
d'argent, des parents ou ;dliés peuvent s'miir par les liens
224 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sacrés du mariage, il est évident qu'ils pourraient également
l'être par des dispenses qui leur seraient délivrées, sinon gra-
tuitement, au moins pour une sonnne modique, chacun dans
le siège ecclésiastique de son diocèse, sans être obligé, dans
aucun cas, d'aller en Cour de Rome ; et de l'impossibilité
dans laquelle se trouvent un grand nombre de citoyens de les
ol)tenir, il en est résulté souvent des abus aussi graves que
scandaleux et des désordres dans la société. Ainsi, on espère
des bontés du monarque et de la prévoyance des députés aux
États généraux une loi plus douce, plus pronq^te et moins dis-
pendieuse sur l'obtention des dispenses, pour tous les cas où
elles peuvent être nécessaires.
Art. 22. — Les classements des mariniers travaillant sur les
rivières pour le service de la marine ont singulièrement altéré
le commerce et préjudicié aux marchands et voituriers IVé-
(|uentant les canaux et rivières, parce que, d'un côté, la plus
grande partie des jeunes gens qui se disposaient au travail de
la marine et qui n'avaient pas encore V-Age hxé par les règle-
ments pour être sujets au classement ont quitté ce genre de
travail pour se livrer à un autre qui ne les assujettissait pas au
service maritime, ce (|ui a considérablement dimiiuié le
nombre de[s| mariniers. D'un autre côté, les garçons mariniei's
classés sont l'orcés de rester dans le célibat, parce qu'aucunes
fdles ne peuvent se déterminer à les épouser, dans la ci'ainte
de voir journellement arriver l'ordre de départ de leuis maris,
ce qui préjudicié incontestablement à la population; et bl(Mi
plus, les fils de maîtres mariniei'S étant assujettis à la même loi
et cherchant les moyens de s'y soustraire sonl l'igoureusenicnl
obligés de ne donner aucun de leurs ti'avaux dans les bateaux
de leurs pères, d'où il suit un découragement de lein- part qui,
leur faisant ignorer les connaissances de la marine, les rend
incapables de suivre le commerce de leurs pères; et de là, la
perte du commerce et la décadence des ex|»ortati()ns sur les
l'i vie l'es.
Ainsi, cette loi (jui ne h)mbe (pie sur la elassi' des mariniers
CAHIER d'ouyrouer-les-champs. 225
interpelle (1) les bontés du souverain et intéresse la Nation :
il serait donc à propos qu'elle fût moins rigoureuse et qu'elle
ne s'étende, dans les cas de nécessité, que sur ceux sur lesquels
le sort tomberait pai' l'événement d'un tirage, comme (2) des
milices.
Art. 23. — Enfm, l'économie dans les frais de régie et admi-
nistration des finances doit nécessairement fournirdes ressources
et des améliorations au profit de l'État ; tendre à ces économies,
c'est condescendre aux vues paternelles et bienfaisantes de Sa
^lajesté. Ainsi, il serait à propos de simplifier les formes
d'administration, et on l'espère du zèle et de l'attention des
députés aux Etats généraux : notamment la suppression des
receveurs généraux et particuliers des finances du royaume,
en se réduisant à établir un receveur g-énéi-al dans la capitale
de chaque province, auquel il serait fait un traitement fixe, avec
injonction de verser régulièrement tous les mois le montant de
ses recettes directement au Trésor royal et défense de négocier
aucun des deniers de ses recettes, de manière à ce qu'il ait
toujours en caisse, tant en deniers que rescriptions, le montant
de ses débets, à peine de destitution.
(Suivent 47 signatures : celles de Bidault ; Lormeau ; Recullé,
etc., etc., et celle de Perche.)
Les cahiers d'Ouvrouer et de Laqueuvre, rédigés sous la présidence de
Recullé, procureur fiscal du marquisat de Chàteauneuf, se ressemblent
beaucoup. Les doléances qu'ils contiennent sont à peu près les mêmes.
Comme il y a toutefois de nombreuses ilifférences de rédaction, nous croyons
devoir les reproduire tous les deux en entier.
OUVROUER-LES-CHAMPS.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C<^". .Jarg'eau.
Gén. Kl. Orléans. Gren. Cliàteaunouf. Dioc. Orléans.
JoussE. — .57 feux. Le comte de Sainl-Florentin. .Justice de .Jar"'eau.
(1) C"est-à-dire : appelle.
(2) C'est-à-dire : celui des milices.
1%
2"2(j BAILLIAGE d'ORLÉANS.
On écrit par Jargeau ou Ghàteauneuf. Bi'. de Ghâteauneuf. A 2 lieues
dudit lieu, 10 de Gien, (3 d"Oi'léans et 2 de Jargeau. Assemblée le 10 août
(saint Laurent). Cure à portion congrue, à la nomination du chapitre
de Saint-Pierre-Empont. Route de Ghâteauneuf. Bois. Pays couvert. Yal
de Loire. Terroir en vignes, prés, blés et bois. Hameaux : les Ghevalliers.
les Gallandières, la Balaslière et Ghevrellc.
17G8. — 4G feux. Le comte de Saint-Florentin. Vigne ; blé.
DÎME. — Grosses dîmes : grains, la 13" gerbe; vignes, 2 s. (î d. par
arpent. Vertes dîmes : chanvre, le 13". Menues dîmes : agneaux, laine,
le 13".
Taille de la paroisse en 1788. —2,390 1. 10 s., dont 1,120.10 pour
le principal et 1,201 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 23 février, au banc
d'œuvre de l'église, sous la ji^'ésidence de Gharles RecuUé, procureur-
fiscal au marquisat-pairie de Ghàteauneuf, en l'absence du bailli,
assisté d'Étienne-Michel Bruère, praticien à Ghâteauneuf, commis pour
greffier en l'absence du greffier ordinaire. — Populrrlion : 03 feux. —
Comparants : Noël Brinon, vigneron, syndic de la municipalité, préposé
des vingtièmes (19 -[-21.4); Etienne Bruneau. laboureur (08-)- T."). 19);
Jacques Griveau, laboureur (82 -)- 91.10) ; Louis Tatfaleau, vigneron
(17-J-19), membres de la inunicii)alité ; Pierre Bruneau. laboureur
(51.10 -|-. 57. 10) ; François Rf'gnier. laboureur i ;V.). 15 -j- 11.(5) ; Piern»
Yenon, vigneron (13-)- 11.10) ; Sébastien Trasbot, vigneron (11 -j-
15.13); Pierre Roux, vigneron (0-)-0.1t); Louis Maupctit, vigneron
(0-)-0.14); Etienne Bouin, vigneron (9.5 -]- 10.0) ; Laui-ent Moizard,
vigneron (11 -]- 12.0) ; Pieri-e Ghanibolle, vigneron (9-)- 10.1); Simon
Poignard, vigneron (8-J-8.19); Glaude-Henri-Aiiuable Lemaire, vigne-
ron; Jacques Gouillon, vigneron (10-)- 11.1); Sébastien Goujon.
vigneron (28 -j- 31.5) ; (^Iharles Varan ^(^ vigneron (0-)-(J.14); Laurenl
Bouin, vigneron (10-)-11.4); .lean Poignard, vigneron (5.10-|-0.3) ;
Sébastien Bonneau, vigneron (5-|-5.12); Pierre Lemaire, vigneron
(8.5 -j- 9.4) ; Pierre Veiion le jeune, vigneron ; Hubert Venon, vigneron ;
François Delahaye, vigneron (5-]- 5. 12); Pierre Bouin, vigneron (7 -}-
7.10); Jacques Niecjlle, vigneron (0.10 -)- 7.5) ; .lean Venon, vigneron
(O-j-0.14); Pierre AUeau me, vigneron (li. 10-]- 12. 17) ; Pierre \'ai-anne,
(7-J-7.10;; Pieri'e Poii^nard, vigneron; Pierre l.oi'iljard (7-j-7.1());
Pierre Grandjean, vignenjn (17.10 -|- 1!». Il); .laeques Trasbot, vigneron;
(o.lO-f-3.18) ; Sél)asti(Mi 'l'rasbot fils, vigneron (0-|-0.14); Simon
CAHIER d'ouvrouer-les-champs. 227
Maître, vigneron (8 -|-8.1'.>) ; Jean Bidoux, vigneron (lO-f-il.4); Jean
Jazat. vigneron; Vincent Javoy, vigneron (8-}-8.19); Jacques Robert,
vigneron (12-)- 13. 8); l'ierre Lanibolle père, vigneron (9 -|- 10.1);
François Poignard, vigneron (7. 10-]- 8.7) ; François Ghambolle, vigne-
ron; Joseph Bérault, vigneron ; André Hérault, vigneron (6-)- 6. 14);
Antoine Perly, vigneron (12 -)- 13.8) ; Louis Cliambolle, vigneron
(6-J-0 14); Pierre Poulin, laboureur (04 -j- 71.9) ; Claude Houdré,
laboureur (82 -(-91.10) ; Pierre Falleau, laboureur ; Laurent Desnoues,
manœuvre (12 -f- 13.8); Etienne Paurelle, tailleur (1-|-1.2). —
Députés : Jacques Poignard ; Louis Taffalleau.
Population ex 1790. — 418 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances de la communauté de la
paroisse d'Ouurouer-les-Champs, par eux rédigées en
exécution de la lettre du Roi pour la convocation des Etats
généraux, de l ordonnance et règlement pour son exécu-
tion.
i" Lesdits liabitaiits désii^eiit être déchargés de la taille, de
la capitation d'industrie, de la contribution à la corvée, et géiié-
raleniejit de tout ce (|ui est accessoire de la taille, parce que
cet impôt, qui ne porte que sur les cuJtivateurs et gens de la
campagne, leur est d'autant plus onéreux que souvent les
malheureux se trouvent imposés au-dessus de leurs facultés, et
par une suite de l'arbitraire pour l'assiette de cet impôt, le plus
aisé en supporte le moins pour le plus souvent. Ainsi (?) la sup-
pression de cet impôt soulagerait la classe la plus malheureuse
du peuple et remédierait à une foule d'abus. Mais comme le
besoin de l'État ne permettra pas en ce moment la suppression
d'un imp(jt sans son remplacement, lesdits habitants estime-
raient qu'on pourrait y suppléer par un impôt territorial qui
s'assiérait avec une juste proportion sur tous les propriétaires,
de quel [que] natui^e <|u'ils soient; et ce dernier impôt pourrait
être fixé à une gradation suffisante pour remplacer en même
temps les droits (i'aides, ceux sur le sel et le tabac qui gênent
et molestent assez le public poui' en demander la suppression.
Dans ce cas, les cultivateurs, les fermiers et autres habitants
±2S BAILLIAGE d'oRLÉANS.
de la campai^ne ne seraient point journellement vexés et gênés
dans l'exploitation des domaines qu'ils cultivent, dans les
transports et la vente de leurs denrées. Mais, pour par eux
contribuer provisoirement et d'une manière suffisante à l'impôt
substitué, ils seraient d'avis ([ue les fermiers et censiers
donnassent aux propriétaii-es des biens qu'ils cultivent et
pendant le temps qui reste à courir des baux subsistants une
augmentation proportionnelle aux cliarges dont ils seraient
aiïrancliis.
2o Lesdits liabitants observent encore qu'il existe dans leur
territoire des biens nobles et censuels; que les redevances de
l'un et de l'autre objet deviennent à charge par les accessoires,
encore qu'ils le soient déjà trop par le principal, à cause des
reconnaissances et aveux à chaque mutation, et surtout par
les droits de franc-fief qui consistent |eii| une année de revenu
payable par avance, de manière «|iie le paiement fait par un
père de famille d'avance pour jouir pendant vingt ans, s'il
meurt au bout d'un an, n'est compté pour j'ieu à sa famille
obligée de payer de nouveau une année pour jouir pendant
vingt ans. Ces mêmes biens, sujets à la dîme et souvent frappés
d'hypothèques et chargés de rentes, ne produisent pas aux pro-
priétaires de quoi s'affranchir de tout cens, redevance, ce qui
domie souvent lieu à la saisie et vente de ces mêmes biens à la
requête des créanciers ou des seigneurs qui ont la directe cen-
suelle ou féodale.
|3"] Les frais de procédure suivent de près un débiteur
et par un tort au.ssi préjudiciable (jue ceux dont nous venons
déparier, augmente [n[| d'auLant plus (jue les biens à discuter
paraissent importai ils. C'est encore une |);irlie sur la([uelle on
peut se récriei' et demander qu'en généi'al les pi-océdures soient
abrégées et simplifiées.
[4o] Tous les propriétaires de biens de caiii])agne, dans les
villages et hameaux, sont souvent chiu'gés de rentes foncières
Iraiiclics <1(' loiilcs inqiositions doiil leurs biens ont été grevés
pai' celui (jiii a mis l'héritage dans la lainillc. La charge des
CAHIER DE LA QUEUVRE. 229
rentes de cette nature devient souvent si onéreuse au pro-
priétaire qu'il serait plus avantageux pour lui d'abandonner
riiéritage aux créanciers de la rente. Mais un père de famille
sait son état et celui de ses enfants de la culture de son bien ;
que deviendraient-ils tous s'il déguerpit l'héritage (?). La rente
foncière dont il est grevé fait un obstacle à la vente ; souvent
même il ne trouve aucun crédit parce que cette charge est
connue. Les habitants estiment qu'il serait avantageux d'ad-
mettre la faculté de rembourser de pareilles rentes, soit qu'elles
appartiennent à des personnes privées ou à des mainmortes,
pour un prix excédant le capital au denier vingt. Il en résulte-
rait un av;mtage pour le particulier et pour le général.
[5o] Quant aux opérations nécessaires pour l'assiette, la levée
des impôts et le reversement au Trésor royal de la manière la
moins dispendieuse, les habitants s'en rapportent à la pru-
dence et à la sagesse des députés aux États généraux, et sont
persuadés qu'il sera pris sur ce point les moyens les plus expé-
dients.
(Suivent les signatures de Griveau ; Brinon, syndic ; Pierre
Bruneau ; Bérault; Etienne Bonin; Poignard; Recullé.)
LE QUEUVRE (Anciennement LA QUEUVRE).
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"". .Jaru-eau. C>^^. Férolles.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — 52 feux (1). Le comte de Saint-Florentin. Justice, r. à
.Jarfi:eau. Br. de Ghâteauneuf. A 3 lieues de Ghâteauneuf, 11 de Gien,
5 d'Orléans et 1 de Jargeau. On écrit par Jargeau. Assemblée le lundi
de la Pentecôte. Ruisseau. Bois. Pays couvert. Le terroir est en vignes,
seigle, prés et bois. Les hameaux sont : le Marché de Boine, la Grosse
Planche et Villiers. La cure vaut environ 000 1. ; à la collation du cha-
pitre (le Jargeau.
17G8. — 40 feux. M. de Saint-Florentin. Vigne.
(1) Au-dessous, 48.
230 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
DÎMK. — Grosse dîme : grains, le 1(3^ de la récolte ; vin, une pinte
par poinçon, mesure de Chàteauneuf. Verte dîme : le 16^ de la
récolte.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,629 1. 15 [s., dont 770.15 pour
le principal et 859 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 24 février, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Charles Recullé, procu-
reur-fiscal au marquisat-pairie de Chàteauneuf, en l'absence du bailli,
assisté d'Étienne-Michel Bruère, praticien à (^liàteauneuf, commis pour
greffier. — Population : 47 feux. — CoiHjun-anls : Yrain lîrinon,
vigneron, syndic (19-f-21.4); .Ican-Baptiste Bougé (80.5 -)- 90.2) ;
François Boulmier, laboureur (147.5^104.1); Joseph Chambolle
(20-1-22.6), Pierre Chanilx^lle (Pi. 15 -}- 15.10), .laequcs Moizard
(3.10 -|- 3.18), Pierre Paurelle (10.5 -|- 18.2), Jean Chambolle (27.5-f-
30.7), Jean-Baptiste Brinon (8 -|- 8. 19), Jean Brinon (4-f-4.9), Fran-
çois Baudu (29-]- 32.5), Louis Chevallier (11.10 -j- 12.17), Jean Pou-
lard (18.5-1-20.7), Louis Lemaire (11.15 -j- 13.2), Pierre Baudu(9.5-f-
10.7), Louis Sordon, Laurent Poulard (12.15 -j- 14.4), Vrain Desbois
(7.5 -j- 8.6), Pierre Gouillon, Pierre Brinon (24.10 -j- 27.7), vignerons;
Pierre Taff'aleau (7.5 -f- 8.1); Félix Souesme (1^1.2); Jacques
Bidoux (11 -f- 12.0); Vrain Rabouan ; .lean Poignard (10.15 -j- 12). —
Dépulés : Pierre I)riii()n ; Pierre (louilloii.
Population en 1790. — 240 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances de la communauté de la
j)aroisse de Laqueuvre par eux dirigées (sic) en exécution de
la lettre du Roi jiour la convocation des États généraux, de
V ordonnance et règlement pour son exécution.
I" Dciiiiiiiilciit Icsilits li;i!)il;iiils r;mL;iii('iil;ili(iii de la cure
jus({irH 'i,^)!)!) livres piii' Ja réuiiioii d'une eure voisine. «Idiil inie
tnajenre partie du lerriloire est enelavée dans la leur, le pm-
(luil «le ladite cure étant insuffisant |)()iu' le sieiu' eiu'('', puis(|u"il
ir(''(|in\;iiil p;is niiane à la portion congrue, et <pie, ilailleiu's, le
iioml)i'e des lial)it;nits n"excè(le pas celui de IT)!) el (|u'il ne
serait p;is porté tout an [)lns an douhie par la rt'innen
CAHIER DE LA QUEUYRE. 231
demandée, d'aiitanl <nie la paroisse voisine est égale en
nombre et en revenn; n'entendent pas cependant lesdits habi-
tants être grevés en aucune manière par l'augmentation désirée,
et à la ("liarge par ledit curé de renoncer à (oui, droit pour
l'administration des sacrements.
2» Désirent lesdits habitants être déchargés de toutes les
impositions actuelles, de la taille et accessoires d'icelle, capitation
d'industrie, vingtième et corvée, gabelle et droit des aides, et
lesdites impositions être converties en un seul impôt territorial
qui serait payé par les seuls pi'0|)riétaires, à la charge par les
fermiers de tenir compte auxdits propriétaires, jusqu'à la lin
de leurs baux, de la somme ([u'ils paient actuellement pour
lesdites impositions, lesdits impôts d'aides et gabelle gênant
considérablement les cultivateurs tant poiu' l'exploitation de
leurs domaines que pour le transport et débit de leurs denrées.
3o Lesdits habitants observent qu'il existe dans leur paroisse
des biens nobles et censuels, pour lesquels ils sont obligés de
payer les francs-fiefs qui consistent dans une année payée par
avance, et qu'ils croient qu'il y a abus dans cette perception,
en ce que ceux qui l'ont payé ne jouissent pas souvent du droit
qu'ils ont acquis en le payant, parce que, au lieu de n'être payé
que tous les vingt ans, suivant l'intention des ordonnances, il
est exigé à chaque mutation qui peut arriver plusieurs fois
dans lesdites vingt années par la mort des propriétaires, ce qui
grève considérablement les familles. Ils demandent donc que le
droit de franc-fief ne soit exigible que tous les vingt ans, au
lieu de l'être à chaque mutation, si toutefois il n'est pas totale-
ment supprimé.
4o Les habitants représentent encoi'e que les biens dont ils
sont propriétaires sont souvent chargés de rentes si onéreuses
qu'il leur serait souvent plus avantageux de déguerpir lesdits
héritages que d'en conserver la propriété, ce qu'ils ne peuvent
cependant fiire diuis la crainte de se voir lolnlcment dépouillés,
eux et leurs enfants, inconvénient qui ne subsisterait plus si
toutes les rentes et redevances foncièi'es, de quelque nature
232 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
qu'elles soient et à quelque propriétaire (ju'elles appartiennent,
étaient remboursables.
5o Lesclits habitants croient être en droit de représenter que
les frais de justice soient abrégés et simplifiés, en ce que très
souvent des héritages les plus considérables deviennent la proie,
non des créanciers, à qui ils devj-aient appartenir de plein droit,
mais des procureurs constitués poui" occuper pour eux.
6« Lesdits habitants représentent encore que, s'ils ne peuvent
obtenir la suppression des corvées, il leur soit au moins
permis d'en faii'e l'application dans leur propre paroisse pour
rétablir les chemins tant publics (|ue particuliers qui sont abso-
lument nécessaii'es ponr faciliter le commerce de ladite paroisse
dans le transport de leurs denrées et pour la coiunumication
des villes et bourgs voisins.
[7"] En(in, observent lesdits hnbitanis ([ue la Ivoire dans ses
débordements arrivés le 18 janvier dernier a renversé une
arche du pont de Jargeau (|ui est la ville la plus voisine et même
la seule ressource pour le débit des denrées de ladite paroisse,
ainsi que d'environ vingt autres paroisses voisines, ce (|iii rend
sa reconstruction indispensable pour que lesdits habitants ])uis-
sent tirer un parti plus avantageux de leurs récoltes et com-
merce.
[8o] Quant aux opérations nécessaires pour faire et exécuter
lesdits changements, lesdits habitants s'en rapporh'ut enlière-
ment à la prudence et à la sagesse des États généi'aux.
Tous présents à ladite assemblée, et ont signé ceux (jui ont
déclai'é le savoir.
(Suivent les signatures de Pierre ClKnnholIc ; ,lean-l!aplisle
JJougé; François Boulmier; Vrain lîiinoii; Félix Souesme;
Recullé.)
CAHIER DE SIGLOY. 233
SIGLOY.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C<^". Jarii'eau.
Gén. Kl. Orléans. Grc?i. Ghàteauneuf. TJioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 82 feux(l). 200 communiants. Le comte
de Saint-Florentin. Haute justice, r. à Sullv. Marchés de Jargeau, Sully
et Chàteauneuf. Ecrire par le messager de Sullv. Br. de Ghàteauneuf.
1 lieue et demie de Ghàteauneuf, 8 de Gien, 7 d'Orléans, 3 de Sully, 2 de
Jargeau. Assemblée le jour de la Saint -Genoux. La cure vaut 500 livres.
Route de Ghàteauneuf à SuUj. Sur la Loire. Bois. Plaine. Val. Terroir
en vignes et terres la])ourables rapportant blés, froments, peu de seigle
et orge. Commerce de vins et grains.
17(38. — 75 feux. M. de Saint-Florentin. Vigne.
DÎME. — Grains, la 18'' gerbe; vin, 2 pintes par i)oinçon de 120 pots,
mesure de Paris.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,498 1. 15 s., dont 1,180.15 pour
le principal et 1.318 pour les impositions, accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 24 février, à 10 heures
du matin, au banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Fiacre
Bidault, ancien ])rocureur du marquisat de Ghàteauneuf, en l'absence du
bailli, assisté d'Etienne Poullin, son greffier. — Populalion : 100 feux.
— Comparants : .Jean Patinote, syndic (15-)- 16.15); Toussaint David
(13-|-14.10) ; Pierre Maître (9-1-10.1); Etienne Boistard, laboureur (78 -|-
87); Pierre Gatelineau, vigneron (14.10 -f- 10. 2); Jean Robert (8.10-]-
9.10); Nicolas Floquet (09.10 -f- 77.10) ; Éloy Leduc (25.10^-28.9);
Guillaume Baudoin, laboureur (09.10 -j- 77.10) ; Pascal Marois (5.15-|-
0.8); Pierre Brinon (11 -[-12.0); Antoine Dassigny (7.10 -f- 8.7); Pierre
Moreau, tailleur (5 -j- 5.12); François Dufour (17-J-19); Pierre Cham-
bolle (10 -f- 17.17); Mathias Maître (15-^10.15); Éloy Leduc fils (4-f-
4.9); François Pillard; Simon Patinote (2-]- 2. 5); Vrain Gatelineau
(26 -j- 29.1); .To.seph Moulinet; Jean Gatelineau père (7.15 -)- 8.13) ;
André Lorillard ; Louis Gatelineau (9 -f- 10.1); Louis Dassigny (15 -j-
16.15); Simon Boucheron (15.5 -[- 17.1); François RecuUé ; Guillaume
Aguenier (25 -}- 27.19) ; Louis Gatelineau (32.10-1-36.5); François
(1) Au-dessous, 77.
234 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Muzette (11 -|- 12.6); François Gatelineau (17 -j- 19). — Députés
Etienne Boistard ; Pierre Brinon.
Population en 1790. — 440 liabitants.
Cahier défi doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Siyloy, pour être porté et présenté par les
députés qui seront ci-après nommés à l'assemblée des Trois
états, qui se tiendront à Orléans le 16 mars il 89, sui-
vant l'ordonnance de M. le lieutenant général du 13 février,
présent mois, pour de là être porté et envoyé aux Etats
généraux, qui se tiendront à Versailles le 21 arril, sui-
vant la lettre de Sa Majesté du 24 Janvier der)ner.
Art. 1'''". — Nous estimons que tous les droits qui se per-
çoivent dans l'église de Sigloy relativement à l'administration
des sacrements ainsi qu'à la sépulture et autres droits casuels
devraient être supprimés, étant contre les règles de la reli-
gion d'exiger aucune rétribution et aucun paiement de sépulture
par des persormes qui ne sont que trop malheureuses de
perdre leurs père, mère, parents, etc. 11 est vrai que la cure
de Sigloy ne peut guère valoir que J,(XK) livres de revenu
annuel; mais en donnant au curé un certain dédommagement,
il sera plus content et plus satisfait que de se voir dans la
nécessité lui-même de demander des droits de cette nature
et qui ne peuvent être demandés qu'avec beaucoup de répu-
gnance à la nature.
Art. '•1. — Notre paroisse de Sigloy est à une lieue de
Chàteauneul". Pour y aborder, il faut passer la Loire dans un
bac, et nous ne pouvons dans des momeiils avoir aucun
recours soit au pi-ocureur fiscal, soit à la maréchaussée, d'où
nous concluons qu'il esl d(^ toute nécessité que la police soit
tenue en cette paroisse <•! <|iic l'exercice de la police soit
confié à une administration municipale (jui ser;i composée
d'un syndic de la municipalilé et des marguilliers en exercice
pour veiller au bon ordre, avec pouvoir d'arrêter les mendiants
CAHIER DE SIGLOY. 235
non domiciliés de la paroisse, tous vagabonds, gens sans aveu
et malfaiteurs, et les conduire dans les prisons les plus voi-
sines.
Art. 3. — Les habitants désireraient la décharije de leur
taille, de la capitation et d'industrie, de la contribution à la
corvée, de la gabelle et autres droits, pour être, le tout, con-
verti en un impôt territorial qui serait payé par les pro-
priétaires, à la charge par les fermiers, suivant leurs offres,
de tenir compte pendant le cours de leurs baux auxdits pro-
priétaires de ce qu'ils paieront annuellement pour eux pour
lesdits droits.
Art. 4. — Que les contrôles sont nécessaires, mais que les
droits qui en sont aujourd'hui perçus sont exorbitants. Depuis
l'édit de 1722, ils sont augmentés d'une moitié en sus du
droit principal par les sous pour livre successivement. Ce qui
paraît révoltant, c'est de voir que dans les contrats de mariage,
testaments et autres actes dont les frais sont susceptibles
d'être perrus sur la qualité, qu'un simple particulier n'ayant
pour tout bien que son petit mobilier, deux à trois petits che-
vaux de bas prix, une petite maisonnette à lui et quelques
pièces de terre qui en dépendent, dont le tout peut monter à
2,000 livres et plus, un simple vigneron, sous prétexte qu'il
sera propriétaire de quelques arpents de vignes à lui, quoique
chargés de rente autant que la valeur du bien, sont réputés
laboureurs dans la perception des droits et assimilés à un
gros laboureur du royaume.
L'édit parle nommément en plusieurs de ses articles de gros
laboureurs. Il n'y est point ajouté : de chaque province du
royaume, d'où nous concluons que l'esprit de la loi ne peut
s'appliquer qu'aux laboureurs delà Beauce, de Picardie, etc.,
où les fermes sont considérables, et non dans la paroisse de Sigloy
et les envii'OHS, ne (ont de ferme de 5 à 000 livres et n'ont
qu'une seule charrue. Mais en supposant que ce droit pût
légalement être perçu sur ces sortes de laboureurs, il n'y a
pas de petit propriétaire en manœuvre non plus qu'en vigne-
236 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ron qui puisse aller de pair avec cette sorte de laboureurs, et
ne devrait point conséquenmient payer le même droit qu'eux.
Nous espérons que l'assemblée des États généraux voudra bien
avoir égard à ces justes représentations.
Art. 5. — Il se perçoit encore dans cette paroisse et celles
des environs des droits d'aides sur les vins, d'autres sur les
cuirs, sur les huiles, sur le savon et autres. Nous estimons que
tous ces droits fussent (sic) supprimés ou au moins réduits
en un seul qui équivaudra à ce que chacun individu paie pour
tous ces droits. Qu'il n'y ait qu'un seul receveur non seulement
pour la réception de tous ces droits, mais encore pour les
tailles, vingtièmes et autres, qu'il rendra dans les cofTres du
Roi à Paris. Par ce moyen, il en coûtera beaucoup moins de
régie, et nous serons sûrs que tout ce que nous paierons pas-
sera au profit de Sa Majesté.
Art. 6. — Dans plusieurs circonstances, on nous astreint
d'aller en cour de Rome pour solliciter des dispenses dans des
cas d'empêchement dirimant de mariage et autres. Nous esti-
mons que si nous pouvions être dispensés de cette corvée, il
en résulterait un bien pour l'Etat.
Art. 7. — Nous pensons aussi qu'il iu> devrait |y| avoir
([ii'uiie seule mesure, qu'un seul poids et qu'un seul annage,
pour éviter les dilïérents abus qui en résultent.
Fait et arrêté le présent cahier au banc de l'oMivro de
l'église de Sigloy, entre nous habitants de ladite paroisse,
cejourd'hui miu'di vingt-(|uatrième jour de février l'an 1789.
Avons signé, sauf ceux qui ne l'ont fait [cl] ont déclaré ne le
savoir.
(Suivent 11- signatures : celles do l^ilinole, syndic ; Bois-
tard ; David, et celles <lo Didaull cl di' Poidlin, greffier.
II. — GROUPES DIVERS.
2\o Justice de la Chatellenie de J arceau.
Le groupe de Jargeau a été constitué de la manière suivante :
io Caliier de Jargeau, rédigé sous la présidence de Gaucher, échevin ;
'2o Cahiers de FéroUes, Bou, Ingrannes, Donnery, rédigés sous la prési-
dence de Jucqueau (ou Jucqueau-Dutilloy), procureur fiscal de la ville et cha-
tellenie de Jargeau, qui ligure, sous le titre de notaire et procureur liscal,
à l'assemblée de Jargeau ;
3" Cahier de Darvoy, rédigé sous la présidence de Chaul'ton, bailli de la
ville et chatellenie de Jargeau, qui présida aussi dans les paroisses de Saran
et Saint-Jean-de-la-Ruelle comme lieutenant de la justice de l'évêché
d'Orléans ;
4o Cahier de Vienne-en-Yal, rédigé sous la présidence de Desl)ois, notaire
à Jargeau, qui figure, comme Jucqueau, à l'assemblée de cette paroisse.
Les quatre premiers cahiers sont rédigés en des termes à peu près iden-
tiques. Nous donnons en entier le texte de Jargeau, et, pour les trois autres
paroisses, les variantes de ce texte pris comme type de comparaison et
celles qui ont été laites successivement dans chacune d'elles sur le texte de
la paroisse voisine : Bou sur Férolles et Jargeau, Ingrannes sur FéroUes,
Bou et Jargeau. Le cahier de Donnery a été l'ait sur le modèle des précédents,
mais avec des différences de rédaction qui nous ont paru rendre utile sa
publication entière.
JARGEAU.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C'<^". Jargeau.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghàteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — Ville. Paroisse. 542 feux (1). L'évêque d'Orléans. Haute
justice, r. à Orléans. Marché, le merci^edi, où l'on vend des grains et
fourrages. Foire le 11) octobre. Assemblée le dimanche devant la Saint-
Jean. Br. de Ghàteauneuf. A 2 lieues de Ghàteauneuf et 4 d'Orléans.
Sur la Loire et dans le Val. Dans le vignoble du Val de Loire. Le terrain
(1) Au dessous, 52G.
238 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
est sablonneux; il y a quelques seigles. Le commerce consiste en denrées
que la proximité d'Orléans fait valoir. Les hameaux sont : le Marché de
Boisne, les Périches, la Pétaudière, Villiers, les Quatre Vents, Valbert,
la Bourdonnière, la Fontaine, Saint- Vrain, la Gaurellerie, la Groix-de-
Barre, la Croix-Rouge, la Baste et Ghapotte. M. de Saint-Florentin est
gouverneur de Jargeau. L'Hôtel-Dieu est petit et pauvre. La collégiale
de Jargeau est composée de dix chanoines, dont la première dignité est
le doyen; la deuxième, le chantre. La cure de Jargeau est attachée au
canonicat. Son revenu est environ le double d'un canonicat, ainsi que
les dignités, et chaque canonicat vaut T) à 000 livres. Les bénéfices sont
à leur nomination, sur la présentation de Thebdomadaire.
1708. — 520 feux. L'évèque d'Orléans. Vigne.
DÎME. — Blé : 2 gerbes par arpent ; menus grains, le lO** de la récolte ;
vignes, 2 s. 0 d. par arpent.
T.\iLLE de la paroisse en 1788. — 15,208 1., dont 7.177 pour le
principal et 8,031 pour les impositions accessoires et la capitatioii.
Phocks-verhal. — Assemblée électorale le mardi 24 février, dans
l'auditoire de la ville, sous la présidence de Pierre-Alexandre Oaucher,
l'un (les échovins de .largeau (l'autre absent [);n' iiiilis])osilion), assisté
de Louis l*asquier, son secrétaire ordinaire. — Popalalion : 550 feux. —
Comparants : Pierre-Alexandre Gaucher, échevin (104 -j- 110) ; Louis
Pasquier, huissier (18.5-)— 14.14) ; Glaude-Aiituinc .luc(|iirau, n(jtaire et
procui'eur fiscal (01.15 -f- 08. 7) ; François-Tliomas Troisvoisins, syndic
de la municipalité, notaire (28. 15 -j- 31. 10) ; Simon-Joseph Fouqueau,
notaire, greffier de la municipalité (28. 15 -j- 31. 10) ; Jean Prévost
Mignon, meunier (20.10-)- 29. 8), Jean Lambert, fripier (23.10 -j- 20),.
Etienne Pisseau (29 -f-32.2), Etienne Daumain, boulanger (33 -j- 30. 10),
Mesniin Lambert (54-)- 59.10), François Nivet, greffier (30-)- 33. 4),
Simon Desbois, notaire (70.10-)- 84. 17), ^'l'ai^ Baudu, marchand gréne-
tier (30.15-)- 40.14), membres delà muniiip.ilih' ; Louis-Glément Bailly,
huissier (18-)- 19. 19); Glaude Briant l'ainé (15-^10.12); Glande Briaiit
le jeune, tonnelier (O.lO-f-7.4) ; Etienne Ducloux, marcli.uid (.53-)- 58. 11);
Germain Ducloux, marchand (40-)-44.0) ; Michel Hcmc laimcur (55-f-
00.18); Jean Julteau (34.15 -j- 38.9) ; Antoine Gourou, messager
(11.10-|- 12.15) ; François Briant, bourlicr (20 -^22. .3') ; Fran(;ois Gui-
but (3. 10-)- 3,. 17); Antoinr Hondas, houchci- ( 1 1 . 10 -f- 12. 14) ; Jean-
Jacques Leduc, marchand (23.10-)-20); Pierre Gaujard, raarcliand
(28.10 -j- 31. 11) ; François Pillard (15-)- 10.12) ; André Leserre, cordier
CAHIER DE JARGEAU. 239
(21.15 -f- 24.2) ; Louis Bruneau, marchand (32.5 -(-35.14) ; Honoré
Tourault, tanneur (3-|-3.6) ; Sébastien Lucet, boulanger (24 -j- 26.12) ;
Louis Aguenier, tuilier (21.10 -f- 23. 16) ; Pierre Venon, niaçon(9-|-9.19) ;
Raymond Roux, marcliand de bois (18-(-19.19); Louis Verger, tisserand
(6-|-6.13); Jérôme Bascouelle. tonnelier (21 -f- 23.5V. Pierre Brinon
(23 -|- 25.9); Louis Gauguin, tonnelier (22. 10 -j- 24. 10) ; Vrain Dufour
(16-j- 17.14) ; Vrain Delahaye (12. 10 -j- 13. 17) ; .Tean-Hector Prévost,
meunier (4.10 -j-4.19) ; Pierre Delahaye (27 -[- 29.18) ; .Jacques Fouquet,
boucher (26 -|- 28. 16); Martin Martin, maçon (6 -(-6.13); Claude Auger,
marchand (34.10 -(- 38.4) ; Pierre Xicas, tonnelier (23 -f- 25. 9); Louis
Desbois, menuisier (9 -[-9. 19); Barthélémy Paquet (41.10 -(-45.19) ;
Edouard Lambert, marchand (14.10-(-i0.1); Charles Michel, perruquier
(10-j-ll.l); François Desbois, fripier (19. 10 -(-21. 12) ; .Jacques Pinault
(19 -(-21.1) ; Louis Serin (42 -f- 46.10) ; Pierre Gouillon (43 10 -f- 48.3) ;
François Baudu ; .Jean Mouly (14 -(- 15.10) ; (Claude Morache ; .Jacques
Bérault (21 -(-23. .5) ; Charles Roze (14.10 -(- 16.1) ; Laurent Vigneron,
tailleur (2-(-2.4); Pierre Vaillant, jardinier (17 -f- 18.16) ; Jacques
Levacher ; Jean Ploudry, mégissier (11.10 -(-12.14); François Ménager,
maréchal (15 -(- 16.12) ; Mathieu Sainson, aubergiste (16 -[- 17.14) ;
Louis Perret, meunier (12 -(-13.6) ; Jean Dumoulin ; François Ducloux,
charcutier (8-|-8.17); Médard Jahan, aubergiste (11.10 -(- 12.15);
Louis Petit, sonneur (11.10 -[- 12.14) ; Jacques Vallé, tisserand (3.10 -[-
3.17) ; .Jean Dumoulin l'ainé (ll-(- 12.14) ; Louis Verger (17-]- 18.16) ;
Martin Aubert ; Claude Brinon (8. 15 -j- 9.14) ; Vrain Arnault (17.10 -(-
19.7) ; Joseph Poignard (17 -(- 18.16) ; Jacques Delacouste (26 -(-28. 16);
Gabriel Lomon ; Louis Poignard, tonnelier (24.10-(-27.3) ; Joseph
Salmon, taillandier (4 -(-4.8); Jahier Venon, meunier (16-(- 17.14) ;
Pierre Gouillon (38.10-]- 42.13) ; Louis Pisseau, tonnelier (6 -(-6.13) ;
Jean Letallé, menuisier (8 -(-8. 17); Jacques Pisseau, cabaretier ( 12 -(-
13.6); Claude Chatelfoux ; Louis Grié, perruquier (10.10 -(- 11.12) ;
Etienne Taillant (2.10 -(-2.15) ; Jean-Prévôt Leclerc, meunier (24 -f-
26.12); Barthélémy p'iattet ; Pierre Falleau ; .Jean-Louis-Victor Pheli-
pot (18-]- 19.19) ; Henry Pisseau, meunier (6 -(-6. 13); Pierre Brièrc
l'aîné, tonnelier (10 -f- 11.1) ; Jacques Petitet ; Pierre Garon, cordonnier
(4-]-4.8); Pierre Barillet, marchand (114-12.4); François Dupuis,
meunier (12-]- 13.6) ; Jacques-Alexandre Genty, perruquier (9-]- 9. 19);
François Rognard, cordonnier (2.5-]- 2.9); Denis Gautier, marchand
(9-]-9.19j; Claude-Joseph Poignard, cordonnier (10-]- 11.1); Pierre
Bidoux (l4.10-(- 16.1) ; Clément Jolivet, tourneur (8. 15-]- 9. 14) ; Jean-
l>iU BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Baptiste Poignard (8. 10 -f- 3.17) ; Jean-Louis Prévost (ll)-f-21.1) ;
Michel J^ineau (19.10 -|- 21.12) ; .Jean Henrv, liuissier (3 -f- 3.0) ; Louis-
Pascal Maruis (10-|-11.1); Vincent Rousseau (27 -|- 29.18). —
Dépulés : Claude-Antoine Jucqueau ; Troisvoisins, Fouqueau et Simon
Desbois.
Population en 1790. — 2,281 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des Jiabitants
de la ville et paroisse de Jargeau, lequel sera remis par leurs
députés à l'assemblée qui doit se tenir du Tiers état à
Orléans pour la tenue des Etats libres et généraux.
Les habitants de ladite ville et paroisse de Jargeau ont, pour
la plus grande partie, leurs propriétés en vignes. La gelée les
a tellement endommagées qu'ils ne peuvent se dispenser d'en
arracher partie et de couper l'autre au pied, et ne pourront y
récolter de plus de trois ans, étant le seul commerce de cette
ville et paroisse ; que la plus grande partie de leur terrain est
très médiocre, n'étant que des sables. Ils sont chargés d'une
foule d'impôts dont la moitié nette ne parvient pas au Uoi, par
les dépenses considérables qu'entraînent les frais de percep-
tion. Pour remédier aux besoins de l'État et leur procurer du
soulagement, il est nécessaire, pour le bien public, d'accorder
par Sa Majesté :
Art. \^^\ — La suppression des taille, capitation personnelle,
capitation d'industrie, corvée, vingtième, dixième et supplé-
ment ;
Art. 2. — La suppression des fermiers généraux, des droits
d'aides, gabelle, tabac, boucherie, droit sur les cuirs;
Art. 3. — La suppression des privilèges, droit de franc-liel,
et tous autres droits et impôts qui se prélèvent aujourd'hui;
Art. 4. - Que, pour tenii- lieu de tous les impôts actuels,
qu'il (sa-) eu soit établi un seul, qui sera réparti entre tous et
chacun habitant par le général d'eux, proportionnément à
CAHIER DE JARGEAU. 241
leurs propriété, commerce et facultés, sans avoir égard à
aucun privilège personnel ou résultant de charges ; que cet
impôt soit versé par quartiers directement au Trésor royal,
sans frais, par celui ou ceux qui seront nommés pour en faire
le recouvrement ;
Art. 5. — Qu'il soit permis de rembourser les rentes fon-
cières, qui sont onéreuses aux parties et gênent les muta-
tions ;
Art. G. — Que la forme de procédure soit abrogée, de
manière à être moins dispendieuse aux parties, et qu'il soit
fait un tarif des droits des grefliers et procureurs, qui soit
clair, précis, et connu à tout le public ;
Art. 7. — Qu'il soit établi une manière moins dispendieuse
pour les ventes forcées d'immeubles, qui, suivant les droits
subsistants, consomment en frais la majeure partie du prix,
surtout dans les campagnes, où les propriétés sont morcelées
et [de] peu de valeur. Il semble qu'en ordonnant les ventes en
justice, on pourrait renvoyer, pour les criées et adjudications,
devant un notaire, et prescrire à cette espèce d'officier la
manière de les faire à moins de frais possible;
Art. 8. — Que [pour] les mêmes motifs énoncés en l'article
ci-dessus, les offices de commissaires aux saisies réelles et
receveurs des consignations soient supprimés, en établissant,
en ce qui concerne les fonctions des premiers, des moyens
plus simples et moins coûteux, et en ce qui concerne les
derniers, en chargeant le notaire qui procéderait à la vente
des biens, ou serait choisi pour les affaires de la succession,
des deniers sujets à la consignation, sans aucun émolument,
au rapport desquels il serait contraignable, même par corps,
comme pour fait d'office ;
Art. 9. — Que la procédure sur les lettres de ratification
soit simplifiée ; que les parties ne puissent être refusées à
déposer elles-mêmes leurs contrats sans le ministère d'un
procureur ; qu'elles aient le droit d'assigner leurs opposants
242 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
devant leur juge, quoique subalterne, pour voir ordonner du
règlement, et que l'assignation pour y procéder soit donnée
en l'étude d'un notaire requis par les parties, pour les opéra-
tions être faites tant en absence que présence, ce qui ne
s'accorde plus, et qui, néanmoins, serait bien moins coûteux ;
Art. 10. — Que la Nation assemblée lors des États généraux
renouvelle les constitutions du royaume, réforme les abus et
établisse un ordre fixe et durable ; qu'il ne soit créé ni enre-
gistré dans les Cours supérieures aucun impôt ni édit de
création de charges moyennant finances, emportant privilège,
sans le consentement des États du royaume.
Art. 11. — Enfin, lesdits habitants exposent qu'à la débâcle
dernière de la rivière de Loire, une des arches du pont de
ladite ville est écroulée, de manière que la communication
est interrompue avec environ 40 paroisses circonvoisines qui
amenaient des denrées au marché, ce qui fait un tort consi-
dérable, au point que la majeure partie des habitants de ladite
ville et des paroisses circonvoisines ne subsistent que par la
vente de leurs denrées, et préjudicie à la vente des vins du
vignoble par la difficulté de les tirer au moyen de la rupture
dudit pont ; pourquoi ils supplient Sa Majesté d'ordonner d'un
prompt rétablissement de ce pont, qui est d'autant plus indis-
pensable qu'il est impossible d'établir un bac, par la situation
des Heux.
Fait et arrêté par lesdits habitants, le 24 février 1780,
l'assemblée tenante et présidée par le sieur Pierre-Alexandre
Gaucher, l'un d(^s échevins de ladite ville, l'autre absent par
cause de maladie; ceux desdits habitants qui savent signer
l'ont signé, et ceux qui ne l'ont su ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 72 signatures: celles de Bailly ; Pasquier ; Desbois;
Troisvoisins ; Jucqueau, etc., et celles de Gaucher, échevin, et
de François Pillard.)
CAHIER DE FÉROLLES. 243
FÉROLLES.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"". Jargeau.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
•Tousse. — Petit bourg et paroisse. 89 feux (1). De Lantezières. On
écrit par .Targeau. Haute justice, r. au b. d'Orléans. Br, de Ghâteau-
neuf. A 3 lieues de Ghâteauneuf, 11 de Gien, 4 1/2 d'Orléans et 1 de
Jargeau. Assemblée le 20 juin, jour de saint Pierre. Route de Jargeau
à La Ferté. Dans le vignoble du Val de Loire. Presque tout en vignes.
Les hameaux sont : la Rue du Viglou, la Rue de Ghilleurs et Ghézelle.
La cure vaut environ 400 1.; à la collation du chapitre de Jargeau.
17G8. — 79 feux. Le bailli de Montaran. Vigne.
DÎME. — Blé, 2 gerbes par arpent ; grains, le 16*' de la récolte ; vin,
1 pinte par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,831 L 10 s., dont 1,949.10 pour
le principal et 1,882 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 22 février,
dans l'auditoire du lieu, sousla 2:)résidence de ClRnde-Anto'me .Tucqueau-
Dutillov, bailli de la justice de Férolles, assisté de .Jean-Louis Durand,
procureur, commis pour greffier en l'absence du greffier ordinaire indis-
posé. — Populalion : 98 feux. — Comparants : François Gouillon,
meunier, membre de la municipalité (40.10 -|- 38. IG) ; Antoine Blanquet
père, vigneron (20.5 -j- 19.8) ; François Gorbery, vigneron (6.5-[-6);
Jacques Noé, vigneron, adjoint à la municipalité (27.15-j-26.12) ; Jacques
Ghambolle, collecteur (10. 10-j- 15.10) ; Nicolas Dautrj, adjoint (35 -]-
33.10); Pierre Ghambolle, adjoint (5.5 -j- 5) ; Alexandre Lormeau,
laboureur (145 -j- 138.8); Pierre Baudu, dit La Lignette (17 -|-16.5);
Joseph Baudin, laboureur, membre de la municipalité (128. 15 -f- 123.3);
Sylvain-Adrien Mouly (9-)-8.12); Louis Driau (O-f-5.15); Pierre
Pinault, membre de la municipalité (32.15 -j- 30. 17) ; Pierre Ghambolle,
fils de Nicolas (1 -j- 19 sols) ; Jean Gorbery (4.15-}- 4.10) ; François
Rousseau (16 -}- 15.0) ; Patrice Pinault; François Roze (23.10 -|- 22.10);
Jean Rousseau (15.10 -f- 14.17) ; François Ghambolle, fils de Pierre
(27 -[- 25.15) ; Sébastien Dautry, syndic de la municipalité (17 -|- 16.5);
(1) Au-dessous, 102.
244 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
Yraiii Barbachoux (13.15-]- 13.4) ; .Jean Noé, greffier delà municipalité
(15.10 -j- 14.17) ; François Rousseau, de la Féraudière (TJ-f- 11.10) ;
Pierre Gorbery, sonneur (4.5 -|- 4.1); Jean BaudUj fils de Simon
(11.10 -f- 11); Jean Goujon (9.15 -}- 9.7) ; Jean Serin (14.5-^13.13) ;
Jean-Louis Serin (4 -|- 3. 1(3); Louis Laudu (10.15 -j- 10.0) ; Clément
Rocher (1-i-^l 1.10); Jean Saillard fils, laboureur (128.15-]- 123.3);
François Eaudu (1 -j- 19 sols) ; François-Simon Baudu (12.5 -j- 11.1.5") ;
Sébastien Paurette (12-|- 11.10) ; François-Hilaire Serin (1.10-|-1.9) :
Daniel Poig-nard (20 -j- 24. 17) ; Louis Brifault, laboureur (72.5 -j- 09.2) ;
Pierre Noé (4.5 -j- 4.1) ; Antoine Chambolle (^9-)- 8. 12); Jacques Bri-
non (3-|-2.17); André Bourillon (9. 15 -f- 9.7) ; Pierre Baudu (4.5-f-
4.1) ; Antoine Blanquet fils (21 -j- 20.2) ; Jean Ghambolle-Gatère (11 -j-
10.10); Jean-Étienne Leduc (10 -]- 9.11) ; Pierre Galoche (3 -f- 2.17) ;
Jacques Gigou (l-f-19 sols). — Députés : Pierre Baudu, dit La
Lignette ; Jean Noé, fils de Jacques.
Population en 1790. — 403 habitants.
C allier de Fé roi les.
Comparaison avec le rallier de Jargeau.
Même titre, moins les mots : ville et
Même préambule, moins les mots : dite ville et pour
la plus grande partie étant le seul commerce de cette ville
et paroisse ; que la plus grande partie de leur terrain est très
médiocre, n'étant que des sables Sire : ils sont surchargés,
au lieu de : chargés Ils demandent, au lieu de : il est
nécessaire pour le bien public d'accorder par Sa Majesté :
Art. !«'■. — Art. i^^' de Jargeau.
Art. 2. — Art. '2 et .3 de Jargeau ; ainsi rédigé : « La sup-
pression des fermiers généraux, de tous les droits d'aides,
gabelles, tabacs, des cuirs et boucheries, contrôle, centième
denier, insinuation, successions collatérales, droit de franc-
fief et tous aiiti'es di'oits et impôts qui se prélèvent aujour-
d'hui. »
.\rL .'{. — Art. 3 et 5 de Jargeau ; ainsi rédigé : « La siip-
CAHIER DE FÉROLLES. 245
pression de tous les privilèges et fiefs ; et qu'il soit permis de
rembourser les rentes foncières qui sont onéreuses aux par-
ties et gênent les mutations. »
Art. 4. — Art. 4 de Jargeau.
Art. 5. — La suppression du droit de gruerie que s'attri-
buent les seigneurs des forêts, droit qui est très onéreux et
empêche les propriétaires d'élever des bois, chose essentieUe
pour la France.
Art. 6. — Qu'il soit permis aux syndics et marguilliers, en
l'absence des juges et officiers des justices, de faire la police,
de dresser leurs procès-verbaux de contravention, avec cita-
tion devant les juges pour voir prononcer les peines prescrites
par les ordonnances et règlements, arrêter les mendiants non
domiciliés et les conduire devant les juges des lieux.
Art. 7. — Art. 6 de Jargeau.
Art. 8. — Art. 7 de Jargeau.
Les art. 9 et 10 sont identiques aux mêmes articles de Jar-
geau.
Art. 11. — Art. 11 de Jargeau ainsi rédigé : « Enfin les habi-
tants exposent qu'à la débâcle dernière de la rivière de Loire,
une des arches du pont de la ville de Jargeau est écroulée, de
manière que la communication est interrompue, ce qui fait un
préjudice considérable à cette ville et à la paroisse et à toutes
celles des environs ; pourquoi ils supplient Sa Majesté d'or-
donner d'un (sic) prompt rétablissement de ce pont, qui est
d'autant plus indispensable qu'il est impossible d'établir un bac
par la situation des heux. »
Fait et arrêté par lesdits habitants, en l'assemblée tenue
cejourd'hui 22 février 1789 et présidé par monsieur le bailli
de cette paroisse. Ceux des habitants qui ont su signer l'ont
signé, et les auti'es ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 9 signatures ; celles de Sébastien Dautry, syndic;
Gouillon, membre; Durand, commis greffier, etc., et celle
de Jucqueau.)
246 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
BOU.
Dép. Loiret. An\ Orléans. C^". Orléans N.-E.
Gén. El. Grcn. Dioc. Orléans.
JoussE, — Petit bourg et paroisse. 178 feux. L'évêque d'Orléans. On
écrit par Orléans ou Jargeau. Justice de Jargeau, r. à Orléans. Assem-
blée le dimanche après le 23 avril, jour de saint Georges. 3" br. d'Or-
léans. A 3 lieues dudit lieu et à (j lieues 1/2 de Jargeau, Vignoble.
Près la Loire. Les écarts sont : Acquebœuf, la Petite Vallée. La cure
vaut environ 400 1. ; à la collation de M. 1 evêque.
17<)8. — 194 feux. li'évêque d'Orléans. Vigne.
DÎME. — 2 s. (3 d. par arpent pour toute espèce de production.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,(371 1. 15 s., dont 2,205.15 pour le
principal et 2,4(30 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le samedi 28 février, dans
la chambre ordinaire des assemblées de la paroisse, sous la présidence
de Claude-Antoine Jucqueau-Dutilloy, i)rocureur fiscal de la ville,
justice et chàtellenie de Jargeau, en l'absence du bailli, assisté de
Ravmond-Alexandre Delasalle, sergent roval au bailliage d'Orléans,
demeurant à Jargeau, commis pour greffier. — Population : 140 feux.
— Comparants : Louis Simon, syndic de la paroisse (25.10 -|- 28.0) ;
François Boistard (19.15 -|- 22) ; Jean-Pierre Leclerc (34.5 -f- 38.4) ,
Maria Simon (27.15 -|- 30.19) ; Jean Goujon (17 -f- 18.19) ; Etienne
Thiercelin (l'aîné. 34.15 -|- 28.15 ; le jeune, 7.10 -f- 8.7) ; Pascal Ber-
nard, tonnelier (2(3 -j- 29), membres de rasseml)lée municipale;
Augustin Le Moyeur, greffier de l'assemblée municipale (15.15 -|-
17.11); Fiacre Boistard (33.15 -f- 37.13), Augustin Fouqueau (20.10-j-
22.17), Etienne Cochon (30 -j- 33.8), adjoints de la municipalité;
Jacques Cliambault, gagier (20.15 -\- 23.3) ; Claude Simon (l'aîné,
12-}- 13.7); le jeune, 20 -f- 22.6); Vrain Aubert, tonnelier (2G.5-f-
29.(3) ; .Jean-Baptiste Juranville (17 -j- 18.19); .lean Picault (34.10-[-
38.10); Pierre Uathouin (15.15-}- 17.11) ; Fiacre Boistard le jeune
(14.10 -j- 1(3.2); Nicolas Ducloux (8-}- 8.18); René Julien (14.15-}-
5.6); Jean Orillard (27.15-}- 30.18); Jean Persillard (l'aîné, 20.5-}-
22.12; le jeune, 12.10-}- 13.18); Pierre Goujon (12.15 -f- 14.4) ; Jean
Picault (14.15 -f- 16.8) ; Guillaume-Simon Boistard (13.15 -}- 15.6) ;
Augustin (ii-illard (17.5-}- 19.5); Jean Goujon le jeune (14.10-}- 16.8) ;
CAHIER DE BOU. 2M
Mamert Aubert (34 -f- 37.18) ; Vrain Thibaut (8.5 -f- 9.4); Etienne
Fouqueau, dit le Blond (26.15 -f- 29.17). — Déjmtés : Mamert Aubert;
Etienne Fouqueau. dit le Blond.
Population en 1790. — 555 habitants.
Cahier de Bon.
Comparaison avec les cahiers de Jargeau et Férolles :
Même titre que Férolles.
Même préambule, avec l'addition suivante immédiatement
après les mots : plus de trois ans ; « que la plus grande partie
du terrain de ladite paroisse est très médiocre, n'étant que des
sables )).
Art. 1 et 2, identiques à Férolles.
Art. 3. — Le même que Férolles, mais supprimer depuis :
...et qu'il soit permis
Art. 4. — Le même que Férolles, avec les variantes suivantes
indiquées en italiques : il plaise à S. M. d'établir un impôt
territorial qui soit réparti sur tous les propriétaires en raison
de ce que chacun possède, sans avoir égard
Art. 5. — Art. 7 de Férolles et 0 de Jargeau.
Art. 0. — Art. 8 de Férolles et 7 de Jargeau.
Art. 7. — Art. 8 de Jargeau.
Art. 8. — Art. 9 de Jargeau et de Férolles.
Art. 9. — Art. 10 de Jargeau et de Férolles.
Art. 10. — Art. 11 de Férolles.
Fait et arrêté par lesdits liabitants le 28 février 1789, l'as-
semblée tenante et présidée par maître Claude-Antoine Juc-
queau, ))i'ocureur fiscal de la ville, justice et chàtellenie de
Jargeau, faisant en cette partie pour l'absence de monsieur le
Ijailli d'icelle, juge de cette paroisse ; ceux desdits habitants
qui savent signer ont signé, et ceux qui ne l'ont su ont déclaré
ne le savoir.
(Suivent 29 signatures : celles de Louis Simon, syndic; Fia-
248 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
cre Boistard l'aîné; Jean Goujon, etc., et celles de Delasalle,
commis greffier, et de Jucqueau.)
INGRANNES.
Bép. Loiret. Arr. Orléans. C^^. Neuville.
Gén. EL Orléans. Ch'en. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — Petit bourg- et paroisse. 80 feux (1). L'évèque d'Orléans.
Justice, r. à Boiscommun. M. l'évèque de Bayonne y a une justice qui
ressortit à Orléans du bailliage. On écrit par Orléans. Br. de Château-
neuf. A 3 lieues de Ghâteauneuf, 12 de Gien, 8 (2) d'Orléans, 3 1/2 de
Jargeau. Assemblée le dimanche d'après le 8 juin, jour de saint Médard.
Ruisseau. Pays couvert. Le terroir a quelques vignes, quelques blés et
prés. Le surplus est en bois et forêt. Les écarts sont : Sentimaisons, Le
lioup Pendu et la Cour-Dieu qui est une riche abbaye de Bernardins. La
cure vaut environ 8001.
17G8. — 89 feux. L'évèque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Terres labourables, 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par
arpent. Menues et vertes dîmes, 18".
Taille de la paroisse en 1788. — 3,911 1., dont 1.847 jjour le prin-
cipal et 2,004 pour les impositions accessoires et la ca[»itation.
Procks-verbal. — Assemblée électorale le dimanclie 1'''' mars,
au banc d'œuvre de l'église, sous la présidence, de Claude-Antoine
Jucquean-Dutilloy. procureur fiscal de la ville, justice et chàtellenie de
Jargeau, en l'absence du bailli, assisté de Louis Pasquier, sergent ordi-
naire en ladite justice, commis [)()ur greflier à cause de rinilispi»sili(iii du
greffier ordinaire. — Po^mlaLlon : 95 feux. — Comparanls : François
Beulin, syndic de la paroisse (12.10 -|- 13.17); François Servais
{io.~)-\- 1<).19) ; Eustache Thiercelin (28.15 -f- 31.17); Louis Séjourné,
membre de la nuuiicipalilé ((îO.5 -[- G7.10); Augustin Gitton (20.15-|-
23.1); Marin Trembleau (.38.10 -}- 42.14); Louis Johanet, greffier de
1,1 municipalité (33 -|- 36.1;!); .Ican-François Tixerant (11.5 -f- 12.9);
iXicoias Tinseau (10.10 -j- 11.13); Pierre lAuiqueau ; Jean Péguy
(24.5 -j- 2(5.18) ; Martin Delanoue (8.15-|-9.14) ; Pierre Bizeau (3-f-3.7) ;
Jean Luttoii (15.5 -f- 10.19); Etienne Doré (7.5 -{- 8); Pierre Arche-
(1) Au-dessous, 85.
(2) Au-dessus, :> 1/2.
CAHIER DE DOiS'NERY. 249
naiilt (14. l.")-!- 1(3.7); .lacques Massieard ; Jean Poteau (11.10-f- 12.15);
François Bi'uneau (24 -j- 26.13) ; Pierre Bertrand (()-]- 0.13); Antoine
Ouvrelle (12 -f- 13.0); Louis Chantereau (.53.1.5 -[-59.12). — Députés :
Augustin Gitton ; Martin Trembleau.
PoPUiATioN EN 171)0 : 4U2 habitants.
Cahier cVIngrannes.
Comparaison avec les cahiers de Jargeau, Férolles et Bou :
Même titre.
Le préambule commence aux mots : Les habitants de ladite
paroisse d'Ingrannes sont cliargés d'une foule d'impôts. . .
Art. i, 2 {moins les mots : des cuirs et boucheries), 3 comme
Férolles; 4 comme Bou; 5 comme Férolles; () comme Jargeau
et comme 7 de Férolles ; 7 comme 7 de Jargeau, 8 de Férolles
et 6 de Bou ; 8 comme 8 de Jargeau et 7 de Bou ; 9 et 10
comme Jargeau et Férolles et 8 et 9 de Bou ; il comme
Férolles.
Fait et arrêté par lesdits habitants le 1^ mars 1789, l'as-
semblée tenante et présidée par maîti^e Claude -Antoine
Jucqueau, procureur fiscal en la ville, justice et chàtellenie de
Jargeau, faisant en cette partie pour l'absence de M. le bailli
d'icelle, juge de cette paroisse. Ceux des habitants qui savent
signer ont signé, et ceux qui ne le savent pas ont déclaré ne le
savoir.
(Suivent les signatures de ïixerant; Poteau; Gitton, Fou-
queau ; Louis Johanet ; Beulin ; Pasquier, commis greffier, et
Jucqueau.)
DONNERY.
Dép. Loiret. An\ Orléans. C»". Orléans \.-E.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. 112 feux.(l). Le duc d'Orléans. On écrit
(1) Au-dessous, lie.
250 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
par Orléans. Justice de Jargeau, r. au b. d'Orléans. Br. de Ghâteauneuf.
A 3 lieues de Ghcâteauneuf, 12 de Gien, 3 d'Orléans, 1 de Jargeau.
2 assemblées; le lundi de la Pentecôte et le dimanche après le 3 août,
jour de saint Etienne. Sur le canal d'Orléans. A 1/2 lieue de la forêt
d'Orléans. Dans une plaine. Vignoble et forêt, blés et prés. Il y a la terre
de la Touche où il y a justice; elle appartient à M. le Duc. L'ancienne
maison seigneuriale qui se nommait Allonne est détruite. Les écarts sont :
le Gazon, la Grande Maison, le Plessis. la Mouzinière, la Bergerie, le
Morail, le Bois des Armes, la Poterie, la Patillerie, le Bois Gaut, le
Bouchet, la Rouaiinière, les Barreaux et les Petites Bordes. La cure
vaut environ 1,100 1.; c'est un prieuré de Sainte-Geneviève.
17G8. — 110 feux. Madame de la Touche. Vigne.
DÎME. — Grosse dîme : blé, 1 gerbe par arpent ; avoine, orge, blé noir
et navières, la 18'' planche ; vignes, une pinte par {)oinçon. Verte dîme :
pois, la 18^ planche. Menue dîme : cochons, le 18*^ ; agneaux, 1 s. par
tête.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,34(3 1. dont 2,052 pour le prin-
cipal et 2,294 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Claude-Antoine .Tucqueau-
Dutillov, bailli des justices d'Allonne et de Donnery, assisté de Raymond-
Alexandre Delasalle, sergent royal au bailliage d'Orléans, demeurant à
Jargeau, commis pour greffier. — Population : 100 feux. — Cotnpa-
ranls : Jacques Baudiii, meunier, syndic de la paroisse (49.15 -}- 55.5) ;
Pierre Desbois (34 -f- 37. 15), François Deberne (8.10-)- 9.9), Etienne
Barrué (10 -|- 11.2), membres de la municipalité; Louis Lenfumé, com-
missionnaire, greffier de la municipalité (30 -j- 40.1); Nicolas Gobert, de
la Moulinière, commissionnaire (34 -j- 37.18); Jacques Lemaire, gagier
(10 -j- 11.2); Jacques Auger, laboureur (60 -|- 00. 13); Jacques Brunet
(10-(-11.2); Louis Goby (7-]-7.15); Antoine Chemin, vigneron (11.5 -f-
12.10); Etienne Leclerc (12-)- 13.0); René Lelard ; P'rançois Gigou
l*aîné (8-)- 8. 18); François Gigou le jeune, cabarctier (8 -[-8. 18); Fran-
çois (Joujon (10.10-)- 11.13); Joseph Lecointo (9-j- 10); François Nicole
(11-)- 12.4); Pierre Massias le jeune (labouicur. 115-)- 127:19, ou
vign.'roii, 10 -f- 11.2); Etienne Maupilé (18-)- 20. 2); Clément Lutlon
(7. 10-)- 8. 7); Etienne Hue (8-)- 8. 17); Louis-Pierre Mousset, édusicr
(10-)- 11.2); Syniphorien Malbec (10-^-11.2); Etienne Semelle (9-f-
10); Éliriiiic Giiillcineau (()-]-0.l3); Louis Rousseau (20-)- 22); Louis
CAHIER DE DONNERY. 251
Martin, manœuvre (15 -j- 16.13) ; Jacques Jacquet; Euverte Robert,
gagier; Martial Gorbery, membre de la municipalité (05. 15 -J- 106.7);
Antoine Boistard (.S6 -j- 40.3) ; François Guillemeau (11.5-J-i2-10) ;
Jean Lecointe (0 -f- 10). — Députés : Nicolas Gobert, de la Moulinière ;
Jacques Auger.
PopuL.\TioN EX 1790. — 553 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Donnery, lequel sera remis à rassemblée
qui doit se tenir du Tiers état. a Orléans pour la tenue des
Etats libres et généraux.
Arrêtent que leurs dits députés requiérerout et remontreront
dans ladite assemblée qu'il est nécessaire pour le bien public
d'accorder par Sa Majesté :
Art. lei\ — La décharge de la taille, capitation, industrie,
corvée, aides, gabelle, contrôle, centième denier, insinuation,
succession collatérale, droit de franc-fief et généralement tous
les impôts qui se prélèvent aujourd'hui ; et pour tenir lieu de
tous ces impôts, il en serait établi un seul qui sera réparti
suivant les propriétés d'un chacun, sans avoir égard à aucun
privilège personnel ou résultant des charges ;
Art. 2. — Que rimp(H territorial une fois établi, il ne soit
perçu aucune dîme ni par le curé, ni par le seigneur, ni par
qui que ce soit, et que le casuel forcé de M. le curé sera
supprimé ;
Ar-t. 3. — Qu'il sera nommé dans la paroisse un receveur
pour l'impôt territorial, le({uel sera tenu de verser directement
au Trésor royal pour éviter des frais ;
Art. 4. — En conséquence de l'article ci-dessus, la suppres-
sion de tous les receveurs des impositions;
Art. 5. — La diminution des frais exorbitants do la justice et
la simplification des formes ;
Art. (). — Le rétablissement du grand bailliage d'Orléans
avec des modifications:
252 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 7. — La suppression des droits de gnierie.
Fait et arrêté par lesdits habitants le lundi 2 mars 1789,
l'assemblée tenante et présidée par M. le bailli de cette
paroisse. Ceux des habitants qui savent signer ont signé; à
l'égard de ceux qui ne le savent pas, ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 22 signatures : celles de Boudin, syndic; Lenfumé,
greffier de la municipalité; Delasalle, commis greffier, etc., et
celle de Jucqueau.)
DARVOY.
Dép. Loiret. Ad'. Orléans. Co". Jai-geau.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg- et paroisse. 214 feux (1). L "évêque d'Orléans. On
écrit par Jargeau. Justice de Jargeau. Br. de Châteauneuf. A 3 lieues de
Ghâteauneuf, 11 de Gien, 4 1/2 d'Orléans, 1/2 de .Jargeau. 2 assem-
blées, le jour de rAseension et le 30 novembre, Jour de saint André.
Route de Sandillon à .largeau. Près la Loire ; à une portée de fusil de la
levée. Vignoble et quelques seigles. Les hameaux : sont les Aises, le
Verger, la rue (^haudy, les P(nntes, la Place, Pontvilliers et Recullé.
La cure vaut environ 1.000 1. : à la nomination du chapitre de .lar-
geau.
17()8. — 154 feux. L'évèque (TOrléans. Blé.
DÎME. — Blé, 2 gerbes par arpent. Menus grains, le 13'\ Vin. 1 pinte
par poinç(jn.
Tauj.e de la paroisse en 1788. — 5,4()() 1. 7 s., dont 2,r)()4.lO pour
le principal et 2,842.7 pour les ini[)ositions accessoires et la capi-
tation.
PRocÈs-vERriAL. — Asseuibléc électorale le samedi 28 février, au
banc dœnvre de l'église, sous la présidence de Jean-Damien Chauftoii,
conseiller ilu Koi, docteur-régent en l'Université d'Orléans, bailli du la
ville, justice (!t chàtellenie de Jargeau. — Populalio7i : 180 feux ou
environ. — Cotnparanls : Vraiii Dufour (40.10-}-45) ; Etienne Mazuray
(3(3 -[-40); Vrain (lojon (27-[-30) ; Jean Miclndin (20.10 -f- 32. lO) ;
Ktienne Mazuray le jeune (21 -|- 23. 7); .Jacques Pufonr (.'M.IO -|-3.")) ;
(1) Au-ilossous, 22''».
CAHIER DE DARVOY. 253
Jean Maître, laboureur (Gi -j- (37,16) ; Fran(.'ois Taffery (30 -{-
33.7); Jacques Fourage ('25 -[- 27.10) ; Jean Gojon (21-)- 23.7);
Jacques Levacher (11 -f- 12.5); Jacques Verger (30.10 -[- 33.18) ;
Alexis Creuzaril (Ki.lO -f- 18.7) ; Alexis Serin (10.10-)-18.7) ; André
Gojon (17 -f- 18.18); André Dufour (3*J -j- 43.7) ; André Chesiieau
le jeune (17.10-f- 19.9) ; André Ghesneau l'aîné (22 -f- 24.9); André
Delahaye, vigneron (30 -[-33,7); André Noé l'aîné (19.10 -j- 21.14) ;
André Lassaleau (10-)- 11.2) ; André Bidon (15 -)-1(j.13) ; André Gojon
fils (12 ^13.7) ; Biaise Ghouard (IG.lO-f 18.7); Claude Péguy (9.10 -j-
10.11); Denis Varanne (13.10 -)- 15); Denis Robert (8.5-)-9.3); Etienne
Verger (13.10-]- 15); Etienne- Vrain Venon (40-)- 44.9) ; François Belle-
toise (35.10 -f 39.9); François Serin (7.10 -)- 8.7) ; Gilles-Etienne
Venon (11.10-1-12.1(3) ; Gilles Paris l'ainé (10-)- ii-2) ; Hilaire Serin
(22.10-^25); Jacques Trasbot (19-)- 21.2) ; Jacques Poignard (20-)-
22.5) ; Jacques Rousseau, pauvre (2 -f- 2.4) ; Jacques Desnoues (10-)-
11.2); Jacques Bourguignon (16-)- 17.15); Jacques Poignard, de la
Courtinière (15-)- 16.13) ; Jean Larty l'aîné (21 -)-23.7) ; Jean Moreau
(18.10-)-20.11); Jean Paurelle (194-21.2); Jean Ghouard, sonneur
(8 -[-8.18); Jean Lagneau (12.10 -|- 13.18) ; .Jean Vauxion (5.5-)- 6.8);
Louis Varanne, de Ghaudy (13 -[-14.8); Louis Varanne, de RecuUé
(37 -[-41. 2) ; Marin Péguy (21 -f- 23.7) ; Nicolas Noé (21.10-^23.18) ;
Nicolas Brûlé (11.10 -[-12.16) ; Jean-Michel Bonnin; Pierre Noé (32 -\-
35.11); Philippe Venon (8-[-8.18) ; Pierre Gojon, des Prateaux (18 -j-
20); Pierre-Robert Lange (7.10-[- 8.7) ; Pierre Brochard le jeune
(26.10 -[-29.9) ; Pierre Poignard le jeune (10 -j- 11.2) ; Sébastien Bros-
sard (17-)-18.18); Toussaint Gojon le jeune (7-)-7. 1(3); Toussaint Gojon
l'aîné (21 -\- 23.7) ; Vrain Ducloux (10 -[- 11.2) ; Vrain Delahaye (6 -[-
6.13) ; Vrain-Nicolas Cordier (23-)- 26.2), tous vignerons, à l'exception
de Jean Maître, laboureur; de Vrain-Nicolas Cordier, meunier; de
Jacques Levacher, tailleur. — Députés : Vrain Gojon ; Vrain
Dufour.
Population en 1790. — (393 habitants.
Collier de doléances et représentations pour la paroisse de
Darvoy, généralité dOrléans et élection audit Orléans.
Il est à la connaissance de tout le puljlic des environs que,
depuis plus de trente ans, la paroisse de Darvoy est une des
254 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
paroisses des plus malheureuses de la généralité. Les vignes,
qui occupent plus des trois quarts de son terrain, sont presque
tous les ans attaquées des vers et mangées par ces misérables
insectes qui l'empêchent de pousser et de porter ses fruits à
une maturité convenable et domier une bonne récolte ; ce qui
rend ses habitants pauvres et misérables, et hors d'état de pou-
voir aisément payer les impôts quelconques.
Ce considéré, ils osent se flatter qu'on aura égard à leur
exposé dans l'assemblée générale de la province et d'appré-
cier (i) leurs très liumbles représentations aux États généraux
<hi royaume.
Quant à ce qui regarde les impôts, la taille, la capitation,
vingtième, corvée et gabelle à lever, ils s'en rapportent entiè-
rement aux lumières et à la sagesse des personnes très respec-
tables des trois États qui doivent composer les États généraux
du royaume et représenter la Nation, et qui, comme on l'espère,
trouveront les moyens de les percevoir d'une manière moins
coûteuse et à la décharge du pulHic.
Tout le monde désire beaucoup ({u'on abrège les procédures
et que les procès deviennent moins coûteux, en coupant court
à toutes chicanes inutiles et qui embrouillent plus les matières
qu'elles ne servent à les éclaircir et deviennent ruineuses pour
ceux qui ont des affaires pendantes par devant les bailliages
quelconques et les Parlements du royaume.
Quant à la police, elle est exercée par M. le pi'ocureur fiscal
de la justice et chàtellenie de Jargeau; si on juge à propos d'y
faire quelques changements, on s'y soumettra.
La fabrique est peu riche, et si peu de reveims {'■I) (iirellea
à percevoir sont grevés de beaucoup de fondations et cliargés
de donner depuis très longtemps au sieur curé 61) livres par an
pour le loyer de sa maison, n'y ayant point de presbytèi-e; et
iiièiiie, depuis plus de vingt ans, tout ayant augmenté, les
00 livres lie suflisaiit point pour loger le curé, M. riiilciHlaiit
(i) C'est-ù-dire : et qu'on voudra bien apprécier.
(2) C'c8l-à-diro : la si petite (juantité de revenus.
CAHIER DE DARVOY. 255
accordait tous les ans un rescrit de 20 livres à prendre au
bureau des tailles pour faciliter au sieur curé pour payer son
loyer ; ce, en attendant que la paroisse fût plus en état de rebâ-
tir le vieux presbytère qui, probablement, a été détruit du temps
des guerres civiles.
Tous les habitants souhaiteraient qit'on augmentât leur cure
jusqu'à concurrence de 2,000 livres, suivant le plan pris pour
toutes les cures de la généralité. Mais comme, dans l'étendue
de la paroisse, il n'y a aucun autre bénéfice qui puisse y être
joint pour son augmentation, ils ignorent les moyens à prendre
pour la rendre meilleure, sinon que, si la communauté de la
Cour Dieu venait à être détruite, ils prieraient instamment
de vouloir bien en détacher des biens et les joindre à la modi-
cité de la cure de Darvoy, et, par là, mettre à même le curé de
vivre plus aisément et pouvoir se passer du casuel forcé. Ils le
désirent d'autant plus que le revenu presque total de la cure ne
consiste qu'en vigne et en dîme en vin à une pinte par poinçon,
ce qui est très modique.
La cure ne vaut pas plus de 800 livres, savoir : 2(X) livres
d'alïermage de grosse et menue dîme, en blé, pois, etc.;
200 livres la dîme en vin, le tout bien évalué à la rigueur et en
la levant soi-même, la faisant valoir (1) 100 livres pour le pro-
duit des vignes de la cure, s'il était affermé ; 150 livres de fon-
dations, sans y comprendre les honoraires des messes, qui n'y
sont point du bénéfice ; 150 livres enfin de casuel, assez mal
payé à cause de la pauvreté des liabitants.
Remontrent les habitants que la cure ne peut être augmentée
qu'en y joignant quelques biens ou fonds ecclésiastiques, mais
que les habitants ne peuvent en aucune manière contribuer à
cette augmentation, soit par une augmentation de dîme, qui
est, quant à présent, assez onéreuse à présent(s/c)pour les habi-
tants, ni par quelque autre contribution que ce soit.
Lesdits habitants ont représenté ci-dessus qu'ils s'en rappor-
taient à la sagesse des députés pour l'assiette de la taille, autres
(1) C'est-u-dire ; le curé lu levant lui-mùme et, s'il la faisait valoir en l'affermant, 100 livres. . .
256 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
impôts et leur perception ; et observent ici qu'il serait à
souhaiter que les impôts qui soient ou seraient établis à l'avenir
soient généralement et uniformément payés pai' ([iii que ce
soit, sans aucune dislinction de personne et de qualité, soit
ecclésiastique, noble ou rotuiier, et aussi de supprimer tous les
privilèges réels et fonciers, lesquels privilèges sont accordés
presque toujours à des personnes d'ailleurs, ce qui fait que la
masse des impôts ne tombe que sur la partie du peuple qui
gagne sa vie à la sueur de son front.
LesdiLs Jiabitants souhaiteraient qu'on supprimât les fiefs et
que les terres qu'ils possèdent n'eussent pas la qualité d'un fiel
ou de bien noble, parce que, d'un côté, les droits de franc-fief
sont très onéreux pour ceux qui les paient, quoique, à ce qu'ont
entendu dire lesdits habitants, que (sic) ces droits rapportent
peu au Roi à cause des grands frais de perception, et (|ue, de
l'autre, les prérogatives dans les successions des fiefs sont pré-
judiciables à des familles de vignerons.
Les liabitants ont ci-dessus exposé qu'il y avait beaucoup de
misère dans la paroisse à cause que le terrain est stérile et
ingrat, laquelle misère est, cette année, portée à un si haut
degré que la moitié des habitants est forcée de mendier et
demander leur pain, et que la misère dans cette paroisse ne peut
qu'augmenter et présenter aux habitants un avenir désespérant,
si l'on ne rétablit le pont de Jargeau dont une seule arche a été
emportée par la dernière desserre (1), parce qu'alors les vins
de ce pays n'auraient aucune valeur, faute de débouchés.
Fait et arrêté par lesdits habitants le samedi 28 février 1789,
l'assemblée tenante et présidée par M. lebailU de Jargeau, juge
de cette paroisse. Ceux desdits habitants qui savent signer ont
signé et ceux qui ne savent pas ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 27 signatures : celles de Jean Gojon ; Levacher,
syndic; Etienne iMazuray, etc., et celles de Chaufton et de
llcni'y, ((iiiiinis greffier.)
(1) Uéijùcle.
CAHIER DE VIEx\NE-EN-VAL. tZ.")?
Le cahier de Vienne-en-Val, rédigé sous la présidence de Desbois, notaire
à Jargeau, présente beaucoup d'analogies non seulement avec ceux du
groupe de Jargeau, mais aussi avec ceux du groupe de Chàteauneuf, dont il
pourra être utilement rapproché.
VIENNE-EN-VAL.
Dép. Loiret. Avr. Orléans. C'^^. Jargeau.
Gén. El. Orléans. Grcn. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Petit bourg et paroisse. 120 feux (1). L'évêque d'Orléans.
Justice de la prévôté d'Orléans et de celle de Jargeau. On écrit par Jargeau.
Br. de Chàteauneuf. A 3 lieues de Chàteauneuf, 10 de Gien, 5 1/2 d"(;)r-
léans et 2 de Jargeau. Assemblée le dimanche après la Sainte- Anne, qui
est le 26 juillet. Route de Jargeau à Chàteauvieux. Côte de Sologne et
Val de Loire. liC terroir est en vignes, prés et blés. Il y a le hameau des
Prateaux. La cure est un prieuré de Saint-Euverte, qui vaut environ
1,000 livres de revenu.
1768. — 104 feux. L'évêque d'Orléans. Vigne. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes : blé, 2 gerbes par arpent ; menus grains,
le 13". Menues dîmes : agneaux, laine, le 24".
Taille de la paroisse en 1788. — 5.432 1. 10 s., dont 2,564 I. 10 s.
pour le principal et 2,868 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'''" mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Simon-Jérôme Desbois,
notaire royal du bailliage d'Orléans, à la résidence de la ville et châtel-
lenie de Jargeau. — Population : 133 feux ou environ. — Comparants :
Pierre Gambray, laboureur (30 -}- 33.11) ; François Belleau, jardinier,
ancien syndic (15.15-|-17.12) ; Jacques Pelletier, laboureur (80.10-|-
100.1) ; Denis Asselineau, manœuvre ; Alphonse Grandjean, laboureur
(94. 15 -|- 105.10); Jean Champault, marchand (6-[-6. 14); Louis
Regnault, laboureur (73 -j- 81. 12) ; Jean Berthelot, laboureur (62.10-}-
69.17); Alexandre Riciiard, laboureur (60.10 -}- 77.14); Claude Auger,
laboureur (83. 10 -j- 5)3. 7) ; Joseph Sirotot, laboureur (50.5 -f- 5(5.4) ;
Pierre Gastellier, jardinier (5.15 -f- 6.0) ; François Grandjean, laboureur
(83. 15-}- 93. 12); Alphonse-Math uriii Ducloux, cabaretier (11.10-f-
(1) Au-dessous, 117.
T. I. 17
258 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
12.17); Sylvain Héau, laboureur (70 -f- 84.19); Etienne Neveu, maré-
chal (25-)- 27. 19) ; Pierre Dumonté, journalier (4 -|-4.9) ; Louis Dumas,
laboureur ; Louis Louvrouer, marchand ; Claude Baudin. laboureur
(50.10-)- 50.9); Pierre Dautry. charron (11-)- 12.0); Nicolas Baudin.
laboureur (93 -f- 103.19) ; Martin Lambert, charron (20-)- 22. 7); Jean
Tavernier, manœuvre (4-)- 4.9); Jean Briay (?), cabaretier ; Claude
Tellier, manœuvre (0-)- 0.14) ; P'rançois Brinon, manœuvre; Pierre
Berger, manœuvre (10 -f- 11.4) ; Jean Lambert, laboureur (5.10 -)- 0.4) ;
François Villedamné. laboureur (92. 10 -j- 103.9) ; Jacques Régnier,
laboureur (22 -)- 24.12) ; Sylvain Oastellier. laboureur (28-)-31.G) ;
Louis Regnault, laboureur (73-)- 81.12) ; Claude Venon, manœuvre
(0-f-ô.l4); Vrain Maître, tailleur (3-|-3.7) ; Gilbert Sauge, manœuvre
(0-)-ô.l4) ; Pierre Souche, manœuvre (3.5-)- 3.12) ; François Dupuis,
manœuvre (17 -\- 19) ; Jean Ménager, meunier (27 -j- 30.4). — Députés :
Pierre Cambray ; P'rançois Belleau.
PopuL.\TioN EN 1790. — 590 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances de la paroisse de Vienne-
lez-Jargeau, élection dOrléa.ns.
"Jo Demandent les habitants de ladite paroisse l'abolition de
la taille, accessoires d'icelle, vingtièmes, corvée, gabelle et droits
d'aides, ponr lesdites impositions être converties en un seul
impôt territorial qui serait payé par les propi'iétaires, à la charge
par les fei-miers de tenir compte au.x ])ropriétaires pendant la
durée de leurs bau.x: dos sonnues ([u'ils ])aieid pour lesdites
impositions ;
2" Que, s'ils ne peuvent obtenii' l'abolition entière de la corvée,
il loiu' soit pei'mis de la faii'e en nature, et ce, dans l'étendue
de Inii' paroisse, afin de rendre les clicmins pralicablcs tant
poui' le tr;msport de leurs denrées cpie ])our la comniunicalion
des villes et Ijourgs, villages voisins, où se l'ait le débit desdites
deni'(''es.
.'{" Dcniandcnl Icsdils habitants, dans les niénics \iies cl pdiii'
1rs niénics l'aisons, la reconstruction dn pont de .largcaii,
dégrad(' |iar la débâcle du 18 janvicc dcniici', vu (juc les iiiar-
CAHIER DE VlEiNNE-EN-VAL. 259
elles de cette ville sont les seuls où les denrées du pays puissent
être transportées et vendues, lesquels marchés seraient presque
anéantis si la communication des paroisses au delà de la Loire
continue à être interceptée.
4» Demandent lesdits habitants la réformation de l'arbitraire
dans la perception du droit de contrôle et de franc-fief comme
injuste et onéreux aux familles, ce qui est contre l'esprit des
ordonnances, le contrôle n'ayant été établi que pour la sûreté
des familles et non pour les grever, et le droit de franc-fief ne
devant être perçu que tous les vingt ans, puisque, en le payant,
on acquiert le droit de jouir de son fief pendant 20 [ans] sans
payer de nouveaux droits, et ce droit devient purement imagi-
naire dans l'état actuel des choses puisqu'il est exigé à chaque
mutation qui peut arriver et qui arrive souvent plusieurs fois
dans l'espace de vingt ans.
50 Représentent lesdits habitants l'abus qu'il y a dans les
rentes foncières perpétuelles et non rachetables, en ce qu'elles
ôtent la liberté de disposer des biens qui en sont chargés ou
en diminuent considérablement le prix par la difficulté de trou-
ver des acquéreurs qui veulent se charger de pareils biens,
à moins qu'ils ne retiennent en leurs mains une somme plus
qu'équivalente au principal de la rente, et que d'ailleurs le taux
de l'intérêt pouvant varier, le principal peut augmenter au
préjudice des biens dont la valeur est diminuée pour le vendeur
à proportion de l'augmentation dont l'acquéreur demeure nanti
sans pouvoir en aucun cas payer une plus forte rente; ils de-
mandent donc que toutes les rentes, de quelque nature qu'elles
soient et à quelque personne qu'elles appartiennent, puissent
être remboursées par les détenteurs des biens qui en sont grevés,
sur le pied de leur création ;
60 Que les frais de justice soient diminués et les formes abré-
gées et simplifiées, en ce que les formes actuelles sont également
préjudiciables aux débiteurs et aux créanciers, qui ne deviennent
que trop souvent la victime de la cupidité et des conseils intéressés
d'un procureur avide ([iii est toujours sûr d'èfre ])rivilégic et
200 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dont la soif insatiable n'est souvent pas éteinte après avoir
consoninié en frais l'objet contesté.
7° Enfin, lesdits liabitants désireraient une administration
municipale composée du syndic et de deux membres de la mu-
nicipalité qui seraient clianiiés tous les ans pour exercer la
police, arrêter les mendiants et gens sans aveu et veiller à la
sûreté de la conmmnauté. Quant aux moyens à employer pour
opérer les changements désirés, ils s'en remettent entièrement
à la sagesse et à la prudence des députés (jui doivent former
les États généraux.
8» Demandent aussi lesdits liabitants la suppression des
charges de commissaire aux saisies réelles et de receveur des
consignations, et que les biens dont la vente sera forcée soient
vendus en l'étude d'un notaire, au choix du débiteur, et les
deniers provenant desdites ventes, ou autres, sujets à consigna-
tion, soient aussi déposés chez les notaires, sans frais.
9o Enfin, désirent lesdits habitants avoir le droit de plaider
eux-mêmes leurs causes dans les justices subalternes ou les
faire plaider par un ami, sans être obligés d'avoir recours au
ministère d'un procui'eur, dont le zèle est nui suivant les facul-
tés de son client. Quant aux moyens à employer pour opérer
les ciiangements désirés, ils s'en remettent entièrement à la
sagesse et à la prudence des députés (|ui doiv(Mit former les
États généraux.
Fait et arrêté au banc de TaHivre t\v la fabrlipie de Saint-
Martin de' Vienne, le dimanche Ilt mars 1789.
(Suivent 13 signatures : celles de ('IiikIc Anger ; Alphonse
Grandjean, syndic; Denis Gateliiieau, grellier, etc.)
23o SAINT-De.NIS-UE-L'I lÙTKL.
{Ancuninemcnt S.\iNT-L)i;Nis-iii;-.l.\iuii:AU.)
Dép. Li)ii'et. An-. Orlrans. C'"". ( lliàtcaiiiirur.
Ge}i. Kl. Orléans, (iren. Dioc. (Jliàteauiieuf. Dioe. Oi-léans.
JoLSSK. — liourj^ et paroisse. Bourg sé[)aré par un pont de.Iargoau,
CAHIER DE SAINT-DENIS-DE-L'hÔTEL. 261
dont on pi'étend qu'il était anciennement faubourg-. 24<) feux. M"" Sau-
veui'. Haute Justice, r. à Orléans. On écrit par Orléans. Br. de Chà-
teauneuf. A 2 lieues de Ghàteauneuf, 11 de Gien et 4 d'Orléans. Il y a
la terre et seigneurie de Ghenaille à 1/4 de lieue. Grande route d'Oi^léans
à Gien. Route de Fay à Jargeau. Sur la Loire. Plaine ; vig-noble et
terres labourables. Le terrain est sablonneux. Les écarts sont : les
grandes et les petites Venelles et P'onjuif. La cure vaut environ 800 1. ;
à la collation du chapitre de .Jargeau.
1768. — 232 feux. M"« Sauveur. Vigne.
DÎME. — Grosses dîmes : blé, 1 gerbe par arpent ; avoine, orge, blé
noir et navières, la 18" planche; vin, une pinte par poinçon. Vertes
diraes : pois, la 18" planche. Menues dîmes : cochons, le 18" ; agneaux,
1 s. par bête.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,0(34 1. 11 s., dont 4,102 pour le
principal et 4,562.11 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le samedi 28 février, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de .Jacques Baudin, licencié
ès-loîs, bailli de la justice de Saint-Denis-de-1'Hôtel, assisté d'Antoine-
Marie Fouqueau, son greffier ordinaire. — Population : 264 feux. —
Comparants : Jean Brugère, vsyndic (19 -f- 21.2); Louis Regnault
(22-[-24.8); Simon Poignard (50-^-55.12); Louis Roquet (51.10-|-
57.6); Pierre Delaeoute ( 23 -j- 25. 11); Jean Trousseau (18-J-20);
Thomas Ducloux (17.10^ 10.10); Sébastien Gaillard (67.10 -j- 75.2) ;
Saturnin Ghariau (22. 10 -|- 25), tous membres et adjoints de la munici-
palité; Etienne Picault (38^42.5); Alexandre Jarry (100 -j- 111.4);
Louis Goulon (20-]-22.4j; Jérôme Gallaut (57 -|- 63.6); Louis Huot
(22-f24.8); Noël Flattet (4-[-4.0); (Uiillaume Bernard (lO.lO-j-
11.12); Jean Boisnard (23-f- -'-H); Jacques Rocher (24 -f- 26.12 ) ;
Denis Rocher (8^8.18); Ednie Delaeoute (11.10 -f- 12.15) ; Edme
Gornolle (22 -|- 24.8); Jacques Delarue (14 -f- 15.10); Pierre Houv
(27.10 -f- 30. 11); André Souchet ; Jean Fouqueau (27-)- 30.1); Glande
Aubert (11.10 -f- 12.15) ; .Jean Gordier (18-]- 20); Marin Gordirr
(10. 10 -f- 11.1.3); .Tean Brunal ; Jean Merlin (14-)- 15.10) ; Denis
Rrémant (7.10 -)- 8.7) ; Adrien Brémant (18-)- 20); Louis Ghambolle
(14. 10-)- 16.2); Antoine Ghambert : Jean Trousseau (18-J-20); Pierre
Passegué (10-)- 21.2); Victor Boin ( 11.5 -f- 12.10); Jacques Lange
(24 -|- 26.2); Antoine Souchet; Louis Glément ; Etienne Merlin (3-j-
3.7); Simon Loi-geron (15 -f- 16.13) ; .lacqucs Gordier (18-)- 20);
:>0'2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Etienne Nollet ; Denis Blondeau (l;i.5-j- 14.4) ; Jaeques Bouthemy
(20-}- 22.4) ; Nicolas Giiignard (8 -|- 8.18) ; François Asselineau ; Louis
Pai-tin (3-J-3.7); Etienne Bertillier (4.5-J-4.14) ; Michel Dubois
(2-J-2.4); Louis Vitel (G-f-0.l::5); Antoine Delaloy (5. 10 -f- 0.2);
Etienne Nollet (20-]- 22.4) ; Jean Brémont ( 10 -|- 11.2); Denis Delaloy
(15-)- 16.13). — Dépulës : Jean Brugère ; Louis Regnault ; Alexandre
Jarry.
Population en 17!»0. — Ll^O li;i))itanls.
CaJiier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Saint-Dcnis-dc-V Hôtel qui sera porté par
leurs députés à l'assemblée du Tiers état qui se tiendra à
Orléans pour les États généraux.
La plus ,nraiî(l(' partie de cette paroisse est en terres mait^i'es
et peu l'ertile ; l'autre partie est composée de vignes de peu de
ra{)port ; la yelée les a endommagées au point que l'on sera
forcé d'en arraclier une certaine quantité et de couper le
surplus au pied, ce qui fait que les habitants seront, pendant
au iHoiiis trois ans, sans récolte dans ces vignes. Partie des
iiabi laids sont laboureurs et manœuvres, l'autre vignerons
et ai'tis;nis. Le général est pauvre, surcliargé de dilléreuls
impôts dont la moitié nette ne parvient pas au Roi, rappoii aux
gi-andes déj)enses qu'occasioime la perception actuelle. Les
habitants désirent bien contribuer aux besoins de l'État, mais
d'une manière à leur laisser ce qui est nécessaire pour leur
subsistance, qu'ils ne gagnent (ju'à la sueur de leur front. Ils
ont tous rélléchi mfirement sur le jjarli à prendre^ pour rétablir
les finances sans être davantage surcliai'gés d'imixMs et ils
ont reconnu que le seul ipiil y ail et (|u"ils (Icuumdciit
est :
']« De supprimer les taille, capitittion, vingtièmes, supplé-
ments et corvées ;
'2" De siippiiiiicr jfs rcrniiers généraux, les di'oils d'aides de
joutes espèces, les droits de gabelle, de lab;ic, des cuii's, d'iiis-
peclion aux boucliei'i(>s, de contn'ile, ceiilième deuief, insinua-
CAHIER DE saint-denis-de-l'iiùtel. 203
tion, de succession collatérale, de franc-fief, et généralement
toutes sortes (rinipùts ({ui se prélèvent aujourd'liui sur toutes
choses ;
30 De supprimer tous les privilèges dont jouissent (|uantilé
de personnes (pii réunissent la plus grande partie des biens
de la France sans contribuer aux inip(')ts qui ne sont payés que
par les malheureux ;
40 De supprimer tous les lieis qui sont très gênants et coû-
teux pour les propriétaires et mettent l'inégalité dans les famil-
les, et accorder à un cliacun la faculté de rembourser les rentes
foncières, même celles dues aux gens de mainmorte;
50 D'établir un seul impôt pour tenir lieu de tous ceux (pii
subsistent actuellement, lequel sera réparti sur tous et chacun
des habitants par le général d'eux, dans chaque paroisse, pro-
portionnément à leurs propriétés, commerce et facultés, sans
avoir égard à aucun privilège, soit personnel ou résultant de
charges ; que cet impôt soit versé par quartiers directement au
Trésor royal, sans frais, par celui qui sera nommé dans chaque
paroisse pour le percevoir. Ce parti n'entraînera dans aucune
dépense, tout ce qui se percevi-a parviendra au Roi, il en aura
beaucoup plus et son peuple sera moins surchargé ;
60 De supprimer les droits de gruerie qui sont onéreux aux
propriétaii-es et les empêchent d'élever des bois qui sont impor-
tants en France ;
70 Permettre aux syndics et marguilliers des paroisses, en
l'absence des juges et officiers de justice, de faire la police, de
dresser procès-verbaux de contravention avec citation devant
le juge (h,i lieu pour voir prononcer les peines prescrites par
les ordonnances ;
80 Abréger la forme de procéder, en établir une moins
longue et moins dispencheuse aux parties; faire un tarif des
droits des procureurs et des greffiers, (pii soit clair et connu
au public ;
9" Que, pour éviter les frais de procé(hu*e, les ventes d'im-
264 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
meubles entre mineurs puissent être valablement faites en
réiude et devant les notaires sans que l'on puisse revenir
contre et les critiquer, et que, lorsqu'il serait donné demande
devant les juges pour ces ventes, les parties soient renvoyées
en l'étude et devant notaire pour y être procédé, tant en
absence que présence des parties, sans autre formalité ;
iOo Que les acquéreurs soient facilités dans l'obtention des
lettres de ratification ; qu'il leur soit libre de déposer leurs
contrats eux-mêmes sans le ministère d'un procureur (jui leur
devient coûteux; qu'il soit permis aux parties d'assigner les
opposants devant le juge du domicile du vendeur ou de l'ac-
quéreur, quoique subalterne, pour faire renvoyer les parties
en l'étude et pardevant les notaires choisis par les parties pour
faire le règlement sur les oppositions et la distribution, tant en
absence que présence, ce que l'on n'accorde |)lus maintenant,
au point (jue le juge retient souvent le règlement et la dis-
tribution à lui, ce qui consomme en partie les prix des biens
vendus ;
11" Que la Nation assemblée à la tenue des États libres et
généraux supplie Sa Majesté de renouveler les constitutions
du royaume, réforme tous les abus qui ne lui sont connus, et
(]u'il soit établi un ordre fixe et durable dans toutes les parties;
qu'il soit ;iri'êt(' (|ii(' l'on ne ci'éera ni registrera dans les cours
supéiùeures aucun iin|)()t ni édit de création de charges moyen-
nant finances, emportant piivilèges, sans, le consentement des
États du royaume ;
l!2o Enfin lesdits liabilants représentent (pi'à la débâcle dei-
nière de la Loire, une des arches du pont de la ville de Jargeau
est écroulée, en sorte que la conmiunication est interceptée,
ce (|ui porte un |>réjudice considérable à leui' paroiss(\ à la
ville (le .Jargcau cl à tous les euNii'ons, ce passage (''tant un des
plus utiles et des plus l'ré(|uentés pour toutes sortes de choses;
p()un|uoi ils sn|)pli(Mit le gouvei'iieinenl d'avoir (''gai'd à leurs
représentations et de faire rétablit' ce pont le pins t(')l [)0ssible,
CAHIER DE SANDILLON. 265
VU la grande nécessité, et qu'il est même de toute impossibilité
d'établir un bac par la position des lieux.
Fait et arrêté par lesdits habitants en l'assemblée tenue
cejourd'liui 28 février 1789, par M. le bailli de cette paroisse,
ainsi qu'il résulte du procès-verbal par lui dressé. Ceux desdits
habitants qui savent signer l'ont fait, et les autres ont déclaré
ne le savoir, de ce enquis.
(Suivent 44 signatures : celles de Jarry; Brugére, syndic;
Delacoute, etc., et celles de Fouqueau, greffier, et Baudin,
juge.)
SANDILLON.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C'^". .Targeau.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg; 2 paroisses. 293 feux (1). De Ghampvallins. 3 jus-
tices, dont 2 r. au b. et l'autre en la prévôté d'Orléans. On écrit par
Orléans. 3 assemblées : 7 mars, 24 juin et 1*"- novembre. 3^ br. d'Or-
léans. A 3 lieues dudit lieu et 2 de Jargeau. A 2 portées de fusil de la
Loire. Route d'Orléans à Vienne [-en-Val]. Vignoble. Le terrain est en
vignes, seigles et bois. Les hameaux sont : Souvigny, les Allots, Ghamp-
vallins, Grevant, Ghartres, Alloux et le Petit Sandillon.
1768. — 298 feux. De Ghampvallins. Vigne.
DÎME. — Grosses dimes : blé, 1 gerbe par arpent ; avoine, orge, blé
noir et navières, la 18® planche; vignes, 1 pinte par poinçon. Vertes
dîmes : pois, la 18" planche. Menues dîmes : agneaux, i s. par tète;
cochons, le 18«.
Taille de la paroisse en 1788. — 9,008 1., dont 4,102 pour le prin-
cipal et 4,90(3 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche P^'' mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Glaude Tilliet, ancien
des procureurs de la justice de Sandillon, en l'absence du bailli. —
Population : 280 feux. — ComjHirants : François Robert, laboureur
(234-]- 278. 18); .Jean Vassort, meunier (44 -f- 52.7); Ythier Damond,
(1| Au-dessous, 288.
-HMj bailliage u'orléans.
charron (3:^-}- 89. 7); Louis Gouilloii l'aîné, vig-neron (21.10 -j- 25.10);
Pierre Gribier (}Ki-\- iiOA\)); Jean Picard, laboureur (35.10-}- 42.10);
Claude Charpentier, laboureur (98 -f- 110.18); André Juranville, cour-
tier, tonnelier et marchand de poinçons (17.10 -)- 20.17) ; Jacques
Léveillé (13 -f- 15.10); François Burgé, charpentier et maçon (17.10-)-
20.17); Jean Malécot, laboureur (65 -f- 77.9); Pierre Noé, laboureur
(126-)- 150.0); Eustache Juranville, préposé des vingtièmes, menuisier,
marchand de charniers (34-j-40.11); Louis Leclerc, courtier, tonnelier et
marchand de poinçons (15-)- 17.18) ; Patrice P'errand, vigneron (10 -j-
19.1); Jean Poulin, laboureur (99 -]- 118); Eustache Burgé, charpentier
et maçon (24.10 -f- 29.4) ; Louis Gouillon fils, vigneron (17-)- 20.4);
Antoine Garnier, compagnon tonnelier (2. 10-)- 3); Martial Grivot, bou-
cher (20.10 -]- 24.9); Pierre Yié, laboureur à moitié (43-)- 51.4);
Jacques Chauffour, vigneron (15 -)- 17.18); Aignan-Nicolas Baudu,
vigneron (18.10 -f- 22.1); Pierre Chevallier, meunier (25.10 -)- 30.8);
Pierre Moreau, laboureur (91 -)- 108.9) ; Pierre Plotton, cordonnier
(3-)- 3.11); Pierre Vauxion, cordonnier (7-f-8.7); Guillaume Robert,
laboureur (.58-)-()9.3) ; Guillaume Sirotteau, fermier à moitié du grand
Marmagne (.58-)-09.3) ; Pierre Oirl)on (10 -)- 11.18); .lacques Leclerc,
vigneron (18 -)- 21.9) ; Nicolas Camus, laboureur (184 -j- 219.8) ;
Gharles-Eustache Garnier, cabaretier (8-)- 9. 11); François Noé (21 -|-
25); Jean-Baptiste Moulin, aubergiste tenant billard et marchand de
charniers (27-)- 32.4); Jacques Curé, vigneron (9-)- 10. 14); Charles
Roquet; Denis Pigeon (0-)-7.3); Charles Rousseau, vigneron (4.10 -)-
5.7); (Charles Riant, tonnelier (5 -j- 5.19) ; Michel Venon, tailleur (2 -|-
2.8); Jean Sirotteau, laboureur (()7 -)- 79.17); Yrain Villedamné, tailleur,
petit marchand et sonneur (19.10 -)- 23.5) ; Eustache-Jacques-Joseph
Moulin, tailleur, petit marchand et sonneur (13-)- 15.10) ; Louis Burgé,
charpentier (8-)- 9. 11); Toussaint Thiercelin, maréchal ((>-)- 7.3); Jean-
Baptiste Gorbon (15.10-)- 18.9); Charles Gouillon (13-)- 15.10); Simon
Foucaut, vigneron (14 -)- 10.14) ; Pierre Brinon, vigneron (21 -)-25.1) ;
Patrice Lasne, vigneron (C). 10 -j- 7.15); Vthier-Sébastien (laiulichau-
Delestre. — Députés : (Claude Tilliet ; Vthici' Damoml ; François
Robert.
i^oruLATioN K.N 1790. — 1,104 habitants.
CAHIER DE SANDILLON 267
Cahier des plaintes, doléances et remontrances respectueuses
que les habitants du Tiers état des paroisses de Saint-
Patrice et de Saint-Aignan de Sandillon ont arrêté en
rassemblée de cejourdliui dimanche i«'' mars 1789 pour
satisfaire aux lettres du Roi pour la convocation des États
généraux à Versailles le 27 avril prochain, ladite assemblée
tenue par Claude Tilliet, ancien des procureurs de la
justice de Sandillon, faisant pour M. le bailli d'icelle.
Lesdits habitants reprëseiiteiit :
io Que la milice est extrêmement onéreuse aux campagnes ;
que les domestiques attachés au service des ecclésiastiques et
des nobles et privilégiés en étant exempts, toute la jeunesse
mâle des campagnes gagne les villes, et les campagnes se trou-
vent dépeuplées et manquent de domestiques mâles pour la
culture au point que depuis dix ans leurs gages sont doublés;
pour<[uoi on demande que les domestitpies des ecclésiasti({ues,
des nobles et des privilégiés soient indistinctement et sans
exception assujettis à tirer à la milice, et même que la milice
soit plus rigoureuse à leur égard qu'envers les domestiques de
la campagne ;
2" Que c'est un impôt bien coûteux à la campagne que de
faire tirer la milice tous les ans en temps de paix sans que ceux
qui sont tombés au sort aient rien à faire; les bourses que l'on
ne peut empêcher les garçons de faire coûtent aux parents
beaucoup en pure perte ; on demande que la miUce ne fût (sic)
tirée [que] tous les deux ans au plus, et si on pouvait se dis-
penser de la faire tirer en temps de paix, cela gênerait moins
les mariages.
3o Lesdits habitants désirent être déchargés de la taille, de la
capitation d'industrie, de la contribution à la corvée, et géné-
ralement de tout ce qui est accessoire de taille, parce que cet
impôt, qui ne porte que sur les cultivateurs et gens de la cam-
pagne, leur est d'autant plus onéreux que souvent les malheu-
reux se trouvent imposés au-dessus de leurs facultés, et par
208 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
une suite de l'arbitraire pour l'assiette de cet impôt, les plus
aisés en supportent souvent le moins ; pourquoi on demande la
suppression de cet impôt, et en le faisant on soulagerait la
classe la plus malheureuse du peuple, et par là on remédierait
à une foule d'abus.
Mais comme les besoins de l'État ne permettent pas en ce
moment la suppression d'un impôt sans son remplacement,
lesdits habitants croient devoir l^eprésenter qu'on poiurait y
suppléer par un impôt territorial (jui s'assiérait avec une juste
proportion sur toutes les propriétés, de quelque nature qu'elles
soient; et ce dernier impôt pourrait être fixé à une gradation
suffisante pour remplacer en même temps les droits d'aides,
ceux sur le sel et le tabac qui gênent et molestent assez le
public pour en demander la suppression. Dans ce cas, les culti-
vateurs, les fermiers et autres habitants de la campagne ne
seraient point journellement vexés et gênés dans l'exploitation
des domaines qu'ils cultivent, dans le transport et la vente de
leurs denrées (1).
4» Les habitants observent qu'il existe dans leur territoire
des biens nobles et des biens censuels ; que les redevances de
l'un et de l'autre objet deviennent à charge par les accessoires,
encore qu'ils le soient déjà trop par le principal à cause des
reconnaissances et aveux à chacpie iniilalion, et sui'tont par les
droits de franc-fief qui consistent [enj nne année de revenu
payable par avance, de manière que le paiemiMit fait par un
père de famille d'avance et \h)\\v jouir pciidaiil vingt ans, s'il
meurt au bout d'un an, n'est compté pour rien à sa famille, et
on est obligé de payer de nouveau nne année de revenu pour
jouir pendant vingt ans; pourquoi on (leinandc (|ue les francs-
fiefs soient suppriniés (2).
.")" Les lr;iis de procédure sont si considérables dans toutes
(1) On reconnaît dans cet ailidc les termes mômes de rarliclc 1" du i-aliiiM- d'Ouvroiier-les-
Champs, auquel les habitants de Sandillon ont fait quelques légères variantes do mots et qu'ils
ont écourté.
(2) C'est l'article 2 d'Onvrouer-les-f'.liamps, avec cliaiigcmenl à la lin.
CAHIER DE SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. 269
les causes qu'on peut se récrier et demander qu'en général les
procédures soient abrégées et simplifiées (1).
60 Tous les propriétaires de biens de caïupagne dans les
villages et hameaux sont souvent chargés de rentes foncières
franches de toutes impositions dont leurs biens ont été grevés
par celui qui a mis l'héritage dans la tamille. La charge des
rentes de cette espèce devient souvent si onéreuse au proprié-
taire qu'il serait plus avantageux pour lui d'abandonner l'héri-
tage au créancier de la rente; la rente foncière dont il est
grevé fait un obstacle à la vente; souvent même il ne trouve
aucun crédit parce que cette charge est connue. Lesdits habi-
tants estiment qu'il serait avantageux d'admettre la faculté de
rembourser de pareilles rentes, soit qu'elles appartiennent à
des personnes privées ou à des mainmortes, pour un prix
excédant le capital au denier vingt. Il en résulterait un avantage
pour le particulier et pour le général (2).
70 Les dîmes des cours, des jardins et les dîmes vertes sont
extrêmement gênantes et donnent lieu à bien des contestations
entre les sieurs curés et leurs paroissiens; il serait à propos
de les supprimer.
(Suivent 27 signatures : celles de Burgé ; François Robert ;
Louis Gouillon, etc., et celles de Tilliet et Mirault, greffier.)
25" Justice de la chatellenie de Saint-Benoit-sur-Loire.
Le groupe de Saint-Benoît-sur-Loire est constitué de la manière suivante:
i" Saint-Benoît-sur-Loire; président : Langlois, bailli de la justice de
Fleury-Saint-Benoit ;
2o Châtenoy-aux-Bois, Bouzy, Guilly, Bray, Vieilles-Maisons; président:
Prochasson, notaire de la chatellenie de Saint-Benoît ;
30 Saint-Aig-nan-des-Gués; président: Gautier, procureur fiscal de la
justice de Saint-Benoît, résidant à Saint-Benoit ;
4"Saint-Martin-d'Abbat, Germig-ny-des-Prés ; président: Thiercelin, notaire
de la chatellenie de Saint-Benoit, résidant à Saint-Martin-d'Abbat ;
(1) Comparer l'article 3 d'Ouvrcmer-les-Champs.
(2) C'est, avec quelques variantes, l'article 4 d'Ouvrouer-les-Champs.
'270 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
5" Les Bordes; président : Baujouant, notaire de la chàtelienie de Saint-
Benoît;
60 Tigy, Neuvy-en-Sullias ; président : Desnoyers, notaire de la chàtelienie
de Saint-Benoît, résidant à Tigy.
SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE (l)
Dép. Loiret. Arr. Gien. C"". Ouzouer-sur-Loire.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghàteauneuf. Bioc. Orléans.
JoussE. — 373 feux (2). L'abbé de Saint-Benoit. Justice, r. au b.
d'Orléans. Assemblée le lendemain de saint Benoît. Br. de Ghàteauneuf.
A 4 lieues de Ghàteauneuf et 10 d'Orléans. Route de Sully. Sur la
Loire. Bois. Pays couvert.
1708. — 367 feux. L'abbé de Saint-Benoit. Vigne.
DÎME. — Sur toutes les productions, le 15". Sur la vigne, le 30*".
Taille de la paroisse en 1788. — (j.953 1., dont 3,282 pour le prin-
cipal et 3,671 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1<"' mars, à une
heure de relevée, dans l'auditoire du lieu, sous la présidence d'Étienne-
Maximilien Langlois, avocat en Parlement, bailli de la justice de Fleury-
Saint-Benoît. — Population : 400 feux. — Comparanls : Pierre
Laillet, bourgeois, syndic de la municipalité (41 -}- 4."'). 16) ; Pierre-
.Toseph Gauthier, notaire et procureur (44 -|-49.3); Pierre Burdel, chi-
rurgien, membre de la municipalité (34 -j- 37.0) ; Pierre Héau, laboureur
(76-)- 84.17); Denis-Marin Héau, laboureur (l.-)4. 10 -|- 172.10); Émery
Bouard, vigneron (17 -|- 19) ; Etienne Meunier, laboureur (63 -j- 70.7) ;
Jean Marciiand, vigneron (3.10 -j- .3.18) ; Pierre-Anselme Ducloux
(18-f-20.1); Pierre-Etienne liidault. vigneron (28 -j- 31..")) ; Pierre-
Joseph Yillault, chirurgien (4.10 -|- 5); Louis-Médard Jutleau. char-
l)entier (7.10-]-8.7); Jean Bouard. vigneron (13 -|- 14.10) ; Pierre Petit
(12-)- 13.8) ; .lean-liaptistc Chatouillai. jar(liniri'( 18-]- 20.2) ; Sébastien
Marchand (4-]-4.9) ; Jacques-Marc Poisson ; Louis-Claude Laval, greffier
(1.5 -)- 16.1.5); Jean-Baptiste Prochasson, notaire (9-j- 10. l) ; Picrre-
Nicolas-François Moutier ; Claude-Kmery Baujouant. inarcliainl diaii-
dcli(>i' (3-)-3.7) ; I<'rançois Iliilaiilt, viginTnii (7 -|-7.1()); .Iran IJhuu-
(1) Appelé aussi Fleury et Fleury-Saint-Renoit.
(•J) Au-desiîous : 378.
CAHIER DE SAINT-BEXOIT-SUR-LOIRE. 271
medieu, meunier (13. 10 -f- 15.2) ; Pierre Ducloux (18 -f- 20.1) ; Jt-aii
Prévost, tailleur (5-[- 5. 12) ; Pierre Lechat (9.10-)- 10. 12 ou 12 -f 13.8) ;
Jean-Baptiste Leroy, cordonnier (2.10 -j- 2.16) ; Luc-Éniery Meunier,
vigneron (3 -j- 3.7) ; Jacques Gaudrj, tisserand (2 -j- 2.5) ; Martial
Thevard, tonnelier (4 -f- 4.9) ; Louis (laillard ; Jean-Baptiste Didier,
perruquier (2. 10 -j- 2. 10) ; Jean Héau, vigneron (3-J-3.7) ; Barthélémy
Baudoin, journalier (1.10 -j- 1.13) ; Louis Gellerin, cabaretier et voi-
turier (25 -|- 27.18) ; Louis Mercier, tonnelier (5 -j- 5.12) ; Philippe
Morée, vigneron (5.10-^0.3); Louis Chesneau, charron (4-f-4.9);
Charles-Benoît Marsas, meunier (27-]- 30. 3); Jean Tondereau, couvreur
(8 -j- 8.19); Louis Perronnet. laboureur (22.10 -j- 25.3) ; Antoine
Muzet, serrurier (3-J-3.7) ; Euverte Marois (3.10 -f- 3.18) ; Pierre
Gaudry ; Pierre Boullemier, vigneron (2-f-2.5); Louis Boullemier,
vigneron (1 -f 1.2); Etienne Barberousse (l.lO-j-1.13) ; Claude Bouthe-
gourd, vigneron (l-}-1.2); Pierre Domain; Jean Boutroux. vigneron
(5-(-5.12); Pierre Dinard, vigneron (31 -j- 34.12) ; Pierre Pansuette ;
Pierre Loyauté, bourrelier (4 -f- 4.9); Charles Marchand, boucher
(5-|-5.12) ; Claude Nollet (5. 10-}- 6.3) ; Louis Jutteau l'ainé, vigneron
(13 -f 14.10); Benoît Petit, menuisier (8.10 -|- 0.10). — Députés :
Etienne-Maximilien Langlois ; Pierre-Joseph Gautier ; Pierre Laillet ;
Pierre Héau.
Population en 1790. — 1.547 habitants.
Cahier rédigé par les habitants de la paroisse de Saint-Benoit
assemblés le ier mars 1789.
Lecture f;iite de la lettre du Roi, du règlement y annexé du
24 janvier dernier, ensemble de l'ordonnance de M. le lieu-
tenant général du Chàtelet d'Orléans du 13 février aussi
dernier, et de suite affichés dans la salle de la présente assem-
blée, le syndic a fait observer à tous les liabitants que le ï\o'\
donnait une entière liberté à tous ses sujets de s'exi)liquer et
faire coimaitre leurs souliaits et doléances, de réformer les abus
de tout genre qui se sont glissés dans l'État, de les prévenir
par de bons et solides moyens pour assurer la félicité publi(|ue
et pour le calme et la tranquillité de son cœur paternel.
Les liabitants, ayant rélléclii, ont dit avec cette liberté (|ue la
272 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
bonté du Roi leur accorde et ont été d'avis de représenter
qu'ils ne sortiront point de leur sphère : nés, élevés et existant
dans la campagne, ils ne parleront que de ce qui leur est
connu, avec cette ingénuité que leur inspire la simple nature;
Qu'ils désirent avec ardeur que, pour maintenir tous les
sujets dans le bon ordre, dans l'obéissance, dans la fidélité
envers son (sic) Prince-Roi et dans un solide accord entre eux,
notre religion chrétienne soit conservée dans sa pureté, prêchée
par ses ministres non seulement de paroles, mais encore plus
parles bons exemples, leur interdisant ces habits pompeux, de
couleur brillante, souvent couverts d'or, contraires à la douce
humilité et à la candeur de leur état, donnant des exemples de
vanité aux petits, ces magnin(|ues ajustements n'appartenant
([lia la noblesse pour soutenir et relever l'éclat de leur {sic)
naissance.
Ils représentent très humblement que le sol qu'ils occupent
est des plus aquatiques, gâté par les anciennes et fréquentes
sorties des eaux de la rivière de Loire et par les eaux des
petites rivières nudtipliées qui l'entourent ; (ju'il n'y a ancuii
genre de commerce chez eux, ni foires ni marchés, aucun
passage de route ; qu'ils sont presque inconnus ;
Que les chemins pour arriver chez eux sont impraticables en
hiver; ({ue les habitants ne peuvent (jn'à grand'peine en sortir
pour transporter leurs petites deiu'ées aux marchés voisins,
distants de deux à trois lieues ;
Qu'ils désireraient, pour réparer les chemins de leur paroisse,
que la somme à laquelle ils sont cotisés dans le rôle des
corvées, (ixée au ([iiart du principal de la taille, leur fût
accoi'dée; qu'ils la retiendraient du vùlc qu'ils demanderont
ci-après ;
Que cette paroisse, qui n'a jamais été ville ni réputée poui'
telle, sans foii'cs ni marchés, enfin sans aucun geiu'e de com-
merce, comme il est ci-dessus reniai'<[ii('', mais seulement close
de fossés l';iits ad hoc pour conserver contic la fureur des
huguenots les reliques de plusieurs saints, dont le monastère
CAHIER DE SAL\T-BEx\OIT-SUR-LOll\E. '273
de MM. les Bénédictins de ce lieu est encore en possession, est
cependant assujettie aux droits des entrées des vins, au don
i^ratuit, aux inspecteurs aux bouclieiies, à l'abat des porcs ; ces
di'oits mettent les habitants de ce bourg- à une telle détresse
que la plupart est privée de viande et de cette liqueur ({ui
réjouit le cœur de l'honime ; ils désireraient être mis au nombre
de plusieurs bourgs voisins plus considérables que le leur
ayant foires, marchés, passage de grandes routes qui sont
exempts de ces droits ;
Que le vœu des liabitants serait de ne payer qu'un seul
impôt, assis sur tous les propriétaires des biens fonds de
({uelque condition et qualité qu'ils soient, et sur l'industrie,
proportionnellement à la valeur de leur territoire et du com-
merce du pays, aux lieu et place de la taille, de la capitation, de
la contribution à la corvée, des deux vingtièmes de la gabelle
(le sel deviendrait commerçable et serait fixé à un prix aux
salines par les États généraux), du droit des aides pour le
transport des vins dans" les campagnes, et des entrées dans les
endroits qui ne sont point réputés villes, à la charge cependant
par les fermiers de tenu- compte aux propriétaires de ce qu'ils
payent annuellement pour taille, capitation d'industrie, pour la
corvée et la gabelle, de manière qu'il ne soit imposé par la
suite aucun impôt sur ces fermiers sans le consentement desdits
Etats généraux, dont le retour sera fixé avant leur dissolution.
Les frais de justice sont si gros, le temps de parvenir aux
jugements délinitifs est si long que le peuple néglige souvent de
la demander (1), préférant dans bien des circonstances aban-
donner de ses propres intérêts plutôt que de s'engager dans un
procès et d'exposer sa fortune à l'avidité de certains procureurs
qui ne cherchent que les occasions de multiplier les êtres (?) en
inventant des chicanes pour grossir leurs dossiers, ce qui met
les plaideurs aux abois. Ceux mêmes qui gagnent leurs procès
y perdent encore beaucoup; on exige de ces derniers des
(1) C'est-à-dire : demander la justice.
T. I. 18
274 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sommes sous la couleur de peines et vacations extraordi-
naires. Pourquoi on désirerait que les frais de justice fussent
diminués, ce qui s'opérerait facilement en abrégeant la pro-
cédure. On désirerait aussi ({ue les juges châtelains eussent
le droit de juger en dernier ressort jusqua concurrence de
quarante livres. Il conviendrait que les notaires soient égale-
ment taxés, suivant la nature des actes ;
Que les officiers relatifs à la justice ne puissent réunir sur
leur tète plusieurs offices, en sorte que les notaires ne puissent
joindre à leur charge que celle de procureur seulement, de
manière que l'incompatibilité ne puisse porter aucun préjudice
aux sujets;
Que les contrôleurs des actes n'exercent aucun office dont
les actes soient sujets au contrôle ;
Qu'il est très intéressant, et pour le bien de l'Etat et pour
celui des liabihuils de ce lieu, qu'il soit rétabli un contrôle (1)
dans ce bourg où il a existé depuis son établissement jusqu'en
l'année 1721, époque à laquelle il a été transféré à la distance
de 2 lieues et dans un endroit où, pour y aller, les chemins
sont absolument impraticables, tant parles reflux de la Loire
que par les petites rivières qui y passent ;
Que les droits attribués aux receveurs des tailles et de toutes
autres impositions royales soient diminués, ou que dans
chaque arrondissement on étabhsse un bureau presque gra-
tis;
Que les droits de contrôle, insinuation, h'ancs-fiefs soient
diminués, ou au moins que la perception de ces droits soit plus
éclaircie, et que les gages de ceux (pii les ret^-oivcnl soient
réduits ;
Que les notaires de la ville de Paris, qui est par elle-nième
un océan d'alïaires concernant les notaires et dans le(jiiel
découlent encore les phis considérables de toutes les parties du
(1) C'est-ù-dlre ; un bureau de conlrùle dos aclcs.
CAHIER DE SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. 275
royaume, soient assujettis aux di'oits de contrôle et autres, de
même que le sont les notaires des autres villes et bourgs du
royaume. Que si la communauté des notaires de Paris a acquis
l'exemption de ces droits, ou que nos anciens rois [la] leur aient
accordée par quelques considérations, alors la justice du Roi ne
pourrait permettre qu'ils leur fussent ôtés sans les dédom-
mager : ce qui pourrait s'opérer sans qu'il en coùtcàt au Roi, en
établissant des bureaux pour la perception de ces droits sur
lesquels les notaires de Paris recevraient jusqu'à concurrence
de ce qui leur serait accordé pour les indemniser;
Qu'il serait d'un très grand avantage pour tout le peuple
qu'il n'y eût dans chaque paroisse qu'un seul seigneur de fiefs
ou censives (suivant que ces droits y existent) ; que chaque
arpent d'héritage quelconque fût assuré au même prix ; mais,
malheureusement pour le profit et tranquillité des sujets, il se
trouve un grand nombre de ces droits de fiefs et censives à
différents furs possédés par des particuliers, dont les traite-
ments envers leurs vassaux ou censitaires ne répondent que
trop à leur basse naissance ; que très souvent même, des sei-
gneurs distingués et par leur naissance et par les traits de
bienfaisance les plus grands afferment leurs droits ou les
donnent à régir à des gens affamés et conduits par l'espoir du
gain, qui rongent impitoyablement les pauvres possesseurs en
leur faisant signifier, pour un seul denier de cens annuel, des
lettres de terrier, dont les copies et le transport d'un liuissier
dans la paroisse coûtent 5 ou 6 livres, défaut, amende et le
reste. Ce n'est pas cependant qu'on prétende ici secouer le
joug de la dépendance envers ces seigneurs qui semblent
être nés pour concourir avec la Majesté royale au bonheur de
tous les individus du royaume ; on ne veut parler ici que de ces
seigneurs, ou pour parler plus proprement, de ces pro-
priétaires possesseurs mercenaires de droits de fiefs et censives
en l'air, mêlés dans toutes les parties d'une paroisse pêle-
mêle avec ceux d'un seigneur dominant et (j;ui n'ont acquis ces
droits que pour fomenter leur vanité et enfior leur orgueil aux
276 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dépens des malheureux. Le peuple se trouverait plus content
si tous ces droits étaient réunis à la seigneurie principale; les
sujets sauraient mieux et ne pourraient ignorer à qui ils
devraient les reconnaissances de leurs petites possessions et les
droits qui y sont relatifs, l'arpent d'héritage quelconque assuré
au même prix ne pourrait être ignoré des censitaires, et ils
connaîtraient aisément leurs redevances.
Pour parvenir à ce hut désiré qui donnerait une tranquillité
profitable à tous les propriétaires, il s'agirait que les seigneurs
de paroisse fussent autorisés à rembourser ou à faire rente jus-
qu'au remboursement à tous les propriétaires de ces droits,
suivant leurs dernières acquisitions s'il y en a, ou si au con-
traire, suivant la compilation de ralïurement des cens annuels,
et pour fixer le revenu annuel que donnent les profits, suivant la
somme qui résulterait du relevé d'un certain nombre d'an-
nées, dont on en fixerait une année commune.
Pour fixer l'alhirement annuel qu'on devrait payer au sei-
gneur, on aur;ùt égard : 1» à la somme qu'il aurait payée et
remboursée aux différents propriétaires pour les cens annuels ;
2o il serait fait sur les cahiers de la recette des cens annuels du
seigneur la même opération ; et, en même temps que l'on ferait
le relevé des cens annuels de l'une et de l'autre part, on ferait
le relevé de la quantité des arpents d'héritages à cens, de sorte
que, sachant à quelle somme monteraient les cens de tous les
héritages compris dans toute l'étendue d'une paroisse et la
quantité d'arpents de terres et autres héritages, on fcniit une
division de la somme totale provenant des cens annuels sur
chacun arpent d'héritage au prorata de la quantité qui serait
reconnue à cens; le tout sans préjudicier aux droits des pro-
fits.
Un seigneur étant seul 'propriétaire de ces droits dans sa
|>aroisse, faisant lever des plans ])ar canlon, connaîtrait aisé-
ment tous les propriétaires et distinguerait avec la plus
grande ciai-té les biens en fiefs d'avec ceux à cens.
Pour ddiiiiei' au seigneur des moyens faciles de connaître
CAHIER DE SAINT-BENOIT-SUR-LOIRE. 277
tous les redevables de ses droits dans les changements qui
pourraient s'opérer soit par des partai^es entre familles,
échanges, rentes ou autrement, et poiu' épargner aux pro-
priétaires des coûts de reconnaissances particulières, on pense
qu'il serait expédient pour le seigneur et ses sujets que
dans tous les actes, soit devant notaire ou sous seing privé,
qui opéreraient des changements d'héritages, le seigneur fût
reconnu en même temps par les acquéreurs, qui lui en feraient
donner des extraits pour servir de reconnaissances, sous peine
d'amende contre les notaires qui ne feraient point cette men-
tion par leurs actes, suivant la déclaration faite par les parties,
en fiefs ou à cens ;
Que Sa Majesté sera très humblement suppliée d'établir un
collège en cette paroisse, qui sera tenu par MM. les Béné-
dictins de ce lieu, pour y enseigner les humanités gratis en
faveur des externes, c'est-à-dire des jeunes gens de cette
paroisse ; que, quant aux étrangers, ils seront, comme pen-
sionnaires, obligés de payer.
Les milices provinciales et maritimes étant une charge au
peuple le plus nécessaire à l'État, Sa Majesté sera très humble-
ment suppliée de les supprimer, et pour y suppléer, il sera
sur chaque paroisse levé une somme qui sera employée à l'en-
rôlement du nombre des hommes que chaque ville, bourg et
paroisse sera tenu de fournir annuellement.
La Loire qui, dans les hivers froids, se prend assez ordinai-
rement par les glaces occasionne par ses débâcles des pertes
considérables ; et dans le courant de l'hiver dernier, elle a eu
deux desserres qui ont elïrayé les habitants de cette paroisse.
Lors de la première, les glaces ont été jetées à cliaque bord et
en ont gêné considérablement le passage, et la seconde a pro-
duit des elTets aussi li-istes que surj)ren;iiits : les glaces rom-
pues parla force et poussées par rini[)ulsi()u des eaux se sont
amoncelées dans le lit de la Loire, qu'elles oui occupé entière-
ment dans la distance de près d'une demi-lieue, à plus de
50 pieds de haut, en sorte qu'elles excédaient les levées de
278 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
plus de 10 pieds et ont fait refluer l'eau dans le canton du port
de cette paroisse où elle a passé par dessus la levée à plus de
4 à 5 pieds de haut sur environ 80 toises de long. C'est dans ce
canton que les glaces qui se détachaient de moment à autre,
entraînées et poussées par le torrent des eaux, ontahattu plu-
sieurs maisons et fait écrouler les autres. Pourquoi Sa Majesté
est très respectueusement suppliée d'exempter les enfants de
ces infortunés de la milice maritime pendant plusieurs années,
n'ayant d'autres ressources que leur travail.
Le tout fait et arrêté, au lieu, les jour et an ci-dessus énon-
cés.
(Suivent 34 signatures : celles de Laillet, syndic; Gauthier ;
Burdel, etc., et celle de Langlois, juge.)
CHA TENO Y-A UX-BOIS.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C»". Gbâteauneuf.
Gén. Orléans. El. Montargis. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Sens.
JoussE. — Paroisse. 56 feux. Le duc d'Antin. .Tustice de Saint-Benoît.
Br. de Châteauneuf. A 3 lieues 1/2 de Ghâteauneuf. 7 de Gien et 9 1/2
d'Orléans. Routes d'Orléans à Montargis, de Sully à Belleg-arde. Sur
le canal d'Orléans. Dans la forêt d'Orléans. Pays couvert.
17(38. — 70 feux. De Villefranehe. Blé.
DÎME. — La 18" gerbe.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,171 1. 8 s. 11 d., dont 9!>0 pour
le principal et 1,181 1. 8 s. 11 d. pour les impositions accessoires et la
capitalion.
Procks-verhal. — Assemblée électorale le mardi 24 février, dans
une cliambre de la maison de Gliarlcs Ra.'fard. marchand, sous la prési-
dence de Jean-Baptiste Prochasson, notaire royal au bailliag'c d'Orléans
dans toute l'étendue de la chàtellenie de Saint-Benoit, i-ésidant à Saint-
Benoît. — Populalion : 70 feux. — Comparmits : Pici're Audouard,
laboureur, ancien syndic de la [)aroisse ; Pierre Boulet, syndic de la muni-
cipalité; Jean Assclin, ancien laboureur et membre de la municipalité;
Gharlcs Uaifard, marchand et membre ; René Marois, laboureur et mem-
CAHIER DE CIIATENOY-AUX-BOIS. 279
bre ; Jean Anceaii, laboureur et adjoint ; Joseph Ville, meunier et adjoint ;
Jean Avril, manœuvre et adjoint; Louis Harry, laboureur, greffier de
la municipalité; Laurent Ripouteau, laboureur et collecteur ; Laurent
Saunier, laboureur ; Etienne Gaillard et Pierre Gaillard, laboureurs ;
Antoine Debcrne, laboureur; Etienne Sevin, laboureur; Louis Audouard,
manœuvre; Antoine Parisis, sabotier et manœuvre; Pierre Lebert,
manœuvre; Charles Lejarre. manœuvre; Pierre Avril, laboureur;
Antoine Parisis fils ; Louis Delalande, tailleur d'habits; Pierre Leplat,
manœuvre; Jacques Salmon. manœuvre; Claude Avril, manœuvre:
Henry Fonteine, manœuvre; Pierre Asselin, manœuvre; Séverin Jou-
diou, cabaretier ; Pierre Gottance, manœuvre ; Georges Douard,
manœuvre; Simon Verger, manœuvre; Grégoire Sevin, manœuvre. —
Députés : Jean Anceau ; Pierre Audouard.
Population en 1790. — 352 habitants.
Cahier des doléances des habitants de la paroisse de Châtenoy-
aux-Bois, diocèse de Sens, bailliage et généralité d' Orléans.
Ils demandent très respectueusement au Roi et aux États
assemblés ;
1° La suppression des aides ;
2o La décliai'ge de la taille, de la capitation d'industrie, de la
loiitribution à la corvée, même de la gabelle, et que le tout soit
converti en un impôt territorial payé par les propriétaires, aux
offres que font les fermiers de tenii- compte pendant le cours
de leurs baux aux propriétaires de ce qu'ils paient annuel-
lement pour taille, capitation d'industrie, évaluation de corvée
et gabelle, de manière qu'il ne soit imposé par la suite auciui
impôt sur les fermiers sans le consentement des États géné-
raux ;
3o Que le revenu de la cui-e de leur paroisse soit augmenté
et porté jusqu'à 2,000 livres, et que, pour cet effet, il convien-
drait y joindre 1,400 livres do i-evenu qu'il faudrait prendre sur
les économats ou sur (jiielques maisons ou coninumautés reli-
gieuses on autres biens ecclésiasli([ues, à condition que monsieur
le curé de ladite paroisse de Chàtenoy ne pourrait exiger
280 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
aucune rétribution forcée ni volontaire pour l'administration
des sacrements ;
4o Que le revenu de l'église et fabrique de leur paroisse, qui
ne monte qu'à 60 et quelques livres, n'est pas suffisant pour
l'enti'etien des ornements et autres objets nécessaires à la célé-
bration des offices et qu'il conviendrait l'augmenter;
5» Qu'il est indispensable d'agrandir l'église de ladite paroisse
de Chàtenoy (pii n'est que comme une petite chapelle et ne
peut contenir que les deux tiers des habitants de cette paroisse,
qui souvent n'y peuvent entrer, parce qu'elle se trouve remplie
par plusieurs ouvriers qui sont occupés à travailler dans la
foret et par plusieurs marim'ers et voyageurs;
6" La résidence d'un bailli ou d'im lieutenant dans le chef-
lieu de la chàtellenie de Saint-Benoit-sur-Loire dont les habi-
tants de ladite paroisse de Chàtenoy-aux-Bois sont justiciables;
7° Qu'il soit établi dans le bourg de ladite paroisse de Chàte-
noy une administration municipale composée du syndic et des
marguilliers en exercice pour veiller à la police du lieu, qui,
sans cette précaution, sera toujours mal exercée;
8o Que les frais de fjustice soient diminués et les procédures
abrégées ;
9° Qu'il soit permis aux habitants de ladite j)aroisse de Chà-
tenoy de faire paître et pacager leurs bestiaux dans la forêt
d'Orléans et dans les terrains vains et vagues qui en déixMidciit
et (|ui ont tt)ujours été laissés pour les pacages des diriV'rciils
bestiaux de leur paroisse; qu'il Icm- soit permis de nuMicr
et faire paître et pacager, savoir ; leurs chevaux dans les ventes
du deuxième bourgeon et les vaches dans les ventes des sept
à huitième bourgeons;
dU" (Jii'il soit |)(M'mis aux habitants de ladite paroisse de
Chàtenoy-aux-Dois, pi'opriétaires des bois et arbres épMis (jui
se trouvent sur et autour des héritages qui leur appai'tienneiit
(^t avoisinent la forêt d'Orléans, de les couper ou de les faire
CAHIER DE CHATENOY-AUX-BOIS. 281
abattre, permission qu'ils n ont jamais pu obtenir dans cer-
tains cantons de leur paroisse, et que dans les autres ils n'ont
pu obtenir qu'avec beaucoup de peine et à grands frais pour
les droits d'obtention de cette permission à la maîtrise des eaux
et forêts et d'enregistrement au siège des gardes particuliers :
ce qui les met hors d'état de faire les réparations de leurs
bâtiments qui souvent se trouvent dans le cas de tomber en
ruine ;
llo Qu'il leur soit accordé la permission de prendre des bois
secs et morts dans la forêt d'Orléans pour leur chauffage ;
l^o Que pour parvenir à la reconstruction et au rétablissement
des chemins qui conduisent aux paroisses circonvoisines, ils
supplient très respectueusement Sa Majesté de leur accorder,
pendant quelques années, une somme convenable qu'ils
retiendraient sur le rôle des impositions de leur paroisse ;
13° Qu'il soit aussi permis aux habitants de ladite paroisse
de Chàtenoy de conduire leurs porcs dans ladite forêt d'Or-
léans ;
14o Que le sel soit commerçable ;
15» Que les droits de contrôle soient diminués et fixés d'une
manière invariable sans être interprétés de différentes manières,
en sorte que les contractants puissent être libres et dans le cas
de faire arrêter toutes leurs conventions.
Fait et arrêté en l'assemblée des habitants de ladite paroisse
de Châtenoy-aux-Bois, cejourd'hui "24 février 1789.
(Suivent 11 signatures : celles de A. Deberne ; Boulet, syndic
de la municipalité ; Raffard, etc., et celle de Prochasson, notaire
royal.)
282 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
BOUZY.
Dép. Loiret. Avr. Orléans. (7°». Chàteauneuf.
Gén. El. Orléans. Gren. Chàteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 95 feux. Environ 200 communiants.
L'abbé de Saint-Benoît. Justice de Saint-Benoit, r. à Orléans. Br. de
Chcàteauneuf. A 3 lieues de Chàteauneuf, 9 d'Orléans. 0 de Gien, 3 de
Lorris et 2 de Sully. Va aux marchés de Chàteauneuf, Lorris et Sully.
Grande route d'Orléans à Lyon, et de Limoges à Paris pour les bestiaux.
Route traversière de Sully à Bellegarde. Près la forêt d'Orléans. Tous les
bois sont en gruerie. Sur une petite rivière appelée Saint-Laurent. Plaine.
Le terroir produit seigles, blés noirs, miel, peu d'avoine, quelques prés et
pacages. Le commerce est en grains et en menues denrées. Endroit
dangereux aux environs. 2 hameaux, qui sont : les Brions et la Villière.
La cure vaut année commune 900 1. Assemblée le 10 août. Ecrire par
le messager de Chàteauneuf. Il y a un fief considérable appelé Méry,
appartenant à M. Titon, maître des comptes, qui relève de l'abbé de
Saint-Benoît.
1768. — 73 feux. L'abbé de Saint-Benoît.
DÎME. — La IS'' gerbe.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,151 1. 5 s., dont 1,488.5 et
1,603.
Procks-veri:.\l. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au banc
d'oeuvre de l'église, sous la préùdeyice de Jean-Baptiste Prochasson,
notaire royal à Saint-Benoît. — Population : 76 feux. — Co77iparanls :
Pierre Bourillon, tisserand, syndic de la paroisse et de la nuinicipalité
(1 .10-[- 1.13) ; Pierre Ruffier, laboureur, membre de la municipalité
(27.5 -j- 30.8); Jean Asselin, laboureur, membre (64.10 -j- 72) ; Pierre
Hersant, manœuvre, membre(lO-|- 11.3); François Fernault. laboureur,
adjoint à la municipalité (51 -[-56.19); Franeois Ba])y l'aîné, lal)t)ureur,
adjoint (25-)- 27. 18) ; François Asselin, laboureui-. adjoint (()6-[- 73.14);
François Mignard, manœuvre ; lùliue PriKllininme. laltoureur
(23. 10 -|- 26.5) ; .Jean (Jadois, manœuvre (la veuve François Gadois et
son fils, 17-[-19); b'ranc.-ois Bourillon, man(euvrc (8.5-f-9.4); Barthé-
lémy Billay, labourtnir (71 -{-79.5); Etienne l>i';iu\;iis lils. mami'uvre
(11.15 -f- 13.2) ; Pierre Martin, laboureur; Jean \'allet, maiKeuvre;
Louis Guyard, laboureur (<)2 -|- 69.4) ; Pierre Avezard, manœuvre
CAHIER DE BOUZY. 283
(7.10 -}- 8.7) ; Etienne Riiffier, laboureur et préposé des vingtièmes
(50 -|- 62.10); Martin Thion, manœuvre; André Bertrand, manœuvre
(2l.l0-f-24) ; Pierre Thion, manœuvre (13 -)- 14.10) ; Louis Blondonnet,
cabaretier (28 -f- 31.5) ; Pierre Goulon, laboureur (72.5 -f- 80.13);
Pierre Thion, laboureur et collecteur (28 -f- 31.5); Etienne Marois,
nianœAivre (35.5-|- 39.7) ; .Jacques Bennerj, manœuvre ; Jean Berthier,
manceuvre (9.10 -f- 10.12) ; Sébastien Guyard (Diai^d), laboureur
(28. 10 -f- 31. 16) ; Martin Pelletier, laboureur ; Louis Vacher, manœuvre ;
Louis Aigret, manœuvre (6.15 -j- 7.11) ; Sébastien Asselin, manœuvre
(9 -j- 10.1); Laurent Bonnault, manœuvre (5.15-f-6.8) ; Antoine Binu,
laboureur et cabaretier; .Joseph Remené, laboureur (37.10 -f- 41.17)
Pierre Macard, laboureur (27.10 -j- 30.14) ; Pierre Desbois, manœuvre
Etienne Hersant, manœuvre; Pierre Lejarre, manœuvre (22 -|- 24.11)
François Solu, manœuvre ; François Lebrun, manœuvre (17.10 -j-
19.10) ; François Baby, laboureur (49 -j- 54.14) ; Jean Renard, ma-
nœuvre (10 -j- 11.2) ; Jean NoUet, manœuvre (3.10 -f- 3.18) ; Etienne
Beauvais père, manœuvre (11.15 -}- 13.2); Martin Petit, manœuvre
(4.10-|-5); Louis Gadon, manœuvre (5.10 -[- 6.2) ; Etienne Mignard,
manœuvre (4.5 -f- 4.15); François Thevin, manœuvre (7.5 -j- 8.2);
Jacques Cadon, manœuvre ; Edme Prudhomme, manœuvre ; Jean
Auger, manœuvre (5. 10 -|- 6.3); Jacques Asselin, laboureur (54.10 -f-
60.17); Jean Guyard fils, manœuvre; Pierre Prudhomme, manœuvre
(8 -f- 8.19) ; Jean Quétier, manœuvre (4.10 -f- 5); Pierre Deschamps,
meunier (2 -f- 2.15); Augustin Blondeau, tailleur d'habits (2 -[-2.15);
François Asselin le jeune, laboureur ; Jean Asselin, manœuvre; Biaise
Martin, manœuvre (2 -|- 2.5) ; Médard Perronnet, manœuvre (8 -f-
8.19); Sébastien Lebrun, manœuvre ; Jean Berthé, sabotier (5.15 -(-
6.8) ; Isaac Goutellier ; Guillaume Billay. — Députés : Louis Blon-
donnet ; Jean Renard.
Population en 1790. — 470 liabitants.
Entre le cahier de Bouzy et celui de Châtenoy-auxBois, il y a plusieurs
traits de ressemblance (par exemple : comparer art. 7 de Bouzy et 2 de Châ-
tonoy ; 8 de Bouzy et 6 et 7 de Châtenoy ; 9 de Bouzy et 8 de Châtenoy ;
11 de Bouzy et i de Châtenoy); mais il y a aussi entre eux trop de différences
pour que la publication intégrale du cahier de Bouzy ne soit pas nécessaire.
284 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Cahier des doléances que pre'sentent les habitants de la paroisse
de Saint-Martin de Bouzy, diocèse et bailliage d'Orléans.
Ils demandent avec un très profond respect aux Etats géné-
raux assemblés et au Roi :
lo Qu'il soit fait dans les prochains États généraux une
constitution fixe, une charte authentique, laquelle, détermi-
nant d'une manière invariable les droits du Roi et de la Nation,
ôte désormais à tout individu ou tout corps ambitieux l'espoir
de les augmenter ou de les restreindre : ce sera un moyen
efficace pour répriiner la licence de certains esprits inquiets et
turbulents qui abusent de la crédulité du peuple, détruisant
en lui jusqu'au germe pi-écieux de l'amour qu'il doit porter au
Roi et à la patrie, en lui faisant crainrh'e alternativement le
despotisme ou l'anarchie ;
2o La périodicité des États généraux ;
30 Dans l'intervalle de cette périodicité, un tribunal établi
pour juger les ministres suspectés par le Roi et la Nation
d'avoir abusé de la reliijion de l'un et de l'autre ;
40 La liberté individuelle de clia({ue citoyen ; qu'il soit
soumis au seul glaive des lois et de ses juges naturels;
50 Qu'il ne puisse être levé aucun iiiqxH ([ui ne soit consenti
par la Nation assemblée en Etals généraux, dont le retour
périodique sera fixé avant la dissolution des prochains Etats ;
60 Qu'il soit arrêté que les Parlements ne pourront enre-
gistrer aucun impôt ni emprunt ni ci'éatioii d'onices auxquels
on attacherait quelque émolument, huit (juc les États généraux
ne seront pas convoqués ;
70 La décharge de la taille, de la capitation d'industrie, de
l'évaluation de la corvée, de la gabelle, qui seront converties
en un impôt territorial payé parles propriétaires, aux oilres que
font lesdits habitants aux propriétaires, pendant le cours de
leurs baux, du montant de ce qu'ils paient actuellement pour
CAHIER DE BOUZY. 285
taille, capitation «rindustrie, évaluation de la corvée et
gabelle ;
80 La résidence des baillis ou des officiers de justice dans
l'étendue de la justice, ou, au défaut, une administration muni-
cipale composée des syndics et marguilliers en exercice pour
veiller sur la police du lieu;
Qo Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
10 L'abolition de toutes les servitudes qui, fondées unique-
ment sur l'ancien règne féodal, ne se soutiennent que par leur
antiquité et sont peu analogues au caractère national actuel et
à la bonté paternelle du monarque qui nous gouverne ;
11° La suppression des aides ;
12o Que le contrôle ne soit pas entre les mains d'un notaire,
ce qui est d'une grande conséquence.
13o L'on voit avec peine les qualités de procureur fiscal, de
notaire, de procureur postulant, d'huissier et de régisseur de
différentes censives sur une même tête ; on y aperçoit des
abus multipliés et la ruine même des familles, surtout dans la
campagne ; ce qui exigerait une réforme f^ivorable à la Nation.
140 On ne saurait croire combien de pauvres gens meurent
dans la campagne parce que les chirurgiens sont d'une cherté
pour leurs voyages qu'ils multiplient et pour des drogues
qu'ils font payer très cher, ce qui fait [que] ces pauvres mal-
heureux se laissent mourir, n'ayant pas de quoi payer ces
messieurs.
[15o] Les pasteurs, et le nôtre en particulier, ne manquent
pas de zèle et de charité pour secourir les affligés, mais le
revenu de sa cure et son propre patrimoine qu'il partage avec
eux sont trop modiques pour subvenir à tout ; ce qui nous fait
désirer qu'il lui fût (sic) donné un revenu fixe de 2, (XX) livres sur
les biens ecclésiasti(|ues, et qu'à la faveur de cette dotation nous
nous vissions délivrés du paiement du casuel forcé qui très
souvent nous fait murmurer contre les pasteurs.
"ISa BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Par tradition de [l'un de] nos anciens enterré depuis lonL>temps
à l'âge de 88 ans, nous savons qu'il y a eu un vicaire dans
cette paroisse ; on en voit la preuve par quelques anciens
registres à la suite du temps. Les RR. PP. Bénédictins de
Saint-Benoît-sur-Loire, gros déciniïiteurs de notre paroisse,
donnaient une messe les diinanclies, ce qui porte à croire
qu'ils y étaient obligés, sans (|ue nous puissions fournir aucun
titre,
Lesdits habitants, qui offrent au Roi leurs biens et leur vie,
attendent tout de son cohu' paternel et juste.
Et ont signé les sachant écrire, les autres présents et illettrés,
de ce enquis.
(Suivent 14 signatures : celles de Blondonnet; Ruffier; Bou-
rillon, syndic, etc., et celle de Prochasson.)
Sur un morceau de papier épingle au cahier :
Qu'il soit permis dans tout le royaume aux propjiétaires des
bois qui avoisinent les forêts de les couper, permission qu'ils
n'ont jamais pu obtenir des Eaux-et-Forèts, ce qui les met hors
d'état de faire les réparations de leurs bâtiments (]ui en ont le
plus grand besoin.
(Cette note, sans marque d'autiienticilé, est de l'écriture du scribe du
cahier.)
GUILLY.
Dép. Loiret. Ar)\ Gien. C»". Sully.
Gén. El. Orléans. Grcn. SuUv. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Boui'g et paroisse. 80 feux (1). 'i~)\) coiunuiniants. L'abbé
de Saint-Benoît. On écrit par le messager de Sully. .lustice de Saint-
Benoît. Marchés de Sully, .Jargeau et Ghâteauneuf. A 2 lieues de Ghà-
teauneuf, 7 de Gien, 8 d'Orléans, 2 de Sully et 4 de .Targeau. Bois.
Pays couvert. Solo;:,nie. Hameau de Bouteille situé sur la rivière de
Loire. Le terroir est en vignes et terres labourables rapportant l'ronient,
(1) Au-dcssou3, 7'j.
CAHIER DE GUILLY. 287
seigle, orge et pacages pour les bestiaux. Le commerce est en vins et
grains. La cure vaut 700 1., année commune.
17G8. — 40 feux. L"abbé de Saint-Benoit. Vigne.
DiME. — Le 15«.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,477 1., dont lj34'i pour le prin-
cipal et 1,835 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Jean-Bai^tiste Prochasson,
notaire royal au bailliage d'Orléans dans toute l'étendue de la châtel-
lenie et résidant en la ville de Saint-Benoît-sur-Loire. — Poj)ulation :
60 feux. — Cornimrants : Jacques Boulmier, syndic (26 -f- 29. 4);
Antoine Gauthier, vigneron (10 -j- 11.5); Denis Muzet père, ancien
tuilier (29 -)- 32.11) ; Denis Desbois, meunier (114-)- 128.4) ; Etienne
Moreau, vigneron (12-)- 13.10) ; François Desnoues père, vigneron
(12 -[- 13.10) ; Jean-Baptiste Auger, laboureur, membre de la munici-
palité (50 -f- 5(3.3) ; Jean Boulmier. vigneron (19-]- 21.0); Jean-Baptiste
Guyot, vigneron (12-)- 13.10j ; Jean-Baptiste Desnoues, laboureur,
adjoint à la municipalité (43 -|- 48.0) ; Jean-Pierre Massas, laboureur,
(30 -f- 40.9), Pierre Michau, marinier (30-)- 33.4), membres de la
municipalité ; Joseph Robert, manœuvre (20-]-3l.9j ; Joseph Yié,
cabaretier (13 -f- 14.13) ; Jean Robert, laboureur, adjoint (141-)-
158.9); Martin Desbois, cabaretier (5-)- 5. 13); Louis Gàtellet (9-j-
10,2), Martin Janvier (7-]- 7.17), Jean Robert (1.10-)- 1.13), Jean
Bàchon (21-)- 23.0), Toussaint Marois (12.10 -)- 14), Benoît Desbois
(10-)- 11.5), vignerons; Jacques Maître, laboureur (90 -)- 101.4) ;
Jean-Baptiste Aubigny, manœuvre (7.10-]- 8.8) ; Philippe Berthelot,
charron (5 -f- 5.12) ; Pierre Robert (10 -j- 11.5), Jacques Maître (10 -f-
11.5), vignerons; Etienne Poulin, manœuvre (2-]- 2. 5); François
Desnoues fils, vigneron (11.10 -J- 12.18) ; Benoît Bothier, laboureur
(47 -]- 52.14) ; Charles Aubron, manœuvre (5-)-5.12); Guillaume
Baudoin, laboureur, greffier de la municipalité (30-)- 33. 14); Antoine
Aubigny, laboureur (5-)- 5.12) ; Denis Muzet le jeune, tuilier (12.15 -f-
14.7); François Boulmier (3-]- 3.7), Adrien Bergin (3.10-)- 3.18),
Pierre Quettier (1.10-)- 1.13), manœuvres; Pierre Boumilly, maré-
chal; Pierre Lecomte, tailleur d'habits. — Députés : Jacques Boulmier;
Denis Desbois.
Population en 1790. — 400 habitants.
288 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
Cahier des doléances que lyrésentent les habitants de la
paroisse de Guilly en conséquence de la lettre du Roi du
'24 janvier dernier et du règlement y annexé.
lo Ils demandent que le revenu de ki cure de leur paroisse
soit augmenté, en sorte qu'il puisse valoir annuelleuient
2,000 livres, à la charge par M. le curé de ne pouvoir exiger
aucune rétribution ni forcée, ni volontaire, pour l'administra-
tion des sacrements ;
2" Qu'il leur soit accordé une administration nnmicipale
dans leur bourg, composée du syndic et des marguilliers,
pour veiller sur la police, dresser des procès-verbaux des
contraventions, arrêter les mendiants non domiciliés et les
conduire devant les juges des lieux.
3o Ils demandent la décharge de la laillo, de la capitation,
de la contribution à la corvée, même de la gabelle, en sorte
que le sel puisse être libre et commerçable; que les droits
d'aides sur les vins soient supprimés, de manière que ciiaque
particulier ne soit point gêné pour la disposition des vins ; que
les droits de contrôle soient restreints et lixés d'une manière
invariable, en sorte que ces droits ne puissent être sujets à
aucune interprétation préjudiciable aux contractants; et que,
pour tenir lieu de tous les impôts ci-dessus, il soit formé un
impôt territorial payé par les propriétaires, aux olfres par les
fermiers de tenir compte pendant le cours de leurs l)aux aux
propriétaires de ce qu'ils paient annuellement pour laill(\
capitation d'industrie, évaluation de corvée et gabelle, de
manière qu'il ne soit imposé par la suite aiiciiii iinpiU sur les
fermiers sans le consentenuMil des Etals généraux dont le
retour |)ériodique soit fixé, ainsi tjirils; le deiiiaiideiil, avant la
dissolution des Etats généraux;
4o Que la dîme de leur paroisse, en ce (pii coiieei'iie les
gros grains, qui est perçue annuellement j)ar une coniiiui-
nauté religieuse, soit diiniiniée dans le droit de sa perception,
et que ce (jui en restera soit joint aux revenus de la cure de la
CAHIER DE BRAY. 289
paroisse, ou au moins une partie, pour compléter le revenu de
ladite cure jusqu'à '2,0(X) livres ;
.> Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
6'J Que le contrôle des actes des notaires ne soit pas laissé
entre les mains d'un notaire.
Fait et arrêté entre les habitants de la paroisse de Guilly,
cejourd'hui le'- mars 4789, en l'assemblée.
(Suivent 13 signatures : celles de J. Boulmier; P. Berthelot ;
D. ^luzet, etc., et celle de Procliasson.)
»
BRAY.
Dép. Loiret. Arr. Gien. C<"». Ouzouer-sur-Loire.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghâteaimeuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 74 feux. Environ 300 communiants.
Les religieux de Saint-Benoît. Marchés de Ghâteauneuf, Lorris et Sully.
Ecrire par le messager de Ghâteauneuf. Haute justice, r. au présidial
d'Orléans. Br. de Ghâteauneuf. A 3 lieues dudit lieu, 6 de Gien, 9 d'Or-
léans, 3 de Lorris et 2 de SuUv. Grande route d'Orléans à Lyon. Route
traversière de Sully à Bellegarde. Près la forêt d'Orléans. Plaine
et Val de Loire. Surune hauteur près la rivière appelée Saint-Laurent.
Le grand chemin de Bray jusqu'à Saint-Aignan est très dangereux. Le
terroir produit des froments, seigles, peu de vignes et prés. Le com-
merce est en grains et menues dem'ées. Il y a dans la paroisse le fief de
La Motte, qui relève des religieux de Saint-Benoît.
1708. — 00 feux. L'abbé d(î Saint-Benoît.
DÎME. — Au 15''.
Taille de la paroisse en 1788. — • 3,1.11.5, dont 1,488.5 pour le prin-
cipal et 1,663 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VER BAL. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la 2>''<^sidence de Jean-Baptiste Prochasson,
notaire royal à Saint-Benoit. — Population: 72 feux. — Cotnparanls :
Jacques Lacroix, laboureur, syndic de la paroisse (64 -f- 71.11) ; Jean
Noltin, laboureur ((55.5 -j- 72.18), Jean Robert, laboureur, (y7.10-[-
tiOO BAILLIAGE d'ORLÉANS.
108.10), Jean Billay, laboureur (8(3 -j- 40.4), membres de la municipalité;
Vincent Régnier, laboureur, adjoint à la municipalité (40 -j- 54. 15); Jac-
ques Boulmier, laboureur, adjoint (11.15 -f- 18.8); François Gaillard,
laboureur, adjoint (18 -f- 20. 2) ; Aujïustiii Brucy, meunier et cabaretier,
ancien syndic (24 -[-20.17) ; Sébastien Quelin, laboureur; Jean Del-
homme, laboureur (8-f-8.7) ; Uémy Massas, laboureur (18. 10-)- 20. 14);
Pierre Hatton, manœuvre (11.15 -f- 13.8) ; Pierre Meunier, laboureur
(44 -]- 40.4) ; François Boutroux, laboureur (23.15 -f- 20.10 ); Etienne
Bidault, laboureur (44.10 -[-4!). 15) ; Louis Marois, laboureur (80 -f-
40.4); François Gadois, manœuvre (12.10 -j- 13.10) ; François Lelong,
maréchal (20. 15 -f- 23.4) ; Denis Quelas, manœuvre (13.10 -[- 15.2) ;
Pierre Giboin, manœuvre (18 -j- 20.2); Louis Plassier, manœuvre
(9.15 -j- 10.18) ; Jean Bidault, manœuvre (7 -j- 7.10) ; Jean Vallet,
manœuvre (15 -(- 16.15); François Vallet, mami'uvre fO-f-0.14); Jac-
ques Robert manœuvre; Pierre Toucquoy, manœuvre (1.10 -|- 1.14);
Lazare Chaumard, manœuvre (10 -j- 11.4); François More, meunier;
Edme Giboin, manœuvre (4.10 -\- 5); Louis Audouard, manceuvre
(1.10 -f- 1.14) ; Jean Thevin, manœuvre (0.10 -j- 7.5) ; Jean Machard,
manœuvre; Georges Remené, manœuvre (0-|-0.14) ; Pierre Coute-
lier, manœuvre (6.10 -|- 7.5); Jean Asseliii, mancinivre (0 -j- 10.1);
Jacques Bidault, manceuvre (11.10 -f- 12.17) ; Joseph Buret, manœuvre
(10.15 -|- 12); François Monneau, manœuvre (11-)- 12.0); Jacques Cou-
telier, manœuvre (7.15 -j- 8.13) ; Pierre Moreau, manœ,uvre (4.5-)-4.15);
Jean Linard, mameuvre (4.15 -f- 5.0) ; Louis Ménigault, manœuvre
(5.15-|-0.0); Jacques Boullier, sonneur (3. 10 -f- 3. 18) ; Jacques Che-
vallier, manteuvr»; (20 -[-22.7); Joseph lîoullicr, tisserand. — J)('jti<les:
Augustin Brucy; François (Gaillard.
Population kn 1700. — 401 haliitants.
Cahier des doléances des habitants de la paroisse de Braij,
diocèse, généralité et bailliage d'Orléans, du "-J )nars 1789.
Ils il('iii;iii(l(Mil très respectueusement aux Etats assemblés
et :iii Uni :
J^es articles 1 et 2 sont les mêmes qu'à Houzy.
Art. \). — Articles 3 et i de iîouzy.
, Art. 4. — Article 5 de l)Ouzy.
CAHIER DE BRAY. 'iîll
Art, 5. — Article (3 de Boiizy.
Art. G. — • Que la cure de Saint-Jacques de leur paroisse
de Bray et Saint-Aii^naii-des-Gués, son annexe, soit aui^men-
lée jusqu'à "2,000 livres par application dos biens ecclésias-
tiques : ce qui mettrait leur curé de Bray, qui n'est pas riche, à
portée de soulager les pauvres de sa paroisse de Bray et de
Saint- Aignan-des-Gués, son annexe, qui sont en grand
nombre; à la charge par ledit sieur curé de Bray et Saint-
Aignan-des-Gués, son annexe, de ne pouvoir exiger aucune
rétribnlion forcée ni volontaire pour l'administration des
sacrements ;
Art. 7. — Que l'annexe de Saint-Aignan-des-Gués, com-
posée de 25 feux, soit réunie entièrement à ladite paroisse de
Bray, et cependant que les messes qui se disent ordinaire-
ment toutes les trois semaines en l'église de Saint-Aignan-
des-Gués soient acquittées par la suite comme par le passé, et
qu'à cet effet il soit établi un vicaire en ladite paroisse de
Bray.
Art. 8. — Article 7 de Bouzy ; variantes indiquées en
italiques : qu'ils soient déchargés de la taille. , . que le tout soit
converti en un impôt territorial qui sera payé... aux olîres
que l'ont les fermiers de tenir compte aux propriétaires. . .
Art. 9. — Art. 1 de Ghàtenoy et 11 de Bouzy.
Art. 10. — Art. 6 de Ghàtenoy et 8 de Bouzy; ainsi rédigé :
« La résidence d'un bailli ou d'un lieutenant dans l'étendue
de la chàtellenie de Saint-Benoît-sur-Loire dont les habitants
de Bray et Saint-Aignan-des-Gués, son annexe, sont justi-
ciables. »
Art. 11. — Article 7 de Ghàtenoy.
Art. -12. — Article 8 de Ghàtenoy et 0 de Bouzy; avec addi-
tion : que les frais de justice, qui aujourdlbui sont exorbi-
tants
Art. 13. — Article JO de Bouzy ; var. : Elles sont contraires
au caractère national
^292 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 14. — Que dans chaque arrondissement il y ait une
maison désignée où ciiaque propriétaire aille payer l'impôt
territorial qu'ils demandent et cela sans frais ;
Art. 15. — Article 12 de Bouzy ; ainsi rédigé : « Qu'un
notaire ne puisse jamais être contrôleur des actes, ces deux
charges étant incompatibles, »
Art. 16. — Article 13 de Bouzy; ainsi rédigé :
« Qu'un notaire ne puisse jamais être en même temps
notaire, procureur fiscal, huissier royal, procureur postu-
lant, Iniissier priseur et fermier des droits de cens et rentes
et profits de roture, et enfin régisseur des droits seigneuriaux
en fiel" du seigneur du lieu où il réside : toutes ces charges
réunies étant incompatibles d'une part et ne tendant d'ailleurs
qu'à faire beaucoup de mal au public. »
Art. 17. — Que le fils aîné ou un gaivon domestique de
chaque syndic municipal soit exempt de tirer au sort de la
milice ;
Art. 18. — Que la mesure, tant pour les grains (]ue pour les
vins et les terres et autres héritages, soit la même dans toute
l'étendue du royaume ;
Art. 19. — Article 9 de Cliàtenoy, ainsi rédigé :
« Qu'il soit permis aux laboureurs de faire paître leurs
bestiaux et les mener, savoir : leurs clievaux dans les veutes
du deuxième bourgeon, et les vaches dans les ventes des sept
à huitièmes bourgeons, et qu'il soit (ait défense aux gardes,
sous peine d'être cassés et punis, de faire des procès-verbaux
injustes (comme cela est souvent arrivé dans cette paroisse);
qu'ils confondent en frais les riverains de la forêt; que si l'on
ne remédie pas à des abus aussi allreux, les habitants seront
forcés de renoncer à avoir des troupeaux de bêtes blanehes,
conséquennuent d'abandonner la culture de leurs terres, faute
d'amendement, ce qui les mettrait dans l'impossibilité de payer
les droits (hi Roi et des propriétaires. »
Ai't. 2(1. — Qu'il y ait juissi une taxe pour les actes des
CAHIER DE BRAY. 293
notaires qui, pour les mêmes actes, se font payer, les uns
() livres, les autres 9 livres, les autres 12 livres et les autres
18 livres.
Art. 21. — Art. 10 de Cliàtenoy, ainsi rédigé :
« Qu'il soit permis aux habitants de ladite paroisse de Saint-
Jacques de Bray, propriétaires des bois et arbres épars qui se
trouvent sur et autour des héritages qui leur appartiennent et
avoisinent la forêt d'Orléans, de les couper, permission qu'ils
n'ont jamais pu obtenir, ni du Conseil de Monseigneur le duc
d'Orléans, ni des eaux et forêts, ce qui les met hors d'état de
faire les réparations de leurs bâtiments qui en ont le besoin le
plus urgent, et qu'il leur soit permis de faire les fossés autour
de leurs liéritages qui avoisinent ladite forêt d'Orléans. »
Art. 22. — Art. 14 de Bouzy, ainsi rédigé :
« Qu'il y ait une taxe pour les chirurgiens qui vexent on ne
peut pas plus le public, surtout les habitants de la campagne
qui la plupart meurent, n ayant pas le moyen de faire venir
un chirurgien, attendu le prix exorbitant qu'ils demandent tous
tant pour leurs voyages que pour leurs drogues; ce qui
dépeuple les campagnes, fait un tort considérable à la popula-
tion et ruine les pauvres familles. »
Art. 23. — Art. 13 de Cliàtenoy, plus développé :
« Qu'il soit permis auxdits habitants de Bray de conduire
leurs porcs en forêt et d'y pi-endre les bois secs et morts pour
leur chauffage, ce qui leur a été accordé, ainsi que le droit de
pacage de leurs chevaux et de leurs bêtes aumailles dans
ladite forêt d'Orléans par François I'-'', François II, Louis XIT,
Henri III, nos anciens rois, et suivant les règlements de mes-
sieurs les grands maîtres des eaux et forêts d'Orléans des années
1482 et 1483 et les lettres de confirmation de Louis XIII du
mois de septembre 1625 et suivant plusieurs autres titres des
concessions qui leur ont été accordées pour les récompenser
de leurs peines et soins à veiller aux incendies et à éteindre le
feu dans la forêt, lorsque, par accident ou autre malheur, il
y est. »
294 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 24. — Art. 12 de Cliàtenoy; var. : qui conduisent de
leur paroisse à celle de Saint-Benoît-sur-Loire
Art. 25. — Que les seigneurs de leur paroisse de Bray s'ar-
rogent le droit exclusif de la pêclie dans les petites rivières
qui y passent et leur font faire souvent des procès-verbaux qui
leur sont très coûteux, quoique cependant les habitants de
ladite paroisse de Bray fassent faire à leurs frais les recure-
ments de ces petites rivières; que c'est de ce prétendu droit
de pèche qui est une espèce des servitudes dont ils se plaignent
et dont ils demandent l'abolition dans la plainte et doléance
comprise sous le no 13 ci-dessus.
Le tout fait et arrêté entre les habitants de ladite paroisse
de Bi'ay, assemblés au banc de l'œuvre dans l'église de la
même paroisse, ledit jour 2 mars 1789, à l'heure de ini(U.
(Suivent les signatures de Lacroix, syndic; Brucy; Lelong;
Bidault; Robert; Bidault; Boulniier; Buret; Vallet; Pro-
chasson.)
VIEILLES-MAISONS.
Dép. Loiret. Arr. Montargis. C"". Lorris.
Gén. Orléans. El. Montargis. Gren. CliàtcauiuMif. Dioc. Sons.
.Tousse. — &') feux. Lemaire. .hislicc de Saint- Benoît. Br. de Château-
neuf. A 5 lieues de Ghâteauneuf, 7 de (rien et 11 d'Orléans. Route de
Loi'ris. Sur le canal d'Orléans. Dans la forêt d'Orléans. Pays couvert.
1768. — 60 feux. Abbé de Saint-Benoît. Seigle.
DÎME. — La 18" o-erbe.
Taille de la paroisse en 1788. — 775 1., dont ;i">0 poui' li' pi'iiiri|i!il
et 425 pour les impositions accessoires et la capital ion.
Phocks-vkhh.m,. — .\.ss«'nil)lée élcctui'ali' le iiiai-di ,"} iii;irs. dans une
chambre de la maison de Marie-Nicolas-Alexandi-e RafFard, syndic, où
se tiennr'nl ni-dinairement les assemblées d<> la paroisse, à dix lieni'cs du
matin, snns la présidence de .Icaii liaplislc l'i'ochasson, notaire royal
au bailliafre d'Oi-b-ans en l'étendue i\r la «■hàtellcnie et résidant en la
ville de Saint-lienoit-sur-Loire. — Pajui/nlion : 65 feux. — ('n)/i/tii-
CAHIER DE VIEILLES-iMAISONS. 295
rafits : Marie-Nicolas-Alexandre Raffard, syndic et cabaretier; Fran-
çois Héau, laboureur et membre de la municipalité ; Jean-Baptiste
Lejarre, ancien laboureur et membre de ladite municipalité ; Jean Serré
l'ainé, laboureur et membre de ladite municipalité ; François Prieur,
laboureur et adjoint à ladite municipalité; Séverin Gouthier, laboureur
et adjoint à ladite municipalité ; Sébastien Vacher, manœuvre,
adjoint à la municipalité; Georges Proehasson, laboureur et greffier de
la municipalité ; François Guérin, laboureur ; Charles Robert, labou-
reur; Etienne Leplat, laboureur; Pierx'e Trembleau, laboureur; Jean
Serré le jeune, laboureur; Jacques Morlet, manœuvre; François Pingot,
manœuvre; Jean Pingot, manœuvre ; Noël Deberne, manœuvre; Louis
Troquet, manœuvre ; Claude Blot, manœuvre ; François Pilon, manœu-
vre ; Gilles Monneau; Pierre Dugué, manœuvre; Jacques Coulon,
raanceuvre; Jean David, manœuvre; Etienne Goureau, manœuvre;
Jean Cain, manœuvre; Mathieu Ménager, manoeuvre, et P'rançois
Simon, manœuvre. — Députés : Jean-Baptiste Lejarre; Jacques
Morlet.
Population en 1790. — 473 habitants.
On reconnaîtra dans le cahier de Vieilles-Maisons les termes mêmes de
plusieurs doléances qui figurent dans les précédents cahiers. On y trouvera
aussi quelques dillérences. La simple lecture permettra de faire aisément la
comparaison des textes.
CaJder de doléances des habitants de la paroisse de Vieilles-
Maisons, bailliage et généralité d'Orléans, diocèse de Sens,
ce 3 mars 1789, en la cJiambre des séances ordinaires des
assemblées des habitants de la paroisse, au bourg de Vieilles-
Maisons.
l» Ils (leinaiideiit que lo.s (ii'oils des aides soient suppi'imés,
en sorte que les vins soient absolument libres et que chaque
particulier puisse en disposer facilement ;
l2o Que le sel soiL libre et cominerçable et que tous les
droits et les charités (jui sont établis à cet éyard soient su[)pri-
inés;
'^^ Qu'ils soient déchargés de la taille, de la capitation d'in-
dustrie, de la contribution à la corvée et î.^'-jibelle, et que le tout
296 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
soit converti en un impôt territorial payé par les propriétaires,
aux offres que font les fermiers de tenir compte pendant le
cours de leurs baux aux propriétaires de ce qu'ils paient
annuellement pour taille, capitation d'industrie, évaluation de
corvée et g-abelle, de manière qu'il ne soit imposé par la suite
aucun impôt sur les fermiers sans le consentement des États
généraux, dont le retour périodique sera lixé avant la dissolu-
tion desdits États généraux ;
4» Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
5° Que le revenu de la cure de cette paroisse, qui ne produit
annuellement, compris la portion congrue que lui paient annuel-
lement MM. les Bénédictins de Saint-Benoît comme gros
décimateurs de la paroisse, que la somme de 700 livres, soit
augmenté jusqu'à concurrence de 2,000 livres et que, pour cet
effet, il soit pris sm^ les biens ecclésiastiques la somme de
1,300 livres, à la charge par M. le curé de cette paroisse de ne
pouvoir exiger aucune rétribution forcée ni volontaire pour
l'administration des sacrements ;
i'p Qu'il soit établi dans le bourg de cette paroisse une
administration municipale composée du syndic et des marguil-
liers pour veiller sur la police, dresser des procès-verbaux de
contraventions, arrêter les mendiants non domiciliés et les
conduire devant les juges des lieux;
7» Que le couti-ôie ne soit point laissé entre les mains des
notaires, attendu qu'il en peut résulter des abus préjudiciables
au public et que d'ailleurs ces deux charges sont absolument
incompatibles ;
8" Que les droits de contrôle soient diminués et lixés d'nnc
manière invariable sans pouvoir être interprétés différemment,
en sorte (pie les contractants ne soient point gênés dans l('s
rédactions de leurs conventions;
•> Que les notaires de la ville de l'aiis soient obligés <le lain'
CAHIER DE VIEILLES-MAISONS. 297
contrôler leurs actes et de payer les droits de contrôle comme
les notaires des autres villes et provinces du royaume ;
10" Les habitants observent que leur paroisse est considéra-
blement gênée par le canal d'Orléans, la rigole de Courpalette
et autres rigoles et étangs qui traversent tous les héritages ;
que la forêt d'Orléans entoure de trois parties leur paroisse et
que les habitants qui, anciennement, faisaient pacager leurs
bestiaux sans aucune difficulté dans la forêt, en conséquence des
droits qui leur avaient [été] accordés par nos anciens rois,
même de prendre du bois sec et mort et du bois blanc pour
leur cliaulTage, sont actuellement considérablement gênés par
les gardes non seulement pour raison du pacage de leurs bes-
tiaux et de bois sec et mort dans la forêt, mais encore pour la
disposition des bois qui sont sur et autour de leurs héritages
qui leur appartiennent ; pourquoi ils demandent qu'il leur
soit permis il» de couper ou arracher les bois qui leur
appartiennent sur et autour de leurs héritages soit pour faire
des réparations à leurs bâtiments ou pour les reconstruire ou
en construire de nouveaux ou enfin pour en disposer autre-
ment ; 2» de prendre du bois mort et sec dans la forêt pour
leur chauffage ; 3" de faire pacager, savoir : leurs chevaux dans
les ventes (1) du deuxième bourgeon et leurs vaclies et bœufs
dans les ventes du sixième bourgeon, le tout sans être obligés
de demander aucune permission, aux offres qu'ils font de tra-
vailler, comme ils ont toujours fait jusqu'à présent, tant à veiller
à [ce] qu'il ne soit fait aucun incendie dans la forêt et
d'éteindre le feu lorsque, par accident ou autre malheur, il
y est.
Le tout fait et arrêté les jour et an et lieu ci-dessus énoncés,
mais à l'heure de midi.
(Suivent les signatures de Ralïard, syndic ; Prochasson ;
Morlet ; Lejarre ; Héau ; Guérin ; David ; Prochasson, notaire
royal.)
(1) Coupes de bois se faisant à des époques régulières, dont le produit sera mis en vente.
L expression est encore en usage.
298 . BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Le cailler de Saint-Aignan-des-Gués, rédigé sous la présidence de Gautier,
procureur fiscal de la justice de Saint-Benoît, présente avec les cahiers de
Ja série Prochassou de très grandes ressemblances qui sont indiquées ci-
dessous.
SA TNT- A IGNAN-DES-GUÉS.
Déji. Loiret. Arr. Orléans. C"«. Ghâteauneuf.
Gén. El. Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
.JoussE. — 30 feux. Religieux de Saint-Benoît. Justice de Saint-
Benoit. Br. de Ghâteauneuf. A 3 lieues de Ghâteauneuf, (3 de Gien et
9 d'Orléans. Route de Saint-Benoît à Bellegarde. A une denii-lieue de
la forêt d'Orléans. Plaine. \'a\ de la Loire.
1768. — 28 feux. Abbaye de Saint-Benoît. Blé.
DÎME. — Terres labourables, la 18*' gerbe. Vin, une pinte sur 3(3.
Taille de la paroisse en 1788. — 979 1. 5 s., dont 463.5 pour le
principal et 516 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mercredi 4 mars, dans la
maison de .Jacques Boutroue, à défaut d'auditoire, sous la présidence
de Pierre-.Ioseph Gautier, procureur iîscal de la justice de Saint-Benoît
et de celles de Bray, Saint-Aignan-des-Gués, Saint-Aignan-des-Eaux,
ancien procureur desdites justices. — Population : 26 feux. —
Comparants : Jean Goullon, syndic desdites paroisses (29..5-|-32.12) ;
Jean Goullon (37 -(-41.4), Jacques Régnier (34.15 -[- 38.1.5), Pierre
Diard (35.15 -}- 39.15), membres de la municipalité; Firmin IJoutlic-
gourd (5-}-5.12) ; Jean Bouard (5-)-5.l2); Etienne Hureau (8-|-8.18);
Jean Desnoues (12.5-)- 13.13) ; Pierre Houdré (21 -j- 23.8) ; Jacques
Boutroue (12.15-}- 14.4) ; Jean-Félix Falleau (19.10 -f- 21.15) ; PYançois
Goûtant (11.10 -f- 12.16) ; Martin Hureau (0 -f- 10) ; Martin Quétin ;
François Pommier (7. 5 -j- 8.1); Philippe Bazin (10. 15 -(-12) ; François
Mignard, marguillier (10.5 -(- 11.9) ; Pierre Gei'bodicr ; Jacques-
Etienne Lebrun; Pierre Gorbery (3.5 -(- 3.12). — Déjiulés : .h^»n
Desnoues, vigneron; Jean Goullon, lal)()ureur.
PorL'f,ATio.\ i;n 179U. — 121 hai)itaMts.
CAHIER DE SAINT-AIGNAN-DES-GUÉS. 299
Cahier de^ doléances que peuvent présenter les habitants de
la paroisse Saint- Aignan-des-Gués.
Us demanderont, s'ils le jugent à propos, aux États assem-
blés et au Roi :
Art. 1 à 5. — Comme Bray.
Art. G. — Art. 7 de Bouzy.
Art. 7. — Art. 9 de Bray.
Art. 8. — Art. 8 de Bouzy et 7 de Chàtenoy ; ainsi rédigé :
(( La résidence des baillis ou d'un officier de justice dans
l'étendue de la justice, ou, au défaut, une administration muni-
cipale composée des syndic et marguilliers en exercice pour
veiller à la justice du lieu qui, sans cette précaution, sera tou-
jours mal administrée. »
Art. 9. — Art. 12 de Bray.
Art. 10. — Gomme Bouzy.
Art. 11. — Art. 14 de Bray.
Art. 12. — Art. 15 de Bray.
Art. 13. — Art. 17 de Bray. Variantes indiquées en ita-
liques : ou, à son défaut y un garçon domestique d'un syndic. . .
Art. 14. — Art. 18 de Bray; ainsi rédigé :
« Que la mesure tant pour les grains, les vins et les héri-
tages soit la même dans toute l'étendue du royaume, ce qui
fera que personne ne s'y trouvera trompé. »
Art. 15. — Art. 19 de Bray ; ainsi l'édigé :
(( Qu'il soit permis aux laboureurs de faii'c paître leurs bêtes
à laine daus les grands bols; à cet elTet, qu'il soit lait défense
aux gardes, sous peine d'être cassés et punis, de faire des
procès-verljaux injustes, comme cela est souvent arrivé dans
cette paroisse, qui confondent en frais les riverains de la forêt;
que si l'on ne remédie pas à des abus affreux, les habitants
sei-ont obligés de renoncer à avoir des troupeaux de bêtes à
laine et conséquemment d'abandonner la culture de leurs
300 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
terres, faute d'amendements, ce qui les mettrait dans l'impos-
sibilité de payer les droits du roi et les propriétaires. »
Art. 46. — Art. 20 de Bray. Var. : d'autres, i2 et 18.
Art. 17. — Art. 1() de Brav; ainsi rédigé :
(( Qu'un notaire ne puisse joindre à son office qu'un autre, soit
huissier royal ou procureur, sans en pouvoir joindre de plus,
attendu que s'il y en avait davantage, cela serait contraire au
bien public. »
Art. 18. — Article additiomiel de Bouzy, ainsi rédigé :
« Qu'il soit permis aux habitants propriétaires de bois qui
avoisinont la forêt d'Orléans de les couper sans permission
qu'ils n'ont jamais pu obtenir ni du Conseil de Ma»' le duc
d'Orléans, ni de ses maîtres des eaux et forêts qui les met-
tent hors d'état de faire les réparations à leurs bâtiments qui
ont le phis besoin de l'être. »
Art. 19. — Art. i22 de Bray.
Art. 20. — Qu'il est des plus importants qu'il soit nommé
un curé [)()ur leur paroisse, faute duquel il arrive souvent
que les habitants meurent sans avoir reçu les sacrements,
des enfants sans avoir reçu le baptême, ce qui [est] cause
aussi qu'ils ne peuvent faire instruire leurs enfants dans la
religion catholi(|ue, étant éloignés de la paroisse de Bray, dont
le curé est chargé de la desserte de leur paroisse, de plus
d'une lieue, ce qui fait même que depuis un certain temps il
les a obligés non seulement de porter les enfants pour être
baptisés à la paroisse de Bray, d'y faire enterrer les morts et
les a aussi ol)ligés d'allei* au tribunal de la [)énitence et de
faire leur devoir pascal au lieu pour s'éviter la j)eine de taire
le tout en leur paroisse et d'y célébrer l'office tel ([iic I'om
avait coutume,
Ai't. 21. — Que |)Oiii' hi lraiii|tiillilt'' des |)i'0|iri(''laires de
biens qui relèvent, tant en licf (jue roture, laiit du seigneur
dominant que de plusieurs autres dont la pliq)art sont rotu-
riers, et en grand nombre font (ju'ils \w savent souvent de
CAHIER DE SAINT-MARTIN-d'ABBAT. 301
qui leurs héritages relèvent, que dans cette ignorance ils sont
poursuivis et confondus en gros frais, pourquoi il serait
nécessaire que les seigneurs dominant en chaque paroisse
soient autorisés et obligés à rembourser les autres seigneurs
de fiefs et censives et que d'après il soit fait un règlement de
perception égale de ceulx par chacun arpent d'héritage, ce qui
éviterait quantité de procès tant entre les seigneurs que les
propriétaires.
Fait et arrêté aux bourg et paroisse dudit Saint-Aignan-des
Gués, cejourd'hui 4 mars 1789. Signé par ceux qui le savent.
(Suivent les signatures de Goulon, syndic et greffier;
.T. Goulon; François Goûtant; Hureau; François Pommier.)
Les cahiers de Saint-Martin-d'Abbat et de Germigny-des-Prés, rédigés
sous la présidence de Thiercelin, notaire en la châtellenie de Saint-Benoit,
résidant à Saint-FJenoit, olfrcnt avec les cahiers précédents de très grandes
ressemblances jusque dans les termes; la lecture fera aisément apparaître
les analogies.
SAINT-MARTIN-D'ABBA T.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"'*. Ghàteauneuf.
Gén. EL Orléans. Gren. Ghàteauneuf. I)ioc. Orléans.
JoussE. — 125 feux (1). Le comte de Saint-Florentin. Justice de
Ghàteauneuf. On écrit par Ghàteauneuf. Br. de Ghàteauneuf. A 1 lieue
de Ghàteauneuf, 8 de Gien, 7 d'Orléans et 3 de .Jargeau. Assemblée le
28 août, jour de saint Sulpice. Route de Ghàteauneuf à Saint-Benoit.
Près la rivière de Loire. Près la forêt d'Orléans. Sur une hauteur.
Terres labourables. Vignoble et prés. Jja cure vaut environ 1,500 1. ; à
la collation de MM. de Saint-Euverte. Les hameaux sont : (Jharipeau,
les Brosses, le Haut-des-Bordes, les Planches et Rolland.
1708. — 11!» feux. Saint-Florentin. Vigne.
I)ÎMK. — Grosses dîmes : blé, froment, seigle, 2 gerbes de 4 pieds
4 pouces par arpent ; menus grains, 'S gerbes de même grosseur par
(1) Au-Ueâsous, 137.
302 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
arpent; vin, 3 pintes par poinçon, mesure de Chàteauncuf. Menues et
vertes dîmes : le 18^ ; troupeaux et laine, le iS^.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,252 1. 10 s., dont 2,5(34.10 pour
le principal et 2,688 pour les impositions accessoires et la cai)itation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 23 février, dans la
demeure et sous la présidence d'Etienne Thiercelin, notaire roval à
Ghàteauneuf-sur-Loire, résidant à Saint-Martin-d'Abbat. — Popula-
tion : 140 feux. — Comparants : Jean Prudliomme, laboureur, syndic
de la paroisse et de la municipalité (80.15 -|- 84.9); François Héau
(08.5 -j- 71.9), François Morin (55.5 -j- 57.15), p]tienne Li^'-er (125-)-
130.15), laboureurs, Jean Vernois, meunier (39.10 -f- 41.7), Etienne
Rousseau (15.15 -f- 10.10), Joseph Mazuré (11.10 -j- 12.1), vignerons,
tous membres de la municipalité; Pierre xVsselin (48.10 -|- 50.15),
Pierre Boulmier (58 -[-GO. 15), laboureurs, Laurent Blot, vigneron
(10.10 -[- 11), adjoints à la municipalité; Etienne Thiercelin, notaire
royal, greffier de la municipalité (12.5-)- 12.10) ; Pierre Maria, meu-
nier et boulanger, précédent syndic de la paroisse (29.10 -)-;>(). 10);
Esprit Sauvagère, charron (9.5-|-9.14) ; Jean Taureau père (10.10-)-
11); Jean Taureau fils; Jean Baudin, vigneron (8.5 -)- 8.13) ; Jean
Gaprais Maréchal, maître en chirurgie (2-|-2.2); Simon Contant
(6.15 -)- 7.1), Guillaume Champeau (9 -j- 9.9), Pierre Ruffier (10.10 -)-
11), Jean Moineau (10.10-)- 11), vignerons; Antoine Masson, scieur de
long (9-)- 9.9); .Joseph-Antoine Joubert, vigneron (9-)- 9.9); André
Pelletier, maître d'école (4.10 -j- 4.14) ; Jean-François Asselin (11-)-
11.10), Jean Dardonville (10.5 -f- 11.15), Jacques Ruflier (!».5 -|-9.14),
vignerons; Etienne Foulcron, marchand (6.5-)- 6. 11); Jacques Moret
(11 -f- 11.11), Jacques Pelletier (10.5 -)- 10.15), Jean-Baptiste Arnoult,
vignerons; Jacques Asselin, lal)()ureurs ; Martial Bouin. vigneron
(17. 10 -f- 18.6) ; Pierre Chanseau, tisserand (9.i0-]-9.9j ; François
Goullon, vigneron (11 -)- 11.11) ; Jean Bailly, tailleur d'habits (1.10 -f-
1.11); Fiacre Moireau (60.15-)- 63.11), Sulpice Boisard (68-j-~l-«4
laboureurs; François Mercier, vigneron (12. 10 -f- 13.2); Louis Chan-
seau, tisserand (7.5-[-7.12) ; Jacques Auger, laboureur (48.5-)- 50.9);
Michel Berruet, laboureur (82 -)- 85.15) ; Jean-Baptiste Quélas, vigne-
ron, collecteur des tailles et préi)osé des vingtièmes (11 -)- 11.11) ;
JMerre Bernii-r (25 -j- 26.3,), Louis Ringuedet (51 -^53.7), .lean Far-
nault (95-f-99.7), laboureurs ; François Nottin, tisserand (7.5-[-7.12j;
François Couillault (9. 10 -|- 9. 19), Vincent Hodeau (10.5 -|- 10.15),
CAHIER DE SAINT-MARTLX-d'aBBAT. :W3
Claude Pelletier, vignerons; Pierre Moulin, nianci'uvre; Jacques Bou-
rillon. vigneron (5 -|- 0.14). — Députés : Pierre Maria; Jean Thoreau
père. — Témoi?is : François Grivot, boucher ; Etienne Baudin,
vigneron.
PopuL.VTioN EN 1790. — 711 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Saint-Mariin-d'Abbat.
Nous, habitants de la paroisse de Saint-^Iartin-d'Abbat
nommés en notre assemblée cejourd'hui tenue à l'effet de
présenter et de nommer des députés pour se présenter et assis-
ter à l'assemblée préliminaire qui se tiendra devant M. le lieu-
tenant général du Chàtelet d'Orléans le 7 mars procliain, usant
avec respect de la liberté à nous accordée par Sa Majesté par
ses lettres datées, en notre dite assemblée présentement
tenante nous pensons qu'il est à propos qu'il soit établi
une périodicité de la tenue des États généraux, et que, pen-
dant l'intervalle de cette périodicité, il soit établi un tribunal
pour juger les personnes suspectées par le Roi ou par la
Nation d'avoir abusé de la religion de l'un ou de l'autre;
Que chaque citoyen soit soumis au glaive des lois et de ses
juges naturels ; qu'il ne puisse être levé aucun impôt qui ne
soit consenti par la Nation assemblée en États généraux dont
le retour périodique sera fixé avant la dissolution des pro-
chains États; qu'il soit arrêté que les Parlements ne pourront
enregistrer aucun impôt ni empnnit ni création d'offices
auxquels on attacherait des émohimenLs, tant que les États
généraux ne seront pas convoqués ;
Que l'on soit déchargé de la taille, de la capitation d'indus-
trie, de l'évaluation de la corvée et de la gabelle qui seront
converties en un impôt territorial payé par les propriétaires,
aux offres par les fermiers de tenir compte pendant le cours
de leurs baux aux(hts propriétaires de ce qu'ils paient annuel-
lement pour lesdits objets ;
304 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Que les baillis ou un officier de la justice résident dans
l'étendue de la justice ; sinon et à faute, qu'il soit établi une
administration municipale composée des syndic et mari;uilliers
en exercice pour veiller sur la police du lieu, qui, sans cette
précaution, sera toujours mal administrée ;
Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
Que les profits censuels et féodaux soient abolis; que les
droits de contrôle soient diminués, et (|ue, dans la classe des
gros laboureurs, on ne comprenne pas de simples vignerons
qui souvent ne sont propriétaires que de peu de biens;
Que les commis aux vins, aux cuirs et autres objets soient
supprimés ;
Qu'il n'y ait qu'un même poids et une même mesure dans
tout le royaume ;
Que les petites justices soient réunies aux justices supé-
l'ieures ;
Que les droits des petites rivières soient abolis, nous sou-
mettant, au surplus, à tout ce qui sera réglé et statué aux
procliains États généraux.
Fait et arrêté entre nous,... (les mêmes noms qu'au procès-
verbal, moins « maître Etienne Thiercelin, notaire royal, gref-
fier de la municipalité »),
Cejourd'hui 23 février 1789.
(Suivent 24 signatures : celles de Prud'homme, syndic ;
Mazuré, membre; Marois, etc., et celle de Thiercelin, no-
taire.)
GEHMIGNY-DES-PRÉS.
Déj). Loii-et. Arr. Orléans. C^^'K (^liàtoauncur.
Gën. EL Orléans. <TV(ra. ('Iiàtcauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. — 0(j feux (1). Los religieux de Saint-Benoît. On écrit par
Chàteauneuf. Justice de Saint-Benoît, Assemblée le jour de la Trinité.
(1) AU-(i('9S0US, 'J9.
CAHIER DE GERMIGNY-DES-PRÉS. 305
Br. de Cliâteauneuf. A 1 lieue de Chàteauneuf, 8 de Gien, 7 d'Or-
léans, 3 de Jargeau, 1/2 de Saint-Martin-d'Abbat. Pays couvert. Val
de Loire. 1 ^4 de lieue de la rivière. Les hameaux sont : Bussy, Guinant,
le Prieuré et Meg-ny. Le terrain est en vignes, prés et blés. La cure vaut
environ 500 1. ; à la collation de M. l'évèque.
17(58. — 93 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Vigne.
DisiE. — Grains et autres dimes en général : le 18". Vin : 4 pintes
par poinçon mesure de Saint-Benoît.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,368 1. 15 s., dont 1,590 1. 15 s.
pour le principal et 1,778 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 22 février, en
la maison d'Etienne Lelièvre, laboureur, sous la présidence d'Etienne
Thiercelin, notaire en la chàtellenie de Saint-Benoit-sur-Loire, résidant
à Saint-Martin-d'Abbat. — Population : 86 feux. — Comparants :
Marin Maria, vigneron, syndic de la paroisse et de la municipalité
(16.15-[- 18.14) ; François Bonneau (26.10 -|- 29. 12), François Boursin
(13.15 -|- 15.8), vignerons, membres de la municipalité; Denis Farnault,
laboureur, membre de la municipalité (18-)- 20. 3) ; .Jean Groslet (17-(-
19), .Jean Falleau (17. 10-j- 19.11), vignerons, adjoints à la municipalité;
Etienne Lelièvre, laboureur, adjoint (29 -j- 32.8); Jean Barbachoux,
vigneron, greffier de la municipalité (16 -j- 17.17) ; Claude Maria, labou-
reur, ancien syndic (103 -f- 115); Pierre Quettier, laboureur (40.10-[-
45.3), Louis Boutrier. vigneron (12.5 -|- 13.14), collecteurs et préposés
des vingtièmes; Etienne Massas (9-j-lO.l), François Falleau (19 -j- 21. 5),
Émery Boutroux (18.5 -f- 20. 8), Joseph Moireau (18.5-}- 20.8), Etienne
Happart (;8.10-j-9.10), .Jean Boutroue (12. 15 -j- 14.4), (xcorges Poirier
(4-f-4.9y, Pierre Linard(10.15-f- 12). Sébastien Falleau (20.10-1-22.18),
vignerons ; Jean Perronet, meunier (20 -f- 22.7) ; Etienne Baudin(16.5-j-
18.3), Pierre Lacroix (12 -j- 13.8), Jean-Henry Bourgeois (11 -j" 12.6),
Pierre Dautry (17.15-]- 19.16), Fiacre Baudoin (10-j- 11.4), Edme
Beauvais (6. 15-}- 7. 10), Charles Coullon (4-J-4.9), Jean Lacroix (9-}-
10.1), Jean Houdré (12.10-}- 13.9), Pierre-François-Marie Boutroue
(9.5 -j- 10.6), vignerons; Jean Jazat. tailleur d'habits; Gilles Moireau.
vigneron; Marc Bouneau, journalier (4-}-4.!)). — Députés : Marin
Maria ; Jean Barbachoux.
Population ex 1790. — 310 habitants.
T. I. 20
306 BAILLIAGE d'ORLÉANS,
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des habitants de
la paroisse de Germiriny, rédigé le dimanche 22 février
■1789.
Usant avec respect de la liberté qui nous est accordée par
Sa Majesté, nous demandons, sous l'agrément néanmoins des
États généraux :
lo L'augmentation de la cure jusqu'à la concurrence de
2,000 livres, par application de biens ecclésiastiques ;
2o L'abolition de tout casuel forcé, au moyen de cette aug-
mentation ;
3o L'établissement d'un maître et d'une maîtresse d'école
pour l'instruction de la jeunesse, par application de biens
ecclésiastiques ;
4» L'établissement d'une administration municipale compo-
sée des syndic et marguilliers en exercice pour veiller sur la
police et maintenir le bon ordre ;
5o La décharge de la taille, de la capitalion d'industrie,
de l'évaluation de la corvée, de la gabelle, qui seront conver-
ties en un impôt territorial payé par les propriétaires, à la
charge par les fermiers de tenir compte auxdits propriétaires
pendant le cours de leurs baux du montant de ce qu'ils paient
annuellement pour tous les objets ci-dessus;
6o Qu'il ne puisse à l'avenir être levé aucun impôt sur les
fermiers pour l'entretien de la nef ou autres réparations com-
munes qui ne pourront être supportées que par les proprié-
taires ;
7o Qu'il ne soit établi aucun nouvel inqx'it sans le consen-
tement des Etats généraux dont le retour périodique sera
fixé avant la dissolution des États généraux ;
8" Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
9o Que tout di'oit de sei'vitude soit aboli, comme l'obligation
aux vassaux d'entretenir les rivières de leurs seigneurs;
CAHIER DES BORDES. 1307
10o(ju"il soitpennis aux habitants de foire rouir leur chanvre
dans les petites rivières ({ui avoisinent leurs héritages.
Fait et arrêté entre nous, susnommés, lesdits jour et an, et
ont ceux d'entre nous qui n'ont signé déclaré ne le savoir, de
ce enquis, après lecture laite des présentes.
(Suivent les signatures de : Marin Maria, syndic ; F. Bonneau;
Etienne Janny ; Maria ; E. Beauvais ; Jean Houdré ; Barbachoux,
greffier: Lebrun; Boussier, et celle de Thiercelin, notaire.)
LES BORDES.
Dép. Loiret. Arr. Gien. C'^". Ouzouer-sur-Loire.
Gén. Orléans. EL Gien. Gren. SuUj. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. El. de Gien pour les tailles et d'Orléans
pour les aides. 96 feux. Environ 350 communiants. Le duc de SuUj.
Marché de Sully. Écrire par le messager de Sully. .Justice de Sully.
Br. de Gien. A 5 lieues de Gien, 10 d'Orléans et 1 de Sully. Assemblée
le jour de la Madeleine. Grande route d'Orléans à Lyon. Route de
Lorris à Aubigny. Sur une éminence. Distant d'une lieue de la Loire.
Sur le bord de la forêt d'Orléans. Partie de la forêt d'Orléans dépend
de la paroisse. Des Bordes à Ouzouer, il y a des fonds très dangereux.
Le terroir produit seigles et orges, prés et chanvres. Le principal com-
merce est le chanvre qui y croît abondamment. La cure peut valoir
700 1., année commune ; elle est à portion congrue.
1708. — 08 feux. Dur de Sully. Blé.
DÎME. — Le 15^.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,307 1., dont 1,080 pour
le principal et 1,287 pour les impositions accessoires et la capita-
lion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1"'' mars,
sous le porche de l'église, sous la présidence d'Augustin Baujouant,
"notaire royal au bailliage d'Orléans, à la résidence de la châtellenie de
Saint-Benoît-sur-Loire. — Poi^ulalion : 110 feux. — Comparanls :
Jacques Laizeau, marchand meunier, syndic de la municipalité ; Nicolas
Clément, maréchal, Etienne Nottiu, charron, Jean Chenille, voiturier,
308 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
notables de la municipalité ; Joseph Clément, charpentier, Pierre
Toquoy et Joseph Marchand, maréchaux et adjoints ; Hippolyte Laizeau,
charpentier; François Laizeau, Charles Laizeau, charpentiers; Guil-
laume Garnier, voiturier ; Pierre Lepage, Simon Le Roy, Etienne
Roy, voituriers ; Emery Roux, boucher ; Antoine Millet, voiturier ;
François Giboin, Laurent Chéron, Louis Haraud, Biaise Micliaud,
Jean Audouard, Pierre-Vincent Baron, Yrain Durand, Jacques Durand,
tous voituriers, sauf Baron, boulanger ; Jean Bal, François Martine,
Pierre Brosse, François Brosse, Louis-Aignan Chevallier, Pierre Haraud,
François Bardoullat, Jacques Chéron, Pierre Lefebvre, Joseph Fanon,
Nicolas Pelletier, Pierre Asselin, François Beaudouin, Jacques Levassort,
Pierre Marsas, Etienne Haraud, Jacques Durand, Joseph Sachay, Fran-
çois Auger, Jacques Coullon, Pierre Coutellier, François Martin,
Jacques Giboin et Pierre Lepetit, tous manouvriers, sauf Lepetit,
tailleur ; Denis Lacroix, aubergiste et greffier de la municipalité. —
Députés : Guillaume Garnier; Emery Roux.
Population en 1790. — 513 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances pour la paroisse
des Bordes.
i» Que les États généraux s'assemblent tous les ans ;
• 2o Que toutes les provinces soient en p;iys d'Etats, dans
lesquels les représentants seraient élus librement ; que les
provinces soient cbargées de la répartition et pei-ception dos
impôts ;
3» Qu'on établisse une dimc royale en nature qui tienne lieu
de la taille, de la corvée, des vint^lièmes, de l'industrie ;
que le sel et le tabac soient marchands par tout le royaume :
4" Que la justice se rende au nom du Roi dans chaque pro-
vince, en pi'emière insUmce et dernier ressort; qu'il n'y ait
plus de justices seigneuriales, au moins (ju'elles soient
composées de; trois juges âgés de 3U ;ins au moins et gra-
dués;
5o Que les curés soient dotés en bitMis-londs jnsipTà concur-
rence de I,t2()() livi-es, à prendi-e sui- les bénéfices sim[)les, ce
CAHIER DE TIC. Y. 309
qu'on peut faire pour Ouzoïier-sur-Loire et les Bordes sur le
prieuré d'Ouzouer et sur l'abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire
qui possèdent des biens-fonds dans la paroisse des Bordes
et sur la grande dime des Bordes, et qu'ils soient sujets aux
grandes et menues réparations de leurs presbytères pour éviter
les procès avec les habitants ;
6« Que les chapitres servent de retraite aux anciens
curés qui ne peuvent plus supporter les fatigues du minis-
tère ;
70 Que l'on abolisse toute espèce de casuel, comme désho-
norant pour le Clergé et vexatoire pour le peuple ;
[80] Enfin que les impôts et charges d'État soient supportés
proportionnellement aux facultés du Clergé, de la Noblesse et
du Tiers état ;
90 Enfin (jue Ton abolisse tous les droits de francs-fiefs qui
gênent la vente des biens, et qu'il soit permis de rembourser
aux gens de main-morte les rentes foncières en leur permet-
tant d'en faire le remplacement en biens-fonds :
[lO] Enfin qu'on ne puisse enlever à sa famille aucun
citoyen sans les (.sic) déclarer dans les vingt-quatre heures
les raisons de son enlèvement; qu'on lui fasse son procès; que
les peines de mort soient conmiuées en galères qu'on fera
servir aux travaux des routes.
(Suivent 11 signatures : celles de Émery Roux ; Garnier ;
Baron ; Laizeau, syndic, etc.)
Les deux caliiors de Neuvy-eii-Sullias et de Tigy, l'édigés le Ifi- mars,
sous la présidence de Joseph Desnoyers, notaire à Tigy, doivent être entiè-
rement publiés à cause des diflérences sensibles qu'ils présentent. Mais il
n'est pas douteux que l'un a servi de modèle à l'autre. En prenant pour
type de comparaison celui de Tigy, lieu de la résidence de Desnoyers, on
constate à Neuvy la suppression des passages du début relatif au maintien
de la religion catholique et à l'amélioration du sort du curé et du vicaire.
Mais à partir de la phrase : « Notre position actuelle est très affligeante... »,
qui est devenue à Neuvy: « Nous avons été affligés depuis trois ans dediffé-
310 BAILLIAGE d'oRLÉAMS.
rents fléaux... », les doléances, quoique autrement rédigées, sont en très
grande majorité identiques et même, dans plusieurs cas, exprimées dans des
termes semblables.
TIGY.
Dép. Loiret. Avr. Orléans. C<^^. .Jargeau.
Gén. El. Orléans. Grcn. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 121 feux (1). 350 communiants. Reli-
gieux de Saint-Benoît. .Justice de Sully. Assemblée le jour de saint
Georges. Br. de Ghâteauneuf. Marchés de Sully et de Jargeau. Ecrire
par le messager de Sully. A 2 lieues de Ghâteauneuf, 8 de Gien,
0 (2) d'Orléans, 3 de Sully et 2 de Jargeau. A 1 lieue 1/2 de la Loire.
Ruisseau de Branslin. Route d'Orléans à Sully et en Berry. 3 lieues de
bois. Fond. Sologne et de Val la Loire. Terroir composé de vignes,
étangs, prairies, bois taillis et terres labourables. Produits : froment,
seigle, orge, blé noir et peu de chanvre. Le commerce est sur les
grains, les bois et le poisson. La cure produit 1,000 1. ; il y a un
vicaire.
1768. — 124 feux. Abbaye de Saint-Benoît. Blé.
DÎMK. — Grosses dîmes : froment et seigle, 2 gerbes par arpent;
menus grains, la 13o gerbe; vin, 2 jointes par poinc^-on de 120 pots,
mesure de Paris. Vertes dîmes : chanvre, la i:)" poignée. Menues
dîmes : agneaux, laine, le 20''.
Taille de la paroisse en 1788. — 6,735 1. 10 s., dont 3,170.10 pour
le principal et 3,556 pour les impositions accessoires et la capitalion.
Progks-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1«'' mars, dans
la chambre municipale, sous la présidence de Joseph Desnoyers, notaire
royal au bailliage d'Orléans en la chàtellenie de Saint-Benoît-sur-Loire,
résidant à Tigy. — Popuhdion : 120 feux ou ménages. — Compa-
rants : Sébastien Grandjean, laboureur, syndic ('.>6 -[- 107.3), Pierre
Lacroix, laboureur (61-}- 68.2), Pierre Barbereau, laboureur (60 -f-
67.2), gagiers ; Denis Robert (127 -j- 112.2). Vrain Delacroix (67 -j-
75.2), Jean-Baptiste Poullin (140 -[- 156.0), laboureurs. Pierre Blaii-
duret, nianceuvre (6-J-6.14), Pierre Muzet (12-J-13.8), membres de la
municipalité; François Lecomte (81 -}-00.11), Pierre Robert (33.10 -f-
(■1) Au-dessous, 132.
(2) Au-dessous, 7.
CAHIER DE TIGY. 311
37), lal)oui'eiU's, (Uiillannie Muzet, préposé des vingtièmes (24 -j-2G. 10),
adjoints de la municipalité; Luc Blondeau, aubergiste (49 -(-54. 17) ;
Michel Vassort l'aîné, charron (11) -|- 21.0) ; Michel Vassort jeune,
aubergiste (15.10-}- 17.8) ; Jacques Drieux, meunier (12-}- 13.8);
Pierre Yenon, marchand, ca])aretier (5-}- 5. 13); Louis Hurpin, tisse-
rand (7,5-}- 8.3); François Supplisson, boulanger (31 -)- 34.13) ; Jean
Dupais, charron (21 -[-23.12) ; Martin Venon, cordonnier (3-}- 3. 7);
François Bonnery, maçon (4-}-4.9) ; Denis Duples. charpentier (0.15-|-
7.13); Claude Olagnier, scieur de long (7-}- 7.10); Jacques Gentj,
laboureur (43 -|- 47.17) ; Pierre Baron, laboureur (10-}- 11.5); An-
toine Lorgeron, laboureur (71 -|- 79. 9); André Dupuis, meunier (53 -j-
59.1); Jean-Baptiste Marois, marchand (3-f-3.7); Jacques Lebigue,
tisserand (3-}- 3. 7); Jean-Baptiste iVuger, laboureur (31 -)-34.13).;
Joseph PouUin, laboureur (77-}- 80.1); René Dupuis, laboureur (74 -f-
82.10) ; René Dupuis, manœuvre (7-}-7.10) ; Éloi Gentv, manœuvre
(5 -[-5.12); Pierre Groslet, manœuvre (7-|-7.10) ; Jean Robert, labou-
reur (131.10 -[- 147.3) ; Pierre Blanduret l'aîné, manœuvre (0-}-0.14);
Joseph Ghesneau, manœuvre (11 -[-12.7); Jean-Luc Bertrand, char-
pentier (8-}- 9); Etienne Yenon, laboureur (02 -f- 09.7). — Députés :
Joseph Desnoyers ; Guillaume Muzet.
Population en 1790. — 820 habitants.
Mémoire des plaintes, doléances et remontrances que font et
prennent la liberté de faire les habitants de la paroisse de
Ti(j II -en- Sologne pour être présentées à V asseynblée générale
qui se fera en la ville et bailliage d'Orléans pour parvenir
d la tenue des États généraux, conformément aux ordres
du Roi.
Nous soussignés et non siguandaires (1), composant le
général des habitants de Tigy-en-Sologne, supplions très
humblement Nos seigneurs les Députés pour la tenue des
États généraux, que, pour hi plus grande gloire de Dieu, ils
aient à demander, comme nous le demandons, que tout ce (jui
concerne la i-eligion catliolique, iiposLolique et romaine ([U(;
nous professons soit soigneusement observé, a(in d'obtenir de
(1) signataires.
312 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Dieu sa miséricorde et que le règ^ne de vSa Majesté fleurisse et
soit d'une longue durée.
Nous ne croyons pas que le produit annuel du bénéfice-cure
de Tigy excède 1,500 livres, charges déduites et compris un
gros de 400 livres y joint, et à prendre sur la grosse dîme
de cette paroisse, dont sont propriétaires les révérends reli-
gieux bénédictins de Saint-Benoît-sur-Loire.
Nous désirons :
lo Que le revenu de cette cure soit augmenté et porté
jusqu'à 2,000 livres, soit par la réunion d'une cure voisine
telle que celle de La Queuvre, qui n'est qu'à portion congrue,
soit par application d'autres biens ecclésiastiques, tels que la
grosse dîme, en supprimant néanmoins le gros de 400 livres
dû par lesdits religieux bénédictins, à la cliarge par le sieur
curé de ne pouvoir exiger aucune rétribution forcée ni même
volontaire pour l'administration des sacrements et rinhumation
des corps ;
2" Que les 400 livres de gros attachées à la cure et dues par
les religieux de Saint-Benoît-sur-Loire soient employées à la
fondation et établissement d'un maître et d'une maîtresse
d'école dans notre paroisse pour l'instruction et l'éducation des
enfants des deux sexes, Tigy étant éloigné de deux et li'ois
lieues des endroits où il y a des écoles.
Tigy a toujours été une paroisse à vicaire ; le logenienL du
vicaire est meublé et séparé du presbytère du sieur curé;
la portion congrue du vicaire, fixée à 350 livres, jointe à ses
messes et le petit casuel, nous ont (sic) paru être trop modiques
pour faire subsister honnêtement un prêtre avec une domes-
tique (|iril gage et ahmente, et, (hiiis ('clie vue, nous nous
sommes volontairement chargés depuis plusieurs années de
lui faire un sort plus heui'eux ; mais la révolution des temps
et les alllictions dont nous ;illoiis parler nous oui (cllcnicnl mis
à la gêne que nous serons forcés de retirer au vicaii'e cette
manjue de notre gratitude ; et pour le mettre dans le cas de
CAHIER DE TIGY. 313
n'en pas souffrir, nous désirons qu'il soit joint à sa portion
congrue deux objets de biens ecclésiastiques qui sont dans
notre paroisse : le premier est un bénéfice simple ou chapelle
dans l'ég-lise de Tigy, dont est titulaire le sieur Ripault, prêtre
du diocèse d'Orléans, et le second est un gros annuel de
84 mines de blé seigle, mesure de Jargeau, à prendre dans
la grange dîmeresse de Tigy et qui se paie au sieur archi-
diacre de Sully.
Notre position actuelle est bien affligeante. La grêle du
23 mai 1787 a écrasé presque toutes les récoltes et n'a laissé
aux habitants qu'à peine de quoi les faire subsister ; par
conséquent, point de grains pour les ensemencements, point
d'enfourragements pour les bestiaux et l'amélioration des
terres, et d'autres ressources pour le paiement des fermes et
des impôts que ce que l'économie avait ménagé et le crédit
des moins malaisés.
Les pluies continuelles de l'automne de la même année ont
submergé une partie du peu de terrain que l'on a pu ense-
mencer et la majeure partie des terres est restée inculte ; de
sorte que la récolte de 1788 n'a pas donné la moitié des
légitimes espérances. Cette modicité de récolte presque uni-
verselle et l'ambition démesurée de ceux qui n'ouvrent pas
leurs greniers, tels que les chapitres et autres bénéliciers, ont
donné lieu à la cherté des grains qui désole nos cantons.
Enfin, la rupture des ponts de Jargeau, arrivée cette année,
all'aiblira considérablement le commerce de nos contrées en
nous fermant le passage pour Orléans.
Ces considérations nous font désirer, comme nous le deman-
dons :
lo Que la taille et les autres impôts dont nous sommes sur-
chargés soient dimirniés, et, si les besoins de l'État s'y
opposent, nous requérons que la taille, la capitation d'indus-
trie, même les gabelles et les droits d'aides, la contribution
à la corvée soient convertis en un impôt territorial payé par
les propriétaires, aux offres que font ceux d'entre nous qui
314 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
possédons (.<î/c) des biens à ferme de tenir compte aux proprié-
taires pendant la durée de nos baux de ce qu'ils paieront
annuellement pour ces objets, de manière qu'il ne soit imposé
dans la suite aucun impôt sur les fermiers sans le consente-
ment des États généraux ;
!2'> Qu'il soit nommé des commissaires pour faire des visites
des greniers dans les villes et même dans les campagnes,
et que, s'il s'en trouve de cliargés de grains, il soit enjoint
aux particuliers, corps et communautés qui se trouveront
dans ce cas de conduire ces grains au marché.
Nous désirons aussi que les frais de justice soient diminués,
les procédures abrégées ; que les droits de contrôle, centième
denier et franc-fief (dont les sols pour livre y joints graduel-
lement d{'[)uis leur établissement ont tiercé les perceptions)
soient diminués, ou tout au moins simplifiés, de manière que
la perception, seule connue des traitants, se fasse d'une
manière uniforme, sans que les interprétations, toujours
favorables à ceux-ci, puissent gêner les particuliers dans
leurs dilïérents contrats.
Enfin, il est désolant que les levées des régiments provin-
ciaux se fassent plus particulièrement sur les campagnes ; (jue
le (ils d'un laboureur et ses domestiques, si nécessaires à
l'agriculture, soient sujets au tirement du sort, tandis que les
valets fainéants qui fourmillent dans les villes en sont
exempts, etque cette exemption dépeuple môme nos campagnes
en déterminant les jeunes gens à quillcr la souquenille pour
se vêtir d'un liabit de livi'ée, ce qui surcharge encore les
laboureui'S qui ne peuvent avoir de domestiques qu'à des
gages exorbitants, par un manque de sujets. A cet égard, nous
prions de jeter un regard favorable sur nous en assujettissant
les domestiques-laquais au tirement du sort pour la milice;
nous croyons en attendre que les campagnes se repeupleront
de ciiltiNateurs et que le luxe des villes tournera, par sa dinii-
iiiilion, à notre avantage et au soulagement des pauvres.
fait et ai'i'ôlè entre nous, habitants susdits, Ions nés Kimii-
CAHIER DE NEUVY-EN-SULLIAS 315
çais, âgés de vinLjt-c'inq ans et au-dessus, el compris au rôle
des impositions, cejoui'd'hui dimanche ler mars \18\). Ceux
d'entre nous qui n'ont sii;né ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 19 signatures : celles de Grandjean, syndic; Barbe-
reau, gagier; Denis Robert, etc., et celles de Gastille, greffier
et Desnoyers, notaire.)
XEUVY-EN-SCLUA S.
Dép. Loiret. Avr. Orléans. C"". Jargeau.
Gén. El. Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 70 feux. 300 communiants. L'abbé de
Saint-Benoît. .Justice de Sullj. Marchés de Sully, .largeau et Château-
neuf. On écrit par Sully. Br. de Ghàteauneuf. A 2 lieues 1/2 de Ghàteau-
jieuf, 7 de Gien, 8 d'Orléans. 2 de Sully et 3 de .Jargeau. A 1/2 lieue de
la Loire. Route de Sully. Bois. Sologne et Val de Loire. Pays couvert.
Il y a quelques étangs. Le terroir produit des vins, quelques froments,
du seigle, un peu de blé noir et du pacage pour les bestiaux. Son com-
merce est sur les grains, le poisson et les bois. La cure vaut 800 1.,
année commune.
1768. — 17 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Blé.
Di.ME. — Grosses dîmes : froment et seigle, la 18" gerbe ; menus
grains, la 13« gerbe ; vigne, 2 s. G d. par arpent. — Vertes dîmes :
chanvre, le IS^. — Menues dîmes : agneaux, laine, le 18''.
T.MLLE de la paroisse en 1788. — 3,911 1., dont 1,847 pour le prin-
cipal et 2,0(34 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verhal. — Assemblée électorale le dimanche 1"'" mars, dans
la chambre municipale, sous la j)réxid('nce de .Joseph Desnoyers, notaire
royal au bailliage d'Orléans en la chàtellenie de Saint-Benoît-sur-Loire,
résidant à Tigy. — Po]}ulaUo)i : 81 feux. — Comparants : Jean
Inibault, charron, syndic et préposé des vingtièmes (21 -}- 23.10) ; Fran-
çois Aubîgny (75-^-83.15), ,Tean-B>aptiste Lecomte (7 -f- 7.17), gagiers ;
Louis Bardou (74 -f- 82.13), Nicolas Grandjean. lal)oureur (84 -f- 03. 17),
.\ntoine Bidault (10 -)- 17.18), membres de la municipalité; Antoine
Aul)igny,lahoureur(80-)-80.7),AignanPommier(105-j- 118.2), Antoine
Harun (')-]-(). M), ;idJoints de la municipalité ; .\ndré Dupuis (57.10-}-
316 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
64.5), Pierre Régnier (70 -j- 78.5). Nicolas Paurelle (45-f-50.6), Pierre
Maître (30 -f- 33.11), Barthélémy Poullin (112 -(-125.4), Jacques Venoii
(55.10-^62.5), Ythier Robert (63-^70.8), Jacques Janvier (32 -j- 35.13),
laboureurs ; Pierre Barbereau (44 -j- 49.3) ; Jean Barberousse (35-J-30) ;
Jacques Boulmier (22-f-24.10); .Jean-Baptiste Tellier (17. 10 -(-19.11),
manœuvres; Claude Poullin, tisserand (3-}- 3.7); Etienne Gujot,
tailleur d'habits (10 -(-11.3); Etienne Vie, laboureur (45-(-50.4);
Pierre Lebrun, manœuvre (55 -|- 01.14) ; Noël-Etienne Boulmier,
maréchal (4 -|- 4.9) ; François Farnault, manœuvre (15-(- 10.15); Fir-
min Maître, vigneron (12-|-13.8); Jacques Beaumarié (12-{-13.8).
ÉtienneBouchet (3-J-3.7), manœuvres; Pierre Gastelet, sabotier (1;^ -[-
14.11); Etienne Yenon, tisserand (0-(-0.14); Jean Giblet, cerclier
(6-(-6.14) ; Etienne Plielipeau. manciuivre (1.10-(-l.l3) ; Jean-Baptiste
Lecomte, vigneron (0-{-0.14); Jean Massas (2 -(-2.5), Laurent Rago])ert
(l-(-1.3), mandHivres; Jean-Baptiste Roux, meunier (10 -(-11.3);
François Gathelineau, Laurent Louvrouer (23 -(-25.14), manœuvres;
Louis (xuyot, vigneron; Jean-Baptiste Grégoire, cerclier (10-|-11.3);
Priscille Supplisson, meunier, collecteur (29 -(-32.8) ; René Bourdinas,
manœuvre (0-(-6.14) ; Pierre Baron, vigneron ; Martin Muzet (2 -(-2. 14),
Louis Philippeau (15 -(- 16.10), Martin Comaille (1-f- 1.2), manœuvres ;
Pierre Dupuis, meunier (18 -(-20. 13) ; Jean Poullin (3 -(-3.7), Pierre
Roumilly (l-(-1.2), manœuvres; Simon Supplisson, meunier (15-f-
16.16); Pierre Janvier (6-(-6. 14), Jean Maître (4-f-4.9), Etienne
(ruyot, François Patinote (2 -(-2.5), André Lecomte (10 s. -(- 11 s.),
Ythier Aubigny, manœuvres. ~ Députés : Ythier Robert ; René Bour-
dinas.
Population en 1790. — 410 habitants.
Doléances, plaintes et remontrances que nous soussignés et
autres ne sachant signer, composant le général des habi-
tants de la paroisse de Neuvy-en-Sullias, faisons pour être
présentées à M. le lieutenant général au bailliage d'Or-
léans dans rassemblée générale qui se tiendra en son hôtel
le 16 mars 1789, en conformité des ordres du Roi pour
la tenue des Etats généraux fixée au 37 ai'ril suii'n)il.
Nos pi'emi(U'S vœux tendent à la conservation de Sa Majesté
et à la longue durée de son règne.
CAHIER DE NEUVY-EN-SULLIAS. 317
Nous avons été affligés depuis trois ans de dilï'érents fléaux.
Au mois de mai 1787, la grêle a ravagé la majeure partie de
nos récoltes; il ne nous est resté que la triste perspective d'avoir
recours a un autre genre de travail que celui de la plus grande
partie de nous puur substancer (sic) nos familles et acquitter
les impôts dont nous sommes surchargés. Nous nous con-
solions cependant, dans l'attente d'un avenir plus heureux.
Mais hélas ! les grandes pluies de l'automne suivant nous
ont jetés dans une autre perplexité . les terres ont été inon-
dées, la majeure partie est restée inculte, et le peu qu'il a été
possible d'ensemencer n'a produit en 1788 que la moitié de
nos espérances. Les charges sont restées et les impôts à payer.
j\Iais, pleins de confiance à (sic) la Providence, nous nous
sommes armés de courage ; ceux d'entre nous les moins
malaisés se sont encore libérés, et les autres n'ont pu le
faire qu'en contractant des dettes envers les âmes charitables
qui leur ont tendu leurs mains secourables. Enfm, la rigueur
de l'hiver actuel a endommagé les grains et entièrement
détruit les vignes de notre pays qui en partie fait un petit
vignoble.
Tant d'aftlictions successives nous mettent dans la plus dure
nécessité. Une autre crainte encore nous désole. Tous les
vignobles voisins ont essuyé le même sort que nous; la men-
dicité va se nmltiplier à l'infini ; les pauvres vignerons qui
n'ont pas de pain, qui n'auront pas d'espérance d'en trouver
chez eux, sourds à la voix du législateur qui les circonscrit
dans chacun leur endroit, vont se répandre par milliers dans
la Sologne, parce que la Loire les borde au nord.
Ces considérations nous font demander :
lo Sinon une décharge totale des impositions, mais au moins
une diminution sur la taille et les gabelles, et la décharge des
corvées ;
2" Que, dans le cas où l'État souirrirait de ces modérations,
les biens qui sont francs d'imposition, tels que ceux des béné-
Uciers, des gentilshommes et auLies de cette espèce, y soient
;jl8 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
assujettis, sans exception ; et, dans cette idée, nous deman-
dons que la taille, la capitation d'industrie dans les cam-
pagnes, la contribution à la corvée, les gabelles, les droits sur
le tabac, les droits d'aides et généralement tous les impôts de
cette nature soient convertis en un impôt territorial payé par
les seuls propriétaires, aux offres que font ceux d'entre nous
qui possèdent des biens à ferme de tenir compte aux pro-
priétaires pendant la durée de nos baux de ce qu'ils paieront
annuellement pour tous ces impôts, de manière que dans
l'avenir les fermiers ne soient chargés d'aucun impôt sans le
consentement des États généraux ;
3o Que dans notre paroisse il soit établi un bureau de cha-
rité, et que, pour la subsistance des pauvres et les soins dont
ils auront besoin dans leur maladie, il soit appliqué à ce
bureau de charité la grosse dime qui se perçoit sur la paroisse
et qui appartient aux religieux bénédictins de Saint-Benoît-
sur-Loire, dont la perception annuelle s'en fera telle et ainsi
qu'il plaira à Sa Majesté de l'ordonner ; que, pour prévenir
l'invasion des pauvres des paroisses voisines, les règlements et
ordonnances sur la mendicité seront renouvelés, et que pour
les faire exécuter il sera donné des ordres précis aux
brigades de maréchaussée sous telles peines qu'il [)laira à Sa
Majesté de leur inlliger en cas de désobéissance.
40 La médiocrité des récoltes n'est pas la seule cause de la
cherté des grains (]ui nous désole : les greniers des chapitres,
des communautés, des bénéficiers, tant en ville qu'en cam-
pagne, sont pleins ; la cupidité les empêche de les ouvrir.
Nous demandons, et nos grands besoins nous y portent, qu'il
soit enjoint à tous ces corps et particuliers d'ouvrir leurs gre-
niers et de conduire leurs grains dans les marciiés voisins, et
qu'à défaut par eux de le faire dans le délai qui leur sera
impaili, les commissaires et membres des munici[)alités
seront autorisés ae s'assister de main-forte pour le faire
d'autorité. Nous avons d'autant plus d'intérêt à ce bon ordre
que la rupinre des ponts de Jargeau, arrivée cette année,
CAlllKR DE NÉUVV-EN-yULLIAy. 319
alFaiblira considérablement notre commerce et met un obstacle
à notre passage pour Orléans.
Nous désirons aussi que les frais de justice soient dimimiés,
que les procédures soient abrégées, en atténuant par un nou-
veau code ce labyrinthe de la chicane ; que la perception des
droits de contrôle, insinuation et centième denier soit simpli-
liée et, s'il est possible, sous une seule dénomination, et que
le résultat soit connu des particuliers, afin qu'ils soient à l'abri
des interprétations que donnent toujours les traitants aux
dillérentes stipulations que contiennent leurs contrats ;
2o Que le partage des fonds immeubles des roturiers soit
fait également tant en [succession] directe qu'çn collatérale,
sans avoir égard à aucun droit d'aînesse ni de masculinité
par rapport aux biens féodaux, et même l'abrogation des
droits de francs-fiefs sur cette secte d'hommes, pourvu toute-
fois que ri^:tat trouve à se récupérer de cette perte sur tel
autre objet qu'il sera avisé aux États généraux;
3° Que toutes les mesures et poids soient égaux dans notre
province, c'est-à-dire que telle ou telle chose soit achetée ou
vendue à la même mesure dans les différents marchés, afin de
prévenir les confiscations qui ne sont que trop souvent pro-
noncées par la police, sans avoir égard à l'ignorance où étaient
les particuliers sur la mesure et le poids du marclié.
4° Et enfin, les faillites qui sont si fréquentes occasionnent
très souvent la ruine des particuliers. Nous convenons que la
grande liberté du commerce, si intéressant à l'État, et les
pertes que souffrent les commerçants les autorisent. Mais, de
nos jours, il en est tant (1) qui n'ont pas cette seule cause, mais
bien le luxe efiréné des villes, qu'il en est môme de fraudu-
leuses. Nous désirons qu'en faisant renaître l'ancienne loi,
tous les commerçants (|ui ne pourront justifier des pertes
égales au fond de la man(iuc (les frais honnêtes du gouverne-
ment de leur ménage compris) et ceux qui feront la ces-
(1) C'est-ù-dire : il est tant de faillites.
3'20 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
sion judiciaire permise soient assujettis à porter le bonnet
vert.
Nous remarquerons aussi qu'il est triste de voir nos cam-
pagnes seules chargées pour ainsi dire de fournir aux régi-
ments provinciaux, tandis que la valetaille des villes et les
serviteurs des gens d'église sont exempts du tirement (sic) du
sort. Nous désirons que Sa Majesté, en venant à notre secours,
donne des ordres pour que les laquais, que le luxe a rendus si
nombreux, soient sujets comme nos enfants et domestiques de
labours au tirement du sort pour la milice.
Fait et arrêté entre nous, habitants susdits, ce dimanche
le- mars 1789.
(Suivent 42 signatures : celles de Pierre Maître ; Noël-
Étienne Boulmier; Imbault, syndic de la municipalité, etc., et
celle de Desnoyers, notaire.)
26o Groupe de Sully-sur-Loire.
Le groupe de Sully-sur-Loire comprend :
io Le cahier de Sully, rédigé sous la pi'ésidence de Nolloau, lieutenant
général du duclié-pairie de Sully ;
2o Le cahier d'Isdes ; président : Villoing, notaire à Sully ;
3o Ceux de Vannes et de Yiglain ,• président : Remv, commis notaire à
Sully ;
4o Ceux de Sennely et de Souvigny ; président : liranciiet, notaire à
Vannes ;
5o Ceux de Lion-en-Sullias, Saint-Florent, Bonnée, Saiiit-Pèi-e ; président :
Arnal, notaire à Sully ;
60 Celui de Chaon ; président : Berthier, notaire en la justice de Sully,
résidant à Chaon.
SULLY-SUR-LOIRE.
Dép. Loiret. Arr. Gien. C^n. Sullj.
Gén. Orléans. El. Gien. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
.loussK. — Ville. 528 feux. Le duc de Sully, i chapitre, i couvent
d'hommes. 1 hôtel-J)ieu. Duché-pairie, r. au Parlement. 7 foires dans
rannér. Marelié le samedi (non [)()ur les i^-rains). P>r. de (Tien. A 5 lieues
CAHIER T)E srij;v-sru-LOiRE. ;321
de (rien et 10 d'Oi-léans. Route de Lori'is à Aubigny. Sur la Loire. Forêt
de Sullv. de 7 lieues de lontî-ueui'. Plaine.
170S. — 45(3 feux. Duc de Sully. Blé, vigne.
Di.MK. — Le 15".
Taille de la parois.se en 1788. — 12,048 1., dont 5,450 i)oui' le prin-
cipal et 6,508 pour les impositions accessoires et la capitation.
Le Calendrier Jiisiorique, p. 178, consacre à Sully une notice où sont
décrits le chapitre de Saint-Ytliier, l'hôpital et hôtel-Dieu, le bailliage,
riiôtel de ville et le grenier à sel.
Population en 1790. — 2,400 habitants.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1'^'' mars, à
riiôtel de ville, sous la présidence de Louis Nolleau, avocat au Parle-
ment, lieutenant général civil du duché-pairie de Sully. Assemblée
composée des personnes dénommées dans la délibération des officiers
municipaux du 20 février et des représentants des corps et corporations
nommés dans les assemblées particulières desdites corporations tenues à
l'hôtel de ville les 23, 24 et 25 dudit mois. Sont comparus (1) : « M. Tabbé
Gravet de Courcelles, chanoine chevecier de l'église collégiale de Saint-
Ythier, de ladite ville, premier échevin ; le sieur Privé, marchand,
second échevin ; la mairie étant vacante par le décès du sieur abbé de
Bursy, grand chantre du chapitre, qui en était pourvu ; M" Peigné,
avocat ; M. Delachesne, médecin ; NP Brillard, avocat ; M. Seguin, pro-
cui'cur ; MM. Villoing et Asselineau Desmazures, chirurgiens ; le sieur
Lefèvre ; M. Yillault, bourgeois ; Aubigny, du Pot à Ghambart ; Louis
Massicard et Jacques Gresset, laboureurs ; M. Marmolin ; M. Perré ;
M. Ph. Burgevin ; les sieurs Dézotels, Roberbergeon ; Berthelomier,
choriste ; (^averoi i)ère, cordonnier; Boulmier, taillandier; Vie, perru-
quier ; Richard, serrurier ; Fauvin ; BouUet l'aîné ; Bonneau, tous mar-
chands ; Xottin, menuisier; Touzon ; Chauveau fils, maçons; Rondet,
fripier; Lebrun et Vatellier, aubergistes; Fourneau, Bezault père et
Ylhier BouUier, tisserands et marchands en drap et toile ; Vrain
BouUier; .Tcan-Baptiste Richer ; Rochu ; .louanin, vitrier; Etienne Bur-
gevin lils ; Poulin, niameuvre ; Sébastien Bonneau, laboureur; Darbois.
« Nous ont déclaré que, dans une assemblée préliminaire tenue à
l'hôtel de ville le 25 dudit mois de février, il a été nommé M" Peigné,
(\) Nous croyons devoir reproduire, à purlir d'ici, le texte du procès-veibal.
T. I. IV
322 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
avocat, et les sieurs Philippe Bur-evin, Perré,Vrain Boullier et Jacques
Gresset, commissaires pour la rédaction des doléances, plaintes et
remontrances que les habitants entendraient faire à Sa Majesté, et pré-
senter les moyens de concourir et subvenir aux besoins de l'Etat, ainsi
qu'à tout ce qui peut intéresser la prospérité du royaume et celle de tous
et chacun des sujets de Sa Majesté.
« Lesdits sieurs commissaires nous ont représenté le cahier de doléan-
ces par eux rédigé, et M« Peigné, avocat, l'un d'eux, en a fait la lecture;
après laquelle lecture l'assemblée ayant délibéré, il a été arrêté qu'il y
avait quelques changements et additions à faire qui ont été proposés ;
qu'il serait d'ailleurs nécessaire de le mettre au net pour pouvoir être
signé, ce qui ne se peut exécuter dans le restant de ce jour.
« En conséquence, l'assemblée a été continuée à mercredi prochain,
une heure après midi, pour entendre la lecture dudit cahier de doléances
et l'arrêter ;
« Et, de suite, procéder à la nomination des députés. »
Le 4 mars, à une heure de l'après-midi, nouvelle séance pour la lecture
du cahier rédigé par les commissaires; approbation du cahier par
l'assemblée, sa signature par les commissaires, à l'exception de \ raui
Boullier, absent pour affaires ; le cahier est coté par le lieutenant
général NoUeau, président. Élection des députés : NoUeau ; Peigné;
Privé ; Simon Monterault, laboureur.
Le 5 mars, élection d'un nouveau député à la place de Simon Mon-
terault, malade ; Jacques Gresset, laboureur, propriétaire, est nommé.
Cahier des doléances du Tiers état de la ville et duché-pai-
rie de Sully j^our être présenté à lassemblée générale de
la province d'Orléans, qui se tiendra en la capitale le
7 mars présente année il 89.
Demiiiidor «lu'il ne soit établi aucune Ici dans W royauiuP
(|u'av('c- le concours des États généraux, pour éviter les sur-
prises dont le trône est continuellement assiégé par les courti-
sans intéressés et les vils adulateurs. Qu'on n'accorde aucun
iiniHHs que poui' un temps limité, et seulement après que le
ivlonr i»(''i'i(Hli(|uc des Étals géiu'raux sera fixé;
Que celui qui sei'a cliargé de présenior le cahier du Tiers
CAHIKR DE SULLY-SUR-LOIRE. 323
étut à l'assemblée des Étals o-énéraux le présentera de la iiiôine
manière que ceux (|ui seront présentés de la part des deux
autres [ordres], bannissant la posture humiliante à laquelle le
Tiers état était autrefois assujetti.
lo Demander le retour des États généraux dans trois ans
dans une ville quelconque, dont on conviendra poui' s'y rendre,
sans aucune convocation à l'avenir; et qu'on y opinera par tète
et non par ordre; enfin que la pluralité des "voix sanctionnera
la loi, cette pluralité ne fùt-elle que d'une voix ;
2o Que toutes les provinces du royaume soient en pays d'État;
que les officiers qui composeront ces États soient changés tous
les trois ans et élus par la voie du scrutin dans une assemblée
générale qui fixera les appointements ;
Clergé.
lo Que le revenu des cures des grandes villes soit porté à
3,000 livres, celles des autres villes à 2,000, celles des campa-
gnes à 1,500;
2o Que celui des vicaires soit fixé dans les villes à 1,000 livres,
et dans les campagnes à 800 livres ;
3" Que le revenu soit pris slu^ les prieurés et autres béné-
fices simples du second ordre ;
4o Qu'en faveur de ce revenu honnête, les casuels forcés et
volontaires soient supprimés ;
^ 5o Que l'union des bénéfices ne soit point opérée par les
évêques, la multitude de leurs occupations ne leur ayant pas
permis de travailler depuis la dernière époque de l'augmenta-
tion des portions congrues, à plus forte raison quand il fau-
drait pourvoir au bien g-énéral des pasteurs;
(y^ Que les évêques, en se soumettant de payer également
les impôts ordonnés, ne soient pas seuls chargés du pénible
fardeau de la répartition sur le clergé; les mains des Moïses
occupées à être élevées vers le ciel dédaigneraient tout autre
soin que celui du bien spirituel du peuple chrétien ;
324 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
7« Que le nombre des députés du second ordre du Clergé
soit plus nombreux du double que celui du premier ordre, vu
le gi-and nombre des curés ;
80 Qu'aucun bénéficier ne puisse posséder deux bénéfices ;
90 Que l'article 5 de l'ordonnance rendue aux États d'Orléans
soit renouvelé et exécuté. En conséquence, que les arche-
vêques, évêques, abbés et curés seront tenus à résidence dans
leurs diocèse, abbaye ou cure, à peine de saisie de leur tempo-
rel pendant leur absence, qui sera appliqué aux pauvres de
l'hôpital des lieux ;
9 bis Que les baux faits par les ecclésiastiques pour neuf ans
subsistent jusqu'à la fin, quoicpie les titulaires soient décédés;
IQo Que les bénéfices de cliaque diocèse soient à la nomina-
tion des évêques, comme plus à portée de connaître les sujets,
et que ces bénéfices ne soient remplis que par des diocésains
et non par autres, à moins qu'il n'y ait pas de sujet, les droits
des £ira(hiés réservés;
Ib' Que le (hx)it de déport soit aboh et celui de visite, en
dédommageant les archidiacres;
12o Que les curés vicaires perpétuels remplissent la pléni-
tude de leurs fonctions; que les litres et di'oils «h^s curés pri-
mitifs soient éteints;
130 Que les curés des campagnes au-dessus de 300 feux
aient un vicaire, et, dans h' cas (rinsnllisaiice de prêtres, que
les curés voisins les moins âgés et les vicaires soient autorisés
à biner et tenus de le faire sur la réquisition des iiabilanls; et
qu'il soit payé 3 livres par chaque messe sur les revenus des-
tinés à la dotation des vicaires. Quand il n'y aura pas de
vicaire faute de sujets, que les honoraires, s'il y en a de fixés,
soient attribués aux labi'iques pour être employés aux répara-
tions et ornements de l'église;
14" Que, pour des raisons ])lus fortes les unes que les autres,
on supi)rinie les indécentes courses des quêteuses (1(^ l'ordre de
CAHIER DE SULLY-SUR-LOIRE. 325
Sainte Claire : l'unique ambition des religieuses de cet ordre
se bornant à avoir le simple nécessaire, il conviendrait de leur
accorder quelques dots modiques;
450 Que l'article 19 de l'ordonnance rendue aux États d'Or-
léans soit renouvelé et augmenté; en conséquence, que l'émis-
sion des vœux pour l'état monastique ne soit rendue par les
personnes des deux sexes qu'à l'âge de 25 ans accomplis ; cet
acte emportant avec lui la disposition dernière de la liberté,
bien le plus précieux de l'iiumanité;
l(3o Enfin que, pour éviter la multitude des procès des
curés, soit de villes, soit des campagties, les presbytères des
paroisses soient réputés biens ecclésiastiques, et qu'ils ( l) soient
tenus de les reconstruire à neuf et de les réparer quand il en
sera besoin, aux frais des revenus destinés à la dotation des
cures;
Finances.
1° Que les finances de l'État, qui sont entièrement épuisées
par leur mauvaise administration, soient réparées en faisant
usage des moyens les plus faciles et les moins dispendieux
pour y parvenir, en établissant un impôt unique en argent sur
tous les biens du royaume appartenant aux trois ordres qui le
composent, sans aucune exemption quelconque, qui y contri-
bueront également; et, comme les jardins d'agrément et les
parcs des cliâteaux et des maisons de plaisance sont terrains
toujours précieux, qu'ils soient taxés à un impôt en argent qui
répondra aux revenus qu'ils pouiTaient produire annuellement
ou à peu près ;
2o Que la taille, l'industrie, les aides et la gabelle, les dîmes
ecclésiastiques, impôts dont le premier a été pj-esque toujours
arbitrairement assis et dans tous les temps [aj excité des liaines
perpétuelles entre les citoyens, soient supprimés; et que le
sel que la Providence a accordé à tous les hommes soit mar-
chandise de commerce libre <ians tout le royaume;
(1) C'est-à-flii'p : les curés.
3*26 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
3o Que la corvée, qui a été fixée arbitrairement au quart de
la taille dans un temps où les routes sont presque faites, soit
réduite provisoirement au liuitième de la taille actuelle de la
présente année 1789, jusqu'à la tenue des États généraux qui
suivront les prochains ;
4" Que les routes soient inspectées par toutes les municipa-
lités indistinctement, chacun en droit soi, et que les ingénieurs
et ceux en sous-ordre employés à la confection et réparation
des routes soient tenus de communiquer aux municipalités
leurs projets de travaux pour être approuvés ou contredits pai-
des mémoires qui seront envoyés au bureau d'administration ;
et que les adjudications des réparations des chemins soient
faites dans chaque paroisse, après avoir été publiées huit jours
devant en présence des municipalités, pour procurer de l'ou-
vrage aux travailleurs malheureux et obvier aux fraudes trop
multipliées en cette partie. Qu'il soit rendu compte au bureau
d'administration de chaque province de l'emploi de l'argent
aux travaux des routes, turcies et levées, tous les ans à une
époque fixe ;
6" Qu'il soit fourni aux Ktats généraux un état exact des
pensions, faisant mention de la cause de leur création; que
celles non méritées soient supprimées comme étant une sur-
charge au peuple ;
7<» Que les appointements des gi-ands bailfiages et des gou-
vernements, tant des villes de guerre et des provinces, soient
supprimés, les personnes pourvues de ces titres étant riches
et leurs fonctions se réduisant à rien, les grands baillis les fai-
sant acquitter ])ar leurs licutcnjuits, les gouverneurs par les
lieutenants de roi et les majors de place;
8o Que les droits de franc-fief soient supprimés coiiinie avi-
lissnnt le Tiers état, gênant le commerce, produisant peu à la
couronne, étant matière à vexalious (>xli';ioi-diii;iii'es |i()ur le-
peuple;
H'i (hi'il soit rendu une ordonnance jtar laquelle la pliisforle
CAHIER DE SULLY-SUR-LOIRE. 327
pension n'excédera pas la somme de 10,000 livres, et qu'elle
ne sera accordée que pour services signalés, jusqu'à ce que
les dettes de l'État soient acquittées;
iOo Que les dettes de l'État soient constatées, arrêtées et
assurées pour affermir la confiance de la Nation ; qu'on affecte
une sonmie déterminée annuellement pour en opérer le rem-
boursement jusqu'à leur extinction totale;
11" Qu'il soit établi une caisse nationale dans laquelle on
versera l'impôt territorial, sans frais ou le moins possible;
12» Qu'il soit fait un état des charges publiques des provinces
et que le montant en soit acquitté par une partie de l'argent
provenant de l'inqiôt territorial qui sera porté dans une caisse
établie à cet effet dans les capitales des provinces, sans
frais ;
13o Que les ministres ou autres personnes proposées à la
direction de ces caisses soient tenus de rendre un compte exact
annuellement de l'emploi des deniers à la Chambre des
comptes de Paris, à une époque fixe ;
14o Que cette Cour soit tenue, dans les trois mois au plus
tard de la présentation des comptes devant elle, de les faire
imprimer, après avoii' été clos et arrêtés, et de les adresser aux
bureaux généraux des États provinciaux pour y être dépo-
sés; et que les comptes puissent être argués en cas d'inexacti-
tude et présentés aux États généraux pour y être corrigés en
cas de besoin ;
15o Que le Roi soit humblement supplié de rendre une
ordonnance par laquelle il sera dit que les postes ecclésias-
tiques, civils et militaires, ces derniers tant de terre que de
mer, soient remplis concurremment par la Noblesse et le
Tiers état, et qu'à mérite égiil, la Nol)lesse ait la préférence, et
non autrement, ahn d'exciter rémulaliun dans tous les genres
pour le bien public ;
16« Qu'en cas de concurrence, pour décider du mérite, qu'il
soit choisi quatre gentilshommes non titrés par le noble qui
328 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
briguera la place vacante et quatre du Tiers état par celui de
son ordre; qu'examen soit fait des deux contendants dans une
salle publique dont l'entrée sera libre à tout le monde;
qu'après l'examen, qui ne pourra être moindre de deux
heures, le poste soit adjugé au plus digne;
'17o Que, pour encourager l'agriculture, il soit étal)li une loi
qui autorise le remboursement des rentes seigneuriales et
foncières tant en argent qu'en grain au denier 40, ainsi que
tous les droits de champart établis tant sur les terres en cul-
ture que sur celles qui sont vaines et vagues, ces droits étant
décourageants et pernicieux à l'État;
Justice.
1« Qu'il soit établi des grands bailliages ou conseils souve-
rains dans les capitales ou grandes villes de chaque province
du royaume, qui décideront en dernier ressort jusqu'à la
somme <le 30,000 livres pour éviter les frais de transport
toujours ruineux pour les plaideurs, et la vérité perdant de sa
force par l'éloignement;
[2o] Que les juges qui composeront l'un de ces tribunaux
soient autres que ceux des bailliages royaux et soient au
nombre de quinze au moins, et nommés ainsi que ceux des
bailliages royaux ci-après déclarés ;
o" Que les justices seigneuriales soient supprimées à
l'exception des duchés-pairies, et qu'elles soient réunies aux
bailliages royaux où elles vont par appel ou pour les cas
royaux, au Roi seul appartenant de rendre la justice à ses
sujets;
4° Que les seigneurs hauls-jusiiciers soieni rcmltoursés et
conservent leurs droits honoriliques, de même qu'ils en uiit
toujours joui ;
4o bis Que, dans h^s l'éunions et suppressions ci-ilessus
demandées, les justiciables ne soient |»as éloignés du siège
royal nouveau ou ducal auquel la jui'idictiou aui-a été unie de
CAHIER DE SULLY-SUR-LOIRE. 329
plus de 9 à 10 lieues, et, au dernier cas, suivront la justice
royale plus prochaine;
50 Qu'il soit établi des bailliages royaux de ville en ville,
composés de cinq juges, avec attribution de juger en dernier
ressort jusqu'à la somme de 3,000 livres; (jue ces juges soient
choisis dans l'ordi'e des avocats âgés au moins de trente ans,
qui auront fait preuve de talents et de bonnes mœurs, et qu'ils
rendent la justice gratuitement, en leur attribuant des gages;
Go Qu'il soit établi dans chaque paroisse un substitut du
procureur du Roi du bailliage royal ou du procureur fiscal
ducal, à vie, auquel on attribuera une place de commis notaire
afin de lui procurer un moyen honnête de subsister;
7° Qu'on lui attribue le droit déjuger sommairement et sans
appel jusqu'à la somme de () livres pour causes sommaires et
purement personnelles; qu'il ait droit de dresser procés-
verbal des contraventions et de faire arrêter en cas de délit,
et de faire conduire les délinquants en la justice dont il
dépendra; qu'à cet effet, les habitants de l'endroit soient tenus
de lui donner main-forte, à peine d'amende;
80 Que les justices de pairie soient composées au moins de
trois juges gradués et qui auront suivi le barreau pendant
quatre ans et en rapportent certificat des juges ou avocats du
siège qu'ils auront fréquentés, qui sera joint sous le contre-scel
des provisions;
9" Que les offices en soient inamovibles, sinon en cas de for-
faiture, et qu'ils ne puissent être remplis que par des personnes
âgées de 25 ans accomplis et sans dispense;
IQo Que le plus grand procès soit jugé défhiitivement dans
tous les tribunaux dans l'espace de 18 mois, à peine par les
juges, les avocats et procureurs solidairement d'en répondre
en leurs propres et privés noms ;
11" Que toute la procédure, tant en demandant qu'en défen-
dant, ne c(jnsiste qu'en une requête et un mémoire, abrogeant
330 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
le surplus comme superflu, ne servant qu'à obscurcir la vérité
et à produire la ruine des parties;
42" Que les contrôles, dont l'établissement est nécessaire
pour assurer la date et conserver l'existence des actes publics,
soient conservés; mais que les droits en soient restreints, fixés
et connus, avec défense aux commis d'en percevoir de plus
considérables que ceux établis, à peine de punition exemplaire,
et, sous les mêmes peines, de donner des explications forcées
aux actes pour en extorquer de plus i^tos droits; qu'en cas
de contestation, la connaissance soit attribuée aux juges
royaux ;
430 Que l'usage des lettres de cachet soit aboli; et, comme
la liberté des citoyens doit être sous la sauvegarde des lois,
qu'aucun particulier ne puisse être enlevé de sa famille qu'en
vertu d'un décret rendu juridiquement par le juge du lieu du
délit contre le délinquant, et dans le cas où, en vertu d'une
lettre de caciiet, on tenterait d'enlevei' un particulier de sa
maison, permis à lui de s'y refuser et de réclamer l'aide de
ses concitoyens pour s'y soustraire;
14» Que tous les commitiimus sans exception soient sup-
primés, le Roi devant égale protection à ses sujets indistincte-
ment; et que chaque seigneur ecclésiastique ou laïque sans
aucune exception soit tenu de plaider devant le juge du
défendeur; ils ont plus le moyen de le faire que ceux (ju'ils
attaquent;
lôo Qu'il soit rendu une ordonnance qui, abrogeant les der-
niers règlements, rende la liberté aux villes de se choisir des
officiers municipaux tous les trois ans, avec permission de les
continuer si on est content de leur administration;
IG« Que la peine de mort prononcée par les anciennes
ordonnances contre les criminels soit commuée en g;dères
de tern; poui' Iravaillei- au rétablissement des cliemiiis ou «les
foi'tidcations;
17" (Ju'il soit l'ait un nouveau code criminel, dans lequel
CAHIER DE SULLY-SUR-LOIRE. 331
il sera permis aux criminels d'avoir un défenseur qu'ils choisi-
ront ;
Militaire.
[o Que le militaire, en temps de paix, soit réduit à cent
mille hommes et en un corps de 70 mille hommes de
milice;
2o Que les officiers réformés conservent la moitié de leur
paie pendant leur vie; qu'en cas de guerre, ils soient rappelés
avec la totalité de leurs appointements;
3° Que les milices ne soient composées que par des enrôle-
ments volontaires payés 60 livres par tête, auxquels contri-
bueront également les trois ordres ;
4o Que l'ordonnance qui condamne le soldat à recevoir pour
correction des coups de plat de sabre soit supprimée, comme
avilissant et contraire au caractère des Français et occasion-
nant trop souvent la désertion et même le désespoir au soldat,
au point de se tuer plutiH que de subir la honte et la rigueur
de ce châtiment ; ({u'on y substitue, comme autrefois, la prison,
et qu'on entretienne le préjugé de l'honneur avec lequel les
Français ont fait des prodiges de valeur dans tous les temps ;
5° Qu'on augmente la paie du soldat de deux sols par jour
pour l'aider à la subsistance qu'il ne peut se procurer actuelle-
ment, vu la cherté des vivres;
6o Que défense soit faite aux états-majors des régiments de
faire aucune fourniture en nature, comme souliers et autres
ustensiles, mais que l'argent soit délivré au soldat qui fera
ses emplettes lui-même, sous l'inspection des bas officiers,
afin qu'il ne dépense pas son argent à autre chose qu'à ses
besoins ;
7o (Ju'en ce qui concerne les classements de la marine, vu
que les derniers règlements du ministre, rendus en celte
partie, causaient un préjudice notable au commerce exercé
sur les rivières du royaume, parce que cet assujettissement
aux classes enlève beaucoup de mariniers et détourne la plus
332 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
grande partie de la jeunesse qui préfère d'autres états, de
manière que les bras manquent en cette partie au grand
détriment du bien public, qu'il soit pris dans les hôpitaux des
enfants et parmi les mendiants dans les villes pour faire des
mousses dans les vaisseaux ; qu'à cet effet, on établisse des
dépôts sur les ports de mer où ces enfimts commenceraient à
s'accoutumer à l'air de cet élément perfide, puisqu'on veut
entretenir une marine ;
8» Qu'en temps de paix, la marine royale fasse campagne
tous les ans et charge au moins moitié en marchandise pour
rapporter des contrées éloignées les denrées que refuse notre
sol, soit en échange des nôtres ou à prix d'argent. Deux
avantages en résulteraient : nos matelots exercés deviendraient
plus experts dans la manœuvre, le commerce plus llorissant
et les armements moins coûteux à l'État ;
90 Que la loi qui condamne le soldat déserteur à passer par
les verges soit supprimée; que cette peine soit commuée en
un mois de cachot et que le soldat soit condamné au double
du service qui hii restait à faire pour obtenir son congé, et
qu'en cas de récidive, il soit condamné à travailler aux forti-
fications pendant vingt ans;
lO" Que, pour encourager le soldat à aimer son état et à bien
remplir son devoir, que (.sic) les chevrons sur les manches des
uniformes soient rétablis avec un sol par jour de haute paie
pour le premiei-, après six ans de service, et deux sols pour
le second, après douze ans;
Commerce.
lo Que le commerce soit libre et (piil ne soit accordé de
privilège exclusif que dans des circonstances intéressantes et
pour un temps limité ;
'2o Que tous les di-oits de péage perçus sur les routes à
l'entrée des villes et sur les rivières, sous (juelque dénomination
qu'ils soient établis, soient supprimés et remboursés, sur le
ra|)port des titres d'acquisition;
CAHIER m-: j^ri.LY-srR-i.oiuK. 333
3° Que les droits de mesurage des grains dans les marchés
soient réglés et convertis en sommes modi([Lies d'argent attri-
buées aux préposés du mesurage par les juges des lieux;
4" Qu'il soit établi une loi qui autorise les prêts à cinq pour
cent sans retenue et sans aliénation du principal, sur un
simple billet ou obligation, pour faciliter le commerce;
5^3 Que la Noblesse puisse faire le commerce en gros et en
détail sans déroger; que la maison du Temple à Paris, sauve-
garde des banqueroutiers, soit supprimée; que l'article 143 de
l'ordonnance d'Orléiuis et l'article 205 de celle de Blois soient
renouvelés : en conséquence, que tous banqueroutiei^s qui
feront faute en fraude soient punis extraordiuairement et capi-
talement ;
6» Que le pernicieux usage introduit depuis quelque temps
par les fermiers généraux de vendre du tabac en poudre soit
proscrit et que l'ancien usage de la vente de cette denrée en
carotte soit rétabli, et que le tabac soit de bonne qualité, à
peine par les fermiers et leurs suppôts, les débitants, d'être
poursuivis suivant la rigueur des ordonnances comme frau-
deurs ;
7o Qu'il soit établi un entrepôt de tabac en la ville de Sully
pour l'utilité et commodité de la Sologne et éviter aux mar-
chands de Sully le passage de la Loire dans le temps des crues
et des glaces.
Fait et arrêté à Sully, le 2 mars 1789, par nous, p]dme-
René-Thomas Peigné, avocat en Parlement, Philippe Burgevin
et Pierre Perré, marchands, et Jacques Gresset, laboureur,
commissaires nommés par acte d'assemblée des habitants de la
ville de Sully du 25 février dernier.
(Suivent les signatures de Peigné; Perré; P>urgevin; Gres-
set.)
334 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ISDES.
Dép. Loiret. Arr. Gien. Co«. Sully.
Gén. EL Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 82 feux (i). Environ 800 commu-
niants. Le duc de Sully. Basse justice, r. à Sully. De Sully pour le
marché. Ecrire par le messager de Sully. Assemblée, le jour de saint
Marc. Br. de La Ferté. A (J lieues de La Eerté, 8 d'Orléans et 3 de
Sully. Pays couvert. Sologne. Située dans un pays plat. Son terroir est
sablonneux, composé de terres labourables produisant seigles et blés
noirs, peu de prés, bois taillis, pacages et étangs. Le commerce est en
bestiaux, laines et poisson, La cure vaut, année commune, 800 livres.
1768. — 78 feux. Le comte de Balincourt. Blé.
DIme. — Grosses dimes, le 18^.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,781 1., dont 2,2.57 pour le princi-
pal et 2,524 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-veriîal. — Assemblée électorale le dimanche P'"" mars, au
banc d'œuvre de leglise, sous la présidence de Pierre-François
Villoing, avocat en Parlement, l'un des notaires des ville, bailliage
et duché-pairie de Sully. — Pojjulalion : 84 feux. — Co?npara7%Ls :
Pierre Thibault ((>0.15-}- 07.19), .Jean Bazin (4 -[-4.9), marguilliers ;
Claude Gourdet, syndic de la [)ai'oisse (10 -f- 17.18) ; Franc^ois Gresset,
syndic de la municipalité (12.5 -[- l:{.14) ; Pierre Poulin (78.5 -|- 88.1),
André Poulin (45.10 -|- 50.19), Aignan Desbois (43.5 -{- 48.7), membres
de la municipalité ; Louis Villoing, greffier de la municipalité ; Pierre
Loiseau (70-j-85), Jean Loiseau (124 -|- 138.18), Louis Poilleret, Mar-
tin Guyot (55. 10 -j- 02.3), Jean Dubé (58. 10 -f- 05.9), Jean-Baptiste
Dubé (85 -|- 95.2), Pierre RecuUé, Pierre Mottereau (75 -|- 83. 18),
Pierre Louvrouer (30.10 -|- 40.17), Louis Michau (35-J-39.:}), Jean
Desbois (38.10 -f- 43.1), Sylvain Damond (87.15 -|- 98.3), Firmin
Poupas (33. 10 -j- 37. 10), Pierre Gousset, René Gousset (78.5 -|- 87. 10),
laboureurs; Jean Gagnepain (O-f-6.14) ; Jacques Gresset (8.15 -j- 9. Ki);
Henry Lecointe (10 -j- 17.18) ; Denis Clair (11.10 -f- 12.17), Pierre
Lebert(3.5-f-3.12); Charles Saulet (3.10 -f- 3.18) ; Sylvain Loiseau
(9.5-f-lO.O); Claude Gourdet fils (3.15 -j- 4.-3) ; Pierre Jamet (18.5-f-
20.8); Pierre ( lii-ault (9.15-|- 10.8) ; Jean Bourassin (3 -)-3.7) ; Louis
(1) Au-dessous, 9C.
CAHIER d'isdes. 335
Rivière (8.5 -f- 9.4). —Dépulés : Pierre Mottereau ; Sébastien Bouclier,
charron.
PopuL.VTioN i:\ 1790. — IGO habitants.
Cahier des doléances des habitants de la paroisse d'isdes en
Sologne, élection d'Orléans, dressé en exécution des lettres
du Roi, données à Versailles le 24 janvier 1789, pour la
convocation des Etats généraux, du règlement y annexé et
de l'ordonnance de M. le lieutenant général du bailliage
d'Orléans du [13 février 1789], rendue en conséquence
desdites lettres.
Des liabitants de la campagne, fixés par la Providence sur
un sol ingrat qui ne rend qu'à regret de modiques productions
arrosées des sueurs du colon, souvent effrayé de la dépense
nécessaire pour l'arracher à la stérilité du terrain qu'il cultive,
découragé par des impôts pris sur sa stricte existence, des
hommes enfin qui sentent nneux leurs maux qu'ils ne savent les
peindre, sont llattés, pour la première fois de leur vie, de l'espé-
rance d'un meilleur sort. C'est la bonté de leur souverain qui
l'a fait luire à leurs yeux; ils s'y abandonnent avec confiance.
L'exposition de la misère sous le poids de laquelle ils
gémissent serait trop longue à détailler.
Les moyens d'améliorer leur sort sont simples et possibles
dans la main du souverain devenu le père de ses sujets.
Ils commenceront par réclamer sa bienfaisance en faveur du
pasteur, dont la subsistance est prise, malgré hii, sur celle de
son troupeau. Le casuel de MM. les curés, surtout dans la
campagne, pèse encore sur cette classe indigente, par la raison
que la dotation des cures n'est pas proportionnée aux besoins
des ecclésiastiques qui les desservent. Sa Majesté, dans la
sagesse qui l'éclairé et la bienfaisance qui l'attendrit en laveur
de l'infligence, trouvera des ressources dans le patrimoine
de l'Eglise pour procurer à ses membres une subsistance
qui ne soit pas mendiée sur la subsistance du pauvre. Le curé
;33G BAILLIAGE J)'ORLÉANS.
d'une paroisse en doit être l'ami, le consolateur et la ressource,
et il en est beaucoup dont les morceaux sont comptés. Il
serait à désirer que chacun de MM. les curés eût la dispo-
sition d'un sort de 2,000 livres de fixe (sic) pour n'être pas à
charge à leur troupeau et soulager les indigents.
!•* A cet impôt spirituel, il s'en joint une quantité d'autres
dont l'acquittement enlève au colon la plus claire portion du
fruit de ses travaux.
2o La taille, la capitation, la gabelle, les droits de franc-fief
sont des fléaux qui accablent successivement les mallienreux
conti'ibuables.
Un impôt uni(pie, judicieusement réparti, emplirait les colTres
du Uoi sans ruiner le cultivateur des terres. Cette contribution
doit être réelle, surtout dans la campagne ; c'est le plus sûr
moyen pour la rendre proportionnée. Les héritages, bien appré-
ciés relativement à la nature de leur sol, olï'rent une bous-
sole sûre pour fixer l'impôt territorial, et cet impôt pourrait
absorber tous les autres. Le citoyen ne serait pas exposé au
caprice de son semblable, et la juste appréciation de son
revenu ferait le tableau raccourci de ses obligations.
L'impôt territorial à la charge seul du propriétaire, les
laboureurs, les cuU'vateurs décliargés des subsides accablants
qui les écrasent, sentent la justice de contiihuer au dédonuna-
gement du maître des terres qu'ils exploitent, suivant la valciu"
de leur exploitation, et ils en tout leur soumission.
Les habitants de la paroisse d'isiles, (rai)i'ès le dépouilh'' du
rôle de leurs impositions, remarquent ([u'un doniaine dont le
fermier ])aie de ferme au propriétaire 500 livres est imposé à
la taille à la somme de 260 livres; environ 200 livres pour lu
gahclle; 30 livres pour la corvée. Ces trois sommes réunies
sont rtMiuivalent de la ferme. Qu'on ajoul(> à ce déboursé pro-
visoirr le vingtième acquitté par le pi'opi'iétaire, les Irais
d'exploitation du même domaine qui doublent les impositions
. CAHIER d'isdes. 337
et la Terme réunies, et on aura une juste idée de la détresse du
cultivateur de cette paroisse.
Il cueille rarement le grain nécessaire pour le nourrir :
toute sa ressource réside dans son bétail ; mais on connaît la
casualité de ce produit et de combien de pertes la Sologne a
été affligée à cet égard. On en conclut que le colon, après
avoir passé sa vie dans le plus dur le plus possible travail (1),
meurt plus pauvre qu'il n'était lorsqu'il a commencé sa carrière.
La bonté du Roi a déchargé la campagne d'un lléau (|ui la
désolait en écartant le vagabondage ; la communauté assemblée
imagine que, pour le soutien du bon ordre établi dans cette
partie, il faudrait qu'il y eût une police résidante et exercée
par le syndic et les marguilliers qui demeureraient autorisés à
arrêter et conduire près du juge du lieu le plus prochain tout
mendiant étranger sans état ni profession, — les habitants de
chaque paroisse [seraient] tenus de leur prêter main-forte à
leur réquisition.
Un point bien essentiel pour le bonheur de l'iiumanité serait
une réforme dans l'administration de la justice : les frais de
procédures diminués, les procédures elles-mêmes simphfiées
et abrégées, les ressorts différents réduits, afin d'éviter aux
citoyens assez malheureux pour avoir des alïaires contentieuses
d'être traînés de tribunaux en tribunaux où les procès s'éter-
nisent parce qu'ils s'y entassent.
Si la corvée a échappé aux habitants présentement assem-
blés, ce n'est pas qu'ils n'aient gémi pendant longtemps sous
le poids de cet impôt; aujourd'hui il est pécunieux et leur
coûte fort clier; ci-devant qu'ils le payaient en nature, on les
a dispersés jusqu'à 6 et 7 lieues de leurs domiciles, les
hommes et les ciievaux en revenaient écrasés de fatigue. A quoi
ont donc servi tant d'efforts combinés, tant de contributions de
voitures, de sommes et d'argent? Les réfections des grandes
(1) C'est-à-dire : dans le plus dur travail possible.
T. I ii
338 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
routes sont donc éternelles, et tandis que les habitants des
campagnes y travaillent ou y contribuent à grands frais, les
chemins de leurs paroisses deviennent impraticables. Il est
bien dur de contribuer à des chemins qu'on ne fréquente pas
et de ne pouvoir sortir ses denrées de sa paroisse par la raison
que les abords en sont ruinés, faute d'un concours de répara-
tions qu'on exige pour les grandes routes qui ne finissent pas.
L'impôt du corps pour le service militaire, quelque ancien
qu'il soit, effraie tous les ans les pères de famille. Si cette
contribution est indispensable au bien de l'État, il serait
possible au moins d'augmenter les privilèges des laboureurs et
des femmes veuves chargées d'exploitation en laissant dans les
domaines autant de jeunes gens (ju'il y a de charrues, sans
distinction, de 20 ou 30 ans, de ces fixations d'âge. On le sent
bien, on imagine de faire une loi qui multiplie les mariages; si
les impôts sont abolis, les habitants de la campagne ne crain-
dront plus de former des établissements pour la repeupler.
Ces réllexions contiennent les vœux des habitants d'isdes.
Ils les déposent par l'entremise de leurs députés au sein d'un
corps respectable assemblé pour le bonheur de ses conci-
toyens. Puissent ses efforts, correspondant au désir du souve-
rain, le faire jouir de la félicité de faire des maUieureux habi-
tants de la campagne des sujets désormais aussi heureux
qu'ils ont toujours été fidèles, attachés et respectueux !
Arrêté dans l'assemblée de ce jour, tenue au banc de l'œuvre
de l'église d'isdes, issue de la messe paroissiale, le i^'" mars
1789, et signé des habitants qui savent écrire.
(Suivent 10 signatures : celles de François Gresset, syndic de
la municipalité; Gourdet, syndic de la paroisse; Pierre Poulin,
et celle de Villoing, notaire.)
CAHIER DE VAINES. 339
VANNES.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C^n, La Ferlé.
Gén. El. Orléans. Gren. SuUj. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 59 feux (1). 180 communiants. Le duc
de Sully. Basse justice, r. à Sully. Va au marché de Sully. Br. de La
Ferté. A 5 lieues de la Ferté, 8 d'Orléans, 4 de Jargeau et 3 de Sully.
Assemblée le 22 avril, jour de la Madeleine. Route de Sully à Tigy.
Pays couvert. Sologne. Terrain sablonneux rapportant seigles, blés
noirs ; il y a des pacages et bruyères et quelques étangs. Le commerce
principal, qui est peu de chose, est en bestiaux et poisson. Cette
paroisse est située sur deux petites rivières qui y prennent naissance,
appelées Bignon et Ousson. La cure vaut 800 1., année commune; le
curé est gros décimateur pour moitié et les religieux de Saint-Benoît
pour l'autre moitié.
1768. — 68 feux. Duc de Sully. Vigne.
DÎME. — Grosses dîmes : froment et seigle, la 20" gerbe ; menus
grains, la 24^. Vertes dîmes : chanvre, la 20" botte. Menues dîmes :
agneaux, le 20" ; laine, la 20" toison.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,911 1., dont 1,847 pour le prin-
cipal et 2,064 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le dimanche 1®"" mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Jean-Baptiste-Andrô
Remy, commis-notaire de ville, bailliage et duché-pairie de Sully, y
demeurant. — Population : 64 feux. — Comparants : Claude Branchet,
drapier, syndic, préposé des vingtièmes (24 -j- 26.12) ; Louis Vie,
laboureur (121 -|- 134.16); Claude- Joachim Vie, laboureur (59 -j- 65. 15) ;
François Tremeau, laboureur (73 -f- 81.10) ; François Grandjean,
laboureur (87.10 -j- 97.9); Jean-Hubert Rousseau, laboureur (82 -j-
91.10); Louis Bajou, laboureur (77 -j- 85.18); Claude Voisin, laboureur
(108 -|- 120.12); Jacques Bordet, laboureur (60.5 -j- 67.1) ; Sylvain
Aubigny, laboureur (98 -f- 109.8) ; Jean-Baptiste Muzetto, maréchal
(86 -)- 95.19) ; Jean Desbois, laboureur (75 -f- 83.14) ; Pierre Chevallier,
laboureur (101 -\- 112.16) ; Louis-François Blanchard, aubergiste
(25 -j- 25. 17); Jean-Charles Ghampault, laboureur (57 -|- 63.11); Ythier
(1) Au-dessous, 08.
340 BAI1.LIAGE d'oRLÉANS.
Métivier, laboureur (GO -j- 06.18); Pierre Veuon, laboureur (52 -|-
58.^) ; Louis-François Pontonnier, charron (17.10 -j- 20.1) ; Denis
Métivier, laboureur (42 -j- 46.17); Antoine Desnoues, laboureur (39 -f-
43.8) ; François Lefèvre, aubergiste (5. 15 -j- 6.8); Claude Branchet fils,
marchand drapier (5 -|- 5.12); Nicolas-Robert Branchet, tisserand (5-f-
5.12); Pierre-Sjlvestre Bouthier, laboureur (74 -|- 82.11); François
Lacroix, journalier (5-}- 5.12). — Députés : Louis Vie; .Tean-Charles
Ghampault.
Population en 1790. — 380 habitants.
[Cahier de Vamies.]
La municipulité de la paroisse de Vannes en Sologne, pour
obéir aux ordres de Sa Majesté portés par ses lettres données
à Versailles le 24 janvier 1789 et satisfaire au règlement y
annexé, ainsi qu'à l'ordonnance de M. le lieutenant général du
bailliage d'Orléans ayant convoqué une assemblée générale
des habitants de ladite paroisse le premier jour de mars 1781),
où étant, lesdits habitants, après avoir mûrement délibéré sur
les différents objets de doléances et demandes, ont fait et
dressé le présent cahier comme il suit. Sollicitent :
1" L'abolition du casuel forcé ou volontaire, et qu'on assure
un honnête revenu aux curés, proportionné aux charges du
bénélice, ainsi qu'au vicaire, s'il en est rétabli en cette
paroisse, comme par le passé ;
2" L'abolition de la taille, capitation, contribution à la
corvée et de tous autres impôts, de quelque dénomination et
espèce qu'ils soient, même de la gabelle qui porte le sel à un
prix assez considérable et à charge au menu peuple, et le tout
converti en un seul impôt sur toutes les terres, sans distinction
d'états et de personnes dans la plus juste proportion et l'égalité
la plus parfaite (en observant que cette province de Sologne
est extrêmement surchargée) ; lequel impôt territorial et
uiii<iue serait payé par le seul propriétaire, aux olïres par les
fermiers de lui en tenir compte dans le couraiil de leurs
CAHIER DE VANNES. 341
baux ; ce qui, à quelques inconvénients près, ne peut être
qu'avantageux aux fermiers qui, n'ayant qu'une somme à
payer, n'auront alïaire qu'à leur maître ;
30 La suppression des toutes petites justices si onéreuses au
peuple, surtout dans la campagne, et la diminution des frais de
justice et l'abréviation des formes de procédure ;
4» Que le syndic de la municipalité, dans les bourgs et
villages, soit chargé de la police dans toutes ses parties ; que
pour la tutelle, octelle et curatelle, on s'assemble devant le
syndic assisté d'un notable et du greffier pour recevoir le
serment et confirmer la nomination de celui des parents ou
autre ({ui aura été élu ;
5» Qu'en faveur des pauvres, on s'occupe d'un moyen de
diminuer les frais d'inventaire et de vente qui absorbent trop
souvent le montant de la succession ;
60 L'abolition de toutes les dîmes et champarts, qui se per-
çoivent sur les différents objets de l'agriculture et des exploi-
tations en général ;
7'^ L'abolition des droits de franc-fief et centième denier qui
sont à charge au menu peuple, lors des mutations, et souvent
nuisibles dans les partages de famille ;
80 L'abolition des milices qui deviennent à charge aux diffé-
rents cultivateurs des campagnes par l'enlèvement de leurs
principaux garrons, soit par le sort pour être soldats provin-
ciaux, soit pour les nobles qui les attirent à leur service pour
les en exempter, ce qui cause souvent la rareté des bons culti
vateurs des campagnes;
90 L'abolition des droits d'aides sur les différentes boissons,
qui deviennent insupportables au menu peuple par les incon-
vénients qui en résultent;
lO" (Jue le syndic de la municipalité, assisté de deux notables
et du grefïier, soit chargé d'examiner chaque année la maison
ciiriale on autres bâtiments à la charge de la paroisse : qu'à la
342 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
mort du curé, la cote morte ou succession soit chargée de
toutes les réparations grosses et menues ; que dans le cas où,
du vivant du titulaire, il faudrait rebâtir à neuf, la paroisse
fasse les avances des deniers ; mais à la mort du titulaire, elle
aurait son recours, même avant toute créance privilégiée, sur
la succession mobilière et immobilière du défunt ;
llo Que dans le cas où l'impôt territorial et unique n'aurait
pas lieu, il soit accordé une modération honnête sur les
impôts actuels, dont cette province est singulièrement sur-
chargée, en considération des pertes considérables qu'elle vient
d'essuyer par des événements extraordinaires, et une dimi-
nution sur le prix du sel en faveur des pauvres gens et menu
peuple des villes, bourgs et campagnes, qui se trouvent sou-
vent dans la disette à cet égard.
12o Demandent enfin les habitants que, pour faciliter l'amé-
lioration de leurs terres et autres objets relatifs à l'agriculture,
il leur soit permis de prendre les moyens nécessaires pour le
rétablissement et entretien des chemins utiles à leur paroisse,
dans l'intérieur d'icelle.
Fait et arrêté à Vannes, le premier jour de mars 1789. Ceux
des habitants qui savent signeront signé.
(Suivent 12 signatures : celles de Muzette; C. Branchet,
syndic; G. Branchet fils, greffier, etc., et celle de Remy,
commis-notaire.)
Demandent enfin les députés de la municipalité qu'il leur
soit accordé une gratification honnête pour leur course et
voyage des assemblées du 7 mars et 16 mars et jours suivants.
(Signé) : Champault; Louis Vie.
VIGLAIN.
Dép. Loiret. Arr. Gien. Con. Sully.
Gén. El. Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 67 feux (1). 220 conimuniatits. Le duc
(1) Au-dessous, l'h.
CAHIER DE VIGLAIN. 343
de Sully. Justice de Sully. Il y a dans cette paroisse deux fiefs considé-
rables, dont le premier est appelé Beauregard et le second Ghamond .
Marché de Sully. Écrire par le messager de Sully, qui va à Orléans
deux fois par semaine. Br. de Ghâteauneuf. A 4 lieues de Ghâteauneuf,
7 de Gien, 9 d'Orléans et 1 1/2 de Sully. Assemblée le 21 septembre.
Route de Ghaumont à Sully, situé sur un ruisseau appelé la petite
rivière de Yiglain. Bois. Pays couvert. Sologne. Le terrain est composé
de seigles, blés noirs, bois taillis, bruyères et quelques prés. Le com-
merce, qui est peu de chose, est en bestiaux et menues denrées qui
fournissent le marché de Sully. La cure vaut 700 1. ; le curé est gros
décimateur.
1768. — 74 feux. Duc de Sully. Blé.
DIme. — Le 15«.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,2.59 1. 10 s., dont 1,539.10
pour le principal et 1,720 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le dimanche 1er niars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de .Jean-Baptiste-André
Remy, commis notaire des ville, bailliage et duché-pairie de Sully, y
demeurant. — Populalion : .58 feux. — Comparants : François-
Barthélémy Goutelier, laboureur, syndic de la paroisse (70 -)- 84.10) ;
Jacques Ghesneau, laboureur, marguillier (43-|- 47.19) ; Jean Lacroix,
laboureur (78 -f- 80.19) ; Jacques Porchon, laboureur (75.10 -f-84.4) ;
Jean-Baptiste Aubigny, laboureur (75-f- 83.14) ; .Joseph Bezard, labou-
reur (44.10 -f- 49.14); Gharles Desnoues, laboureur (34 -j- 37.18) ;
Claude Girard, laboureur (76.10 -j- 84.3) ; Barthélémy Goutelier fils,
laboureur (62. 10 -|- 69. 14) ; Gharles Farnault, laboureur (51 -(- 56.18) ;
Laurent Maître, laboureur ; François Avezard, laboureur ; André
Leclerc, laboureur ; François Farnault, charron ; Jacques Lecomte,
manouvrier; Julien Gelotte, manouvrier (6.10 -j- 7.6) ; Gabriel Poulin,
manouvrier (6.15-}- 7.10) ; Pierre Robert, manouvrier (5.10-f-6.2) ;
Jean Brunot, manouvrier (6. 10 -f- 7.5) ; Etienne Girard, laboureur
(86-J-95.14;; Louis Testard, manouvrier; Simon Quinant, manouvrier
(2.6 -f- 2.7) ; Etienne Buthier, manouvrier; André Maître, manou-
vrier; Luc Pellerin, manouvrier (3 -f- 3.7) ; Sylvain Loiseau, manou-
vrier (3-f-3.7). — Députés : Laurent Maître ; Etienne Girard.
Population en 1790. — 392 habitants.
344 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Cahier des doléances des habitants de la paroisse de Viglain
en Sologne, élection d'Orléans, adressées an Roi, leur sou-
verain seigneur.
Qu'il lui plaise leur accorder la décharge des taille, corvées,
gabelle et vingtièmes dont ils sont surchargés, en y substituant
un impôt unique territorial, en argent, proportionné aux prix
des fermes cp'ils paient aux propriétaires et aux faibles récoltes
qu'ils recueillent dans les terrains froids, argileux et stériles
de la Sologne qu'ils habitent ; terrain qui ne produit que du
seigle et du blé noir ou sarrasin et en petite quantité ; grains
si peu substantiels que les habitants s'en ressentent au point
qu'ils sont tous généralement minces de corps et de petite
stature, et les bestiaux en tous genres aussi, par conséquent,
moins robustes et moins en état de fournir aux travaux de la
terre. Aussi, lorsqu'ils ont quelque ouvrage extraordinaire tel
que la moisson, des arrachis de bois, des piochis, ou curage
d'étangs, ils ne le peuvent faire (|ue par les bras des Auver-
gnats et[]]erriclions qui leur font payer bien cher le service
qu'ils leur rendent.
Qu'ils paient la corvée pour le rétablissement des chemins,
tandis que cekii qui conduit de leur paroisse en la ville de
Sully (seul marché où ils puissent allei' vench'e leurs deni'ées)
est impraticable dans l'hiver dans l'espace de près d'un quart
de lieue.
Que ce chemin est coupé par la rivière de Monbaron qui,
dans les temps pluvieux, enlle ses eaux à () et 7 ])ie(ls de
hauteur, sans qu'il soit possible de pouvoir passer; qu'il n'y a
point de pont, pas même une planche, ce qui cause un préju-
dice notable auxdits habitants, puisqu'il leur est absolument
impossible d'aller à Sully vendre leurs denrées, seul endroit
de leur marché. On dit seul endroit, puis(|ue les deux villes
plus voisines autres (|ne (•('!!(' de Sully sont ('ii(Mi cl ,l;irp';ni,
distantes l'une de 0, l'autre de 5 lieues.
Qu'il convi(Midi-ait de construire un pont soit en picM-rc ou
CAHIER DE VIGLAIN. 345
en bois sur cette petite rivière pour en faciliter le passage ;
que cela est d'autant plus nécessaire que les paroisses de
Vannes, Vouzon, Sennely et Souvigny n'ont pas d'autre
route pour se rendre à Sully, ville de leurs marché et jus-
tice.
Que l'abord de cette rivière du côté de Sully, dans l'espace
de 100 toises ou environ, est une espèce de fondi'ière où les
chevaux s'abattent et où les roues enfoncent jusqu'au moyeu. Il
y a même péri plusieurs chevaux.
Qu'ils ont, à cet effet, présenté requête à M. l'Intendant,
il y a deux ans, sans avoir obtenu ce qu'ils demandaient.
Ils ignorent les raisons qui ont empêché la réussite de leur
demande.
Qu'une autre observation non moins importante pour le
bien public est qu'il fiuidrait absolument supprimer les étalons
qui, au lieu de profiter à l'espèce des chevaux, y nuisent beau-
coup par plusieurs raisons :
La première, parce que les étalons sont nourris à l'écurie
en grains et fourrages secs pour servir des juments qui paissent
toute l'année dans les campagnes ; que les sucs destinés à la
semence n'ont pas la même analogie pour féconder que s'ils
avaient la même nourriture. Aussi voit-on beaucoup d'accou-
plements de ces animaux nuls, tandis que ceux qui se font
entre les mêmes animaux vivant dans les mêmes pacages pros-
pèrent presque tous ;
La seconde, que les étalons sont d'une taille disproportionnée
aux juments, au point qu'il y en a eu assez fréquemment en
Sologne qui, forcées par l'étalon, sont tombées mortes
dessous. On en fournira les exemples ;
Enfin, il est arrivé que trois juments ont été conduites dans
la même matinée à l'étalon, qui, quoique servies, un seul de
ces accouplements a réussi. Ce qui prouve qu'au lieu d'un
avantage, il en résulte un grand préjudice à l'espèce.
Ils demandent en outre (ju'il soit _établi dans leur coinmu-
346 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
naiité une administration municipale composée du syndic, des
marguilliers et deux élus par la communauté, qui veille au
bon ordre, qui ait droit d'arrêter les malfaiteurs, les gens
sans aveu, et ceux qui, aux approches de la récolte des fruits,
volent, quelquefois par troupe, les denrées qu'on est sur le
point de recueillir; qui, d'ailleurs, ait pouvoir d'apaiser sans
frais les petites contestations qui peuvent s'élever entre les
habitants et juger jusqu'à la concurrence d'une somme de
10 hvres ou environ ;
Que l'argent des impôts soit porté directement dans les
coffres du Roi ; qu'on supprime les fermiers généraux et leurs
commis. Sa Majesté y trouverait le double avantage d'avoir
plus de revenus et de soulager ses peuples qui, en payant
moins, verseraient dans la caisse une plus grande quantité
d'argent ;
L'exemption des dîmes payées en nature qui sont très sou-
vent une occasion de procès et de discorde ; ce qui serait sup-
pléé par une prestation en argent proportionnée à la dîme;
Enfin, que tout impôt quelconque se lève en argent pour éviter
les frais de manutention et le profit que doivent naturellement
avoir des fermiers, soit de dîme ou autre imposition, lors({u'elle
se lève en nature. Tous ces frais tombant sur les contribuables
et comme l'argent est plus ou moins commun, on pourrait fixer
la contribution tous les cinq ans ;
Que la cure de leur paroisse soit portée à 2,000 livres de
revenu et que le casuel forcé et volontaire n'ait plus lieu.
C'est de concert avec M. le curé que les paroissiens font
cette demande. Comme il ne désire rien tant que de n'être
occupé que du spirituel, les paroissiens voudraient éviter tout
ce qui pourrait être une occasion de mésintelligence avec leur
pasteur. Cette dotation de la cure ne pourrait se faire qu'en
ajoutant au produit de la dîme cui'iale ; il serait à désirer que
poui' faire le surplus, le Roi voulût bien faire le sacrifice de sa
nomination à quelques bénéfices dont le reveini devien-
drait le patrimoine des pauvres cures. On trouverait encore
CAHIER DE SENNELY. 347
une autre ressource dans les monastères riches qui ont peu de
religieux.
Enfin, ils observent que les pauvres malades de leur paroisse
sont destitués de tout secours. On ne veut point les recevoir à
l'hôtel-Dieu de Sully. Le transport des malades à Orléans est
absolument impossible, à raison de l'éloignement qui est de
près de 10 lieues. La réunion de quelques bénéfices simples
tels que celui de Saint-Aignan-le-Jaillard et le prieuré de
Vannes, ce dernier possédé par un religieux bénédictin de la
cong'régation de Saint-Maur, pourrait servir à fonder des lits à
riiôtel-Dieu de Sully, établissement bien utile à la classe la
plus indigente.
Ils supplient Sa Majesté de vouloir bien donner des ordres
pour qu'il soit fait droit à leurs justes réclamations et rece-
voir les assurances de leur amour, de leur félicité et de leur
soumission.
Arrêté au bourg de Viglain, le dimanche premier jour de
mars 1789, les habitants assemblés, savoir : (suit Fénumération
des comparants).
(Suivent 11 signatures : celles de Rouet; Girard ; B. Coute-
lier, syndic, etc., et celle de Remy, commis-notaire.)
SENNELY.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"". La Ferté.
Gén. El. Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. IIG feux (1). Environ 430 commu-
niants. Le duc de Sully. Basse justice, r. à Sully, et, dans les cas pré-
sidiaux, à Blois. Une partie de la justice appartient au chapitre Saint-
Aignan. Va au marché de .Targeau. Assemblée le 24 juin. Br. de La
Ferté. A 4 lieues de la Ferté, 7 d'Orléans et 5 de Jargeau. Sur un
ruisseau nommé : la rivière d'Ousson. Route de Nouan-le-Fuzelier.
(1) Au-dessous, l'22.
3i8 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
Pays couvert. Sologne. Peu de prés. Quelques étangs, bruyères et bois
taillis. Terrain sablonneux qui produit des seigles et blés noirs. Le
commerce, qui est peu considérable, consiste en moutons, brebis, laines
et vaches. La cure est un prieuré de l'ordre de Sainte-Creneviève, qui
rapporte environ 1,500 livres.
1768. — 109 feux. Duc de Sully. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes : blé et seigle, 1 gerbe de 50 pouces par
70 perches ; menus grains, le 1.56 (\q \r^ récolte. Vertes dîmes : chanvre,
la 20*^ poignée. Menues dîmes : agneaux, le 20*' ; laines, la ^O'' toison.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,074 1. 15 s., dont 2,820.15 pour
le principal et 3,154 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 2(3 février, dans la
chambre de la municipalité, sous la présidence de Claude Branchet,
notaire et tabellion de la baronnie de Sennely, résidant à Vannes. —
Population : 112 feux. — Coinparanls : Jean Loiseau, laboureur,
syndic de la paroisse (46-}- 51.9) ; Sylvain-Georges Michau (8.10-)-
9.10, plus 81. 10 -f- 91. 3) ; .Jacques-Philippe Voisin, marchand (12 -f-
13.8); Jean Riballet, laboureur (116 -(- 129.16) ; Charles Marchand,
laboureur (75.10 -j- 84.9) ; Pierre Mauduit, laboureur (68-|-76');
Ythier Venon, laboureur (130.10 -|- 145.19) ; Louis Bernet, laboureur
(1.53 -f- 171.1); François Potonnier, laboureur (89 -j- 99.10) ; Claude
Généval, laboureur (89 -j- 99. 10) ; Jean Lepage, laboureur (71 -j- 79.8);
Louis BoUier, laboureur (108-)- 120.16); Sylvain-Marie Henry, mar-
chand (8-|-8.19); Georges Lemperièz"e, laboureur; François Bau-
douin, laboureur (164 -j- 183.7) ; Louis Courion, labt)ureur (,56-)-
62.12) ; Jean-François Buzon. laboureur (44. 10-)- 49. 15) ; Jean Riballet
père, laboureur ('ll(i-)-129.1()); Jean-Baptiste Lebègue, laboureur (<)'J-f-
69.7); Pierre Généval, laboureur (98-)- 109.12) ; Claude Jullicii,
laboureur (88 -[-98.8); Louis Robert, laboureur; Michel Delahaye,
laboureur (46-(-51.9); Pierre Tellier, laboureur (.53. 10-)- 59.16);
Etienne Laval, laboureur (80 -j- 89.9); François Marois, maréchal
(12-)- 13.8); Jean Pivot, charron (5-f-5.12); Jean Bourgeois, mar-
chand tailleur (13 -)- 14.10) ; François-Sulpice Vauxion, ouvrier on
laine (4.10-J-5); François Rioland (7-)-7.1()); François Voisin, cor-
donnier (7.10-)-8.7); Charles Marois, fournier (().10-)-7.5) ; Sylvain
Minault, charpentier (12 -j- 13.8); Aignan Rousselet. inauo'uviH' (ll"t"
12.(5); Pascal Richard, mannuivre (20-)- 22. 7); Jactpies lioulet. ma-
CAHIER DE SENNELY. 'MO
nœuvi'e (3-]-3.7); Jean Lemeau, tisserand (5 -j- 5.12). — Députés :
Sylvain-Georges Michau ; Georges Lemperière.
Population en 1790. — 000 habitants.
[Cahier de Sennehj.]
Le cahier de cette paroisse est une copie de celui de Vannes,
malgré la différence des présidents (1).
Même préambule ; variantes indiquées en italiques : lesquels,
après avoir mûrement délibéré
Art. le-. — Art. le de Vannes, jusqu'au mot : curés.
Art. '2. — Art. 2 de Vannes; var. : à un prix qui devient à
charge ; supprimer la proposition entre parenthèses : en
observant
Art. 3. — Art. 4 et 3 de Vannes.
Art. 5. — Art. 5 de Vannes.
Art. 6. — Art. 10 de Vannes.
Art. 7. — Art. 6 de Vannes ; var. : les diiïérents objets
relatifs aux cultures et exploitations générales.
Art. 8. — Art. 7 de Vannes, ainsi rédigé : « L'abolition
des droits de franc-fief, à charge au menu peuple, lors des
mutations et dans les partages de fomille. »
Art. 9. — Est enhn observé que les fils mâles deviennent
rares pour l'exploitation, attendu que la majeure partie est
enlevée des campagnes par les nobles qui les attirent à leur
service et pai- le sort pour être soldats provinciaux.
Fait et arrêté à Sennely, le !20 février 17811. Ceux des habi-
tants qui savent signer ont signé.
(Signatures de Michau, syndic ; Georges Lemperière ;
Louis lierruet ; François Potonnier; Voisin; Loiseau ; llem-y;
Voisin.)
(1) Il faut toutefois remarquer que le notaire Branchet, qui préside à Sennelv, est en rési-
aence u Vannes.
350 B.ULLIAGE D'ORLÉANS.
Malgré les différences dans la rédaction et l'addition de détails complé-
mentaires, le cahier de Souvigny, rédigé sous la présidence du notaire
Branchet, ressemble beaucoup à ceux de Sennely (le même Branchet prési-
dent) et de Vannes.
SOUVIGNY.
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Romorantin. C^n, La Motte-Beuvron.
Gén. El. Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. 115 feux (1). Environ .350 commu-
niants. Le duc de SuUj. Haute justice, r. à Sully. Marché de Sully,
Écrire par le messager de Sully. Assemblée le dimanche d'après le
24 juin. Br. de La P'erté. A 5 lieues de La Ferté, 8 d'Orléans et 5 de
Sully. Route de Coulions à Nouan-le-Fuzelier. Près de la forêt de
Ghaon, qui n'est éloignée du bourg que d'une demi-lieue. Pays couvert.
Sologne. Plat pays ; peu d'étangs et pacages. Son terroir est sablonneux,
produit seigles et blés noirs ; il y a quelques prés. La cure vaut environ
800 1. ; il y a un vicaire ; elle est à portion congrue.
1768. — 107 feux. Duc de Sully. Bestiaux.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,8(3(3 1. 10 s., dont 2,7(39.10 pour
le principal et 3,097 pour les impositions accessoires et la capitation.
Le PROCÈS-VERBAL de l'assemblée électorale manque.
Par les signatures du cahier, on voit que la présidence de l'assemblée
fut dévolue à Branchet, notaire.
Paroisse de Souvigni/.
L'assemblée des habitants, après une mûre délibération sur
les (lilïëi'ents objets de doléances et de demandes que le Roi
permet à ses sujets de faire auprès du trône, croit pouvoir
demander et solliciter :
i" L'abolition du casuel forcé et qu'on assure au.x curés un
revenu qui puisse leur procurer une aisance suffisante et les
mettre en état de tendre une main secourable à leurs parois-
(1) Au-dcssou^', 13(1.
CAHIER DE SOUVIGNY. 351
siens indigents. On auriiit un moyen facile pour iUire au curé
lie cette paroisse un sort lionnète et tel qu'on peut le désirer :
ce serait de lui donner la jouissance des biens dont jouit Tar-
cliidiacre de Sully comme curé primitif de cette paroisse ; ces
biens consistent dans une métairie et dans la dîme de toute
espèce ;
2o L'abolition du droit de franc-fief;
30 L'abolition de la gabelle, plus onéreuse dans cette pro-
vince de Sologne qu'en toute autre. 11 y faut, pour l'exploitation
d'une métairie affermée 4 à 500 livres, presque le double de
bras employés à l'exploitation d'une ferme de Beauce de 4 à
5,000 livres ; ce qui met les fermiers de Sologne dans la néces-
sité d'une plus grande consommation de sel, et conséquem-
ment d'une surcharge d'impôts plus accablante ;
4o La décharge de la taille, de la capitation d'industrie, de
la contribution à la corvée, en un mot un seul impôt pour
tout, qui serait payé par les seuls propriétaires, aux offres par
les fermiers de leur en tenir compte dans le cours de leurs
baux, si n'aiment mieux les fermiers les résilier.
5o Demandent lesdits habitants que la municipalité soit
chargée de la police et de tout ce qui est nécessaire pour le
maintien de l'ordre et de la tranquillité publique.
Oo Demandent encore que dans les bourgs où il n'y a pas
d'officiers de justice et qui sont éloignés de plusieurs lieues
des lieux où ils sont établis, les habitants des paroisses, mais
particulièrement les pauvres, puissent se présenter devant le
syndic de la municipalité assisté d'un notable et du greffier
pour la nomination des tuteurs, octeurs et curateurs, pour
recevoir le serment des parents et autres assemblés à cet clfet
et confirmer la nomination de celui qui aura été élu.
7» Observent les habitants que, dans les impôts dont ils sont
chargés, ils paient le principal de taille à raison de 3 s. 0 d.
pour livre du montant de leurs exploitations.
8o Demandent lesdits habitants que, dans le cas où la con-
352 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
tribution à la corvée serait continuée, ce qu'ils paient annuel-
lement à cet égard soit employé aux rétablissement et entretien
des chemins utiles et nécessaires à leur paroisse, pour faciliter
les améliorations de leurs cultures et exploitations en général,
étant éloignés de trois lieues et demie de la route de cette
contrée.
90 Demandent lesdits habitants que dans le cas où T impôt
territorial n'aurait pas lieu, ils soient décliargés de l'impôt
qu'ils paient pour la propriété de leurs biens, attendu qu'il n'y
a que les domiciliés en leur paroisse qui sont cotisés à cet
inYpôt et que les propriétaires éloignés n'en paient rien, de
manière qu'il n'y a qu'environ un tiers qui paie cet impôt en
cette paroisse des biens qui y sont situés.
IO0 Demandent encore les liabitants qu'il soit rétabli un
vicaire en cette paroisse, y ayant un gros de '200 livres et phis
attribué à cet elFet, duquel revenu l'archidiacre de Sully, curé
primitif de cette paroisse, s'est toujours emparé depuis plus de
vingt années, duquel gros la paroisse n'en a rien retiré.
Arrêté à Souvigny, le troisième jour de mars 1789.
(Suivent 15 signatures : celles de Simon Brossard; Guil-
laume Jullien ; Jacques Lecas, etc., et celle de Branchât,
notaire.)
Les cahiers de J^ion-cii-SuUias, Saint-Florent, Bonnée et Saint-Père ont été
rédigés sous la présidence d'Arnal, notaire à Sully. Les deux premiers se
ressemblent en général; mais il y a entre les deux textes des dillérences
trop marquées pour qu'on puisse en faire une comparaison de détails.
Au contraire, les cahiers de Bonnée et de Saint-Père ont été copiés exacte-
ment l'un sur l'autre.
UON-EN-SULLIÀS
{Autrefois LION-SUR-RONCE.)
, Dép. Loiret. Arr. Gien. (>n. Sully.
Gén. Orléans. EL Gien. Grcn, Sully. Dioc. Orléans.
.ToLs.si-:. — P.(iui'.u' et paroisse. El. de Gien pour la taille et d'Orléans
CAHIER DE LION-EN-SULLIAS. 353
pour les aides. 75 feux. Environ 200 communiants. Le duc de Sully.
Justice de Sully. Br. de Gien. A 2 lieues 1/2 de Gien, 12 d'Orléans et
2 1/2 de Sully. Va aux marchés de Gien et de Sully. Écrire par Gien
ou par le messager de Sully. Grande route de SuU/à Gien. Route de
Varzy. Sur une hauteur. Le terroir est sablonneux, composé de terres
labourables, quelques vignes, prés et taillis. La cure vaut, année com-
mune, 800 1.
1708. — GO'feux. Duc de Sullv. Blé.
DÎME. — Le 13".
Taille déjà paroisse en 1788. — 3,555 1., dont 1,620 pour le prin-
cipal et 1,935 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1er ^ars, sous
le porche de 1 église, sous la préside^ice de Jean-François Arnal, l'un des
notaires des ville, bailliage et duché-pairie de Sullj, y demeurant. —
Population : 55 feux. — Comparants : André Lecomte, labou-
reur, syndic de la paroisse et de la municipalité et marguillier;
Etienne Chevallier, laboureur; Claude Bertier, Charles Lambert,'
laboureurs et meuniers, membres de la municipalité; Jean Halv,
marchand, second marguillier; Jacques Brossier, laboureur et adjoint;'
Michel Peloil et Vrain Dumas, adjoints ; Antoine Séné, André Bouche'-
ron, collecteur; Antoine Godeau, Pierre Godon, Etienne Bourassin,
André Poupardin, François Girard, tous laboureurs ; Pierre Chatigner;
Jean Bongibault ; Jean Girault ; Julien Burgevin ; Barthélémy Chatigner ;
Jacques Baudouin; Pierre Mercier; Benoît Marois; Jean Beaubois i
François Comaille; Louis Bavard; Pierre Gautré; Etienne Perronet;
Pierre Bailly ; Louis Mousseux; Claude Arlicot, Georges H uzy, collec-
teur ; Pierre Portier ; Etienne Germain ; Louis Arlicot ; Claude Lambert
et Charles Bardin, tous manœuvres, et Sébastien Chatigner, aussi
manœuvre. — Députés : André Lecomte ; Etienne Chevallier.
Population ex 1790. — 350 habitants.
Cahier des doléances des habitants de Lion-en-Sullias,
élection de Gien, adressées au Roi de France, leur souverain
seigneur.
Qu'il lui plaise que les États généraux soient assemblés sou-
vent; alléger leurs maux et leur misère, en leur accordant
354 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
la décharge des taille, corvée, gabelle et vingtième, dont ils
sont surchargés, en y substituant un impôt unique, territorial,
en nature, à un fur proportionné aux minces récoltes qu'ils
recueillent dans leur terrain peu fertile, dont une partie abso-
lument nulle par le débordement de la Loire en l'année 1733 ;
que d'un autre côté, les terres de Lion sont pierreuses et ont
peu de fond, qu'il faut beaucoup de marne pour les faire pro-
duire, et que cette marne coûte fort cher et ne résiste que
quinze ans.
Appuyés sur la bonté paternelle de Sa Majesté, ils osent
espérer qu'elle accueillera favorablement leurs très humbles
supplications et exemptera leurs enfants et domestiques du
service de la milice pour les laisser vaquer à la culture des
terres et procurer plus de grains au royaume, avantage non
moins utile à l'Etat que le service militaire, et cela avec
d'autant plus de raison que les bras manquent en campagne.
Que la cause qui fait déserter les campagnes est la trop
grande misère qui y règne, la nourriture ne consistant qu'en
pain de seigle mêlé le plus souvent de blé sarrasin, de lait
caillé, de soupe très souvent faite avec un peu de beurre et
d'huile de rabette (1), presque jamais de viande ou très
rarement, production de la misère extrême causée par lu
surcharge des impôts multipliés.
Qu'un autre objet fait encore un sujet de réclamations de la
part des habitants de la paroisse de Lion : c'est la suppression
des étalons comme conh'aires à la perfection de l'espèce
chevaline, en ce que les étalons sont renfermés à l'écurie
toute l'année et ne vivent que de grains et fourrages secs,
et qu'ils ne s'accouplent qu'avec des juments qui vivent dans
les champs toute l'année ; qu'il y a lieu de croire que les sucs
nourriciers et qui servent à Ja protluction des humeurs sémi-
nales ne s'amalgament et ne s'identifient pas suffisamment,
(1) NavL'lle (plante cultivée; pour ses graines oléagineuses). Le mot rabette est très usité dans
le parler actuel du Uorry.
CAHIER DE SAINT-FLORENT. 355
puisque l'expérience première de tous les maîtres prouve que
les accouplements de ce genre sont de toute nullité. Qu'on ne
voit que trop fréquemment les juments (|ui ne sont pas d'une
taille proportionnée aux étalons, et même quelques-unes
approchant de leur taille, tomber mortes dessous au moment
de l'accouplement, ce qui cause grand préjudice aux proprié-
taires et, par une suite nécessaire, à l'État; qu'avant l'établis-
sement des étalons en Sologne, les chevaux prospéraient
davantage. Pourquoi les habitants de Lion supplient Sa Majesté
de vouloir bien, par sa bonté ordinaire, alléger leurs maux en
diminuant leur misère, et recevoir l'assurance de leur amour,
de leur soumission et de leur fidélité.
Comme aussi les habitants de Lion supplient Sa Majesté de
supprimer les francs-lîefs comme contraires et gênant le com-
merce, et de leur permettre de rembourser à un fur honnête
toutes rentes foncières et ferrages dus tant aux laïques
qu'ecclésiastiques.
Fait et arrêté à Lion-sur-Ronce, le !«'• mars 1789.
(Signatures de Lecomte, syndic; Arlicot; Boucheron; Lam-
bert ; Ghatigner ; Chatigner (1).)
SAINT-FLORENT.
Dép. Loiret. Arr. Gien. Con. Sully.
Gén. Orléans. El. Gien. Gren. Sullj. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg- et pai'oisse. ÉI. de Gien pour la taille et d'Orléans
pour les aides. 65 feux. Environ 250 communiants. Le duc de Sully. Jus-
tice de Sully. Marchés de Gien et de Sully. Écrire par le messager de
Sully. Br. de Gien. A 3 lieues de Gien, 13 d'Orléans et 3 de Sully.
Routes de Gien à Romorantin; de Sully k Aubigny. Forêt de Sully, de
7 lieues d'étendue. Plaine de 7 à 8 lieues. Le terrain est sablonneux,
composé de terres labourables rapportant blés noirs, seigles, orges et peu
d'avoines; bois taillis, peu de prés, quelques étangs et bruyères. Le
(1) 11 y a deux personnages de ce nom au procès- verbal .
350 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
commerce est en bestiaux et laines. La cure vaut environ 1,000 1.,
année commune.
1768. — 58 feux. Duc de Sullj. Vigne.
DÎME. — Le 18e.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,743 1. 5 s., dont 2,160 pour
le principal et 2,583 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dim'anohe l"»" mars, au
banc d'oeuvre de l'église, sous la présidence de .Jean-François Arnal,
l'un des notaires des ville, bailliage et duché-pairie de Sully-sur-Loire,
y demeurant. — Population : .50 feux. — CovipariDits : Jean Coute-
lier, syndic de la paroisse et de la municipalité de Saint-Florent; Jean-
Pierre Coutelier, laboureur, et Jacques Coudre, manœuvre, marguil-
liers d'honneur ; Pierre Morin, laboureur, et Pierre Michau, manœu-
vre, collecteurs en charge ; Pierre Coutelier ; Pierre Mitouliin ; André
Supi)lisson ; Pierre Supplisson ; André Bezard ; Vrain Villoing; Louis
Robillard ; Jean-Étienne Morin ; Pierre Caillât et Pierre Guillebert,
tous laboureurs, et lesdits Coutelier et Pierre Villoing, membres
de la municipalité ; Antoine Chapson, cabaretier ; Jean Vallée ; Jean-
Guillaume Labbé; Pierre Tliibault; Joseph Rossignol; Antoine Barbe-
rousse, et Jean BouUon, manœuvre. — Députés : Vrain Villoing ; André
Bezard.
Population en 1790. — 416 habitants.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances que les syndic
et habitants de la paroisse de Saint-Florent présentent et
remontrent au Boi sons son bon plaisir, suivant sa lettre à
eux adressée et publiée en date du 24 janvier de la présente
année i789, et à MM. les députés des États généraux du
royaume, suivant l'ordonnance de M. le lieutenant général
du bailliage royal d'Orléans en date du 13 février dernier,
pour remettre aux députés de ladite paroisse ci-après nom-
més pour être par eux présenté à mondit sieur le lieute-
nant général en l'assemblée préliminaire qui se fera par de-
vant lui le samedi 7 mars prochain.
■\o Do supprimer entièremoiit les droils do fi'anr-fior qui se
CAHIER DE SAINT-FLORENT. 357
perçoivent sur les biens nobles possédés par des roturiers, qui
forment un très petit profit à l'État et qui occasionnent beaucoup
de contestations, soit en augmentant les droits d'insinuation et
de centième denier des mutations par ventes et successions
collatérales seulement, ce qui fera sans doute un profit à l'État
par la bien plus grande quantité de biens nobles qui entreront
dans le commerce des roturiers.
2« De permettre que toutes les rentes foncières soit en
grains ou en argent, dont la plupart des biens de campagne
sont grevés, même les champarts et ferrages, à quelque per-
sonne ou corps de communauté qu'elles (s^c) puissent être dues,
puissent être remboursées à un fur honnête qu'il plaira à Sa
^lajesté et à l'assemblée des États généraux de fixer, sans que
les biens qui se trouvent grevés desdites chai-ges soient par la
suite grevés de fief pour raison desdites charges remboursées,
en laissant une redevance de cens seulement due aux sei-
gneurs pour conserver leur directe seigneurie sur lesdits biens,
quoique lesdites charges fussent auparavant seigneuriales ou
inféodées.
30 Que cette paroisse, qui est située en ce pauvre pays de
Sologne, dont l'état est très bien développé par l'auteur du livre
des Vues cjénérales sur la Sologne présentées à Messieurs de
l'Assemblée Provinciale l'année dernière 1788, qui n'est com-
posée que de 50 feux, paie annuellement 4,800 livres de taille,
impositions accessoires et capitation, de façon qu'un fermier
qui paie 400 livres de ferme, qui est bien peu de chose à com-
paraison de la tenure du mauvais terrain de sa ferme, a dix à
douze bouches à nourrir en sa maison, à peine cueilJe-t-il du
blé, seigle, du blé noir et bien peu d'orge pour se nourrii-, lui
et son monde, paie jusqu'à 200 livres de taille, impositions et
capitation; il lui faut pour 100 el, 120 livres de sel; et il n'y a
que le peu de bêtes à laine (jue l'on peut y élever et que la
maladie appelée la maladie rouge ou maladie de Sologne fait
presque tout périr depuis plusieurs années, et quelques autres
bestiaux que l'on y peut élever, qui peuvent aider le pauvre
358 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
fei'mier à payer le Roi et son maître d'hôtel. D'un antre côté, le
faste et l'aisance attirent une grande partie des jeunes gens
domestiques de l'un et l'autre sexe en des conditions de ville,
où ils ont sans doute bien moins de peine et plus d'agréments
que dans cette pauvre vaste Sologne, où ils sont m;d nourris et
exposés à la rigueur des temps ; ce qui fait que ces pauvres
campagnes se dépeuplent de plus en plus, que les fei-miers ne
peuvent trouver de domestiques qu'à force d'argent ; un domes-
tique de labour, qui gagnait, il y a vingt ans, 50 ou 60 livres
gagne actuellement 100 et 120 livres. Les propriétaires se
trouvant obérés du peu de revenu de ces mauvais domaines,
tant par les vingtièmes que par les réparations réitérées d'une
multitude de mauvais bâtiments construits en bois, torchis et
couverture de paille ou chaume que l'on est obligé de réparer
tous les ans, se trouvent obligés de réunir souvent deux fermes
en une, d'où il résulte que le fermier qui ne peut avoir l'aisance
ni le monde pour faire valoir si grands domaines reste en
friclies, au détriment de la population (1). Il a encore été établi
une autre charge sur ces pauvres laboureurs de Sologne, qui
est d'avoir réuni la charge de la corvée à la taille et j)ortée au
quart d'icelle, de faç^-on (ju'un i;dx)ureur qui paie 100 hvres de
principal de laihe paie 25 livres de corvée qui ne lui revien-
nent souvent à aucun profit, étant ordinairement trop éloigné des
routes; tandis que les habitants des grandes villes en sont
exempts, étant beaucoup plus nécessaires aux deux premiers
états et aux autres habitants des grandes villes (2) ([u'à ces
pauvres gens de campagne qui semblent être faits poui' sup-
porter tous les fardeaux de l'I^^tat, ce qui occasionne de plus
en plus le dépcuplcmeuL de ce pauvre pays de Sologiic. Les
enl'aufs de domestitpies ni nièm(> les enlaufs de jaboui'eui's ne
se mai'ient que rarement, crahite de se voir accablés sous ces
pesants fardeaux, et d'où il résulte (pi'il nait bien peu de
(1) t:'(\-l-;i-iliii' : il un il rt'snlte qup, comme le fonnicr ne peut avoir l'aisance ni le monde
pour faire valoir fie si grands domaines, ils restent on friches, au détriment de la population.
(2) C'esl-à-dirc : quoique les roules soient beaurmip plus nécessaires aux deux première
(5tat6...
CAHIER DE SAINT-FLORENT. 359
jeunes sujets, et dont partie se retire en ville, comme nous
venons de dire, de façon que, si ce n'était la province de Berry,
qui est à plus de moitié moins cliargée d'impôts, qui fournit au
pays de Sologne des domestiques, cette pauvre vaste province se
trouverait encore plus dépeuplée qu'elle n'est actuellement.
L'auteur du livre des Vues générales sur la Sologne prése7itées
à Messieurs de l'Assemblée Provinciale l'année dernière,
ci-devant cité, propose beaucoup de moyens nécessaires pour
l'amélioration de cette pauvre province ; mais les sujets y
manquent et les moyens resteront à exécuter, faute de bras et
d'aisance pour pouvoir procurer ces améliorations. D'ailleurs, le
terrain, étant sur un sable rouge ou argile glaiseuse, dévore
bientôt les améliorations que l'on y dépose; cela ne connaît
pas les paroisses voisines de Berry, d'où l'on y transporte à
grands frais de la marne qui tout au plus récompense des
dépenses que l'on est obligé de faire pour la transporter à trois,
quatre et jusqu'à cinq lieues de trajet et où elle ne prospère
que pendant douze ou quinze ans.
Il en est de même des manœuvres qui occupent plusieurs
mauvais bâtiments et mauvaises terres et jardins, d'où ils.
tirent peu de profit, quoiqu'ils ne les louent qu'à sommes
modiques, eu égard aux frais de vingtièmes et entretien de bâti-
ments que le propriétaire est obligé de faire et de payer, étant
ces malheureux chargés d'impôts à proportion des laboureurs.
Un manœuvre qui paie 60 livres de ferme paie ordinairement
28 ou 30 livres de taille et autres impositions accessoires et
3 ou 4 livres de corvée, sans compter (?) 15 ou 20 livres de
sel qu'il lui faut par an.
Nous ne doutons pas qu(! les grandes routes ne soient très
nécessaires dans le royaume pour Hiciliter le transport des
marchandises et les approvisionnements des grandes villes;
mais, du moins, les habitants de ces grandes villes, dont hiute
la pompe et la magnificence brilhMit jusqu'à y attirer grande
partie des jeunes gens des campagnes sitôt qu'ils se voient la
moindre aisance,, de même les domestiques devraient y contri-
300 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
buer ainsi que ceux de campagne, comme leur étant aussi et
même plus nécessaires ; de même les deux premiers états à qui
elles sont le plus nécessaires, et étant ceux qui en font le plus
d'usage ; d'où il résulte que si Sa Majesté et le gouvernement
n'ont la bonté de pourvoir aux besoins des campagnes qui sont
déjà très dépeuplées, elles se dépeupleront de plus en plus.
Nous ne parlons pas des droits qui se paient sur les vins, les
habitants de la Sologne en faisant très peu d'usage.
4o La suppression des haras serait très nécessaire, étant d'un
coût d'environ un million et ne servant qu'à gêner les sujets
de l'État qui doit être informé et même assuré que chaque
colon s'efforce toujours d'élever les plus beaux chevaux qu'il lui
est possible, étant son profit particulier; que, d'ailleurs, la
gêne et non-liberté imposée pour assujettir les juments aux
étalons royaux est plus capable de dégénérer (sic) la belle qualité
des chevaux, même d'en diminuer la régénération que de l'aug-
menter, n'étant rien de plus naturel que de laisser la jument
libre avec le cheval [plutôt] que de les transporter à plusieurs
lieues de distance, où elles sont la plupart du temps forcées
et hors d'état de concevoir.
5» Que s'il était possible de faire conduire les deniers des
finances de cliaque recette pour être versés directement dans
le Trésor royal, soit par le moyen des municipalités ou autre-
ment, cela ferait ime grande épargne à l'État, et fon économi-
serait toutes les sommes qui se paient à (•lia(|ue receveur où
ces deniers passent.
Il y a encore un autre abus qui est à la confusion des c;nn-
pagneset qui en occasionne le dépeuplement : qu'il n'y a presque
[que] les campagnes seules qui fournissent la milice des soldats
provinciaux, tandis (|ue les grandes villes en sont exemptes, et
dans lesquelles il se trouve renfermé, tant dans [les] corpora-
tions que parmi les livrées, uii(> infniil('' de jiMuies gens
capables et qui ifen devraient |pas| êli'o exempts; si les
évêques, princes et gros seigneurs méritent par leur caractère
CAHIER DE BONNÉE. 361
OU naissance d'avoir droit d'exempter leurs domestiques de ce
sort, du moins le nombre (1) doit en être fixé.
Arrêté à Saint-Florent, ce l»^'' mars i78<,).
(Suivent 12 signatures ; celles de Coutelier, syndic ; Cou-
telier, marguillier ; Supplisson, etc.)
BONNÉE.
Déj). Loiret. Arr. Gien. Co>K Ouzouer-sur-Loire.
Gén. Orléans. El. Gien. Gre?i. Sullv. Bioc. Orléans.
.JoussE. — Bourg et paroisse. El. de Gien pour la taille et d'Orléans
pour les aides. 50 feus. Environ 200 communiants. Le duc de Sully. Va
au marché de Sullj, Écrire par le messager de Sully. .Tustice de Sully.
Br. de Gien. A 5 lieues de Gien et 10 d'Orléans. AssemlDlée le jour de
sainte Anne. Grande route de Lorris à Aubigny. Route traversière de
Saint-Benoît à Ouzouer-sur-Loire. A 1/2 lieue de la Loire. Dans un pays
plat. A 1 lieue de la forêt d'Orléans. Plaine et vallée de Loire, de
4 lieues d'étendue. Le terroir produit froment, seigle, orge, vignes, prés,
pacages et chanvre. Le commerce est en vin, chanvre et grains. La
cure est à portion congrue et peut produire, année commune,
1,000 livres.
1768. — 41 feux. Duc de Sully. Blé.
DÎME. — Le ir)*^. Pour les grains, lainage et charnage, il y a des
droits particuliers, comme de 2 ventrées de truie, un cochon ; d'une
bande d'oies, une.
Tau.le de la paroisse en 1788. — 2,303 1., dont 1,050 pour le prin-
cipal et 1,253 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous \a. présidence de Jean-François Arnal, notaire.
— Population : 40 feux. — Comparants : Pierre Leroy, laboureur,
syndic de la paroisse et de la municipalité; Barthélémy Baudouin,
François Marois et Etienne Moulin, laboureurs, membres ; Antoine
Marois, laboureur; Sébastien Boutroue, manœuvre, adjoints; .lacques
Durand, laboureur ; Vincent Floquet ; Pierre Blondeau ; Simon
(1) Soiis-cnlendie : de ceux qui pourront être exemptés.
362 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Ragobert ; René Hirlay ; Jean Coutelier ; Joseph Pellerin, manœuvres,
et Pierre Moreau, arpenteur delà forêt d'Orléans. — Députés : Pierre
Moreau ; Joseph Pellerin.
Population en 1790. — 225 habitants.
Cahier de doléances de la paroisse de Bonnée,
bailliage d' Orléans .
Il est bien consolant ponr nous de trouver dans le monarque
qui nous gouverne moins un maitre jaloux de déployer l'appareil
de sa puissance qu'un père empressé de donner à ses enfants
des marques de sa tendresse. Puisque notre Roi veut bien
s'abaisser, pour ainsi dire, afm de se mettre à notre portée, ne
craignons point de lui adresser nos vœux avec tous les respects
que nous lui devons.
Nous supplions donc Sa Majesté :
lo De nous décharger de la taille, de la capitation, de l'éva-
luation, des corvées, tous impôts aussi onéreux de leur nature
que souvent injustes dans leur répar'tition ; d'y joindre la
suppression de la gabelle, portant à un trop haut prix une
denrée de toute nécessité, surtout pour les pauvres, qui mal-
heureusement forment le plus grand nombre dans nos campa-
gnes ; pour le tout être converti en un impôt territorial payable
par les propriétaires, aux olfres par les fermiers de fournir
aux propriétaires une indemnité pendant le restant de leur
bail ;
2" De réformer la manière de percevoir les droits sur le vin
en la simplifiant, c'est-à-dire en faisant disparaître cette multi-
tude de commis (|iii font payer si chèrement l'espèce de droit
qu'ils ont de vexei' le peuple à la faveur de certaines lois sur-
prises à la religion du prince ou des premiers magisirals, et
qu'on fait valoir en toute rigueur contre des gens (pii ne se
trouvent souvent réfractaires à ces lois que par la iK'gligencc
affectée qu'on a eue Ao ne leur point donner toute la j)ublicilé
CAHIER DE CONNÉE. 363
qu'elles auraient dû avoir ; d'où il arrive qu'on ne [les] viole que
parce qu'on ne les connaît pas ;
3û De n'établir aucun nouvel impôt sans le consentement des
États généraux, dont le retour périodique sera fixé dans les
prochains États;
4o D'arrêter de concert avec les États que les Parlements
ne pourront enregistrer aucun impôt, ni rien qui tende à
charger les peuples, tant que les États généraux ne seront point
convoqués; car c'est de leur accord avec notre auguste sou-
verain que ces mêmes peuples attendent le soulagement de
leurs maux ;
50 De diminuer les frais de justice et d'abréger les procé-
dures : deux abus également désespérants pour les infortunés
obligés de recourir aux tribunaux pour en obtenir la justice
qu'ils ont droit de prétendre ;
60 D'abolir pour jamais ces rétributions forcées connues
dans l'Église sous le nom de casuel, rétributions dont l'injus-
tice est palpable, puisque c'est nous faire payer une seconde
fois ce que nous payons déjà par la dîme de nos biens. Mais
comme nous savons qu'un grand nombre de curés ne se voient
qu'à regret dans la nécessité de les percevoir, par la modicité
de leur revenu, nous désirerions, pour notre propre décharge
et à l'avantage même de nos curés, qu'il plût à Sa Majesté
augmenter le revenu des cures jusqu'à concurrence de
2,U(XJ livres; ce qui serait facile à faire pour M. le curé de
notre paroisse, en lui accordant la dîme de ladite paroisse. Cette
dîme appartient aux religieux l)énédictins de Saint-Bonoit. De
cette dîme, on tire |)liis de l,t2(X) livres franches de toute
charge; moyennant huiuelle dîme, ils acquittent une messe
basse tous les dimanclies ;
7» De rembourser toutes les rentes foncières en grains et
argent à un fur honnête, ces rentes dues tant îiux laïques
qu'ecclésiastiques ;
364 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
80 De supprimer les francs-fiefs (j[ui se paient par (i)
non privilégié, ce droit étant onéreux et repréhensible (2) au
commerce ;
90 D'affranchir les enfants et domestiques de tous laboureurs,
manœuvres, vignerons et cultivateurs des milices et de rejeter
ces milices sur une classe différente que celle des cultivateurs,
telle que celle des domestiques de ville qui la plupart ont
déserté ces campagnes soit par lainéantise, ou que ce soit
autrement (3).
Tels sont les vœux que les habitants de la paroisse de
Bonnée désirent être portés au pied du trône par leurs repré-
sentants, parce qu'ils trouvent leurs vœux conformes à la
justice et à leurs besoins.
Fait et arrêté à Donnée, assemblée des habitants, le mardi
3 mars 1789.
(Signatures de Moreau ; Pellerin ; Leroy, syndic ; Baudouin ;
Floquet.)
SAINT-PÈRE.
Dép. Loiret. Arr. Gien. Con. Sully.
Gén. Orléans. El. Gien. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. El. de Gien pour la taille et d'Orléans
pour les aides. 70 feux. Environ 200 communiants. Le duc de Sully.
Justice de Sully. Marché de Sully. Ecrire par Sully. Br. de (iien.
A 5 lieues de Gien et 9 d'Orléans. Assemblée le jour de saint Pierre.
Routes de Lorris à Aubigny ; de Gien à Saint-Benoît. Il y a dans ce lieu
un port d'établi, dont le passage a[)partient à M. le comte d'Orval.
Sur la Loire, La levée est fort fréquentée par les mariniers. Plaine.
Le terroir est composé de vignes et terres labourables qui produisent
des seigles, méteils et ctianvres. liC commerce est en vins et grains.
La cure vaut, année commune, 500 1.
(1) Un mot illisiltle.
(2) Sans doute dans le sens de nuisible.
(3) C'est-à-dire: ou pnur tonte autre cause.
CAHIER DE SAINT-PÈRE. 365
1708. — 72 feux. Le duc de Sully. Vignes.
DÎME. — Grains, le 15*'. Vin, 4 pintes par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,975 1., dont 000 pour le prin-
cipal et 1,075 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, au banc
d'œuvre de l'église, sous la 2irésidence de Jean-François Arnal, l'un des
notaires des ville, bailliage et duché-pairie de Sully. — Populalion :
80 feux. — Comparants : .Jean Diard, vigneron, syndic de la paroisse
et de la municipalité ; Louis Aigret, laboureur ; François Briais, Pierre
Moreau, vignerons, membres ; Clément Girault, Jean Vernoy,
meuniers et Vincent Briais, vigneron, adjoints; Jean Baudouin, vigne-
ron, greffier ; Etienne Meunier, laboureur ; André Odry, Laurent
Prudhomme ; Louis Hirlay l'aîné; Louis Hirlay le jeune; Pierre
Séchoy ; Michel Poupas père ; Michel Poupas fils ; Pierre Bouthegourd ;
Etienne (riboin ; Joseph Trémeau ; François Poirier ; Pierre Vernoy,
sonneur; Pierre Vernoy. marguillier ; Ythier Bouthegourd; Pierre
Hirlay ; Simon Girault; Pierre Aigret; Louis Domain ; Louis Baudouin ;
Firmin Ghalopin ; Jean Séchoy ; Louis Hirlay fils ; Pierre Bidault ;
Ythier Pluchon ; Pierre Pellerin ; Charles Meunier; Joseph Trémeau fils ;
Firmin Baudouin ; Jean RecuUé; Jean-Baptiste Hirlay; Alexis Hirlay.
— Députés : André Odry ; Pierre Moreau l'aîné, vignerons.
Population en 1790. — 320 habitants.
[Cahier de Saint-Père.]
Le cahier de cette paroisse est absolument identique à celui
de Donnée, sauf la fin de l'article G qui est ainsi conçue :
« Qu'il plût à Sa ^lajesté augmenter le revenu des curés jusqu'à
concurrence de 2,000 livres, suit pai' réunion de cures voisines,
soit par dotation prise sur les biens ecclésiastiques pai' des
moyens que les lumières et la prudence de Sa Majesté et des
États généraux ne manqueront point de leur suggérer » ;
Et l'article 7 : Que Sa Majesté veuille bien supprimer et
abolir les droits de franc-fief; ces droits (]ui ne rapportent
qu'un modeste produit au Roi gênent le commerce.
Tels sont les vœux que les habitants de la paroisse de Saint-
366 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Père-lez-Sully désirent être portés au pied du trône par leurs
représentants, parce qu'ils trouvent leurs dits vœux confomnes
à la justice et à leurs besoins.
Fait et arrête à Saint-Père, assemblée tenante cejourd'luii
3 mars 1789.
(Suivent 9 signatures : celles de Diard, syndic ; Louis Aigret;
Baudouin, greffier, etc., et celle d'Arnal.)
CHAON.
Dé}). Loir-et-Glier. Arr. Roiuorantin. C'^'K La Mottc-Beuvron.
Gén. El. Orléans. Gren. Sullv. Bioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. 45 feux. Environ 200 communiants.
Basse Justice, r. à Sullj. Il y a un fief considérable, appelé Villechauve,
qui relève de M. le duc de Sully ; il appartient à M. d'Orléans, dont le
château est en entrant dans le bourg. Va aux marchés d'Aubigny et de
Sully. Ecrire par Sully. Assemblée la dernière fête de Pâques. Br, de
La Ferté. A 6 lieues de La Ferté, 10 d'Orléans, 6 d'Aubigny et 5 de
Sully. Entourée de la forêt de Ghaon, qui a 2 lieues de circuit. Sur la
rivière du Beuvron. Pays couvert. Sologne. Son terroir est sablonneux,
composé de terres à seigle et blés noirs, quelques étangs, pacages
et peu de prés. Le commerce principal est sur les bestiaux et laines.
La cure vaut, année commune, 800 livres.
1768. — 80 feux. Duc de Sully. Blé.
Taille delà paroisse en 1787, — 3,691 1. 10 s., dont 1,744.10 pour
le principal et 1,747 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verhal. — Assemblée électorale le mercredi 25 février,
au banc dVeuvre de l'église, sous la présidence de Pierre Berlier,
notaire en la justice de Sully, résidant à Chaon. — Popuhilion :
87 feux. — Cumparants : Jean-Charles Soyer (75 -j- 813. 10. plus 48 -f-
53.9 pour la ferme de Riou) ; .Jean Simon, laboureur (90-j- 100.8);
François Lepage, laboureur (114. 10-f- 127.12, plus 57.10-]- 64.2 pour
une ferme d'étang); Louis Hodeau, laboureur (79-f-87.19) ; Aignan
Boury, menuisier (lO-f-11.3); André Soyer, marchand (27. 10-j- 30. 13);
Claude Bartholin, scieur de long (10.10 -f- 10.14, plus 3.15-f-4.3 pour
la moitié des étangs de Baly); Pierre Gagnepain (4-|-4.9); Pierre
CAHIER DE GIIAOX. 3G7
Sevestre (6.10 -j- 7.5); Laurent Roblet (1.10 -[- 1.14) ; Michel Brossard,
laboureur (41 -j- 45.13); Louis Goguv (12-J- 13.7) ; François Brunet
(5.10 -f- G. 3); Jean Hodeau (11 -f- 12.5); Pierre Recullé, charron
(8-}-8.19); Pierre Garnier, tailleur (5-|-5.12); Jean Aubignv (14 -f-
15.15); Jacques Breton (14-j- 15.11) ; Jean Buron, manœuvre (15-f-
l(j.l4); Sylvain Gresset (6-f-6.l4); Etienne Calare (10-^-11.3);
François Aubigny (3-)-3.7); Jean Desmares, sabotier (4.10 -f- 5.1) ;
François Yion (7-j-7.15); Barthélémy Monourj, tessier (3-|-3.7);
Jacques Breton (14 -f- 15.11) ; Pierre Bertier, laboureur (106.5-}-
118.6, plus 2.10-]- 2,16 pour deux journées de prés); Jacques Pellerin
(2 -j- 2.5); Julien Loiseau, tessier(5-j- 12); Jacques Maronnier(2-|-2. 5) ;
Jacques Beudin (2-f-2.5); Jean Desbois (5 -f- 5.12); Jacques Ghesneau,
manœuvre (8-j-8.19); Jacques Buron, journalier (5. 10-[-6. 3) ; Louis
Ghéron (3-|-3.7); Gervais Héau, manœuvre (8 -|- 8.19); Pierre Maitre
(2.10 -f- 2.16); Jean Guilleriau (4-|-4.9) ; Claude Durand (48 -[-53.9);
Mathias Rousseau, journalier (4-)- 4.9); André Vannié, manœuvre
(9.10-j- 10.12) ; François Gouniou; Eutrope Guénin; Sylvain Labbé
(2.10 -j- 2.16) ; Jacques Berruet; François Berruet, maréchal (22.10-|-
25); René Glément (6.10-f-7.5) ; Pierre Durand (18 -|- 20.1); Jean
Emos; Vrain Yenon ; Pierre Villoing (44.10-j-49.ll) ; Mathurin
Farnault (2-)-2.5); Louis Aubigny, laboureur (91.10 -|- 101.19) ;
Louis Souchet. — Députés : Jean Simon ; Aignan-Benoît Boury.
Cahier de doléances, remontrances, observations et demandes
des habitants de la paroisse de Chaon (1), généralité d'Or-
léans.
1» Observent le.sdits habitants de Chaon, tant pour [leur]
facilité que celle de leur curé, que plusieurs parmi eux sont une
année de Chaon et l'autre de Brinon (2) ; ce qui est très incom-
mode pour la fréquentation des sacrements en ce qu'il faut
changer chaque année de directeur, et plus encore gênant pour
l'assistance aux offices et administration des sacrements; car,
étant de la paroisse de Brinon, il faut qu'ils aillent à deux
(1) En marge, en écriture de l'époque : Chon, forme indiquant la prononciation d'alors qui
est aussi la prononciation actuelle.
(2) Aujourd'hui commune du département du Cher, ar. Sancerre, c" Argenl-sur-Sauldre.
368 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
grandes lieues chercher un prêtre en cas de maladie, tandis
qu'ils se trouvent distants de Ghaon d'un seul quart de lieue et
moins. Il serait donc à propos que les États généraux s'occu-
passent de ces réunions et arrondissements de paroisses. Outre
ces domaines, terres, métairies (1), il en est encore d'autres
qui passent auprès du bourg de Ghaon, dont ils ne sont éloignés
que d'une demi-heue, et dans le couchant dudit Ghaon, pour
aller à deux grandes lieues et plus à Brinon, leur paroisse, qui
se trouve au levant de Ghaon, ce qui les corvoie les fêtes
et dimanches et les met souvent dans l'impossibilité d'entendre
la voix de leur pasteur et d'assister à leur paroisse.
2o Désirent lesdits habitants qu'en pourvoyant à la subsistance
honnête de leur curé, on ôte tout sujet de division entre le
pasteur et les ouailles en assurant un revenu hxe, stable et
incontestable en lui substituant un gros déterminé aux dîme et
casuel forcé, ce qui est une source de contestations et qui aliène
les esprits et ôte la confiance due aux ministres d'une religion
si sainte; ou, si on juge à propos de laisser les dîmes aux curés,
demandent les liabitants que le curé seul soit décinialcur dans
sa paroisse et que la dîme soit réglée et fixée, dans la i)i'oviuce
de Sologne, à une même mesure et une seule manière ; par
exemple : que les grains se dîment au compte à raison de
(2), puisque la détermination d'arpents, de minées ou
de setiers n'étant pas unanimement réglée occasionne des
contestations journahères, et que les dîmes d'agneaux et de
laine fussent les mêmes et sur les mêmes objets par toute la
Sologne, et que l'on ne vît plus cette distinction particulière de
paroisse à paroisse, source intarissable de contestations et de
procès. Il sei'ait nécessaire de faire un code de dîme faisant
loi pour chaque province du bailliage et qui fût avoué des
décimateurs et des contribuables; par là, on vorrail la jiaix et
l'union régner dans les paroisses.
(1) Le texte porte ce mot inintelligible : « termetaires ».
(2) Le cliiirrc est reHt(5 en blanc dans l'original.
CAHIER DE Cil AON. 309
30 Désireraient lesdits liabitants que les impôts de taille
industrie, capitation, corvée et gabelle fussent imposés sur la
propriété, s'ils ne craignaient pas les surcharges des pro-
priétaires, qui, par leurs baux, obligeraient les fermiers de
payer lesdits impôts en avance sur leur ferme (1) qui n'échoit
qu'à certains termes ; malgré cette crainte, ils s'oITrent de tenir
compte auxdits pi'opriétaires desdits impôts de vingtièmes,
capitation, corvée et gabelle, si désormais les contribuables
faisaient leurs paiements entre les mains du préposé à la per-
ception desdits impôts, qui serait choisi à cet effet pour avoir
son bureau fêtes et dimanches à la municipalité, sans qu'il fût
obligé à chaque paiement de le corvoyer et d'aller de domaine
à domaine. Désireraient également voir le sel marchand, ce
qui serait mohis dispendieux à l'État et aux citoyens.
4" Il est essentiel, pour le bon ordre et la police de nos cam-
pagnes, qu'il y ait dans chaque bourg un officier et que, sans
avoir recours au besoin de la maréchaussée, distante de cinq
à six lieues, l'ollicier résidant dans le bourg fût chargé de veiller
au bon ordre, et qu'il pût faire arrêter et conduire les malfai-
teurs et mendiants dans les prisons voisines et devant les juges
compétents. On désirerait également que nul étranger ne vînt
prendre domicile dans un pays sans au préalable avoir présenté
à l'officier de police un bon certificat de vie et mœurs signé du
curé et officier de police de l'endroit d'où il sort, et, en cas
d'accident et de malversation de sa part, le propriétaire ou
principal locataire qui n'aurait pas satisfait à ce règlement et,
sans certificat, aurait loué sa maison, serait responsable du
délit et privé de son loyer. La municipalité, son syndic ou son
greffier pourrait être cet officier public. Par là, on contien-
drait les malfaiteurs et maintiendrait le bon ordre, et les mœurs
refleuriraient.
5° Remontrent aux États généraux lesdits habitants de
Ghaon qu'ils sont corvoyés mal à propos pour l'élection de
tuteurs, curateurs à leurs mineurs; qu'il faut qu'ils fassent à
(1) C'est-à-dire : leur fermage.
T. i. 24
370 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
grands frais pour lesdits pauvres mineurs des cinq, six lieues
pour paraître devant un juge pour choisir un tuteur à des
mineurs dont les parents ne laissent souvent que de quoi payer
les frais de justice, et qu'il serait facile d'obvier à cette loi
ruineuse en obligeant les six parents nécessaires à l'élection
de leur mineur (sic) de paraître le dimanche le plus prochain
devant la municipalité, et au bureau ils feraient choix du
tuteur ou curateur avec plus d'é({uité et de connaissance; car
souvent le juge est obligé de procurer un mauvais choix, au
lieu que la municipalité, composée d'un curé, du syndic et
grefher, hommes de foi, connaissant les familles, empèclierait
les cabales et le choix que l'on fait ordinairement du moins
capable et solvable, ce qui assurerait le sort des mineurs; et,
si on ne veut pas que la municipalité donne toute la forme
légale, qu'au moins, sur le certificat de la municipalité de la
comparution de tels et tels, et élection faite d'un tel pour
tuteur de , ledit élu porteur du certihcat fût seul devant
le juge prêter [le] serment requis.
60 Lesdits habitants voient avec doléance et peine une infi-
nité de malheureux se livrer aux charités publiques et absorber
le revenu des vrais pauvres et souvent s'enrichir, couverts du
manteau de la pauvreté ; et après avoir passé ainsi leur vie
ou bien des années, meurent opulents et laissent à leurs enfants
qu'ils ont élevés dans l'oisiveté et mendicité ou à d'autres
parents des petites fortunes en mobilier et souvent en argent.
Pour obvier à cet inconvénient ou le réparer autant que l'aire
se pourrait et rendre aux vrais indigents ce que l'hypocrisie
leur a ùté, on désirerait que la succession de ces mendiants
habituels ou errants ou domiciliés appartînt de droit au corps
des pauvres et que le bureau des pauvres, comme seul héri-
tier de ces successions, s'emparât de la succession au nom des
pauvres, sans autre formalité que la déclaration desdits elîets
qui en serait faite à la municipalité qui, de droit, serait le père
des pauvres; car s'il fallait faire toutes les formalités de
justice, les successions seraient anéanties et absorbées. Il serait
CAHIER DE CIIAON 371
même à désirer que les effets des pauvres gens fussent vendus
à leur mort au profit de leurs héritiers, sans frais d'inventaire,
de vente, ni liquidation ; car souvent toutes les formalités obli-
gent les héritiers de renoncer à la succession et les dettes ne
sont pas payées, ce qui est criant.
70 Dans le temps même que l'État demande l'amélioration
et facilité des citoyens et du pays, nous voyons exécuter des
plans tout contraires ; car, au lieu de contribuer au rétablis-
sement des chemins, au heu de faciliter la fréquentation des
villes, on prend toutes les voies possibles de destruction ;
car, lorsque la corvée se faisait en nature, non seulement les
grandes routes étaient bien tenues et roulantes, mais même
nos chemins de traverse de bourg à ville et de bourg à bourg
étaient praticables, parce que, trop éloignés de la route de
Toulouse, on nous occupait à l'entretien de nos chemins, la
route était praticable sans nous, et avec intérêt et solidité
nous raccommodions nos chemins de paroisse à paroisse. Mais
depuis la corvée en argent, nous cessons de travailler à nos
chemins, qui se crèvent et deviennent impraticables, et nous
payons des 500 livres de corvée qui sont inutiles à la route,
puisqu'elle était faite et entretenue sans nous. Nous deman-
dons donc que l'on nous fasse part de notre argent, étant
inutile à la route, pour entretenir nos chemins de communi-
cation, et souhaiterions que, lorsqu'il s'agit de faire des routes
neuves, le gouvernement ordonnât qu'ehes passassent dans
les bourgs mêmes et non à côté. Par là, on rendrait nos cam-
pagnes plus fréquentées, plus commerçantes et moins mortes.
C'est [ce] que l'on ne fait pas; car M. du Pré de Saint-
Maur, ancien intendant de Bordeaux, seigneur d'Argent, de
Brinon, désirant aller à Méziéres, chez M. son beau- père,
forme une nouvelle route qui de Brinon va à La Motte-
Beuvron, traversant 4neues de bruyères et terres labourables,
qu'il faut faire à grands frais à raison du terrain inégal et fon-
dreux de la Sologne, et abandonne les anciens chemins
aussi courts et plus faciles à entretenir, vu qu'eUe passait de
372 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Brinon à Ghaon, de Chaon à Voiizon et de Voiizon à La Ferté,
où elle retombe dans la route d'Orléans. Il nous faudra faire
et entretenir sa nouvelle route qui ne peut être utile au public
et qu'il aurait lui-même voulu faire passer par Ghaon si nous
eussions voulu la faire par corvée et rétablir les anciennes
comme nécessaires pour aller aux foires et marchés d'Aubi-
gny. Si la corvée en argent subsiste, nous ne pourrons sortir
de notre village, nos denrées se perdront, nous tomberons
dans l'indigence, et les villes manqueront de provisions
et garderont leurs marchandises, ce qui nuira au com-
merce.
8° Depuis l'édit qui défend à la Noblesse de jouir de son
fief, il semble que le roturier fasse difficulté d'acquérir des
biens-fiefs à cause des surcharges et grosses sommes qu'il faut
payer à une infinité de bureaux, à toutes les mutations et
vingtièmes années et autres vexations de la ferme. Pour faci-
liter les ventes desdits biens-fiefs, il conviendrait que, dès
que les biens-fiefs passent entre les mains des roturiers, ils
fussent roturiers, en indemnisant les seigneurs de leur droit
par une espèce de rachat et remboursement de fief. Par là, on
diminuerait les frais de perception, par conséquent (1) moins
coûteux à l'État. On désirerait que tous les petits fiefs et cen-
sives fussent réunis aux grandes seigneuries, comme duchés ;
par là, les contestations de seigneur à seigneur et de seigneur
à vassal et censitaire seraient anéanties, et tous les biens-
fonds paieraient à proportion, sans distinction de fief; car dans
un Etat franc, il ne devrait point exister de féodalité. Gepen-
dant, par considération pour la haute Noblesse, par recon-
naissance pour les gentilshommes qui, parleur bravoure, aux
dépens de leur vie, soutiennent nos intérêts, éloignent
l'ennemi, défendent et gar'dent la patrie, on souhaiterait que
leiu' principal manoir et le chef-heu de leur fief, d'où ils tirent
leur nom, fussent exempts d'impôts, auxquels seraient assujet-
(1) Sous-entendre : cela deviendrait.
CAHIER DE CIIAON. 373
tis les a'utres biens qu'ils possèdent par acquisitions ou autre-
ment.
9° On espère que les États généraux voudront bien s'occuper
du sort des malheureux campagnards et les préserver de tant
et de si nombreux privilèges qui ne tendent qu'à les opprimer
et à absorber leur fortune. Il en est un autre que nous ne
voyons qu'avec peine : ce sont les causes commises à la
moindre contestation. Ces messieurs déclinent un juge compé-
tent devant qui ils ont été cités pour réprimer leurs entre-
prises, et par un acte d'appel et une signification de leur
committimus, ils évoquent la cause au premier tribunal du
royaume, alin d'épouvanter les malheureux et infortunés, et
par là les forcent de renoncer à une instance juste et équi-
table qui les aurait maintenus dans leurs droit et possession
légitimes ; s'ils ne renoncent pas à leur demande, le privilégié
les poursuit à grands frais et obtient, pendant que pour ses
affaires ou faisant le service de sa charge il est à Paris un
arrêt coûteux qu'il fait signifier à grands frais ; ou s'il sent sa
cause mauvaise, il accroche le procès aux voûtes du Parlement
et le suscite après des vingt années. Pour remédier aux abus,
il faudrait que le demandeur assignât devant le juge compé-
tent le plus prochain, sans qu'il fût permis à l'ajourné de
décliner le juge que par un jugement rendu ; et que la lon-
gueur de la procédure fût abrégée.
IQo Voient avec peine que la province du Berry, aussi riche
et abondante que l'Orléanais, ne paie pas tant de droits de
prince (1) et autres impôts que l'Orléîuiais, dont nous faisons la
partie la plus indigente; ce que l'on justifiera par le relevé du
ministre actuel.
Fait et arrêté le 25 février 1789.
(Suivent 11 signatures : celles de Soyer, syndic; Simon ;
Boury, etc., et celle de Bertier, notaire et greffier muni-
cipal.)
(1) C'est-à-dire : droits perçus au profil du prince, du roi.
374 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
27» Saint- Aignan-le-Jaillard.
Dép. Loiret. Avr. Gien. Co". Sully.
Gén. Orléans. El. Gien. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
•Tousse. — Bourg et paroisse. El. de Gien pour la taille et d'Orléans pour
les aides. 59 feux. Environ 300 communiants. L'abbé de Menoux, seigneur
de Ghamplivaut. Moyenne justice, r. de Sully. Marché de Sully. Ecrire
par le messager de Sully. Br. de Gien. A 4 lieues de Gien, 11 d'Orléans,
1 1/2 de Sully. Route de Gien à Sully, traversant le bourg. A une
1/2 lieue de la Loire. Sur la rivière de Sange, qui fournit les fossés
du château de Sully qui sont très considérables. Forêt de Sully. Plaine.
Le terroir produit des froments, seigles et orges ; il y a quelques vignes,
prés et bois taillis. Le commerce est en quelques vins et bois. Il y a
dans cette paroisse un petit village situé sur le bord de la Loire, appelé
Guissy, appartenant à M. de Menoux, lieutenant de roi à Nantes. Il y a
un prieuré simple, où anciennement étaient des moines do l'ordre de
Saint-Benoît ; il est à la collation de ral)bé de Saint-Benoit et peut
valoir, année commune, 1,.500 livres. IjC prieuré est desservi par les
cordeliers de Sully, qui sont obligés d"y venir dire une messe tous les
dimanches et fêtes, moyennant une somme qu'on leur paie par an.
1768. — GO feux. De Menoux. Blé.
DÎME. — Le 15". Vin, 4 pintes par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — .3,441 1., dont 1,570 pour le principal
et 1,874 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"' mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Jean-Barnal)é Ilodeau,
notaire-tabellion de hi terre, seigneurie et justice de Siiint-Aignan-le-
Jaillard. — Po})ul(ilion : 01 feux. — Compavanls : Amand Robert;
Barthélémy Bouthegourd ; Boniface Ilirlay ; Charles Burgevin ; Claude
Marois ; Charles Lebrun ; Etienne Girard ; Etienne Durand ; François
Ghastigner ; François Abrùé ; François Saget ; François Fontaine ;
François Loizeau ; François Ghapson ; François Couillebault ; .Jacques
Debenne ; Jean Girard ; Jacques Brosse ; .Tean Massicanl ; .Ican
Sonanic ; Jean Frcniion ; Jean Moreau ; Jose[)h Golivain ; .Iran Des-
rioux ; .lacques rialliot ; .lean-Baptiste Gagnepain ; Jean Labbé ; Jean
Proux ; Jacques Brice ; Louis Saget ; Nicolas Girard ; Nicolas Rossi-
gnol ; Pierre Bertrand; Philippe Poignard; Pierre Villoing; Pascal
SAINT- AIGNAN-LE-JAILLARD. 375
Pasturange ; Pierre Bonneaii ; Pierre Pelouelle ; Philippe Bouché ;
Pierre Métivier ; Pierre Poignard ; Gabriel Maréchal ; Etienne Hodeau ;
Jullien Loizeau ; Edme Rebv ; Pierre Pelletier ; Pierre Augv. — Dépu-
tés : Pierre Poignard, Pierre Bonneau, laboureurs.
Population en 1790. — 369 habitants.
Cahier de la 'paroisse de Saint- Aignan-le-Jaillard.
Pénétrés de reconnaissance des sentiments de bonté que
Sa IMajesté nous témoigne par la lettre et le règlement dont
nous a fait lecture Philippe Poignard, notre syndic, nous tous,
habitants de la paroisse de Saint-Aignan-le-Jaillard, fidèles
sujets de Sa Majesté, le remercions de vouloir bien enfin jeter
un regard favorable sur la partie de ses sujets, nous osons le
dire, la plus précieuse à l'État, les laboureurs et gens de
campagne, et cependant jusque aujourd'hui la plus méprisée
et la plus accablée sous le poids des impôts et des gènes de
toute espèce. Profitant de la liberté que Sa Majesté veut
bien nous accorder de nous plaindre, nous dirons que notre
petite paroisse composée de 61 feux, dont 10 laboureurs,
3 meuniers et 48 manœuvreries, paie l'un dans l'autre '20 livres
de pied de taille environ, ce qui est beaucoup trop en com-
paraison du taux des paroisses circonvoisines, quoique de
la même élection ; que l'espèce d'exploitation de nos biens
exige beaucoup de bras, que nous n'en avons pas et que les
bras s'éloignent tous les jours de nous à cause des forts taux
de taille, de la milice et des corvées ; que nous ne nous res-
sentons guère du prix que l'on exige de nous par les corvées,
puisqu'il n'est employé que pour les grandes routes, dont les
avenues ne sont que très difficiles pour nous par les états où
sont les chemins de communication.
Disons que, quoique nous ayons dans notre bourg' un prieuré
dont le titulaire est obligé de nous dire la messe fêtes et
dimanches, en sommes très souvent privés par faute de prêtre
qui veuille acquitter cette messe qui souvent nous a été dis-
37(3 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
putée et nous a occasionné des frais pour son rétablissement,
ce qui nuit aux soins des bestiaux de la campagne, dont les
habitants, jaloux de remplir les devoirs de leur religion, sont
obligés d'aller au loin entendre la messe, d'où ils reviennent
fort tard ; qu'il serait à propos de réunir le prieuré à la cure
qui n'est qu'à portion congrue, à la charge par le curé d'avoir
un vicaire qui serait logé au prieuré. Disons que les accidents
du ciel qui arrivent tous les ans nous apprennent qu'il serait
moins onéreux pour les habitants de la campagne et plus
équitable de ne payer pour tous qu'un impôt en nature (jui
serait prélevé à chaque espèce de récolte par des fermiers
qui se trouveraient aisément sur les lieux, et pensons que cet
impôt serait suffisant pour remplacer ce que l'on exige à
grands frais de la campagne et par des contraintes qui nous
gênent et nous affligent.
D'après cet exposé, nous supplions ({ue Sa Majesté veuille
bien :
lo Diminuer notre taille et ses accessoires, si mieux il n'aime
un impôt territorial en nature;
2° Faire veiller à la réparation des chemins de communi-
cation ;
30 Exempter de la mihce les gens occupés aux travaux de la
campagne en n'y assujettissant que les habitants des villes et
tous valets des ecclésiastiques, gentils) lommes et priviligiés,
quels qu'ils soient; ce sera un des meilleurs moyens de
repeupler la campagne ;
4° De réunir le prieuré à la cure de Saint-Aignan, à la
charge d'un vicaire et de toutes réparations.
1er mars 1789. Paraphé ne varietur.
(Signatures de Hodeau, notaire; Girard; Durand; Bouché;
Robert; Pierre Métivier; Hodcnu; Reby; Poignard, syndic de
la municipalité.)
CAHIER DE SAINT-GONDON. 377
Additions aux remontrances et doléances des habitants
de la paroisse de Saint- Aignan-le-Jaillard.
Les habitants de la paroisse de Saint- Aignan-le-Jaillard ont
l'honneur de représenter à Sa Majesté que, sur le nombre
de 61 habitants qui composent ladite paroisse, il y en a
environ 20 qui habitent le bourg et qui sont justiciables de la
justice de Saint-Aignan, et les autres sont justiciables de la
justice de la ville et duché-pairie de Sully, dont ils ne sont
éloignés que d'une lieue; que la justice de Saint-Aignan est
dépourvue de bailli depuis plusieurs années ; que le procureur
fiscal et le greffier demeurent à Sully; qu'il ne paraît pas
possible d'établir des juges demeurant dans le petit bourg;
qu'en conséquence ils désirent, pour le bien des justiciables de
cette justice et pour maintenir plus facilement le bon ordre et
remédier plus promptement aux abus, qu'il leur soit permis de
se pourvoir devant le juge le plus prochain qui est celui du
bailliage royal de Gien, dont ils ne sont éloignés que de quatre
heues, tandis qu'ils sont obligés de se pourvoir devant le lieute-
nant général d'Orléans en première instance, en cas de déni
de justice et en cas d'appel, dont la justice de Saint-Aignan
relève, et d'où ils sont éloignés de onze lieues, en conservant
néanmoins tous les droits honorifiques et honneurs du chœur
à Monsieur Marpon, seigneur de Ghamplivault et, [en] cette
qualité, seigneur de Saint-Aignan-le-Jaillard, également le
notaire tabellion tel qu'il existe. Ce serait un nouveau bienfait
dont les habitants seraient très reconnaissants, et ils ne cesse-
ront d'offrir des vœux au ciel pour Sa Majesté.
28o Saint-Gondon.
Dép. Loiret. Arr. et C'o»''. Gien.
Gén. Orléans. El. Gren. Gien. Dioc. Bourges.
JoussE. — 275 feux. Duc de Sullv. Haute justice de Sully. Assem-
blées les deux dimanches avant la Toussaint. Br. de Gien, A 1 lieue 1/2 de
378 . BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Gieii et 14 d'Orléans. Route de Sullj à Gien. Sur la rivière de Quionne.
Plaine élevée.
1768. — 152 feux. Duc de Sully. Vigne.
DÎME. — Le 24e.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,886 1., dont 1,750 pour le prin-
cipal et 2,086 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, au
lieu ordinaire où se tiennent les assemblées, sous la présidence de Jean
Bouzeau, ancien expédiant de la justice et baronnie de Saint-Gondon,
en l'absence du bailli et des autres officiers qui le précèdent. — Popula-
tion : 150 feux. — Co^nparanls : Maître Pierre-.Joseph Bezard, syndic;
sieurs .Jean Gaurier ; Pierre Poupré ; Vrain-François Garnier ; Noël
Amiot ; Jean Poupré ; Hubert Pierre ; Jean Meneau ; Pierre-Louis
Leprou ; François Leprou ; François Robinet ; François Dubé ; Joseph
Bardin ; Jean Delas ; Henri Guérin ; Jean-Chrysostôme Thibault ; Ednie-
Alexis Villeroy ; Sylvain Molinet ; Michel Molinet ; André Robert;
Michel Robinot ; Etienne Cholet ; Etienne Bourassin ; Vrain Blondeau ;
Barthélémy Garnier père; Antoine Vrillet père; Antoine Vrillet fils ;
Barthélémy Garnier iils ; Pierre Renat ; Gondon Michau ; Jérôme Blot ;
Louis Agoyé ; Jean Villoing ; Jean Gastellier ; Jacques Thomas ; Fran-
çois Tixier ; Martin Bouin ; Alexis Michau ; Pierre Touzeau ; Pierre
Boureux ; André Boureux ; François Vannier ; Sébastien Bourgeois ;
Joseph Brosse; Jean Bardin; Jacques Durand; Pierre Moireau; Etienne
Chesné ; Etienne Avezard ; Etienne Michau; Jean Juillien ; Simon
Pland ; Jean Bourassin l'aîné ; Vincent Michau ; Michel Soueme ; Jean
Gestat ; Pierre Marin ; Gondon Bourassin ; Edme Gaurier ; Pierre
Gommaille père ; Pierre Gommaille fils ; François Robert ; Jean Blot ;
Pierre Michau ; Jean Leclerc ; Joseph Molinet ; Pierre Rousseau ; Ger-
main Blondeau ; Pierre Leplat ; François Pouillot ; Jacques Labbé ;
Michel Bardin ; Louis Bongibault ; Simon Bongibault fils ; Jean Bongi-
bault ; Antoine Gaurier; François Ci'oter ; Pierre Midou et autres,
formant la plus saine partie desdits habitants de la paroisse dudit Saint-
Gondon. — Députés: Pierre-Joseph Bezard ; Jean (iaurier.
Population en 1700. — 724 liabitants.
CAHIER DE SAINT-GONDON. 379
Cahier des 'plaintes et doléances de la ville et paroisse de
Saint-Gondon, présenté à M. le lieutenant général d'Or-
léans pour les États généraux.
Obéissons aux ordres de notre souverain et promettons avec
serment d'y être toujours fidèles. Cet auguste monarque
désire connaître le sujet de nos mécontentements, et veut
améliorer le sort de ses sujets. Les députés que vient de nom-
mer notre petite ville de Saint-Gondon, chargés de nos intérêts,
porteront au pied du Trône, par la voie des États généraux,
nos lionnnages et nos vœux, y feront parvenir nos plaintes et
nos doléances, et Sa Majesté, attentive, ne dédaignera pas de
les écouter et d'y avoir égard. Dans cette douce espérance,
nos députés requerront :
lo Qu'il plaise à Sa Majesté conserver la religion catholique,
apostolique et romaine, la maintenir dans l'union et la paix, et
la défendre contre ses ennemis ;
2o Qu'il plaise à Sa Majesté fixer le revenu de la cure de
notre paroisse à 2,000 livres, une dotation proportionnelle pour
un vicaire, à la charge par le curé et le vicaire de n'exiger
aucune rétribution forcée, et, en outre, par le sieur curé, de
[se] charger d'instruire la jeunesse ou de la faire instruire par
un maître et lui payant une somme ; d'assurer une somme
annuelle pour l'entretien de la nef de notre église et du presby-
tère, en réunissant à la cure et à l'éghse le revenu du prieuré,
qui est un bénéfice simple, inutile à la paroisse, et seul déci-
mateur ;
3» Qu'il plaise à Sa Majesté de supprimer le droit de contrôle
des actes des notaires, qui se perçoit de la manière la plus
irrégulière, à la fantaisie des commis, qui souvent ne savent
pas ce qui leur est dû. Le contrôle n'étant qu'un enregistre-
ment des actes notariés, le greffier du bailliage peut être subs-
titué à la place (hi contrôleur, et ne percevoir, pour cet enre-
gistrement, (pi'une somme mo(n(|ue et fixe ;
380 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
4o Qu'il plaise à Sa Majesté de supprimer le droit d'entrée
dans les villes et les impôts sur le vin, comme source d'une
infinité d'injustices et gênant le commerce sur cette partie ;
50 Qu'il plaise à Sa Majesté diminuer les impositions de la
taille, qui ont augmenté graduellement, depuis un certain
nombre d'années, par différents impôts y annexés, qui étaient
supportés également par tous les ordres taillables et non tail-
lables et qui ne le sont aujourd'hui que par les taillables ; qu'il
plaise à Sa Majesté de faire supporter cet impôt par tous les
ordres des citoyens, suivant leurs facultés, de supprimer la
corvée telle qu'elle est établie aujourd'hui, comme l'impôt le
plus insupportable de tous, et d'obliger les paroisses à entre-
tenir les routes, chacune sur leur terrain.
60 Représenteront nos députés que de tout temps on ' a
rendu la justice à Saint-Gondon une fois tous les quinze jours;
que de tout temps il y a eu un bailli, un procureur fiscal et un
notaire résidents, et qu'aujourd'hui nous avons le chagrin de
nous en voir privés ; requerront donc nos députés qu'il plaise
à Sa Majesté rétablir notre justice, d'y faire résider, comme ci-
devant, un bailli, un procureur fiscal et un notaire, afin d'y
tenir siège tous les quinze jours, foire la police, maintenir le
bon ordre et veiller à la sûreté des habitants ; que les dépenses
que nous sommes obligés de faire en nous transportant à plus
de trois lieues pour terminer nos affaires soient diminuées, et
les procédures abrégées. Depuis l'absence des officiers de jus-
tice, le pupille est frustré de ce qui lui appartient légitimement,
par le défaut des scellés, et la veuve se trouve privée de toute
protection. On est obligé de faire sept lieues pour les tutelles et
curatelles, tandis que ces actes devraient se faire sur le lieu.
70 Représenteront nos députés qu'autrefois il y avait dans
notre petite ville un hôtel-Dieu dont les fonds ont été transférés
à Sully, à la charge de recevoir deux malades de Saiut-Gondon;
mais comme il y a plus de trois lieues de notre ville à Sully, il est
impossible d'y conduire un malade presque agonisant, surtout
CAHIER DE SAINT-GONDON. 381
dans les chaleurs de l'été et dans les rigueurs de l'hiver ; la
plus grande difficulté est de trouver des voitures. Requerront
nos députés qu'il plaise à Sa Majesté de faire revenir les fonds
transmis à Sully, afin d'en disposer par nous-mêmes et sur les
lieux, soit en sollicitant les pauvres malades dans leurs maisons,
soit en établissant un hospice pour les y recevoir.
80 Représenteront nos députés que les habitants de la cam-
pagne, qui souvent n ont d'autres ressources que le profit de
leurs bestiaux, ont le désagrément d'en perdre un très grand
nombre, faute de secours ; ils requerront qu'il plaise à Sa
Majesté d'établir un médecin-vétérinaire de trois en trois lieues
ou au moins dans toutes les villes ; de faire défense, sous peine
de punition, à tous ces ignorants de la campagne, qui, sans
aucune lumière, singèrent de traiter les maladies des bestiaux,
de le faire à l'avenir; de faire arrêter ces charlatans de toute
espèce qui débitent des prétendus secrets qui n'ont d'autres
effets que de subtiliser l'argent du pubHc trop crédule ; de
même que ces renoueurs et renoueuses, qui, sans aucun prin-
cipe, se disent très experts dans cet art, et d'obliger les
femmes qui, sans aucune étude des accouchements, ont cepen-
dant la témérité de les pratiquer, à se faire instruire par des
maîtresses sages-femmes ou des accoucheurs habiles,
[9o] Requerront enfin nos députés qu'il plaise à Sa Majesté
diminuer de moitié le prix du sel ; comme cette denrée est
absolument nécessaire à la vie humaine, elle est montée à un
haut prix pour que le bas peuple, presque toujours dans la plus
trop grande indigence, puisse se la procurer sans se priver
d'autres choses presque aussi essentielles.
Fait et arrêté en l'assemblée paroissiale de Sain t-Gon don, le
1er mars 1789.
(Suivent 17 signatures : celles de Bezard ; Rousseau ; Bou-
rassin, etc.)
'3&1 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
29o Justice de la chatellenie de Cerdon.
Entre les cahiers des paroisses de Cerdon et de Viliemurlin, dont les
assemblées furent présidées par Baudet, notaire à Cerdon, il y a des ressem-
blances qui frappent le lecteur à première vue. Mais il y a aussi de nom-
breuses différences dans les détails de la rédaction des mêmes vœux et dans
les vœux eux-mêmes, différences qui nous ont paru exiger la publication
intégrale des deux textes.
CERDON.
Dép. Loiret. Arr. Gien. Co". Sully.
Gén. El. Orléans. Grcn. Sully. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg et paroisse. 134 (1) feux. Environ 400 commu-
niants. Le duc de Sully. Va au marché de Sully. Ecrire par le mes-
sager de Sully. Basse justice, r. à Sully. Assemblées, le 24 juin, le
15 août et le 8 septembre, et à la Saint-Loup de chaque année, liv. de
La Ferté. A 9 lieues de La Ferté, à 12 (2) d'Orléans et 3 du Sully. Sur
le Beuvron. Pays couvert. Sologne. Sou terrain est sablonneux, ne
produit que des seigles, blés noirs, quelques étangs et peu de bois
taillis. Le commerce, peu considérable, ne roule que sur peu de bêtes
à laine et poisson. La cure est d'environ 1,000 livres.
1708. — 121 feux. Le duc de Sully.
DÎME. — Orosses dîmes, le 14**. Laine, le 18''.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,420 1. dont 3,077 pour le principal
et 3,441 pour les impositions accessoires et la capitation.
PRoci;s-VERi!AL. — Asscmblée électorale le (limanchc 22 février, au
bureau du lieu, sous la présidcfice de Pierre-François Baudet, notaire de la
chatellenie de Cerdon. — Pojmlaliun : 150 feux. — Comparanls :
Alexandre Lecas, syndic ((> -j- 0.14) ; François Supplisson, laboureur
(07.15-^108.18); Thomas Supplisson, laboureur (102.10 -j- 114.4);
Louis Chassignol, laboureur (52.5 -j- 58.4); .lacques Tiiîon, laboureur
(7.10 -|- 8.7) ; Sylvain Rouet, laboureur (100.10 -j- 112.3) ; .Jean
Vannier, laboureur (118.10 -f- 132) ; Jean-Baptiste Coûtant, laboureur
(71.5 -f- 79.8); Charles BoUard, laboureur (71.5 -f- 79.8); François
Arnoull, i;ib(iureur (85 -|- 94.13); Pierre •Michau, laboureur (27.10-j-
(\) Au-dessous, 144.
{2J Au-dessus, lo.
CAHIER DE CERDON. 383
30.13); Pierre Morin, laboureur (88.15 -f- 98.18); Pierre Herry,
manœuvre (9.10 -f- 10.12); Louis Pinault, manœuvre (7 -j- 7.1G);
Jean Chaudron, manœuvre (9.10 -f- 10.12) ; Jean Bouthegourd,
manœuvre (9 -j- 10.1) ; François Girodde, manœuvre (2.10 -f- 2.10) ;
François Métivier, manœuvre (17.15 -j- 19.14); François Barré,
manœuvre (5 -|- 5.12); Pierre Quétin, manœuvi'e (9.5 -]- 10.6). —
Députés : Pierre Micliau ; Pieri*e Herrj.
Population ex 1790. — 896 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances faites par les syndic et
habitants de la paroisse de Cerdon-en-Sologne, duché de
Sully et (jénér alité et diocèse d'Orléans, en vertu de la lettre
du Roi datée du *24 janvier dernier, signée Laurent de
Villedeuil, et de V ordre de M. le lieutenant général au Châ-
telet d'Orléans en date du 13 février -présent mois, signée
Rozier, ainsi que de la signification faite du tout auxdits
habitants au domicile du syndic par Bonnet le jeune, huis-
sier royal à Orléans, le 20 du même mois, qui demandent :
Art. 1er. — Q^e le revenu de la cure, actuellement insuf-
fisant, soit fixé à la somme de 2,01)0 livres, qu'ils (1) ne paieront
aucun casuel forcé pour l'administration des sacrements, et
qu'à raison de ce que la cure est sujette à vicaire, qu'il soit
doté proportionnellement, et le tout aux charges des gros déci-
mateurs ; en ce qui concerne les neuvaines et autres prières,
qu'elles soient dites gratuitement et à toute réquisition ;
Art. 2. — Que le terrain de cette paroisse est sableux et
maigre, ne produit que très peu de seigle et sarrasin, n'étant
pas suffisant pour la nourriture des citoyens ; lequel est chaud,
occasionne des maladies rouges sur les bêtes à laine, et encore
aquatique et malsain, introduit des maladies aux citoyens, et
abrège leurs jours;
Art. 3. — Que les fermiers sont vexés par les propriétaires,
réservant tout ce qui produit ('2), sans par eux faire aucun
(1) C'est-à-dire : les habitants. ' '
• • ■ <2) C!est-à-dire ; se rtiservaxit tout ce qui est produit.
384 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dépens, et ne paient aucun droit, sauf le vingtième ; et que
iceux propriétaires soient assujettis à l'impôt ;
Art. 4. — Que les fermiers sont surchargés par les impôts,
payant, tant en tailles, impositions, corvées et vingtièmes,
8,665 livres ; et qu'ils (1) soient supportés par les trois ordres
de l'État;
Art. 5. — Que les corvées, pour lesquelles il est tiré beau-
coup, ne produisent que très peu d'ouvrages ; on serait plus
satisfait de les faire telles qu'elles étaient ci-devant;
Art. 6. — Que les domestiques sont fort cliers, puisque les
fermiers, vexés par plusieurs charges, sont obligés de se res-
treindre à une petite quantité, ce qui préjudicie à l'agriculture;
Art. 7. — Que les habitants des villes louent une grande
quantité de domestiques, au préjudice de la campagne, leur
donnent de forts gages, restent (i2) dans l'oisiveté, par le moyen
de ce que leurs maîtres ne sont chargés d'aucun impôt ; ayant
tiré la fleur de leurs sujets, les mettent dehors, s'élancent dans
les campagnes (3), font des mendiants, et plusieurs font des
brigands, n'étant pas faits au travail ;
Art. 8. — Que plusieurs habitants des villes exemptent leurs
enfants et domestiques de la milice pour charger la campagne,
pour lequel tirage on fait aller à la distance de huit à dix lieues;
(jifils désireraient que ce fût à la plus prochaine ville; qu'il
y a plusieurs pères de famille accablés de travail et de caducité,
ayant un ou deux enfants pour les supporter dans le temps
de leur grand âge [qui] tombent à la milice, au moyen de
quoi ils se trouvent hors d'état de fiiire valoir leur domaine ;
les propriétaires les mettant dehors, n'ayant (4) pas de quoi
se soutenir, se trouvent forcés de mendier par la dureté et
vexation d'iceux propriétaires, ainsi que du Clergé et de la
(1) C'est-à-dire : que les impôts.
(2) C'est-à-dire : les domestiques restent.
(3) C'est-à-dire : si les habitants des villes les mettent dehors, les domestiques s'élancent
dans la campagne . . .
(4j C'est-à-dire : et les pères de iamille n'ayant pas de quoi se soutenir se trouvent forcés...
CAHIER DE CERDON. 385
Noblesse, en réservant les plus beaux hommes pour en faire
leurs domestiques ; que cette milice pèse (sic) (1) les trois
ordres de l'État ;
Art. 9. — Que la paroisse est éloignée des villes, les habi-
tants se trouvent hors detat de tirer le fruit et le profit de
leurs denrées ;
Art. 10. — Que la même paroisse se trouve dénuée de bois
de feu au point que les citoyens n'en peuvent avoir que très
difficilement du côté de la province du Berry; que icelle
province du Berry ne paie que la moitié d'impôts de celle
d'Orléans, étant fertile (2), puisque les propriétaires ont vendu
lesdits bois depuis quelque temps pour le transport et la provi-
sion des villes sans en édifier de nouveaux ; que ce déboise-
ment a causé un préjudice considérable tant aux chemins de
travcx^so qu'aux- gi'imds chemins, ce qui met les citoyens hors
d'état de les pratiquer et à la charge de ces derniers, sans que
iceux propriétaires y contribuent pour la moindre chose ;
Art. 11. — Que les abords de ce bouri» sont tellement en
mauvais état qu'il est impossible de les pratiquer sans risquer
de perdre les voitures et la vie du conducteur, ce qui exige
une grande et prompte réparation ;
Art. 12. — Que Féglise et le presbytère sont dans le cas
présent de recevoir la plus forte et urgente réparation; que ce
soient les propriétaires qui demeurent chargés d'icelles ;
Art. 13. — ■ Que la population diminue de jour à autre,
ce qui est constaté par le peu de mariages qui se fait, vu la
misère que les citoyens essuient depuis un temps immémorial
et la surcharge des impôts ;
Art. 14. — Que les citoyens ne peuvent se procurer de vin,
vu les impôts exorbitants et la difficulté du transport ;
Art. 15. — Que le sel est à un prix exorbitant pour les gens
(1) Lire probablement : que cette milice pèse sur les trois ordres de l'État.
(2) C'est-à-dire : quoique la province de Berry soit fertile.
38(3 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
de la campagne, puisqu'ils ne vivent ordinairement que de
maigre soupe, qui est pour eux le principal aliment ; qu'il a
été à 11 sols la livre, est actuellement à 14 sols 6 deniers, et
par surcharge ne peuvent (1) s'en procurer, ne vivant les
trois quarts du temps que de petit lait ; que souvent les
employés dans la saline, sous le prétexte de faire les visites et
recherches, sont munis de sel de morue et autres sels défendus,
en introduisent dans les salières des citoyens pour leur dresser
des procès-verbaux ;
Art. 1(). — Que le tabac est actuellement si mauvais qu'il
occasionne des révolutions dangereuses, et qu'on est étonné
de l'enlèvement des moulins et tamis fait aux débitants qui ne
savent ce qu'ils sont devenus, n'en entendent point parler ;
qu'ils désireraient en être au moins remboursés et avoir le tabac
de la nature qu'il était ci-devant ;
Art. 17. — Que les seigneurs, à raison tant des droits
censuels que féodaux et des dîmes, soient assujettis à payer et
acquitter l'impôt ;
Art. 18. — Que les frais de justice trop considérables soient
assujettis à une réduction, ainsi qu'à une procédure et instruc-
tion abrégées ;
Art. 19. — Que la police n'est point exercée dans la moindre
chose, ce qui fait que les citoyens sont exposés à acheter
à faux poids et mesures ;
Art. 20. — Qu'il soit pourvu dans cette paroisse d'un bureau
d'administration pour les pauvres afin de maintenir et solliciter
l'humanité ;
Art. 21. — Que les francs-fiefs soient abolis et supprimés
et autres droits de nature ;
Art. 22. — Que s'il était possible de foire conduire les deniers
des finances à chaque recette pour être versés dans le Trésor
royal, soit par le moyen des municipalités ou autrement, cela
(1) Sous-entendre : les habitants.
CAHIER DE VILLEMURLIN. 387
ferait une grande épargne à l'État, et l'on économiserait toutes
les sommes qui se paient à chaque receveur où (1) ces deniers
passent.
Fait et arrêté à Gerdon, le 22 février 1789, et ont ceux de
nous, habitants, qui savent signer signé,
(Signatures de Lecas, syndic; Supplisson; Chassignol; Chau-
dron ; Bouthegourd ; Herry.)
VILLEMURLIN.
Dép. Loiret. Arv. Gien. C»». Sully.
Gén. El. Orléans. Gren. Sully. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 82 feux (2). Environ 275 communiants.
Le duc de Sully. Basse justice, r. à Sully. Ecrire par le messager de
Sully. Br. de La Ferté. A 5 lieues de La Ferté, 8 d'Orléans et 2 de
Sully. Assemblée le jour de la Saint-Pierre. Route de Sully. Pays
couvert. Sologne. Terrain sablonneux. En seigle et blé noir. Il y a quel-
ques étangs, bruyères et bois taillis. Commerce : laines et bestiaux.
La cure peut produire 000 1.; le curé est gros décimateur. Elle est à la
nomination de l'archidiacre de [Sologne] et du chapitre de Jargeau
alternativement.
1768. — 74 feux. Duc de Sully. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes, le 18^; quelques portions au 14*^.
Taille de la paroisse en 1788. — .5,214 1., dont 2,462 pour le principal
et 2,752 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^r mars,
sous le porche de l'église, sous \di présidence de Pierre-François Baudet,
notaire de la châtellenie de Cerdon. — Po2nilation : 80 feux. — Com-
parants : Jean-Louis Potonnier, syndic (24.5 -[- 27.2) ; Pierre Cœur,
ancien laboureur et propriétaire (3-|-3.7); François Thion le jeune
(3-f-3.7); Jean Drouet (44.5-)-4U.8) ; Claude Buret (73. 10 -j- 82.2) ;
Pierre Poulin (66.5 -j- 74.1) ; Pierre Coûtant (58.10 -j- 65.6) ; Etienne
Robillard (SO-j--!^--!-) î Fi'ançois Poulin (65.15 -j- 73.8) ; Pierre Cha-
(1) Sous -entendre : partout où.
(2j Au-dessous, 90.
388 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
vanneau (94.10 -f- 105.12); Sulpice Montereau (73.5-]- 81.16) ; Pierre
Buret (59-)- 65.18) ; Pierre Lecas (131,10 -[- 146.18); Jean Venon
(51.15 -j- 57.16); Claude Loiseau (74 -f- 82.14) ; Denis Villaunay
(36. 10 -f- 40. 16); Jacques Mazurav (146.5 -[- 163.9) ; Etienne Lecomte
(66.15 -j- 73.8); Joseph Patinol (58.10-f-65.7) ; Pierre Poulin (70.5-)-
78.9); Joseph Grégoire (58.10 -f- 65.7) ; Jean Barberousse (51.15 -j-
57.16); Jean Lecomte (3-f-3.7)5 tous laboureurs; Luc Gharbonneau
(7-f-7.16), Louis Goûtant (3-J--3.7), François Henry (1.5 -|- 1.8),
Jacques Gellot (2.10-f-2.16), François Tremeau (6.15 -f- 7. 10), Jean
Lévrier, manœuvres. — Déjantés : Pierre Gœur; François Thion
le jeune.
Population en 1790. — 520 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances faites par les syndic et
habitants de la paroisse de Villemurlin en Sologne, duché de
Sully, généralité et diocèse d'Orléans, en vertu de la lettre
du Roi datée du 24 janvier dernier, signée Laurent de Ville-
deuil, et de l'ordonnance de M. le lieutenant général au
Châtelet d'Orléans, en date du 13 février aussi dernier,
signée Rozier, ainsi que de la signification faite du tout
auxdits habitants au domicile du syndic, par Bonnet le
jeune, huissier royal à Orléans, le 19 du même mois, qui
demandent :
Art. lei'. — Que le revenu de la cure actuellement insuffisant
soit fixé à la somme de 2,000 livres, à condition qu'ils ne paie-
ront .aucun casuel forcé pour l'administration des sacrements
et qu'à raison de l'étendue de ladite paroisse, il y soit pourvu
d'un vicaii'o doté proportionnellement; que les prières soient
gratuites, le tout à la charge des gros décimateurs ;
Art. 2. — Que les syndic et marguilliers en exercice aient le
droit de veiller à la police et arrêter les mendiants pour les
conduire dans les lieux indiqués ;
Art. 3. — Que, étant surchargés en taille, capitation, corvées
et gabelle, les fermiers puissent tenir compte aux propriétaires
pendant le cours de leurs baux de ce qu'ils paient actuellement,
CAHIER DE VILLEMURLIN. 389
au prorata de leur jouissance, et que les susdites charges soient
supportées par les trois ordres de l'État ;
Art, 4. — Qu'il ne soit levé aucun impôt sur les fermes
à raison de leur exploitation ou sous prétexte d'entretien de
nef ou autres réparations communes, qui ne pourront être
supportées que par les propriétaires;
Art. 5. — Que les droits de franc-fief soient supprimés,
ainsi que les grosses amendes de la chasse, qui, au duché de
Sully, sont de 100 livres chacune ;
Art. 6. — Qu'il n'est point extraordinaire que la population
diminue de jour à autre, ce qui est constaté par le peu de
mariages qui se font en Sologne et par la rareté des domes-
tiques qu'on ne peut se procurer qu'à un prix exorbitant,
puisque ceux qui, il y a vingt ans, ne gagnaient que 60 livres
gagnent actuellement 150 livres ;
Art. 7. — Que les fermiers sont encore tellement surchargés
par les réserves que font les propriétaires de leurs bois, taillis,
étangs et prés pour lesquels ils ne paient aucun impôt, et que
lesdits fermiers sont dans l'impossibilité d'acquitter les charges
tant de la taille, capitation, corvée et gabelle que des frais de
domestiques qu'ils sont obligés de payer;
Art. 8. — Que les chemins de communication sont tellement
impraticables qu'ils ne peuvent aborder aux grands chemins
qui aboutissent aux villes, ce qui rend difficile le transport
de leurs denrées, et qu'il serait nécessaire de raccommoder les
chemins de traverse dans l'étendue de ladite paroisse, afin que
lesdits habitants fussent plus assurés de recevoir de M. le curé
les secours spirituels et surtout l'administration des sacrements ;
Art. 9. — Qu'il est aisé de juger de la surcharge des droits
que ladite paroisse paie : la taille, impositions, corvée et
vingtièmes, puisque, n'étant composée que de 80 feux, elle
paie la somme de 0,747 livres annuellement ;
Art. 10. — Que le revenu de la paroisse qui, pour le plus
grand objet, ne consiste (|ue dans le produit des bétes à laine
390 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
est sujet à des variations étonnantes à cause d'une maladie
fréquente dans la Sologne qu'on appelle la maladie rouge, et
même que les blés qu'on y récolte qui consistent en blé, seigle
et sarrasin ne peuvent suffire qu'à peine pour la nourriture des
citoyens; il est encore à observer que les autres bestiaux ne
sont d'aucun profit ;
Art. IL — Que la généralité de Eerry qui avoisine la
Sologne ne paie tout au plus que la moitié des impôts de celle
d'Orléans ; cependant elle est meilleure puisqu'elle fournit à la
Sologne une multitude d'ouvriers et quantité de provisions ;
Art. 12. — Que la milice est une nouvelle charge à la
paroisse en ce qu'elle n'est point rejetée sur les trois ordres de
l'État ; le Clergé et la Noblesse retirent les plus beaux hommes
pour les exempter, de sorte que les laboureurs manquent
d'un nombre de domestiques suffisant. Ils désireraient que le
tirage se fît à la plus prochaine ville, afin d'éviter les frais de
voyage ;
Art. 13. — Que les impôts des vins sont considérables ; que
les habitants ne peuvent s'en procurer tant à cause des impôts
que [de] la difficulté du transport et de la crainte des amendes
ruineuses en cas de contravention ;
Art. 14. — Que la distribution du sel qui se fait au grenier
de Sully paraît onéreuse à la paroisse par le nombre de sept à
huit personnes gagées pour la distribution, ce qui porte la livre
de seize onces au prix de quatorze sols six deniers, prix exor-
bitant pour les malheureux. Le tabac, dont le prix de seize
onces est de quatre livres, n'est pas moins onéreux pour ladite
paroisse ;
Art. 15. — Que les frais de justice trop considérables soient
réduits à une procédure et une instruction abrégées ;
Art. 10. — Que les seigneurs, jjoni' les droits seigneuriaux
tant censuels que féodaux et des dîmes, soient assujettis à
payer l'impôt ;
Art. 17. — Que les susdits lia])itants sont d'aulant jilus fon-
CAHIER DE COULLONS. 391
Aés dans les représentations qu'ils ont alléguées ci-dessus que
l'année présente leur cause un dommage considérable tant par
les neiges que la perte du poisson qui est une ressource pour
la Sologne, et même la gelée occasionne journellement la perte
du bestial blanc ;
Art. 18. — Que s'il était possible de faire conduire les
deniers des finances de chaque recette pour être versés directe-
ment dans le trésor royal soit par le moyen des municipalités
ou autrement, cela ferait une grande épargne à l'État, et l'on
économiserait toutes les sommes qui se paient à chaque rece-
veur où ces deniers passent.
Fait et arrêté à Villemurlin, le ler mars 1789, et ont ceux
de nous habitants qui ont su écrire signé.
(Signatures de Potonnier, syndic ; Cœur ; Robillard ; Poulin ;
Buret; Buret (1); Lecas; Baudet, notaire.)
30» CoULLONS.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. (7°". Gien.
Gé?i. Orléans. EL Gren. Gien. Bioc. Bourges.
JoussE. — Paroisse. Bourg. 372 feux. Duc de Sullj. Haute justice,
r. à Sullj. 2 foires, le jeudi avant la Pentecôte et le i*"" août. 1 assem-
blée. Br. de Gien. A 3 lieues 1/2 de Gien et 4 d'Orléans. Routes de
Paris à Bourges, de Sullj à Henricliemont. Rivière de Quionne. Plaine
de 7 à 8 lieues. Sur une petite montagne. La paroisse a 7 lieues
d'étendue.
DÎME. — Le 24". Il y a plusieurs dîmes : celle ecclésiastique du
prieuré de Saint-Gondon ; celles inféodées appartenant à la dame
La Creuzette, au s'' Bontron, au s^ Robert ; toutes au même fur,
à l'exception de celle du s'" Bontron, qui, quant à la menue dîme et au
lainage et charnage, est du 18'*.
Taille de la paroisse en 1788. — 10,091 1. G s. 2 d., dont 5,000 pour
(1) Il y a deux personnages de ce nom au procès- verbal.
392 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
le principal et 5,991.6.2 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1'^'' mars, au
lieu ordinaire des assemblées de la paroisse, sous la ^j/r's/cZence de
.Jacques Notin, lieutenant de la justice de Coulions. — Population :
200 feux et plus. — Cotnparanls : M^ Antoine Notin, bailli de cette
justice; maître .Jacques-Honoré Boutroux, procureur fiscal de cette
justice et syndic de la municipalité; le sieur Etienne Boisquillon,
marchand ; .Jean Gasnier, aussi marchand ; André Cœur, laboureur ;
Vrain Hurticot, manœuvre ; Pierre Lebled, laboureur; Sylvain Hamon,
laboureur ; Simon Glain, manœuvre, et Etienne Le Lièvre, manœuvre,
tous ces derniers membres de la municipalité ; le sieur Jacques Berton,
marchand ; Jean Ghottet, laboureur, et Vrain Morin, manœuvre,
ces trois derniers adjoints de ladite municipalité; Antoine Bougeret,
tailleur d'habits, et Pierre Blondeau, laboureur, tous les deux fabriciens
de cette paroisse; Jean Ghesneau, maréchal, et Georges Fesnault,
collecteurs de la présente année ; Pierre Supplissoti, Pierre Girodde,
Eltienne Egrot, Etienne I^ouillot, Jean Égrot, Jacques Vieuxgué, Etienne
Pourpardin. Pierre Lestât, Vrain Desgirard, I^'irmin Depée, tous
laboureurs ; Pierre Boisquillon, marchand ; François Boisquillon,
marchand ; Etienne Midon, marchand ; Jacques Ghassignol, sabotier ;
Jean Midon, Etienne Morin, Vrain Poyer, Simon Villoing, Sylvain
Toussaint, Marcel Lacroix, Jacques Quillerie, Etienne Ghauchignol,
Etienne Vieuxgué, Jean Vieuxgué, Pierre Evezard, François Labbé,
Pierre Robelin, François Poirier, François Chevalier, tous manœuvres;
Louis Villoing, bourrelier; Marc-Antoine Villoing, aussi bourrelier;
François-Maurice Labbé, marchand, et autres, tous représentant le plus
grand nombre des habitants. — Députés : Antoine Notin ; Jean (lasuier ;
Pierre Supplisson.
Population en 1790. — 1,500 habitants.
Plaintes, doléances et remontrances qu'ont llionneur
de présenter au Roi les fidèles habitants de la paroisse
de Coulions.
Aujoiii'd'lmi l'T mars 1789, lesdits liahidiiils de la pai'oisse
de Coulions, s'étant assemblés au lieu oïdinaii'o où se lienueut
les assernl^lées d'après les Ibrmalilés aeccjuinmées, oui. arrêté
CAHIER DE COULLONS. 393
le présent cahier de leurs plaintes, doléances et remontrances
qu'ils ont divisé en arrêtés respectueux et en observations
patriotiques.
Permission leur en ayant été accordée par leur Roi bienfai-
sant, suivant son règlement du 24 janvier dernier à eux notifié,
[en vertu] de l'ordonnance de M. le lieutenant général au bail-
liage d'Orléans rendue le 13 février aussi dernier, par exploit
de Petitgarre, huissier audit bailliage, le 19 dudit mois de
février.
Premier arrêté.
Pénétrés que sont lesdits habitants de la plus vive sensibilité
aux marcjues d'estime et de bienveillance dont leur favorable
Monarque daigne les honorer, en permettant par un effet de
bonté paternelle que la plus faible partie de ses sujets, dont ils
font portion, parvienne à se faire entendre jusqu'au pied de
son trône et à travers l'état qui l'environne, ils rendent grâce
à Dieu des bienfaits inestimables qu'ils reçoivent de leur Roi,
et ils supplient très humblement leurdit seigneur royal et père
daigner agréer les respectueux hommages de leur reconnais-
sance la plus profonde.
Deuxième arrêté.
Que comme fidèles et inviolables sujets, ils renouvellent au
pied du trône le dévouement de leur personne et de leurs
biens, pour le soutien de ce même trône et de FÉtat, comme
le cas présent l'exige.
Troisième arrêté.
Ne consultant lesdits habitants que leur soumission, ils
déposent sans inquiétude dans le sein paternel de leur
monarque bienfaisant toute leur confiance, pour aviser, par sa
sagesse et justice, à l'aide de la clairvoyance de la Nation
assemblée et de ses ministres, aux moyens prompts, efficaces et
non accablants pour effectuer la restauration et amendement
des finances, par une parfaite combinaison de foutes les diffé-
394 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
rentes parties du gouvernement, dont le retour périodique des
États généraux serait la première base.
Quatrième et dernier arrêté.
Que poui- obéir aux ordres du Roi, mettant à profit la per-
mission à eux accordée de parler en hommes et sujets libres,
se sentant encore encouragés par la bienveillance de Sa
Majesté et par le patriotisme qui les anime, ils vont faire les
faibles remarcpies et observations patriotiques suivantes :
Première observation.
L'économie est la première richesse de tous les temps, lieux
et circonstances ; avec ce principe, on peut trouver de grosses
épargnes par la manière d'asseoir, percevoir les impôts et en
employer le produit ; c'est ce qui s'effectuera si l'on fait entrer
une économie combinée dans les trois branches de cette partie
de gestion.
lo En réduisant les impôts en une moindre quantité, quoique
en somme équivalente, on simpliiierait tout à la fois les frais
d'assiette et de perception.
2° On pourrait économiser beaucoup par de justes réformes
(|ui exigeraient des recettes moins multipliées et qui les (1)
rendraient moins onéreux, en sim|)li(ian( l'impôt de manière à
se passer du secours d'un nombre infini de commis et sur-
veillants qui, dans les aides et gabelles, coûtent des sommes
immenses.
3o Ce mémo principe d'économie peut être encore adopté
par même voie dans les différentes parties de l'emploi des fonds
royaux confiés aux pourvoyeurs et autres.
Si par une prudente réforme, nombre d'emplois onéi'eux
étaient suppi-imés ou réduits, il en résulterait une augmentation
de produit et une diiuiiuition de dépense qui viendrait, au
|ii()(il du Trésoi' l'oyal, à l:i (l('(liai'g(> d(>s peuples, (|ui d'un
aiifi'tï côté se ti'ouvei-aient libéi'i's de la fynuuiie à laquelle ils
(1) f'."est-à-dire : les impôts.
CAHIER DE COULLONS. .395
se trouvent souvent exposés par l'a^jus que font de l'autorité et
des lois par mille chicanes les personnes commises à la recette
et surveillance des droits royaux, particulièrement dans les
aides et gabelles.
Réflexion.
C'est que l'agriculture se ressentirait immanquablement de
ces réformes d'emplois et commissions, car on verrait revenir
à la campagne les déserteurs qui l'avaient quittée pour cher-
• cher des emplois et commissions ; ces nouveaux habitants des
champs, mettant à profit leurs avances et consacrant leur
industrie pour cet art important, ramenant en outre à son
secours des bras dont ils l'avaient privé et dont il manque
toujours, concourraient à le faire fructifier et fleurir, et alors
l'état dont il est le mobile en ressentirait un avantage sen-
sible.
Deuxième observation.
La partie des domaines, étabhssement utile, est exorbitante
en droits ; si l'on ne peut en ce moment en demander modéra-
tion, au moins on supplie le Prince de la rendre, par de sages
lois, claire, constante et invariable, ce qui évitera mille
'recherches aux peuples et nombre de pi'ocès que les parties
sont obligées d'essuyer pour se faire rendre raison d'une per-
ception souvent foix'ée, qui n'est appuyée que sur des interpré-
tations de lois toujours ignorées des peuples.
Troisième observation.
Pour la répartition des impôts, il faut considérer que les trois
Ordres du royaume sont également citoyens, qu'un même zèle
doit les unir pour concourir par ensemble au soutien de la
patrie, chacun dans la classe où il se trouve rangé; c'est ce qui
s'exécute en manières bien différentes comme il suit :
La Noblesse, en temps de guerre, sert son Roi, mais en
commandant; le Tiers état sert le même Roi, mais en obéis-
sant ; — la Noblesse des subsides est très soulagée, et la partie
du Tiers état en est très opprimée.
396 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Les récompenses que chacun d'eux attend pour ses services
militaires ont été et sont toujours bien différentes. Quel sujet,
dira-t-on, cause cette différence, puisqu'ils sont tous également
citoyens? Il est facile de répondre pour terminer partie de cette
objection, car comme chaque chose doit dans l'ordre avoir une
harmonie, il est juste que, suivant son rang, chacun commande
et obéisse, reçoive les récompenses proportionnées à sa nais-
sance et à son mérite. Mais, quant aux subsides pour le soutien
de l'État, tout citoyen des trois ordres doit aider indistincte-
ment à les porter, en raison de ses facultés et possessions. Cela
étant, l'homme de peine se trouvera soulagé sans que le riche
en soit opprimé.
Quatrième observation.
L'impôt territorial ferait une juste répartition pour les fonds;
mais cette imposition paraît entraîner avec elle des inconvé-
nients bien difficiles à sin^monter, rapport à la répartition même
qui épi'ouverait le même abus que l'impùt actuel de la taille,
en ce qu'il n'y aurait encore que les petites possessions qui
seraient déclarées justes, se vérifiant facilement, au lieu
que les grandes possessions, toujours ignorées du Tiers et
difficiles à vérifier, se soustrairaient aux justes déclara-
tions.
11 paraît encore bien difficile, avant d'asseoir cet impôt, de
parvenir à faire juste le tarif convenable aux différents sols de
chaque province, de classer dans chacun de ces sols les
paroisses qui s'y trouvent, de faire ensuite un hiiir du diffé-
rent sol de clia({ue pai'oisse et d'y classer les héritages
d'icelle.
Ce tarif de sol et le classement d(» (•ha(|ue objet en iceux ne
pouvant être faits <|ue d'après les déclarations des parties inté-
ressées, pres<[iie toujours infidèles, il n'y aura donc <(ue les
petites possessions, toujours connues, <|ui seront placées eu leur
vi'aie classe, et les grosses en celle (|ue leurs redevables juge-
ront à propos (f;iut-il dii-e?) poui' leius intérêts; donc «jne la
moyenne et faible partie du })euj»k' serait encoi'C surchargée.
CAHIER DE COULLONS. 397
Il est encore un inconvénient : c'est celui où se trouveraient
les propriétaires s'ils étaient taxés personnellement pour raison
de leurs fonds ; ils se verraient obligés de perdre non seule-
ment les fermes qui forment leur revenu, comme il arrive
assez souvent, mais encore auraient à payer l'impôt qui aurait
été dû par leurs fermiers. La suite de cet inconvénient
pourrait bien faire baisser de beaucoup la valeur des
fonds .
Cinquième observation.
L'impôt personnel est en quelque sorte facile à asseoir avec
une proportion assez juste en raison des états, emplois, com-
missions, commerce, arts et métiers que chacun possède et
exerce, ne pouvant le posséder et exercer qu'au su et vu de
tous concitoyens, qui à ce moyen trouvent à s'éclairer suffi-
samment pour porter à peu de chose prés un jugement certain
et juste.
Il reste donc à l'égard de ceux qui réunissent tout ou la
majeure partie de leur fortune dans leur portefeuille par des
contrats ou billets aliénés portant intérêt; on pourrait, pour
s'en assurer la connaissance afin d'asseoir les impôts en consé-
quence, assujettir le créancier de rentes, pour qu'il puisse exiger
de son débiteur des arrérages, apporter et déclarer au bureau
du contrôle de l'arrondissement de sa demeure ses contrats et
billets pour être enregistrés sur un registre d'ordre à cet etfet
et dont mention serait faite sur le titre présenté, le tout
moyennant une faible rétribution par objet enregistré, et non
à raison des sommes portées aux contrats et billets; sans que
cette présentation pût assujettir au contrôle les billets dont on
ne demanderait que la déclaration sur le registre d'ordre,
duquel registre serait chaque année fourni copie des enregistre-
ment et déclaration; déclarer que le débiteur demeurerait
autorisé à répéter contre son créancier toutes les années
d'arrérages qu'il aurait payées ayant cette formalité remplie.
Sixième observation.
Les corvées converties en argent à raison du quart du prin-
'398 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
cipal de la taille (quotité exorbitante) soulagent le dernier mal-
heureux ; celui qui l'est moins reçoit moins de soulagement ; la
répartition est donc juste, dira-t-on. On répondra oui jusqu'ici;
mais en considérant les choses plus loin, on verra : lo que le
laboureur propriétaire, fermier ou à moitié paie de cet impôt
à beaucoup près plus que les autres; 2^ que les bourgeois, les
nobles, les ecclésiastiques et les exempts qui sont ceux qui
tirent le plus d'avantages de service et de commodité des routes,
n'y frayent que peu ou point du tout; donc que la répartition
n'est pas juste dans toute son exécution ; elle ne peut effective-
ment l'être, puisque la répartition de l'imposition (|ui com-
mande celle de la corvée n'est pas juste elle-même.
Réflexion.
C'est que de tous les peuples des trois ordres, ce sont ceux qui
composent le mitoyen du Tiers état et qui sont do condiliou
attachée à l'agriculture qui portent le fardeau le plus lourd des
impositions. Tant que cette injuste répartition aura lieu, cette
portion du peuple tombera dans le découragement, à mesure
que ses facultés iront en diminuant; alors l'agriculture, pre-
mier objet de considération dans un État, après les lois, conti-
nuera d'être ou tombera de plus en plus en langueur, et alors
toute la masse de la nation en souffrira par la rareté et clierté
des vivres de première nécessité, ce qui, pai' contre-coup, ne
manquera pas d'inlluer sur le commerce, deuxième objet de
considération pour J'aii-e tleurir un Etat.
Septième observation.
La justice, police et sûreté publique résident d;uis rauloi'ilé
royale par les lois et moyens ;nix(|uels il est pourvu par \c li'gis-
lateur. Pour la justice, sinq)lilier les tribunaiLx et la manière de
la rendre serait un avantage inappréciable.
Quant à la sûreté publique, des prisons dans les différents
endroits sont le premier objet désirable.
Il est à remar((uer à ce sujet que les brigades (i) en trop petit
(1) U s'agit du3 brigades de maréchaussée.
CAHIER DE COULLONS. 399
nombre ne peuvent remplir les vues que le gouvernement en
désirerait, par leur éloigiiement, ne pouvant à cette raison être
portées en tous lieux, et cela souvent dans les cas les plus pres-
sants. Ne pourrait-on pas, d'après une juste combinaison, ré-
duire en majeure partie pour le nombre d'hommes les brigades
de maréchaussée, et pour suppléer à cette réduction, établir à
résidence en cliaque bourg et à certaine distance deux soMats
invalides à pied dont on retirerait les avantages suivants : 1° ils
feraient le service de correspondance avec ceux des paroisses
voisines ; '2" ils viendi'aient au secours des officiers pour le main-
tien du bon ordre et de la police; 3o ils seraient à même de
faire les captures des malfaiteurs et vagabonds qui ne pour-
raient se soustraire à leurs vues multipliées; 4» seraient un
obstacle au braconnage si pernicieux à l'agriculture, en leur
attribuant le droit de verbaliser contre ceux qu'ils trouveraient
en faute; 5o feraient une escorte de sûreté pour accompagner
les recettes des paroisses jusqu'au bureau de destination en
allant de correspondance en correspondance; 6° feraient les
citations à la police, comme commissaires dans cette partie, en
leur donnant le droit; ce qui serait une fin au libertinage si
pernicieux à la société ; 7» assisteraient les collecteurs en cas de
contrainte à faire, tenant alors lieu de garnison, leur en attri-
buant le droit; 8o seraient sur les endroits de frontières autant
de surveillants et d'hommes prêts à servir au besoin pressant;
enfin, ils pourraient être utiles à l'infini dans les différents pays
et circonstances.
Si la suppression des gabelles ou au moins de ses soldats
s'effectuait, ils trouveraient dans les places un établissement qui
équivaudrait bien à celui qu'ils occupent.
Par cet établissement, le Roi trouverait par la suite le moyen
de satisfaire amplement ses vues-bienfaisantes, en accordant en
forme de récompense à beaucoup de soldats, chacun dans leur
pays, des places d'invalides en récompense des services qu'ils
auraient rendus en fidèles et honnêtes soldats dans ses armées ;
la jeunesse, qui serait une espérance lointaine dans le service,
400 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
s'enrôlerait plus facilement et, par l'appât de cette même espé-
rance, s'y conduirait plus honnêtement.
Quant au paiement de ces hommes, il se ferait partie aux
dépens du Roi, soit en argent, soit en privilèges, partie par les
trois classes du peuple de chaque paroisse, qui en seraient
dédommagées par la sûreté de leurs personnes et de leurs biens,
et enfin, partie parles seigneurs du fief en raison de l'avantage
qu'ils retireraient de cet étabhssement pour la garde de leurs
chasses et pêches. Reviendraient encore au profit de ces
hommes et par surcroit les amendes des prises qu'ils feraient
justement. De cette exécution, il en pourrait résulter des avan-
tages sans nombre.
Huitième observation.
La trahison, le vol, la concussion, la surprise et les menées
étant dans le cœur d'un homme qui, par surprise ou autrement,
parvient en place et, par son hypocrisie, à avoir la confiance
des rois et l'intérêt des peuples en main, l'État est ruiné et cela
bien promptement; il est donc de l'intérêt d'une sage législa-
tion de punir ces sortes de criminels contre leur Roi et contre
leur patrie avec toute la rigueur des lois, non seulement pour
la vengeance royale et publique, mais encore pour fournir à la
postérité des exemples afin que d'autres, qui auraient de i'incfi-
nation pour le même penchant, soient portés à se retirer ou k
se corriger; et ainsi on pourrait réprimer ou au moins éloigner
ces abus désastreux.
Neuvième et dernière observation.
Il est d'une grande importance que, dans les armées de Sa
Majesté comme dans le reste de l'État, les répartitions soient
justes entre tous les membres.
Il s'agit ici de la répartition des grâces et laveurs du prince
à distribuer suivant le mérite, indistinctement, entre ceux qui
consacrent leur vie pour le soutien et la gloire de son trône et
de la patrie.
CAHIER DE COULLONS. 40|
Pour que les récompenses dans les grades militaires soient
distribuées sans laveur, mais eu égard au mérite personnel,
aux belles actions et à la naissance, il suffirait de faire tenir un
registre de mérite dans chaque régiment, pour y inscrire à la
plurah te des voix d'un conseil à cet effet, le mérite soutenu et
es belles actions, et d'ordonner que les brevets d'élévation
porteraient les causes et raisons qui auraient déterminé à les
accorder, d après le registre des mérites de tel régiment ce oui
serait d autant plus glorieux à ceux qui les obtiendraient sans
le secours de 1 ancienneté.
Alors les armées deviendraient ilorissantes; les belles actions
y seraient moins rares; la discipline s'y maintiendrait comme
d elle-même; les plaintes retomberaient à la honte des plai-
srnants. '-
Tout ce que dessus a été arrêté les jour et au susdits, issue de
tZtT' /"'"/"'"'■'^^ ■'" ™»«". P^"- les-lits Iml3itants de cette
paroisse et de leur avis unanime. Tous lesquels vont se trouver
< hnstant dénommés parle procès-verbal de la nomination des
députes pour 1 assemblée du bailliage d'Orléans.
Lesquels dits habitants supplient très humblement Sa Majesté,
a Nation assemblée et les ministres daigner prendre ces plainte,
do eances et remontrances en considération, pour ce qui en
sera juge digne deti'e admis eu déhbération, et ont si'.ué le
présent ceux qui savent .signer, et ceux qui ne l'ont signé ont
déclare ne le savoir. ^
^Suivent 27 signatures : celles de Garnier, Supplisson, Bou-
troux, eto., et celle de Notin.)
31o VouzoN ET La Motte-Beuvron.
Betvron''^'^'"'' ^'°"'°" ^'''""' ''"'' '°'''™""^ «ép^^'ée de La Mottc-
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Romorantin. Con, La Motte-Beuvron.
Gén. EL Gren.Dioc. Orléans.
26
40'2 BAILLIAGE iVORLÉANS.
JoussE. — Bourg et paroisse. 275 feux (1). Environ 700 commu-
niants. Le comte de Grammont. Haute justice, r. en la prévôté
d'Orléans. Marché les mardi et vendredi. 3 foires : le jour de saint
Pierre, le jour de la Décollation de saint Jean et le jour des Innocents.
On donne les lettres aux habitants de Vouzon qui viennent vendre leurs
denrées à Orléans. Br. de La Ferté. A 4 lieues de La Ferté et 7 d'Or-
léans. Éloigné d'une lieue du grand chemin de Bourges. Autrefois, la
route de Bourges passait par Vouzon ; elle passe actuellement par La
Motte, distante de Vouzon d'une lieue. La cause de ce changement pro-
vient de la ruine des ponts de Pierrefitte-sur-Sauldre. Pays couvert.
Sologne. A une demi-lieue de la rivière du Beuvron. Le terroir produit
seigles, blés noirs, orges, avoines et légumes. Il y a prés, pacages,
taillis et étangs. Son principal commerce est en bestiaux à laine et en
poisson. Il y a une fabrique d'étoffes de serge. Le bourg contient près
de 150 feux dont les habitants sont occupés à carder et à filer. La cure
est de 1,800 1., année commune ; sur quoi le curé est tenu d'avoir un
vicaire. La cure est un prieuré; à la collation de l'abbé de Beau-
gency.
1768. — 295 feux. De Meux. Vigne.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,160 1. 0 s. 9 d., dont 3,382.0.9
pour le principal et 3,784 pour les impositions accessoii'es et la capita-
tion.
JoussE consacre à a La Motte-sur-Beuvron » une notice spéciale,
ainsi conçue :
« Paroisse. 50 feux. 200 communiants. Cette paroisse était autrefois
annexe de Vouzon ; en 1704, elle a été érigée en prieuré et paroisse en
faveur de Madame de Duras. Justice, r. en la prévôté d'Orléans. Va au
marché d'Orléans. Br. de La Ferté. A 3 lieues de La Ferté et 8 d'Or-
léans. Sur le Beuvron. Grande route de Bourges à Orléans. Pays couvert.
Il y a des taillis et bruyères, des étangs. Produit seigles, blés noirs, orges
et avoines. Le commerce est petit, consiste en moutons, laines et
poisson. Le revenu du prieuré-cure, fondé par Madame la maréchale de
Duras, est de 600 1., savoir : 300 en portion congrue et 300 en fonda-
tions dont les biens du château de La Motte répondent. Le seigneur de
La Motte est patron de cette cure, qui ne peut être possédée que par un
chanoine régulier de l'ordre de Sainte-Geneviève. Le presbytère est tout
(1) Au-dessous : 288.
CAHIER DE VOUZON Et LA MOTTE-BEUVRON. 403
meublé et se donne ainsi aux pauvres de la cure, qui se chargent des
meubles et en i^epondent, après inventaire préalablement fait, et leurs
IZTuZ' " 'T''"''"' ''''''' "^^"'^^^' ^°"t «^"^«"^^"t tenus de
payei lUU i. pour leur usage et dépérissement )>
Procès-verbal. - Assemblée électorale le dimanche 1er ^ars à
JeanBiigot, ancien procureur des justices de Vouzon, La Motte-sur-
Beuvron et Ganle, en l'absence des bailli et lieutenant desdites ustice,
en présence de son procureur-fiscal et assisté de son grefiier ordinaii'e
-Population : 81(J feux. - Co^nparants : Laurent Leroy, procu-
reur-fiscal et syndic de la municipalité ; Noël Blanchard, ancien syndic
oulon( 6 i- 17.15), Pierre .lullien, laboureur, marguilli;r(G2-f-68 18 '
Jean-^th.er Damon, maitre de poste (50 -j- 55.ll), Noël Golhdant
marchand (.^3^-25.12), Jean Chevalier, aubergiste (40 -^4!^'
r/s+'.fT^r'/p"""' (50 + 55.10), .Josei;i. Poulin, labourei;
(48-^oJO), Noël Fournier, laboureur et tuilier (51 +56.15) Louis
Plotton, laboureur (07.10 + 75.2), membres de la mulipa^ '; fZ
m-^'Ù^'IrT^ft'-''^^ '^^'^"^^^^ '''^^^^^^^ ^^^^— ^•
Ghelav' ^' ' 7 ^^°^^«««^;t' laboureur (66 + 73.10), adjoints ; .Jean
(40+^4 7' Ft "" r f + 54.8); .Tean Chesnay fils, laboureur
(4U+ 44.10), Etienne Colladant, laboureur (37 + 41.2)- François
\oisiu; Jean Gaspard; Charles Presly, laboureur (56 +62.4) • Jean
46-t-ol.O ; Louis Baschard, laboureur (51+56.13); Jean Mérv
m^^t''''^' ^"''''''' ^^^'^^^ Jean^^happeron, labj!!:.^;
chape ler (4+4.9); Pierre Bailly, laboureur (49 + 53.18); Isidore
Bourderiouaboureur (30 + 33.6); Henry PlancheT Alexis Miracle
laboureur (46 + 51.6); Jacques Cauquy, marchand (7 + 7 16)
Jac_ques Gholet, marchand (8+8.18) ; Louis Coudray! llboureu;
lo-t-b.l4) ; Aignan Goudreau ; Jérôme Morin, menuisier (5 lO-i-6 3) •
Louis Brigot, sergent (2.10+2.16); Pierre Brigot, serger (2 + 2 4) '
Joseph Guy, serger (5.10 + 6.4) ; Louis Brassin, serger et f rnîer des
dunes du iH-ieuré (53.10 + 59.13); Louis Ravier: laboureur (45+
^50!^^.^'%^^''°"'' serger (4.10+5); Louis Nérot, laboureur
m/ r' I^^^^^Çois Ghevette, regrattier (6.10+7.5); Simon
Mitame, charron (4 + 4.9); Aignan Rouzé, charron (6.10 + 7 4)- Louis
M^r; f "' ^';t'f ' ^''"" ^"''^^^^^'^' ^^'^'«-^" (^ + ^-0); Jacques
Meiy, laboureur (20 + 22.4); Pierre Laborde, serger (4+4.9) • Jean
i04 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
Marois, texier (2.10-J-2.16) ; Pierre Maudlmison, foulon (4.10 -|- 5) ;
Sylvain Boullais, tuilier (ll-f-12.6); Louis Beaufils, tailleur (2-J-2.4);
Sylvain Desnoues; Etienne Ghesneau, laboureur (2(3 -j- 28.14) ; Thomas
BouUat, laboureur (58 -f- 64.9) ; François Ragobert, locataire (3-{-
3.6) ; Louis Fleurj, meunier (16-)- 17.16) ; Sylvain Huet, aubergiste
(20-)- 22. 4); Pierre Lemaître ; André Berruet, laboureur (46-)- 51.6) ;
Adam Giboire ; Gabriel Dardon, domestique (3-|-3.6). — Députés :
Laurent Leroy; Jean Chevalier ; Noël Blanchard ; Noël Fournier.
Le cahier doit être l'œuvre de Leroy, procureur fiscal et syndic, qui
semble se désigner lui-même dans l'art. 33, corvées et grands chemins :
« nous nous sommes trouvés seulement deux syndics ». Nous n'avons
pas cru devoir conserver les incon-ections de style qui sont nombreuses.
Cahier de la communauté des paroisses de Vouzon et
La Motte-sur-Beuvron.
Après la lettre de convocation ;uix États généraux adressée
par Sa Majesté, par hupielle elle a la ])onté de nous dire
qu'elle a besoin du concours de ses (idèles sujets pour lui
aider à surmonter toutes les diKictiilés où elle se troiivi^
relativement à l'état de ses finances et pour établir suivant
ses vœux un ordre constant et invariable dans toutes les
parties de gouvernement qui intéressent notre bonheur et la
prospérité de son royaume, qu'Elle nous l'eijuicrt pour l;i
conseiller et l'assister dans toutes les clioses ([ui seront mises
sous ses yeux, lui l'aire conuaître nos souhaits et nos doléances,
poui' ({u'il soit apporté le plus prouqjtcmeut |U)ssil)le un
remède eliicace aux maux de l'Etat, (pie les abus de loiit
genre soient réformés et prévenus poui' notre lélicité, et lui
procurer le calme et la tranquillité dont Elle est privée ;
Pal' l:i ijéclaratioii l'aile |)ai' piii'lie des nobles (pii disent (pie
l(Miis iiM'inbres sont lionnnes et citoyens avant que d'être
n()l)les, ils veulent donner à leurs concitoyens du Tiers état
une preuve du désir (pTils ont de cimenter l'union entre tous
les oi'dres jiai- roflre de supporter dans une parfaite égalité, et
chacun ù [)roportion de sa rorliine, les impôts et conlri])iilions
CAHIER DE YOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 405
sans aucune exemption pécuniaire, ne se réservant que les
droits de propriété et les distinctions nécessaires pour
être toujours prêts à soutenir le respect dû à notre aug'uste
souverain, l'autorité des lois, et les droits et la liberté du
peuple ;
Ajoutant qu'un siècle de raison et de justice ne doit pas
laisser subsister plus longtemps l'esprit des siècles de barbarie
et de superstition;
Faisant réflexion sur le judicieux mémoire et les réclamations
de Messieurs les curés du diocèce d'Orléans, seul objet dont
nous avons connaissance pour travailler au cahier demandé ;
Afin de remplir la tâche que m'impose la municipalité de la
communauté des paroisses de Vouzon et La Motte-sur-Beuvron,
sur la publication, tant du règlement fait par Sa Majesté pour
l'exécution des lettres de convocation du 24 janvier dernier,
que de la sentence de M. le lieutenant général du bailliage
d'Orléans du 13 février 1789, faite le dimanche 22 du même
mois, tant au prône qu'à l'issue des messes paroissiales, pour
la rédaction du cahier de plaintes, doléances et remontrances à
faire, qui sera rapporté à l'assemblée générale indiquée pour
être procédé à la nomination des députés qui seront chargés
de présenter ledit cahier à l'assemblée préliminaire qui sera
tenue à Orléans le samedi 7 mars prochain, 9 heures du matin;
J'observe que je me bornei'ai dans ce qui peut intéresser la
Sologne en général, et en particulier notre communauté, ne
devant point entrer dans le détail des grands objets soumis aux
Etats généraux, qui sont au-dessus de notre connaissance, et je
suivrai, autant (|u'il me sera possible, la marche proposée à
tenir dans les délibérations de nos assemblées municipales.
lo Dîmes.
Etant prouvé que la dîme acquitte suffisamment la dette du
paroissien envers son pasteur, <|ue c'est pour l'exercice du
ministère pastoral que les dîmes ont été accordées à l'Église,
car les di'oits de dîme sont locaux; clia(|ue |)aroisse s'est fait ini
406 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
devoir de convertir mie offrande qu'elle flusait en une rétribution
annuelle ; cette rétribution ne doit point changer, elle doit être
stable ; celle de Vouzon, qui aujourd'hui s'étend sur les paroisses
de Vouzon et La Motte-sur-Beuvron, est fixée telle qu'elle se
payait avant 4595 par une sentence contradictoire rendue entre
le prieur-curé et les habitants, le 7 novembre de cette
année 1595 :
io A raison d'une gerbe pour mine des gros grains dont est
due dîme ;
2» Celle d'agneaux et de laine à raison de 20 l'un, que les
dîmes d'agneaux seraient levées dans la mi-mai, et, à défaut,
que le prieur se contenterait de 7 sous 6 deniers pour agneau
de dîme ;
3o Que les dîmes de lin et chanvre se prendraient seulement
dans le bourg, et non ailleurs, en la manière accoutumée.
Avant et depuis l'époque de cette sentence, on a payé au sieur
prieur de Vouzon :
1° La dîme des blés-seigles, seuls gros grains (pii se récoltent
en Sologne, à raison d'une gei'be pai' minée de terre, mesure
de Vouzon, et cette mesure est formée de ce (|ue couvre la
mine de semence;
2o Celle des menus g'rains qui consistent en blé noir et très
peu d'avoine, à raison d'un boisseau de grain, mesure de Vouzon,
par minée de terre ensemencée et récoltée, (]ui se perçoit
après le battage sur la place de chaque grange ; c'est la l'écolte
qui doit la dîme.
3o Celle des agneaux, à raison de 25 l'un, parce (ju'on kdsse
par métairie 8 bêtes au profit des bergères.
4» Depuis environ 20 ans, les prieurs-curés de Vouzon ont
étal)li une chaîne de 4 pieds 2 pouces, et on leur livre cette
(sic) gerbe par- minée sur cette chaîne placée à la main au-
dessous <hi lien, du côté o])|)osé à l'éj)i.
Depuis un an, le sieur prieur-curé suscite un procès à ses
hnbilaiits pour faire fixer la minée de leri'e de Vouzon, à ce
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 407
qu'il paraît, à 66 perches 2 tiers de perche, tandis que la minée
de terre de Vouzon n'a jamais été composée que de la minée
de semence, comme ailleurs, et cette mine de semence couvrant
80 à 90 perches de terre ; on prend sa prétention pour inno-
vation à son droit de dîme en lui-même, qu'on offre payer
comme par le passé, ce qui fait l'objet d'un procès qu'il serait
intéressant pour le cultivateur de faire cesser, ayant le malheur
d'avoir un pasteur qui aime à plaider.
Mais le prieuré-cure de Vouzon est un très gros bénéfice
jouissant d'un droit de dîme très étendu qui, quoique chargé de
rentes envers différentes personnes, de qui ses prédécesseurs
ont acquis les droits de dîme d'un domaine très considérable
et lucratif attaché et joignant sa maison presbytérale, dont le
local offre l'agréable avec le profit le plus réel en grains, vin,
légumes ; une métairie, des propriétés étendues tant en héritages
que rentes de toutes espèces ; il était anciennement chargé de
trois vicaires pour desservir la grande étendue de sa paroisse ;
M. de Ventadour, archevêque de Bourges, a fait construire et
doter une succursale au village de La Motte-sur-Beuvron près
son château, où il a établi un prêtre, [ce] qui a réduit les
vicaires de Vouzon à deux, en l'année 1702. M^c la duchesse de
Duras, lors dame de Vouzon, a désiré former une paroisse de la
succursale bâtie et fondée par son oncle, au village de La
Motte-sur-Beuvron .
2o Prieuré-cure de La Motte.
Le sieur prieur-curé de Vouzon s'est lors opposé à l'érection
de cette paroisse qu'il n'a consentie :
1» Qu'en acquérant la décharge sur ses dîmes d'un muid
10 mines de blé-seigle, mesure de Vouzon, ({ui font près de
30 mines, mesure d'Orléans, sur la rente annuelle qu'il doit à
la terre de La Motte, pour l'indemniser, est-il dit, de la perte
que cette érection cause diuis son casuel annuel ;
2» Que le prieur-curé de La Motte-sur-Beuvron ne pouri'a
jamais prétendre aucun droit de verte dîme ni de dîme de
408 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
lainage et charnage dans l'étendue de ce qui forme sa paroisse
ni de novale, et que, où il voudrait jouir de la dime de lainage
et charnage, car il n'avait aucun droit de verte dîme, puisqu'il
ne se perçoit, suivant la sentence susdatée, que dans le bourg
de Vouzon, il paiera chacun an au sieur prieur-curé de
Vouzon 110 livres ;
3o Et le sieur prieur-curé de Vouzon s'est réservé le droit de
cure sur les domaines qui auraient dû former, lors, la paroisse
de La Motte-sur-Beuvron ;
40 Et depuis ce temps, le sieur prieur de Vouzon n'a plus
qu'un seul vicaire.
Dans cette circonstance, les habitants de La Motte-sur-Beu-
vron requièrent pour leur pasteur, qui jouit d'un revenu fixe
de 600 livres que paie le seigneur :
lo Un arrondissement à sa paroisse qui sera formée :
De la métairie de la Bonnerie et locature de Ray, et de la
métairie de la Gerbaudière ; de la métairie de Veignelle ; de la
maison de maître, locature et maison du moulin de Beuzon ; le
tout de la paroisse de Vouzon ;
Des châteaux, métairies du Grand et Petit-ïracy ; moulin du
Coudray ; métairie de Pinas ; domaine de la Vaussonnerie, et
trois locatures en dépendant, situés paroisses de Pierrefitte et
Nouan-le-Fuzelier, par années alternatives;
De la métairie de La Bouchette et locature des lléraudières,
paroisse de Nouiiii-Io-Fuzelier;
Delà métairie de Bouchetin, métairie et moulin de Savigny
et métairie du Moussay, situés paroisse de Chaumont;
Que le sieur prieur-curé de La Motte-sur-Beuvron jouii'a de
tous les di'oits de dîme dont jouissent les sieurs curés sur l(>s
domaines ci-dessus; quant aux vertes dîmes et dîmes de lai-
nage et charnnge, (pi'il demeurera déchargé de la redevance
de 110 livres qu'il fait annuellement de rente au sieur prieur
de Vouzon ; lequel sieur prieur de Vouzon sera tenu de Ibvn^nir
une (juanlité de blé seigle par l'orme d'égalité dans leiu- revenu
CAHIER DE YOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 409
annuel, celui de Vouzon étant très considérable, produisant
actuellement en revenu effectif, non compris le casuel, envi-
ron 3,500 livres, le sieur prieur-curé actuel faisant valoir
moitié par lui-même de son bénéfice en produit de dîme et
foin de ses prés joignant son habitation, ou abandonner audit
prieur-curé la propriété de la métairie de La Brosse donnée
pour la fondation d'une messe de l'aurore pour les pâtres. Ne
serait-il pas juste de réunir à l'église et cure de La Motte-sur-
Beuvron les propriétés de l'église et prieuré-cure de Vouzon
en héritages et rentes situés et à prendre sur des héritages au
dedans de la paroisse de La Motte-Beuvron, à la charge par
■le curé et l'église d'acquitter les charges affectées sur lesdits
héritages et rentes? Que nous trouvons que le revenu de
2,000 livres demandé par MM. les curés sans vicaire pourrait
être fixé, dans les campagnes, à 1,500 livres par an.
Le tout où il ne serait point autrement réglé par l'assemblée
des États pour fournir à MM. les curés un revenu fixe et lion-
nête, qui les mette dans le cas de soulager par eux-mêmes les
pauvres de leurs paroisses, cliacun en droit soi.
Observant qu'il n'est pas toujours vrai que les seigneurs de
paroisse ne viennent point au secours des infortunés. Nous
en avons une preuve dans le seigneur de ces paroisses qui sou-
lage annuellement autant ({u'il est possible et qui, dans la
misère où est notre connnunauté et dans les froids excessifs
qui se sont passés, marquait : « Faites tout ce qui sera possible
pour subvenir aux besoins les plus pressants de ces pauvres
malheureux ; donnez-leur sans distinction les secours de toute
nature à mes dépens. » S'il y en a qui soient assez durs pour
laisser souffrir leurs semblables dans des froids aussi excessifs
et dans un pays où les maisons sont si peu closes, il y a mal-
heureusement des pasteurs (|ui ont la même dureté. Peut-être
sont -ils les uns et les autres forcés d'en agir comme ils
foi il,!
3o Biens d' église.
Nous réclamons ici comme dans notre délibération munici-
410 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
pale du 2 novembre dernier. Nous avons représenté que notre
partie de l'Orléanais nommée Sologne est, dans le centre que
nous occupons et dont le bourg de Vouzon est comme le chef-
lieu, trop pauvre pour que MM. les ecclésiastiques du premier
rang' y possèdent des domaines et droits. Mais nos églises, par
les donations de nos pères et les bénéfices-cures, possèdent
beaucoup d'héritages détachés et épars dans l'étendue de
chaque paroisse ; ces héritages sont donnés par bail pour neuf
ans au plus offrant (la loi défend un bail de plus long cours).
Que peut faire un fermier pendant un bail de neuf ans ? Le
fermier jouit de cet héritage dans la même nature qu'il lui a été
aifermé, ([uand bien même l'héritage dont il jouit serait suscep-
tible d'amélioration, soit dans sa nature ou en la cliangeant;
et le fermier intelligent ne travaille point à améliorer, par la
raison, dit le fermier, que le sol de ce pré est altéré, il y pousse
de mauvaises herbes, et des friches s'y sont multipliés; je le
ferais bien défricher et mettre en valeur par une culture ; mais
à la lin de mon bail, outre qu'il faut le remettre dans sa nature
ordinaire sans que souvent le fermier ait été à peine remboursé
des tVais de défrichement, on procédera à la criée de cet héri-
tage, et il faudra (ju'il abandonne un objet qu'il aura créé, ou
qu'il en fasse une nouvelle ferme qui sera tellement augmentée
qu'il ne pourra que regretter la valeur qu'il a procurée à cet
héritage. Une terre sera propre à faire un pré : un fermier en
neuf ans ne peut faire le changement qu'il se propose, et s'il
le fait, on le force, à la fin de son bail, à remettre cette terre en
.sa nature. Pour éviter ces inconvénients et commencer à pro-
curer de l'émulation aux habitants de nos bourgs, qui, en
général, sont sans industrie ni moyens de pouvoir augmen-
ter leurs possessions, nous pensons ({u'il serait nécessaire
d'ôter les possessions d'héritages morcelés (si on ne les ôte
pas généralement) aux églises et autres bénéfices des cam-
pagnes. Nous connaissons deux bénéfices simples au centre
de la Sologne : celin de Saint-Jean-dii-Follet, à Pierre-
fitte, et celui de Notre-Dame du Petit-Bourg, paroisse de
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 411
Neung, dont les droits et possessions s'étendent sur les paroisses
de Neung-, Ghaumont, Tremblevif, Vernon et La Marolle;
abandonner ces possessions ou suivant l'estimation qui serait
faite par chaque municipalité ou par une adjudication faite
après trois criées de chacun desdits héritages, qui en assurerait
la propriété au plus ofïrant moyennant une somme une fois
payée qui serait versée sans frais, comme il sera réglé, ou
pour une redevance annuelle représentative de l'héritage sans
aucun droit envers les seigneurs, pour cette fois. Ces héritages,
formant des possessions aux laïcs, rentreraient dans le rang
des autres héritages de cliaque seigneurie, donneraient de
l'émulation aux propriétaires, maîtres de changer à leur gré
l'héritage qu'ils acquerraient, formeraient un bien pour les
habitants des bourgs; car en Sologne, une personne qui ne
récolte pas ne peut prospérer, et les mutations qui survien-
draient par la suite occasionneraient des augmentations dans
les droits d'insinuation et autres qu'on paie au Roi, aujourd'hui
connus sous le nom de droits domaniaux.
Observant que tous ces héritages, en passant dans les mains
des laïcs, acquerraient le titre de biens roturiers, quand bien
même il y en aurait qui seraient possédés par les églises, cures
ou autres bénéfices en fiefs.
4° Continuation des baux.
Que, dans le cas où on ne pourrait parvenir à changer la
possession des héritages possédés par les gens de mainmorte,
nous espérons qu'il s'occupera au moins de faire taire et
anéantir la loi qui fait cesser toute jouissance des baux au
décès des titulaires ; le nouveau représentant l'ancien, n'est-il
pas obhgé de tenir les faits de son prédécesseur? S'il en était
ainsi, et c'est la loi de justice, on ferait cesser les pots-de-vin,
qui souvent, dans les i)aux des gens de mainmorte, forment la
meiheure partie des baux qu'ils consentent. Si les titulaires en
exigeaient, leurs successions en tiendi'aient compte au prorata
aux nouveaux titulaires, et ces héritiers, ensemble les fermiers.
412 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
paieraient une amende au prorata du nnème pot-de-vin, l'un
pour avoir requis et l'autre pour avoir accordé. On ne pourra
faire cesser les pots-de-vin qu'en punissant celui qui les exi-
gera et celui qui les accordei'a, parce qu'un nouveau titulaire
ne cherche qu'à se procurer des deniers dont souvent il a alors
très grand besoin.
Quant aux autres biens et droits de messieurs les ecclésias-
tiques et aux droits respectifs d'entre le haut et le bas Clergé,
nous ne pouvons que plaindre ces derniers qui sont messieurs
les curés, qui sont dans le cas d'exiger et d'espérer qu'on aura
égard à leur état qui les charge de tout le ministère et d'être à
portée de connaître les pauvres qu'ils sont obligés de soulager.
C'est à eux de travailler à se procurer ces moyens de soutenir
leurs droits et répondre, par la suite, aux vues bienfaisantes
dont il paraît qu'on s'occupera en leur faveur, en coopérant au
bonheur du troupeau qui leur est confié, chacun en droit soi, et
faire un usage digne du ministère de Jésus-Christ de leur
superflu, évitant de prodiguer ailleurs que dans le sein des
pauvres un bien qui leur est accordé pour leur nourriture,
entretien et secourir les malheureux.
5o Sacrements.
Quant aux rétributions qui sont accordées ou que messieurs
les curés exigent pour radmiiiisti-alion des sacrements, dans
les cas d'arrondissement de fixation à un revenu ou de percep-
tion de droits de menue et verte dîme et celle de lainage et
charnage attachés de droit à la récompense de fadministratiou
des sacrements, on espère que messieurs les curés seront assez
judicieux pour rejeter cette rétribution, (|ui souvent a fait
retarder le mariage d'un pauvre veut ou (Tune ])auvro veuve
chargée d'enfanls, en exigeant, avant d'accoi'der la bénédicfioii
nuptiale, le paiement de f enterrement du défunt, et quelquefois
jusqu'au droit du mariage à célébrer.
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 413
60 Fiefs.
Si l'esprit de justice règne dans la tenue des États généraux,
comme nous l'espérons, par l'union (]ui régnera entre tous les
membres qui composeront cette illustre et mémorable assem-
blée requise et ordonnée pour établir et mettre l'ordre dans
les finances et ordonner un ordre constant dans toutes les
parties du gouvernement, travailler à la prospérité du royaume
et assurer le bonheur de notre Roi, qui, en père, demande
conseil et requiert la décision de ses enfants.
Le gouvernement féodal, établi pour récompenser le militaire
dans les commencements de la monarchie, ou le mérite person-
nel avait part à cette récompense qui n'était qu'à vie, sont
venus à former des possessions aux grands seigneurs qui les ont
ensuite divisées à la charge du devoir militaire, a formé l'époque
de la haute noblesse, laquelle nous asservissant à différentes
charges, dont plusieurs étaient même ignominieuses pour des
Français, ces derniers nous ont concédé portions de ces mêmes
héritages à titre de cens avec des charges annuelles, qui, à la
vérité, ne sont pas si onéreuses en général que celles créées au
profit des ecclésiastiques, qui, dans ces premières ahénations,
ne demandaient que des redevances en nature, dont, par la
suite, ils se sont fait, comme ils existent aujourd'hui, des
revenus les plus considérables qui laissent souvent au culti-
vateur la mortification de regretter les peines qu'il s'est données
de cultiver un héritage qui lui rapporte de quoi acquitter les
charges dont il est tenu, sans aucune récompense de son travail,
et même quelquefois des semences mises en terre et des
profits en sus des charges annuelles à toutes mutations relatives
au prix de vente.
Sortis de la servitude par la loi qui, lors, aurait dû nous faire
rentrer dans la classe où étaient tous les Francs, lors du rétablis-
sement de cette monarchie, nous sommes devenus seuls chargés
du poids de toutes impositions, parce que nous étions les seuls
occupés aux travaux de la terre, nous procurions aux deux
états qui sont à notre tête, et qui auraient en tous les temps
414 . BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dû être nos protecteurs, leur subsistance, et la douleur de nous
vendre, quand nos récoltes ne sont pas abondantes, le grain
que leur procure[nt] notre travail et nos sueurs à \ni prix au-
dessus de sa valeur ordinaire et [qui] nous prive souvent de
nous procurer, sauf à crédit, le pain, le premier et le seul
objet que nous regardons nécessaire.
On nous a accordé le droit d'acquérir des fiefs ; ces nouvelles
propriétés n'ont pas peu contribué à dévaster les campagnes,
parce qu'on leur a imposé un droit de franc-fief et qu'on a
afïranclii de ce droit la plupart des villes du royaume, en leur
accordant le droit de bourgeoisie qui a formé comme une
seconde classe entre la Noblesse et le roturier ; car ces bour-
geois, quoique roturiers, au moyen des droits accordés aux
villes qu'ils habitent, quoique représentant dans tous les temps
partie du Tiers état, formaient une classe de citoyens qui se
croyaient (et peut-être encore une partie aujourd'hui) au-dessus
des habitants des campagnes, qui, par cette seule raison,
doivent fournir tant aux deux premiers corps de la monarcliie
qu'aux habitants des villes privilégiées le fruit de tous ses (sic)
travaux sans autre récompense que la inortihcation d'être
chargé de pourvoir à la nourriture du général et acquitter la
majeure partie des charges nécessaires pour le soutien de l'État.
Sans nous plaindre de ces bourgeois des villes, comme aucuns
d'eux se plaignent de la haute noblesse, nous ne demandons
que d'être leurs égaux afin de ramener à nos campagnes, ou par
la suite y conserver, les enfants du citoyen laborieux à (jiii un
travail excessif et une grande économie am'ont l'ait acquérir
une fortune, que ces enfants ont, jusqu'à ce jour, portée dans les
villes, et y conduire avec cette fortune l'industrie qu'ils ont
héritée de leur pêi-e et laisser à la campagne le pauvre cultiva-
teur sans autre ressource que celle que lui peut (sic) procurer
ses bras, qui sont toute sa foiluiK», sans aucune espèce d'en-
courao-emenl.
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 415
7o Fraitcs- fiefs.
Elles (1) ont donné lieu à imposer un droit de franc -fief,
droit qui est presque généralement arbitraire à la demande des
commis ou directeurs, à la perception de ce droit, auquel on a
joint celui de 10 sols pour livre en sus, en sorte que ce droit,
qui se perçoit tous les vingt ans, qui se renouvelle à toutes les
mutations de père et mère, frères et sœurs, emporte une année
de revenu au moins tous les dix ans, et sans entrer dans la
connaissance des bonnes ou mauvaises terres, on vous demande
tant par minée de terre sans distinction, de façon qu'on vous
fait souvent payer pour une minée de terre qui rapporte au
propriétaire 20 sols par an, 30 sols avec les 10 sols pour livre,
fait 45 sans diminution des vingtièmes, et cette vexation se
renouvelle à toutes mutations.
En cas que ce droit ne fût pas aboli et qu'il soit ordonné
qu'il ait lieu, nous espérons que tout au moins les commis à la
perception de ce droit seront privés de celui de le fixer eux-
mêmes et que tous roturiers ne seront tenus de payer le droit
de franc-fief que suivant qu'il sera fixé par les membres de la
municipalité de chaque communauté, dont au moins deux seront
chargés de donner l'appréciation qui, une fois fixée, ne pourra
changer, à moins de construction de bâtiments sur les objets
en fiefs, les profits d'industrie provenant de l'intelligence du
propriétaire des fiefs devant être exempts de payer ce droit,
qui prive généralement les roturiers non privilégiés de chercher
à acquérir des biens en fiefs, quelque convenance qu'il y ait
pour eux dans les acquisitions.
8o Population.
On convient, et c'est une vérité, que la population de la
Sologne dépend aussi de la propriété dans toutes espèces
d'héritages qui peuvent convenir à un cultivateur, et la Sologne
en a grand besoin. Cette partie de l'Orléanais, anciennement
(1) C'est-à-dire : ces nouvelles propriétés.
41G BAILLIAGE d'ORLÉANS.
si peuplée, est aujourd'hui presque détruite et réduite à la plus
languissante cultui-e. Pour la ramener à son ancien état dont
elle est susceptible et qui formait la partie de l'Orléanais la plus
peuplée, qui est diminuée d'environ les trois quarts, il faudrait
procurer aux habitants de la Sologne des propriétés. Nous
trouvons des cultivateurs avec des propriétés étendues; ces
propriétaires, quoique cultivateurs, jouissent d'un empire qui
n'est pas supportable vis-à-vis du pauvre colon fermier;
l'élection de Romorantin en contient plus que les autres élections
qui s'étendent dans la Sologne; ces cultivateurs-propriétaires
réunissent, comme on a fait partout en Sologne, plusieurs
domaines en un seul ; ces réunions font une perte considérable
dans la culture des liéritages, mais une augmentation dans les
troupeaux de bètes à laine, et il n'est pas rare de trouver en
Sologne des domaines cultivant en blé-seigle 40 à 50 arpents
chacun an posséder huit cents à un miUier d'arpents d'héritages.
De ces grandes propriétés vient la négligence, qui règne partout
en Sologne, à faire et entretenir les fossés faits par nos pr-édé-
cesseurs pour assainir leurs héritages, et souvent on se plaint
des grandes maladies dans leurs ti'oupeaux qui sont la seule
richesse du Solognot; elles vont, en premier lieu, du défaut de
fourrages et, en second lieu, d'être toujours sur des terrains
malsains et remplis d'eau(l), pour peu qu'il survienne des pluies,
faute d'écoulement de ces eaux qui croupissent sur un terrain
naturellement léger et rempli presque à fleur de terre de tut
ou de courroi (2) qui intercepte et empêclie la pénétration de
ces eaux.
Quelques bourgs poun-aient augmenter, tels que ceu^ qui
sont sur les grandes routes; mais que faire en campagne d'une
maison sans héritage pour donner de l'émulation? Il faut
cultiver. Un terrain bien cultivé et où on fait de bonnes récoltes
excite l'envie de faire ce que fait son voisin; combien d'incon-
(1) Le sens est : les maladies viennent du défaut do fourrages et de ce que les troupeaux
sont toujours sur des terrains malsains.
(2) Dans le parler solognot et berrichon : terre glaise.
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 417
vénients à surmonter ! Il faut s'adresser aux seigneurs et grands
propriétaires; si ces derniers sont propriétaires, nulle espérance
d'acquérir; les seigneurs, en Sologne, ou ont acquis pour aug-
menter et se former des domriines productifs, ou sont rentrés
dans la propriété des héritages et domaines donnés à bail,
à cens et rente par leurs prédécesseurs, faute d'acquittement
des charges imposées sur ces biens, qui sont tombés en ruine
par les impôts survenus pour acquitter les charges de l'État.
Toutes ces réunions forment aujourd'hui les fiefs.
90 Nécessité de faire cesser les fiefs.
Gomment acquérir un fief aujourd'hui? Quelques cultivateurs
en ont acquis : les enfants sont contraints de les vendre pour
se soustraire au droit de franc-fief. Quelques seigneurs, qui
habitent leurs terres et voudraient voir prospérer ceux qui
habitent leur seigneurie, vendraient encore de leurs héritages,
mais ils ne peuvent jouir de leur fief sans que cette aliénation
ne procure un nouveau vassal au seigneur de qui la terre
relève en fief. Il faut au moins remettre la coutume d'Orléans
dans son droit primitif, qui était d'aliéner avec rétention de
foi.
Il serait bien à désirer que les États s'occupassent de faire
cesser tous les droits de fiel en général et procurer au Tiers
état une égalité dans tous les héritages qu'il possède pour les
mouvances, et où cet objet trouverait des opposants, fixer en
faveur du roturier un droit à payer au Roi pour posséder des
fiefs avec la charge de la redevance envers le seigneur suzerain,
suivant qu'il sera pareillement réglé ou que le règle chaque
coutume.
iOo Chasse.
Un autre inconvénient empêche l'aliénation que pourraient
faire quelques seigneurs : c'est le droit de chasse qui est attaché
aux biens qui sont en fiefs, et un seigneur de censive peut
impunément chasser en tout temps sur l'héritage tenu de lui à
titre de cens. Quelques-uns prétendent que c'est un droit qui
418 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
n'appartient qu'à la Noblesse et qui fait le plus beau titre de
ceux dont elle jouit. Ce droit onéreux ne peut subsister tel
qu'il est, parce qu'il faut un terme à tous les abus.
llo Pêche.
Cependant, le droit de chasse et même celui de pêche
paraissent des droits appartenant aux seigneurs qui ont concédé
leurs grandes possessions avec réserve expresse de ce (h'oit,
surtout dans tous les héritages baillés à titre de cens. Il devient
onéreux quand on se trouve dans l'étendue des terres des
seigneurs qui exercent ce droit avec tyrannie comme font les
seigneurs passionnés de ce plaisir, et qui, en chassant, ne
ménagent en aucune façon les grains et productions du pauvre
cultivateur, et qui, en cas de prise d'un cultivateur qui, dans
un temps de carnaval, permette la chasse à ses domestiques,
joints à d'autres, exerceront contre ces délinquants une procé-
dure criminelle, comme ils feraient contre les braconniers,
vagabonds, tels qu'il y en a nombre en Sologne, et comme ce
cultivateur, suivant le droit de chasse, est responsable civile-
ment des délits de ces domestiques, et faute de paiement,
constituent ce cultivateur respectable en prison tandis que ses
domestiques essuient le même traitement. Il est donc néces-
saire de mettre un frein à un seigneur que rien ne peut
empêcher de fouler la récolte aux pieds et exercer une
vengeance sans borne contre des personnes qui méritent à tous
égards leur indulgence. Il est donc iK'cessaire de Ijoiuci' la
chasse, mais nous cr'oyons qu'il serait peu avantageux d'cUer ce
droit aux seigneurs.
']2o Braconniers.
La Sologne est remplie de braconniers par passion et qui
s'en font un état qu'autorise la fainéantise dans laquelle ils
croupissent; ce sont des vagabonds qui chassent partout et en
tout temps sans distinction dans tous les héritages ensemencés,
et aux(|uels les cultivateurs n'osent rien dire ni s'en pbiindre
CAHIER DR YOCZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 419
ni les dénoncer, les uns par la crainte (car ces braconniers
tirent et emportent les volailles domestiques comme le gibier,
et souvent menacent les cultivateurs), les autres parce qu'ils
font quelquefois ce métier et qu'ils le souffrent faire à leurs
pâtres et domestiques.
En modérant l'ardeur et la passion de la chasse aux seigneurs,
il faut réprimer tous les abus que l'on fait de la chasse : elle
fait de tous ceux qui s'en mêlent de mauvais sujets et des
fainéants; on voit en Sologne des cultivateurs assez passionnés
pour quitter la charrue et aller chercher à leur maison un fusil
pour tuer un malheureux lièvre.
13° Justice et chasse.
Il faudrait donc laisser la justice et la cliasse aux seigneurs
et accorder quelques délassements aux cultivateurs et établir
une police dans chaque communauté pour juger tous cultiva-
teurs, domestiques et autres qui chasseraient, dénoncer et
suivre juridiquement tous braconniers par état et les réduire à
la classe des mendiants ou leur faire leur procès comme per-
turbateurs et destructeurs des biens de la campagne.
14» La pêche.
Qu'il fût établi aussi une police pour la pêche. Tout l'été nos
ruisseaux sont continuellement remplis de fainéants péchant
avec filets et troubles ou autres engins, foulant aux pieds les
foins des particuliers et traînant leurs filets sur tous les prés
qui, ingrats par eux-mêmes, ne rapportent presque point
d'herbe aux cultivateurs. Les juges établis à cette police, à
laquelle seraient soumis les seigneurs et propriétaires de fiefs
qui chasseraient dans les grains, paieraient une amende qui,
quant à ce qui excéderait les frais, formerait une masse à la
communauté, qui chacun an la ferait verser dans la distribu-
tion de prix accordés aux bons citoyens qui les mériteraient
par leurs travaux ou vertus.
420 BAILLIAGE d'ORLÉAiXS.
15» Formation des municipalités.
Suivant le règlement de Sa Majesté du 18 juillet 1787, il a été
formé, par suite de l'Assemblée provinciale établie par Sa
Majesté dans l'Orléanais, des assemblées municipales dans
toutes les paroisses de cette généralité. Celle de Vouzon est
composée :
d'un seigneur représenté par un procureur ;
d'un syndic municipal, président;
de l'un des deux pasteurs de cette municipalité,
et de neuf membres,
auxquels on a joint pour la répartition des impositions trois
adjoints.
Ces municipalités ainsi formées, si elles subsistent comme
nous l'espérons, auront un autre bien que celui de l'exéculion
des ordres qui leur seront adressés de la part du Roi et des
Assemblées provinciales ou de département. Nous désirons
qu'on accorde à la nôtre une police générale, pour faire cesser
généralement tous les abus sans nombre qui régnent dans les
campagnes, comme celle d'inspecter la chasse et la pêche et
dénoncer au ministère public le braconnage suivant qu'il en
est ci-dessus fait mention et laii-e acquitter les amendes (|iii
seront imputées aux délinquants dont demeurei'ont respon-
sables les maîtres qui même paieront une amende pour le
souIFrir, afin d'éviter la fainéantise qui suit ordinairement la
passion de la chasse, et les seigneurs pour leurs gardes ou
autres personnes chassant pour eux, et veilleront à ce qu'il ne
soit abusé en aucun cas des di'oits qui seront accordés dans
cette partie à chaque conmnunauté.
1mi conséquence, pour cet objet, il sera choisi deux membres
des bourgs et trois de campagne pour exercer, les pi'emiers la
police des bourgs et les seconds celle des campagnes, dans
l'objet ci-dessus et dans tous les autres, tels que les dommages
causés |)ar les bestiaux et la négligence des pâtres, qui en
feront leur rapport, chacun dans leur partie, à l'assemblée qui
CAHIER DE YOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 421
condamnera les délinquants par ordonnance du président dé
cette assemblée dont les membres feront la partie publique.
16o Gardes.
Pour rendre la police stable nous demandons un secours;
nous avons déjà avancé que nous pensions que deux invalides
par communauté seraient très nécessaires, et la commission de
veiller sur les biens et la sûreté des citoyens formerait des
retraites pour les vieux soldats ou ceux d'entre eux qui seraient
blessés, et seraient tenus de veiller continuellement :
i» A ce qu'aucuns bestiaux n'entrent dans les grains, prés et
bois taillis tant qu'ils seront en garde ;
2o Veilleront sur ceux qui chassent et braconnent par passion
ou autrement dans les cas qui seront ordonnés;
30 Empêcheront les arrhements (1) qui se font continuelle-
ment par les gens oisifs de maison en maison, augmentent le
nombre des fainéants et détournent les gens de la campagne de
leurs travaux ordinaires ;
4» Seront tenus de faire la police des bourgs et une ronde
tous les soirs pour chasser les ivrognes des cabarets et éviter
que personne n'y passe le temps des offices divins, suivant les
ordonnances rendues pour les objets qui s'étendront générale-
ment sur tous, même les coureurs de nuit qui, ainsi que les
ivrognes nocturnes, auront pour punition la prison, suivant que
le cas l'exigera ;
Donner un règlement pour toutes ces espèces de police,
nécessaires à être exercées à la rigueur, qui fixera les amendes
dans tous les cas ;
Ordonner que les délinquants seront contraints payer sur la
dénonciation qui leur sera faite sans frais, sinon constitués
prisonniers jus((u'au paiement ;
Qu'il sera accordé une récompense sur les amendes aux
(1) Allusion aux achats de grains faits par les marchands en donnant des arrhes. Voir plus
loin a larticle Marchés.
422 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
invalides chargés de la police ou autres, qui, au défaut, pourront
être commis par chaque communauté; que le surplus sera mis
en caisse pour subvenir :
lo Aux frais que cette police occasionnera ;
2" A former un fonds que nous fixons au tiers, pour être
versé annuellement aux jours indiqués par la municipalité,
pour récompenser les pâtres qui auront bien gardé leurs
bestiaux afin de servir d'exemple et donner de l'action aux
mauvais pâtres.
Car, pour parvenir à cette pohce, nous avons déjà remontré
que, pour faire revivre la culture des terres en Sologne, il
faudrait accorder des prix annuels aux cultivateurs de notre
communauté, en représentant les différents plans à adopter, et
de (sic) faire attention que notre communauté étant composée de
terres, les unes légères ou sables sans fond, puisque souvent, à
quatre pouces, il y a un tuf composé de petits cailloux ramassés
qui arrête et la racine du grain semé et la pénéh-ation des eaux
qui tombent, et de bonnes terres qui ont souvent aussi à
quatre et six pouces de profondeur un courroi en terre argi-
leuse, qui arrête aussi la pénétration des eaux et la vég-étation
des grains confiés à ces terres, et est cause que le cultivateur
donne des labours très légers; ainsi, sa principale science doit
être de connaître ces diflérentes terres et de donner des façons
qui remuent tout ce qui peut procurer la végétation des
semences, ce qui n'est pas en Sologne, où le cuUivaleur ne
fait généralement que peler les terres; s'il y a des labours
profonds, ce ne sont que ceux qui ont des engrais ([ui les
font.
17° Marchés.
Il y a au bourg de Vouzon deux marchés établis par ciiiique
semaine et trois foires par an; ces marchés, autrefois, étaient
considérables; aujounTImi, il \\'n\ reste (pie 1(> nom; sauf
quelques meuniei's, (|ui ;iiii(iioiil encore de Iciiips à ;iiilrt'
quelques sacs de fai'ine pour la coiiimiiiiiniU'. On ne |teiil
rétablir ces foires et marchés qu'en liiisiml cesseï' les oisifs (|ui
CAHIER DE VOUZOïX ET LA MOTTE-BEUVRON. 423
continuellement vont arrher toutes espèces de denrées de
maison en maison, par les campagnes. Il ne faut en Sologne
qu'être fainéant pour être marchand. Le cultivateur est assez
aveugle pour ne pas voir qu'il est continuellement dupe de
ces coureurs, qui le visitent très souvent, plusieurs dans un
seul jour, les détournent dans leurs travaux, leur font passer
leur temps en discours et leur sont à charge de toute façon :
car, sous prétexte d'acheter quelques poulets, livres de beurre
ou œufs, le coureur déjeûne dans une maison, dîne dans une
autre, prend un goûter dans une troisième; se succédant les
uns aux autres, font perdre un temps considérable aux cultiva-
teurs; et très souvent ce visiteur ne rapporte de ses courses
que quelques productions de jardins qu'il aura quètées, et
quelques fruits qu'il prend furtivement.
Ils (1) croient que ces gens leur rendent service de venir
chercher leurs denrées, tandis que s'ils les portaient au marché,
ils procureraient l'émulation dans les bourgs et y trouveraient
celles des denrées qu'ils sont obhgés d'aller chercher les mains
vides, et doublent la perte de leur temps.
4 80 Commerce.
Aussi aujourd'hui n'y a-t-il ni foire ni marché de considé-
rable en Sologne, et notre communauté, éloignée de huit et
neuf lieues des plus prochains marchés, ne peut se procurer ses
besoins qu'à grands frais, à cause de l'éloignement. Nous avons
continuellement besoin de pain et de vin pour nos besoins;
pour nos bestiaux, de grain et de foin, car l'herbe de nos prés
n'est pas succulente, et les bestiaux la mangent avec peine ;
pour les passants, il faut se procurer les foins de la Sauldre, et
ne récoltant presque aucunes avoines, il faut les tirer du
Berry ou d'Oi'léans, ce qui ne peut se faire qu'à grands frais.
Notre connnerce, qui consiste dans les ventes de laines et bêtes
à laine, anisi que celui des bêtes aumailles(2) et de quelques mau-
(1) C'est-à-dire : les cultivateurs.
(2) Botes à cornes.
424 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
vais chevaux, se fait aussi comme celui de volailles : le cultiva-
teur attend constamment le marchand dans sa maison pour lui
vendre, et s'il va en foire, ce n'est souvent qu'après que son
bétail à vendre a été vu de plusieurs, et ils ne voient pas que
toutes ces visites leur lont perdre un temps très considérable,
sans cependant empêcher la majeure partie d'aller aux foires
pour se promener et acheter quelques effets nécessaires; le
Solognot est débarrassé, il se promène, il est content. Gomme
c'est leur intérêt de faire revivre les foires et mai'chés, il serait
nécessah'e d'y apporter un remède.
19o Manufactures.
Il y a au bourg de Vouzon une manufacture de serge qui a
occupé jusqu'à deux cents métiers; aujourd'hui, elle en occupe
environ vingt, et les fabricants sont tous très pauvres. Cette
fabrique, autrefois si florissante, avait des statuts accordés par
nos rois; pour le maintien de cette fabrique, il y avait des
gardes et jurés qui veillaient à ce que chacun des maîtres
remplisse ce qui était ordonné par les statuts qui faisaient la
loi de cet établissement. La juridiction des jurés s'étendait sur
plusieurs paroisses voisines associées à cette manufacture qui
a subsisté avec avantage pendant plusieurs siècles; aussi,
pendant ce temps, le bourg de Vouzon formait une population
réduite aujourd'hui au sixième de ce qu'elle était. Sa Majesté
a établi un insi)ecteur à cette manufacture qui employait une
partie considérable des laines du pays.
L'inspection des étoffes était une nouvelle charge pour les
habitants ; celle de la marque établie au bureau de Vouzon
n'en formait point une par le peu de droits qu'on y payait. A
mesure (]ue la manufacture a (Hiiiiimé, les inspecteurs l'ont
néghgée en faisant des abonnemciils avec les gardes (>t jurés;
à leur cessation est intervenu un arrêt du Conseil, qui a
contraint les débiteurs à payer; luie partie était devenue
insolvable : monseigneur l'intendant est venu à leur secours en
faisant accorder une remise de partie des débets.
CAHIER DE YOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 425
On exporte toutes les étoiles de Sologne ; on y emploie
aujourd'hui plus de laine de Beauce que de celle du pays; le
fabricant est contraint d'acheter à crédit ses laines et bourres
qu'on lui vend au plus haut prix, et il faut payer en sus la
voiture du transport.
Depuis l'arrêt du Conseil, plus de gardes-jurés, plus de
bureau de marque ; on a établi un bureau à Orléans où il faut
se rendre à certains jours et heures indiqués, sinon les étoffes
restent en dépôt ; les fabricants qui ont des paiements à faire
ne peuvent vendre, sont poursuivis; les frais achèvent de
consommer leur fortune et les découragent ; il faut payer le
port en ville, le transport au bureau, et il faut vendre ensuite
au prix qu'en otïre le marchand ou le faire ramener chez
soi.
Quelques foires servent aux fabricants pour le débit de leur
serge blanche et de coideur; la plus considérable est celle de
Jargeau. Au mois d'octobre de l'année 1787, les fabricants de
Vouzon y ont fait conduire leurs pièces sans auparavant les
avoir fait marquer à Orléans ; ce voyage à la marque aurait
augmenté leurs pièces de vingt-un sols chacune. Ils ont exposé
ces étoffes en foire pour les vendre, à la charge de la marque
au bureau d'Orléans. Qu'est-il arrivé ? Le chargé du burin pour
la marque s'est trouvé à cette foire, et, avec ses émissaires, a
saisi tout ce qu'il put trouver comme étant en fraude, et a
empêché la vente de ceux des fabricants qui ont été assez
vigilants pour soustraire leurs étoffes à ses recherches ; celles
saisies ont, lors, été confisquées, et ce dernier événement a
détruit encore un quart des fabricants qui travaillaient.
Dans cet état, ils se sont pourvus tant auprès de la personne
chiU'gée de faire prospérer les fabriques et veiller à leur conser-
vation, ils en ont été quittes pour des frais et petites amendes;
et ensuite auprès de messieurs de l'assemblée du biu'eau de
département d'Orléans (1) pour faire rétablir le bureau de la
(1) H s'agit du bureau de l'assemblée intermédiaire du département d'Orléans et Beaugency,
une de celles qui furent créées dans la généralité d'Orléans lors de l'organisation des assemblées
provinciales C1TO7;.
42G BAILLIAGE D'ORLÉANS.
marque des étolïes à Vouzon et y joindre les paroisses circon-
voisines cjui sont à portée de profiter de ce bureau, où sera
établi un burin aux armes du Roi d'un côté, et de l'autre
ayant l'empreinte: «Manufacture de Vouzon » ; en l'établissant
à La Motte-sur-Beuvron, on pourrait lui former l'arrondis-
sement des paroisses de Vouzon et La- Motte-sur-Beuvron,
Sennely, Souvigiiy, Vannes, Cliaon, Brinon, Pierrefitte,
Souesmes, Salbris, Nouan-le-Fuzelier, Tremblevif et Cliaumont.
Prions messieurs des États i^énéraux de s'occuper de faire
revivre cette manufacture, et en accordant le bureau demandé,
nous ferons notre possible, s'il leur est possible de venir au
secours du fabricant, de participer à ce secours iiutant qu'il
nous sera possible, et, par la suite, notre municipalité se
propose d'établir des prix d'encouragement pour la faire pros-
pérer.
20 Juges municipaux.
C'est pour parvenir à donner l'émulation si nécessaire poiu*
ramener les campagnes dans l'état florissant qu'elles étaient,
que nous demandons que la municipalité soit chargée d'exercer
et rendre la justice de police sans frais et dans tous les objets
qui lui seront soumis, et à cette connnission on voudra bien
y joindre celle de concilier les parties des procès naissant pour
les propriétés d'héritages, sauf à se pourvoir en justice et à
suivre sur les demandes, après l'avis des juges nmnicipaux (pii
seront sujets à passer par tour suivant la nomination (jui est
ordonnée, et lesquels seront choisis et renouvelés, pour un ou
deux membres à chacune élection à faire.
21" Baillis, procureurs-fiscaux et notaires de campagne.
Les municipalités de la campagne étant composées de prin-
cipaux habitants seraient chargées de toute espèce de pohce,
même conti'c les officiers de justice qu'il est avautageux
de conserver.
Dans les campagnes, les offices de judicature devraient être
remplis par des personnes zélées au bien général et au
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 427
soutien de la veuve et de Torphelin ; cependant, plusieurs juges
et procureurs -fiscaux en campagne abusent de leur place,
qui, les mettant au-dessus de leurs semblables, devraient n'être
que des modèles de prévenance et de désintéressement ;
l'autorité ne devrait être employée que pour se faire aimer et
respecter, rendre strictement la justice à vni chacun. Cependant,
on en voit qui prennent une conduite toute contraire à leur
devoir, faisant un objet de spéculation pour leur intérêt de
cette autorité, joignant presque toujours dans la campagne
le titre de cultivateur et de commerçant en tous genres ;
combien cet officier peut-il faire de mal ! Et malheureusement,
nous voyons tous les jours de ces tyrans exercer leur vengeance
et opprimer le cultivateur et le marchand.
Nous prions qu'il soit ordonné qu'aucuns officiers en cam-
pagne ne pourront être reçus sans un certificat des membres de
la municipalité où ils voudront s'établir.
Les juges sont indispensables dans les campagnes pour éviter
les courses et par la suite donner connaissance aux municipa-
lités des procès de leur communauté et tâcher d'en éviter les
suites, et on ne peut voir rien de plus respectable qu'un bon
officier à la tète d'une paroisse. Si cet officier n'est pas
instruit, comment espérer qu'un procureur-fiscal ignorant
puisse faire un bon notaire? Et si ce dernier fait un objet de
spéculation de ces places, on lui voit quelquefois entreprendre
tous les moyens lucratifs qui se présentent pour parvenir à son
but; et un notaire marchand ne peut acquérir les connaissances
des lois et coutumes, si nécessaires à celui que deux personnes
clioisissent pour rédiger leurs conventions et souvent éviter
leurs contestations.
S^*' Notaires royaux.
Nous espérons qu'on mettra en concurrence avec les notaires
des seigneuries les notaires royaux; -ces der'iiiers, reçus par
des juges supérieurs, sont généralement plus intelligents.
Un notaire royal devrait avoir pour limite l'étendue du bailliage
428 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
royal dans lequel il est reçu; on pourrait y ajouter le droit
à une certaine distance sur les bailliages royaux circonvoisins ;
cette concurrence avec les notaires des seigneurs donnerait
respectivement de l'émulation et ne gênerait point le parti-
culier dans la confiance qu'il accorderait.
Nous espérons que messieurs les notaires de ville récla-
meront contre les privilèges des notaires de Paris, surtout en
ce qui regarde l'affranchissement du contrôle.
Désirons que les municipalités soient autorisées à dresser
procès-verbaux de toutes contraventions, dans lesquelles seront
comprises celles des notaires de campagne, de les présenter et
dénoncer à la partie publique.
230 Mendiants.
Qu'en arrêtant par les municipalités les mendiants non
domiciliés, après les avoir conduits devant les juges des lieux,
s'ils sont des paroisses voisines, ils y seront menés aux dépens
de la communauté à qui ils appartiendront, dans l'éloignemont
de 4 lieues, et s'ils sont plus éloignés, au dépôt le plus prochain,
sans frais pour la connnuiianté qui les aura arrêtés.
24» Municipalités. — Impôts.
Dans l'espérance de la confirniation des tnunicipjdilés de
campagne, nous requérons la rélbriuation de l'an'èt du Conseil
portant règlement sur la loi-iue de la répartition et assiette des
tailles et autres impositions, et celle de la nomination de la
collecte. En ce qui concerne ladite collecte, suivant l'ai-ticle 7
de ce règlement du 8 août -1788, chaque numicipalité doit
former chaque année, ;iv;niL le i5 septembre, uu lahleau
contenant cin(| divisions dans chacune desquelles seront dislii-
bu(»s les [)ropri('taires domiciliés et autres habitants, à raison
de la quotité de leurs imposilioiis, savoii' : l'*' division, de tous
ceux payant 30 livres et plus; 2'= division, de ceux payant
12 livi-es et plus; 3^- division, de ceux payant 9 livres et plus;
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 429
4e division, de ceux payant 5 livres et plus ; 5c division, de
ceux payant moins de 5 livres.
Dans une colonne d'observations seront portées les notes
nécessaires à côté des noms des contribuables qui seront exempts
de collecte.
Ce tableau sera renouvelé chaque année ; que cet article et
les articles 8, 9 et 10 seront exécutés, ce dernier en ce qu'il
porte que les habitants seront nommés tour à tour à la
collecte.
Qu'il sera réformé en ce qu'il ordonne qu'il sera nommé
seulement deux collecteurs choisis dans les trois premières
divisions du tableau.
25° Collecteurs.
Requérant qu'il leur soit accordé comme par le passé cinq
collecteurs chargés de la recette des deniers de la communauté
par chaque année.
Que si, dans l'une des colonnes des cinq à passer, il se trouve
un membre de la municipalité, il sera pris un collecteur de
l'année suivante, et le membre de la municipalité remis au
rang du tableau sans déplacement, en sorte que, par la suite,
il passe collecteur à son tour ou en place de celui qui lui aura
succédé dans la municipalité.
26o Perception des impôts.
A défaut de nomination de cinq collecteurs chaque année, re-
mettre la perception de toutes espèces d'impôts à chaque munici-
palité, qui choisirait une personne pour en faire, sous son inspec-
tion, la recette. Observant que deux seuls collecteurs en cam-
pagne ne peuvent faire la perception des impôts de leur commu-
nauté. L'ordonnance éloigne de cette charge publique les trois
cinquièmes des contribuables; cliacun doit supporter le fardeau
d'en faire la perception. Le grand nombre se félicite de la
décharge accordée et de voir le cultivateur chargé de toutes les
peines. En Sologne, ce sera presque toujours au cultivateur à
430 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
être collecteur. Gomment le laboureur peut-il s'occuper de ses
travaux, qui, outre les siens, cultive gratuitement les terres des
locataires des dépendances de sa métairie, lesquels sont quel-
quefois jusqu'à trois par métairie, à qui il faut rendre neuf
mines de terre par saison, couvertes en blé-seigle et autant en
blé noir, faire les voitures nécessaires pour fumer les terres,
serrer les grains, foins, fourrages, cliaumes et bois, garder les
bestiaux accordés à chacun? Et ces locataires sont indispensables
à chaque domaine, quoique le produit des terres cultivées soit
très ingrat dans le centre de la Sologne. Le cultivateur est
continuellement occupé à travailler à ses terres. Le blé à peine
en terre, il faut faire des saignées et ouvertures à presque tous
les sillons pour y éviter le séjour de l'eau, qui, à cause du
défaut de sol, couvre toujours notre terrain. Il faut faire et
relever à chaque emblavure en blé-seigle tous les fossés qui
entourent les terres; ces fossés étant composés de terres légères
se soutiennent, pendant que la récolte est en terre, en
partie par les haies que l'on forme dessus, et c'est continuelle-
ment le môme ouvrage à recommencer. Il faut au cuUivateui',
outre ses domestiques, qui sont très nombreux par chaque
domaine, puisqu'on en compte dans chacun huit, connus sous
le nom de laboureur, valet de peine, bouair (1), vacher, din-
dier, servante, bergère, ignelière ('2), aux(|uels on joint deux
enfants, l'un porcher, l'autre pour veiller aux jeunes agneaux et
volailles, et continuellenient des journaliers. Comment le culti-
vateur collecteur peut-il li'availlei- et veiller sui' autant d'incli-
vidus (|ui sont à charge, s'il est continuellement occupé au
dehors? Car ce collecteur, dans une communauté comme celle
de Vouzon, est obligé de passer quatre jours par semaine pour
tracer sa paroisse, et contraint d'être le dimanche à la sortie
des messes pour recevoir des contribuables (|ni n'oni pu payer
en semaine; on l'oblige d'aller tous les mois an moins en
recette, et de donner chaque semaine un jour à la députa-
(1) Bouvier.
(2) Ignelicr : qui paido les (jneailx (agneaux, en Sologne el en Dcrry).
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON, 431
tion de la municipalité à l'effet de vérifier si le recouvrement
est en retard, les sommes reçues émargées sur le rôle, et si
elles existent entre les mains du collecteur.
27o Traités défendus.
Réformer l'article 9 de l'arrêt du Conseil du 10 août 1788,
qui défend à tous collecteurs de faire aucun traité avec des ser-
gents ou autres personnes pour- suivre le recouvrement de
leur rôle, à peine de 300 livres d'amende contre les collecteurs
qui se seraient dessaisis de leur rôle, etc.
Généralement, la Sologne est remplie de collecteurs ne
sachant ou n'écrivant pas assez bien pour mettre des reçus
sur les rôles, et encore moins pour tenir un état de ce qu'ils
recevront pour se rendre compte et rendre celui qu'ils doivent
à leur municipalité. Ce collecteur est donc forcé de se faire
accompagner d'un écrivain qui met les reçus, en tient un état,
et le collecteur reçoit l'argent; chaque jour, ils se rendent
compte de la recette sur le calcul des reçus du rôle vérifiés
sur l'état et de l'argent qui est en bourse ; cette vérification
prouve l'exactitude par le compte de l'argent qui se trouve en
égalité avec le montant des reçus.
27o Vérification.
Nous requérons la réforme des articles 17 et 18 ; ordonner
un travail moins multiplié dans les vérifications des recettes
des rôles, et qu'en cas de divertissement de deniers, chaque
municipalité [soit tenue] de s'assurer du déficit par le procès-
verbal à dresser lors de l'avertissement ordonné par l'article 18.
29" Taille.
Sa Majesté demande que nous l'aidions à sui'monter les diffi-
cultés qui se trouvent dans ses finances.
Nous ne connaissons des impôts :
lo Que la taille, nom que les contribuables, en partie,
demandent qu'on change ;
432 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
2o La capitation ;
3» Les impositions accessoires ;
4» La contribution aux corvées ;
(Ce sont les objets qui tombent le plus à la charge des cam-
pagnes . )
5o Les vingtièmes et sous par livre ;
6o L'imposition pour le sel ; cet objet est très à charge
en Sologne, et une diminution en devient indispensable.
7o Les droits d'aides.
On nous dit de demander, si les habitants le désirent, la
décharge de la taille, de la capitation d'industrie, de la contri-
bution à la corvée, même delà gabelle, qui serait convertie en
un impôt territorial payé par les propriétaires, aux offres par
les fermiers de tenir compte pendant le cours de leurs
baux aux propriétaires de ce qu'ils paient annuellement
pour taille, capitation d'industrie, évaluation des corvées et
gabelles.
Combien paierons-nous de récompense relativement à nos
fermes? Ces impôts excèdent dans la majeure partie des fer-
miers le prix de leurs fermes.
Nous payons en taille, actuellement sous un seul laiix :
lo La taille personnelle à chaque parLiciilier ('labli ;
2» La taille de propriété en toute espèce ;
3» Celle du produit des cours ;
4o Celle d'industrie relativement à la capacité connue à
chacun, et on ajoute à la taille un accessoire, sous le nom
d'imposition et capitation, jnontant à 23 sols pour livre du prix
de la taille.
30° ContrihxUion égale.
Puisque chaque particulier doit contribuer aux charges de
l'Etat, les hal)itants de la campagne doivent payer des imposi-
tions; ils doivent celle personnelle et celle d'industrie.
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 433
Si on établit, comme t(uites les communautés le désirent,
l'impôt territorial sur le propriétaire, on établira sur le cultiva-
teur, fermier, marchand, fabricant et journalier de campagne,
sur le même rôle, rinipùt personnel d'industrie et de culture ;
cet impôt évitera toute discussion avec les propriétaires.
Nous désirons un seul impôt sous les noms ci-dessus ; on y
confondra les impositions accessoii'es et capitation. La Sologne
a grand besoin et demande des diminutions; enfin, c'est une
répartition juste et égale qu'il faut établir.
31" Communautés.
Chaque communauté dans la campagne ne sera jamais assez
judicieuse pour se taxer elle-même : si la discorde n'est pas
dans les membres, la jalousie existe dans les autres contri-
buables. Il serait nécessaire, pour établir l'égalité, de former des
rapports entre chaque communauté, nommer par cantons com-
posés d'un certain nombre de paroisses (comme de 25) trois
syndics de municipalité, qui travailleraient, dans le district qui
leur serait confié, à la répartition égale avec chaque municipa-
lité, et d'après une assemblée générale où serait fait lecture
des rôles ; demander et dresser procès-verbal de la tenue et
facultés de chaque contribuable, travailler à la répartition exacte
et judicieuse, sauf l'appel devant les juges qui en doivent con-
naître, et que, dans les contestations qui surviendraient dans
les cas d'action en surtaux, pour éviter à frais, ces syndics
donneraient des certificats à des motifs qui auraient occasionné
l'augmentation domiée au plaignant.
3'io Domaines en Sologne.
Sur (juoi asseoir la taille en Sologne? Le centre de cette pro-
vince est composé de domaines formés de bâtiments pour le
fermier et l'exploitation de jardins, terres labourables, prés,
pâtis, bruyères, landes, étangs, bois, taillis ; aujourd'liui, peu
de futaies. Le pi'oduitde ces héritages est tout consommé dans
le domaine par le fermier, ses domosti<[ues, les bestiaux en
T. I. 28
434 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
bœufs, vaches, chevaux et bêles à hiine. Ces derniers forment
presque tout le profit, et une ferme de 400 arpents d'héri-
tages rapporte au propriétaire environ 300 Uvres ; il j^aie un
quart de ces revenus en réparations-, il faut aussi payer les
vingtièmes.
33° Corvées et grands cJiemins.
Quant à l'imposition pour la corvée, cette contribution est
très onéreuse pour les campagnes; elle devrait èti^e réunie à
l'impôt territorial, s'il a lieu, ou remise, en Sologne, à la charge
des communautés.
La connaissance de l'emploi des deniers de cette rétribution
est confiée aux assemblées provinciales, si les communautés
paient, comme ils (sic) ne peuvent s'en dispenser, soit par un
impôt particulier ou un accessoire à l'impôt territorial.
Cet impôt, qui monte actuellement pour la généralité d'Or-
léans à 5 s. 2 d. pour livre du principal de la taille, doit être
employé à l'entretien des grandes routes, et cet emploi doit
être connu des contribuables; pourquoi on a formé des dépar-
tements; le nôtre est celui de La Ferté. Avertis de nous rendre
au château de La Ferté-Lowendal, le 28 mai dernier, pour
assister à l'adjudication au rabais des ouvrages à faire sui' la
route de Paris à Toulouse, depuis la borne 70 jusqu'à la
borne 88, nous nous sommes trouvés seulement deux syndics
de 25 qui avons réclamé la communication des devis faits par
le sieur ingénieur; que ce défaut (auquel il a été ordonné qu'il
y serait remédié pour l'avenir) nous a privés de ciiarger nos
communes respectives de rem[»lir sons la direction et des
membres adjudicataires avec c;uitiun des ouvrages portés aux
devis présentés ; qu'en ce faisant, si nous ne venions pas au
soulagement des paroisses, nous aurions reversé sur partie des
contribuables les deniers qui passent en des mains étrangères
et ôteiit à chaque paroisse le numéraii'e en es[)èces, procuré
sûrement un bienfait que nous aurions reversé au prorata sur
le général du département chargé de la conli'ihiition, et, par
cette voie, procuré à notre département contribuable des
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 435
ressources, qui, avec les deniers offerts lors pour parvenir à
des travaux de charité, nous auraient procuré des secours en
faisant travailler aux chemins d'avenues de nos bourgs ou autres
ouvrages pareils par les temps d'hiver, le malheureux de chaque
communauté étant trop pauvre pour nous procurer ces travaux
de charité par une autre voie.
Nous nous sommes chargés de la réception des ouvrages à
faire par l'adjudicataire; il nous a fallu deux jours pour par-
courir quatre milles de longueur, parce que aucun tas des
approvisionnements ne se sont trouvés de jauge et que, dans
cet espace, nous avons verbalisé pour une recharge de près
de 18 toises cubes de sable d'approvisionnement.
Or, comme un département est chargé de l'entretien ci-
dessus, nous demandons que la corvée soit rétablie en Sologne
sur les paroisses voisines et que leur taxe soit reversée sur
ceux qui seront chargés de l'ouvrage, conjointement avec les
autres conmiunautés de département ; qu'il soit justifié de
l'emploi des deniers que ce département paie pour contribu-
tion, parce que, s'il y a dans l'impôt un excédent du prix de
l'adjudication, la somme doit être mise en dépôt pour subvenir
aux travaux extraordinaires de ce département ou en assurer
la rentrée après un temps limité; justifier du compte de
l'emploi des deniers imposés et reçus par chaque départe-
ment.
34o Route d'Auhigny à Henrichemont.
Nous ne pouvons nous dispenser de renouveler nos demandes
pour la route de communication ; depuis longtemps, nous
adressons des plaintes inutiles contre la route que fait faire le
seigneur d'Argent et Brinon pour le conduire de ces bourgs à
la grande route de Toulouse ; cette route a été tracée et
déplacée nombre de fois, pour tomber au bout des chaussées
des ponts de cette grande route à La Motte-sur-Beuvron .
Pour rendre ce chemin (puisqu'il est commencé) utile, il
convient lui donner la direction du chemin de Brinon à Nonan-
436 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
le-Fuzelier, jusqu'à la rencontre du chemin de Pierrefitte à La
Motte-sur-Beuvron; ce dernier est le grand chemin qui conduit
d'Hemicliemont, les forges à fer et verreries d'Yvoy-le-Pré et
d'Aubigny à Orléans. Arrivé au chemin de Pierrefitte, près
l'étang du chemin, on lui donnerait sa direction jusqu'à La
Motte, et par suite on ferait le chemin de cet endroit jusqu'au
pont de Pierrefitte, pont qui traverse la Sauldre et cjui a grand
besoin de réparations, quoique construit depuis peu d'années ;
continuer cette route par embranchement à celle d'Aubigny
d'une part et de l'autre par Ménétréol, Presly-le-Chétif et La
Chapelle-d'Angillon, où elle rencontrerait la route de Bourges,
par Aubigny, à Gien, et de cet endroit, lui donner la commu-
nication à Henrichemont et autres endroits nécessaires.
Cette route est des plus utiles pour le débouché des denrées
de cette partie du Berry dont la généralité s'étend jusqu'aux
bornes des paroisses de Ménétréol et Souesmes pour la partie
d'IIenrichemont, et pour celle d'Aubigny jus(iu'à la borne des
paroisses de Brinon et Sahite-Montaine.
Elle procurerait pour notre partie de la Sologne les débou-
chés moins coûteux des foins de Sauldre des i)aroisses de
Souesmes, Pierrefitte, Brinon et Clemont, prairies qui appro-
visionnent notre route depuis Salbris jusqu'à La Ferlé-
Lowendal.
35° Route de Romorantin.
Une autre route encore très utile et qui demande d'être
redressée et entretenue, c'est la route de Romorantin à
Orléans. Si on laisse subsister cette route par Millançay, la
Ferté-Beauharnais et Chaumont, il est nécessaire, pour éviter
la dépense des ponts d'entre la Ferté et Chaumont, il convient
tirer cette route en droite ligne de Ciiaumont, suivant à peu
près le chemin de ce bourg à celui «le Ménestreau-en-VillcttCi
(]ni fciait ;iiriver ce chemin siii' la route de Paris à Toulouse^
au n» 7.'{ on environ.
Plusieurs connnunautcs demandent d'autres routes; s'il est
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 437
présenté quelque mémoire, on désirerait qu'il ne soit rien
statué sans un certificat des municipalités du département, qui
les demandera pour constater leur utilité,
300 Vingtièmes.
Il est juste d'ordonner une nouvelle répartition de cet impôt
qui doit porter celui d'impôt territorial ; c'est sur cet objet
qu'on doit stipuler une loi stable et qui fasse répartir cet impôt
généralement sur tous les propriétaires indistinctement, sans
privilège ; d'en accorder dans l'imposition, c'est y permettre
des abus; les privilèges accordés à toutes communautés et
gens de mainmorte ne peuvent être regardés que comme un
droit abusif, et tous propriétaires doivent payer en proportion
de leurs propriétés.
Pour la faire juste, il faut admettre dans la répartition à faire
dans chaque communauté des personnes versées dans la con-
naissance de la valeur des héritages de chacun en particulier
et de leur situation, et ordonner que la vérification sera faite
par département tous les six ans, afin d'accorder des décharges
à ceux qui auraient souffert ou dont les héritages seraient
dépréciés, et une augmentation à ceux qui auraient augmenté
par nouvelles bâtisses ou cultures ou changement de nature
de biens. Fixer la remise à faire pour les bâtiments, relative-
ment aux réparations annuelles d'entretien. Que la Sologne en
général demande qu'on s'occupe de cet article des bâtiments;
tout y est consli'uit eu bois et en bâtiments sujets à manquer
parles soles qui les soutiennent, demandent des reconstructions
et réparations très coûteuses; le remplissage des murs de ces
bâtiments étant fait de torchis, il faut y travaiUer tous les ans;
un bâtiment neuf a besoin de réparations l'année qui suit sa
construction.
37° Gabelles.
('•'1 iinjxH est un de ceux qui fait (stc) le plus de tort à la So-
logne; la vente du sel sur le pied qu'il subsiste est ruineuse pour
438 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
un cultivateur, qui est obligé de nourrir plusieurs domestiques
et des journaliers, et il ne peut jamais s'en procurer la (pian-
tité suffisante, car le sel est non seulement nécessaire pour
assaisonner les aliments, mais encore il est nécessaire pour
les bestiaux. La cherté de cette denrée indispensable est seule
cause que le cultivateur s'en prive ; on ne peut procurer à un
troupeau de bêtes à laine un meilleur remède que le sel mêlé
dans ses aliments, lorsqu'il est malade. Nous demandons une
diminution de cette denrée dont nous voyons souvent nombre
de nos habitants de campagne privés par le défaut d'argent
pour s'en procurer.
Un impôt représentatif de celui que paie au trésor de l'État
la ferme générale des gabelles pourrait-il ôter les entraves que
les devoirs de gabelle ont fait naitre, et les procès qui survien-
nent par la fraude faite des difiérents sels de contrebande? Car
il faut au public un moyen de lui procurer cette denrée ; en le
rendant marchand, il en surviendrait de nouvelles parce ((u'il
faut payer une taxe; l'État en a des magasins que ceux qui sont
à la tète ont bien soin de tenir munis; ces magasins seront
toujours nécessaires; il faudrait les multipher, en diminuer le
prix et éviter le déplacement pour s'en procurer; ce serait à
Vouzon un encouragement pour le bourg et un moyen d'y
rétablir les marchés.
Pour parvenir à la diminution, il faudrait éviter tous les abus
du franc-salé ; en ôtant ce privilège aux provinces qui en
jouissent, on détruirait la contrebande et éviterait les grands
frais employés pour la garde de ces frontières.
11 paraît impossible que l'objet du sel, qui fait une somme
considérable dans le numéraire accordé pour l'acquitteuuMil
des ciiarges de la Nation, puisse être aboli et joint à l'impôt
territorial; il faut un remède aux abus; pour acquérir la <liiiii-
nution du prix, qui formera une augmentation dans la consom-
mation, que le sel soit de bonne qualité et mieux livré qu'il ne
l'est au public.
CAHIER DE VOIZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 439
38o Tabac.
Quant à rinipùt aflecté à la vente du tabac, cette consomma-
tion, qui est devenue très considérable, doit être regardée
autrement que celle du sel : c'est une consommation à laquelle
chaque personne s'habitue volontairement; on peut s'en passer.
Par cette raison, il ne (orme pas un objet de consommation; il
est juste que celui qui en use paie le plaisir qu'il se procure;
car il y a des personnes qui ont cette passion jusqu'à dire
qu'ils se passeraient plutôt de pain que de tabac.
39o Droits d'aides.
Quoique cet impôt n'intéresse guère notre communauté,
nous ne pouvons nous empêcher de l'éclamer une autre
manière de percevoir les droits qui devraient être acquittés
par les vendeurs sans distinction ; l'impôt mis sur le débitant
du vin occasionne une fraude dans les campagnes qui produit
toute espèce de maux.
Combien dans les campagnes de débitants clandestins ! Sou-
vent, ceux (|ui vendent avec enseigne sont le refuge de toute
espèce de gens, qui, ayant perdu la raison par l'excès du vin, les
met à un rang plus vil que les bêtes, agite sur chaque ivrogne
la passion qui domine ; de là s'ensuit les excès de la brutalité,
les batteries, la perte de sa santé, l'altération dans le tempé-
rament, et le mépris des honnêtes gens qui souffrent de voir
des cabaretiers que l'appât du gain fait souffrir et souvent
exciter chez eux l'ivrognerie. Un ivrogne n'ayant plus de rai-
son devient, en outre, la dupe de ces vils artisans d'un état
qui n'est soulîert que pour procurer au voyageur et à l'étran-
ger son nécessaire ; personne ne dénonce dans la campagne
ces gens-là : il est donc nécessaire d'accorder aux munici-
palités cette police.
Le désordre des cabarets n'est rien en comparaison de ce
qui se passe chez les particuliers qui vendent en fraude : c'est
le refuge des libertins en tous genres qui savent qu'ils sont hors
d'inspection, auxquels se joignent nombre de gens sans aveu,
440 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
tels que des colporteurs, des terrassiers, tendeurs, scieurs de
long, bûcherons et autres personnes, qui n'ont ni feu ni lieu
de résidence. Il se fait dans de pareilles assemblées des vols
ou batteries et ôte la connaissance des délits les plus grands
qui demeurent sans punition.
Les droits payés indistinctement sur la récolte pourraient
éviter toutes ces tavernes, et la police contiendrait les ivrognes
dans les cabarets des bourgs.
Les personnes versées dans les abus de la perception de ces
droits les développeront sûrement et donneront les moyens
d'y remédier en conservant à l'État l'impôt qu'il en retire.
40» Productions de la Sologne.
Le général des anciens habitants de Sologne était proprié-
taire : les noms des domaines de chaque paroisse portent
encore le nom de partie des familles qui subsistent aujour-
d'hui. Dans ces temps heureux, au lieu de réunir, comme on
a fait depuis que la Sologne se dépeuple, plusieurs domaines
en un seul, sans parvenir à former un domaine lucratif, on les
divisait dans toutes les successions, ce qui encourageait la
culture des terres et des vignes, qui, lors, couvraient une par-
tie de la Sologne, des productions en bois de toute espèce,
qui, comme le surphis des héritages, forment aujourd'hui des
pâtis. Aussi nos prédécesseurs avaient multiplié les fossés,
qui, en bornant leurs propriétés, assainissaient leurs héritages;
tout était bien cultivé et gardé, ce qui procurait des grains et
autres productions qui remplissaient l'ambition de chaque pro-
priétaire qui, en payant presque aucun impôt, se contentait
des productions du pays, quoique malsain, étant rempli
d'étangs et eaux croupissantes. -
Ces héritages, si bien cultivés, sont diminués aujourd'hui
des trois quarts, pi'oduit (sic) aussi à peine le quart de ce
ipiils produisaient; aussi, la Sologne, ([uoique dépeuplée, n'en
est pas plus riche en productions; elles sont à peine suflisanlcs
dans tous les temps pour la nourriture de ses habitants et
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 441
jamais suffisantes pour celle des bestiaux. Les seigles qui se
vendent chacun an ne sont pas en si grande quantité que les
froments que nous allons chercher au loin ; il faut pareille-
ment aller chercher le vin. Les guerres et les impôts ont donc
dévasté la population de notre Sologne, et ceux qui la peu-
plent aujourd'hui nous présentent des gens atténués, pares-
seux, partie enclin[sj au bracoimage; il est nécessaire de ban-
nir cette passion, donner de l'émulation en leur procurant des
propriétés qui feront renaître leur courage et remettront l'ai-
sance non seulement dans les cultivateurs, mais dans les habi-
tants des bourgs par l'établissement des marchés.
41o Formation des cultivateurs.
Depuis les réunions pour former de plusieurs un seul
domaine, comment se forme un cultivateur en Sologne? Un
locataire qui a nombre d'enfants que son travail ne peut suf-
fire pour les élever se présente pour prendre une ferme à
moitié ; par cet arrangement, il parvient à élever sa famille
qui, étant en âge de s'établir, se marie chez le père, qui leur
donne de petits avantages comme domestiques. Les enfants de
ces nouveaux mariés s'élèvent avec la famille qui, ayant ména-
gé les profits que lui auront produit une boisselée de jardins
ensemencés en chanvre, et quatre ou six bêtes à laine qu'on
leur accorde dans le troupeau avec 12 livres de service en
argent, les met dans le cas de succéder à leurs père et mère
dans la jouissance du domaine où ils ont été élevés, et, par
suite, leurs enfants leur tiennent lieu de domestiques.
Il serait nécessaire de détruire les moitiés en Sologne ; un
propriétaire qui le désirerait est fort embarrassé : tout lui
appartient dans ce qui sert à faire valoir sa métairie ; il four-
nit juscpi'au bois pour les voitures, charrues et berouettes (sic).
Sui' quoi élabhr l'hypothèque de sa ferme et la sûreté de ses
bestiaux? Souvent, on perd un cheptel entier et plusieurs
années de ferme. Cependant le propriétaire a des impôts à
442 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
payer; on se propose même de le charger de ceux que son
colon paie pour ses impôts personnels.
43^J Orphelins.
Malgré l'indolence qui règne dans nos cultivateurs, surtout
dans ceux qui sont à moitié, on ne peut voir un pays où
l'ordre dans la famille soit mieux établi; la charité du Solognot
s'étend sur tout : si la mort surprend un parent, laissant des
orphelins en bas âge, les parents s'empressent à les prendre
chez eux, les élever jusqu'à ce qu'ils soient en état de servir;
ce terme est fixé à quinze ans, et il est rare de voir des orphe-
lins manquer de reconnaissance, restant presque toujours à
soulager et travailler chez ceux qui les ont élevés. Nous récla-
mons des récompenses pour ces bienfaiteurs de l'humanité.
Droits domaniaux. Contrôle.
Nous avons demandé l'abolition du droit de franc-fief, et de
quelle façon il se perçoit; il faut détruire en abolissant les
hefs en entier et mettant tous les héritages possédés par les
roturiers dans la même classe.
44° Frais de justice.
En l'éformant les contnMes, nous désirons qu'on travaille à
réformer les frais de justice et qu'on abrège les procédures;
c'est aux municipalités des villes à faire connaître les abus sans
nombre et les frais considérables (|ue peut multiplier un
praticien avide, comme il y en a qui disent : « Si nous niulti-
j^lions, nous y sommes autorisés ». Le Roi tire, par le papier
et contrôle, le sceau et les droits de grefïes, au moins la
moitié du nioiitant d'un mémoire de h'ais. Il faut donc réformer
ces derniers droits pour parvenir à réformer l'abus des frais
des praticiens.
45" Successions.
N'ayant presque point de propriétés, la fortune du général
consiste en mobilier. Quel mobilier? celui propre à une exploi-
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 443
tation sans aisance, qui, en cas de décès d'un père de famille ou
de son épouse, souvent des deux, sont détaillés et constatés
par un inventaire, qui, dans le premier cas, ne peut être suivi
par même cahier de la liquidation des droits des parties à cause
des dettes qui souvent ne sont pas connues ou à cause qu'on
n'a pu connaître tout le mobilier qui, pour le plus certain de
la succession, consiste en grains à battre dans la grange et
dans celui qui est en terre, au moyen de ce qu'un père ou
tuteur est chargé de mineurs en [espace laissé en blanc], en
poissons qui sont dans les étangs, pour lesquels il faut attendre
près de deux ans, on paie un droit de contrôle du montant de
l'inventaire suivant le tarif et les 10 sols pour livre. Comme le
partage de la masse de la conmiunauté forme un second acte,
on paie un nouveau droit du montant de cette masse; cepen-
dant, il ne devrait y avoir que l'excédent de cette masse à celle
d'inventaire qui soit un droit au Roi ; autrement, c'est payer
deux fois, et c'est ce qu'on exige.
46o Quatre sols pour livre.
Dans le second cas, qui est celui du décès dans une seconde
communauté, ou lorsque des enfants perdent père et mère,
pour méixiger les biens de la veuve et de l'orphelin, après
avoir payé le droit de contrôle d'une masse d'inventaire, il faut
procéder à une vente qui paie : l» le droit dû comme acte fait
par le ministère d'un luiissier; si un notaire ou autre officier
fait cette vente, on fait payer en outre le droit du contrôle de
la masse ; si c'est un luiissier, on paie seulement au tarif des
actes comme notaij-e le droit de l'excédent de la vente sur le
montant de l'inventaire; si la vente monte moins que l'inven-
taire, on ne restitue point. Ensuite on paie ou au Roi ou à un
huissier-priseur (charge introduite pour ruiner les familles :
c'est à ceux qui ont cette vermine sur les bras d'en développer
les vexations) un droit de quatre deniers pour livre du prix
des adjufhcations portées au procès-verbal de vente. Cette
vente faite à grands frais, il faut des procès-verbaux (l'usage
en veut trois) :
444 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
l» Pour adjuger la récolte à faire des blés-seigles et blés
noirs, qui étaient pendants par les racines lors de la vente ;
2o Pour vendre après les récoltes les grains récoltés ;
Et 30 des procès-verbaux du mesurage des grains à chacune
des ventes que l'on fait pour livrer les grains vendus, et le
commis perçoit sur ce dernier les quatre deniers pour livre.
470 Exemple.
Cette année, la plus ingrate en production que l'on n'ait vue
depuis longtemps en Sologne, les procès-verbaux d'amassage,
vente de produits d'une récolte de blé-seigle et celui de la
livraison viennent de coûter à une succession 39 1. 19 s., et
c'est un honnête huissier qui a fait ces actes; les amassages
payés, il est resté pour la succession 2 1. il s., et il a fallu
dresser, pour la décharge du tuteur, un acte devant notaire qui
engendre des droits de 11. 17 s. 6 d. ; reste pour le coût de
l'acte 3 s. 10 d. laissés au notaire, et les parties ont quitté son
étude en maudissant le commis au contrôle et l'huissier.
Tous ces actes faits, il faut former une masse de la succession
qui généralement, en Sologne, sont absorbées (s îc) parles dettes
dont elles sont chargées et les frais de justice, car les droits de
contrôle et de papier passent pour droits de justice; le commis
prend encore le contrôle sur le loLal de la masse active.
Le droit ne devrait-il pas être perçu dans les liquidations et
partages sur la masse qui reste à partager entre les héritiers?
Cette somme est celle qui forme la ou les successions, parce
que ce droit représente le droit de quittance que se doivent les
héritiers respectivement, car autrement le droit de contrôle
ne devrait être ({ue de 15 s., y com[)ris les 10 s. pour livre, et
c'est ce qui est ordonné par le tarif.
48o Insinuation.
On exige poui- le coiiIimI de mariage un droil (rinsiimatioii
de préciput; les administrateurs des droits de conti'ôle ont
trouvé par cet établissement celui de faire payer un droit arbi-
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 445
traire et de restreindre et de mettre une [espace laissé en blanc]
à l'avantage qui devrait être le plus autorisé entre conjoints,
et, quoique le préciput soit un avantage à prendre dans les
biens de la communauté, celui à qui il est accordé y a moitié,
ou perçoit le droit sur le total de son estimation, et il faut
qu'elle soit bien et exactement ftiite, sinon le commis perçoit
ce droit sur la qualité des contractants ou de leurs pères ou
mères, en sorte que c'est toujours le droit d'un riche cultiva-
teur qu'on perçoit, et il n'est pas rare qu'un futur qui a
apporté 200 livres de dot paie un droit d'insinuation de 15
livres.
Quant aux autres droits, qui sont ceux de l'insinuation, du
centième denier, denier ou droit des successions collatérales
et franc-fief, dont nous avons ci-devant dit quelque chose, c'est
aux personnes que ces droits intéressent de les faire connaître
et d'en présenter le tableau au vrai.
49» Contrôleurs.
En s'occupant de la réforme et d'une unité parfaite dans la
perception des droits de contrôle, qui sont de toute nécessité
pour éviter le désordre que l'on voit régner dans les minutes
d'avant cet établissement, nous désirerions qu'aucun notaire ne
fût chargé de percevoir ces droits ou que chaque notaire en
fût chargé ; presque partout, c'est un notaire qui est chargé de
percevoir les droits de contrôle : c'est contre les intérêts de
leurs confrères et celui des parties, ce qu'il est nécessaire de
réformer, en ce qu'on ne doit point être gêné dans la confiance,
et si malheureusement des parties se servent d'un notaire qui
n'est pas contrôleur, il faut bien de la précision pour que le
contrôleur ne s'échappe pas à surcharger les droits, et pour lors
il faut se pourvoir, et où? Tous ceux qui sont autorisés à déci-
der sont parties intéressées à fîùre augmenter la perception. Si
nous avons le bonheur d'avoir des judicieux directeurs, nous
en sommes quittes pour les courses, et c'est heureusement ce
que nous éprouvons.
446 BAILLIAGE Ij'ORLÉANS.
Il n'en est pas de même des contrôleurs ambulants qui
devraient être occupés à vérifier les notaires ; et les contrôleurs,
les notaires ne les voient que pour faire des recherches fur-
tives chez eux, quand, en faisant rendre les comptes tous les
trois mois au bureau de leur arrondissement, ils rencontrent
un acte qui leur paraît suspect pour le droit. Ils donnent une
note au commis pour faire remettre la minute et percevoir un
droit plus fort sur un acte qu'il n'a jamais vu, et il est très rare
de les voir faire rapporter des minutes pour restituer des
droits pris injustement, cela n'arrive jamais : il faut se pour-
voir.
Nous espérons qu'on s'occupera de réformer tous les abus
qui régnent dans cette partie ; ils y sont aussi multipliés presque
comme les actes y sujets dans les campagnes quand on a un
contrôleur jaloux et envieux de la confiance donnée à leurs (sic)
confrères notaires de leur arrondisement.
50» Paulette.
Nous espérons que Messieurs les officiers de ville s'occupe-
ront de remontrer l'odieux du droit de paulette exigé des offi-
ciers propriétaires de charges ; puisqu'ils sont de la nature des
biens patrimoniaux, la propriété en appartient au titulaire, il
doit payer et être compris au rôle des impositions territo-
riales ; c'est à la classe des propriétés qu'il doit être compris, et
nous espérons qu'ils y seront joints.
51 o Privilèges des villes.
Nous espérons que l'on s'occupera à mettre l'égalité dans
tout ce qui compose le Tiers état, soit des villes, soit des cam-
pagnes. Les privilèges accordés aux villes ont dévasté les cam-
pagnes : il est temps de les faire cesser. Qu'avait fait mon
oncle plus que mon père? Mon père était l'aîné de ses frères
et sœurs; son père le retient auprès de lui pour l'aider et sou-
lager dans son travail et dans son commerce ; il fait conduire le
cadet en ville, lui procure à grands frais de l'éducation ; il ne
veut plus i-evenir habiter la maison île son père, il connaît le
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-BEUVRON. 447
grand monde. Noire père lait l'acquisition d'un lief qui lui
convient; cet héritage, négligé par des fermiers indolents,
devient un Pérou pour la famille ; le père a déclaré qu'il
entend qu'il soit partagé comme un bien roturier; à son décès,
ce bien de la succession convient au frère aîné. Mais ce frère
aîné, qui lui-même a donné une valeur relative à ce qu'est
l'héritage, a fait augmenter considérablement le droit de franc-
fief dû par le décès du père commun ; il considère que se
rendant propriétaire de ce tief, il formera un objet qui appar-
tiendra presque en total à son fils aîné, et diminuera la portion
de ses frères. Il abandonne ce fief au cadet, habitant de ville,
exempt de franc-fief, et l'aîné devient fermier du cadet, et ce
cadet, propriétaire d'un fief, ne vient voir ce frère aîné (jue
pour le narguer de sa propriété qui lui donne le droit de chas-
ser et foulera ses pieds les productions de son aîné. Quoiqu'on
ait, depuis quelques années, ôté le droit de franc-fief des pri-
vilèges dont jouissent les habitants d'Orléans, nous avons cru
devoir rapporter ce que dessus pour le (aire cesser vis-à-vis
des autres villes qui en peuvent jouir, et faire voir ce qu'un
droit aussi abusif que celui de la chasse donne d'autorité à un
habitant de ville sur un de la campagne, ([uoique le premier
soit le cadet du second qui s'est toujours occupé de contribuer
à l'augmentation de la fortune, qui occasionne le mépris que
son frère fait de lui.
52o Syndics.
Nos municipalités de campagne auront toujours besoin d'être
conduites par un syndic qui aura en vue au moins autant
l'intérêt de sa communauté que les siens; généralement ({uand
il s'agit du bien général, il faut le préférer au sien particulier.
Comme ce ne sera sûrement pas le principe qui conduira tous
ceux qui sont ou seront nommés syndics, il est nécessaire d'y
mettre un frein, en les assujettisant à une autorité qui contre-
balancera celle dont ils pourraient abuser; mais il faut accorder
des encouragements aux municipalités pour les faire prospérer
avec les succès du besoin que l'on espère de ces utiles établis-
448 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sements qui forment des corvées bien pénibles à remplir pour
un bon syndic.
Nous répétons encore ici qu'on doit avoir égard aux conunu-
nautés qui sont, comme la notre, au centre de la Sologne,
terrain qui ne produit qu'à peine pour l'entretien de ses habi-
tants et bestiaux, où les particuliers sont obligés de tirer les
besoins de nécessité à grands frais ; ils ne peuvent faire argent
de rien. Si un cultivateur a besoin de se procurer du grain
soit pour lui ou pour ses bestiaux, et un aubergiste pour les
passants, il faut aller le chercher à Orléans, à Aubigny,
à Vierzon ou à Romorantin ; le plus proche est Orléans ; nous
en sommes à 9 lieues ; il faut prendre des arrangements pour
avoir ses besoins prêts à l'arrivée ; ce faisant, on ne découche
qu'une nuit; s'il faut attendre un marché, il faut découcher
deux nuits. De combien ces frais augmentent-ils les denrées
qu'on va chercher, et quelle différence entre un cultivateur et
un aubergiste qui part le matin de cliez lui pour aller à un
marché et revenir coucher à sa maison? Il n'y en a presque
point. Cependant, un voiturier ou autre ne voudra pas payer
le foin et l'avoine plus cher à La Motte ou à Nouan qu'il le paie
à La Ferté. Quelle différence dans les profits du débitant!
53» Moulins.
Nos petites rivières demanderaient qu'il n'y eût aucun mou-
lin sur leur cours qui les arrête. Sans cela, chaque particuUer
pourrait arroser ses prés; mais comme les nioiiHiis sont, pour
quelques-uns, très nécessaires, il faut les laisser subsister.
La plupart manquent d'eau dans les étés, et dans les abondances
d'eau en hiver, ils ne peuvent tourner ; par ces raisons, les
moulins sont très peu lucratifs en Sologne, et les propriétaires
les laissent subsister à cause de leur utilité. On devrait seule-
ment défendre les réparations aux bieds sans visite de muniei-
])alit(' pour en établii- le uiveau; ces bituls étant en bois lors
de ItMU' construction, on les élève par le moyen du courroy
qu'on bat dessous, et cet exhaussement noie la sole des
CAHIER DE VOUZON ET LA MOTTE-CEUVRON. 4i-U
héritages voisins; nous en avons un dont l'exhaussement fait
au bied fait remonter l'eau à une demi-lieue,
[54o] Banalilé.
Notre communauté espère que l'on voudra bien s'occuper
des droits de banalité ; le bourg de Vouzon a un four banal ;
quelques habitants aisés en demandent hi destruction;
le peuple ne la désire pas en disant qu'il lui est plus aisé de
trouver trois sols pour faire cuire quatre pains, que de faire
chaulïer un four, ne pouvant se procurer de bois ; il ne pour-
rait se procurer de pain que par l'achat chez le marcliand, et,
en campagne, tout le monde a besoin de son.
[55o] Boucherie.
On réclame contre le droit de boucherie et de charcuterie ;
les seigneurs ont le droit d'abattre et faire tuer des bestiaux
pour le public ; ils ont ordinairement un fermier, mais ce fermier
ne peut transporter de viande sans s'exposer, les droits d'aides
exigent une rétribution pour le droit de transport que les
conmiis à ce droit afferment à qui bon leur semble, de sorte
que très souvent, croyant avoir dans un bourg un boucher,
on en a deux et un plus grand nombre, s'il se présente et ollre
de l'argent pour acquérir le droit de transporter ; de là,
nombre de procès. Il est juste d'abolir ce droit; on pourrait
abolir les boucheries, mais il en résulterait que chacun tuerait
et que le pubhc serait mal servi ; il faut, dans chaque munici-
palité, un débitant de viande; le grand nombre ne pourrait
s'y soutenir.
Enlin, en formant l'égalité dans les impôts entre les trois
ordres qui composent le royaume, nous désirons qu'on conserve
aux deux premiers les droits et ])rééminences qui leur sont
dus, désapprouvant ceux qui demandent une égalité en tout,
nous étant accordé par égalité dans les charges de l'État;
nous devons de la reconnaissance et la faire paraître par
la satisl'acLion <|ue nous devons avoir du doublement de nos
T. 1. 20
450 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
représentants et le respect que nous devons toujours conserver
pour les deux premiers ordres.
Arrêté par les habitants des communautés de Vouzon et
La Motte-sur-Beuvron dans l'assemblée générale tenue par
Messieurs les officiers, pour être présenté par les députés
de cette communauté à l'assemblée qui se tiendra par
monsieur le lieutenant général du bailliage d'Orléans, le
7 mars présent mois. Au prétoire de Vouzon, ce h'^ mars 1789 ;
et ont ceux qui n'ont signé déclaré ne le savoir.
(Suivent 19 signatures : celles de Huet ; Leroy, Boizeau,
grelTier ; Brigot, etc.)
32» Nouan-le-Fuzelier.
Dép. Loir-et-Cher. At-r. Roniorantin. C^'^. La Motte-Beuvi'on.
Gén. El. Orléans. Gren. Roniorantin (1). Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 163 feux (2). Environ 500 comnuiniants.
De Berthoneuf, procureur à Paris. 3 justices, r. à l'évêché d'Orléans,
à Blois et à Nouan. Il y aie fief et haute justice de Burtin qui dépend du
bailliage de Blois, appartient à Madame de Berthoneuf, de Paris. Petit
marché le vendredi (3). Foires, le jeudi gras, le 10 août et le 11 novembre.
Ce sont les carosses de Bourges et messageries d'Issoudun qui se chargent
des lettres et paquets. Br. de La t'erté. A 5 lieues de La Ferté et
10 d'Orléans. Routes d'Orléans à liourges et Limoges ; de (]hauniont.
Pays couvert. Sologne. Terroir sablonneux et mauvais ; presque toutes
terres labourables rapportant seigles, blés noirs, et quelques légumes ;
mauvais pacages et peu d'étangs. Les grains suffisent à peine pour la
consommation du pays. Commerce peu i-onsidérable, ne ccnsiste qu'en
quehiues bestiaux à laine et poisson. La cure vaut 1,000 1., aimée
commune.
1708. — 365 feux. Le marquis de la Carte. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,473 1. 10 s., dont 3.000.10
])our le principal et 4,474 pour les impositions accessoires et la capita-
lion.
(1) D'après Joussc.
(2) Au-dessous : 1811.
(3j A Coté : jeudi.
CAHIER DE NOUAN-LE-FUZELIER. 451
Procès-vkrbal. — Assemblée électorale le dimanche 1" mars,
à l'issue (les vêpres, à la porte principale de l'église, sous la présidence
de Laurent Leroy, notaire royal au bailliage d'Orléans à la résidence de
Xouan-le-Fuzelier. — Population : 220 feux. — Comparants : Jacques
Darblay, maitre de poste, syndic de la municipalité (73 -[-819); Pierre
Petiot (75-]- 83. 14), Jean Figère (105 -|- 117.2), Jacques Bollard,
laboureur (111 -]- 123.15), Etienne Viginier (88 -j- 98.3), François
Chaperon (71 -|- 79.5), Pierre Augendre (64-J-71.8), membres de la
municipalité; Hubert Dupont (0-|-6.14), Gentien Roulleau. bourgeois
(5-|-5.11), André Fardeau (11-]- 12.5), adjoints; Pierre Valadon
(3-J-3.7), Jean Bouquin (83 -|- 92.11), collecteurs; Gentien Dubois
(14-j- 15.12), Hubert Imbault (55 -{-61.8), marguilliers en exercice;
Sylvain Nivard ; Claude Houry (67. 10 -j- 75.7) ; Jean Richer (20.10-]-
22.17); Sylvain Bollard (80^89.6); Julien-Henry Châtelain (50-j-
55.161 ; Toussaint Robin (89 -[-99.7) ; Pierre Jacques (3 -[-3.6); Pierre
Xolin (11.10^12.16, plus 6 -[-6.14) ; Gentien Fleury (36-[-40.4);
Jean Gautliier ; Pierre Robin (4 -[-4.9) ; Sylvain Audonnet (7 -(-7. 16) ;
Sylvain Lelarge (8. 10 -[-9.9); Jean Chaperon (87 -f- 97.1); Etienne
Charpentier (20 -[-22.6); Yrain Paraudeau (8 -[-8. 18); Etienne Desbois
(96.10-]- 107.11); Louis Chenay (1.10 -[- 1.13); Nicolas Couturier
(16 + 17.16); Jean Méry (44^^49.2); Alexis Pressoir (3-]- 3.7);
François Gauthier (4-[-4.9) ; François Boussac ; François Viginier
(9.10-|-10.11) ; PierreAudais(60.10-^67.10ou60-]-66.19) ; François
Villain (5 -[-5.11); Georges Nolin {S-j- 3.7) ; Sylvain Thibault (124 -{-
138.6); Hubert Rouet ; Aignan Adam (25. 10-]- 28.9); Etienne Thénot ;
Jean Fontenaille (3 -[-3.7); Denis Bouquin (11-]- 12. 5); François
Robin (3 -[-3.7); Michel Poulin; Ambroise Lemaire (7.10-]- 8.7). —
Députes : Jacques Darblay; Jacques Bollard; Gentien Roulleau.
Sur une feuille annexe cousue au procès-verbal, on lit :
« Nous soussigné, Jacques Bollard, laboureur, demeurant à Mazères,
et Gentien Roulleau, bourgeois, demeurant à Nouan, l'un et l'autre
députés par la paroisse et habitants de Nouan à l'assemblée générale de
l'Orléanais à l'effet de porter les observations de ladite communauté,
après nous être présentés à Orléans à ladite assemblée les 7 et 8 du
courant, et après avoir aussi re[)résenté à notre retour que l'assemblée
du 7 est i)rorogée au 16 courant, vu rimpossibilité où nous sommes de
retourner audit lieu d'Orléans, nous avons prié les liabitants de procéder
à l'élection de deux autres députés; vu l'impossibilité de convoquer
452 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
la paroisse et de l'assembler, nous avons conduit et amené devant le
syndic de la municipalité deux habitants qui ont offert de nous remplacer
à l'assemblée du 10 et jours suivants.
« Lesquelles offres ont été consenties par le sieur syndic, et par toutes
les parties acceptées ; au moyen de quoi, les sieurs Pierre Petiot,
aubergiste, demeurant au bourg de Nouan, et Etienne Yiginier,
meunier, demeurant à la Chaussée, paroisse dudit Nouan, se trouveront
avec le sieur syndic de la municipalité de Nouan, à Orléans, à l'assemblée
du 10 courant ; et ont toutes les parties signé, le 13 mars 1789, excepté
Etienne Yiginier qui a déclaré ne savoir signer. »
Cahier des observations et demandes à former aux Etats
généraux du royaume de la part des habitants de Nouan-
Îe-Fuzelier.
Quelle doit être la surprise des habitants de la campagne de
s'entendre demander leiu' avis pour la réforme des abus dans
la manière de percevoir les im|)ùts et pour en établir de
nouveaux! Déjà accablés par ceux qu'ils paient, ils ont jieine à
croire qu'on cherche à les soulager. Quel doit être leur eml)arras
pour former des demandes analog-ues aux objets (pi'on va traiter
dans l'assemblée générale de la Nation !
Cependant, pourvus d'mtellect et de raisonnement, si ou
leur avait proposé les questions qui les regarderont, ils
pourraient s'expliquer de manière à écarter tous les projets qui
peuvent leui- nuire. 11 faut pourtant s'expliquer et demander ce
qui peut fendre à leur soulagement.
Première demande.
La sujjpression du casuel qu'on paie aux prêtres.
S'il y a un impôt injuste, c'est celui (|ue les prèli'cs appclleid
le casuel.
En naissant, il faut être baptisé, et si l'on uianque à payer
ce saci-ement, on (>st mal vu de celui qui Fa administré. Ou
ne ])("ut faire sa première cominuuion sans |iivsenler nu
cierge et payer une olïrande au vuvr de la paroisse; nu ne
CAHIER DE NOUAN-LE-FUZELIER. 453
peut également offrir le pain à bénir sans laire une offrande en
cire ou en argent; pour être marié, il faut payer une publi-
cation de bans et la cérémonie du mariage; enfin, les
enterrements ne se font pas gratis. Il y a mieux : c'est que tel
qui se présente pour être marié est éloigné hautement parce
que M. le curé n'est pas payé des enterrements de sa famille.
N'est-ce pas là un double emploi que tous ces paiements,
puisque messieurs les curés ne jouissent des biens de leur cure
qu'à la charge de conférer les sacrements?
Si un pauvre meurt, on l'enterre si rapidement qu'il y a de
l'indécence dans la manière dont les cérémonies sont faites à
cet enterrement.
Ce n'est cependant pas dans la paroisse de Nouan ({ue ces
abus se commettent, car M. le curé de Nouan fait toutes ses
fonctions avec beaucoup d'exactitude et est à peine payé de la
moitié de son casuel.
Ne vaudrait-il pas mieux donner à messieui'S les curés une
somme fixe et suffisante à tous leurs besoins que de les laisser
suivre (1) le paiement de toutes ces rétributions?
Seconde demande.
Une somme suffisante pour la subsistance d'un vicaire.
La nécessité de tenir un vicaire dans les paroisses de Sologne
se tire de la nécessité de conduire avec soin et très exactement
les bêtes à laine aux champs.
Le terrain est si ingrat dans ce canton que toutes les fermes
ou métairies sont très éloignées du chef-heu de la paroisse et
isolées de manière que si une pai'oisse est composée de
deux cents feux, il y en a au moins cent qui sont à une denii-
lieiie, trois quarts de lieue et même une heue de féglise. S'il
n'y a qu'une messe dans la paroisse, tous les domesli(]ues
veulent y [dler, et les bestiaux restent dans les étables jusqu'à
ce r|u'on soit revenu de la messe. S'il arrive qu'au retour de la
(1) C'est-à-dire : poursuivre.
io4 BAILLIAGE D ORLEANS.
messe il tombe de la pluie, les bestiaux, surtout les bétes à
•laine, sont vingt-quatre heures sans manger. Lorsqu'au con-
traire il y a deux messes, l'une ([ui se dit à six heures et l'autre
à dix heures, les bêtes à laine paissent tout le jour.
Pour sul)venir ou fournir à l'entretien d'un vicaire, il y a les
gros décimateurs, et, en outre, une dime de laine et agneaux
qui est possédée par le chapitre d'Orléans, qu'il serait naturel
d'apphquer à la subsistance d'un vicaire.
Troisième demande.
La continuation de la municipalité.
De quelque manière (]ue se fasse la l'épartition des impôts
dans une paroisse, il n'importe ; mais toutes les fois qu'elle se
fera par le plus grand nombre, les inconvénients seront moins
considérables et moins fréquents; il vaut donc mieux qu'on
continue de choisir dans les paroisses un nombre suffisant
d'habitants pour conqioser les municipalités, et même de les
aug'menter en nombre de membres.
Quatrième demande.
Un impôt territorial.
Si un impôt territoiial exenqUe les gens de la campagne, les
cultivateurs de toute sorte d'iiupôts et en fasse {sic) supporter
le poids aux propriétaires, il en résultera un très grand bien.
Il en résultera la meilhnu-e cultui'e, l'amendement des
terres et une plus grande facilité pour la levée des iniposilions.
En etTet, le propriétaire étant tenu de l'imposition aura un très
grand intérêt de veiller à la culture des terres, à l'amélioration
de tous les objets de produits dans ses domaines. Le proprié-
taire paiera le Roi et hiissera dans ses fei'ines ou niél;tii'i(>s
des bestiaux en quantité égale à son émulation ou à son ardeur
poui- le gain; il surveillera ses cultivateurs et fera de manière
qu(> les impôts et ses fermages seront p;i\('s p;u' le pi'ttijuil des
domaines. Au lieu ([u'à présenl, ;'i réchéamc^ de son fermiige
ou loyer, le propriétaire suit l'igoureuseinent .son fei-miei', lui
CzVHIER DE NOUAN-LE-FUZELIER. 4'
)y
enlève ce qu'il a de plus précieux pour se remplir de son fer-
mage; et quand les collecteurs (J) viennent pom- faire payer
le Roi, le cultivateur vend ce ({u'il a de plus précieux, de plus
nécessaire à sa meilleure exploitation afm de sauver ses meubles
des partisans.
Quant à la plus grande facilité de lever les impôts, elle est
sensible ; le propriétaire, ses fonds et ses meubles en seront
tenus, et graduellement le cultivateur et ses effets. A joindre
qu'il résultera de tout cela (ju'on ne fera plus de frais pour la
perception des droits du Roi.
Un inconvénient, c'est la diminution de la fortune du pro-
priétaire ; et alors il parera à cet inconvénient en devenant
bourgeois oisif plus tard, en travaillant plus longtemps, et en
restant utile à l'État plus longtemps.
Cinquième demande.
Qu'on ne puisse établir aucun impôt que par
des États généraux.
Cette demande ne souffre, quant à présent, aucune diffi-
culté, puisque le monarque veut bien prendre la voie des États
généraux pour le gouvernement de ses peuples.
Sixième question.
Abrégera-t-on les frais de procédure et de greffe?
R serait à soubaiter que tous les bommes fussent bonnèles ;
alors, on ne serait pas forcé d'en venir à une taxe des droits et
salaires de cbacun. Rien n'est plus intéressant que de taxer
les li'ais ((ui sont à la discrétion des praticiens.
Septième demande.
La corvée à faire en nature.
On comprendra aisément qu'un cultivateur s'acquittera plus
facilement de l'approclie des matériaux de lu route en les appro-
(1) Sous-entendre : des tailles.
456 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
chant par lui-même, avec ses chevaux et ses domestiques,
qu'en payant l'approche en argent. Autrefois, les laboureurs
voisins des chemins fournissaient seuls les sables nécessaires
aux chemins et les paroisses éloignées des grandes routes ne
fournissaient rien. Qu'on fasse faire les approches par les
paroisses éloignées de la route, et qu'on exige de celles qui
en sont éloignées et des habitants des villes une légère contri-
bution pour payer les cantonniers, et la route sera mieux tenue
<|ue par les travaux des adjudicataires.
Huitième demande.
Sera-t-il jjrifi dans la Sologne
un cultivateur pour être pressent aux États généraux?
Il est avantageux «pi'il soit envoyé aux États généraux un
cultivateur de Sologne capable de faire connaître la manuten-
tion de ce pays ingrat.
Cette nécessité se tire de la stérilité du pays et de la manière
de labourer. Ce pays n'est que sables, et cha(|ue billon ense-
mencé, de la largeur de 15 pouces ou environ, a de chaque
C()té 15 pouces de terrain vide, de manière que dans 100 per-
ches de surface, il n'y en a que 50 <|ui soient ensemencées ;
encore n'est-ce qu'en seigle et sarrasin, et si même les ensemen-
cements ne se faisaient pas avec des bœufs qui ne mangent
pas de grain, il y aurait impossibilité de nouri'ii' le cullivaleur.
Neuvième demande.
La suppression de tous les privilèges.
Les inconvénients (|ui résultent des ])rivilèges sont connus de
tout le monde. Un ecclésiaHtiipie fait valoir des biens dépendaiiL
de son bénéfice : il est exempt de taille cl de corvée. Un lionuiie
né noble donne à ferme une partie de s(>s biens : il réserve dans
chaque domaine une portion d'exploitation dont il nc^ paie |)as
la tiiille. Un particulier devenu riche achète une chiirge à la
faveur des privilèges attachés à sa charge; il fait valoii- cl ii<'
p;iie p;is la taille, il est exempt de coi'vée. De cette nianièic,
CAHIER DE NOUAN-LE-FUZELIEU. 457
le tiers des biens exploités le sont sans payei- de taille, et il
en résulte que les deux autres tiers sont surchargés à la taille.
L'on demande que tous ceux qui font valoir des biens paient la
taille.
Dixième demande.
Personne ne doit être exempt de corvée.
Poui' être persuadé que tous les hommes doivent la corvée,
il suffit de savoir que les chemins appartiennent à tout le
monde, quant à l'usage, et de faire attention que leur utilité
s'étend à tout le monde. Personne ne peut dire qu'il lui est
indifférent que les chemins soient bons ou mauvais. Ceux qui
sont séparés de la société par une enceinte de murs très hauts
et très épais ne doivent pas être indifférents à l'entretien des
routes : c'est assez qu'on ait besoin des marchandises de ses
voisins pour profiter de la bonté des chemins. 11 est donc juste
que personne ne soit exempt de la corvée.
(Sur une feuille cousue au cahier, on lit :)
Il sera délibéré à l'assemblée générale de la piiroisse sur les
questions suivantes :
io Sur l'augmentation du revenu de la cure et la suppi-ession
du casuel. Arrêté qu'il sera demandé la fixation de '2,000 livres.
2" Sur la dotation pour un vicaire. Arrêté qu'on demandera
une somme quelconque pour la dotation du vicaire.
.'}o Sur la continuation ou interruption de radmiiiisiration
municipale. Arrêté qu'on demandera la continuation de la
municipalité.
4» Sur la conversion de tous les impôts en une subvention
territoriale et sur la (juesLion de savoir si les cidtivaleurs se
soumettront à indemniser les maîtres ou propriétaires de la
valeur des impôts actuels, même des gabelles, comme vente du
sel, tabac et débit de vin. L'article convenu.
'>'' Sur la ({uestion de savoir s'il sera imposé aucun impôt sur
458 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
le cultivateur autrement que par la tenue des États généraux.
L'article convenu.
60 Si les députés demanderont l'abréviation des procédures
et une taxe modérée des frais de greffe et de procédure. L'ar-
ticle convenu.
70 Si l'on demandera à faire les corvées des chemins en
nature ou si Ton demandera à les payer en argent. Corvée
demandée en nature. On demandera la contribution en argent
des paroisses éloignées.
80 Si l'on demandera qu'il soit pris dans la Sologne des
députés aux États généraux dans l'ordre des cultivateurs, à
l'effet de faire connaître la différence qu'il y a du terrain de ce
canton à celui des autres provinces de la France, Article con-
venu.
90 Si l'on demandera la suppression des privilèges des nobles,
ecclésiastiques et gens en charge exploitant des héritages
quelconques, sans payer de taille, de manière que tous faisant
valoir paient la taille et la corvée. Article convenu.
JO" Si l'on demandera que personne ne soitexenqot de corvée
à fournir en nature ou à payer en argent, de quelque état et
condition qu'il soit. Article convenu.
Nous, syndic, officiers municipaux et habitants de la commu-
nauté de la paroisse de Nouan-le-Fuzelier, avons arrêté les
dix articles des autres parts, et nommé, pour rédiger lesdits
articles en cahier pour étr-e présenté, les trois membres qui
vont être élus pour les porlcM- à l'assemblée (|ui se tiendi'a à
Orléans le 7 du présent mois.
Fait à lu porte de l'église du bourg de Noiiaii, rassemblée
tenante, ce l^"' mars 1789.
(SuivchI 'il signatures : celles de Dubois, Dai'blay, syndic;
Poirier, greffier, etc.)
cahier de pierrefitte-sur-sauldre. 459
330 Pierrefitte-sur-Sauldre.
Dép. Loir-et-Cher. Ad-. Romorantin. f'^". Salbris.
Gén. EL Orléans. Gren. SuU}'. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg- et paroisse. 172 feux. Environ 500 communiants.
Le chapitre de Jargeau. Haute justice, r. en la prévôté d'Orléans. Assem-
blée le jour de saint Etienne. Du marché d'Aubignj. On écrit par les
voituriers du pays. Br. de La Ferté. A 6 lieues de la Ferté et à 10 d'Or-
léans. Route de Bourges à Orléans. Sur la grande Sauldre. Dans une
plaine. Pavs couvert. Sologne. Son terroir produit seigles, blés noirs,
quelques légumes; il y a des prés, pacages, bruyères et bois taillis. Son
commerce, peu considérable, ne roule que sur un peu de bêtes à laine.
La cure peut valoir 1,500 1., année commune; à la nomination du
chapitre de Jargeau. Les hameaux sont : les Noirs, Malveau. Boulère,
les Jarriers, les Folets, les Yèves et les Alicourts.
17(38. — 150 feux. Chapitre de Jargeau. Blé.
Taili.e de la paroisse en 1788. — 7,387 1.. dont 3,487 pour le prin-
cipal et 3,900 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"'' mars, à
l'issue de la messe, dans l'auditoire du lieu, sous la présidence de
Georges-Xoël-Franrois Blanchard, notaire des justice et chàtellenie de
Pierrefitte-sur-Sauldre et Courcelles, son annexe. — Pojndation :
170 feux. — Comparants : Eutrope Piiiguet, laboureur, syndic de la
municipalité (100-|-118.10), Pierre Joly, Louis Dezellus (130 -|- 145.9),
François Dureau (00 -f- 07.2), Aignan Auger (41 -f- 45.16), Pierre Camus
(71 -j- 79.8), .Jean Lantoinet (76-|-85), laboureurs; Alexis Mouriou,
manœuvre (10 -f- 11.14); Sylvain Rabillon (100 -}- 111.16), Denis Cousin
(45 -f- 50.7), Sylvain Tinseau (53.10 -f 59.16), Eutrope Petit (69 -f-
■77.2), François Petit (36 -f- 40.5), Charles Nérot (72 -f- 80.8), François
Camus (95-}- 106.4), laboureurs ; Gentien Laurent, préposé du vingtième
(15-f- 16.16) ; Pierre Nolin, drapier (12 -f- 13.8); Alexandre Michou,
■ aubergiste (35 -|- 39.3) ; François Mousset, coquetier (6-J-6.14); Pierre
Prévost l'aîné, maçon (6.10 -j- 7.5) ; Pierre Prévost le jeune; François
Dabard, journalier (6-[-6. 14); Louis Arnoult; Claude Guillon, tailleur
(4.10 -f- 5); Charles Planchard, laboureur (100 -j- 111.15) ; Charles
Buisson, bourrelier (5.10 -f- 6.3) ; Pierre Delagrange, journalier (3 -)-
3.7); Sylvain Avoinet (6-)- 6. 15); Etienne Desbois, journalier (4 -f-
4.9); Chai-les Villault, meunier (34 -f- 38) ; Etienne Rol)in, laboureur
460 BAILLIAGE d'ORLÉANS. '
(00-|-67.1); Firmin Pinguet, manœuvre (21 -j- 23.0) ; Justin Ghesneau;
Pierre Lelièvre (Ol -j-GS.T), Pierre MoUeron (GG -)- 73.10), Simon
Cornu (17 -j- lÛ.l), laboureurs; Antoine Maziou, scieur de long- (9.10 -f-
10.13); André Lahaye, coquetier (8 -j- 8.19); Etienne Gourtillat, jour-
nalier (7-)- 7.1(5); Franrois Machard, drapier (11 -|- 12.7); Franruis
Planchard, manœuvre (8 -|- 8.19) ; François Fouquet, manœuvre (7 -j-
7.16); François Gaudron (6-f-G.14); P^rançois Pollereau, boucher (9-j-
10.1); Joseph Michou, cardeur (G -|-G.14) ; Jean Jourdain, manœuvre
(12 -|- 13.8); Jean Richer, manœuvre (9 -f- 10.2) ; Pierre Souchet,
cabaretier (12 -f- 13.8); Pierre Laniotte, texier (G.10-[-7.G); Sylvain
Marchais, manœuvre (9 -f- 10.2); Sylvain Gimonet, manœuvre (G.lO-f-
7.5); Charles Laborde, texier (4-4-4.9); François Buzeau, journalier
(3-J-3.7); Jean Petit, manœuvre (4-}- 4.9); Jean Chéron, domestique
(3-J-3.7); Pierre Fahuet, journalier (3-|-3.7); Sylvain Pivois, journa-
lier (3 -j- 3.7) ; Sébastien Tinat, texier (3 -\- 3.7) ; Denis Chesneau,
journalier (3 -j- 3.7) ; Edme Oudot, journalier (10 s. -f- 11 s.); Etienne
Desnoues, journalier (l-]-l,2); François Millet, Journalier (1.10 -f-
1.13); Firmin Jouanneau, manœuvre (12 -|- 13.7) ; Firmin Reddé,
maçon (2-|-2.5); Guillaume Gonet, scieur de long (2 -f- 2.5) ; Michel
Morin, journalier (l-f-1.2); Sylvain Richou, cardeur (2.5 -(- 2.10) ;
Charles Laborde, texier (4-j-4.9); Louis Gorin. — Députés : Eutrope
Pinguet ; Pierre Joly.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances de la paroisse
de Pierrefitte-sur-Sauklre pour le présenter à l'assem-
blée des trois Ordres réiuiis du bailliage d'Orléans, le
16 mars il 89.
La paroisse de Pien-ellLle fait [)ailie de la basse Soloiine, tra-
versée au levant et midi par la rivière la Grande-Sauldre ; les
terres qui servent à la prodiiclion sont sablonneuses; i)eu
d'argile; un lui' rouge et blanc mêlé de pelits cailloux y suc-
cède à peine à un pied de sa surlace.
On n'y peut récolter que le seigle, bh'' noir ou sairasiu, peu
d'avoine, (]ui ne i-eudcul ordinaiccuicnl i\\\v (juatrc (lour un ; à
peines si ces i'écolt(^s se Iroiivcnl, suriisantcs poiu- la consonuna-
tion qui s'y lait. On y connaît peu d'étangs et en [jcLite gi'an-
CAHIER ])E PIERREFITTE-SUR-SAULDRE. 461
(leur ; le b )is de toutes espèces commence à y venir rai-e pour
le pays, particulièrement les bois de hautes futaies si néces-
saires pour l'entretien des habitations ; les prairies sont en
petite quantité, leur récolte se trouve consommée (et même
très souvent ne suffit pas) par les bestiaux qui servent à la
culture ; les pâtis ou champays, les plaines et les bruyères
occupent le reste du pays. Ces derniers sont comptés pour les
trois rjuai'ts du terrain.
La seule ressource des cultivateurs se trouve prise dans la
vente tant du corps que de la superficie des bêtes à laine, qui,
les années où la mortalité de ces bêtes règne (ce qui arrive
assez ordinairement), met le cultivateur dans l'impossibilité de
payer les taille, capitation, corvée, gabelle, impôts énormes en
tous genres ; les frais de culture, les domestiques qu'on est
obligé d'avoir en grand nombre, et le propriétaire restent ; in-
sensiblement les dettes l'absorbent (1), l'obligent de déguerpir
(après avoir consommé le peu de fortune qu'il avait), ce qui
[n'jest malheureusement que trop démontré, puisque, depuis la
fin du dernier siècle lui moment pi'ésent, on compte quinze
domaines détruits, non compris les moulins; les maisons du
bourg éprouvent le même sort, et les cultivateurs qui habitaient
ces domaines [sont] obligés de chercher une habitation dans un
pays plus éloigné.
Aussi, il en résulte que partie de ces terres qui étaient pré-
cédemment cultivées deviennent incultes ; les propriétés ont
été réunies aux domaines voisins qui n'en ont acquis un plus
haut degré de culture en ce que les bestiaux vont en une pro-
gression à proportion de cette réunion ; les champays se
trouvent plus éloignés, et la garde plus difficile ; on se trouve
forcé d'ensemencer plus grand, les graines manquant ; joint à
ce que les terres ne se trouvent cultivées dans un temps favo-
rable ; tout réuni fait que la production en souffre et que les
dépenses en tout genre, au lieu de diminuer, ont toujours
augmenté, ainsi qu'il va être démontré.
(1) C'esl-à-dire : absorbent la ressource des cultivateurs.
M)2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
L'impôt de la taille, capitatioii d'industrie, an lien de dimi-
nuer, ont toujours augmenté, joint à la destruction de ces
domaines, le tout s'est réparti insensiblement à fur et mesure
sur le surplus des domaines qui existent et a fait une surcharge
énorme pour la paroisse.
Ensuite le sel a éprouvé la même progression ; cet objet est
presque aussi considérable que rimp()i de la taille, rapport aux
individus que les cultivateurs sont obligés d'avoir.
Ajoutons encore celui de la corvée, en ce moment réuni en
une prestation en argent à raison de 5 sols par livre du pied
de taille, impôt considérable pour la Sologne, où la taille est
portée au delà de l'imagination. C'est ces deux derniers impôts
qui pèsent le plus sur le cultivateur et entraîneront le dévaste-
ment de la Sologne, s'il n'y est pourvu.
Les impôts, dis-je, se sont toujours accrus ; en etlet, les
évèques, archevêques, les curés de paroisse, les chapitres,
généralement toutes les mainmortes possèdent des objets
importants à l'infini, dîmes, prés, terres, vignes, rentes, cen-
sives, champarts, etc., qui, auparavant la donation de ces
objets, payaient des droits à l'État; depuis (|u'ils ont passé en
cette classe, ils en ont été exenq)ts, par conséqiiciil, ont fait une
surcharge générale.
■ A tous ces désordres viennent [s'ajouter] les rentes fon-
cières et inamortissables qui se lèvent en nature, rlont plusieurs
flomaines se trouvent grevés, qui, clans ces moments de crise,
absorbent le produit, dans les pays de peu de produclion
achèvent la perte du cultivateur qui, n'ayant déjà récolté (pie
la moitié plus ou moins de sa consommation, se trouve forcé,
pour satisfaire ses créanciers avides d'avoir leur dû, d'en ache-
ter à un prix excessif qui le plonge de nouveau dans l'impossi-
bilil(' (le ciiltivci' son domaine, étant obligé d'envoyer (l) partie
de ses domesti(|ues dès qu'il manipie de subsistance.
Il passe du côté du lev;uit de ce bourg, comme on l'a déjà
(1) C'esl-à-dire : de rcnvoyci .
CAHIER DE PIERREFITTE-SUR-SAULDRE. 463
observé, la rivière de Graiide-Sauldre, assez considérable pour
qu'on ne puisse la passer à gué environ le tiers de l'année avec
les voitures. Le gouvernement, sur les représentations faites
par cette paroisse et autres circonvoisines, fit construire, il y
a environ trente-quatre ans, un pont en bois qui existe ; par
ce moyen a donné la facilité à Aubigny, Henrichemout, les
forges à fer d'Yvoy-le-Pré et autres paroisses voisines de
conduire leurs marchandises à Orléans et autres endroits, a
communi(]ué aux pays et aux maîtres de poste voisins la faculté
d'aller au marché d' Aubigny, seul marché voisin, quoique éloi-
gné de 5 lieues, pour y chercher toutes espèces de grains et de
denrées. Depuis l'établissement de ce pont, il n'a été entretenu
et [cela] le rend en ce moment incapable de passer sans
courir pour les chevaux et voitures un danger évident (plu-
sieurs étapes (J) étant rompues, partie du plancher étant
pourrie (?) (2), de sorte que sous très peu de temps il ôtera
toute espèce de communication de cette paroisse et autres voi-
sines avec Aubigny, empêchera les villes ci-dessus nommées
de conduire leurs marchandises à Orléans, à moins que de
prendre une autre route infiniment plus dispendieuse, rapport
à la longueur du cliemin que l'on serait obligé de faire, occa-
sionnera en ce pays des disettes de grains et autres denrées.
Le vœu général de cette province est que le rétablissement de
ce pont soit procliaiii.
Dans ce qui compose le bourg de cette paroisse, il s'y paie
indistinctement sur tous les individus, sur les vins, eaux-
de-vie, etc., qui s'y consomment un droit d'entrée comme si
c'était une ville ; cependant, on ne jouit d'aucun privilège ; les
bœufs, vaches, etc., pour ceux qui s'y abattent et débitent,
paient de même ordinairement; ce dernier droit est affermé aux
bouchers qui débitent, [ce] qui, avec 21 livres de ferme annuelle
qu'ils paient au seigneur de cette par-oisse, forme un total de
111 livres, somme énorme pour le peu de débit i[iii s'y fait,
(l) Sic, pour ctais, sans doute. i
1.2} Ce membre de phrase est illisible ; la restitution est bypothétique.
464 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ol)lige le fermier de mettre cette denrée à un prix excessif;
c'est un abus dont on a lieu d'en espérer la réforme.
Il y a généralement en Sologne beaucoup de nobles qui font
valoir des étangs ou autres propriétés, qui, s'ils étaient tenus
par des roturiers, paieraient une partie des impôts et soulage-
raient les autres contribuables.
Le revenu de la cure de cette paroisse nous paraît suflisant,
quoiqu'elle n'excède 2, 000 livres (somme trop considérable à
moins que d'avoir un vicaire); car, pour peu qu'on y comprenne
les fondations et la rétribution ordinaire des sacrements, elle
excéderait cette somme ; mais on pourrait l'augmenter en y
joignant le revenu d'un petit bénéfice simple qui est à la nomi-
nation de l'archevêque de Bourges, domaine situé dans la
paroisse.
On désirerait que la majeure partie des propriétés possédées
par les fabriques et mainmortes rentrassent dans le commerce ;
ils paieraient alors les mêmes impôts que les autres propriétés,
opéreraient une décharge de ceux actuels, en arriveraient (?)
des mutations ou amélioreraient le revenu de l'Étal. Les fonds
qui proviendraient de ces objets ne inanqueraicnl pas d'êlre
replacés d'une manière moins à charge à KKlal.
Il serait à désirer que les frais de justice fussent diminués,
les procédures abrégées et un temps déterminé pour les faire
juger.
On a à se plaindre d'un droit de committimus, accordé à
plusieurs classes, de traduire aux parlements les causes tant
en demandant qu'en défendant, qui très souvent au moyen de
ses prérogatives écrase partie du Tiers état. Ces derniers pré-
fèrent d'abandonner (sic) leurs intérêts persormels pour éviter
d'y être traduits, tant par rapport aux voyages pénibles et aux
frais immenses qui s'y font.
Un abus révoltant, c'est le privilège accordé aux Universités
qui, au moyen d'une prétendue donation faite à un étudiant,
donation non faite pour le bien de l'étudiant, mais à l'elleL
CAHIER DE PIERREFITTE-SUR-SAULDRE. 165
par celui qui la fait de jouir de la satisfaction de faire assigner
ses copropriétaires, à la requête de ce prète-noiu, pour avoir
le paiement du contenu de cette prétendue donation, qui, par
certaine tournure des procureurs, entraîne insensiblement un
procès considérable à cette Université où on est vexé par les
frais nombreux qui s'y font, (ju'on ne peut éviter dès que le
prétendu étudiant ne veut jamais accepter l'offre que l'on fait
de la somme contenue en cette donation ; tout concourt à la
ruine des familles; c'est un abus dont on a lieu d'en attendre
un changement favorable.
On demande la réforme des fermiers généraux comme étant
contraires à la prospérité de l'État, désirant que toute espèce
d'impôt soit levée au profit du souverain, et non alfermé, et de
verser le tout directement au trésor royal.
Il serait pareillement à désirer qu'il soit arrêté que les par-
lements ne pourront à l'avenir enregistrer aucun impôt,
emprunt, ni création d'offices auxquels on attacherait des
émoluments, tant que les Etats généraux ne seront pas
convoqués.
On demande que l'impôt de la taille, du sel et de la corvée
soit converti en un impôt territorial qui se lèverait, lors, sur
toutes les productions du royaume, sans aucune exception; un
pareil impôt éviterait les mécontentements publics.
Outre l'impôt du sel, c'est encore la disgrâce de pouvoir se
le procurer. Cette paroisse le lève au grenier de Sully-sur-
Loire, éloigné de neuf lieues, un chemin presque en tout temps
épouvantable, beaucoup de ruisseaux à passer où souvent il y
a un danger évident, obligé d'aller exprès pour le chercher,
et, malgré une rétribution que Ton paie, on ne parvient
encore très souvent à s'en procurer, ce n'est qu'à la fin où cette
matière manque absolument que quelqu'un s'y hasarde. La
raison en est simple : à peine trois chevaux peuvent-ils mener
la charge d'un, outre qu'on ne le donne qu'à une heure après-
midi ; cela occasionne trois jours pour aller et venir, ce que
l'on pourrait éviter si on le donnait le matin ; on reviendrait le
T. I. 30
4(30 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
même jour et éviterait de perdre un jour de travail souvent si
nécessaire à la culture.
On insiste et on demande de le lever à l'avenir à Orléans,
quoique plus éloigné de Sully ; les chemins sont infmiment
meilleurs; joint à ce qu'on ue manque d'occasion pour s'en
procurer sans y aller exprès, cela éviterait de perdre du temps
et de faire de la dépense que l'on peut éviter.
S'il y avait des changements en cette partie, on insiste pour
en avoir un dépôt dans chaque bourg, et lors, les particuliers
tenus d'en prendre pour leur consommation, ou le rendre
marchand ; on éviterait des droits nombreux à payer ({ui ne
servent encore qu'à augmenter le prix.
Quant à l'impôt de la corvée, on insiste et on demande son
rétablissement en nature.
S'il n'est par la suite apporté aucun changement en ce
genre, on peut toujours en taire connaître les abus.
On exige sur la route d'Orléans à Yier/on qui n'est entre-
tenue qu'en terre que les adjudicataires de ces travaux aient
des connaissances particulières en ce genre; c'est cependant
ce qui ne devrait être de rigueur, ne s'agissant que d'approcher
des terres ; tous les particuliers connaissent la bonne d'avec
la mauvaise; la toise est toujours la même; d'ailleurs le tout
est sujet à visite.
On demande en outre qu'il y ait autant d'adjudications faites
qu'il y a de paroisses qui contribuent à cet enti'etien, alin de
voir si la sonmie que l'on paie est sul'lisante pour h'ayer à cette
dépense et, d'après la comparaison faite, dresser les mémoires
en cette partie.
Quant à la réception des ouvrages, on a |à] se plaindre
qu'elle ne se fait {sic) ordinairement (|u'en la présence d'un
principal conducteur; probablement que MM. les ingénieurs en
chef en sont dispensés ; ils aiment à en avoir les émoluments
et non les charges. Cependant, il nous paraît que c'est une
charge de leur état, raison pour laquelle ils devraient s'y
CAHIKR DE CROUY. 467
rendre, afin de recevoir les plaintes des nmnicipalités en ce
moment chargées d'être présentes à la réception de ces
ouvrages.
Quant aux rentes foncières en nature, on demande la
focilité d'en faire le remboursement. On doit s'attendre à de
vives représentations des riches propriétaires ; il en résulterait
un bien infini pour les pays de peu de production, [cela]
encouragerait la culture, et le remboursement s'en pourrait
faire au denier vingt du revenu annuel à pi'endre pendant vingt
ans, de la valeur de l'objet ou autre capilal <|ui pourrait être
arrêté par chaque classe.
Nous nous bornons à ces observations, nos lumières et
expériences ne nous permettant pas de nous étendre sur
d'autres chefs qui pourraient intéresser la prospérité du
royaume. Ce présent cahier fait et arrêté par nous habitants
de la paroisse de Pierrefitte assemblés en l'auditoire de ce lieu,
cejourd'hui U''" mars 1789, et ont tous déclaré ne savoir signer,
sauf les soussig'nés.
(Suivent 8 signatures : celles de f^aurent ; Nolin ; Guillon,
etc., etc.)
3io Groupe de La Ferté-de-Pestre (Saint-Aicnan).
Les deux paroisses de Croiiy et. de Bonneville ont été présidées par
Dehihaye, notaire à La Ferté-de-Pestre. Leurs cahiers otlVent de très grandes
ressemblances qtii seront indiquées d'après celui di' ('rouy pris pour modèle.
CROUY,
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Blois. C*^". Bracieux.
Gén. Orléans. El. Beaugency. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Paroisse. 100 feux. Duc de Saint-Aignan. Haute justice,
r. au chapitre de Saint-Martin de Tours. Basse justice, r. à i^a Salle
et à l'évêché d'Orléans. Br. de Saint-Laureiit-des-Eaux. A 1 lieue de
Saint-Laurent et? d'Orléans. Sur le (À)sson. Pays couvert. Fond. Sologne.
1708. — 08 feux. Duc de Saiiit-Aiii-nan. Etangs.
468 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
. Taille delà paroisse en 1788. — 2,302 1., dont 1,U1)U pour le prin-
cipal et 1,272 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanclie i*"'' mars, dans
la chambre ordinaire des assemblées do la paroisse, sous la pi-csUlence
de Louis-Jacques L>elahave, notaire royal à La Ferté-de-Pestre, ci-
devant Saint-Aignan. — Population : 1)0 feux. — Cotnparants : Jean
Benoist. meunier, syndic de la municipalité; Silvain Chauchet, François
Lormeteau, Antoine Delabarre, membres ; Nicolas Haslé, Laurent
Richard et François Gitton, adjoints; Pierre Gitton, greffier de la
municii)alité ; Pierre Pottin ; Silvain Breton ; François Bimbenet ;
Guillaume Reuléen ; Etienne Sausset; Antoine Bourgeat ; Joseph
Ghesneau ; Philippe Boutté ; Pierre Gêneras ; Etienne Catrais ; Marc
Delasalle ; Roch Mahy ; Louis Fortin ; Denis Cordet ; Louis Boulard et
François Pajon. — Députés : Pierre Pottin, François Gitton, laboureurs
et fermiers.
\Cahier de Crouy.]
Aujourd'hui i^'' mars 1789, clans le courant de l'assemblée
des habitants de cette paroisse de Crouy, tenue à l'effet ci-
après et de dresser le procès-verbal des députés de notre
paroisse pour se trouver à l'assemblée qui doit se tenir le 7
de ce mois devant M. le lieutenant général du bailliage d'Or-
léans, énoncés en la prémice (1) dudit procès-verbal, tous
ainsi assemblés, et après avoir délibéré, pour nous confor-
mer aux lettres du Roi du 24 janvier 1789 et satisfaire aux
dispositions du règlement y annexé, ainsi qu'à l'ordonnance
de iM. le lieutenant général du bailliage d'Orléans, après les
publications, lectures et alTiches faites en conformité d'iceux,
avons procédé au cahier (Jemandé et ordonné, ainsi qu'il
suit :
'\o Nous avons tous en général et chacun de nous en par-
ticulier l'honneur d'observer que cette paroisse est située
dans le plus mauvais canton et le moins fertile de la Sologne,
pays connu pour être le plus mauvais du royaume, dont par-
tie est en bruyères incultes ;
(1) Dt'but.
• CAHIER DE GROCY. 469
2'^ Que les récoltes en seigle, orge et blé noir sarrasin y
sont si peu fructueuses que très souvent on a peine à recueil-
lir les semences et frais de récoltes ;
1)0 Que cette paroisse est si aquatique que les hommes n'y
sont jamais robustes ni de bonne santé, sujets à des maladies
annuelles et qui deviennent même épidémiques ;
4o Que les troupeaux, tant en bêtes à laine qu'aumailles
et chevaux, qui seuls peuvent faire vivre les habitants, sont
si sujets à des maladies mortelles que les pertes que l'on en
lait chaque année sont irréparables, jointes à ce que les culti-
vateurs sont souvent obligés par les mauvaises récoltes de se
procurer des grains pour vivre partie de l'année dans
d'autres cantons plus fertiles que la Sologne.
[5o] Pour donc satisfaire aux, ordres de Sa Majesté et nous
renfermer dans notre devoir, nous croyons que, pour le bien
de l'État et de tous les sujets de Sa Majesté, nous devons
désirer que toutes les espèces d'impôts que nous payons
annuellement soient versées directement dans un dép(jt qui
sera placé dans la principale ville de notre province, qui, de
suite, les verserait dans les coffres du Roi. A ce moyen, on
[n'I aurait plus besoin d'une quantité d'emplois et recettes,
toujours onéreux à l'Etat ;
[()"J Que d'ailleurs cette paroisse étant trop surchargée
d'impôts, attendu la misère qui l'accable, devrait être dé-
chargée en partie ;
[7"] Que, suivant l'avis de M. le procureur du Roi porté en
sa lettre du 1(3 février dernier, il serait bon que M. notre
curé fût doté d'une somme suffisante et jusqu'à 1,000 ou
\,'-M) livres, par réunion à la cure d'autres biens ecclésias-
tiques, à la charge de ne pouvoir exiger aucune rétribution
pour le casuel forcé ;
[8oJ Que les taille, capitation «liiidustrie, contribution à la
corvée des routes, les gabelles et débits de tabacs soient entiè-
rement supprimés ;
470 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
f9o] Que les droits d'aides tant sur les vins qu'eaux-de-vie et
autres objets relatifs soient aussi supprimés, moyennant les-
quelles suppressions tous les employés dans ces objets fourni-
ront d'autant d'hommes, tant pour le service de la guerre (pie
pour la culture des terres et les travaux nécessaires à
l'État ;
[lOo] Qu'en conséquence, il ne soit imposé (pi'un seul impiH
territorial pour être payé par les propriétaires, aux otï'res que
nous faisons de leur tenir compte jusqu'à la tin de nos baux
et sur le pied d'une évaluation juste et proportionnelle de tous
les impôts auxquels nous sommes actuellement assujettis ;
[H«] Que le sel et le tabac soient libres et marchands connue
dans les pays de franchise,
[12o] Si MM. les députés adoptent notre foçon de penser et
nos observations ci-dessus, il est certain qu'il en résultera un
bien conséquent en ce (pie toutes les sommes levées sur chaipie
paroisse seront rendues aux colfres du iîoi sans aucuns h'ais ;
(|ue le commerce sera plus libre en ce que les fermes générales
deviendront inutiles et, par conséquent, seront supprimées, et
à ce moyen, en supposant ([u'il n'y ait aucun changement dans
les impôts actuels, il est à présumer qu'il en sera versé un tiei's
en sus dans les colTres du Roi. L'Etat pourrait se libérer en
très peu de temps et les impôts être ensuite diminués ;
[13»! Que les routes qui conduisent tant aux villes (|u"aux
uKirchés voisins, ainsi que les ponts sur la rivière du Cossoii,
devraient être réparés, étant en très mauvais état ; ce (pii
faciliterait le commerce et l'exportation des productions et
denrées du pays ;
[14o| Que dans le cas où les gabelles subsisteraient, (pie l'on
nous accorde l;i liberté de hner noti-e sel au grenier de Beau-
gency, ville plus prochaine, ;iii lien de le lever à Mer, (»i'i il
faut (pi'au i'is(pie de nos vies nous passions la iivièr(> de Loin^
en bateau, (|ui souvent est im[)i"aticable et toujoui's dan-
gereuse.
CAHIER DE BONNEVILLE. 471
[i5o] Nous désirons aussi que les jugements et sentences
judiciaires soient rendus proniptement pour éviter la multi-
plicité des frais, qui, par la longueur du temps, deviennent
exorbitants et (|ui privent les citoyens de jouir de leurs biens
et repos.
[lOo] Entin nous avons l'honneur d'observer que, lorsqu'il
s'agit de la levée des soldats provinciaux, les pères et mères
qui ont des enfants sujets au tirement ne veulent pas les laisser
aller seuls ; qu'à ce moyen, ils sont forcés de se rendre en la
ville où on opère les tirements, quelquefois à dix lieues de
distance, ce qui occasionne une perte de trois à quatre jours
de temps et une dépense considérable pour les familles, ce
que nous comptons pour un impôt inconnu. Pourquoi nous
désirerions que, de la part de .M. l'intendant, il soit envoyé un
député dans les plus fortes paroisses pour opérer le tirement,
où les plus petites se rassembleraient au plus à deux ou trois
lieues de leur demeure, ce qui ferait un grand bien aux cam-
pagnes.
Au surplus, nous consentons tout ce que Sa Majesté désirera
ordonner.
(Suivent 10 signatures : celles de Pottin ; Gitton ; Uenoist,
etc., et de Delahaye, notaire.)
BUXyE VILLE.
Dép. Luir-et-Ghei*. Arr. Blois. (>'*. Mer. C'"'. Villenj.
Gén. Orléans. El. Beaugency. (h-cn. : Mer(l). Dioc. Orléans.
.Tousse. — Village et paroisse. lO feux. M. Bei-royer. Haute justice de
la commanderie de Saiiit-Mair, r. en la prévôté. Bi'. de Saiiit-Laurent-
des-Eaux. A 4 lieues dudit lieu et (j d "Orléans. Plaine. Sologne.
17(38. — 21 feux. Berroyer. Etangs.
Taii,lh de la [laroisse en 1788. — -Mi 1., dont 140 pour le princi^jal
et l'i;') i»cuu' les iiiii)ositi()iis accessoires et la capitatinii.
(1) D'iipivs !<• caliicr lui-mi-me, article l'i.
472 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 8 mars, au lieu
ordinaire, sous la présidence de Louis-Jacques Delahaje, notaire royal
à La Ferté-de-Pestre, ci-devant Saint-Aignan. — Population : 18 feux.
— Co)nparanls : Jean Simon ; Pierre Bourguignon ; Simon Hébert
Henri Tesnier, journalier; Sylvain Gautier; Pierre Martin; Charles
Simon; François Aubry; Pierre Besnard ; Jacques Desouches; Élie
Potté; Sylvain Germau ; Pierre Rivière, marchand; Claude Simon;
Pierre Thomas ; Sulpice Bottereau ; Pierre Boistard et Pierre Bordier.
-- Députés : Pierre Rivière ; Henri Tesnier.
{Cahier de Bonneville.]
Comparaison avec le cahier de Crouy.
Aujourd'hui, 3 mars 4789, l'assemblée de cette paroisse de
Bonneville, tenant en présence de maitre Delahaye, notaire
royal, à La FeiHé-de-Pestre, ci-devant Saint-Aignan, en procé-
dant au procès-verbal ordonné par Sa Majesté, avons d'abord
commencé par dresser et indiquer le présent cahier de
doléances, plaintes et remontrances, pour nous conformer aux
lettres du Roi du 24 janvier 1789 et satisfaire aux dispositions
du règlement y annexé et à l'ordonnance de M. le lieutenant
général d'Orléans, après les avertissements à nous laits par
notre syndic municipal et les lectures à nous faites pai- ledit
maitre Delahaye, notaire, ainsi qu'il suit :
Art. Ici-. — Art. I*''' de Crouy, avec sup[)ression des iiiols :
en général et chacun de nous en particulier
Art. 2. — Art. 2 de Crouy.
Art. 3. — Art 3 de Crouy. Lire : qui souvent deviennent
épidémiques, au lieu de : qui deviennent même
Art. 4. — Art. 4 de Crouy. Vai-iantes en itali(|ues : Oue les
seuls troupeaux tant en bètes à laine sont obligés par
les mauvaises récoltes et pour vivre partie de l'année
Art. 5. — Art. 5 de Crouy. Supprimer les mots : nous devons
désirer et déf^irom^ Var. : A ce moyen, il itérai/ inutile
d avoir une quantité
CAHIER DE BONNE VILLE. 473
Art. 6. — Art. 0 de Crouy.
Art. 7. — Art. 7 de Crouy, ainsi rédigé :
c( Que, suivant l'avis de M. le procui'eur du Roi porté en sa
lettre du 10 lévrier dernier, il serait bon que notre curé tut
doté d'une somme suffisante et jiisfiu'à 1,000 ou 1,200 livres,
par réunion des biens ecclésiastiques, et notamment de ceux
des différentes communautés supprimées, à la charge de ne
pouvoir exiger aucune rétribution pour le casuel forcé.
« Ici, nous avons l'honneur d'observer que notre paroisse
est une des plus anciennes du canton; que, par le peu de
revenu attaché à la cure, nous sommes souvent sans curé, ce
qui nous gène extrêmement tant pour l'administi-ation des
sacrements (]ue pour l'assistance aux offices divins, étant
éloignés d'une lieue des paroisses voisines. Pourquoi nous
demandons que le revenu de la cure soit augmenté, comme dit
est, et que la réunion à d'autres paroisses qui pourraient la
demander ne puisse avoir lieu. »
Art. 8 et 9. — Art. 8 et 9 de Crouy.
Art. 10. — Art. 10 de Crouy. Supprimer les mots en ita-
liques : évaluation juste et lyroportionnelle.
Art. 11. — Art. 11 de Crouy.
Ail. 12. — Art. 12 de Crouy. Var. : adoptent cetle façon
de penser et nos observations ci-dessus et ci-après Et, à ce
moyen, en supposant qu'il n'y ait aucune diminution et
diminuer ensuite les impôts.
Art. 13. — Art. 13 de Crouy. Supprimer les mots : étant en
très mauvais état.
Art. 14. — Art. 14 de Crouy; ainsi rédigé :
« Que dans le cas où les gabelles subsisteraient, (|ue les
habitants de cette paroisse soient libres d'aller lever leur sel au
grenier de Beaugency au lien d'être forcés de passer en tout
temps la rivière de Loire en bateau pour le lever à Mer (1),
(1) ("h.-l. de c'° ; dép. Loir-cl-Clier, arr. Blois.
474 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
éloigné (le deux lieues de cette paroisse de plus que la ville de
Beaugency, étant d'ailleurs au passage exposés de perdre la
vie. »
Art. 15. — Art. 1(3 de Grouy. Var. : une perte de temps de
trois ou quatre jours et une dépense considérable pour la
fainille Pourquoi nous désirons pour opérei- les tire-
ments à deux ou ti'ois lieues de distance au plus
Fait et arrêté lesdits jour el an, et avons tous déclaré ne
savoir signer.
J. Delahaye, notaire.
35« TOURY-EN-SOLOGNE.
Dép. Loii'-et-Clier. Arr. Roiuoi-aiitin. 0'". Neiiny-.
Gén. Orléans. El. Beaug'encv. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 60 feux. De Clermont-Tonnerre. Haute justice, r. en la
j ustice de levèché d'Orléans. Assemblée le 1(3 août. I^r. de Saint-Laurent-
des-Eaux. A 8 lieues de Saint-Laurent et 10 d'Orléans. lioute de Cliaiu-
bord. Près le parc de Chambord. Pays couvert. Soloi-ne.
17()8. — (30 feux. De (Clermont-Tonnerre. Yig-ne.
Taille de la paroisse en 1788. — 541 1., dont 'i.")!) pour le princi-
[)al et 201 pour les inijjositions accessoires et la capitatntn.
Procks-verh.\l. — Assemblée électorale le mercredi 4 mars,
dans la chambre où se tieiuient les assenil)lées. sous la jjrésidoicc de
Barthélémy Chapeau, procureur à la [)révùté. haute, moyenne et basse
justice de Toury-en-Solog-ne, expédiant en l'aljsence du prévôt. —
Pojmldlion : (32 feux. — Comjxtranix : CÀmidc Leroux, syndic de
l'assemblée; sieur Denis (Mcnient. incnihre; Sylvain N'ililicii cl Pierre
T)elahaye, membres de ladite assenii)lée; .Jean Hubert, journalier : sieur
Hobci't Cour, bourji-eois ; Fran(,-ois Mercier, journalier; Kticnne Hertlic-
lin. lociilurier; .Jean P.rizoux. journalier ; (ialjcicl Dliuisnc (0- joni'ualicr;
.lean <iaullard, tisserand; Sébastien Contant, locataire: l''i-ani;ois Dela-
haye. inaréchal-ferrant ; René (bouillon, journalier; l<'i'an(;ois Bidault,
iournalier; .lean Lepage, locaturicr; Kticnne Bordereau, tailleur
dliabits; Pierre Leroy, laboureur; Sylvain Thomas, journalier:
jjilaire Breneux, locataire; .b)seph Beifiné, locataire; François (Uiudry.
CAHIER DE TOURY-EN-SOLOGNE. 475
laboureur; François Gaillard, journalier; Silvain Cormier, cabaretier;
Jacques Larcher, locataire ; Jean Larcher, journalier ; Jean-Baptiste
Bourdin, journalier; Xoël Ferasson, journalier; Sylvain Lecœur,
journalier; Etienne Bardon, journalier; Alexandre Bordier, journalier;
Louis Bourdier, ferrandier (1); Pierre Leroy l'ainé, journalier. —
Députés : Denis Clément père ; Sylvain Vildieu.
Cahier de la paroisse de Tourtj-en-Solofjne pour être présenté
à l'assemblée générale qui se tiendra le 7 mars pro-
chain 1 789 à Orléans par devant M. le lieutenant général
du bailliage d'Orléans, à Orléans.
lo Les habitants de cette paroisse disent que, pour répondre
à la lettre (jui leur a été adressée par Sa Majesté, en date du
24 janvier 1780 et par ordonnance de M. le lieutenant général
d'Orléans en date du [13 février] 1789, ({u'iis se soumet-
tent entièrement à toutes les volontés de Sa Majesté pour faire
d'eux tout ce qu'il lui plaira, attendu qu'ils ne sont pas assez
éclairés pour faire aucune demande lu représentation, sinon
que les habitants de la<hle paroisse de Toury-en-Sologne
exposent à Sa Majesté :
t2'J Que les trois quarts des meilleurs biens de leur paroisse
ont été jadis enclavés dans le parc de Chambord et la forêt de
Boulogne où ils n'ont aucun usage libre, dont le menu et gros
gibier dudit parc de Chandjord et de la forêt ravagent si peu
de grains qu'ils emblavent annuehement; c'est pourquoi ils
supplient très respectueusement Sa Majesté de leur permettre
l'usage de pacager librement leurs bestiaux dans les bruyères
et grands l)ois qui sont hors de garde du parc de Cliambord et
de ladite forêt, comme jadis nos rois, vos prédécesseurs, le
permettaient à nos aïeux anciennement, ainsi que l'usage des
bruyères, fougères et bois mort dudit parc de Chambord et forêt
de Boulogne ;
Les procès abrégés et les frais de justice diminués ;
(1) Celui qui « ferre » le chanvre.
47(3 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Un cliemin libre cludit bourg de Toury iau port de la
rivière de Loire, tant pour la tirée des bois des forêts de Sa
Majesté que pour le bien public, et le sel libre de tous droits
et le bureau des aides réformé.
L'on expose que la rivière de Chanibord qui est comblée
cause un regeaure (1) qui endommage notre paroisse et fait un
tort considérable.
Qu'il sera désigné lui hôtel-Dieu et hôpital dans les villes
les plus prochaines, (pii sont Blois et Orléans, pour avoir droit
(Ly placei' les pauvres malades de ladite paroisse et les pauvres
vieillards.
Fait et arrêté à la chambre des séances, ce 4 mars 1789.
(Suivent 7 signatures : celles de Leroux, syndic; Denis Clé-
ment, membre; Delahaye, membre, etc.).
3G^ Groupe de Suèvres.
SAINT-CHRISTOPHE-DE-SUÈVRES.
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Blois. C«». et C"e. Suèvres.
Gén. Orléans. KL Blois. Dioc. Blois.
JoussE. — Suèvres. Ville. 4413 feux. Le chapitre Saint-Martin de
Tours. 2 hautes justices, une r. à Orléans et l'autre à Beaugency.
Foire le 28 octobre. Bi'. de Blois. A 4 lieues de Blois et à 12 d'Orléans.
Route de Blois à Orléans. Sur la rivière de Loire. Plaine.
1708. — 227 feux. Le [)rcvùt de Suèvres. Vigne.
'ÏMiAM de la paroisse en 1788. — <),()41 1., dont H,»).")!) |)()ur le principal
et 3,7;il pour les inqtositions accessoires et la (•ai)ilatiori.
Procks-verhaI;. — Assemblée électorale le dimanche 22 février,
dans l'auditoire du lieu, sous la. présidence de Pierre David, notaire
royal aux duché et bailliage d'Orléans, colloque et résidant au bourg de
Suèvres. — Populalion : 240 feux. — Comparants : les sieurs Jean-
(^harles Des Écots-Delaniotte, syndic municipal ; Robert-André (laigne-
(1) Mol du parler blésois qu'on prononce rcjor : regorgement d'un cours d'eau.
CAHIER DE SAINT-CHRISTOPHE-DE-SUÈVRES. 477
ron, greffier ; Jacques Lambert, marchand ; Jean Yillier l'aîné, Jean
Neau père, François Gauvin, Nicolas Robert, tous notables; Jean
Moreau, aussi notable; sieur Jacques Legroux, aussi notable; Alexan-
dre Marpault, aussi notable ; Jean Pigeault. Jean Joly, Jean Métivier,
adjoints; François Cousin; Jean Blanchard père; François Cousin,
chantre ; Restitut Marpault père et fils ; Clément Cousin fils ; Louis
Frileux ; Vincent Rabier ; Denis Orgeoux ; François Berthelot ;
François Guillot ; Jean Boutet ; Vincent Lapineau ; Jean Bougoin ;
Etienne Prévost; Claude Guillot ; Jean Neau le jeune ; Pierre Viau ;
François Marpault-Delaloing ; Honoré Boureau le jeune; Louis
Ahusseau, tous habitants de la paroisse de Saint-Christophe dudit
Suèvres ; Claude Belton et Jean-Baptiste Cosson, tous deux collecteurs
de la présente année 1781) ; lesdits susnommés demeurant tant dans le
bourg que dans les hameaux et villages de la même paroisse Saint-
Christophe de Suèvres. — Députés : Lamotte ; Jean Villier l'ainé ;
PYançois Gauvin.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances du syndic, de
l'assemblée municipale, notables, marguilliers, collecteurs
et habitants de la paroisse de Saint-Christophe-de-Suèures,
qui ont nommé pour députés Charles Des Écots-Delamotte,
syndic, Jean Villiers et François Gauvin, tous deux
notables.
lo Cette paroisse, dans son enceinte, n'est habitée que piir
(les artisans, vigiiei^ons et journaliers assujettis à des droits
d'inventaire et don gratuit comme ville, et qui n'est cepen-
dant qu'un petit bourg; qui, sans rapporter davantage au
trésor royal, gênent considérablement les pauvi'es cultiva-
teurs; pour les éviter, matière journellement avec les
employés; pourquoi ils en <lemandent la suppression.
2o Que la dîme de MM. les chanoines de Saint-Martin de
Tours soit fixée, étant devenue charge considérable pour tous
ces pauvres habitants, qui, dans son principe, avait été don-
née aux curés par les peuples pour les faire vivre, et à présent
est devenue loi rigoureuse, faisant dîmer les blés à la treizième
gerbe et les vins à la vingtième pièce dans les caves et celliers,
478 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
qu'il faut leur garder jusqu'à la Saint-Martin et leur donner le
choix pour éviter toute procédure, ce qui diminue le produit
du cultivateur, joint aux impôts accumulés qu'il est obligé de
payer.
3» Quant à la corvée des routes, on ne peut qu'en approuver
l'ordre, si la Noblesse, le Clergé, bourgeois et négociants des
villes, qui en jouissent plus que les corvéables, en payassent
(sic) leur part pour soulager les pauvres taillables, qui, au lieu
de cinq sols par livre, pourraient être réduits à deux sols.
4» La grêle a perdu partie de cet endroit en blé et vigne, et,
pour comble de malheur, toutes nos vignes gelées par la
rigueur du froid, sans ressource pour la récolte prochaine.
5o Ces mêmes suppliants demandent la résidence à Suèvres
au moins d'un ofiicler de justice pour le l»on ordre de la
paroisse, dont on a besoin parla misère du peuple.
6» Que le siège de la justice tienne tous les huit jours, comme
par le passé, au lieu de tous les mois, ce qui fait languir les
affaires et accunude les frais.
7° Quant à l'impôt, soit territorial, soit pays d'Etats, que l'un
ou l'autre ne peuvent être que pour un avantage considérable
pour l'État et le bien public des cultivateurs, nous nous en
rapportons à la décision des assemblées plus éclairées que nous,
et soLdiaitons que tous soient réunis dans un seul en réformant
les aides et gabelles.
Après lecture faite à notre assemblée ordinaire à haute et
intelligible voix, tous d'un commun accord; en foi de quoi
nous avons signé le présent. A Suèvres, ce dimanche 22 fé-
vrier 1789.
(Suivent 15 signatures : celles de Neaii, notable; des Kcots-
Dt'laiiiotte, syndic; Gaigiieron, greffier, etc.)
CAHIER DE SAINT-LUBL\-DE-SUÈVRES. 479
SAINT-MARTIN-DE-SUKVRES.
Gomme Saint-Christoplio-de-Suèvres, sauf 1rs détails suivants :
1708. — 44 feux. De Disiei-. Vigiip.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,155 1.. dont 530 pour- le |)rineipal
et 625 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électoi-ale le dimanche l*"' mars, à
8 heures du matin, sous la présidence de Pierre David, notaire royal
aux duché et bailliag-e d'Orléans, colloque et résidant au bourg de
Suèvres. — Population : 00 feux. — Comparants : Passavant, mar-
chand, syndic municipal ; Denis (Uiillot. tuilier; François Leton, labou-
reur ; .lacques Bougoin, laboureur; Pierre Moutier. serrurier; lesdits
(luillot, Leton et Bougoin, notables; ledit Moutier, greffier; Altin
Ghanteaume, Ambroise Dupuy et Mathurin Marpault. adjoints ; .Tacques
Gharron, Denis Bouin, Joseph Ghaudore. Martin Peignant, Edme
Parreau, Laurent Marcadé, François Marcadé, B'rançois P'ronin, Pierre
Papineau, Louis Marpault, Léonard Villeger, Ambroise Roullard,
Michel Pouteau, tous vignerons et jardiniers, habitants de ladite
paroisse de Saint-Martin dudit Suèvres. — Députés : Michel Pouteau ;
Denis Bouin.
Le cahier de Saiiit-Mai^tin-de-Suèvres est identique à celui
de Saiut-Cln'istophe-de-Suèvres.
SA INT-LUBIN-DE-SUÈ VRES.
Gomme Saint-Gliristophe-de-Suèvres, sauf les détails suivants :
1768. - 78 feux. Le prévôt de Suèvres. Vigne.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,831 1., dont 1,300 pour le prin-
cipal et 1,531 pour les impositions, accessoires et la capitation.
PROci^:s-VERBAL. — Assembléc électorale le dimanche P''' mars, à
10 heures du matin, au presbytère, sous \i{ présidence de Pierre David,
notaire royal aux duché et bailliage d'Orléans, colloque et résidant an
bourg de Suèvres. — Population : 11 feux. — Comparants : les
sieurs Noël Roullet, marchand à Suèvres, syndic municipal ; Jean
Morea.u, demeurant aux Landes, greffier; Glande Oubier, marchand-
meunier, notable ; Pierre Gentil, meunier, adjoint ; François (]abourg
et Jean Ghardon, marguilliers ; IMerre Gharron l'aîné, Ghristophe
480 • BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Romain, Pierre Bougouin, Michel Marpault, Jean Mestré, Jacques
Loyaut. Pierre Delaage, tous vignerons et liabitants de ladite paroisse
de Saiiit-Lubin-de-Suèvres. — IJrpufés : Noël Roullet ; François
Cabourg.
Cahier des vœux et doléances des habitants de la jmroisse
de Saint- Luhin-de-Suèvres.
Les liabitants de la paroisse de Saint-Lubiii-de-Siièvres, pour
se conformer aux ordres qui leur ont été adressés, s'unissent
à toutes les demandes qui seront présentées aux États géné-
raux pour que toutes les provinces du royaume soient établies
en pays d'États; qu'il y ait, s'il est possible, un unique impôt;
que les Fermes générales soient supprimées; pourquoi ils offrent
de se soumettre à un impôt territorial auquel seront assujettis,
sans exception, les biens de toute nature, à la réserve de ceux
qui forment les revenus des hôpitaux et de toutes maisons de
charité, qui méritent, par leur destination, la plus grande
considération.
Cet impôt territorial, qu'ils sollicitent avec l'étendue la plus
exacte, produirait, sans presque frais de régie, au-delà des
espérances et deviendrait pour le peuple un soulagement pré-
cieux. D(;s déclarations fidèles seraient commandées sous des
peines capables d'intimider les propriétaires peu disposés
à se conformer à la loi. Pourquoi le syndic et les marguilliers
de chaque pai'oisse pourraient être autorisés à afficher
à la porte de leur église les objets qu'on aurait vérifiés n'avoir
point été déclarés, à les mettre en vente comme biens qui
n'auraient point de maître, et même, le troisième dimanche,
les adjuger au plus offrant au profit de leur communauté.
Avec la France entière, ils gémissent sur la ruine de tant
de familles épuisées, ruinées par des procès inévitables,
et sollicilcnt auprès des Etats généraux pour que les appels
soient plus rares, moins dispendieux, les li-ais de justice allégés,
les procédures abrégées.
CAHIER DE SAINT-LUBÏN-DE-SUÈVRES. 484
Les mêmes habitants, pour leur avantage particulier, ont
l'honneur et la confiance de représenter que leur petite ville
de Suèvres composée cependant de trois paroisses n'a pas plus
de mérite qu'un simple village : elle contient peu d'habitants,
presque tous vignerons ou journaliers ; point de négociants ;
aucune foire ni marché ; sans autre objet de production que
la vigne ; mais, pour les charges, elle est à l'instar des villes
qui lui sont supérieures à bien des égards ; elle paie entrées,
inventaire, don gratuit des vins qu'elle récolte, impôts onéreux
qui déterminent les particuliers à abandonner les caves et
celliers pour en construire d'autres à grands frais, ou en affer-
mer dans des endroits plus éloignés et non assujettis à ces
droits.
Le dernier objet de leurs vœux et de leurs respectueuses
remontrances serait d'avoir parmi eux des personnes capables,
autorisées à exercer la police. MM. nos officiers de justice
sont les mêmes du marquisat-pairie de Ménars, distant
de 2 lieues environ ; ils répondent aux plaintes qui leur sont
portées. Mais combien d'événements, de troubles publics qui
auraient besoin d'être arrêtés au moment même et d'être
punis selon l'exigence des cas, souvent à l'égard d'étrangers
passant ou de mendiants non domiciliés; les compagnons de
différents états, surtout dans la chaleur du vin, troublent
aussi le repos public, motifs qui portent à désirer que le syn-
dic municipal et les marguilliers puissent suppléer en l'absence
de MM. les officiers de justice.
Le présent cahier est fait du consentement de nous, habi-
tants, et avons signé, sauf ceux qui ne le savent pas. A Suèvres,
en notre bureau d'assemblée, le i"'' mars 1789.
(Suivent 13 signatures : celles de Jean l^retin ; Jean Nerdeux;
RouUet, syndic, etc.)
482 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
370 La Chapelle-Saint-Martin .
Dép. Loir-et-Cher. Arr. Blois. C'o«. Mer.
Gén. Orléans. El. Blois. Dioc. Chartres.
JoussB. — 170 feux. Chapitre Saint-Martin de Tours. De la prévôté
de Suèvres, r. au b. d'Orléans. Assemblée le 11 novembre et le dimanche
après la Saint-Pierre. Br. de Blois. A 4 lieues de Blois et à 18 d'Orléans.
Grande route de Blois à Marehenoir. Plaine.
17G8. — 189 feux. Le prieur de Suèvres. Vigne.
Taille de la paroisse en 1788. — 9,2.56 1., dont 4.2.50 pour le prin-
cipal et 5,006 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 28 février,
dans la salle de l'assemblée municipale, sous la présidence de Michel
Hénault, notaire royal aux duché et bailliage d'Orléans, colloque et
résidant à La Chapelle-Saint-Martin. — Population : environ 200 feux.
— Comparants : .Tean Leroux, .Lacques Burv-Legendre, Jacques Bury-
Pothée. Pierre Leroux, .Jacques Tournois, Etienne Poulin. Toussaint
Tournois, Mathurin Quenioux, Louis Tournois, Vincent Lemaire, Pierre
Porcheron et Denis Pothée, syndic, membres, adjoints et greffier de la
municipalité ; André Poitou et Mathurin Lemaire, marguilliers ; François
Géau et Pierre Tournois, collecteurs ; Macé-Cothereau, Louis Adam, .Jean
Pothée, Pierre Bury, fils de Martin. .Jacques Tournois, de Villefriou,
Toussaint Tournois, Jacques Leroux, fils de Pierre, François Lemaire,
Jean-Jacques Viray, François Tournois, Jacques Lemaire, Louis Bury,
fils de Martin, Jacques Bury-Turpin, Jean Noé, François Berthelot, Jean
Quenioux, François Leroux, Louis Tournois le jeune, J^ierre Adam, (hi
Bourg, Louis Blanchard, Toussaint Bury, Jacques Tournois, du Villiert;
Jacques Leroux l'aîné, Jean-Louis Rouballay, Pierre Cothereau, Fran-
çois Ougazeau, Jean Bury, Charles Morineau, l^ierre J^thée l'aîné,
Denis Tournois, Michel Thiercelin et Pierre A(h\m, de Morvilliers, tous
laboureurs et vignerons. — Députés : Miclud Thiercelin ; Jacques
Tournois.
Cahier des demandes de la 'paroisse de La Chapelle-Saint'
Martin à l'assemblée des États généraux, le 7 mars 1789.
La pai'oisse de La Cliapelle-Saiiit-Martin, généralité d'Or-
léans, diocèse et élection de Blois, justice seigneuriale de la
CAHIER DE LA CHAPELLE-SAINT-MARTIN. 483
cliàtellenie de Suèvres, relevant cUi bailliage d'Orléans, est
située à quatre lieues de Blois, de Ménars-la-Ville (1) deux
lieues et une lieue et demie de la route d'Orléans à Blois, au
commencement de la Beauce, dont les chemins sont très mau-
vais, ce qui fait qu'il est très difficile d'amener les denrées aux
foires et marchés desdites villes.
Cette paroisse, qui a une lieue et demie de traverse de tous
côtés, consiste entre 4,500 arpents de terrain, dont près de la
moitié est depuis longtemps en friches, malgré les essais répé-
tés inutiles et stipendieux des cultivateurs qui n'en peuvent pas
même tirer des prés artificiels. 1,000 arpents de terre par
chaque saison sont aujourd'hui en culture, bonne, commune
et mauvaise par tiers, non compris les vignes qui, formant
250 arpents de vignes, produisent d'assez bon vin, mais en
petite quantité.
Cette paroisse paie actuellement et depuis plusieurs années
des impôts trop considérables et qui, par augmentations suc-
cessives, l'ont rendue extrêmement pauvre. Elle paie 4,250 livres
de pied de taille qui, avec les autres impositions accessoires,
forment la somme de 9,364 livres ; elle paie en outre pour les
vingtièmes, dont la répartition est inégale, la somme de
2,ld8 livres.
Les décimateurs de cette paroisse sont tous ecclésiastiques,
dont plus des trois quarts de la dime appartiennent au chapitre
de Saint-Martin de Tours. Ladite dime se perçoit à la treizième
sur les blé, orge et avoine, et la vingtième partie du vin pris
dans les caves et celliers, ce qui produit auxdits décimateurs
une somme de 8 à 10,000 livres par chacun an, qui, avec leurs
dîmes de Suèvres et autres biens-fonds qu'ils possèdent dans
lesdites paroisses, leur fait une rente d'environ 30,000 livres
par chacun an; chargés seulement de l'entretien des chœurs
des égUses dont la dépense est très faible. Leurs biens-fonds
sont sortis des cures, suivant la tradition commune, faisant
partie d'anciennes dotations.
(1) Aiij. Mer, cli.-l. de c'" (Loir-et-Cher.)
484 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
I] est à remarquer que les décimateurs ne font aucune
aumône aux pauvres de ces paroisses. Depuis trente ans que
M. le curé actuel est dans cette paroisse, il n'a pu obtenir
pour les pauvres, malgré ses demandes réitérées et sans
réponse, que la somme de 30 livres que ledit sieur curé a reçue
et distribuée.
Le chapitre de Saint-Martin de Tours a résidé dans cette
paroisse et à Suèvres, en qualité de curés militants (1), plu-
sieurs sous la régie de saint Benoît, et, en se retirant par
ordre du Prince à la collégiale de Tours, ils ont emporté avec
eux les dîmes, fonds et titres dont ils ne jouissaient plus que
comme curés; ils ont laissé par transaction aux curés succes-
seurs quelques biens-fonds, un gros, un trait de dîme, aujour-
d'hui en friche (2) et qui étaient anciennement novales, qui,
par évaluation, ont été estimés la somme [de] 1,500 livres, tant
pour le sieur curé que pour deux vicaires, dont un réside
dans un village nommé Le Villiers, où il y a une chapelle et
maison presbytérale, où il se fait l'office divin, vicaire. stipendié
aux dépens du curé. Il y a eu pendant un temps un second
vicaire au chef-lieu; mais l'hisuflisance de la cure a obligé les
seigneurs évèques à n'en plus dotnier, et, après le vicaire payé
aujourd'hui, il ne reste pas au curé les 700 livres accordées, ce
qui ne suflit [pas] pour un curé d'une paroisse très écartée
composée de 200 feux et bien difficile à desservir, il y a
quelques années, qui paie 117 livres de décimes.
1» Les habitants de c(;tte paroisse demandent à l'assemblée
des États généraux l'augmentation de la cure jusqu'à la concur-
rence de 2,000 livres et une somme proportioimée pour l'ali-
mentaire des deux vicaires, dont la résidence d'un serait très
nécessaire pour le soulagement du si(HU' curé dans le minis-
tère et lui aider au service divin.
2" Demandent (ju'il soit accordé une somme de .'1,000 livres
(1) Il faut évidemment sous-entendre : les chanoines du ciiai)itre de Saint-Martin de
Tours
(2) Ces deux mots sont rayés dans le texte.
CAHIER DE LA CHAPELLE-SAINT-MARTIN. 485
pour les pauvres dé cette pai'oisse, dont le nombre se multiplie
plus que jamais par rapport aux mauvaises récoltes et les
vimaires (1) dont cette paroisse se trouve écrasée, surtout cette
année, la récolte a été grêlée à quatre reprises différentes,
dont la perte a été évaluée de 28 à 30,000 livres ;
4o Qu'il soit accordé pour le maître d'école une somme pour
l'éducation des jeunes paroissiens pauvres, qui sont en très
grand nombre, pour les faire sortir de leur ignorance et en faire
des sujets instruits et né[ce]ssaires à l'État; que cette somme
soit honnête ;
.> Que toutes ces sommes soient prises sur les dîmes et
biens-fonds ecclésiastiques de cette paroisse qui sont beaucoup
plus (|ue suffisants pour ces emplois ; que ces sommes soient
en argent ou en nature, par évaluation de biens ou de
grains;
6" Qu'au moyen de ces sommes très faciles à tirer des gros
déciniateurs (néanmoins forcément), toute demande de casuel
forcé pour l'administration des sacrements et les quêtes qui
depuis longtemps avilissent le ministère soient entièrement
supprimées. Tel est le désir des curés de campagne qui se
font une vraie peine de l'exiger et de le recevoir, malgré la
modicité de leurs bénéfices;
7° Qu'il soit pris et accordé sui- l'impôt tei-ritorial, s'il y a lieu,
à la décision des États généraux, une somme fixe et durable
pour le rétablissement des chemins des bourgs et villages qui
conduisent aux villes et marchés voisins;
8<' Qu'il ne [)uisse être par la suite tiré aucun impôt sur les
fermes à raison de leur exploitation ou sous prétexte d'entre-
tenir la nef, grosses réparations d'église et autres réparations
communes, surtout les déciniateurs, ni établir aucun impôt
sans le consentement des États généraux qui vont se tenir ou
de ceux qui se tiendront périodiquement;
(1) Tout flénii qui fiappf l'agriculture : tel que la grèle, les inondations, etc. (Jaubcrt, Glossaire
du Centre de lu Francr, v» vimère.J
486 BAILLIAGE D ORLÉANS.
90 Demandent plus particulièrement avec instance la décharge
de la taille, de la capitation d'industrie, et de l'évaluation de la
corvée, de la gabelle, qui seront converties en impôt territo-
rial ou autrement payé par les propriétaires aux ofTres qu'ils
font de tenir compte auxdits propriétaires pendant le cours de
leurs baux du montant de ce qu'ils paient actuellement pour
taille et autres impositions accessoires;
10° Arrêter que les Parlements ne pourront enregistrer
aucun impôt, ni emprunt, ni création d'offices auxquels on
attacherait des émoluments, tant que lesdits États généraux ne
seront pas convoqués ;
llo Que les frais énormes de justice et jusqu'à présent trop
arbitrants (1) soient diminués et les procédures abrégées, ce qui
ruine des familles et empêclie [de] recourir à la justice pour
recouvrer [ce qui a étéj usurpé par trop de puissants et riches
usurpateurs.
Tel est le cahier des demandes et doléances et remontrances
que font les habitants de cette paroisse, dont ils ont chargé
leur& députés pour l'assemblée préliminaire du 7 mars à
Orléans et celle du 16 du même mois. Fait à l'assemblée de
ladite paroisse tenant à l'issue des vêpres, annoncée au prône
de la messe, et convoqués au son de la cloche et à la manière
accoutumée, le 22 février 1789; et ont signé tous les habitants
ci-dessus et de l'autre part.
Et, avant la signature, les habitants ayant reconnu ([ue ce
qui est dit sur les dîmes était insuffisant, ils ont ajouté que les
di-oits de dîme de cette paroisse à la treizième pour les grains
et à la vingtième partie pour les vins en cave et en cellier
étaient pour cette paroisse le plus grand lléaii |)(»nr l'agricul-
ture et qu'aucuns cultivateurs ne pcMivent confier leurs fonds
à un terrain dont le produit en appartient en si grande quan-
tité aux décimateurs. Qu'on joigne à cette dîme celle des
(1) Sii;, pour " arbitraires ».
CAHIER DE CLÉRY. 487
agneaux, qui est à la vingtième : on sentira combien il est inté-
ressant de supprimer ces droits.
On éteint tous les jours des bénéfices; on supprime des
communautés; leurs biens jusqu'ici ont été réunis à des collé-
giales pour doter plus largement des clianoines, ou à des sémi-
naires sous de faux prétextes de payer des pensions à des jeunes
gens qui aspirent à la prêtrise.
11 résulte de tout ceci que la paroisse demande la diminu-
tion de la dîme ou la réduction de la treizième à la vingtième
partie, ou que cette dîme quelconque soit accordée au curé,
aux pauvres et à la fabrique de la paroisse dont elle est sortie
et que les décimateurs ont usurpée dans des temps de ruse et
de finesse. Et ont signé les habitants en majeure partie.
(Suivent 14 signatures : celles de Mathurin Quenioux;
Jacques Bury, greffier; Bury-Legendre, membre, etc., et celle
de Hénault, notaire.)
38» Cléry.
Dép. Loiret. Ari'. Orléans. C"". Cléry.
Gén. El. Gren. iJioc. Orléans.
JoussE. — Baronnie. Gros bourg clos. De la paroisse Saint-André [de
Cléry]. 176 (1) feux. Le duc de Saint-Aignau. Collégiale. Les habitants
vont -AUX marrliés d'Orléans, Meung et Beaugency. 5 justices; haute
justice; justices de La Salle-lès-Cléry, de Saint-Benoît-lès-Gléry ; des
Muids, r. au b. d'Orléans; justice royale de Beaugency, r. au Parle-
ment. Assemblées, le 15 août et le 8 septembre. Ni marché ni foire.
;H« br. d'Orléans. A 4 lieues d'Orléans. 1 de Meung et ;3 de Beaugency.
Route d"Orléans à Blois. Sur le ruisseau d'Ardoux. Prairie et vignoble.
Le terrain prcxluit vin et foin. Chapitre royal fondé par Louis XI, qui a
environ 10.000 1. de revenu. 11 y a dans Cléi'y un petit hôtel-Dieu pour
réfugier les pauvres passants seulement une nuit.
17()8. _ il) (2) feux. Duc de Saint-Aignan. Vigne, foin.
(1) Au-dessous, 250 feux et 4()0 communiants.
C2; Il y a évidemment une erreur du scribe. Peut-être faut-il lire : 179.
488 BAILLIAGE D ORLÉANS.
DiME. _ Grosses dîmes : terres, 1 gerbe de 4 pieds 2 pouces par
arpent ; vignes, 5 s. (cens et dime) par arpent; arrachis au licnit de trois
ans; pâturages au bout d'un an. Vertes dîmes : chanvre, le l.T.
Menues dîmes : agneaux et cochons de lait, le IB*".
Taille de la paroisse en 1788. — 2,824 1. 10 s., dont 1,334 1. 10 s.
pour le principal et 1,490 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, sous la
présidence de Jean-Charles Fustier, sieur de Bois-Monjouan, procureur
fiscal en la ville-châtellenie-baronnie de Gléry-sur-Loire en Orléanais,
faisant fonction de juge, pour l'absence de M. le bailli d'icelle. —
Population : 200 feux. — Comparants : François Lecomte, marchand-
commissionnaire, svndic deClérj et de la municipalité (33.10 -f- 36.19) ;
Jean-(Tuillaume Benoit, s'' de Lormois, bourgeois (4(3.10 -f- 51.60) ;
Pierre-Charles Mitoufiet, bourgeois (42 -f- 46.5) ; Pierre-Louis Cléret,
bourgeois (6. 10-f- 7. 3); Gentien Sainton (22.5 -|- 24.10). Sylvain Le-
maigre (21 -f- 23.1), .Tean-Charles Richer (36 -|-39.14), tous membres
de la municipalité; Marcou-Francois Bois, ancien notaire et greffier de
la baronnie et maîtrise des eaux et forêts de La Salle (4.5-1-4.14);
Alexis Percheron, marcliand fermier (10.10 -f- 21.7) ; François Moreau,
marchand (14.10 -f 15.17) ; Ktienne-Félix Robin, marchand de l)()is
(13 15-f-15.3); René-.Iose[)li Delaunay, marchand de bois (8-|-8.1());
Jean-Alexis Barré, maître en chirurgie (6.15 -f- 7.0) ; Etienne Lanson,
ancien marchand (22-f-24..5); Denis Coûtant père, marchand boucher
et fermier (23.15 -|- 26.3) ; Claude Richer. marchand tailleur (5.10 -|-
6.1); Jean-Marie Rémond (2.10 -[-2.15), Jean-Baptiste Aubry (2.10^
2.15), François Jeulin (1.10-^-1.13), perruquiers; Etienne Bourdon,
marchand boulanger; Jean Soutif (7.5 -j- 8), Robert Michon. marchands
tonneliers (4 -)- 4.8) ; .Jean Dubourg père, entrepreneur de bâtiments
(6.5 -f- 6.18) ; Michel Chatelin, tourneur (10 -}- 10. V.)) ; l>ierre-(;n.hird
Henry, marchand limonadier (5.10 -|- 6.1) ; Mathurin Fouchault l'aîné,
marchand serrurier (6.10 -|- 7.2); Barthélémy Garnier, maréchal
(7.10 -f- 8. .5); Antoine Trébuchet, maréchal (2. 10 -|- 2. 15) ; l'ierre
Couturier, cliarron (4.15 -f- 5.5) ; Jean Lessiou, voiturier; Antoine
Cordet, cabaretier (3.15 -f- 4.2) ; Jacques Henry, cabaretier (1.10-|-
1.13); Jean Morillon, couvreur (6.15 -f 7.<.>) ; Niidlas l'illrUm. ('(.rdier
(5.10 -f- <■».!); Simon I-'auvet (5 -]- 6), Michel ( iallei and. cordonniers
(1.15 -j- 1.1!'); l'i^'''i'« -'^^^t''^' v3-l-3.()), Jaequcs .l;i\..y, vignerons
CAHIER DE CLÉRY. 489
(2.15 + 3.1); Pierre Guérin. ferrandier (1.10 -|- 1.13) ; Michel Demoy
fils (2-f-2.4); François Malvois (1 -j- 1.2). François Gautier, vignerons
(2-f-2.4); François Clément, journalier; Pierre Dugoin, sergent de la
c'hàtellenie-baronnie de Gléry (5.5 -f- 5.1(3); .Jean-Gaspard Bonnet, ser-
gent. — Drputés: Fustier, juge; Sylvain Lemaigre, marchand-fer-
mier (1).
PopuLATiOiN EN IT'JO. — Cléry-Saint-André, 2,237 habitants.
Plaintes et doléances des habitants de Cléry.
Paroisse.
Art. 1er. — Cléry, petite ville, anciennement close de murs,
toui^elles et fossés, appartenait an roi Lonis XI qni y faisait sa
(lemenre et fit bâtir l'église qui existe aujourd'hui et où
reposent ses cendres. Ses habitants sont obligés d'aller chercher
à près d'une demi-lieue l'église paroissiale (Saint-André-lés-
Cléry), église qui est en pleine campagne et qui ne peut tout
au plus contenir que le tiers des paroissiens, tandis que
l'éghse de Cléry est superbe et peut contenir six à huit mille
personnes. Ils demanderaient que la paroisse fût transférée
dans ladite église de Cléry, dans laquelle il y a différentes
chapelles, dont l'une servirait à l'office de la paroisse, ce qui
ne gênerait en aucune manière celui du chapitre ; alors
l'église de Saint-André deviendrait succursale, on y fonderait
\m vicaire, ou il serait encore facile d'en former une deuxième
paroisse ; pour à (pioi parvenir et qu'il n'en coûtât rien à
aucun habitant de Cléry et de Saint-André, on pourrait prendre
sur le couvent des Bons Hommes, près Cléry (abandonné
depuis longtemps et à présent réuni au séminaire de Blois),
tout ce qui conviendrait, même sur le domaine dépendant des
religieux de Saint-Benoît, à Cléry et en la paroisse Saint-
André.
(1) Le procès-verbal de l'assembk'e préliminaire ilii Tiers du bailliage d'Orl.Jans porte par
erreur Lemaigre et Fustier comme députés de Saint-André-de-Cléry. Us sont, comme on voit,
députés de Cléry et ont comparu au bailliage d'Orléans, au lieu que les députés de Sainl-Andié
ont comparu à Beaugency.
490 BAILLIAGE D 'ORLÉANS.
Création de justice royale.
Art. 2. — Le roi Louis XI créa Cléi'y en chàtellenie-
baronnie en 1477, et en fit don à son épiise (le chapitre) en
1480 pour en jouir de son nom; cette baronnie a toujours
conservé le titre de cliàtellenie-baronnie royale, mais les
officiers sont nommés par le clia[)itre et non par le Roi. Gléry,
qui est éloigné de 4 lieues d'Orléans, pourrait foi'mer un
clief-lieu et bailliage royal, et pour le composer, lui donner
pour arrondissement les paroisses de Saint-André, Mareau,
Saint-Hilaire, Mézières, Ardon, Joiiy, Ligny et Dry, dans
lesquelles se trouve un nombre de petites justices toutes
mêlées, exercées pardiUérents baillis et officiers, qui, quelque-
fois, sont six mois et un an sans tenir leur siège, ce qui
coLirvoie et fait languir les parties. Ur, en créant un bailliage
royal, on créerait un lieutenant particulier, un procureur du
roi, un greffier, trois à quatre procureurs, un huissier
audiencier; toutes ces charges se vendraient au profit du Roi
et feraient somme, au lieu qu'il ne tire pas un sol de ces
différentes justices mal exercées et que ces justices lui sont
onéreuses, puis(ju'il fraye aux procédures criminelles. Ces
charges attireraient des hommes de mérite, et si le gouverne-
ment ouvrait les yeux sur' cet article, c'est-à-dii'c de créer des
bailliages royaux de quatre lieues en (|uatre lieues, on verrait
bientôt des gens (fun vi'ai mérite, ([ui vivent misérablement
dans la capitaleet autres grandes villes, venir li;il)it(n' les petites
villes, gros boui'gs, et (ju'ils rendraient llorissants. Gond)ien
cette ci'éation rendrait-elle à l'État V On ne s'en fait pas
d'idée !
Marché.
.\rt. 3. — Anciennement, il y avait uu marché en règle à
Cléry ; il existe encore une mesure. Les liabitaids demandent
que ce marché soit rétabli.
Poste.
Art. 4. — R y a quelques années que le gouvernement
CAHIER DE CLÉRY. 491
faisait espérer aux habitants de Cléry, et par conséquent à
ceux de Saint-Mesmin, Lailly, Saint-Laurent-des-Eaux et
Saint-Dyé, qu'on leur rendrait la poste qui leur a été enlevée il
y a 14 ans pour la reporter sur une route absolument impra-
ticable en hiver, route qui, d'ailleurs, est dispendieuse et
remplie d'excavations, tandis qu'il est notoire que la route
d'Orléans à Blois par Cléry et Saint-Dyé est superbe, conso-
hdée depuis cinquante ans, praticable dans toutes les saisons,
en hiver comme en été, droite et unie et même plus courte
de près de quatre cents toises. 11 y a plus de ressources par
cette dernière route (jui divise le val de Loire d'avec la
Sologne : les foins, pailles et fourrages y sont communs. Les
habitants gémissent de voir un pays qui était tlorissant actuel-
lement ruiné de fond en comble; ils ont fait des réclamations,
mais n'étant appuyés de personne et ayant eu contre eux des
grands qui avaient du crédit et dont les terres étaient situées sur
la nouvelle route de Meung, Ménars, etc., ils n'ont point été
écoutés; ils osent demander ce qui leur a été enlevé.
Taille.
Art. '20. — Malgré l'enlèvement de la route qui a ruiné le
pays, la taille est la même, à peu de chose près, et Cléry est
toujours écrasé. Rien de plus facile à prouver. Et pour ce, on
observe que la taille à Cléry a toujours été divisée d'avec celle
de Saint-André par deux rôles distincts; lorsque la poste
passait par Cléry, le pays était garid d'auberges et de
marchands fournisseurs qui tenaient à ferme les terres et prés
adjacents et es environs; la poste n'y passant plus, le maitrede
poste, les mai'chands et autres foui-nisseurs ont quitté le pays,
et les habitants de Saint-André, qui tous sont des vignerons,
ont peu à peu {)ris toutes les fermes de prés et terres de
Cléry et environs. Les habitants de Cléry ont toujours réclamé
contre l'injustice de ceux de Saint- André (pii, pour se décharger
du taux principal de la taille, comprennent dans leur rôle
plusieurs habitants de Cléry imposés à raison de prés situés
dans l'enceinte et territoire de Cléry. Ils ne savent à qui
492 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
demander justice, les officiers de l'élection jugeant une année
pour et une autre année contre. On peut ici, en passant, citer
les faits :
Le sieur Michel Decluny tenait à ferme du chapitre de
Cléry les prés vulgairement appelés la « grande prairie », sur
lesquels les moutons, vaches et autres bestiaux paissent; ce
fermier était imposé au rôle de Cléry à raison de cet objet;
avant lui, le sieur Deckuiy, son père; avant lui, le sieur
Sainton; en un mot, on remonte à un temps immémorial. Il
a plu aux habitants de Saint-André d'imposer de leur C()té le
sieur Decluny, qui s'y est opposé, disant qu'il ne pouvait paypr
deux taux de taille pour un même objet; il a donc obtenu
contre les habitants et collecteurs de Saint-André sentence en
l'élection d'Orléans, le 26 juillet 1783, qui ordonne que leur
rôle sera biflé en ce qui le concerne. Le sieur Leconte a
succédé au sieur Decluny dans la même ferme ; les habitants
de Saint- André l'ont imposé à la taille. 11 a réclamé contre et
malgré toutes représentations et la sentence qu'on vient de
citer, les officiers de l'élection ont jugé le contraire en condam-
nant ledit sieur Leconte à payer la taille à Saint-André.
S'il y a de grands abus, c'est relativement à la répartition de
la taille ; c'est une partie très essentielle à laquelle on devrait
apporter remède. Rien de plus naturel que de subvenir aux
besoins do l'État, mais il faut que la balance soit pour tous les
sujets. Les habitants de Cléry vicMuieiit de citer un exenq)le ;
en voici un auti'c ((ui les intéresse :
Le sieur Lemaigi-e, habitant de Cléry, a pris les fermes
(jue tenaient la veuve Sainton et son lils, sises près Cléry, et
dont partie s'étend sur la paroisse de MareaiL De tous les
temps, et même par sentence de l'élection d'Orléans, les
fermiers ont été imposés au rôle de Cléry. Les fermiers ont
fait signifier tous les ans leurs déclarations aux lial)itaiits de
Mareau et notamment le 21 septembre 1788; nonobstant cet
usa,L;e de temps immémorial, les habitants de Mareau, dont la
taille n'a pas augmenté fl'une obole, se sont permis d'imposer
CAHIER DE CLERY.
493
ledit sieur Lernaigre pour 350 livres, auxquelles joignant les
accessoires, cela forme un total de 783 livres 5 sols. Voilà ce
fermier employé sur deux nMes pour le même objet. Il a porté
ses plaintes amères; pour consolation, on lui a répondu qu'il
faut payer.
Vingt autres habitants sont dans le même cas desdits sieurs
Lemaigre et Leconte. Ils ont réclamé, on leur a dit de se
taire parce que pour se faire rendre justice au tribunal de
l'élection pour un objet de 12 ou 24 livres de pied de taille, il
faut dépenser en frais d'instance cinq à six louis et môme plus.
Pour parer à ces injustices journalières, que chaque proprié-
taire paie pour ses possessions dont il jouit par ses mains,
charfue fermier pour ce (pi'il fait valoir, entin que les officiers,
bourgeois, marchands et artisans soient tarifés et que chacun
paie suivant son état et condition, parce qu'il n'est pas naturel
que le propriétaire supporte seul le fardeau.
Les habitants de Cléry requièrent que le village de Saint-
André et écarts soient réunis à leur petite ville et qu'il ne soit
fait qu'un seul et même rôle ou qu'on leur donne un arron-
dissement, duquel ils offrent faire faire plan et arpentage afm de
ne jamais varier.
Vingtièmes.
j\^Pt_ (3, _ Si une imposition est mal répartie et à raison de
laquelle il y a une fraude manifeste, c'est celle des vingtièmes.
Les (idèles de Sa Majesté devraient être de bonne foi sur cet
article, mais chacun cherche à se soustraire des droits qu'il
doit légitimement à son prince. Cet objet seul, s'il était bien
perçu, serait suffisant sans accessoires pour subvenir aux be-
soins de l'État, à soulager le peuple sur d'autres imp()ts. Les
riches propriétaires, notamment les seigneurs, ne paient pas
le cinquième de ce qu'ils devraient payer et le petit proprié-
taire étant imposé à toute rigueur. Les habitants se permettent
de faire leurs observations à cet égard :
lo II serait intéressant de fixer les mêmes arrondissements
494 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
que ceux des bureaux de conlrùle : les employés des domaines,
à qui rien n'échappe, puisque tous les actes translatifs, même
les baux qui sont passés hors leur arrondissement, leur sont
connus par les relevés qui se font tous les trois mois, par là,
ils connaissent tous les biens situés dans l'étendue des pa-
roisses dépendantes de lein^s bin-eaux et leur valeur intrin-
sèque, tandis que les employés des vingtièmes qui sont des
contrôleurs habitent les villes de direction et n'opèrent leur
travail que sur des dires qu'un syndic de village, pour l'ordi-
naire peu instruit, leur fait.
2o Pour mettre cette partie dans toute sa vigueur, il serait
intéressant de rendre une déclaration qui obligerait tous les
propriétaires de iaire leur déclaration certaine aux bureaux
du contrôle de leurs biens et revenus d'iceux à peine d'une
forte amende; et si quelqu'un faisait une fausse déclaration
qiù serait prouvée, il faudrait qu'il encourût la peine et que
cette peine fût proportionnée à son revenu. Alors on foi'ceriiit
les gens d'accuser la vérité et chacun supprimerait ce ([u'il
doit naturellement supporter pour le soutien de l'État.
3» D'après les déclarations de chaque particulier qui seraient
faites sur un registre à ce destiné, on formerait un rôle exécu-
toire contre tous les contrilniabh^s (pii seraient tvinis de payer
les !*''■ janvier et juillet es mains du ijiu-aliste du contrôle qui
.verserait directement à la direction; par là, on s'éviterait une
quantité d'employés qui coûtent gros à l'Etat et (jui ne penveiit
laii-e ini travail juste.
Milice.
Ail. 7. — Les campagnes ont besoin de Itras et on ieiu' tire
annuellement des cultivateurs poiu' la milice; on voit nue
veuve (pii n'a qu'un fils en état de la soutenir ainsi cjue plusieui'S
enfants, et on lui arrache ce lai)oi'ienx lils à qui le soil tondxM-a
plutôt (pi'à un auti-e être innlile. Il serait ini moyen, celui de
faire payer aimuellement |»ar cha(pie mâle de|.nis l'âge de
dix-huit ;uis jns(|n'à celui di; (piarante, i)etit on grand, une
sonune de trois hvres dont les pères, mères et maîtres sei-aient
CAHii:ii 1)1-: CLi-:uv. 495
responsables ; ce même objet, dont on ne s'apercevrait pas,
deviendrait important, tandis qu'il est prouvé que chaque
garçon bon à tii-er paie annuellement plus de 30 livres, en
mettant à la l)0urse qui est ramassée par celui qui tombe au
sort et qui regarde cela comme celui de la loterie ; outre ce,
ces garçons sont obligés de passer plusieurs jours pour s'as-
sembler et aller tirer dans les villes de chef-lieu et, par con-
séquent, de Hiire de la dépense et perdre leur temps qui est
précieux.
Corvées.
Art. 8. — On voit avec peine des gens s'enrichir aux dépens
des malheureux habitants relativement aux corvées. Les habi-
tants mettent en lait qu'avec le quart du principal à quoi ils
sont imposés pour cet article, ils feraient faire celles auxquelles
on les astreint. Ils ne se permettent pas de s'étendre davantage
à ce sujet.
Entrée des vins.
Art. 9. — Il est un droit d'entrée sur les vins qui se perçoit
à Gléry et qui gêne absolument le commerce qui est le seul,
ainsi que les foins (1) de ce pays. Pour cet effet, on observe qu'il
y a des caves dans toutes les maisons de Cléry propres à y
conserver les vins ; que les habitants de Cléry sont forcés de
louer des granges dans les campagnes où il n'y a pas de caves,
et il en résulte que la majeure partie des vins dans la haute
saison se gâte. Le pays est assez chargé d'impôts sans
celui-ci.
Il est un autre ilroit d'aides qui est dur : celui de faire payer
à un aubergiste, obligé par état d'avoir un nombre de domes-
tiques, ainsi qu'aux autres débitants, à raison de la consomma-
tion qu'eux, leurs farnihe et domestiques font. Il est de l'étroite
justice de passer à ces débitants le droit sur ce qu'ils peuvent
(1} C'est-à-dire : un droit sur les foins.
496 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
coiisoininer. Les habitants osent demander la remise de ces
droits.
Fait, arrêté et présenté par lesdits liabitants assemblés, le
2 mars 1789.
(Suivent 28 signatures : celles de Lecomte, syndic ; Mitouflet;
Benoît de Lormois ; Baschet, greffier, etc.)
39o Groupe de Meung.
MEUNG-SUH-LOIRE.
Di'p. Loiret. Arr. Orléans. C'o". Meung-.
Gén. Orléans. EL Gren. Beaugency. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Ville. 2 paroisses. 1 collégiale. 1 couvent (riioiniues.
1,027 feux. L'évêquc (["Orléans. 2 Justices, r. an b. d'Orléans. Marchés
les lundi, mercredi et vendredi. 2 foires, î) octobre et 12 novembre.
3'^ br. d'Orléans. A 4 lieues d'Orléans. Route d'Orléans à Beaugency.
Sur la Loire. Vignoble.
1708. — 874 feux. L'évéque d'Orléans. Vigne.
DÎME. — A Meung et ses succursales, terres labourables, une gerbe
de 50 pouces par mine de 50 perches (à 20 pieds la perche). Les officiers
municipaux prétendent que peu de vignes paient la dime. (Cependant
le chapitre de Meung avait une dîme vers Baule et M. de Thi ville une
vers Rondon, où l'on payait .5 s. par ai-i)ent. BtHes à laine, 1 s. i)ar tète.
Chanvre, échalotes, ails, oignons, 2 s. par boisselée (le 25'' d'un arpent ).
Tau-le de la pai-oisse eu 1788. — 22,771 1., dont 10,500 pour le prin-
cipal et 12,271 pour les imi)ositions accessoires et la capitation.
Progès-veri{.vl. — Assemblée du cor[)s municipal le mercredi 4 mars,
sous la jjrcsidence du maire et des échevins. — Population : pas
indiquée. — Compara nls : sieurs Fonteneau, notaire royal; Petit,
notaire tabellion; Rimbault l'ainé ; .larry, commissionnaire de vins;
Richard; Grillon; Robichon, marchand tanneur; Bigot, bourgeois;
Froumy, chirurgien; Trousseau, Simon, marchands épiciers ; Trébuchet,
tailleur d'habits; Meunier, marchand meunier; Sainton, boulanger;
Louis .Joudeau, boucher ; Alexandre Croyer, serrurier ; BouUay fils,
couvreur; Bonté, vitrier ; Léonard Berneron, ma^on ; François Lefèvre,
tourneur; René Percheron, voiturier; Dubois Major, tonnelier; Porce-
mulc l'ainé, cordonnier ; Vrain Souchet, laboureur à La Bourie ;
CAHIER DE MEING-SUR-LOIRE. 497
Jacques Thomas, lahoiu'eai' à l"Ilo-aux-Oies ; Nicolas Mousseux, vigne-
ron ; Pierre RouUeau, à La Haute-Croix ; Guillaume Métais, vigneron
au Bardon ; Jean Agoux, vigneron à La Nivelle; Jean Allard, vigneron
à la Bonnerie, et Louis Blot, marchand aux Monts, tous représentant
les ditterentes corporations, corps et communautés de cette ville,
des bourgeois et habitants, ainsi qu'il résulte des actes de délibération
qu'ils nous ont exhibés.
« Nous ont déclaré s'être rendus en la présente assemblée où ils vont
s'occuper en premier lieu de la rédaction de leur cahier de doléances,
plaintes et remontrances, et en cllet, ayant vaqué l'espace de deuxj(nirs,
tous ensemble, ils nous ont représenté ledit cahier qui a été signé. —
Députés : Brigot, maire; Fonteneau ; Petit; Rimbault ; Jarry ;
Trousseau. »
Population en 1700. — 4,400 habitants.
Le Calendrier Jiislorique, p. 181, consacre une notice à la ville de
Meung et décrit le chapitre de Saint-Liphard, le séminaire, l'hôtel-Dieu,
le bailliage, l'hôtel de ville, les « affaires du Roi », les chirurgiens,
le commerce.
États généraux.
Bailliage cV Orléans .
Tiers état de la ville de Meung -sur-Loire.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances rédigé par les
représentants du général des habitants composant l'ordre du
Tiers état de la ville et dépendances de Meung-sur-Loire,
nommés par corporations et professions, arts et métiers,
stiivant l'acte d'assemblée arrêté à l'hôtel commun de ladite
ville le i«''' mars i'789, pour être porté par lesdits députés
élus à rassemblée préliminaire qui sera tenue à Orléaiis le
7 dudit mois, conformément à la lettre de convocation du
Roi, au règlement y annexé, en date du 24 janvier dernier,
et à l'ordonnance de M. le lieutenant général dudit Orléans,
du 13 février suivant.
Vœii.Y unanimes formés par les citoyens de ladite ville :
Art. 1er. — Que la religion calholique, apostolique et j'oniaine
soit maintenue et observée dans toute son intégrité ;
T. I. 3i
498 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 2. — Que riiommage respecLueux de la fidélité et de
l'obéissance desdits citoyens soit porté au pied du trône ;
Art. 1]. — Que leur souvei'ain monarque soit très humble-
ment supplié de les prendi'e sous sa protection comme mem-
bres les plus faibles de son royaume, quoique les plus nom-
breux, les plus indigents et les plus oppressés par les impôts et
par les privilèges de ses deux autres oi'dres ;
Art. 4. — Que toutes les provinces du royaume, particu-
lièrement l'Orléanais, soient érigées en pays d'Etats dans la
même forme et avec la même administration que celle du
Daupbiné, c'est-à-dire que les gabelles soient supprimées et
que les autres parties de finance, comme les aides, les entrées
des villes, soient réparties par les États provinciaux.
Art. 5. — La décadence qu'a éprouvée le commerce de la
tannerie dans tout le royaume depuis 1759 est généralement
connue; et, parmi les fabricants de cette ville, il y en a un tiers
de ruinés, et les autres ont beaucoup soulTei-t dans leui-
fortune. C'est un puissant motif pour demander la suppression
des droits sur les cuirs ou un abonneinenl qui, en conservant
le produit net du droit, distraction faite des dix sols pour livre,
délivrera lesdits fabricants des gênes et des enti-aves ([u'en-
gendre l'exercice des coirnnis ;
Art. 0. — Que la taille, les impositions accessoii'es, les
vingtièmes et la contribution de corvée soient convertis en un
impôt territorial sur tous les |)i'opriétaii'es iiidistinctemcnl ilu
royaume ;
Art. 7. — Qu'il soit scrupuleusement surveillé à l'euiploi des
deniers destinés à l'entretien des routes, sur lesquels on
présume (|u'il se commet de grands abus;
Art. 8. — Que les individus sans j)ropriétés de biens-fonds
soient imposés à une taxe personnelle et industrielle, à raison
de leui's facultés et de leur commerce ;
Art. 9. — Que les droits seigneuriaux connue la féodalité, la
CAHIER DE MEUNG-SUR-LOIRE. 499
banalité, la dîme, soient modifiés en faveur des vassaux; les
moulins banaux de même si onéreux aux habitants;
Art. 10. — Que les États provinciaux aient le droit d'enre-
gistrer les impôts préférable ment à toutes cours de justice;
cet objet intéresse directement chaque contribuable ;
Art. 11. — Que les lois du royaume soient maintenues dans
toute leur force ; qu'il soit procédé par des commissaii'cs équi-
tables et instruits à un nouveau code civil et criminel qui
anéantira les abus et chicanes, les formalités trop multipliées
dans les procédures, notamment pour l'obtention des lettres de
ratification; que les droits de contrôle et d'insinuation soient
réduits, les droits de franc-fief supprimés ; que le papier timbré
soit substitué au parchemin pour quantité d'actes de notaires et
de greffiers qui n'en sont pas susceptibles ;
Art. 12. — Que le remboursement des rentes dues aux gens
de mainmorte puisse leur être fait au fur qui sera réglé par
lesdits commissaires ;
Art. 13. — Que les charges de magistrature cessent d'être
vénales, que les avocats y parviennent successivement par le
travail, l'émulation et la concurrence ;
Art. 14. — Que le privilège du Temple à Paris et d'autres
asiles de cette nature soit absolument interdit aux banquerou-
tiers, ces sortes de retraites étant suspectes à la bonne foi et
impénétrables à la justice ;
Art. 15. — Que le casuel forcé des curés et autres prêtres
consacrés au service des paroisses soit anéanti et qu'il y soit
suffisamment pourvu par le liaut clergé ;
Art. 16. — Que l'exportation des blés à fétranger ne soit
jamais permise sans l'avis des Etats provinciaux, seuls dans le
cas de faire connaître à l'administration les besoins réciproques
des provinces du royaume ;
Art. 17. — Que, dans la cherté des grains, comme nous
réprouvons depuis la récolte, il soit permis aux municipahtés
de faire la recherche des greniers d'abondance chez les riches
500 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
fermiers et chez les spéculateurs les plus intéressés, de les
dénoncer à [la] justice et les contraindre d'en faire la distribu-
tion au prix du cours, afin de prévenir une disette qui, en
accablant le même peuple, l'expose à se porter à de violentes
extrémités aux dépens du repos public;
Art. 18. — Le Roi, par un arrêt du Conseil d'État rendu
en 1733, a rendu vénales les charges municii)ales. ly.i ville de
Meung-ne pouvant alors les iicquérir a eu pour impôt une taxe
de 13 sols sur l'entrée de chaque poinçon de vin dans la ville.
L'arrêt qui ordonne cet impôt déclare qu'il durera jusqu'à la
concurrence de la valeur desdits offices; dix années ont été
suffisantes pour remplir le vœu du ministère. La ville de Beau-
gency qui ne pouvait pareillement acquérir s'est soumi.se à
payer à un particulier, qui a remboursé i)om' elle ses offices
municipaux, cette même taxe pendant dix ans. Voilà ciiKpiante
ans et plus que la ville de Meung paie; il en résulte qu'elle a
remboursé cinq fois et plus le prix de ces dites charges ; elle
prie l'assemblée de vouloir bien s'occuper de cet objet;
Art. 19. — Pareillement de travailler à une l'éforme dans les
justices seigneuriales. Elles sont en général mal servies, et elles
enlraînent des multiplicités de fi-ais par l'appel qu'il y a de
l'une à l'autre. La chàtellenie de Meung comprend dans son
ai-rondissement la justice de La Nivelle dont on appelle au
Chéray, de celle-ci à Meung; ce sont trois sentences à obtenir
avant d'aller à Orléans; de la justice des Marais, dishmlc d'une
demi-lieue, de celle de Pi'élefort, distante d'ime lieue de Meung,
on va par appel à Beaugency, distante de trois lieues de l'une et
de deux et demie de l'autre. Il serait bien moins coûteux, et
les parties seraient bien plus pioniptement expédiées, s'il n'y
avait (pi'une justice (pii eût son arrondissement dont l'appel
irait directement à Orléans. Il serait ])areillenienl bien inléres-
s:uit que le seigneur de justice eût un pi^K-in-cur lisc;il de
résidence pour faire observer l;i police, maintenir le bon ordre
et assurer la tranfjuillité, et (ju'il fût en outi'e accordé
à chaijue nmnicipalité le droit de police, concurremment
CAHIER DE MAREAU-AUX-rRÉS. 501
avec les officiers de justice, à l'instar des principales villes du
royaume.
Art. 20. — Qu'en se conformant aux vues bienfaisantes de
notre généreux monarque manifestées dans toutes ses opéra-
tions et singulièrement dans la convocation des États généraux,
il soit établi dans cette auguste assemblée une constitution
sage et immuable sur tous les objets prévus et à prévoir, et
qu'il y soit arrêté le retour périodique des mêmes États géné-
raux; ils fourniront toujours des ressources convenables aux
besoins de l'État.
Le présent cahier a été fait et arrêté par nous, députés
susdits soussignés et dénommés en l'acte de ce jour qui doit
accompagner ledit cahier, après y avoir vaqué l'espace de deux
jours à l'hôtel commun de ladite ville, ce 4 mars 1789.
(Suivent 31 signatures: celles de Fonteneau; Petit; Bi'igot,
maire; Fournier, secrétaire-greffier, etc.).
Duinuys, qui préside, au titre de procureur-fiscal de la châtelleuie de
Meuiii;, l'assemblée de Mareau-aux-Prés, présida également dans les
paroisses du groupe du marquisat de Montpipeau (Voir plus haut, n» IG).
Le cahier de Mareau-aux-Prés a été dressé sur le modèle de celui de Rozières,
mais avec des différences de rédaction et des additions qui rendent nécessaire
sa publication intégrale.
MAREAU-AUX PRÉS.
Drjt. Loiret. Arr. Orléans. C«". Cléry.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. Bourg. 222 feux. 3")() conimuiiiants. L'évèque d'Orléans.
Deux justiees, v. au 1). <l'()rléaiis. Marrliés d'Orléans, Menny et
lîeaup-enr-v. Dc' Cléry pour la poste aux lettres. Assemblée le dimanche
après le i'^ août, jour de saint Hippolyte. 3'' br. d'Orléans. A 3 lieues
d'Orléans, 2 de Meung et 4 de I^eaugeney. A 1 lieue de la route d'Orléans
à Bordeaux. Près la rivière de Loire. Vignoble, prairies et terres
labourables. Le commerce est en foin, vin et blé. 4 hameaux qui sont :
les Muids (partie), Villeneuve, La Perrière, Saint-Fiacre. La cure vaut
1.200 1. ; à la collation de l'évèque d'Orléans.
502 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
1768. — 244 feux. L'évèque d'Orléans. Vignes, fruits.
DÎME. — Grosses dîmes : terres labourables, gerbe de 4 pieds 2 pouces
par mine; vignes, 2 s. G d. par arpent. Vertes dîmes : chanvi'e, la
20" poignée. Menues dîmes : moutons, agneanx, cochons de lait, le 13".
Taille de la paroisse en 1788. — 8,4731. 16 s. 6 d., dont 3,807.16. 6
pour le principal et 4,666 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mercredi 25 février, au
banc d'œuvre de l'église, sous la ^res/c^ewce de Pierre-François Dumuvs,
procureur au Châtelet d'Orléans, procureur-fiscal de la ville et chàtellenie
de Meung-sur-Loire, dans laquelle se trouve la paroisse de Mareau,
accompagné de Jean-Gabriel Clément, son greffier ordinaire. —
Populalion : 280 feux. — Comparanls : Jean Couteau, syndic (48-)-
58.17); André Durand (34 -j- 41.14); Jacques Sainton (17 -f- 20.17);
Louis-Barthélémy Lamandé (7-J-8.12); Jacques Hume (45 -|- 55.3);
Gentien Parard (17 -[- 20.17); Vincent Boisset (40 -|- 40.1); Sébastien
Sauvage (08-f- 120. 4); Etienne Bobichon (12-f- 14.14); Etienne Boulage ;
Simon Bruneau (15 -|- 18.8); Simon Javoy ; Jean Robiclion (14-[-
17.3); Jean Parard (16-f- 10.12); Jean Legros (18 -f- 22.1); Mathias
Roche (39 -|- 47. 17); Jean Desouches (10. 10 -|- 12.18); François Fro-
mentin, laboureur (143 -)- 17.5.7); Guillaume Fi'omentiii ; Piorri' Fro-
mentin ; Jean Durand ; Louis Javoy ; Pierre Bonheur (14.10-)- 17.16) ;
Jacques Thomas ; François Javoy (18.10 -)- 22.14) ; Hippolyte Sainton;
Jean Hume (12-)- 14.14) ; Simon Legros (8-)- 9.16) ; André Montigny
(11 -|- 13.10); Sébastien Éaulé (6^7.7); Pierre Cornet (5 -[-6.3);
Toussaint Roche; François Allais (11 -]- 1.3.10) ; Jacques Bardeau;
Vincent Fromentin (2-)- 2. U) ; Pierre Cornet ; Sébastien Parard (18-)-
22.1); Jean Hume; Jean Durand le jeune (9.10-)- 11.13); Vincent
Boissay (40-|-40.1); Augustin Boistard (22 -f 26.19) ; René Lalau
(4-)-4.18); Louis Boury (11 -)- 13.10); Denis Lacour; Pierre Bonheur
le jeune (24 -f- 29.8); Pierre Rochet ; Jean Hume Taîné; Grégoire
Fromentin (1.10-)- 1.17); Jean Hume (7.10-f-9.4); François Germain;
Denis Lelard ; Louis Javoy (16-)- 10.12). — Députes : Guillaume
Hume, laboureur ; Louis-Barthélémy Lamandé, jardinier ; Vincent
Boissay l'aîné, vigneron.
PoiTLATioN EN 1700. — 1,132 lial)itants.
CAHIER DE MAREAU-AUX-PRÉS. 503
Cahier de doléancef^ et remontrances des habitants de la com-
munauté de la paroisse de Mareau-aux-Prés, en vertu,
en exécution (sic) des ordres du Roi et de Vordonnance de
M. le lieutenant général au Châtelet d'Orléans du 13 février
présent mois.
\o Les habitants de Mareau croient qne la première opération
de l'assemblée des États généraux doit être la formation d'une
charte de constitution qui assure à toujours entre le Monarque
et la Nation le pouvoir législatif et exécutif, dans laquelle les
droits respectifs de la Nation et du Souverain soient clairement
et solidement établis ;
2" Le retour périodique des États généraux tous les deux ou
trois ans, sans que, dans l'intermédiaire, il ne soit établi
aucune Commission ni Conseil auxquels on n'attribuerait aucune
espèce de puissance législative, entière ou partielle.
3" 11 est bien intéressant que la Nation assemblée s'occupe
de la réformation de la justice civile et criminelle qui, dans sa
forme actuelle, est très vicieuse et ruineuse, particulièrement
les droits de grelfe du bailliage d'Orléans qui sont excessifs
et sans mesure.
4" Il est également intéressant de solliciter la suppression
générale de toutes espèces d'impôts, taille, capitation, corvée
et gabelle, et généralement de tous impôts dont la numération
est impossible par la multitude ;
5o Solliciter la suppression du droit de franc-fief, lequel,
sans être d'aucun avantage lucratif au Roi, est le plus onéreux
aux sujets; les l)iens qui en sont grevés entre les mains du
roturier se trouvant sans milh^ valeur et difficiles dans le com-
merce. Les habitants représentent que les impôts et droits
dont la suppression est à désirer sont si considérables qu'ils
emportent plus du quart du revenu des sujets, sans même
aucuue défalcation des avances d(^ culluro et de récolte.
G» La suppression étant accordée, et [vu] la nécessité qu'il va
de subv(Miir aux charges de l'État, l'on croit que les États gêné-
504 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
raiix doivent présenter la formation de deux impôts uniques :
l'un, personnel, qui serait supporté par tous individus non pro-
priétaires de biens-fonds à raison de la faculté de leur état et
de leur commerce, sans [que] qui que ce soit puisse en être
exempt, c'est-à-dire ni de rang ni de privilège. L'autre, réel,
qui serait supporté par tous les propriétaires de biens-fonds,
dans la plus juste proportion de leur valeur et de leur produit,
également sans nulle exemption, distinction, rang ni privi-
lège.
7o II est également intéressant de solliciter l'établissement
d'États provinciaux, dans la meilleure forme possible, qui auront
la répartition des deux impots, en feront la recette au moins de
frais possible et en feront le versement direct au Trésor royal,
sans qu'il soit besoin du ministère d'un receveur général
ni particulier ;
80 Que l'Assemblée nationale doive s'occuper à établir,
constater et fixer la dette nationale à laquelle les deux impôts
proposés seront proportionnés.
9° Les hid)itants croient ([u'on ne doit accorder les impôts
que pour un temps limité et seulement pendant l'intervalle
d'une tenue d'États à la suivante dont l'époque irrévocablement
fixée.
iO" L(^s habitants croient qu'il serait intéressant (|u'il n'y eût,
dans chacune des paroisses de campagne, qu'une seule et unique
justice ; que dans celle de Mareau il s'en trouve (juatre,
ce (jui devient ti'ès gênant et embarrassant pour les habitants ;
il conviendrait que les seigneurs des moindres parties fussent
tenus de les abandonner au seigneur le plus éminent à raison
d(^ 10 livres par feu. Ce sont toutes les remontrances que les
liabitants croient devoir i)résenter.
11" Les habitants croient qu'il est intéressant que toutes
sortes d'espèces d'actes de notaii'C soient réglées et fixées tant
par rôle d'écriture et tant de lignes par rôle, et fixer \f^ic\ le prix
des reconnaissances censuelles à telle somme par article ;
CAHIER DE MAREAU-AUX-PRÉS. 505
les notaires n'ayatil point de Ijornes, ils prennent des prix
exorbitants.
l!2o Les habitants croient ([u'il est d'intérêt que les impôts
des vins soient diminués, particulièrement à Paris; on paie
aussi cher du poinçon de vin du cru de la paroisse de Mareau,
qui est de la plus petite et basse qualité du royaume, on paie
aussi cher comme du vin d'Auvernat qui se vend le double ;
cela empêche que le vigneron, qui a le malheur de se trouver
dans cette basse qualité, ne fasse aucun profit; et sont toujours
les plus miséraltles (1) de tout le monde, particulièrement les
habitants de Mareau, attendu que leurs vignes sont exposées
sur un mauvais terrain sujet à toute sorte d'inconvénients du
temps: la gelée d'hiver, du printemps et d'automne qui empêche
souvent la meurisont (sic) (2) des fruits; les vers, qui ne lâchent
pas de ravager les fruits de la vigne, ce qui rend les habitants
misérables. Il ne devrait être établi qu'une petite partie d'impôts
sur ces mauvais terrains.
loo Les liabitants représentent qu'il n'est pas nécessaire
d'entrepreneurs sur les routes; les assemblées municipales
sont dans le cas de veiller sur les entretiens de chemins.
Toutefois et quand il sera nécessaire de dresser procès-verbal
des ouvrages (ju'il [y] aurait à faire, le présenter au bureau
intermédiaire pour en faire adjudication; et qu'il soit permis
à toute personne de se rendre adjudicataii'e en donnant cau-
tion, et cela, après avoir donné avis aux liabitants de faire
leur tâche, connue il était d'usage les années précédentes,
au lieu qu'à présent, les enti-epreneurs font des estimations et
des évaluations de corvées de cinq à six paroisses ensemble,
et ne font faire qu'une seule adjudication du total, et se rendent
adjudicataires eux-mêmes, et font défense à tous les habitants
présents de se i-endre adjudicataires, ce (|ui |)rouve l'abus de
ces messieurs les eiili'cpi'enciu's ; au lieu (|ii(' ci-dcvaiil
(1) G'est-à-diie : et les vignerons sont toujours les plus misérables.
(2i Pour meurisson, en vieux français : maturité.
506 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
on permettait à tous les habitants de prendre ladite adjudication
de chacun leur paroisse.
Voilà tout ce que les hal)itaii(s croient devoir présenter pour
toutes les remontrances, et ont signé, sauf ceux qui ont déclaré
ne savoir signer.
(Suivent 10 signatures : celles de Jean Couteau, syndic;
Durand ; Louis Lamandé, etc.)
40» Baccon.
Drp. Loiret. Avr. Oi'lrans. To". Meiing.
Grn. Orléans. El. Gren. Beaugency. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 110 feux. Delà Touanne. injustices :
celle du lieu, r. au b. d'Orléans; celle de Saint-Mesmin. r. au b. d'Or-
léans ; celle de Beaugency, r. au Pai-lement. Assemblée le 10 juillet.
Ire jji.. d'Orléans. A 5 lieues d'Orléans. Route de Ghâteauduii à Beau-
gency. Route traversière de Meung à Ruisseau. Plaine. Beauce.
17(58. — 07 feux. De la Touanne. P>lé.
])iM,.:. — Terres laboural)les. une gerbe de .■')0 pouces par grande
ruine. Le reste au 18*'.
Taille de la paroisse en 17.S<S. — (),11;'> !•• dont 'J.S'JO iiour le princi-
pal et 3,203 pour les impositions accessoires et la cai)ilation.
I'rocks-vkriîal. — Assemblée le dimanche l''' uL'irs. dans l'auditoire
du li(ni, sous la ]»'('■ sidenc.e de Pierr(> Baillcul, notaire au bourg et
paroisse de Baccon. — Populalion : 101 feux. — Comjxiranfx :
Mathieu Pinsar<l ; .toseph Aupert ; .lean Barrault; Simon Moi-et ; -loseph
Venot l'ainé ; .laoques Semaire ; Etienne Sichet : .lacques (Minier;
p'rancois (xaillard ; .Jean-Jacques Moret ; Rcnauld Kondonncau; Louis
iMiuclicr; Denis Chartier : Marin Maivhand : l'iciTc Oudct le jeune ;
Simon Moret le jeune ; Louis Pi-ousl; Toussaint Moclic : ni|ipolyte
Mégret ; .lacquesOrillon ; Sylvain Dcsniarcon ; .lacciues Tliauvin ; .loseph
(;aillar<l; .Jacques Pelle; Pierre Bailleul ; .Nicolas Masson ; Pici're
lirillard; .lean l'éan ; François Milhaud : Louis-Léonard Oouin : (iillcs
Leclci-c ; (Icnlicn Venot ; V<înot le jeune ; Léon.'u-d lluraull ; .lean-.laccpies
CAHIER DE BACCON. 507
Mahu ; Marin Fouqiiet ; Louis Blasson ; Jacques Leclerc. — Députés :
Mathieu Pinsai'd; Pierre Baillenl.
Population en 1790 . — 630 habitants.
Plaintes ci doléances que portent aux États généraux qui
doivent s'assembler le 27 avril prochain à Versailles les
habitants de la paroisse de Saint-Quentin de Baccon, élec-
tion de Beaugency, généralité d'Orléans.
Les plaintes et les soulïrances des gens de campagne ont
presqne toujours été étouffées par leurs larmes dans l'intérieur
de leurs maisons et presque toujours rebutées par ceux qui
étaient préposés pour les écouter et y avoir égard. [Sans]
jamais parvenir au trône du Souverain, elles ont été arrêtées
par ceux qui avaient intérêt d'en empêcher le succès. Aujour-
d'hui le Roi bienfaisant qui occupe le trône de cette monar-
chie, né avec un caractère de justice et d'équité qui donne les
plus heureuses apparences (sic, pour espérances), s'occupe
principalement du bonheur de la classe indigente, la plus nom-
breuse de ses sujets, et leur (sic) demande de lui exposer les
torts et préjudices qu'ils ont éprouvés jusqu'à ce jour, les
remèdes que les États généraux promettent [d'jy apporter et
les moyens (ju'ils connaissent les plus utiles pour leur procurer
une situation plus heureuse.
Les habitants forment entièrement une partie pi'incipale de
cette multitude souffrante de citoyens, et, en conséquence,
vous exposent sommairement leurs doléances.
lo Ils disent que les impositions sur les propriétaires sont
excessives, que les tailles, les corvées, les vingtièmes forment
un prélèvement très considérable qui (Hent toute aisance aux
cnllivateurs, lesquels doivent des engrais et des facilités pour
lexploitation ; le(iuel moyen est faible et languissant, excepté
chez les pins riches ([ui ont amassé écus par successions
ou par quelques événements heuiviix, pour ne rien refuser
aux avances de l'exploitation ;
508 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
2° Que non seulement lii masse des impôts est excessive sur
les propriétaires, qu'elle est levée avec une rigueur incroyable,
que cette masse passe par trop de mains, ([U(^ tous préposés, rece-
veiu's particuliei'S et généraiLV, caissiers, font un prélèvement
si considérable qu'ils ont ouï dire que, lors([u'il est porté au
trésor royal, elle (sic) est diminuée de presque moitié, et que
c'est un proverbe en campagne que, pour devenir riche en peu
d'années, il faut être financier ; qu'il semble donc auxdits habi-
tants qu'il serait de la sagesse des États généraux de simplilier
la perception do rinijxH en évitant les divers versements de
l'ai'gent et en établissant dans cette paroisse (sic) des Etats
provinciaux chargés de faire le recouvrement des impôts avec
moins de dépenses et plus de modération ;
> Que les propriétaires ayant tonjours été accablés d'inqjôls
soit par les vingtièmes, corvées, IVanc-fief et construction
d'égUses, presbytères et autres, il s'ensuit que les propriétaires
de fonds, accablés par les impôts et par les réparations de
leurs biens, sont forcés, pour vivre et pour les payer, d'affer-
mer à un prix excessif les teri-es, et ({u'à ce moyen le cultiva-
teur, après avoir arrosé la terre de ses sueurs, al)régé sa vie par
un ti'avai! continuel et forcé, iiumuI dans l'indigence et sans
laisser une carrière plus heui'euse à parcourir à ses ciifaiils
que celle dont il vient d'atteindi-e le l)iit;
1'" Qu'il est juste de concourir au soulagumenl, juènie à la
prospérité de l'État, mais que la seule manière juste de le faire
est (\\\o cliafinc indi\idn y concoure, puisque cli;H(ne individn
est mis en snrcLé pai' le gouvernement; (|ue ce serait une
injustice manifeste et un tort iri"é|)arable à l'Etat de \\c charger
que le seul |)ro|)riétaire dr riiiq)ôL; i|iie le négociaiil r\ h^ com-
merçant possèdent ime gi'ande parlie des richesses du royaume,
que son opulence forme \o luxe, (|u'il est protégé parla loi,
que les grandes routes son! en parlie construites et entretenues
pour lui, cl (|ii<' si, sous le pi'étexte frivole (pi'on ne commît
point s;i Ibrlnne et qu'elle peut vari(>r d'amKM' à ânnc-c, il ne
doit rien payer, ce serait le cond)l(' de linjuslicc. Il serait de
CAHIER DE BACCON. r)OU
la sagesse des ÉUits généraux de proportionner la division de
l'impùt à chacun, suivant sa fortune réelle ou apparente, étant
compagnie de négociants pour diviser les portions imposées au
commerce ou la portion convenable jointe à l'intérêt général de
l'État avec l'intérêt particulier feront sortir la lumière poin-
éclairer cette opération. Nous entendons dire que, comme la
terre produit tous les biens réels, c'est elle aussi qui doit payer
tout l'impôt. De ce principe, vrai dans sa première partie, il
en résulterait les conséquences les plus funestes et les plus
injustes. Le propriétaire ayant 3,000 livres de rente en fonds
paierait environ 1,000 livres (rimpositions en tout genre quel-
conque; un négociant jouissant anmiellement de 40 ou
50,000 livres de rente pai- son connnerce paierait seulement
7 à 800 livres pour son industrie! Et voilà où les choses en
sont! Quelle inégahté effrayante pour les propriétaires; quelque
favorable que soit la classe des négociants, est-elle aussi utile
et essentielle que celle des cultivateurs et propriétaires?
Fait-on une demande injuste de requérir que les uns et les
autres soient taxés à l'impôt relativement à la fortune notoire
ou présumée d'un chacun? Les nations les plus sages ont
toujours favorisé l'agriculture et ne l'ont assujettie (pi'à la
plus légère partie de l'impôt. L'Angleterre, dont la constitution
du gouvernement représente des États généraux liabituelle-
ment assemblés, ménage le propriétaire de fonds et le cultiva-
teur avec la plus scrupuleuse attention, en sorte qu'un domaine
affermé 1,^200 livres ne paie pas plus de 100 livres d'imposi-
tions quelconques : l'impôt est rejeté sur le commerce, le luxe
et sur les objets de consommation qui ne sont pas de première
nécessité. La vérité de cet exposé sera connue (sic, pour
reconnue) par plusieurs membres des États généraux.
L'objection du négociant qui voudrait échapper à la distribu-
tion proportionnelle de rimi)(')t est de dirc^ : « Nous vous
vendrons, en ce cas, un peu plus chri' noire marchandise. »
Ils la vendent, dès à présent, le plus cher qu'ils peuvent. S'ils la
510 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
vendent, on en achètera moins (1). Cette objection est nulle vis-
à-vis des gens de campagne, du pauvre et de Tartisan, qui à peine
peuvent se procurer le nécessaire, s'abstiennent de n'acheter
rien de commode et de superflu; et combien d'entre eux ont
encore l'habit de noce qu'ils ont fait faire il y a vingt ans? Ce ne
serait donc une augmentation qu'envers les riches, et le tort est
moindre que d'ôter tout aux uns pour ne rien ùter aux plus
riches et aux plus fortunés.
Cette classe du propriétaire et du cultivateur' est d'autant
plus à ménager qu'elle ne peut que décroître et jamais
s'enrichir ; les entreprises, la stérihté, les grêles, les incendies,
les insolvabilités l'épuisent. Le gouvernement ne peut venir
suffisamment à leur secours, et nous en avons une expérience
récente cette année où les propriétaires ne sont pas i)ayés et où
la plupart des cultivateurs sont ruinés. Au reste, les lunùères
et l'équité des citoyens composant les Etats généraux sup-
pléeront à ce qui manque et à ce qui pourrait être ajouté à ces
observations.
5° Les gens de la campagne, [qui] gémissent sous le poids
de l'impôt, ont encore d'autres malheurs à supporter, et, pour
consei-vei" leurs biens, ils sont quel({uefois dans le cas d'éprouver
des pertes soit en deinaiHlant, soit en détendanL, les iï'ais
inmi(MiS(»s pour obtenir la justice ('2). Les degrés multipliés des
juii(Jiclions, l'impéi'itie des gens de pi'atique auxquiïls ils
confient leurs intérêts, souvent le peu de lumière d'un juge
seul (3) du bailliage seigneurial, surtout lorsque le tribunal des
hautesjustices par les éloignements des villes (i) ne sont (s/c) point
occupés jjar des avocats et jurisconsultes, forment un eiicliai-
nemeiit d'exactions (|ui achèvent de jiiiner les pauvres cultiva-
tciu-s lie la camjjagne. Les huissiers, les procureurs se fout
payer inliniment |)lus (jue le tarif ne leur accorde, ainsi que les
gi'efliei's. Comment un liomme, à qui il est pcruiis d'ignorei"
(1) C'esl-à-diro : s'ils la vendent encore plus cher, on en acliùlura moins.
(2) C'est-à-dire : à cause des frais immenses pour ohtciilr la justice.
(3) C'est-à-dire : du juge unique.
(4) C'est-à-dire : à cause de l'éloignement des villes.
CAHIER DK BACCOX. 511
le dédale d'obscurités, peut-il éviter (1) cette tyrannie ? Il est
dans l'ignorance de ce qu'il doit légitimement ; il compose sans
savoir s'il n'olTi'e pas le quadru})le de ce ((u'il doit; il sait ([ue,
noni)l»staiit ses olïres verbales, il serait ("2) encoi'e condamné
sur une assignation aux dépens; il sidt obscurément qu'il peut
demander la taxe au juge ; mais il sait aussi très clairement que
le notaire, le procureur, l'huissier, le greffier sont les créatures
des juges et qu'il a peu d'espérance à concevoir du succès de
cette taxe qu'il faut encore payer. L'abus est encore plus grand
pour les actes non contentieux passés par les notaires, princi-
palement de la campagne, ils sont juges et parties et ne
craignent point d'exiger cinq ou six fois plus que ne doit être
payé leur travail. Il n'est que trop vrai que dans une succession
de 3,000 livres, par exemple, l'inventaire, la vente, la liqui-
dation et partage produit (sic) au notaire de campagne le
moins avide plus de 400 livres de bénéfice, outre les contrôles,
insinuations, ce qui diminue la succession d'un quart ; en
sorte que, par tous les genres d'injustice, le malheureux est
toujours dépouillé et appauvri, et le sera toujours. Et quel est
le remède aux {sic) pareils abus? Les gens de campagne n'ont
pas assez de lumières pour l'indiquer ; il suffit à eux de pro-
poser les abus aux États généraux dans leurs caliiers de
doléances; ils trouveront dans leur sagesse les moyens d'empê-
cher la continuation,
G" Le droit de fraiic-fief consistant dans le revenu de Tannée
et les dix sols pour livre, droit qui se perçoit tous les
vingt ans et, en outre, à chaque mutation, soit par vente, soit
par succession en ligne directe et collatérale, peut être évalué
une perte totale des revenus des biens l^'odaiix tous les neuf ou
dix ans. Droit d'autant plus funeste (jue le propriétaii'e ne
récoltant rien à ces époques n'est pas dispensé de payer la
taille, et que souvent le préposé, lorsqu'il n'y a pas de baux
(ce (jui arrive souvent), taxe avec une rigueur excessive le
(1) Le texte porte : croître, ce qui est évidemment un lapsus.
(2) Hic, pour sera.
51-2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
revenu qnil évulue lui-même. Le paysan, sans défense,
interdit, ne sait faire autre chose que de gémir et payer,
heureux si les frais considérables de la pei'ception de ce droit,
qui ne peut être connue que des roturiers, ne rendent pas le
produit assez intéressant pour le domaine royal pour com-
penser les inconvénients qu'il entraine. Les liabitants de
Baccon espèrent de la bonté du Roi et de la sagesse des Etats
généraux l'abolition d'un droit aussi désastreux.
70 Enfin il paraît digne de la bonté du Souverain et de la
sagesse des États généraux de prendre en considération le prix
excessif du sel. Cette denrée de première nécessité à tous les
individus est encore plus indispensable à la classe indigente des
citoyens. Ne pouvant atteindre pour la plupart au prix
immodéré de la viande, accablés de lassitude et de fatigue
par des ti-avaux répétés journellement, ils ne peuvent se res-
taurer qu'avec du pain bouilli dans l'eau avec des légumes ; le
sel y est nécessaire et pour le goût et pour la santé ; et le peu
d'argent que les pauvres ont amassé en journées passe en
grande partie à acheter du sel. Le prix en est trop cher pour
que le laboureur en use pour médicament ou préservatif sur les
bestiaux. Si la situation actuelle des finances ne permet pas
pour le moment de rendre le sel marchand, du moins il est à
désirer ({ue le prix en soit d(^ beaucoup diminué, afin que les
pauvres puissent participer à ce bienfait de la nature.
Les habitants de liaccon se contenteront de ces observations
parce que les autres al)us à l'éformer, les amélioi'ations à pro-
téger n'échapperont j^as aux lumières des corps et commu-
nautés (jui présenteront leurs cahiers, ni à la sagesse de
MM. les députés aux États généraux et aux vues bienfaisantes
d'un souverain aimé de ses peuples dont il recherche le
bonheur.
(Suivent ^2:} signatures: celles de .loso[)li Venot l'aiiu''; (idies
Leclerc ; Jacques Leclerc, etc., et celle de 1'. I!;ulleul, notaire.)
CAHIER dp: charsonville. 513
4lo Groupe de Charsonville.
Paroisses do Charsonville et Huisseau-sur-Mauves, présidées par Dela-
cour, notaire.
CHARSONVILLE.
Dep. Loiret. Arr. Orléans. €<-'". Meung.
Gén. Orléans. El. Gven. Beangency. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Paroisse. 17G feux. Delahaye. 3 justices : haute justice,
r. à révèché d'Orléans; celle de la Renardière, r. à Meung; celle de
Saint-Mesmin, r. à Orléans. Foire le premier lundi de septembre. 1'"^ br,
d'Orléans. A 5 lieues d'Orléans. Route de Beaugency à Chàteaudun.
Pays plat et Beauce.
1708. — 139 feux. De Laage. Blé.
DÎME. — Grosse dîme (terres labourables), 1 gerbe de 4 pieds 2 pouces
par mine, mesure d'Epieds. Verte dîme (chanvre), la 13" poignée.
Menues dîmes (troupeaux, 1 s. par bète; cochons de lait, un par ferme;
oies, une par bande.)
Taille de la paroisse en 1788. — 5,500 I., dont 2,540 pour le prin-
cipal et 2,900 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, dans
la salle des assemblées municipales, sous la j)résidence de Gervais
Delacour, notaire des paroisses de Charsonville et Huisseau-sur-Mauves.
— Population : 142 feux. — Coinparanls : .Jean Péan, syndic de la
municipalité; François Boissonnet, greffier; .Jean Juchet, André Fou-
quet, Vrain Boissonnet, Pierre Dasbou, Jacques Poulin, Louis Galliot,
membres ; Marin Nouvelon, adjoint ; François -Hippoly te Cornuau,
Guillaume Blusson, journaliers ; .Jean-Charles Pousse, Jean-Baptiste
Pinchaud, Léonard Meigret, Jacques Cornuau, Pierre Breton, Simon
Poulin, Toussaint Juchet, Gentien Chardon, François Hénault, Fran-
çois Dasbou, laboureurs ; Sébastien Villette ; Jean-Jacques Pousse,
marchand ; Marin Péan, laboureur et meunier; Gilles Coulon, Sébas-
tien Bourgoin, Pierre Legrand, Michel Garnier, journaliers. — Déjnités :
François Dasbou; Gervais Delacour.
Population en 1790. — 075 habitants.
•Si
514 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Doléances, plaintes et remontrances que font au Roi les
habitants de la paroisse de Charsonville.
On estime que, pour le bien el avanUiycs du Roi, le hunheui-
el le soulagement de ses sujets :
lo Que, pour donner à Sa Majesté un revenu bien plus consi-
dérable que celui dont elle jouit, il serait à propos que Sa Majesté
s'emparcàt de tous les biens ecclésiastiques indistinctement, à la
cliarge par Sa Majesté de faire à chaque évéque 10,000 livres
de pension, à chaque archevêque l'2,000 livres et à chaque
cardinal 15,000 livres, à tous les curés de ville et campagne
chacun 1,000 livres, à la charge par eux de ne pouvoir exiger
aucune rétribution pour l'administration des sacrements,
baptêmes, mariages et sépultures. On observe à Sa Majesté
qu'elle pourrait taire la réunion de plusieurs évêchés et arclie-
vêchés à un seul, ce qui alors diminuerait les pensions à l'aire
par Sa Majesté et augmenterait de beaucoup ses revemis :
2o Que tous les revenus des abbayes et prieurés simples lus-
sent appliqués au profit de Sa Majesté, sans l'aire aucune pension
aux titulaires actuels desdites abbayes et prieurés, ou toul au
plus de modiques pensions pendant le cours de leui- vie, s'ils
ne sont pourvus d'autres bénélices ;
3o Que Sa Majesté laissât {sic) subsister toutes les églises
cathédrales seulement, ensemble les dignitaii-es (pii y sont, et
qu'on réduisît les chanoines simples à un nombre fixe de
douze par cathédrale, et de l'aire {sic) une pension depuis
1,000 livres jusqu'à 1,500 livres aux dignilain^s et cliiinoincs
simples existants ;
4o Que Sa Majesté, en s'empai'ant de tous les biens ecclésias-
tiques et supprimant tous les couvents de religieux, chanoines
et chapitres autres que les cathédrales, ensemble les commu-
nautés de filles, fît à chacun des chanoines, ivligicux oL
religieuses sup[)rimés 000 hvres <le pension })en(liinl le plein
cours de leui" vie, à la charge qu'il ne pourrait p;ii' la suite
CAHIER DE CHARSONVILLE. 515
se faire aucun religieux ni religieuse, en ce qu'on considère
ces personnes comme absolument inutiles à l'État;
5» Qu'en suivant ce plan, qui deviendrait très avantageux à
l'Etat, Sa Majesté supprimât indistinctement tous les impôts de
quelque espèce que ce soit; ce qui soulagerait infiniment ses
peuples et rendrait le commerce de ce royaume très florissant ;
6" Qu'en supprimant indistinctement tous les inqjùts établis,
Sa Majesté réservât néanmoins un droit de contrôle sur tous les
actes des notaires à 5 sols par acte quelconque, et de 3 deniers
pour les actes quelconques du ministère des liuissiers;
lesquels droits serviraient seulement à assujettir tous les actes
au contrôle pour leur donner une date certaine, une authen-
ticité publique, à éviter les abus ;
7o Que les grands bailliages établis et érigés par l'ordonnance
de Sa Majesté du mois de mai dernier soient rétablis dans la
forme inscrite par ladite ordonnance, et que tous les frais de
poursuites soient diminués et les instances abrégées dans leurs
formes, en ce que celles qu'on tient ordinairement et qu'on a
toujours tenues jusqu'à présent ont occasionné et occasionnent
encore des frais considérables, ce qui devient ruineux pour les
parties plaidantes ;
8° Qu'il fût établi dans chaque ville, bourg et paroisse de ce
royaume des bureaux de charité, dans lesquels toutes les
pei'sonnes bienfaisantes verseraient les dons qu'elles auraient
envie de faire à l'avantage des pauvres de chaque paroisse,
pour être distribués à ces mêmes pauvres par les adminis-
trateurs de chaque bureau, qui pourrait être composé des
membres de chaque municipalité, aux(|uels ii serait enjoint de
tenir des registres exacts de toutes les bienfaisances ({u'ils
recevraient et de la distribution qu'ils en feraient;
9o Qu'en s'emparant par Sa Majesté indistinctement de tous
les biens ecclésiasti(|ues et faisant toutes les pensions comme
il est ci-devant (ht. Sa Majesté jouissant d'abord d'un revenu
égal au moins à celui qu'elle a à présent, tous les impôts actuel-
516 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
lement existants continueront de subsister pendant deux ou
trois ans, même plus s'il était nécessaire, afin d'acquitter
promptement les dettes de l'État, et dés qu'elles léseraient (1),
ces impôts demeureraient de plein droit anéantis, et les sujets
de Sa Majesté entièrement déchargés.
Fait et arrêté en l'assemblée générale de la paroisse de
Gharsonville, tenue cejourd'hui l^r mars 1789.
(Suivent 20 sigmatures : celles de Jean Péan, syndic; L.
Galliot; Boissonnet, greffier, etc., et celle de Delacour,
notaire.)
HUtSSEA U-SUR-MAUVES.
Dt-p. Loiret. Arr. Orléans. Co". Meung.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg, paroisse et prieuré. 220 feux (2). 500 oonimu-
niants. Le marquis de Dampierre. Baronnie appartenant à M. le marquis
de Dampierre. Il .y a encore deux seigneuries, savoir : M. de Montpi-
peau à cause de sa terre de Montpipeau, et M. de L'iacourt à cause de sa
seigneurie de Prélefort. 7 justices, r. au b. d'Orléans. La justice de
Prélefort va par appel moitié à Orléans et moitié à Beaugency. 2 assem-
blées, le dimanche après le l*"" août, jour de saint Pierre-ès-lieus et le
24 juin. Écrire par Orléans. Les liabitants vont aux marchés de Meung
et d'Orléans. A 4 lieues d'Orléans et 1 de Meung. l-^e br. d'Orléans.
Route d'Épieds à Chaingy. A 1/2 lieue de la forêt d'Orléans. Sur un
ruisseau appelé la Mauve. Pays plat, vignoble, terres labourables.
Le terroir est très marécageux; il y a très peu de vignes; h' r(^ste en
terres à courtil, bois et terres labourables. Le commerce (^st en blé,
avoine et orge. IG hameaux, qui sont : la Challerie, le Pater, le Pon-
ceau, la Seicherie, Montpipeau, Monarjon, Brasset, Prélefort, Préau,
Pré-Laville, Flusseau, la Bruère, Dourdaigne, la Maison-Rouge, le
Creux, Aigresolle. Le curé a titre de prieur. La cure vaut 300 L, sans
le casuel ; collateurs, les chanoines réguliers de Beaugency.
17()X. — 254 feux. De Dampierre. Vigne.
(1) C'esl-à-dire : dès qu'elles suralenl acquittées.
('2) Au-dessous : 224.
CAHIER DE IIUISSEAU-SUR-MAUVES. 517
DÎME. — Grosses dîmes : blé, 1 gerbe de 4 pieds 2 pouces par mîne;
vin : 4 pintes par poinçon (cette espèce de dîme pour les vignes est
onéreuse en ce que 4 pintes tirées par poinçon fournissent un vin bien
supérieur à celui qui reste dans le tonneau). - Menues dîmes : agneaux,
1 s. par bête. Le reste à l'ordinaire.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,131 1. 1 s., dont 3,300.1 pour le
l)rincipal et .■).705 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verhal. — Assemblée électorale le dimanche l*"'' mars, dans
la salle ordinaire dos assemblées municipales, sous la ijrésidence de
(lervais Delacour, notaire des paroisses de Gharsonville et Huisseau-sur-
Mauves, résidant à Charsonville. — Population : 200 feux. — Compa-
rants : .Tean Millet, charron, marguillier (22 -f- 24.11) ; François Camus,
vigneron (8. 10 -f- 9. 10) ; Louis Besnard, tisserand (8 -[-8. 10); Charles
Oury, greffier de la municipalité (14 -\- 15.12); Jacques Doucet, menui-
sier (8 -|- 8.19) ; Pierre .Jourdain (8-}- 8. 19), .Joseph Boureau (23 -f-
25.13), vignerons; .Tacques Salle, maréchal (12.10 -(- 13.19) ; .TeanJagot,
vigneron (3-}- 3.7) ; .lean Pinsard, laboureur (129. lO-j- 144.6) ; .Jacques
Gaillard, laboureur (63.5 -f- 70.10) ; .Jean Piaugé, laboureur (4 -(-4.9);
Etienne Lorain, vigneron (5 -j- 5.12) ; .Jean-Baptiste Thauvin, laboureur
(7 -f- 7.16); .lacques Bellanger, vigneron (2-f-2.5); Pierre Poillerat,
laboureur (51 -|-. 50.19) ; Michel-Gentien Lavieille, vigneron (16 -f-
17.17); Mathias Manon, laboureur et meunier; .Jacques Augis labou-
reur (10.10 -f- 11.15) ; I^^lorent Rousseau, membre de la municipalité
(99 -\- 110.6) ; Gentien I*errault, syndic de la municipalité (124 -(- 137.4) ;
François Bailleul, adjoint (70-]- 78.4); Dominique Bourdon, membre
(21.10 -f- 24). — IJt'pulés : .lacques Bailleul ; Gentien I^errault ; Florent
Rousseau.
Population ex 1790. — 1,0.59 habitants.
[Cahier de Huisseau-sur- Mauves.]
Le ciihier de cette paroisse est identique à ceux de Roziéres,
Saint-Sigisiiiond et Saint-Ay. Voir plus haut le caliier de
Roziéres.
A l'art. P2, supprime]' rénumération des justices et lire : Les
iialiitants dlluisseau représentent ([ue, dans leur paroisse, il
se trouve plusieurs justices; que, i)our rintérét général...
518 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 13. — Les habitants représentent que leur paroisse est
pour être desservie par un curé et un vicaire, qu'il serait bien
intéressant d'acconlcr à l'un et à l'autre un revenu fixe et
honnête, à la charge par les curé et vicaire de ne pouvoir
exiger aucune rétribution forcée et même volontaire pour
l'administration des sacrements, et encore à la cliarge par les
curés d'abandonner toute espèce de dîmes, qui sont des
sujets de querelles et de dissension entre les curés et les
habitants, relativement à la perception de ces mêmes dîmes
(pii ont toujours occasionné et occasionnent encore des procès
qui souvent deviennent ruineux.
Que, pour compléter et former le revenu des curés et
vicaires, Sa Majesté pourrait réunir des bénéfices simples
possédés par des ecclésiasti([ues qui ne sont d'aucune utilité
au service de l'Église, comme le prieuré de Saint-Étienne de
Beaugency, le prieuré de Saint-Georges, paroisse d'Epieds, et
nombre d'autres de cette nature.
La suite comme à Rozières. La fin ainsi rédigée :
« Ceux des habitants qui n'ont [pas] signé ont déclaré ne le
savoir. »
(Suivent 21- signatures : celles de Millet; François Camus;
Etienne Lorain; Thaiivin ; Bellanger; Poillerat ; Lavieille ;
Gentien Periaiill, syndic, etc., et celle de Delacour, no-
taire.)
42o Groupe de Saint-Péravy-la-Colombe.
Ce groupe est constitué par les cahiers des paroisses de Saint-Péravy,
Bucy-Saint-Liphard et Coinces, où siégea comme président Poignard, notaire
à Saint-Péravy.
SAINT-Pl':nA VY-LA-COLUMliE.
I)('p. Loiret. Arr. Orléans. C^". Patay.
Grn. Orléans. Kl. Beaugency. Orm. Orléans. Dioç. Orléans.
.JoussE. — 87 feux. .500 communiauls. Election do Bc^auironcy ponr la
taille et d'Orléans pour les aides. Le Roux, de Paris, .lustice d'Orléans.
CAHIER DE SAINT-PÉRAVY-I. A-COLOMBE. 519
T)u niarrhé de Palav. Br. de Cliàteaudun. A 7 lieues de Chàteaudan,
12 de Chartres, G d'Orléans et 1 de Patay. Routes de Blois à Paris,
et d'Orléans à Cliàteaudun. Plaine. Beauce. 1.800 arpents de terres
labourables, ."> arpents de vignes, 150 arpents de bois taillis et haute
futaie. La cure vaut 1,000 1. ; à la collation de l'évèque d'Orléans.
7 hameaux, qui sont : Saumery, Coulmet, Renneville, la moitié de
Chienne (l'autre moitié est de Coinces), le Mesnil, Corfeux et la .Tambe.
17(38. — lOij feux. M. de Saint-Péravy. Blé.
DÎME. — Terres labourables, une gerbe de 44 pouces par mine de
(3(3 perches (de '20 pieds).
Tah.le de la paroisse en 1788. — 7,543 1., dont 3,480 i)Our le princi-
pal et 4,0i33 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 22 février,
dans la salle des assemblées municipales, sous la présidence de Simon
Poignard, notaire royal au bailliage d'Orléans, à la résidence de Saint-
Pcravy-la- Colombe. — Population : 118 feux. — Coniparanls :
Pierre Leliard, syndic de la municipalité ; Toussaint Bracquemond,
Pierre Oaucheron, Charles Simoneau, Denis Imbault, .Tacques Masson,
.Tacques-Antoine Vaillant, Jean Alezy, membres et adjoints de la muni-
cipalité ; Pierre Huet ; Pierre .Tulien ; .Tean Barré ; Etienne Lemaire ;
Pierre Leplastre ; Sébastien Bracquemond ; François Gombault ; Jean
Ratoré ; Jacques Chailloii ; Antoine Perrault ; Charles Barrault, et
Jacqucs-Timothée Servoin. — Députes : Jacques-Antoine Vaillant ;
Denis Imbault.
Population en 1790. — 459 habitants.
Cahier de doléances que présentent respectueusement les
habitants de la paroisse de Saint-Pérauy-la-Colombe d
Sa Majesté.
lo Les habitants remercient Sa Majesté de la grâce qu'elle
leur fait de coiivo(;[uer les J':ta(s généraux; ils la prient de
vouloir bien ordonner leur retour périodique.
!>" Ils dfiiKiiMlcnl que dans les dilTérentes tenues d'États et
spécialement dans la première, les voix soient comptées par
tète et non par distinction d'ordres.
520 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
30 Ils supplient Sa Majesté de supprimer l'impôt de la taille
essentiellement vicieux dans sa constitution ; l'impôt des aides,
la gabelle, les corvées et le franc-fief.
40 Ils la prient de vouloir bien les autoriser à rembourser les
champarts à ceux qui en sont les propriétaires sur l'estimation
qui en sera faite par les États provinciaux, dont ils sollicitent
la création des bontés du Roi.
5" L'institution de la jeunesse étant l'objet le plus important
pour maintenir la religion et conserver les mœurs, les habi-
tants demandent qu'il y ait un maître et une maîtresse d'école
suffisamment fondés pour leur subsistance.
60 Le contrôle des actes en lui-même est nécessaire, mais
la perception se tait d'une manière la plus révoltante ; les
habitants demandent que ce droit demeure fixe d'une manière
uniforme pour tous les actes et pour toutes les personnes, et
que la perception ne consiste que dans un droit très modique
et seulement suffisant pour salarier les commis qui seront
placés dans des arrondissements déterminés par les États
provinciaux.
70 Les habitants demandent que le petit nombre d'imposi-
tions qui subsisteraient soit perçu directement par les États
provinciaux et par eux remis au trésor royal sans frais.
Fait et arrêté dans l'assemblée des habitants de la paroisse
de Saint-Péravy-la-Colombe, dûment convoquée et tenue Je
premier jour de mars 1789.
(Suivent l^ signatures : celles de François Morize ; Nicolas
Leroy; P. Leliard, syndic, etc.)
BUCY-SAINT-LIPHARD.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C"^. Pataj.
Gén. Orléans. El. Beaugency. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Paroisse. 33 feux. Le Roi. 2 justioes : rellr de la prévôté
d'Orléans et celle de levèe.hé. Assemblée le 3 juin, l""" br. d'Orléans.
CAHIER DE BUCY-SAIM-LIPIIARD. 521
A 5 lieues d'Orléans. Route de Rozières à Epieds et à Germigny.
A 1 2 lieue de la forêt. Pays plat. Beauce.
1768. — 35 feux. Le duc d'Orléans. Blé.
DÎME. — i gerbe de 34 pouces par mine de 44 perches.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,5301., dont 710 pour le principal
et 829 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le dimanche l*"" mars,
au banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Simon Poignard,
notaire royal au bailliage d'Orléans, à la résidence de Saint-Péravy-la-
Golombe. — Population : 40 feux. — Comparants : Pierre Barrault,
syndic de la municipalité; Louis Chau, Germain Michau, Louis Moreau,
Pierre Mourice et Laurent Gosson, tous composant ladite municipalité ;
François Piger, greffier d'icelle; Louis Jean; Jean Doléan ; Jacques
Glain ; Jacques Lemarchant; Etienne Pavis; Jacques Pavis ; Jacques
Alézy ; André Bistoquet ; Claude Miard ; Honoré Bourgeois ; Marin
Yachau ; Louis Bleau ; Pierre Gaillard ; François Mesnager et Jérôme
Bergerat. — DppuW's : Piger; Barrault.
PopuLATU)X EN 1790. — 180 habitants.
Cahier des doléances et remontrances des habitants de la
paroisse de Biicy-Saint-Liphard.
En exécution des ordres de Sa Majesté et de l'ordonnance
de M. [le] lieutenant général d'Orléans.
Nous, membres, adjoints de la municipalité de Bucy-Salnt-
Liphard et habitants de ladite paroisse, avons l'honneur de
représenter et nous plaindre que la cure de Bucy-Saint-
Lipliard est très modique et que, malgré la modicité de ce
l)énéfice, le sieur curé est encore sujet à toutes les répara-
tions qu'impose sa qualité de gros décimateur, ce qui diminue
encore très fortement son modique revenu ; pourquoi nous
demandons que cette cure soit augmentée ou par quelque
réunion, s'il est possible, ou sur les revenus ecclésiastiques;
en conséquence, nous demandons l'abolition du casuel.
2o Nous demandons que la taille, imposition, capitation,
vingtième, corvée, soient imposés à un impôt territorial sur
522 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
les propriétaires, en leur en tenant compte jusqu'à la fin des
baux des fermiers.
3» Nous demandons (jue les frais de justice soient diminués,
les procédures abrégées, les droits de contrôle supprimés et
que toutes les justices subalternes [soient] abolies, ainsi que
les notaires de ces justices.
4-0 Nous nous plaignons d'être entourés de la forêt qui cause
à nos terres le tort le plus considérable, et ce ({ui nous endom-
mage encore, c'est d'être les voisins des bois de M""' du Cluzel,
remplis de cerfs et biches qui consomment la plus grande
partie de nos terres au temps de leurs pousses, ce qui, consé-
quemment, diminue très sensiblement la récolte au temps de
la moisson de nos terres, qui déjà rapportent très peu de grain
de toute espèce par leui' ingratitude iiatin-elle et (|ui sont 1res
difficiles à eulliver |)arce que ce sont des terres aquatiques,
conséquemment sujettes à la rouille et à brûler avant que les
grains soient en maturité.
50 Nous demandons (|ue les di'oits de gabelle soicMit anéan-
tis et [à] être compris dans l'élection d'Orléans (pii n'est (|u'à
2 lieues de Bucy, au lieu de celle de Beaugency distante de
6 lieues.
60 Que les droits du hureau des aides soient supprimés,
ainsi que ceux du tabac.
Arrêté à Bucy-Saiiit-Lipliard, le 1^'' mars 1780.
(Suivent 13 signatui-es : celles de lM"ançois Pigé, greffier;
Bari-ault, syndic; (lermain iVlicliau, membre, etc., et celle de
Poignard, notaire.)
COINCES.
Drp. boiiM't. .1/v. Orléans. C'"". I\'itay.
Gén. Orléans. El. P>eaugency. Gren. Dioc. Orléans.
•Tousse. — l'anùssc. Kl. de Bean;j-cn<\v \)i\\w la t;iilli'. rt (l'Oi'léans
pour les aides. ['.M fru\. tOI) cointnnniants. M. de .M'inlahii/.ai'd. seigneur
de eeiisive. Du inardir di; Patay. :; justii'es: de la [u-évùlc il'Orleans, de
CAHIER DE COINCES.
523
Li,?nerolles, r. ;ui h. d'Orléans; de Saint-Euverte, r. en la prévôté.
Assemblée le dimanche après le 4 juillet, l'"'' br. d'Orléans. A 4 lieues
d'Orléans, 1 de Patav et 3 d'Artenay. Route d'Orléans à Patay. Route
d'Huètre à Saint-Péravy. Plaine. Beauce. 4 hameaux, savoir : Villardu,
Brilly, Lignerolles ri la moitié de Chienne (l'autre moitié est de Saiut-
Péravy-la-Golombe). 1,200 arpents de terres labourables; 50 arpents de
vignes. La cure vaut 800 1. : à la collation de l'évéque d'Orléans.
1708. — 138 feux. De Montabuzard. Blé.
DÎME. — 1 gerbe de 34 pouces par mine de 44 perches.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,012 1., dont 3,650 pour le prin-
cipal et 4,262 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche i''^ mars, dans
la salle des assemblées municipales, sous la présù/ence de Simon Poi-
gnard, notaire royal au bailliage d'Orléans, à la résidence de Saint-
.Péravy-la-Golombe. — Popuhdion : 150 feux. — Comparants : les
sieurs Pierre Soûlas, syndic de la municipalité; Antoine Faucheux;
Vrain Couvret; Pierre Mullard ; François Goignet ; Léonard Lussereau;
.Julien Sevin, greffier ; André .Tulien : Michel Oasnier ; .Julien Fau-
cheux; Mathias Bracquemond ; Aignan Bracquemond ; René .Julien ;
.Jacques Favelle ; .Jean Doucet ; .Jean Lingrain ; .Jean Poirier ; Pierre et
Charles Ghaudeau ; Etienne Soûlas; Pierre Goignet ; André Leplastre ;
Pierre Cointepas ; François Lussereau ; Etienne .Julien ; François Char-
pentier ; Alexandre Pelé; Claude Segin ; Ouillaume Sevin; Claude Ber-
theau. — Députes : Louis Faucheux; Léonard Lussereau.
Population en 1790. — 017 habitants.
[Cahier de Coinces.]
La paroisse de Coinces charge ses députés à l'Assemblée
d'Orléans de porter ses vœux et doléances sur les objets
ci-après :
io Sur la suppression des aides el de la gabelle (jui prive
la paroisse et toutes celles qui sont réduites à ne récolter (jue
du grain, d'un Ix'tail toujours très précieux, mais (iiii, sous
ce rapport, le devient davantage ;
2o Sur la suppression de la dîme ecclésiastique, di'oit de
524 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
champart et redevance seigneuriale, et qu'il lui soit permis
de s'en redimer par le moyen le moins onéreux que l'Assemblée
nationale pourra trouver;
3» Sur la suppression des communautés d'ordre ;
4o Sur la répartition de l'impôt, auquel elle demande que les
privilégiés tout comme les non-privilégiés soient assujettis sans
aucune exception ;
50 Sur ce que, pour la perception de l'impôt, il soit prélevé
une dime royale en nature sur toutes les productions territo-
riales (les légumes exceptés) et calculée de manière qu'elle
puisse faire face à tous les frais de la paroisse, tant pour les
deniers royaux que pour la corvée, et le rachat du champart et
redevance seigneuriale ;
60 Sur le rapprochement des tribunaux justiciables en multi-
pliant les grands bailliages, et sur ce que les charges ne soient
plus vénales et qu'elles ne soient données qu'au mérite et à la
bonne réputation;
7° Sur ce que les procureurs ou les avocats soient supprimés,
l'un ou l'autre de ces corps étant suffisant pour défendre leur
partie ;
8° Sur ce que le code criminel soit supprimé ou réformé ;
9° Sur ce que les États généraux soient assemblés tous
les ans et que le droit de consentir et de sanctionner toutes
les lois leur soit exclusivement attribué ;
KJo Sur ce que, dans cette auguste assemblée, on y opine
par tète et non par ordre ;
llo Sur ce qu'on fasse un sort à MM. les ciii'(''s et vicaires
bien au-dessus de celui qu'ils ont et qu'on ajtpliquo, poui- cet
effet, le revenu des abbayes, qui soulagera la classe pauvre;
12o Sur ce qu'il y ait des États provinciaux organisés
à l'instar do c(mix du Dauphiné;
130 Sur ce que la paroisse soit réunie à l'élection d'Orléans,
d'où elle n'est distante que de 4 lieues, tandis qu'elle en est
CAHIER 1)K MDS ET TOURNOISIS. 525
à 7 de Beaugency, où l'on ne peut arriver que par de mauvais
chemins qui mettent les collecteurs en danger d'être assassinés
à chaque pas ;
14» Sur ce que les bureaux des traites soient portés sur
la frontière.
La paroisse charge expressément ses représentants de nommer
des personnes pour choisir des députés aux États généraux,
qui soient éclairées et irréprochables, et si par hasard (|uelqu un
desdits représentants était nommé pour l'assemblée du 10,
elle lui enjoint, sous peine de retirer ses pouvoirs, d'élire pour
les États généraux : lo des députés pris dans le Tiers ;
2" des députés qui aient des lumières et surtout delà droiture,
l'invitant à rétléchir que leur choix doit être d'autant mieux
dirigé par la prudence qu'il s'agit ici du bonheur de la Nation
entière.
(Suivent 8 signatures : celles de Pierre Mulard ; François
Goignet, député; J. Sevin, greffier, etc.)
43° Groupe de Nids et Tournoisis.
Les cahiers de ces deux paroisses, où présida Charles Gajon, lieutenant
de la justice de Nids, en l'absence du bailli, présentent de très grandes
ressemblances. Nous publions intégralement le texte adopté à Nids, en indi-
quant en notes les variantes du texte de Tournoisis,
NIDS.
Dcp. Loiret. Arr. Orléans. C»^". Patay. C"^ Tournoisis.
Gcn. Orléans. El. Beaugency. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — (32 feux. Le Roi. Haute justice, r. au présidial d'Orléans.
Assemblée le 25 juin. Br. de Chàteaudun. A 7 lieues de Ghâteaudun,
12 de Chartres et 0 d'Orléans. Plaine. Beauce.
1708. — 59 feux. De Saiut-Péravy. Blé.
DÎME. — Grosses dîmes : terres labourables, i gerbe de 3 pieds
6 iHjuces par grande mine de 66 perches 2/3. Vertes dîmes : chanvre, à
5'2C) BAILLIAGE d'ORLÉANS.
volonté. Menues dîmes : troupeaux, 1 s. par tète ; eochous de lait, un
par ferme; oies, une par bande.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,431 1., dont OlîO pour le principal
et 771 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1''"' mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Charles Gajon, lieutenant de
la justice de Nids, en l'absence du bailli. — PupiiJation : 48 feux. —
Comparants: Pierre Tardif, laboureur; Claude Périguet; Pierre Lail-
lier ; Sigismond Hurault ; Pierre Pinet ; Fran(,'ois Guérin ; Simon
Hurault; .Tacques Boulard ; Pierre Emery; Marin Defay ; Vrain Coursi-
mault ; Pierre Marmasse ; .Facques Tardif et Charles Pelle, lesdits
susnommés journaliers, à l'exce[>tion de Marmasse, qui est boucher, de
Laillier, qui est marchand, et Boulard, qui est cordonnier, et Matliurin
Chambelin, aussi journalier. — Drputés : Charles Pelle ; Mathurin
Chambelin.
Population en 17iK). — 250 habitants.
TOVRNOISIS.
Dép. Loiret. .4 r/-. Orléans. C'^>\ Patay.
Grn. EL (rren. iJioc. Orléans.
.Tousse. — 74 feux (1). Le i)rieur, ordre de Saint-Benoît. .Justice
d'Orléans. Br. de Chàteaudun. A 7 lieues de Cliâteaudun, 12 de Chartres
et i) d'Orléans. Route d'Orléans à Clulteaudun. Plaine. Beauce.
1768. — 78 feux. Le priem- de Saint-Bi'noit. Blé.
Dîme. — Terres labourables : une gerbe de 4 pieds 2 pouces par
grande mine. Chanvre: la IS*" poignée. Agneaux : 0 d. par tète. Oies :
une par bande.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,151 1. 5 s., dont 1,488.5 i)our le
principal et 1,003 [)our les imi)ositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le diiiianclir 1''' niai's. au
lieu ordinaire des assemblées de la paroisse, sous la jn-csidence de
Charles Gajon, ancien procureur de la justice de Tournoisis, en ral)sciicc
du bailli. — PopuUilion : 00 feux. — Comparanls : Marin Bellangcr
(102.15 -)- 114.17), .Jacques PerMicron (iU. 15 -f- 35.0), lalxturcurs ;
(1) Au-dessous, 83.
CAHIER DE MDS. 527
François Hui'ault (9. 10^10. -J); Claude Hui-ault (1(3-^17.17); Sébas-
tien Peigné, maréchal (7-J-7.10); Jean-Louis Grassin (12 -|- 13.8) ;
Jacques Percheron le jeune (31 -j- 34.12) ; Vi-ain Houry (45. 10 -f- 51). 10);
Etienne Dtjubliei', aubergiste; Etienne Doubliei'. laboureur; Jacques
Boulard. cordonnier (12.15 -f- 14.4) ; François Guillon (87 -|- U7.3) ;
Pierre Joseph, laboureur (40 -f- 44.13) ; Jean Louis (7 -f- 7.10); Jean-
Louis Farinier (1); les habitants dont les qualités ne sont pas désignées
sont journaliers. ■ — Dépulrs : }dartin Bellanger; Jacques Cointepas,
marchand de blé.
Population en 171)0. — 3(_)8 liabitants.
Cahier de doléancef^, plaiateii et remontrances que les habi-
tants de la paroisse de Nids ont llionneur de présenter à
Sa Majesté'.
La paroisse de Nids est une petite pai^oisse composée de
50 feux ; les terres sont extrêmement arides et rapportent
peu ; malgré la modicité du sol, elles sont grevées de rentes de
différentes espèces qui excèdent beaucoup la valeur du fonds :
le champart au douzième et neuvième, assaisonné d'une rente
de champart ; les avenages de deux mines d'avoine par chaque
mine de teri^e assaisonnés d'une poule et chaque année (?);
une autre rente assez considérable appelée la rente de la Jar-
derie, et la dîme, en outre, d'une gerbe par mine sur toutes les
terres de la paroisse. Toutes ces rentes réunies mettent le cul-
tivateur hors d'état de payer les impôts multipliés que Sa
Majesté exige. Les biens nobles possédés par les roturiers
chargés d'une année de rente et 19 sols pour Yiwre par chaque
mutation, le prix excessif du sel, les aumônes forcées qu'on
est obligé de faire, et toutes les auti^es cliarges impi^évues
mettent le comble aux malheurs des campagnes. La longuevu-
des procédures, les frais multipliés empêchent souvent de
réclamer ce qui est légitimement dû. Il n'y a que le Clergé et
la Noblesse exempts d'une partie de toutes ces charges. Il serait
donc essentiel, pour le bien de l'État et la prospérité du cultiva-
(1) Peal-êlre Jean Louis, faiiiiier.
528 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
teur, que tous les sujets payassent indistinctement et également
les impôts à proportion des biens qu'ils possèdent; que la taille,
la capitation d'industrie, les vingtièmes, la contribution des cor-
vées, même la gabelle, fussent diminués et convertis en un
impôt territorial; que les réparations du presbytère, de la
nef et du cimetière fussent à la charge de la fabrique si elle a
un revenu suffisant, et, en cas d'insuffisance, à la charge du
curé ; que les gros bénéficiers fussent réduits à un revenu hon-
nête que Sa Majesté jugerait à propos de leur accorder; que
tous les religieux rentes fussent également réduits à chacun
500 livres, et que le surplus fût versé dans les colfres de
Sa Majesté; que les dimes, qui sont une source féconde
de procès entre le curé et les habitants, fussent abolies et que
le reveim que Sa Majesté leur donnerait pour les indemniser
fût pris sur le trésor royal, ou par la réunion des cures voi-
sines; que les frais de justice fussent diminués; que les offi-
ciers, tels que le bailli et procureur fiscal, fussent obligés de
demeurer dans les paroisses où ils siègent (1), et, à leur défaut,
ordonner une administration municipale dans cliaque bourg,
composée du syndic et des membres, assistés des marguilliers,
pour veiller sur la police (2), arrêter les mendiants non domi-
ciliés, et les faire conduire dans les prisons royales; que les
champarts, qui (3), dans leur principe, ne se percevaient que
sur une petite partie (4) de terres ensemencées pour lors,
mais (jui, comme une gangrène, se sont répandus depuis sur
toutes les terres qu'on a déh'ichées, fussent diminués, et les
pailles rendues aux cultivateurs.
Approuvé (5) le cahier ci-dessus, le 1er mars, à l'issue des
vêpres, 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de Pierre Tardif, syndic;
Jac<iues Boulard; Pierre Marmasse, etc.)
(1) Tournoisis. Var. : où ils tiennent leurs sièges.
(2) Tournoisis. Ajouter : dresser des procès-verbaux de contravention, et reprendre
arrêter.
(3) Tournoisis. Var. : que les champarts endn qui
(4) Tournoisis. Var, ; portion.
(,5) Fin du catiier de Tournoisis.
CAHIER DE TOURxNOISIS. 529
Cahier de Tounioisis.
Variantes de celui de Nids.
Depuis le début jusqu'aux mots . Il serait donc essentiel ,
lire :
« La paroisse de Tournoisis est, sans contredit, une des plus
pauvres de la généralité d'Orléans. Les terres sont extrême-
ment maigres et arides et ne donnent, par conséquent, que des
récoltes peu abondantes. Le cultivateur vivrait encore, quoique
avec peine, en payant les impôts multipliés que Sa Majesté
exige, si ce mauvais terrain n'était grevé de rentes de diffé-
rentes espèces qui excèdent de beaucoup la valeur du fonds.
« Il y a un champart au douzième sur une partie des terres de
la paroisse, appartenant tant à Mgr l'Évêque de Gliartres qu'au
séminaire d'Orléans ; une rente en grains sur une autre partie,
sous le titre d'avenage, de deux mines d'avoine par chacun an
pour cliaque mine de terre, assaisonnée d'une poule et (?) due
au prieur seigneur de la paroisse, et, en outre, la dîme d'une
gerbe par mine de terre sur la totalité appartenant au sieur
curé ; il n'y a que les fiefs appartenant au Clergé et à la Noblesse
exempts de toutes ces charges. Le prix excessif du sel met
encore le coml)le aux malheurs des campagnes. La longueur
des procédures, souvent occasionnée par la non-résidence des
officiers de justice, qui ne tiennent leurs sièges que trois ou
quatre fois l'année, et les frais trop multipliés empêchent sou-
vent de réclamer ce qui est légitimement dû. Le concours
prodigieux de mendiants non domiciliés que le malheur des
temps force de quitter leurs demeures arrachent souvent par
menaces un morceau de pain qu'un père de famille conservait
pour ses enfants. »
Le reste comme Nids, avec les variantes suivantes :
« Que les réparations du presbytère fussent à la charge
du sieur curé ou de la fabrique, si elle a un revenu suffisant;
que les dîmes qui sont une source féconde de procès entre
3i
530 BAILLIAGE d' ORLÉANS.
messieurs les curés et les habitants fussent abolies, et que le
revenu que Sa Majesté jugerait à propos de leur accorder fût
pris sur les biens ecclésiastiques dépendant des paroisses ou
par la réunion des biens de cures voisines. >>
Nous, soussignés, approuvons le cahier ci-dessus.
(Suivent 13 signatures : celles de Jacques Percheron; Fran-
çois Hurault; Sébastien Peigné, etc., et celle de Gajon.)
44» Groupe de Toury-en-Beauce.
Ce groupe comprend :
lo Le cahier de Toury ; président : Lnir, bailli de Tour y ;
2o Ceux de Teillay-le-Gaudin et Rouvray-Saint-Denis ; président : Aubert,
notaire à Toury ;
3" Celui de Mérouville ; président : Genty, notaire à Arbouville, paroisse de
Rouvray-Saint-Denis.
TOURY-EN-BEAUGE.
Déji. Eare-et-Lou\ Arr. Chartres. Cou. Jaaville.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Gren. .laiiville (;*). Dioc. Orléans.
JoussE. — Gros bourg. I^aroisse. 235 feux. L'abbaye de Saint-Gyr.
Haute justice, r. au b. d'Orléans. P'oire le 10 octobre. Lieu de la
résidence de la brigade de Toury. Route d'Orléans à Paris. Plaine.
1768. — 262 feux. Dames de Saint- Gyr. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 11,031 1.. dont 5,150 i)()ur le
principal et 5,911 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, sous la
23résidence de .Jacques-Gésar-Vincent Lair, conseilli-r du roi au grenier
à sel de .Tanville, bailli de Toury. — Populalion : 200 feux. —
Comparants : .Jacques Gidoin, syndic, receveur de la terre et seigneurie
de Toury (1,988.25); Gervais Soûlas, marchand (20.13); Pierre Puthier,
bourgeois (8.10); Louis Bouffard, charpentier (39.15); .Jean Bruére,
laboureur (281.4): Etienne Mercier, laboureur (508.15) ; Pierre bMeureau,
bonnetier (0.7); Claude Lefèvre, boulanger (34.19); ,Iean-Baptiste
Trion-Lamotte, chirurgien (21.4); François Sourceau, laboureur (97.11) ;
Jean-Baptiste Marteau, laboureur (3913. 12j; Aiguan Rayé, laboureur
CAHIER DE TOURY-EN-BEAUCE. 531
(103.18); Matliurin David, marchand mercier (14.17); Benoît Petit,
cunduiseur (*J.1U); Pierre Madré, tuurneur et marchand épicier (16.19);
Jean Pelle, laboureur (39:3.13); Jacque-René Dargent, bourgeois
(8.10); Claude P'ieureau. huissier (0.7); Claude Pailiet, laboureur
(V)38.9); .Tacques-Eutrope Pinet, laboureur (108.13); Antoine Juger;
Etienne Bertliier, cabaretier (17.11); Etienne Monnard ; François-
Désiré Geffrotin ; Augustin Dardon, marchand épicier et cabaretier
(20.3); Gabriel Porthault, maréchal (12.14) ; Lubin Chevalier, meunier
(0.7); Grégoire Rioton, laboureur (418.17) ; Laurent Marotte, laboureur
(203); Benoît Descourtils, manœuvre (3.3); Berthaire Rousseau,
boulanger (14.10); Louis Duret; S'' Simon-P^'angois Aubert, notaire
(31.10). — DêpiiLés : Jacques-René Dargent ; Jean Pelle; Laurent
Marotte.
Cailler de doléances, plaintes et remontrances des habitants de
la paroisse de Toivnj-en-Beauce, pour être présenté à
l'assemblée préliminaire du bailliage d'Orléans qui se
tiendra le 7 mars prochain 1789 devant M. le lieutenant
général.
Les liabitants de Toury, du ressort du bailliage d'Orléans,
unissant leui-s plaintes et leurs doléances avec tous les habitants
des villes, bourgs et villages de la pi'ovince sur les nombreux
impôts dont ils sont écrasés, sur les exemptions, privilèges et
droits féodaux des seigneurs et sur la mauvaise administration
de la justice, ont l'homieur de présenter à l'assemblée préli-
minaire des députés d'Orléans pour les États généraux les
remontrances et demandes suivantes :
Art. ler, — Il leur paraît d'une nécessité indispensable que
les députés aux États généraux, avant de commencer leurs
opérations sui' la réforme de toutes les branches de l'adminis-
tration, consentent à acquitter la dette nationale, sans néan-
moins accabler le peuple de nouveaux impôts, et cherchent
tous les moyens possibles pour y parvenir. L'État est obéré et
la convocation présente en démonli-e la triste preuve. Il est
donc très important pour tous les Ki-ançais de s'occuper dans
532 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ce moment mémorable à remplir nos engagements envers nos
créanciers communs pour raffermir le crédit qui pourrait, par
une faillite malentendue, tendre à une décadence certaine.
Art. 2. — La paroisse de Toury, ainsi que tous les cultiva-
teurs, espère (non pas dans le mouient actuel, mais lorsque
la dette générale sera acquittée) recevoir une diminution sen-
sible sur leurs (sic) impositions particulières avec d'autant plus
de raison qu'il y a plusieurs ressources dans le gouvernement
non seulement pour remplir le déficit, mais encore pour
augmenter les revenus de l'État, sans charger les habitants de
la campagne, hommes précieux à la société. Voici les moyens
que leurs faibles lumières sur la partie politique leur four-
nissent pour opérer cette diminution si désirable.
lo Un impôt territorial en argent, également et indistincte-
ment réparti sur tous les propriétaires, paraît juste et équi-
table, sans aucune exception des nobles et des ecclésiastiques.
Cet impôt est aisé à établir par un cadastre universel en taxant
et en classant les terres comme bonnes, médiocres et mauvaises,
distraction faite des bois, des montagnes, des friches et des
landes, terres qui doivent supporter une imposition parti-
culière.
La Noblesse et le Clergé doit nous procur-er une grande
augmentation de finances par les exemptions dont ces deux
ordres ont joui jusqu'à pi'ésent tant pour leurs maisons, hôtels,
palais que pour leurs châteaux, pai'cs, bois et jardins de leurs
seigneuries.
2o Toutes les riches abbayes qui ne seraient composées (pie
de sept à huit religieux peuvent être réunies à d'autres abbayes
du même ordre pour former un nombre complet de vingt
individus, et leurs maisons et terres peuvent être vendues au
profit de l'État.
30 Diminuer le revenu trop considérable des archevêques et
évoques; cette diminution pouri'ait être portée au moins à
8 millions par an. On ose observer que s'ils ne délaissaient pas
CAHIER DE TOURY-EN-BEAUCE. 533
leurs diocèses une grande partie de l'année pour aller briller
dans la capitale, cette fixation ne leur paraîtrait pas sensible ;
d'ailleurs, ils sont presque tous pourvus d'abbayes, et la plupart
d'entre eux jouissent d'un ricbe patrimoine.
4o Les États généraux peuvent demander que le Roi rentre
en propriété et jouissance de tous les domaines aliénés de la
couronne.
50 On peut établir un impôt sur le trop grand luxe et pro-
mulguer des lois somptuaires, notamment sur les carrosses,
berlines et autres voitures de luxe, chevaux de main et sur le
nombre des laquais dans les grandes villes du royaume. Cette
imposition est nécessaire dans ce moment désastreux.
()'> On doit taxer les commerçants, manufacturiers, ouvriers,
et toutes sortes de gens d'arts et métiers à un impôt d'industrie
pour écjuivaloir à celui qui sera imposé sur toutes les terres.
Art. o. — La création des impôts ci-dessus dénommés doit
nous procurer nécessairement la suppression de ceux qui
existent ; ainsi nous attendons avec impatience la tenue des
États généraux pour opérer ce changement et pour nous
délivrer entièi'ement des droits de tailles, vingtièmes, droits
réservés, aides et gabelle et de tous autres droits onéreux qui
gênent la hberté du citoyen parce qu'ils sont perçus avec trop
de rigueur ; nous attendons également l'extinction totale des
fermiers généraux de toutes les parties, qui boivent journel-
lement dans des coupes ou vases d'or les sueurs et les
larmes de sang des pauvres malheureux.
Art. 4. — On désirerait ardemment une fixation dans les
droits de contrôle dont la perception est purement arbitraire
et dont une partie n'est appuyée ([ue siu* de simples copies de
lettres des contrôleurs généraux des (inances ou des décisions
du Conseil obtenues à prix d'argent. Presque tous les contri-
buables ignorent ces nouveaux droits (pii sont seulement con-
signés sur les registres d'ordre des employés, au lieu d'être
eni'egistrés dans tous les greffes des bailliages royaux. Un tarif
534 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
clair, fixe et invariable dans cette partie de la finance est de la
plus grande nécessité.
Ai't. 5. — Il serait égalemiMit à désirer, pour la liberté du
commerce et lui ôiev toutes sortes d'entraves, que les traites à
rintérieur du royaume soient reculées aux fi-ontières et que
pour exporter le superflu de nos denrées à l'étranger, de {sic)
n'être plus assujetti à payer à tous les passages.
Art. (). — On demanderait que toutes les dîmes et cbamparts
soient convertis en une redevance annuelle, soit en grain,
soit en argent, fixée par estimation d'experts, suivant la (jualité
des terres, à tant l'arpent. Aucun droit ne s'oppose autant au
progrès de l'agriculture et n'est aussi dur dans sa perception :
do En ce qu'il ravit aux laboureurs une partie des engi'ais de
leurs terres, en enlevant leurs pailles qu'ils aui'aient converties
en fumier, et c'est avec douleur (jii'ils voient l'étranger entraîner
le fruit de leurs travaux ;
2o Ce (pii le rend dur dans sa perception, c'est la quantité
d'hommes et de chevaux que les receveurs de ces dîmes et
cbamparts sont obligés d'employer pour ramasser les gerbes
d'un champ à un autre, qui se permettent très souvent de
passer tout à travers les grains ; d'où naissent des débats et des
contestations (pu ti'0id)lent les travaux des laboureurs, taudis
qu'ils ne devraient èti'e occupés que du soin de serrer leiu's
récoltes.
Art. 7. — Suppression entièi-e de tout privilège portant
exemption de contribuer aux charges |)ulili(|U('S, ('taut de la
plus grande injustice que ceux i|iii (»ut le plus uc paient rien.
Art. 8. — Suppression du droit de Iranc-lief ; ce droit piMit
être l'egardé comme l'impôt le plus dur pour le propriiHaire
roturier.
Ai't. î). — Abolition entière de tous les droits féodaux et
censuels, |)articulièi-ement ceux qui gênent le plus la société,
tels que ceux de banalité de foin-, uiouliu et pressoir et autres
servitudes de ce genre; eu iudciuuiser les seigueui's |)ro-
CAHIER DE TOURY-EN-BEAUCE. 535
priétaires, soit en une redevance annuelle en argent, soit en
les remboursant au prix qui serait fixé par des commissaires
nommés à cet effet.
Art. 10. — Les cultivateurs, qui soufli-ent un dommage inap-
préciable par le gibier (|ue les seigneurs se plaisent à mul-
tiplier dans leurs terres, seraient bien fondés à demander la
suppression du droit de la chasse ; mais ils se bornent (vu les
abus sans nombre qui en résulteraient) à représenter qu'il
serait fort intéressant pour le produit de l'agriculture : lo que
la cliasse soit interdite aux seigneurs dans les mois de mai,
jui]i, juillet, août; 2» et qu'il soit permis à tout particulier de
détruire le gibier, lorsqu'il se porterait à un trop grand
nombre sur un territoire, d'après la visite qui en serait préa-
lablement faite par des commissaires nommés par les États
pi'ovinciaux ; l)« pei'mettre aux cultivatem^s d'ôter dans les
quatre mois ci-dessus désignés les herbes nuisibles dans leurs
grains.
Art. 11. — Destruction totale du lapin. Cette espèce de
gibier, qui se reproduit à l'infini, ravage des campagnes
entières et ne laisse aux pauvres cultivateurs que des larmes à
répandre pour prix de leurs travaux.
Le tort que font les pigeons aux produits de la terre mérite
aussi fattention du gouvernement. Il sei-ait nécessaire que ces
volatiles domestiques soient renfermés dans leurs colombiers
et vohères dans le mois de juillet, temps où ils font le plus de
dommages.
Art. 12. — C'est avec douleur qu'on voit chaque année le
pauvre malheureux, particulièrement dans la Beauce, ou le
bois est d'un prix excessif, attendre; une ordonnance de police,
quelquefois difléivo jus((u'au mois de novemi)re, pour ramasser
le cli;iuim', dhjcl iuq)()i'tant pour lui, puiscju'il n'a que cette
ressource pour faire cuire ses aliuieuts peudani l'ainit'e et pour
suppoiier la rigucMU^ de l'Iiivei". l'our l'emédier à cet abus et
veuii' au secours de l'humanité, on pourrait autoriser les ofli-
536 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ciers municipaux à permettre de ramasser les chaumes aussitôt
que les grains seraient serrés.
Art. 13. — Établissement d'un conseil supérieur au grand
bailliage, dans chaque ville capitale des provinces, pour con-
naître et juger en dernier ressort tous les procès, dans l'espace
d'un an, sous peine de prévarication.
Art. 14. — Ample réforme dans la procédure civile et cri-
minelle et un tarif clair et précis non susceptible d'aucune
interprétation pour les honoraires des procureurs et huissiers,
dont ils ne pourront s'écarter sous quelque prétexte que ce
soit, à peine d'être poursuivis comme concussionnaires.
Art. 15. — Suppression des assemblées provinciales rem-
placées par des États provinciaux composés de membres de la
province, librement choisis, qui se renouvelleraient de trois en
trois ans, pour éviter les abus qui pourraient en résulter, si
leur élection était de plus longue durée.
Art. 10. — Continuation des assemblées municipales dans la
forme qu'elles sont établies, qui seraient autorisées à juger
définitivement et sans appel toute affaire de police, ainsi que
tous les différends qui s'élèvent journellement enti'e tous les
cultivateurs pour retirage de terres, dégâts de bestiaux et autres
délits de ce genre qui pourraient facilement se prouver; leur
donner le droit de prononcer contre les délinquants telles
amendes qu'il appartiendrait, lesquelles seraient applicables au
profit des pauvres de la paroisse, et leur accorder l'autorité de
se servir de la maréchaussée poui- l'établir le bon ordre et
faire emprisonner ceux qui auraient pu le troubler.
Art. 17. — Pour faire le recouvrement des subsides sans
occasionner le moindre frais de rc'gie, il serait à propos (|ue
les municipalités soient chargées de recevoir ceux ((ui seraient
imposés sur leur paroisse et d'en fiiire passer le produit direc-
tement à la caisse nationale par la voie qui serait indi(|uée.
Pour rendre le recouvrement des impôts facile, il serait
indispensable d'obliger tous les redevables de venir payer à
CAHIER DE TOl'RY-EN-BEAUCE. 537
celui qui en serait chargé dans le temps prescrit ; faute de
quoi, permettre aux officiers municipaux de faire vendre les
biens meubles et immeubles des débiteurs jusqu'à concur-
rence de la somme qu'ils pourraient devoir. Ces ventes forcées
pourraient se faire en annonçant à la porte de l'église, pen-
dant trois dimanches consécutifs, que les biens de tel
seraient vendus en l'étude de Me , notaire, à jour cer-
tain. Cette manière de procéder serait bien moins dispen-
dieuse, et tout créancier pourrait même s'en servir contre son
débiteur, lorsqu'il serait muni d'un titre exécutoire.
Il est de toute nécessité que la répartition des subsides soit
faite par les municipalités, et le rôle visé par l'assemblée de
département.
Art. 18. — Permettre le remboursement de toutes les rentes
foncières au denier vingt, particulièrement celles dues aux
gens de mainmorte. Personne n'ignore combien les rentes de
cette nature sont à cliarge au public.
Art. 19. — Suppression de la milice, par (1) le tort qu'ehe
fait à l'agriculture en lui enlevant une partie des sujets qui lui
sont les plus nécessaires. On pourrait y suppléer par une con-
tribution de 3 livres par chaque jeune gens(.s/c) propre à porter
les armes depuis l'âge de seize ans jusqu'à quarante. Le pro-
duit de cette contribution servirait à recruter des hommes de
bonne volonté; si ces moyens étaient insuffisants, on pourrait
avoir recours aux enfants trouvés.
Art. 20. — On ne peut passer sous silence l'administration
mal dirigée de la grande chaussée de Paris à Orléans. Cette
route, qui coûte annuellement des sommes immenses pour son
entretien, est dans le plus mauvais état possible, et on ne peut
s'en prendre qu'aux charges énormes que les voituriers se
permettent de conduire sur leurs voitures montées sur des
roues à larges bandes et au delà des règlements. Il est donc
d'une nécessité absolue d'ordonner la suppi-ession de ces roues
(1) C'est-à-dire : à cause du tort.
538 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
monslruenses et de défendre à tout voiturier de ne point char-
ger au delà de quatre mille pesant, à peine d'une amende
considérable. Les commis sédentaires nommés par Mg'' l'in-
tendant pour la police de la surcharge paraissent peu propres
à remplir cet emploi, par leur demeure fixe. Un moyen bien
simple pour prévenir l'abus de la surcharge serait d'établir
un commis ambulant pour verbaliser contre les délin-
quants.
Art. 21. — Condamner à des peines aftlictives tous banque-
routiers dont la faillite serait prouvée être frauduleuse, lesquels
ne se sont que trop multipliés aujourd'hui par la tolérance du
gouvernement. Cet abus est au nombre de ceux qu'il importe
le plus à la Nation de réformer, et on ne saurait poursuivre
trop rigoureusement ceux qui s'enrichissent des dépouilles de
plusieurs honnêtes citoyens qui en sont les malheureuses vic-
times. Rien ne s'oppose autant au progrès du commerce et à
la prospérité du royaume.
Art. 22. — Fixer un revenu honnête à tous les curés, qui
puisse les faire vivre décemment et les mettre à poi'tée de
secourir les pauvres de leur paroisse. Supprimer tous les
casuels forcés, leur ôter les dîmes et terres qu'on pourrait
réunir aux biens des fabriques, l'exploitation de ces derniers
objets les exposant à plaider avec leurs paroissiens, ce qui est
d'un très mauvais exemple ; d'ailleurs, il est peu convenable
qu'un ministre des autels, (]ui ne doit être occui)é (jue de ses
fonctions curiales, se transporte lui-même dans les cliamps
pour y faire sa récolte et y percevoir la dime. Enfin, l'état
d'ecclésiastique est absolument incompatible avec celui de
laboureur et dîmeur.
Art. 23. — On peut croii'e (|u'uii objet des Etats généraux
sera de préparer le changement des lois criminelles, d'adoucir
les cruelles peines qu'elles prononcent, d'accoi'dei' un défen-
seur aux accusés, que la déposition des témoins soit faite au
moins en présence de trois juges avec le grefliei", de faire en
sorte qu'il soit impossible de condamner un imiocent, qu'il
CAHIER DE TEILLAY-LE-CxAUDIN.
539
soit prescrit dans la loi la honte dont ces familles sont frappées
lorsqu'un membre de cette famille commet quelque forfait et
subit la peine qu'il a encourue, que dés lors, la honte retom-
bant sur le coupable seul, sa famille soit admise à posséder et
exercer toute espèce de place cà l'instar de tout citoyen.
Art. 24. — Lesdits habitants demandent la suppression
entière de la corvée; ce droit est odieux pour le malheureux
qui à peine peut soutenir son existence par la nourriture la
plus orossière, et il a d'autant plus de droit de s'en plaindre
qu'il "paie pout* l'entretien d'une route qu'il ne fréquente
jamais. 11 conviendrait pour l'entretien de toutes les grandes
routes établir des bureaux de péage de distance en distance,
pour percevoir sur tous les chevaux et voitures, carrosses et
toutes sortes de voitures de commodité le droit qui serait fixé
par un tarif clair et précis et à la connaissance de tout le
monde, et que le conunis de chaque bureau serait obligé de
représenter lorsqu'il en serait requis par le redevable.
Les habitants observent que ce droit ne doit point être payé
pour leurs voitures chargées des denrées pour l'approvision-
nement de leurs maisons, comme pour l'exploitation de leurs
terres.
(Suivent 33 signatures : celles de Bruère ; Bouffard; C.idoin,
syndic, etc., et celle de Lair, bailU de Toury (1).
Il V a cntro le oahior de Teillay-le-Gaudin et celui de Rouvray-Saint-
Uenis d'assez grandes dilTéiences, mais aussi des ressemblances dues au fait
que le même président, François-Simon Aubert, notaire à Toury, a siège
dans les deux paroisses et qui sont assez sensibles pour rendre nécessaire
le rapprochement des deux textes. Le modèle est vraisemblablement le cahier
de Teillay rédigé le ie>- mars, celui de Houvray ne l'ayant été que le :i Le
second est plus développé que le premier et comprend Ijeaucoup plus d'ar-
ticles Il renferme, d'autre part, la majeure partie de ceux qui figurent dans
le cahier de Teillay, mais généralement augmentés. Nous donnerons .1 abord
l^^ llnP note sienée Lair et MaroUo fait connaître que Marotte a refusé de signer le cahier
parce Je « Te de S article ne lui convient pas », mais qu'il a néanmoins accepte le mandat de
député.
540 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
le texte du cahier de Teillay ; ensuite celui de Rouvray en l'accompagnant
des remarques que suggère la comparaison entre lun et lautre.
Le cahier de Mérouville, rédigé sous la présidence de (ienty, notaire à
Arbouville, paroisse de Rouvray-Saint-Denis, présente avec celui de Rouvray
des analogies que nous avons également constatées dans les notes qui
l'accompagnent.
TEILLA Y-LE-GA UDIN.
Drp. Loiret. Arr. Pithiviers. C««. Outarville.
Gén. El. Orléans. Gren. Janville (d'après .Tousse). Dioc. Orléans.
JoussB. — Village et paroisse. 45 feux (1), La marquise de Novion.
Justice de Toury, r. au b. d'Orléans. Br. de Toury. A 1/2 lieue de
Toury. 10 d'Orléans et 2 d'Yenville. Assemblée le dimanche après le
14 juin, jour de saint Aignan, qui en est le patron, et le 17 novembre.
Du marché d'Yenville. On écrit par Toury. Route de Pithiviers. Plaine.
Beauce. La cure vaut 800 1. Il y a le hameau de Germonville, dont
M. le comte de Clermont-Tonnerre est seigneur. Le patron de Germon-
ville est saint Jean-Baptiste le 24 juin, et l'assemblée se tient le dimanche
suivant. Il y a à Germonville un chapelain à qui on donne .'^00 1. par an
pour dire la messe dimanches et fêtes et instruire les enfants du lieu.
1768. — 40 feux. De Novion. Blé.
DÎME. — Terres labourables : une gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,228 1. 10 s., dont 1,949.10 pour
le principal et 2,279 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'^'" mars, dans
la chambre d'assemblée ordinaire de la paroisse, sous la présidence de
François-Simon Aubert, notaire royal de la chàtellenie de Toury. —
Population : 44 feux. — Cojnparanis : Antoine Glaye, syndic
(004.10-j-77().19); Pierre Foirien (231.10 -j- 270.14), Jean Lépicier
(146. 10-f 171.4), Pierre-Paul Popot (216-1-252.9), membres de la
municipalité; .facques Sédard (96.5 -}- 112.10) ; Denis Morlet (l().10-f-
19.5); Louis (iuérin (5.10-J-6.8) ; Louis Fleureau (47.10^.55.10) ;
Thomas Guérineau (1.10-)- 1.15) ; François Fleureau (6.5-)-7.5) ; Jean
Cliàtelain ( 14.5 -f- 16.13) ; Michel Guérin (3.10-|-4.2) ; Antoine Marié
(2-f-2.7); François Fichet (6.5-)- 7. .5); Jacques Vannier (7.5-)- 8.9).
— B/'jJulés : Pierre Foirien ; Pierre-Paul Po[tot.
Population en 1790. — 206 habitants.
(1) Au-dessous, .54.
CAHIER DE TEILLAY-LE-GAUDIN. 541
Cahier de plaintes et doléances des habitants de la paroisse
de Teillay-le-Gaiidin, élection et bailliage d'Orléans, pour
être présenté par les députés de ladite paroisse à Vassonblée
préliminaire dudit bailliage, qui se tiendra le 7 mars 1789
devant M. le lieutenayit général.
Lesdits habitants, qui gémissent sous le poids des impôts
tyranniques dont ils sont accablés et sous les formes d'une
procédure ruineuse, demandent :
Art. ler. — La suppression des assemblées provinciales
remplacées par des États provinciaux ;
Art. -2. — Que les officiers municipaux connaissent et
jugent définitivement et sans appel de toutes les affaires de
police; qu'ils soient aussi compétents pour juger les différends
qui s'élèvent journellement entre les cultivateurs pour raison
de retirages de terres, dégâts, et autres délits qui peuvent
facilement se prouver ;
Art. 3. — Qu'il soit établi un bailliage ou conseil supérieur
dans chaque capitale de province pour connaître et juger tous
procès en dernier ressort et dans l'espace d'un an, sous peine
de prévarication;
Apt. 4. — Que les procédures civiles et criminelles soient
simplifiées, et qu'il soit fait un tarif clair et précis pour régler
les honoraires des procureurs et huissiers, et qu'il leur soit
défendu de prendre plus cher, sous peine de concussion.
Art. 5. — Réduire et simplifier les droits de contrôle et
faire un nouveau tarif clair, précis et à la portée de tout le
monde.
Art. 0. — Suppression des tailles, aides et gabelles. Ces
trois impôts sont odieux et font répandre tous les jours des
larmes de sang. La suppression de tous les autres impôts et
droits quelconiiues pai-aîtrait iuissi nécessaire ; on pourrait
subvenir aux besoins annuels de FÉtat en [en] établissant
d'autres moins durs pour le peuple et qui ne seraient pas
54'2 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
sujets à tant d'abus, tels qu'un impôt territorial qui se perce-
vrait indistinctement sur tous les biens-fonds, un inqjùt sur
l'industrie qui se percevrait sur tous les particuliers à raison
de leur commerce, et [un] impôt sur le grand luxe.
Art. 7. — Que tous les officiers nmnicipaux soient cliaryés
du recouvrement des impôts de leur paroisse et de les l'aii-e
passer directement à la caisse nationale, afin d'éviter tous les
frais de réffie et d'administration.
o
Art. 8. — Suppression de tous privilèges portant exemption
de contribuer aux charges publiques.
Art. 9. — Suppression du droit [de] corvée et obliger les
habitants de chaque paroisse à l'entretien de leurs chemins.
Art. 10. — Permettre le remboursement de toutes les rentes
foncières au denier vingt, particulièrement celles dues aux
gens [de] mainmorte.
Art. 11, — Supprimer tous les droits de dîiues et champarls
comme étant très préjudiciables à l'agriculture, en ce qu'ils
privent les terres [d']une partie de leurs engrais et donnent
lieu à une foule de procès, et indemniser les propriétaires
desdits droits par une redevance en argent et qu'on pourrait
rembourser.
Art. 12. — Supprimer tout le casuel forcé des curés, saul à
augmenter les revenus de leurs cures.
(Suivent 1 '2 signatures: celles de .1. Sedard ; L. Guérin ;
Lépiciei', syndic, etc.)
liOUVRÀ Y-S.\ IXT-DENIS.
/>ry^. Eure-et-Loir. Arr. (lliai-tres. C^>". .Tau ville.
Gcn. Oi'léans. EL Doui'dan. Dioc. Cliai-tres.
.Tousse. — 145 feux. T^es dames de Saint-Cyr. .Tustir-e de Toui-y. i'.
au I). d'Oi-lrans. Assemblée h; 1> octobre. V>v. de Toui-y. A 2 lieues de
Toui-y et 12 d'Orléans. A 1 lieue du (diemiii de J^iris. Route d"Yenville.
l^laiiie.
CAHIER DE ROUVRAY-SAINT-DEiNIS. 543
1768. — 122 feux. Les dames de Saint-Cyi*. Blé.
Taiixe de la paroisse en 1788. — !),673 1., dont 4,455 pour le
principal et 5,218 pour les impositions accessoires et la capita-
tion .
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, dans la
chambre d'assemblée ordinaire de la paroisse, sous la présidence de
François-Simon Aubert, notaire royal en la châtellenie de Tourj. —
Population : 175 feux. — Comparants : Victor-Joseph Gentj ;
Louis Roulleau ; Abraham Legendre ; Pierre Breton ; Etienne Lau-
rent ; François Buttet ; Etienne Benoît ; Louis-Michel Nourj ; Pierre
Ghenevière ; Louis Fieury ; François Ronceret ; Liphard Desrosiers ;
Jean Groussard ; Etienne Sevestre ; Louis Pichard ; Jean Sevestre ;
Claude-Louis Gidoin; Jean Dollon ; Pierre Dorange et Jacques Pichard,
syndic. — Députés : François Ronceret, Liphard Desrosiers, labou-
reurs.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances des habitants
de la paroisse de Roavray -Saint-Denis, diocèse de Char-
tres, élection de Dourdan, bailliage d'Orléans, dressé en
exécution de l'ordonnance de M. le lieutenant général du
bailliage d'Orléans, pour remettre à MM. les députés à
l'effet d'être porté à l'assemblée du 7 mars 1789, qui se
tiendra ledit Jour par-devant mondit sieur le lieutenant
général.
Nos pères ont toujours connu In nécessité de payer à leurs
souverains les impôts qu'il a plu leur imposer pour subvenir à
leurs besoins et à ceux de l'État, desquels ils se sont toujours
acquittés avec autant de zèle que de soumission ; nous avons
suivi leurs traces et nous nous ferons toujours un devoir de les
suivre en nous acquittant de cette dette envers le meilleur
des Rois, dont les vues bienfaisantes nous ouvrent aujourd'hui
une carrière dans laquelle nous trouverons sûrement bien des
douceurs par les suppressions des abus qui sont aussi onéreux
à l'État que vexatoires pour le petit peuple de son royaume,
lequel est écrasé par l'énormiLé des impôts dont ils (sic) ont
toujours été surchargés, tandis que les grands propriétaires
544 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
de toutes les conditions, de gros bénéficiers se sont de tout
temps exemptés de la contribution de ce droit (sic) qu'ils doi-
vent également connue nous ; bien loin d'alléger, d'un autre
côté, le poids dont nous nous sommes vus jusqu'à présent
accablés, ils ont été, au contraire, nos tyrans ! Suivons donc la
loi de nature et disons que tous les hommes sont égaux, que
nous devons payer à notre Souverain ce que nous lui devons,
suivant nos états et nos conditions ; cela fait, nous concourrons
tous aux besoins de l'État et à la prospérité générale du
royaume, et tout sera dans l'ordi'e.
En conséquence, pour répondre aux bontés ordinaires du
monarque bienfaisant, sur l'établissement d'autres impôts qui
doivent être établis dans un nouvel ordre pour le soulage-
ment des peuples, nous, habitants assemblés, avons délibéré
ce qui suit :
Art. lei-. — ■ Lesdits habitants pensent qu'il est nécessaire
que les États généraux, avant de commencer leurs opérations
sur la réforme de tous les abus, fassent consentir la dette de
l'État par toute la Nation, afin de rétablir le crédit, de mettre
un équilibre entre la recette et la dépense et de prouver au
meilleur des rois, au père du peuple, combien il est aimé et
adoré de ses sujets.
Art. '2. — Que le Roi rentre dans tous les domaines de
la couronne qui ont été aliénés sans le consentement de la
Nation.
Art. 3 (1). — Supprimer les assemblées provinciales et les
remplacer par des États provinciaux composés de membres
de la province et librement choisis qui se renouvelleraient du
tiers, de trois ans à trois ans, pour éviter les abus qui pour-
raient résulter d'une élection de plus longue durée.
Art. 4 ("i). — Laisser subsister les assemblées numicipales
dans la foi-me qu'elles sont établies et leur donner l'autoi'ité de
(1) Art. 1" de Teillay plus développé.
(2j Comparer avec l'article 2 de Teillay.
CAHIER DE ROUVRAY-SAINT-T)ENIS. 545
juger toutes les affaires de police définitivement et sans appel
dans leur paroisse et de prononcer telles amendes qu'il appar-
tiendra contre les délinquants, lesquelles seraient applicables
aux pauvres de la paroisse ; leur accorder aussi l'attribution
de tous les différends qui s'élèvent journellement entre les
cultivateurs pour retirages de terres, dégâts de bestiaux et
autres délits de ce genre qui peuvent facilement se prouver
sans frais.
Art. 5 (1). — Établissement d'un grand bailliage dans chaque
capitale de proviace éloignée de plus de vingt lieues du Parle-
ment dont ils ressortissent, pour juger en dernier ressort
tous les procès dans l'espace d'un an sous peine de prévarica-
tion.
Art. 6(2). — Ample réforme dans le code civil et criminel,
et nouveau tarif pour régler les honoraires des procureurs et
huissiers qui n'out été que trop arbitraires jusqu'à ce jour,
lequel tarif soit clair, précis et non susceptible d'aucune
interprétation, à peine, contre ceux qui y contreviendraient,
d'être poursuivis comme concussionnaires.
Art. 7 (3). — Nous demandons très instamment que les
droits ruineux des contrôles soient réduits et sinqilitiés et qu'il
soit fait un nouveau tarif qui puisse être à la connaissance de
tous sujets de Sa Majesté, lequel tarif il serait nécessaire de
faire enregistrer dans les greffes des États provinciaux.
Art. 8 (4). — Suppression de tous les privilèges portant
exemption de contribuer aux charges publiques.
Art. 9. — Pour d'autant alléger les habitants des villes et
paroisses et surtout pour ceux qui n'ont pas les facultés néces-
saires qui sont certainement en gnmd nombre et surtout dans
notre paroisse et d'autres où les cures sont médiocres, nous
demandons en conséquence l'augmentation de la cure de Rou-
(1) Art. 3 de Teillay plus développé.
(2) Art. 4 de Teillay plus développé.
(3) Art. 5 de Teillay plus développé.
(4) Art. 8 de Teillay.
T. I. 2^
546 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
vray d'un quart en sus du gros que lui font M»ics rie Saint-Cyr,
dames de la paroisse de Rouvray, ou jusqu'à la concurrence de
la somme de 2,000 livres, à la charge par M. le curé de ne
pouvoir exiger aucun casuel des habitants, laquelle augmen-
tation en tiendrait lieu et pourrait lui être payée par les
moyens que pourrait en donner la suppression des bénéfices
simples.
Art. 10. — Nous rencontrons que le droit de franc-fief est
un droit onéreux aux peuples, surtout aux petits propriétaires ;
ces biens ne devraient être possédés par les seigneurs. Et, en
effet, n'est-il pas malheureux pour les petits propriétaires et
bien souvent pour de pauvres gens qui possèdent trois à
quatre mines de terre, de se voir obligés de payer à chaque
mutation et tous les vingt ans une aimée de revenu et quel-
quefois bien davantage, pai' la manutention des contrôleurs
chargés du recouvrement de ces droits ; en conséquence,
nous en demandons l'abolition.
Art. 11 (1). — Remboursement de toutes les rentes foncières
au denier vingt, en permettant aux gens de mainmorte de
faire emploi des deniers qui en proviendront, soit en acquisi-
tion de biens-fonds, soit en constitution (2).
Art. 12. — Supprimer la milice ; cette manière de recruter
les troupes a le plus grand inconvénient, tant à cause qu'elle
ne fournit que des gens peu propres à l'exercice (3) militaire,
que par les abus qui en résultent pour les pauvres gens, (jui
vendent jusqu'aux objets de première nécessité pour faire la
bourse pour le milicien, ce qui peut être regardé comme le
plus triste des impôts ; on pourrait l'équivaler en faisant payer
3 livres par chaque jeunes gens (sic) propres à porter les armes,
depuis l'âge de 16 ans jusqu'à 40 ; le produit qui en résulterait
servirait à recruter des hommes de bonne volonté ; si ce
moyen ne suffisait, on pourrait recourir aux enfants trouvés.
(1) Art. 10 tic Tcillay plus développé.
(2) Sous-entendrc : de rentes.
(3j Le te.xle portail piirnitivement : à la discipline.
CAHIER DE ROUVRAY-SAINT-DEMS. 547
Art. 13. — Reculemeiifc des barrières aux frontières du
royaume pour lever toutes entraves au commerce.
Art. 14 (1). — Suppression de la corvée, et établissement
de bureaux de péage dans chaque endroit, où tous les particu-
liers, de quelque qualité et condition qu'ils soient, paieraient
poui- leurs voitures et chevaux, laquelle perception se ferait
sur un tarif clair et précis, que chaque commis serait tenu
de représenter lorsqu'il en serait requis, ou autrement, sur une
caisse nationale.
Art. 15 (2). — Les droits onéreux qui se rencontrent dans
presque [toutes] les paroisses de campagne et qui méritent
lapins grande attention du gouvernement sont: les dîmes et
champarts; il serait possible que ces droits fussent supprimés
et être convertis en une redevance, soit en blé, soit en argent,
qui serait de droit foncière, mais néanmoins à toujours rache-
table. La perception de ces droits en eux-mêmes ne sont-ils (sic)
pas révoltants, et surtout à raison des champarts? Et en effet,
malgré les peines que nous nous donnons pour la culture de
nos terres qui sont d'une quaUté médiocre et de peu de revenu,
nous avons la douleur de voir au temps de la moisson tous
nos travaux et nos espérances perdus, par rapport à la charge
d'être assujettis d'avertir le propriétaire ou son champarteur
pour compter les gerbes. N'est-il pas malheureux pour ceux
qui sont dans ce cas de dépendre quelquefois du caprice d'im
champarteur ou de son impuissance, de nous faire essuyer une
perte très considérable par les mauvais tenq)s qui surviennent
quelquefois, qui nous font perdre en un clin d'œil le fruit de nos
travaux? Ce droit est d'autant plus onéreux qu'il est contraire
à l'agriculture de la terre, en ce que nous sommes privés des
empaillements qui, fort souvent, retournent chez les étrangei's ;
par conséquent, il est de toute impossibilité de pouvoir donner
des engrais à ces mêmes terres puisque nous sommes privés
des empaillements. En conséquence, ne serait-il pas phis
(1) Comparer larticlu 9 de Teillay.
(2) Article 11 de Tt-illuy plas développé.
548 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
à propos que ces droits fussent convertis en une redevance
soit en argent, soit en grains, qui, d'un côté, exempterait de
gros frais au receveur, et, de l'autre, ferait un très grand bien
aux cultivateurs ?
Art, 16. — Suppression de tous les droits seigneuriaux et féo-
daux tels que cens, avenages, droits de banalité de fours,
moulins et pressoirs, sauf à indemniser les seigneurs sur
l'estimation qui serait faite par les commissaires (jui pourraient
être nommés par les États provinciaux.
Art. 17. — Les cultivateurs, qui souffrent du gibier que les
seigneurs se plaisent à multiplier dans leurs terres, demandent :
1° que la chasse soit interdite aux seigneurs dans les mois
de juin, de juillet et août ; 2» que, lorsque le gibier serait porté
en trop grand nombre dans un territoire, les habitants, sur les
plaintes qu'ils en porteraient, soit aux Etats provinciaux, soit
aux assemblées de département, soient autorisés à le détruire
d'après la visite qui en serait préalablement faite par les com-
missaires nommés à cet effet, ou par l'assemblée municipale,
qui se ferait sans frais.
Art. 18. — Destruction totale du lapin : cette espèce de gibier
fait un tort inappréciable à l'agriculture. Il en est de même
pour les pigeons.
Art. 19 (1). — Suppression des tailles, gabelles et aides :
ces trois impôts sont odieux et se perçoivent avec une tyrannie
qui fait couler tous les jours des larmes de sang à un peuple
qui chérit le plus son monarque. 11 paraîtrait aussi nécessaire
de supprimer à cette époque mémorable pour la Nation tous les
autres subsides, afin de réformer tous les abus et de donner
une nouvelle forme à toutes les parties de l'administration.
Lesdits habitants pensent que trois impôts seraient suffisants
pour fournir toutes les sommes nécessaires pour frayer
à la dépense de l'État.
Le premier serait un impôt territorial qui se percevrait
(1) Comparer articles 0 et 7 de Teillay.
CAHIER DE ROUVRAY-SAINT-DENIS.
549
indistinctement sur tous les biens-fonds, de quelque nature
qu'ils soient, en ayant égard, toutefois, à ce qu'il en coûte
annuellement aux propriétaires pour l'entretien des bâtiments,
n'étant point juste de payer un impôt sur un revenu imaginaire.
Le second serait un impôt sur l'industrie et se paierait par
tous les particuliers à raison de l'étendue de leur commerce.
Et le troisième serait un impôt sur le grand luxe, qui se per-
cevrait sur les carrosses, chevaux et domestiques.
Pour faire le recouvrement desdits impôts sans occasionner
les moindres frais de régie et de recouvrement, il faudrait
charger toutes les assemblées municipales de faire la recette de
ceux^auxquels serait imposée leur paroisse, et d'en faire passer
le produit directement à la caisse nationale par la voie qu'il
serait indiqué (sic). Pour en rendre le recouvrement plus facile,
il serait nécessaire d'obliger tous les redevables de venir payer
à celui qui serait chargé de la caisse [de] la paroisse dans
le temps qu'il serait indiqué et, faute par eux d'y satisfaire,
autoriser les officiers municipaux à leur faire vendre leurs
biens meubles et immeubles jusqu'à concurrence. On croit
qu'il suffirait, pour ces sortes de ventes, de faire publier à haute
et intellii^nble voix, à la porte de l'église de la paroisse, par trois
dimanches consécutifs, que les biens de... seront vendus en
l'étude de... notaire, pour, sur le prix qui en proviendrait,
payer par privilège telle somme que le particulier se trouverait
être redevable envers l'État. Cette forme serait moins dispen-
dieuse que les ventes faites par justice; on pourrait même s'en
servir pour liquider les dettes de tous débiteurs, pour quelque
cause que ce soit.
Art. 20. — Que les subsides auxquels seront imposées les
paroisses soier^t supportés par les habitants suivant le rôle
qui en sera fait par les municipalités.
ÀPt. 21. — Un des objets qui intéressent le plus la société
est celui de faire tomber le malheureux préjugé qui couvre
honnête famille d'inlamie lorsqu'un de ses membres
une
550 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
a subi quelques peines afllictives; on y parviendrait en admettant
les parents du coupable à posséder toutes charges publiques,
et ce serait le plus grand sei'vice que l'on pourrait rendre
à la Nation.
Art. 22. — Lesdits habitants Unissent leurs plaintes et doléan-
ces en représentant que la triste situation où ils se trouvent par le
lléau de la grêle arrivé le 13 juillet dernier, qui a ravagé toutes
leurs récoltes, les met à peine en état de pouvoir subsister, et par
conséquent dans l'impossibilité de payer cette année la totalité
des impôts. Ils espèrent que le Gouvernement viendra à leur
secours en leur faisant ime remise proportionnée à la perte
qu'ils ont faite.
(Suivent 20 signatures : celles de Genty ; L. RouUeau ;
J. Pichard, syndic, etc.)
MÉROU VILLE.
Dcp. Eure-et-Loir. Art-. Chartres. C^». .Tanville.
Gén. Orléans. El. Dourdan. Dioc. Chartres.
JoussE. — 102 feux. De Hallot. Haute justice, r. au b. d'Orléans.
Assemblée le 11 juillet. Br. de Toury. A 2 lieues de Toury et 12 d'Or-
léans. Route de Dourdan. Plaine.
1768. — 105 feux. De Hallot. Blé.
Tah^le de la paroisse en 1788. — 4.(308 1., dont 2,122 pour le princi-
pal et 2,486 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, dans la
chambre où se tiennent ordinairement les assemblées, sous \a. jircsidence
de .Jean-.Toseph-Yictor Genty, notaire royal au bailliage d'Orléans,
résidant à Arbouville, paroisse de Rouvray-Saint-Denis. — Population :
110 feux. — Comparants : Antoine Dorange, syndic ; Germain Sergent,
Charles Vincent, Louis Lepage, Pierre-Augustin-Joseph Sergent,
Bernabé Sergent, laboureurs ; Etienne Michau, .Jean-Baptiste Sergent,
aubergistes ; Yves Depussay, laboureur ; Barthélémy Meunier, maréchal ;
Denis-Augustin Ghartier, ouvrier en laine; Jean-Baptistc-Élie Masson,
bourrelier ; Jacques Leprince, laboureur ; François Depussay, auber-
CAHIER DE MÉROUVILLE. 551
giste ; Gervais Lemaire, Philippe Depussay le jeune, ouvriers en laine;
Gilles Dollon, Jean Grêlon, journaliers. — Députés : Jean-Baptiste
Sergent; Jean-Bertrand Quinton.
Cahier de 'plaintes, doléances et remontrances des habitants de
la paroisse de Mérouville, diocèse de Chart7^es, élection de
Dourdan, dressé en exécution de V ordonnance de M. le
lieutenant général d'Orléans du 13 février 1789 conforme à
la lettre de Sa Majesté pour la convocation des États
généraux du 54 janvier dernier.
Nous, habitants assemblés pour répondre aux bontés ordi-
naires dont Sa Majesté veut bien nous favoriser, avons
délibéré ce qui suit :
Art. U"'". — Nous avons de tout temps connu, nous et nos
pères, la nécessité de remplir et de payer à Sa Majesté les
imp(Hs dont elle nous a taxés, et bien souvent avec beaucoup
de difficultés, vu la misère des temps causée par les pertes que
nous avons bien souvent éprouvées ; impôts que nous nous
sommes toujours fait un devoir de remplir pour le meilleur
des rois ; il serait à souhaiter que tous, tant que nous sommes,
grands et petits, riclies et pauvres, nous répondions aux vues
bienfaisantes qu'il paraît que Sa Majesté veut nous faire
aujourd'hui sentir, en faisant tous les changements par Elle pro-
jetés à raison d'autres impôts pour tenir lieu et place de ceux
qui existent actuellement et qui probablement vont adoucir la
misère de son peuple. Il serait à souhaiter pour tous les
hommes que cliacun d'eux eût le droit d'aller présenter son
offrande à son Roi et lui faire de vive voix ses remerciements
et lui présenter ses hommages.
Art. 2. — Nous demandons la suppression de la taille, capi-
tation d'industrie, vingtièmes, corvées et gabelles et que
dorénavant tous ces impôts soient convertis en un seul et
unique alïecté sur nos biens, tel et de la manière qu'il plaira à
Sa Majesté.
(1) Comparer l'article préambule de Rouvray-Saint-Denis.
552 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Art. 3. — Nous représentons que, malgré les peines que
nous nous donnons à la culture de nos terres, qui sont d'une
qualité médiocre et de peu de revenu, nous avons la douleur
de voir au temps de la moisson tous nos travaux et nos espé-
rances perdus, à cause de la perception du droit de cliampart,
que notre seigneur de Mérouville a droit de percevoir, à
raison de dix gerbes une, sur toute l'étendue de la paroisse.
Ce droit nous est d'autant plus onéreux qu'il s'y rencontre un
obstacle dont nous sommes fort souvent les dupes et qui nous
prive en un clin d'œil du fruit de nos travaux à raison de sa
perception; et en effet, n'est-il pas bien malheureux d'être
assujettis d'avertir le propriétaire de ce champart pour compter
nos gerbes? N'est-il pas bien malheureux d'être encore assu-
jettis à avoir des chevaux et des voitures exprés pour mener
ce cliampart à sa grange, et nous autres, partie des liabitants
qui n'ont aucuns chevaux ni voitures à nous, sommes obligés
de le porter sur nos épaules? Malheur d'autant plus grand qu'il
dépend quelquefois du caprice d'un champarteur pour nous
faire essuyer une perte très considérable, par (1) les mauvais
temps qui peuvent survenir qui nous perdent ce fruit de nos
peines. Ce droit de champart nous paraît d'autant plus onéreux
qu'il est contraire à l'agriculture de la terre! Et pourquoi?
Parce que nous sommes privés des empaillements qui, fort
souvent, retournent chez les étrangei's. En conséquence, il est
donc de toute impossibilité de pouvoir donner l'engrais à ces
mêmes terres puisque nous somme privés des empaillements.
Pourquoi nous en demandons s'il est possible la suppres-
sion (2).
Art. 4. — Demandons l'augmentation du revenu de la cure
de Mérouville jusqu'à la concurrence de la somme de 2,000
livres au moins, suivant qu'il sera décidé par Sa Majesté, à la
charge d'être francs du casuel. L'excédent de l'augmentation
de ladite cure ne peut être pris que sur quelques gros biens
ecclésiastiques ou autres.
(1) C'est-à-dire : à cause.
(2) Comparer l'article 15 de Rouvray-Saint-Denis.
CAHIER DE MÉROUYILLE. 553
Art. 5. — Demandons la suppression des fermiers généraux
et de toute la suite qu'ils entraînent avec eux ; en conséquence,
que les deniers des impôts de notre paroisse soient directement
portés dans les coffres de Sa Majesté.
Art. 6. — Nous désirerions que les droits ruineux des
contrôles et que Tindue vexation qu'on éprouve journellement,
tant à l'occasion des contrats de mariage qu'autres actes, soient
(sic) supprimés ou au moins modérés (1).
Art. 7. — Qu'il fût possible à Sa Majesté de pouvoir se
procurer des soldats de milice en faisant tirer moins souvent,
afin d'éviter la ruine des peuples qu'engendrent les frais (2) ;
Art. 8. — Que, pour veiller avec plus d'exactitude aux
ordonnances de Sa Majesté, nous demandons qu'il soit établi
dans notre paroisse un bureau ou une administration muni-
cipale composée du syndic et marguilliers pour veiller à la
police et dresser des procès-verbaux des contraventions. Nous
demandons pareillement que cette municipalité soit autorisée
à dresser gratis les inventaires des modiques successions, afin
de mettre à couvert des frais de justice les pauvres pupilles et
leur conserver leurs petits etfets.
Art. 9. — Ce que nous avons encore le plus à cœur et
pourquoi nous demandons très instamment à Sa Majesté sont
(sic) que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées.
Art. 10. — Comme dans cette paroisse nous nous trouvons
tous les ans infectés (sic) de gibier, que nous fournissent tous
les bois des seigneurs voisins, et que nous n'avons pas la liberté
de le détruire sans encourir l'indignation du seigneur de cette
paroisse, que ce gibier nous fait un tort considérable par le
mangis (sic) de nos grains, en conséquence nous demandons
que [sur] la simple représentation qui en sera faite à la muni-
cipalité, ledit gibier soit détruit; sinon et faute de le faire, nous
(1) Comparer l'article 7 de Roiivray-Saint-Denis.
(2) Compai-er l'article 12 de Rouvray-Saint-Denis.
554 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
demandons pareillement à être autorisés à le détruire tant avec
fusils qu'autrement.
Art. 11. — Il en est de même au temps des semences et de
la moisson, i)ar rapport aux pigeons qui nous font aussi un
tort considérable; pourquoi nous demandons à être autorisés
à les détruire ou bien de les faire renfermer pendant ces temps,
à peine, par ceux qui possèdent colombiers et volières, d'une
amende considérable contre ceux qui contreviendraient à la
déclaration qu'il plaira à Sa Majesté de faire à cet égard.
Art. l'i. — En demandant la suppression des fermiers
généraux, nous entendons pareillement demander la suppres-
sion des francs-fiefs, ainsi que de tous les droits de quint et de
lods et ventes qui sont perçus par les seigneurs à raison des
acquisitions, et surtout dans cette paroisse où le seigneur
perçoit maintenant le sixième pour les lods et ventes, tandis
qu'il y a environ vingt ans il n'était perçu que le douzième.
En conséquence, si Sa Majesté ne nous accorde pas la suppres-
sion de la totalité, qu'elle nous accorde au moins la suppression
de cette innovation qui n'a été établie que par la force, laquelle
n'a pour fondement que le vouloir.
Art. 13. — Quant aux réparations et reconstructions des
églises et presbytères, il est malheureux pour les fermiers et
locataires, gens qui n'ont aucun bien dans la paroisse et qui
sctuvent n'y restent que quelques années, sont (1) obligés de
contribuer pour leur part et portion à ces réparations et
reconstructions. Pourquoi il serait à désirer que ces répara-
tions et constructions fussent payées par les propriétaires seu-
lement, n'étant pas juste que ceux (jui n'oni rien paient.
Art. 14. — Nous demandons pareillement que tous ceux et
celles qui doivent des rentes foncières afiectées sur leurs biens,
il leur soit permis de rembourser lesdites rentes suivant le
taux (lu denier vingt, afin d'aflranchir lesdits biens (2).
Fait et arrêté par nous, habitants de ladilc paroisse de
(1) C'esl-à-dire : d'être.
(2) Comparer l'arlicle 11 de Uuuvray-Saint-Denis.
CAHIER DE TIYERrsO>".
555
Mérouville, en la chambre où se tiennent ordinairement les
assemblées, ce 2 mars J789.
(Suivent 18 signatm^es : celles de Dorange ; Charles Vincent;
Genty, etc.)
45» Groupe de Tiverno>-.
Tl VERNON.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C^n. Outarville.
Gén. El. Orléans. Gren. Janville (i). Dioc. Orléans.
Tousse — 100 feux. 240 communiants. Les dames de Saint-Gvr.
Tustice de Tourv, r. à Orléans. D'Yenville pour le marché et de Toury
pour la poste aux lettres. Br. de Toury. A 2 lieues de Toury, 8 d'Or-
léans -^ d'Yenville et 3 d'Artenay. Assemblée le 26 décembre. A i/4 de
lieue' de la route de Paris. Route de Chartres. Plaine. Beauce.
2,821 arpents de terres labourables, 10 arpents de vignes, 64 arpents
de bois. La cure est à portion congrue.
j[7(38, _ 03 feux. Les dames de Saint-Cyr. Blé.
DÎME. — Pas de dime. Tout est à champart.
Tulle de la paroisse en 1788. - 9,4.50 1. 15 s., dont 4,460.15 pour
le principal et 4,990 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verhal. — Assemblée électorale le dimanche P"' mars,
en l'étude d'Antoine Poignard (2), notaire royal au bailliage d'Orléans,
résidant à Tivernon, sous ^^ présidence. - Population: (en blanc). -
Comnarants : Claude Courtois, laboureur (317-1-354.18) ; Jean Guyot
(158+176.16); Jean Chevalier (12.10 "h 13.19) ; Pierre Guesdon
(17 10+19.12); Simon Delabrouille (8.10 -h 9.9); Germain Villette
(1 + 2); .IeanFoiret(8.10-i-9.9); Germain Guyot (160.15-}- J79.17).
— Dvputrs : Claude Courtois, Jacques Gidoin, laboureurs.
Population en 1790. — 324 habitants
S) Le nom "ÏÏ donné dans le procès-verbal de la paroisse de Lion-en-Beauce.
556 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances des habitants
composant le Tiers état de la paroisse de Tivernon, fait
conforméynent à la lettre du Roi du 24 janvier dernier et
règlement y annexé et en vertu de V ordonnance de M. le
lieutenant général d'Orléans du 13 février aussi dernier,
pour être présenté en l'assemblée qui se tiendra à Orléans
le 7 du présent mois par les députés qui vont être élus en la
présente assemblée formant le Tiers état de ladite paroisse.
Art. lei-. — Les habitants composant le Tiers état de Tiver-
non se plaignent qu'ils {sic) n'ont été jusqu'à présent accablés
d'impôts que parce que les ministres et leurs agents, tant dans
l'administration que dans la finance, sans avoir égard aux lois du
royaume, ont augmenté jusqu'à l'excès, de leur seule volonté,
la charge du peuple dont ils ont dissipé le produit. Pourquoi il
serait bon à l'avenir, pour prévenir de pareils excès, de les
rendre responsables de l'emploi de toutes les sommes levées
sur le peuple, du consentement des États généraux, et
d'accorder toutes les places moins à la faveur et à l'argent
qu'au mérite.
Art. 2. — Le Tiers état de ladite paroisse se plaint encore
de ce que de tout temps il a été beaucoup plus chargé de taille,
et par contre-coup de toutes les autres impositions accessoires,
que les paroisses circonvoisines, quoique les terres de son
territoire ne soient pas de meilleure quahté, et qu'il soit obligé
de donner de tous les grains qui croissent sur icelles le
douzième ; ({ue, jus({u'à présent, on a été sourd à toutes les
requêtes et placets qu'il a pu présenter, mais il espère qu'au-
jourd'hui ses justes plaintes vont être écoutées et qu'il ne
payera de tous les impôts que ce qu'il en devra justement
payer.
Art. 3. — Il se plaint aussi de ce que, surchargé de taille, il
l'est aussi de corvée, puisque c'est le quart du principal d'icelle
corvée à laquelle il ne peut penser sans se récrier à l'injustice.
En effet, peut-on rien voir de plus injuste? On a ordonné,
.CAHIER DE TIVERNON. '^^^
il y a environ vingt ans, que la route de Chartres à Orléans,
dite vulgairement le « chemin de César », fût faite par corvées,
par les paroisses qui n'en seraient qu'à trois lieues ; ces
paroisses ont donc été durant environ dix-huit ans comman-
dées exactement deux fois par an pour faire leur corvée; une
partie l'ont faite. Je dis une partie, parce que beaucoup payaient
aux piqueurs certaines sommes pour n'en point faire, ou plutôt
pour les obliger de les faire, mais point du tout, ils n'en
faisaient rien ou, du moins, que très peu, seulement pour
sauver les apparences. Cependant, ils donnaient des billets de
décharge à ceux qui payaient et empochaient l'argent. De cela,
tout le monde en a été convaincu, et d'ailleurs, ce qui le
prouve encore, c'est le changement d'atelier qu'ils avaient bien
soin de donner à chaque corvée aux paroisses qui les faisaient
réguUèrement, et la manière dure avec laquelle ils recevaient
leurs ouvrages, faisant quelquefois passer trois à quatre jours
à des malheureux chargés d'une nombreuse famille et sans
pain pour faire leurs tâches, et en faisant emprisonner d'autres
qui, faute de pain, ne les avaient pas encore faites, le tout pour
les forcer à leur donner leurs tâches à faire. Malgré tout cela,
il y en a eu qui ont toujours tenu bon et qui, à force de travail,
ont enfin rendu ce chemin (qui a sûrement plus coûté que la
grande route d'Orléans à Paris) à peu près praticable. On
avait donc lieu de croire que l'on allait être soulagé et qu'on
[n']aurait plus que des corvées d'entretien; point du tout, on
s'est trompé ! Bien loin d'être soulagé, on a été encore surchargé,
puisqu'on payant pour corvée le quart du principal de la taille,
cela est bien plus rude que la corvée, que l'on faisait alors
manuellement.
Art. 4. — Il se plaint encore de la cherté du sel, qui, s'd
était libre et marchand, serait, comme dans certains endroits
de ce royaume, à très bon compte, durant qu'on est obligé de
le payer 14 sols la livre. Pourquoi cette différence? Ne sommes-
nous pas tous sujets du même souverain? Encore si toutes les
sommes produites par les gabelles allaient dans les coffres de
558 BAILLIACxE d'ORLÉANS.
Sa Majesté, on les paierait sans murmure ; mais, bien loin de
cela, il n'en va qu'une très petite partie, et le surplus est pour
les officiers ou commis qui devraient être supprimés, et le sel
rendu libre et marchand. Cela ferait plaisir à bien des pauvres
qui très souvent sont obligés de se passer de soupe, qui est
pour eux le meilleur et le plus solide aliment, et ce faute de
sel. Encore s'il leur était seulement permis d'en acheter de
celui qui sort des marais, ce serait une ijrande douceur, parce
qu'il serait bien moins cher. Mais point du tout, comme ce sel
ne paie rien aux commis, il faut qu'il soit jeté dans l'eau et
que le pauvre s'en passe.
Art. 5. — Il se plaint encore de ce que c'est le Tiers état, et
même le malheureux, qui paie la majeure partie des droits pris
et levés sur les vins vendus en débit, parce qu'il n'a pas la
commodité d'en acheter un poinçon en entier, et qu'il n'en
prend que dans les besoins les plus pressants, c'est-à-dire
lorsqu'il est malade, ou si, accablé du poids de son travail,
qu'il (sic) ne peut plus se soutenii'; alors il est obligé de sacritier
une partie de son travail du jour pour suracheter le vin qui lui
est nécessaire pour lui rendre ses forces. Il n'a pas même la
liberté d'en prendre, à charge de rendre, chez son voisin, ni
ce dernier de lui en donner par charité, parce que, s'il était
pris faisant cette bonne œuvre, on lui ferait un gros procès,
pour payer les frais duquel les commis lui feraient vendre
impitoyablement ses meidjles. Ainsi, il serait donc bon de
supprimer tous les commis et de rendre le commerce du vin
libre. Il faudrait aussi supprimer les commis aux cuh's afin de
faire diminuer les souliers dont l'usage est interdit aux pauvres
à cause de leur cherté.
Art. 0. — ■ On demande aussi (|u'il soit ])t'rmis à tout parti-
culier de laire venir chez lui ilu tabac pour sa provision et
qu'il ne soit plus forcé d'en aller chercher dans les bureaux,
qui n'est pas naturel très souvent, et que les commis soient
aussi supprimés.
Art. 7. — On se plaint de ce que les maîtres de poste, par
CAIIIKR DE TIVERNON. 559
un privilège presque indéfini, ne paient point de taille ni
accessoires d'icelle, ce qui les engage à prendre, à droite et à
gauche, des biens à quelque prix que ce soit, londés sur leur
exemption de taille. Cela devrait être réformé, car ce n'est pas
à un malheureux, qui très souvent est bien las d'aller à pied, à
payer les courses de ceux qui veulent aller en poste.
Art. 8. — Le Tiers état de la paroisse de ïivernon demande
enfin que tous les impôts, de quelque espèce et nature que ce
soit, soient réduits en un seul impôt territorial payé et réparti
sur tous les biens généralement quelconques nobles, ecclésias-
tiques et roturiers, indistinctement, sans aucun privilège, mais
seulement à raison de leurs propriétés. En conséquence de ce
seul impôt, tous les conunis au sel, au tabac, aux cuirs, aux
vins, se trouveront détruits et sans état, ce qui les fera se récrier
avec raison, mais pour les empêcher de se plaindre, on pourra
leur donner telle pension viagère ou gratification qu'on avisera.
Et dans ce seul impôt, les droits de franc-lief devraient aussi être
compris, car c'est encore une chose bien onéreuse au Tiers état
et souvent ruineuse. On demanderait même que les biens en fief
pussent être connnués en roture, et, en conséquence, affranchis
du droit de franc-lief, ou du moins qu'ils fussent partagés quant
au Tiers état, sans prérogative d'aînesse, et qu'en succession
collatérale le mâle n'exclût point la femelle; pourquoi les
coutumes doivent être réformées à cet égard, ou du moins
permettre aux père et mère d'y déroger pour leurs biens
propres.
Art. 9. — On demanderait qu'il n'y eût plus par tout le
royaume qu'une même mesure et un même poids, pai'ce que
cette différence forme souvent des procès en ce qu'il se trouve
des personnes qui croient avoir acheté ou vendu à une mesui-e,
et c'est à une autre.
Art. 10. — On se plaint de la longueur de la jU'océdui-e et
des frais immenses qu'elle entraîne après elle, ce qui fait que
très souvent des personnes abandonnent leurs justes droits
par la crainte des frais et l'incertitude des jugements ; et au
560 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
contraire, d'autres personnes injustes profitent de cette frayeur
pour s'emparer d'objets qui ne leur appartiennent pas; pour-
quoi demande-[t-on] un nouveau code qui fixe les frais de
toutes les instances, s'il était possible, et le temps de leur
durée.
Art. 11. — On demande que les actes d'élection de tuteur,
subrogé-tuteur, aucteur, curateur, et autres de cette nature,
soient reçus par des notaires quand les parties sont d'accord,
et de n'être point obligé d'aller chercher les officiers de la
justice, quelquefois à quatre à cinq lieues de l'endroit, et même
plus loin, ce qui fait beaucoup de frais parce qu'on est obligé
d'aller en nombre suffisant pour ces sortes d'actes.
Art. 12. — On se plaint d'un droit de préciput levé depuis
environ un an sur les contrats de mariage passés depuis vingt
ans, droit qu'on [n']a pu éviter, n'étant pas connu. Ainsi, on
demanderait la suppression de ce droit pour les personnes qui
ne l'ont pas payé et remise pour celles qui l'ont acquitté, et
défense à l'avenir de lever de pareils droits pour le passé ; que
les contrôles et autres droits levés sur les actes fussent dimi-
nués parce qu'ils sont si exorbitants que bien des personnes
se risquent de ne pas mettre leurs affaires en règle à cause des
droits, ce qui engendre des procès qui souvent ruinent les
familles.
Art. 13. — On demanderait que tous les champarts et dimes
champarteresses fussent affurés (1), et qu'on fût tenu de ne
payer qu'une certaine redevance annuelle, soit en grains, soit
en argent, aux seigneurs desdits droits, ce qui ferait beaucoup
de bien à l'agriculture et qui épargnerait bien des peines aux
cultivateurs qui ne sont pas libres, sans courir risque d'être
traduits en justice, d'enlever leurs grains qu'ils n'aient été
comptés et champartés, ce qui fait que très souvent leurs
blés et autres grains se trouvent mouillés, gâtés et quelquefois
perdus.
(1) C'est-à-dire : mises à un fur ou taux fixe.
CAHIER T)K TTVERNON. 561
Art. 14. — On demande qu'il soit permis de se libérer et rem-
bourser toutes les charges et rentes foncières, même envers
les fabriques et communautés, à tel denier qu'il plaira
ordonner.
Art. 15. — On demande qu'il ne soit plus permis aux seigneurs
(le planter le long des chemins, sur les terres des particuliers,
des avenues d'ormes ou autres arbres nuisibles à l'agriculture,
à moins que ce ne soit du consentement desdits particuliers,
et après qu'ils auront été récompensés des dommages que cette
plantation pourrait leur causer, comme aussi qu'il ne leur soit
pas permis de planter aucun bois ni remise pour entretenir le
gibier, surtout le lapin qui ravage tous les environs desdits bois,
quoique en très petit nombre ; pourquoi on demanderait qu'il
fût absolument détruit ou gardé dans des enclos, et que le
lièvre et autre gibier fût détruit quand il se trouve aussi en trop
grande quantité.
Art. 16. — On demande qu'il soit permis à une personne
assignée pour une affaire qui ne peut être jugée définitivement
et sans appel à sa justice où il est traduit, qu'il soit permis (sic)
de porter la cause au bailliage royal qui doit juger en dernier
ressort et sans appel, et ce afin d'éviter les irais de procédure
et les longueurs des procès.
Art. 17. — On demande aussi qu'à l'avenir les bénéficiers
soient tenus d'entretenir les baux à loyer des fermes et métai-
ries taits par leurs prédécesseurs, sans pouvoir par eux les
en expulser et leur ôter leur état, surtout quand les biens
auront été affermés suivant le cours ordinaire, et que les acqué-
reurs de fermes et métairies soient tenus à la même chose
sans pouvoir dédommager le tout qu'en donnant un temps suf-
fisant pour se pourvoir d'un antre établissement.
Art. 18. — On demande que les anciens cliemins soient res-
pectés et qu'ils ne puissent être détruits, supprimés ni changés
par les seigneurs que du consentement des habitants à qui ils
peuvent être utiles, et que les chemins soient de leur grandeur
et largeur.
T. I.
36
562 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 19. — Tout le monde sait que les chaumes sont en
majeure partie la forêt du pauvre pour le garantir des rigueurs
de l'hiver, et qu'outre cela, dans la campagne, toutes les mai-
sons en sont couvertes ; quoique ce soit pour lui d'une assez
grande utilité, il en est très souvent privé par le procureur
fiscal qui devrait le soutenir et veiller à ses intérêts, défendant
et ne lui donnant la permission de l'amasser pour l'ordinaire
que quand la saison est trop avancée, et ce pour donner le
temps aux seigneurs de chasser. On demande donc, pour le
bien et l'avantage du pauvre, ensemble pour le laboureur qui a
un grand intérêt que ces chaumes soient ramassés pour avoir
de l'avoine, qu'il ne soit plus au pouvoir du procureur fiscal,
mais du laboureur, de défendre et de permettre d'aher ramas-
ser ses chaumes.
Art. 20. — On demande qu'il soit défendu aux gardes-chasse
des seigneurs et aux seigneurs eux-mêmes de chasser en
plaine avec des chiens dans le temps que les grains approchent
de leur maturité, et qu'on y fait dégâts ; en conséquence, qu'il
ne leur soit permis de chasser qu api'és la moisson faite et tous
les grains entrés, parce qu'ils font, et les chiens surtout, des
dégâts considérables.
Art. 21. — On demanderait que toutes les contestations
relatives à la culture des terres, telles que retirages, fussent
jugées par la municipalité du lieu, ou plutôt par celles des
paroisses circonvoisines, et comme il arrive quelquefois qu'on
ne peut se faire rendre justice parce que le retirage ne paraît
plus, on demande à être autorisé à égaler son champ, celui de
son voisin sans qu'il puisse opposer qu'il n'a que sa mesure ou
qu'on a la sienne, parce que, dans tous les terroirs, il y a cer-
tains endroits où il y a de la mesure et d'autres où il en manque
beaucoup, — tous les champs devant être égaux, eu égard à
leur contenance.
. Art. 22. — L'éducation des enfants est le plus grand bien
qu'on puisse leur donner; cependant, dans les campagnes, la
majeure partie des pères et mères ne peuvent les envoyer aux
CAHIER DE TIVERXON. 563
écoles, faute de moyens. Ainsi, il serait bon de faire un fixe à
un maître d'école pour montrer aux pauvres gratis et de
prendre ce fixe sur les communautés qui devraient être
réformées.
Art. '23. — Les pigeons, dans cette paroisse et les circonvoi-
sines, sont en aussi grand nombre qu'ils font un tort consi-
dérable lorsque les grains commencent à mûrir et même quand
on les sème, de manière que la plupart des ci-dessous signés
demandent : 1^ qu'on fasse boucher les volières aux particu-
liers qui n'ont pas droit d'en avoir suivant la coutume; "-l^^ que
ceux qui ont ce droit suivant leurs occupations soient réduits
à leur juste quantité; 3° et enfin qu'ils soient tenus de les
enfermer dans le temps que les grains commencent à mûrir
jusqu'à ce que les moissonneurs aillent aux champs, et même
dans le temps des couvrailles.
Art. 2i. — On demande aussi qu'il soit permis aux garçons
qui sont obligés de tirer à la milice d'avoir la liberté de choisir
un homme pour le présenter aiin de les remplacer, et qu'il
[n'y] ait aucune exemption.
Art. 25. — On demande qu'il soit tenu la main à ce que les
laboureurs n'achètent pas le blé dans les marchés pour le
mettre en grenier parce que c'est là, en partie, la cause de la
cherté du blé d'aujourd'hui, et que, d'ailleurs, cela empêche
souvent le particulier d'en avoir pour la fourniture de sa
famille.
Tels sont les vœux, plaintes et doléances du Tiers état de la
paroisse de Tivernon. Fait et arrêté en l'assemblée tenue à cet
etfet cejourd'hui l*^'' mars 1789, et ont lesdits habitants
ci-dessous signé, excepté ceux qui ne le savent.
(Signatures de Guyot; Delabrouiile ; Jean Chevalier; Villetle;
Guesdon; Courtois, député; Germain Guyot.)
564 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
LION-EN-BEAUCE,
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C'*^". Artenay.
Gén. El. Orléans. Gren. Janville (1). Dioc. Orléans.
JoussE. — 49 feus (2). De Vidal. 2 justices : une r. au b. et l'autre
en la prévôté d'Orléans. Du marché d'Yenville et d'Artenay pour la
poste aux lettres. Assemblée le jour (le sainte Glaire. Br. de Toury. A
2 lieues de Toury, 8 d'Orléans, 2 d'Artenay et 2 d'Yenville. Route de
Pithiviers. Plaine. Beauce. Hameau de la Budinière. 1,500 arpents
de terres labourables ; 12 arpents de vig-nes. La cure vaut 600 1. ; à la
collation de l'évêque d'Orléans.
1768. — 88 feux. M'"" de Yidal. Blé.
DÎME. — Terres : 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent (moins
213 arpents 1/3 exempts). Vin : 1 pinte par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788 : 2,824 1. 10 s., dont 1,334.10 pour le
principal et 1,490 pour les impositions et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 22 février, sous
\i\ 2)rési(l('nce d'Antoine Poignard, notaire royal au bailliage d'Orléans,
résidant à Tivernon. — Population : 60 feux. — Comparanls : Joseph-
Thomas Beauvallet (300. 15 -j- 335. 12) ; Joseph Texier (15.10 -j- 17.6) ;
Émery Gombault; Philippe Lecreux (104.10 -|- 116.12) ; Louis Paillet
(66.5 -f- 73.19) ; André-Pierre Thévenin (17.15 -j- 19.15) ; Jean-Baptiste
Madré (13 -f- 14.10); François Charpentier (6.10 -j- 7.5); François
Charron (10 s. -|- 11 s.); Jacques Charron l'aîné; Métivier (8-J-8.19);
Jacques Charron le jeune, maçon (10.5 -[- 11.8) ; .Jean Crochet (14.10 -f-
16.4); Louis Sauget (3-j-3.7) ; Pierre Guérineau (7-f-7.16) ; François
Gauchet (13.5 -[-3.12); J^ouis Thoinard (8.5 -[-0.4); Pierre Paulmier
(1.10 -j- 1.13); Jean Charron (4 -f- 4.9); Jacques Marchand (14 -j-
15.12). — Députés : André-Pierre Thévenin, marchand; .Joseph Texier,
syndic de la paroisse.
Population ex 1790. — 260 habitants.
(1) D'après Jousse.
(2) Au-dessous : tiO feux, 250 communiants.
CAHIER DE LION-EN-BEAUCE. 565
Cahier des plaintes et doléances des habitants composant le
Tiers état de la paroisse de Lion-en-Beauce, fait confor-
mément à la lettre du Roi du 24 janvier dernier, règle-
ment y annexé, et en vertu de Vordonnance de M. le
lieutenant général d'Orléans du iS février aussi dernier.
La cure de Lion étant réduite à la portion congrue de
7Ô() livres payée par les dames du couvent de la Madeleine
d'Orléans ne peut se passer de casuel forcé ou gratuit si on
n'augmente son revenu en prenant des biens desdites dames
ou quelques autres biens ecclésiastiques ; notre cure ne possé-
dant aucun autre bien que sa portion congrue se trouve
réduite à un trop petit revenu, désirant que le casuel de toutes
espèces soit détruit, parce ({u'il est cruel de demander à une
femme sans fortune des honoraires pour l'inhumation de son
mari, ou au mari pour celle de sa femme ; se trouvant d'ailleurs
souvent chargés d'une nombreuse famille qu'ils ne peuvent
nourrir qu'avec bien de la peine. Il arrive aussi souvent que
des mallieureux périssent ou faute de chirurgien pour les sou-
kiger dans leurs maladies ou même de pain et autres secours
qu'un curé ne peut leur procurer s'il n'a lui-même de quoi
vivre.
Les tailles, jusqu'à ce jour, ont été mal réparties : les petits
particuliers ont toujours été surcliargés, et les riches soulagés.
D'ailleurs, les impositions ont toujours été exorbitantes pour
la paroisse de Lion, dont le terroir est d'une mauvaise qualité,
ne pouvant produire de blé fin dont la qualité puisse suppléer
au défaut de quantité, la paroisse ne produisant que du blé
commun, et plutôt du méteil que du froment, et toujours en
petite quantité. Le principal de la taille étant trop fort,
l'accessoire d'icelle, aussi bien que la capitation, l'est aussi,
ce qui fait une surcharge considérable pour la paroisse, dans
laquelle il y a des biens nobles et ecclésiastiques exempts de
certains droits et surtout de dîmes, et qui ne paient rien
à la décharge de la paroisse pour leur affranchissement.
566 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
La corvée est une suite de la taille, puisque c'est le quart
du principal, qui, étant trop forte, fait une augmentation de
surcharge. Avant cette nouvelle réduction de la corvée, sou-
vent les particuliers étaient obligés de payer leur corvée, quoi-
qu'ils l'eussent faite de leurs propres mains; on en (sic) chan-
geait leur place et on leur en donnait une autre que des adju-
dicataires n'avaient pas faite, quoiqu'ils eussent été payés pour
cela, ce qui est une injustice criante, à laquelle on pourrait
remédier en mettant un impôt fixe sur les biens ou en don-
nant un lieu fixe à chaque paroisse pour être entretenu par elle.
Le sel et le vin sont des ol^jets qui méritent encore des
réductions.
Le sel est vendu par les débitants à raison de 14 sols la
livre, ce qui met bien des pauvres cultivateurs dans l'impos-
sibilité de manger de soupe, qui est la nourritia-e la plus solide
pour les gens de travail. Ce qu'il y a encore de plus cruel,
est que la marée, qui est une nourriture commode pour les
pauvres, ne peut être mise au débit, que les commis n'aient
jeté le sel qui se trouve dans les barils ou dans la rue ou dans
l'eau; il serait à propos de trouver un moyen pour soulager le
pauvre dans cette misère, qui serait d'établir des dépôts de sel
dans chaque arrondissement dans lesquels on trouverait du sel
à meilleur marché ou même gratis, par le moyen d'un impôt
sur les biens-fonds de chaque paroisse, ce qui ferait une
grande épargne pour la couronne et pour les particuliers,
parce qu'il n'y aurait plus besoin de tant de commis.
Le vin est très nécessaire aux cultivateurs pour suflire à leurs
travaux ; il se trouve souvent de petits particuliers qui n'ont
pas le moyen d'acheter du vin en poinçon ; ils seraient charmés
d'en pouvoir trouver en détail chez leurs voisins pour argent
ou à la charge de le rendre ; mais la crainte do payer de gros
frais est cause qu'ils n'en peuvent prendre ailleurs que dans
les cabarets, où il est beaucoup plus cher. D'ailleurs, un par-
ticulier ne peut, sans craindre des amendes de la part des
commis, donner du vin aux malades, même par charité. 11
CAHIER DE LI0N-EN-13EAUCE. 567
serait donc à propos de remédier à cet inconvénient en impo-
sant sur le vigneron un certain droit, et après cela, on pourrait
vendre son vin en gros ou en détail, sans être tenu à
autre chose, et par ce moyen, il n'y aurait pas besoin de
commis.
Quoiqu'il y ait une justice dans la paroisse de Lion, aucun
officier n'y résidant, la police n'y est pas exercée avec régula-
rité. Il conviendrait donc qu'on établît dans la paroisse un
commissaire pour cela, et que la chambre municipale jugeât
les contestations, ainsi que quantité de différends qui naissent
dans les familles ou entre les particuliers, au lieu d'avoir
recours aux procureurs qui allongent les affaires afin de cons-
tituer les parties en frais, au lieu que la municipalité les juge-
rait gratis, et en cas que la municipalité ne pût les juger, elle
en informerait et enverrait des mémoires à des avocats qui
sont à l'intendance pour, sur leur décision, porter une sen-
tence de laquelle on ne pourrait appeler, à moins que ce ne
fût pour des objets de conséquence, et pour lors, la justice du
lieu en prendrait connaissance, et il serait à propos que
cela se fît le plus promptement possible et avec peu de
frais.
On demanderait qu'il ne tut plus payé de franc-fief, étant un
droit très onéreux et ruineux pour le Tiers état; on demande-
rait aussi que les biens fiefs pussent être partagés, quant au
Tiers état, sans prérogative ni droit d'aînesse, et qu'en succes-
sions, soit ou directes ou collatérales, les enfants et héri-
tiers n'eussent pas plus les uns que les autres, mâles ou
femeUes.
On demande que toutes rentes et charges foncières soient
remboursables à l'avenir, même celles dues aux fabriques
et communautés, et ce à tel denier qu'il plaira ordonner.
On demande, vu la grande quantité de pigeons qui sont
tant dans la paroisse que dans les circonvoisines, qu'ils soient
renfermés surtout à l'approche de la maturité et dans le temps
568 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
des couvrailles, attendu qu'ils font un dommage considé-
rable.
Tels sont les vœux de la paroisse de Lion, et ont les habi-
tants composant le Tiers état de ladite paroisse signé, excepté
ceux qui ne le savent.
(Suivent 1 1 signatures : celles de Thévenin ; Mérigot ; Beau-
vallet, syndic, etc., et celle de Poignard.)
46° Groupe de Saint-Lyé.
Martin, notaire à Saint-Lyé, préside successivement les assemblées de
Saint-Lyé (1er mars), Villereau (4 mars) et Bougy (5 mars). Les cahiers de
ces trois paroisses s'imitent l'un l'autre. Nous donnons en entier le texte de
Saint-Lyé et, pour Villereau et Bougy, les variantes.
SAINT-LYÉ.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C»". Neuville-aux-Bois.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 147 feux. 360 communiants. De Bagnols. 2 justices, r. au
b. d'Orléans. De Neuville pour le marché et d'Artenay pour la poste
aux lettres. Br. de Langennerie. A 3 lieues de Langennerie, 6 d'Orléans,
1 de Neuville et 2 d'Artenav. Sur le vieux chemin d'Orléans à Paris.
Dans la forêt d'Orléans. Vignoble. LOOO arpents de terres labourables;
1.50 arpents de vignes. 3 hameaux qui sont : les Mardelles, la Brosse et
Les Bordes-Givrv. La cure vaut 850 1.; à la collation du chapitre de
Pithiviers.
1708. — 146 feux. Begon de Lorris. Blé.
DÎME. — Terres labourables : 1 gerbe 1/2 de 50 pouces ])ar arpent.
Vignes : 4 s. par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,085 1., dont l,02î) pour le prin-
cipal et 2,156 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verrâl. — Assemblée électorale le dimanche P^'' mars, dans
la chambre de la municipalité, sous la prrsidence de François-Michel-
Paul Martin, notaire royal du bailliage d'Orléans, résidant à Saint-Lyé.
— Population : 132 feux. — Comparants : Pierre-Louis Gahouet,
CAHIER DE SAINT-LYÉ. 569
syndic de la municipalité (30 -f- 33.11) ; Louis Béligard (12 -f- 13.18);
François Sevin, membres (9.10 -|- 10.12) ; Jacques Charron, adjoint
(8-f-8.19); Jacques Jousset (22. 10 -f- 25.3), Etienne Doucet, laboureur,
(238.10-j-2(38.11), membres ; Antoine .Julien (20-|- 22.7) ; André Dou-
cet, laboureur (145 -j- 161.19), adjoints; Jean Taffoureau, laboureur,
collecteur pour 1789 ; Louis Guertin (7.10 -j- 8.7), Denis Chou (8.10 -j-
9.10), Etienne Jousset (4.10 -f- 5), vignerons; Pierre Gouvret, greffier
de la justice de Saint-Lvé (9 -|- 10.1) ; Pierre Marteau, charron (5.10-}-
6.3); Pierre Périguet, vigneron (16-)- 17.17); PYançois Gandrille;
Denis Gouvret (61 -f- 68.5), laboureurs; Etienne Sevin, greffier de la
municipalité (1.10 -f- 1.13); Louis Gamard, vigneron (10.10-)- 11.15).
— Dc2mtés. — Pierre Gouvret; Pierre Marteau.
Population en 1790. — 503 habitants.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances des habitants
de Saint-Lyé, dressé d'après la permission accordée par la
lettre du Roi pour la convocation des États généraux, en
date du '■24 janvier 1789, pour être présenté à rassemblée
des trois ordres du bailliage d'Orléans du 7 mars présent
mois.
Art. 1«'-. — Les liabitaiits de Saint-Lyé sont et ont toujours
été surchargés de la taille et des impositions accessoires, tant
relativement au peu d'individus qui composent cette paroisse,
qu'à la nature de son sol qui est on ne peut plus aiide, au
moyen de ce qu'elle est, par son exposition, inondée la plus
giVnde partie de l'année, ce qui fait que les agriculteurs ne
peuvent qu'avec une peine infinie cultiver leurs terres ; que
très souvent même il en reste une grande partie sans culture ;
que, outre l'aridité du terrain, ils sont encore exposés à voir
une partie de leurs récoltes consommée par le gibier que recèle
la forêt d'Orléans qui borne cette paroisse des côtés orient,
midi et nord en partie.
Aides et gabelles.
Art. 2. — Supplier très liumblement Sa Majesté de sup-
primer les droits d'aides et gabelles, ces droits étant on ne
570 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
peut plus onéreux au peuple, qui se trouve payer deux fois
pour le même objet, puisque, par le rôle des tailles, les
habitants sont imposés pour leur industrie, et qu'ils paient
encore les droits de débit, de courtiers-jaugeurs et d'enlève-
ment : la seule industrie des particuliers qui paie ces droits
est celle de débitant.
Les corvées.
Art. 3. — Demander la suppression des corvées, relative-
ment aux abus qui existent dans cette manutention ; dans le
cas où les députés aux États généi'aux ne pourraient en obtenir
la suppression, demander que la Noblesse et le Clergé y soient
assujettis comme le Tiers état ;
Art. 4. — Que les trois ordres de l'État contribuent égale-
ment et par proportion de leurs revenus et possessions à tous
les impôts qu'il plaira à Sa Majesté d'imposer.
Droits de franc-fief.
Art. 5. — Tous les vingt ans et à chaque mutation de vassal,
le Tiers état paie le dix-huitième de l'héritage téodal ; ce droit
lui étant on ne peut plus onéreux, supplier Sa Majesté de le
supprimer en totalité, ou au moins de demander sur icelui une
réduction et que les deux premiers ordres y soient assujettis
comme le Tiers état : ils sont sujets du Roi, comme le Tiers
état; ils doivent contribuer aux charges comme lui.
Art. n. — Demander qu'il plaise à Sa Majesté d'oj-doinici' la
réforme du code civil et criminel et qu'il en soit fait de nouveaux
tendant à l'abréviation des procédures, afin de faire rendre la
justice d'une manière plus aisée et moins coûteuse à ses sujets.
Art. 7. — Supplier Sa Majesté de suj)primer Ions l(>s rece-
veurs et fermiers généraux et df liiiances; d'ordonner que les
barrières soient transportées à Tcwl rémité du royaume, et d'or-
donner que l'argent à provenir des impôts soit versé dans les
coffres de Sa Majesté sans frais.
CAHIER DE PAINT-LYÉ. 571
Rentes foncières.
Art. 8. — 11 existe peu de biens dans les campagnes qui ne
soient chai'i;és de rentes foncières, les unes créées avec faculté
de ne pouvoir être remboursées toujours, d'autres devenues
foncières par la prescription de trente années, la plupart de
ces rentes étant créées avec la faculté de garantir, fournir et
faire valoir ; non seulement celui qui possède l'héritage atlecté
à cette rente en est tenu, mais les héritiers des preneurs, ceux
de ses héritiers à l'infini en sont chargés ; demander à l'as-
semblée des Etats généraux que toutes ces rentes soient dans
le cas d'être remboursées à tel fur qu'il plaira à Sa Majesté
fixer.
Du contrôle.
Art. 0. — Les actes passés par les notaires de Paris ne sont
pas sujets aux droits du contrôle ; il est aussi quantité de pro-
vinces qui ne connaissent ni le droit de contrôle, ni celui du
timbre ; il résulte que les riches de tous les ordres se sous-
traient au paiement de ce droit en faisant passer leurs actes
par les notaires qui en sont affranchis. Comme il est de la
justice que tous les sujets d'un royaume soient assujettis aux
ciiarges de l'État, demander à l'assemblée des États généraux
la suppression des droits de contrôle et de timbre ou une
réduction et que les actes des notaires de tout le royaume
soient francs ou assujettis à ce droit.
Des dîmes.
. Ai't. 10. — Supplier Sa Majesté de supprimer les dîmes que
perçoivent les curés décimatenrs et (ixei- à MM. les curés, pour
leur gros, une somme de l,OL)t) livres, et ordonner que cette
somme sera payée par les habitants auxdits sieurs curés, lesquels,
à ce moyen, seront tenus d'administrer, les sacrements sans
pouvoir exiger aucune rétribution et de leur enjoindre d'être
assidus à leurs cures, de ne pouvoir s'en absenter sans mettrç
des desservants et de remplir toutes les fonctions auxquelles
ils sont tenus suivant le rituel du diocèse, et d'être chargés
572 BAILLIAGE d'ORLÉAISS.
des réparations du chœur et du presbytère comme par le
passé.
Art. 11. — Supplier Sa Majesté de supprimer les milices,
relativement au tort que les habitants des campagnes éprou-
vent de cet établissement.
Le tout fait et arrêté par nous, habitants de Saint-Lyé,
assemblés en la chambre de la municipalité, le l^r mars 1789,
et ont ceux desdits habitants qui n'ont signé déclaré ne le
savoir.
(Suivent 10 signatures : celles de Cahouet, syndic; Béli-
gard ; Sevin, etc., et celle de Martin, notaire.)
VILLEREAU.
Dëp. Loiret. Arr. Orléans. C^n, Neuville-aux-Bois.
• Crrn. Kl. Gren. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 62 feux (1). 200 communiants. De Bagnols. 2 justices, r.
au b. d'Orléans. Du marché de Neuville et d'Artenay pour la poste aux
lettres. Bi'. de Lan<^'-ennerie. A .'i lieues dudit lieu. T) d'Orléans. 1 de
Neuville et 2 d'Artenaj. Sur le vieux chemin de Paris aux Bordes.
Dans la foret d'Orléans. Beauce. 2,500 arpents de terres labourables,
20 arpents de vignes, 2 arpents de bois taillis, 80 ar[)ents de terre à
safran. 8 hameaux qui sont : une partie des Bordes-Lastraj, les Bordes-
Méziére et Fougeu. La cure est à portion congrue : coUateur, l'évèque
d'Orléans.
17(38. — 81 feux. Begon de Lori-is. t!lé.
DÎME. — Terres labourables, 1 gerl)e 1/2 de 50 pouces ])ar ariient.
Vin, 2 pintes par poinron.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,259 1. 10 s., dont i..").80.i0 pour
le pi-incipal et 1,720 pour les imjjositions accessoires et la capilation.
I^HOCKS-vERBAL. — Asscmbléc électorale le mercredi 4 mars, (huis
la chambre de la municipalité, sous la prcsidence de Francois-Michel-
Paiil \I:ii-liii. notaire roval au bailliage d'Orléans, résidant à Saint-Lyé.
(1) Au-dfissous, 81.
CAHIEH DK VILLEREAU. 573
— Population : TA feux. — Comparant : François Mullet, syndic de
la municipalité; François Peschard, laboureur (9i-[- 100.15); Pierre
Rover, collecteur (12 -[-13.6); Charles Sotteau, marchand préi)osé (Il -|-
12.3); Louis-Vincent Pilté (10.70 -j- 11. 13), .lean-Symphorien Chauvin,
(lO-j- 10 -j- 11.13), adjoints; Etienne Badinier, g-retlier (7. 10 -|- 8.0) ;
Jacques Saulger, vigneron (5.15-f-0.8) ; Michel Bruneau, cabaretier
(10.10-1-18.0); Jacques-François Pescliard. laboureur (180.10 -|-
100.10); Jean Badinier, facteur de vente (."i-f-.l.U); François Lebret.
h.boureur (12. 1.") -)- 14.3) (1); Jacques (iiroux (1.10-j- 1. 13); Pierre-
François-Sébastien Brice (1-|-1.2); Etienne-Alexandre Chauvin (18 -|-
19.19); Jacques Gidoin (10. 10-|- 11.13). — Députés : Pierre Rojer;
Jean Badinier.
Population en 1790. — 290 habitants.
[Cahier de Villereau.]
Comparaison avec celui de Saint-Lyé :
Titre. —Le même, mais lire : remontrances qu'ont à fournil'
les habitants, et supprimer les mots : du 7 présent mois.
Art. '1er. _ Var. : « Les habitants de Villereau sont et ont
toujours été surcliargés de taiUe et des impositions acces-
soires, relativement à son exposition qui se trouve bornée du
midi par la forêt qui recèle une quantité de lapins qui con-
somment une partie de leurs récoltes, et par un courant d'eau
qui inonde une partie de leurs terrains. »
Art. '2. — Le titre supprimé, ainsi que la fin de l'article, à
partir des mots : et qu'ils paient encore les droits...
Art. 3. — Le titre supprimé.
Art. 4. — Var. : « Que toutes les tailles, capitations indus-
trielles, droits d'aides, gabelle et corvées soient supprimés, et
que tous ces droits soient convertis en un impôt territorial.
Que les trois ordres de l'État paient cet impôt, par pi'oportion
des possessions et revenus de chacun, »
«Vrt. 5. — Le titre supprimé. Var. :\e dix-huitième du prix
de l'héritage féodal. — Ce droit de franc-fief lui étant... Les
(.1) François Lebret fils (179 -h 198.4).
574 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
mots : en totalité, supprimés. — Var. : ils sont sujets du
Roi...
Art. 6.^^^ — Var. : qu'il en soit fait un nouveau...
Art. 7. — Absolument identique.
Art. 8. — Le litre supprimé. Var. : « Il existe peu de biens
dans les campagnes qui ne soient chargés de rentes foncières.
Supplier S. M. d'en permettre le remboursement au fur qu'il
lui plaira iixer. »
Art. 9. — Le titre supprimé. Var. : il est aussi nombre de
personnes... il s'ensuit que... Il est donc de la justice que tous
les sujets d'un royaume paient et contribuent aux charges de
l'État et jouissent des mêmes exemptions...
Art. 10. — Ainsi rédigé : « Les habitants de Villereau
demandent que la dîme qui se prélève sur leur paroisse se
paie en nature comme par le passé ; que les champarts soient
supprimés, otîrant de rembourser ce droit sur l'évaluation qui
en sera faite. »
Art. 11. — Supplier Sa Majesté de permettre aux habitants
des paroisses qui sont bornées par la forêt ou par des garennes
de tuer sur leurs terrains les lapins et autres gibiers qui
désolent leurs moissons, comme aussi d'enjoindre à tous les
seigneurs et fermiers qui ont des volières ou colombiers de
faire tuer leurs pigeons;
Art. 12. — Qu'il soit permis à tous les habitants de la cam-
pagne de labourer leurs terres, de couper ou arracher les
cliaumes aussitôt après la moisson, et aux laboureurs et
ierniiers de faire faucher leur blé, vendre ou disposer des
chaumes provenant de leur récolte comme bon leur semblera,
sans qu'il puisse être condamnés à aucune amende;
Art. 13. — Que la municipalité ait le droit d'exercer la
police et la voirie dans l'étendue de leur paroisse.
Art. 14. — Le môme que l'art. 11 de Saint-Lyé.
La Un est la même.
(Suivent 16 signatures : celles de François Millet ; Pescliard ;
Lebret, etc., et celle de Martin, notaire.;
CAHIER DE BOUGY. 575
BUUGY.
Dt'p. Loiret. A/-r. Orléans. C"". Neuville.
Gcn. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. 42 feux (1). 200 communiants. M. de Bagnols.
De Neuville pour le marché et d'Orléans pour la poste au.v lettres.
Justice, r. au bailliage d'Orléans; et de la prévôté, même ressort. Br.
de Langenuerie. A 4 lieues dudit lieu. 5 d'Orléans. 1 de Neuville et
8 d'Artenay. Dans la forêt d'Orléans, dans un fond. Endroit dange-
reux aux environs. Deux hameaux qui sont : une partie des Bordes-
Lastray et une partie du Bignon. 1,000 arpents de terres labourables.
GOO arpents de bruyères. 50 arpents de safran. 25 arpents de vignes. La
cure vaut 500 1. ; collateur, l'abbé de Saint-Benoît.
1708. — 01 feux. Begon de Lorris.
DÎME. — Terres laboui'ables : 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent.
Vin : 2 pintes par poinçon.
T.MLLE de la paroisse en 178.S. — 2.1.50 1. 10 s., dont 024.10 pour le
principal et 1,232 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verb.\l. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, dans la
chambre de la municipalité, sous la présidence de B'rançois-Michel-Paul
Martin, notaire royal d'Orléans, résidant à Saint-Lyé. — Populalion :
52 feux. — Comparanls : Christophe Ghantereau, syndic de la munici-
palité (5 -f- G 13); Barthélémy Robert, Bailly du .Tarry, Zacharie Bou-
reau (lGG.lO-j-221.18), membres de la municipalité; François Charron,
laboureur (30 -|- 40); Sulpice Cuissard (14 -f- 18.13); .lean-Baptiste
Audois (13.10 -|- 18); Aignan Mathieu (G.5-[-8.G); Charles Dampierre
(G. 15 -[-9); Pierre Pigé, laboureur (57. 15-)- 77) ; Mamert Depussay
(19.15 -\- 2G.6); Claude Dumery. ancien syndic (5.5 -f- 7); Jacques
Legendre, meunier (30-f-40); Michel Hodier (4.5 -f- 5.13): Jacques
Bruneau (42. 10 -|- 56. 13). — Dcpulés : Chantereau; Charron.
Population en 1790. — 193 habitants.
(1) Au-dessous, ôl.
576 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
[Cafiier de Bougy.]
Comparaison avec celui de Villereau :
Même titre.
Art. It-'i". — Va7\ : Les habitants de Bougy se plaignent
d'être surchargés de taille et des impositions, tant relative-
ment à l'exposition de leur paroisse, qui est bornée par la
forêt d'Orléans du coté d'orient et midi, que par un cours d'eau
qui inonde une partie de leurs terrains ; qu'outre ces inconvé-
nients, une partie de leurs moissons se trouve consommée
par les lapins et autres gibiers que recèle cette forêt.
Art. 2. — Var. : puisque, par le rôle des tailles, ils sont,
par un article séparé, imposés pour leur industrie.
Art. 3. — La deuxième phrase : Dans le cas où ,
supprimée.
;\,'t. 4. — Ainsi rédigé : « Que, pour tenir lieu des tailles,
droits d'aides, gabelle et corvées, l'impôt territorial soit établi,
et que tous les ordres de l'État paient cet impôt par proportion
de leurs possessions et revenus. »
Ai't. 5. — Var. : le dix-liuitiéme du prix de leurs biens
féodaux franc-fief, supprhné ou, au moins, de le réduire,
et que la noblesse et le clergé y soient
Art. 0. — Var. : qu'il en soit fait de nouveaux
Art. 7. — Absolument identique.
Art. 8. — Var. : in fine, comme aussi de supprimer les cliam-
parts, en enjoignant les pi-opi'iétaires dont les biens sont
chargés de ce droit de rembourser aux seigneurs ou ecclésias-
tiques, à qui ces droits appartiennent, le prix de ce champart
au l'iM' (|u"il plaira à S. M. d'arbitrer.
\yI <). _ Yar. : Il est aussi quantité de paroisses
«7 en résulte que Comme il est de justice que tons les sujets
du royaume jouissent des uiémes exemptions
Art. 10. — Les habitants de Bougy supplient Sa Majesté de
CAHIER DE BOUGY. 577
régler le conllit de juridiction de leur justice. Il est d'usage
que les sentences de Bougy sont portées par appel au bailliage
d'Orléans; le bailliage de Neuville prétend avoir le droit
de juger sur l'appel des sentences de Bougy; que, lorsqu'il est
question d'obtenir des lettres de ratification, sur les contrats
de vente des biens vendus dans cette paroisse, il est des acqué-
reurs qui obtiennent ces lettres au bailliage d'Orléans, d'autres
au bailliage de Neuville; il en résulte un inconvénient préju-
diciable aux créanciers qui se trouvent trompés par ce conflit,
parce que le débiteur, qui connaît les oppositions formées
pour son fait à l'un de ces bailliages, engage son acquéreur
d'obtenir ses lettres de ratification à l'autre bailliage.
Les habitants de Bougy désireraient que leur juge d'appel fût
au bailliage d'Orléans.
Art. H. — Le même que l'art. 12deVillereau. Var. : Demander
qu'il soit permis de pouvoir labourer et ramasser les
chaumes après la récolte, et aux laboureurs de fauclier leur
blé, vendre et disposer des chaumes que produisent les terres
qu'ils font valoir sans être tenus de demander aucune
permission au juge de police, ni encourir aucune amende.
Art. 12. — Le même que l'art. 11 de Villereau. — Var. :
qii il plaise à Sa Majesté , aux habitants des campagnes
le gibier qui et enjoindre à tous les fermiers ou autres
propriétaires de tuer ou faire tuer leurs pigeons, ou autoriser
les habitants à les tuer dans les champs.
Art. 13. — Le même que l'art. 14 de Villereau.
La fin est la même.
(Suivent 14 signatures : celles de Chantereau, syndic;
Charron; Jacques Legendre, adjoint, etc., et celle de Martin,
notaire.)
578 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
47o Trinay.
Dép. Loiret. Arr. Orléans. C^^. Artenay.
Gên. El. Orléans. Gren. Janville (1). Bioc. Orléans.
•Tousse. — 64 feux (2). 200 communiants. Le duc d'Orléans. De la
prévôté d'Orléans. De Neuville pour le marché et d'Artenaj pour la
poste aux lettres. Br. de Langennerie. A '.i lieues de Langennerie,
6 d'Orléans, 2 de Neuville et 1 d'Artenay. Route de Pithiviers. Plaine.
Beauce. 1,000 arpents de terres labourables, 5 arpents de vignes.
(j hameaux, qui sont : Bouilly, Mézières, Apilly, le petit et grand
Niovenrion, le Bouchet. La cure est à portion congrue.
1768. - 66 feux. Duc d'Orléans. Blé.
DÎME. — Terres labourables, 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent.
Vignes, 10 s. par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,170 1. 10 s., dont 3,384.10 pour
le principal et 3,786 pour les impositions accessoires et la capitatiou.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*^"" mars, devant
la porte de l'église, au-dessous de la galerie, sous la iwésidence de Louis
Charpentier, notaire royal de la paroisse de Trinay. — Populalion :
70 feux, — Comparants : Louis Courtois, laboureur, syndic municipal
(330.10 -]- 369.19); Louis Ghaufton (394 -}- 440.10), Louis Fougeu
(396.5 -|- 443.10), François Trillon (296.10 -{-331. 19), laboureurs ; Jean
Sommaire, charron (8.10 -j- 9.10); .Jean-Philippe Gudin, laboureur
(270.10 -j- 302.19); Louis-Jacques Gagé, meunier (60.10 -j- 67.10) ;
Louis Cointepas, Paul Picot (60. 10 -j- 67.10), laboureurs; Jean Vapereau
(9.5 -j- 10.7), George Miné (21.15 -f- 24.4), vignerons. — Dépulés :
Jean-Philippe Gudin ; Louis Chaufton.
Population en 1790. — 400 liabitants.
Cahier de doléances fourmes par la paroisse
de Trinay -en-Beauce.
lo Demande que la cure soit jusqu'à concurrence de 2,(X)0 livres
à prendre sur les fonds ecclésiastiques sans aucune réunion
avec les cui-es voisines ;
(1) D'après Jousse.
(2) Au dessous, 08.
CAHIER DE TRINAY. 579
'2^ Qu'il soit établi une administration municipale composée
du syndic et des marguilliers en exercice, pour veiller
à la police et au bon ordre de la paroisse, dresser des procès-
verbaux de contraventions, pour arrêter les mendiants et les
faire conduire devant les juges des lieux ;
3o L'impôt territorial ;
4o Que la perception de cet impôt soit faite à moins de frais
possibles;
b° La suppression des gabelles ;
60 La suppression de la corvée ;
7» Que les champarts soient anéantis ;
8° Que les fiefs soient abolis ;
90 Qu'il ne soit mis aucun impôt sur les vins ;
10° Que le commerce soit libre ;
11» Oter les exemptions et privilèges;
12" Le grand bailliage, et que les frais de justice soient
beaucoup modérés et les procédures abrégées ;
13° Qu'il ne puisse être par la suite levé aucun impôt sur
les fermes à raison de leur exploitation et sous prétexte d'en-
tretien de la nef ou autres réparations communes qui ne pour-
ront être supportées que par les propriétaires, ni établir
aucun impôt sans le consentement des Etats généraux ;
li" Que le Tiers état soit représenté par des députés nommés
par le Tiers état lui-même ;
15° Qu'il soit arrêté que les parlements ne pourront enregis-
trer aucuns impôts ni créations d'olllces auxquels on attache-
rait des émoluments tant que les États généraux ne seraient
pas convoqués.
Fait et arrêté en notre assemblée annoncée à notre messe
paroissiale, le l^f mars 1789.
(Suivent 9 signatures : celles de L. Fougeu, membre;
L. Courtois, syndic de la municipalité; Philippe Gudin, etc.,
et celle de Charpentier, notaire.)
580 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
48o Rebréchien.
Dép. Loiret. Avr. Orléans, C^n, Neuville.
Gén. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg et paroisse. 197 feux (1). Pinon de Quincv. Haute
justice, r. au b. d'Orléans. On écrit par Orléans. Assemblée le dimanche
après la Sainte-Anne, qui est le 26 juillet. 2" br. d'Orléans. A 4 lieues
dudit lieu et 3 de Jargeau. Route de Neuville. Dans la forêt d'Orléans.
Vignoble. Il y a aussi des prés et des terres en blé. Les hameaux sont :
la Groix-des-Pélerins, le Lande, la Jourdinière, la Yarenne, la Breton-
nerie et le Jeu de Paume.
1708. — 211 feux. Pinon de Quincj. Vigne.
DÎME. — Terres labourables, 2 gerbes de 51 pouces par arpent. Vin,
2 pintes par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,542 1. 5 s., dont 2,144.5 pour le
principal et 2,398 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l""" mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Sébastien Vallette, procureur
plus ancien de la justice de Rebréchien, en l'absence du bailli, demeurant
à Rebréchien. — Population : 205 feux. - Compcu-anls : Louis
Guibert, procureur fiscal et syndic (24 -j- 26.14) ; François Courtois,
procureur (13.10-}- 15) ; Honoré-Joseph Boys, notaire; François-
Philippe Paulevé, chirurgien et gagier (15.15 -j- 17.10) ; Pierre Badinier,
gagier (14. 5-|- 15.15) ; Antoine-Désiré Piqueret, commis-greffier;
François Pelletier, buraliste (7-|-7.15); Pierre Bedouet, tonnelier
(25.5-)- 28.1); Jacques Chaussard, boucher (15.5 -j- 16.19); Etienne
Badinier, marchand (7.5-|-8.1); Jacques Pelletier, tonnelier (13.15 -|-
15.5); François Pelletier fils, tonnelier (7 -j- 7.15); Jacques Faudieux,
bourrelier (11.5 -j- 12.10) ; Joseph Plisson, cordonnier (5.15-[-6.7) ;
Thomas-Cosme Maupâté, tonnelier (2 -[-2.5) ; Augustin Bouclet, labou-
reur (17 -f- 18.17) ; Paul Peschard, meunier (36 -f- 40.1); Laurent
Vignier fils (7.15 -f- 8.12). François Benoist (8.10 -j-9. 8), Jacques
Leroy (1 1. 10 -f- 12.15), Jean-Baptiste Branchu (7 -f- 7.15), Antoine
liothereau (3.10 -[-3.18), François Soudan (6.5 -f- 0.18), Symphorien
Hamelin (7.15-f-3.1.5), Louis Plisson (15.10 -[- 17. 1), vignerons, et
(1) Au-dessou8, 192.
CAHIER DE REBRÉCHIEN. 581
plusieurs autres liabitants. — Dépulr.s : Joseph Plisson ; Laurent
Vignier fils.
Population en 1790. — 1,109 habitants.
Doléances et vœux unanimes des habitants réunis
de la paroisse de Rebréchien.
La paroisse de Rebréchien désire autant qu'elle le pourra
concourir avec les autres aux besoins de l'État et observe :
lo Qu'il serait à souhaiter que le revenu des cures fût pro-
portionné aux cliarges de MM. les curés; (pie celui do la nôtre
a toujours été si modique que, le curé étant même gros déci-
niateur, les habitants de tout temps se sont chargés des répara-
tions du chœur et lui ont alloué, en sus de la taxe du rituel,
20 sols sur les grandes sépultures et messes chantées et 10 sols
sur les petites inhumations; que ce dernier objet, qui peut
pi'oduire annuellement 50 livres, pouvait, dans les temps les
plus reculés, être regardé comme un peu méritant et n'est plus
rien de nos jours relativement à la cherté des denrées. Qu'on
ne pourrait cependant pas en augmenter le revenu par la
réunion des cures voisines puisque son desservissement n'est
déjà que trop pénible et laborieux, tant à cause de ses écarts
que par la difficulté de la marche de son terrain; mais que sa
dotation, ainsi que celle d'un vicaire absolument nécessaire,
devrait être prise sur la masse des biens ecclésiastiques, dont
le produit connu franc et net serait divisé proportionnellement
aux besoins et à l'exigence des cas, ou sur celle des maisons
et monastères ({ue l'on pourrait supprimer, ou enfin, l'Église
pouvant se suffire à elle-même, sur tels changements que
l'amour de la l'cligion et du bien public pourrait suggérer.
Nous estimons donc qu'il serait |)his avantageux que MM. les
curés et vicaires eussent [un revenu] net assuré, payabhî par
quartier, soit en nature comme en blé, froment, soit en argent,
sur l'estimation commune du prix des grains pris au grelTe,
lots de l'échéance de loin- (piartier, et ([u'ils fussent obligés
d'exercer gratnitcnient toutes les foiidious de leur ministère;
582 UAILLIAGE D'ORLÉANS.
2» Qu'aux lieu et place de la Laille, de la capi talion d'industrie
et de l'évaluation de la corvée, on y substituât l'imposition
territoriale; bien entendu que préalablement l'arpentage de
tout terrain serait ordonné, distraction faite chacun en son
endroit des routes, chemins, sentiers, ruisseaux, etc., etc.,
pour obvier à une source inépuisable de difficultés à combattre,
et que, pour le bon ordre, on n'admettrait partout qu'une seule
mesure, si mieux on [n']aimait cependant, pour éviter le coût
de cet arpentage, s'en tenir à la déclaration forcée de chaque
fermier ; on pourrait alors, laissant subsister les municipalités,
par elles ou par des commissaires nommés dans chaque arron-
dissement s'assurer de la valeur intrinsèque ou extrinsèque
des terres, les autoriser suffisamment à recevoir de chaque
propriétaire l'aveu sincère de sa possession, à peine de subir
une amende arbitrée, soit au triple ou au quadruple en sus de
son imposition, pour tomber en décharge sur les particuliers
les plus pauvres, ou l'adjuger à la nnmicipalité ou commissaires
en décliarge des mêmes frais qu'ils seraient obligés de faire. Ce
cadastre formé serait lu et affiché à la porte de l'église parois-
siale et exposé à la critique de chaque particulier. Les habi-
tants seraient prévenus qu'ils n'ont que huitaine pour réfléchir
mûrement sur leurs déclarations ; que, ce temps expiré, il
serait libre à la municipalité ou commissaires d'en faire la
vérification ; mais il est à présumer ([ue ces précautions prises,
la droiture ou la crainte procureraient de chaque ))ropriétaire
un aveu des plus sincères.
Il serait à désirer que ce nouvel impôt fût peryu par les
collecteurs de l'endroit, les fonds dépo.sés dans la caisse de la
ville municipale ou dans celle de l'assendjlée pi'ovinciale et
réservés à la diligence des maires et échevins ou de MM. com-
posant le bureau intermédiaire provincial, soit dans le trésor
royal, soit dans les colïres des États généraux, si lesdits États
généraux se chargent de la dette niitionalc.
Si le bon de cet impôt général joint à celui que l'on pourrait
établir sur le commerce, à la retenue d'un don gratuit net sur
CAHIER DE REBRÉCHIEN. 583
les biens du clergé et à la taxe que l'on pourrait faire sur chaque
propriétaire enrichi de la dîme ecclésiastique, si, disons-nous,
ces subsides n'étaient pas suffisants pour subvenir aux besoins
de l'État, alors, ne pouvant abolir tout autre impôt, nous pen-
sons que l'on pourrait laisser subsister le moins possible ceux
du vin, cuir et tabac, conserver plutôt ceux des cartes, etc., etc.,
mais supprimer ou au moins réduire de beaucoup le prix de
ceux des denrées de première nécessité, et dans cette classe,
sans contredit, doit être compris le sel nécessaire à la santé de
l'honmie, à la conservation des bestiaux, et utile aux arts et
métiers. Gomme aussi, qu'il serait très à propos de simplifier la
régie onéreuse de tous impôts, par exemple sur le sel : lui faire
payer à la première ville ou barrière de son entrée une somme
convenue, et cette perception faite, le laisser libre et marchand; —
sur les vins : les municipaUtés pourraient prendre un état exact
des récoltes et eaux-de-vie de l'endroit. Son travail (sic) pour
plus grande sûreté serait vérifié par un commissaire nommé
ad hoc dans chaque arrondissement, et distraction faite de la
boisson et consommation allouée, on pourrait sur chantier
établir un impôt, soit à la charge du vendeur ou à celle de
l'acquéreur, dont le recouvrement se ferait également par les
collecteurs proposés pour l'impôt territorial, et son produit
partagé entre ceux qui auraient droit aux deniers, et il pour-
rait en être ainsi des autres denrées ;
30 Que généralement, tous les imp(Hs soient à la charge des
[propriétaires] fonciers et non à celle des fermiers et loca-
taires ;
4" Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées; que les justices seigneuriales fussent (sic) conservées
au moins à 2 lieues de leur ressort, l'expérience faisant voir tous
les jours que le coût des transports des huissiers et des parties
suffit très souvent dans les campagnes pour y mettre à lin les
procédures; sinon combien de bras arrachés à l'agriculture,
de dépenses occasionnées pour aller à grands frais à la suite
de leurs procès. Et que, pour remédier à tous inconvénients,
584 .BAILLIAGE d'ORLÉANS.
il fût libre de décliner la juridiction du seigneur, lors de
contestation avec lui ;
5» Que la paroisse avait anciennement ses usages, chauffage,
droit même de bois de charpente à ses besoins dans la forêt;
que ce droit concédé par nos rois nous a été frustré, que les
pauvres même ne vont plus qu'avec crainte chercher le bois
sec et foin dans les forêts, exposés soit à l'intérêt personnel ou
à la mauvaise humeur d'un garde, qui malheureusement est
trop cru dans ses rapports. Nous désirerions donc au moins
qu'il y eût une honnête liberté accordée aux indigents pour
les mettre à l'abri des vexations des gardes, généralement par-
lant;
60 Et enfin, que l'on s'occupât sérieusement des chemins des
bourgs aux grandes routes ; que la difficulté de faire conduire
toutes les productions des pays aggrave, ruine les colons et
leur rend les impôts tout à fait à charge. En effet, surtout de
nos côtés, il n'est pas rare de voir nos vins sans demande se
gâter dans les celliers par le défaut des chemins praticables
pour le transport.
La bienfaisance de notre juste monarque requiert pour notre
bonheur nos demandes et nos vœux. Nous obéissons en lui
faisant passer nos réflexions, {juelque bonnes quelques (1)
puissent être. Nous osons même y joindre nos humbles remer-
ciements, à l'assurance de la plus parfaite soumission à ses
volontés.
(Suivent 25 signatures : celles de Guibert; Boys, Faucheux;
etc., etc.)
Que les membres de la paroisse de Rebréchien qui ont le
plus de biens et paient beaucoup au-dessous de leurs posses-
sions et en outre qui sont 10 fi'ères ensemble (2) qui compo-
sent la municipahté, et c'est contre les ordres (3).
(1) Pour c qu'elles ».
(2) Cells note est d'une (■crlture difTércnte de celle du caliier.
(3) Sous-entendre : du roi.
cahier de loury. 585
49» Groupe de Loury.
Ce groupe est formé des doux paroisses de Loury et du Bourgneuf;
les présidents sont deux personnages différents, mais le caliier du Bourgneuf
est, à quelques variantes près, une copie de celui de Loury.
LOURY.
Béj). Loiret. Arr. Orléans. C"". Neuville.
Gt'71. El. Gren. Dioc. Orléans.
JoussE. — Bourg-. 193 feux. Le marquis de ^■ieup()nt. Haute justice,
r. au b. d'Orléans. Ghâtellenie, r. au même bailliage. On écrit par
Orléans. Assemblée le dimanche d'après le 5 juin, jour de saint Bon.
2e br. d'Orléans. A 4 lieues dudit lieu et à 3 de Jargeau. Route
d'Orléans à Pithiviers. Dans la forêt d'Orléans. Vignoble. Le terroir est
en vigne, seigle et froment. Les hameaux sont : les Bannières, le Haut-
des-Pigeaux. la Rue Creuse, les Tuileries, la Forge et le Grand-Chemin.
La cure est à portion congrue ; son casuel vaut environ 400 1.
1768. — 171 feux. De Lavergne. Vigne.
DiME. — Terres labourables : 2 gerbes de 53 pouces par arpent
(moins 160 arpents qui sont exempts).
Taille de la paroisse en 1788. — 3,911 1., dont 1,847 pour le princi-
pal et 2,064 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 26 février, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Jean-François Desnojers,
conseiller du Roi et son procureur au bailliage de Neuville, lieutenant,
juge ordinaire de haute, moyenne et basse justice de Loury et annexes,
assisté de son greffier ordinaire. — Population : 192 feux ou environ.
— Comparants : Claude Badinier, meunier, syndic de la municipalité
(22.5-]- 24.8); Philippe Bulté, bourgeois (27 -f- 29. 13), Pierre-Jean
Petit, notaire (24. 5 -f- 26. 12), Claude Barberon, meunier (75. 15 -f-83. 2).
François Rivet, maître de poste et aubergiste (50. 5 -|- 55. 3). Louis-
Jacques Badinier, bourgeois (18 -f- 19. 15), Louis Lesage, garde et
laboureur (33-}- 36.5), membres de la municipalité; André Messager,
maitre charron, adjoint de la municipalité ; Louis-Joseph Badinier,
greffier; Aignan Bruneau (6.5 -f- 6. 17); Alexandre Paulevé, chirurgien
(8-f-8.16); Bon Godefroy (7.10-1-8.4); Bon Leseur (12-f- 13.3); Bon-
François Martin, tailleur (2-f-2.4); Charles Charpentier rainé (5.10-f-
586 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
G.l); Charles Charpentier le jeune, bûcheron (4-|-4.8); Claude Cailloux,
fondeur (6. 10 -[-7.3); Constant Mathieu, charpentier (7 -j- 7. 13); Denis
Moussard (8.5-|-9); Éloi Taffoureau, tailleur (4. 10 -f- 4. 19); Etienne
Neveu, charcutier (4-|-4.8); François Jahier (4.5 -j- 4. 13); François
Masson, laboureur (48 -[- 52.13) ; François Piédoux (8-)- 8.15);
François Venot (13.5 -[- 14.11) ; François Badinier, regrattier et mar-
chand d'étoffes (21.15 -j- 23.17); François Bertrand, maçon (7.10-)-8.4) ;
François Mathieu, tonnelier (4-f-4.8) ; B>ançois Coûtant (G. 15-]- 7.8);
François Belletoise, maitre d'école (4-j-4.8) ; François Callard (3.10-|-
3.17); François Brabant (3 -j- 3.(3); Georges Sabouret, tisserand
(t)-[-6.11); (rrégoire Delabrase (11.5 -j- 12.7) ; Jacques Delabrase
(3. 10 -f- 3. 17) ; Jacques Lesage, marchand, laboureur et garde
(33. 10 -f- 30. 15); Jean Godefroy père (11 -f- 12.1); Jean Masson,
charcutier (8-|-8.15); Jean Brugère, laboureur (33.10 -f- 30. 10);
Jean Houdas, marchand de blé (0.5-[-0.17) ; Joseph Venot (8.15-j-
9.12); Joseph Mathieu (4.10-J-4.1Î)) ; André Masson; Louis Soutejean
(4.10 -f- 4.19); Louis Courtin (7.15-[- 8.10) ; Louis Brugère, boulanger
et cabaretier (6. 15 -j- 7.8) ; Isaac Verger (8-|-8.15); Claude Badinier
le jeune; Louis Thiercelin, laboureur (10 -f- 17. 12) ; Louis Pelle (9.10 -f-
10.8); Louis Sellier, vigneron (10.10 -|- 11.10) ; Louis-Joseph Machi-
coisne (9. 10 -j- 10.8); Louis Coûtant (12.10-^13.14); Louis Martin,
conducteur (10 -)- 10.9) ; Louis Froc, fagoteur (3-f-3.6); Mathurin
Charamont, bourrelier (7. 15 -f- 8. 10) ; Michel Bertrand, vigneron
(5-|-5.10); Michel-Amable Lefaucheux, marchand et tailleur (7.15 -f-
8.10) ; Michel Rousseau, cabaretier (9 -|- 9.17) ; Nicolas Hébert, charpen-
tier (2. 10 -j- 2. 15); Michel Masson, laboureur (12.5 -f- 13.9); Nicolas
Marois (6. 15 -f- 7.8); Pierre Leseur (13.15 -f- 15.2) ; Pierre Tremois
(21.10 -j- 23. 12); Pierre Mathieu, charcutier (11. 10-j- 12.12) ; Pierre
Lorphelin (9-f-9.7); Pierre Barillet, laboureur (10. 5-]-17. 17) ; Rémy
Baratin, journalier (5.15 -}- 0.0) ; René Archenault (3.5 -j- 3.11);
Vincent Bréchemier père (10.5 -f- 11.5); Nicolas Maillet. — DcpiUés :
François Rivet ; André Messager.
Population en 1790. — 815 habitants.
. CAHIER DE LOURY. 587
Cahier des plaintes, doléances et remontrances du Tiers état
du bourg et paroisse de Loury à présenter par les députés
élus cejourd'hui à l'assemblée du Tiers état du bailliage
d'Orléans qui doit [se] tenir le 7 mars prochain, et ce en
conformité de la lettre du Roi pour la convocation des Etats
généraux du 24 janvier dernier que du règlement y annexé
que de V ordonnance de M. le lieutenant général duclit
bailliage d'Orléans du 13 présent mois de février.
Art. ler. — Ledit Tiers état se plaint qu'il est surchargé
d'impôts tant à cause des exemptions du Clergé et de la Noblesse
qui possèdent les plus grandes richesses et biens-fonds du
royaume que parce que le grand nombre des employés et les
autres frais de la perception compliquée desdits impôts en
absorbent une grande partie; pourquoi ils demandent (sic)
l'égalité entière entre les trois ordres de l'État dans la contri-
bution des impôts sans exemption ni distinction et la simpli-
fication dans leurs régie et perception.
Art. 2. — Que lesdits habitants de Loury sont surchargés
par l'impôt qu'on lève pour les corvées auxquelles les taillables
sont assujettis, sans que les deux autres ordres à qui les
chemins sont plus utiles n'y contribuent en rien; qu'il se
commet d'ailleurs des abus dans cette partie en ce que les
ouvrages faits ne correspondent pas au produit dudit impôt;
qu'il devrait y avoir un atelier de charité et qu'il devrait être
permis à tous de faire l'entreprise desdits ouvrages ; pourquoi
ils demandent un règlement qui y fasse contribuer les trois
ordres également, en simplifie les opérations et ferme la porte
à tout abus.
Art. 3. — Que la suppression de la mendicité exige que
chaque paroisse nourrisse ses pauvres, iniirmes et invalides ;
pourquoi il serait nécessaire d'y établir un bureau de charité
pour y subvenir.
Art. 4. — Ledit Tiers état de Loury se plaint des entraves
que mettent dans le commerce de ses propriétés les rentes et
588 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
toutes autres charges foncières non rachetables, qui en empê-
chent la facihté dans les ventes ; pourquoi il serait nécessaire
qu'il y eût une loi qui ôtât ces entraves et qui permît le rachat
et la libération au fur que fixera ladite loi.
Art. 5. — La classe indigente de ladite paroisse de Loury se
plaint que quoique de tout temps on les ait soufferts dans la
forêt pour y couper le bois sec pour leur chauffage et couper
du foin dans les ventes pour la nourriture de leur bétail, on
leur interdit depuis peu cette ressource, ce qui les réduit
dans l'état le plus malheureux ; pourquoi ladite classe supplie
les représentants du Tiers état aux États généraux de vouloir
bien leur faire prendre cet objet en considération.
Art. 6. — Qu'il est aussi indécent à la rehgion qu'onéreux
au peuple que les curés se fassent payer des honoraires pour
l'administration des sacrements, inhumations, etc. ; qu'il fau-
drait supprimer ce casuel et faire un gros au curé et une dot
proporlioimelle au vicaire dont la paroisse est en usage d'en
avoir; qu'il serait aisé de trouver ces augmentation et dotation
sur les autres biens de l'Église que possèdent le haut Clergé
et les monastères et par la réunion de la petite cure du Bourg-
neuf qui n'est qu'à un quart de lieue de Loury, laquelle est
souvent sans curé et dont elle est vacante depuis plus de deux
ans, à cause de son peu de revenu qui n'est pas suffisant pour
le faire vivre.
Art. 7. — Ledit Tiers état se plaint que les abus dans
l'administration de la justice, par la longueur des délais qu'on
y met et les frais énormes qu'on y fait, ceux qui sont obligés
d'y avoir recours ne peuvent le faire sans crainte d'être ruinés.
Pourquoi il serait nécessaire (jifil y eût une loi nouvelle qui
sinipliliàt la procédure, un tarif qui fixât les frais de chaque
affaire, qu'il n'y eût que deux degrés de juridiction, que les
juges ne puissent prendre ni exiger aucims honoraires, épices
et vacations, sauf au gouvernement à leur accorder quel(|ues
distinctions honorifiques, ou autrement, selon sa sagesse.
Et, comme la paroisse de Loury est traversée de deux routes
CAHIER DE LOURY. 589
sur lesquelles on y travaille continuellement, ce qui attire des
gens errants et vagabonds, et étant d'ailleurs environnées
de forêts, ce qui pourrait causer des assassins (sic) et autres
désordres, ce qui n'est que trop arrivé depuis le commen-
cement desdits chemins, ce qui exige une police d'autant plus
régulière et qui ne peut se faire, attendu que la plus grande
et principale partie des officiers de la justice sont demeurants
à 2 lieues. En conséquence, on désirerait pour le soutien
du bon ordre qu'au moins dans le nombre desdits officiers
absents, le juge ou le procureur fiscal existât dans ladite
paroisse où est le chef-lieu de ladite justice.
Art. 8. — Se plaint ladite paroisse que depuis quelque temps
y est établie une poste aux clievaux ; que le maître de ladite
poste ne jouissant pas de la gratification relative à son brevet
jouit du privilège, ce qui fait une surcharge à ladite paroisse
tant à cause de ses biens propres que de ceux qu'il tient
à bail. Pourquoi il est nécessaire que tous maîtres de poste
jouissent de la gratification et paient l'impôt comme les autres
habitants, suivant leurs exploitations.
Art. 9. — Que, pour assurer l'état des sujets et prévenir les
contestations qui s'élèvent souvent dans des successions entre
les prétendants à icelles, faute de pouvoir bien constater leur
généalogie, [il est nécessaire] d'obliger les curés dans les actes
de baptêmes, mariages et sépultures de mettre exactement les
noms, qualités et demeures des parties et des parents et leurs
degrés de parenté. Et comme il arrive quelquefois que des per-
sonnes, du consentement des curés, vont se marier dans d'autres
paroisses que les leurs où il ne reste aucun vestige de leurs
mariages qu'on ne peut dans la suite des temps découvi-ir
ni prouver, il faudrait qu'il fût fait par les curés sur les registres
un acte qui constate que le mariage a été fait en telle paroisse
et que les parties fussent tenues de rapporter au curé l'acte
de leur dit mariage, lequel acte serait copié par les curés sur
les registres à la suite de la susdite déclaration ;
Art. -10. — Qu'un des plus grands abus qui existent dans le
590 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
royaume et qui s'opposent à la facilité des mariages et par
conséquent à la population est la nécessité de recourir à Rome
pour avoir des dispenses en certains degrés de parenté, que
les riches seuls peuvent se procurer et qui sont interdites aux
pauvres. Gomme cette loi n'est purement que bursale et ne
touche en rien la religion, nous supplions les représentants du
Tiers état aux États généraux de proposer à cet égard une
nouvelle loi qui, en restreignant les degrés où ces dispenses
étaient nécessaires, arrête que pour les obtenir, on s'adressera
soit au prince, soit aux évêques diocésains ;
Art. 11 et dernier. — Enfin que, comme tous les sujets du
royaume ne forment qu'un seul peuple soumis au même
maître et ne doivent par conséquent faire qu'une même famille
soumise à un seul et même régime, il serait essentiellement
nécessaire qu'il fût arrêté aux États généraux qu'il sera fait un
seul et unique code, uniforme et universel pour tout le
royaume, moyennant lequel il n'y eût plus qu'une coutume,
qu'un poids et qu'une mesure, sans recourir aux lois romaines
qui, pour la plupart, n'ont plus d'application aux mœurs et à
cette multitude de lois locales faites dans les temps de la
dureté du gouvernement féodal aboli auquel elles ont toutes
rapport en tout ou partie.
Voilà nos plaintes, nos doléances et nos remontrances res-
pectueuses, qui ne seront jamais séparées des vœux ardents
que nous faisons pour la prospérité et la durée d'un règne qui
devrait être éternel entre les mains d'un roi qui travaille aussi
sincèrement au bonheur de ses sujets.
Fait et arrêté par nous, habitants composant le Tiers état
de la paroisse de Loury, dans rassemblée tenue cejourd'hui
par devant M. le lieutenant de la justice dudit Loury, portant
nomination de deux députés, ce 26 février 1789.
(Suivent 38 signatures : celles de Bulté; J3arberon ; Petit,
etc., etc., et celle do Desnoyers.)
Et, d'après le vœu général des habitants de ladite paroisse
CAHIER DU BOURGNEUF. 591
de Loury, il a été arrêté qu'il serait en outre fait par leurs
députés de très respectueuses représentations sur le préju-
dice et les dépenses énormes que leur a causés la milice
depuis 25 ans que la France est en paix, sans qu'il en ait
résulté aucun bien pour l'État. Pourquoi ils demandent d'être
exempts d'y tirer, excepté en temps de guerre.
Les habitants demandent encore la suppression de la dîme
que lèvent les seigneurs de paroisses, comme aussi les profits
et droits de lods et ventes.
Qu'il fût, en outre, permis auxdits habitants de détruire le
gibier qui ruine leurs récoltes, chacun sur sa propriété seule-
ment.
Le Tiers se plaint encore de ce que la pohce ne se fait pas
exactement et scrupuleusement dans ladite paroisse où il n'y
a ni jug-e ni procureur fiscal à résidence, et que, pour qu'elle
s'y fasse convenablement, il faudrait que le syndic et les mem-
bres de l'assemblée municipale en fussent chargés.
LE BOURGNEUF.
Dép. Loiret. An\ Oi'léans. C^n. Neuville. C»^. Loury.
Gcn.El. Gren. Dioc. Orléans.
.loussE. — Petite paroisse. 21 (1) feux. Madame de Vieupont, On
éfi'it par Orléans. Justice de Loury, r. au b. [d'Oi-léanSj. Assemblée le
8 septembre. De la 2« br. d'Orléans. A 4 lieues dudit lieu et 3 1/2 de
Jargeau. ^ Route traversière de Loury à Rebréchieu. Dans la forêt
d"Oi'léans. Petit vignoble. Il y a aussi ([uelques prés et terres à blé. La
cure vaut environ 200 1. par an.
1708. - 28 feu.x.. De Lavergne.
DÎME. - Blé, 2 gerbes de 50 pouces par arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 543 l. 5 s., dont 258.5 et 285.
Procès-verbal. — Assemblée le dimanche l" mars, dans une
chambre chez M. Noleau, sous la présidence de M. Petit, notaire de la
{\) Au-dessous, 30.
r39!2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
bai'onnie-châtellenie de Loury, des châtellenies du Bourgueuf, la Ron-
oière et prévôté de Solignv. — Population : 24 feux environ. — Com-
parants : Nicolas Jahier, syndic de la paroisse et municipalité (6-|-
0.12) ; Pierre Masson, laboureur (::U -[-84.2), André Girard (10.10 -|-
11.10), Augustin Legrand (26 -f- 28. 12), membres de la municipalité ;
Michel Robin (10.10 -}- 11.10), Charles Hottin (8.3 -|- 9.1), Pierre
Robin (7. 10-}- 8. 2), adjoints; .Tean Roux (9 -j- 0.18); François Robin
(9-)-9.18); Louis Perolle (5.10^.5.19); François Raffard (0-^6.2) ;
Nicolas Fez (5-J-5.10); Jacques Pié (7-f-7.14); Laurent Gandrille
(2. 10 -f- 2. 14); .Jacques Desforges (3-J-3.6); Charles Roche (5.10 -f-
5.19); Nicolas Johannet ; François Machicoisne (3-|-3.(3j; Michel Bru-
neau. — Députés ; Jahier; Claude Hottin.
Population en 1790. — 113 habitants.
[Cahier du Bourgueuf.]
Le cahier du Bourgneuf est une copie réduite de celui de
Loury, avec les variantes suivantes :
Dans le titre, lire : remontrances du Tiers état de la
paroisse du Bourgueuf
Art. 2. — Supprimer les mots : qu'il devrait y avoir
un atelier de cliarité.
Art. 3. — Art. 4 de Loury.
Art. 4. — Art, 5 de Loury.
Art. 5 et dernier. — Art. G de Loury ; ainsi rédigé :
(( Et comme le bruit se répand de réunir les petites cures
aux cures voisines, nous supplions les représentants du Tiers
état -MX États généraux de proposer à cet égard de nous
conserver notre Gure; pounjuoi il serait nécessaire d'aug-
menter son revenu sur les biens du haut clergé et monas-
tères. »
La fin ainsi conçue :
« Fait et arrêté par nous, ljal)i(iuils composant le Tiers état
CAHIER DE FAY-AUX-LOGES. 593
do ladite paroisse du Bourg-neuf, dans l'assemblée tenue cejour-
d'hui par devant le notaire de la baronnie-châtellenie de Loury
et du Bourgneuf, ce i^^ mars 1789; lesdits Jaliier et Desforges
ont signé ; et quant aux autres habitants de cette dite paroisse,
ils ont déclaré ne le savoir, de ce requis. Et la minute des pré-
sentes est déposée au notariat dudit Loury. »
(Signatures de Jahier, syndic; Desforges; Petit, notaire.)
50" Groupe de Fay-aux-Loges.
Formé par les paroisses de Fay et de Sully-la-Cliapelle, où préside Petitgué,
notaire à Fay.
FAY-AUX-LOGES.
D&p. Loiret. Arr. Orléans. C^^. Ghâteauneuf.
Gén. EL Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
JoussE. - Bourg et paroisse. 201 feux (1). Le comte de Saint-
Florentin. On écrit par Orléans. Justice de Ctiàteauneuf. Br. de Ghâ-
teauneuf. A 2 lieues de Ghâteauneuf, 10 de Gien, 4 d'Orléans et 1 1/2 de
Jargeau. Assemblée le dimanche d'après le 27 septembre, jour de saint
Gosme et saint Damien. Route de Bourges à Paris. Sur le canal
d'Orléans. Dans la forêt d'Oi'léans. Plaine. Les hameaux sont : Rosse-
tin, Larchemin, la Barbodière, le Pavé, le Garrefour, le Moulin d'Avant,
la Girnocherie, la Reinerie et les Aisances. Le terroir est en vignes, blés,
prés et bois. Il y a une verrerie royale où l'on ne fait à présent que des
verreries communes : elle appartient aujourd'hui (1741) à M. Tliévenot.
La cure vaut environ 1,500 1. ; à la collation de l'archidiacre de
[Pithiviersj.
17G8. — 192 feux. De Saint-Florentin. Blé.
DÎME. — Grains : 2 gerbes par arpent. Prés artificiels : 4 gerbes par
arpenl. Vin : 4 pintes par poinçon, mesure de Paris.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,510 1., dont 2,052 pour le
principal et 2,458 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le diniunclie l'-'" mars, au
(1) Au-dessous : 20r>.
T. i. 3*
594 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
hanc d'œuvre de l'église (1), sous la présidence d'Edouard Petitgué,
notaire à Fay. — Population : 242 feux. — Co77ipara7its : Pierre-
Jacques Durand, marchand chaufournier, syndic (34.5-}- 40. 17); Marin
Thiercelin, boulanger (29-]- 34.11) ; Pierre Renault-Forêts, marchand
chaufournier (35.10-J-42.7) ; Claude Rouillon, regrattier ; Marin Bel-
letoise, marchand (17 -j- 20. 5); Pierre Giboin, vigneron (31-}-3G.19) ;
Jean Lelair, manœuvre (6. 10-}- 7. 15) ; Joseph Lelair (15-)- 17.18),
Fltienne Devade (6 -}- 7.3), vignerons; Etienne Lecas, laboureur (23-}-
27.8); Lambert Pillé, charron (O.lO-f-7.15) ; Pierre Pinson (6.10 -}-
7.15), Claude Saillant (8 -f-U. 11), Etienne Poignard (5.10-}- (3. 11).
Pierre Jobet (7 -}- 8.7), vignerons ; Louis Courte, manœuvre (7.10-}-
8.10) ; Antoine Courte, laboureur (2(i-}-31); René Duperroj, éclusier
(15 -}- 17.18) ; François Gautier, jardinier (21-}- 25.1); Laurent
Lefraize, vigneron (3.10 -}-4. 3); François Belletoise, charron; René
Lecas, vigneron (7. 10-}- 8. 19) ; Jean Constant, vigneron (10.10 -}-
12.10); Louis Huet, manœuvre (20 -}- 23. 17) ; Toussaint Prudhomme,
tailleur d'habits (9-}- 10. 15); Jacques Dassignj, vigneron (5-}-5.19) ;
Marin Bouin, manœuvre (2. 15-}- 3.5) ; Michel Mercier (4.15 -j- 5. 13),
Jean Lacour (4-}-4.15), carriers ; Jacques Berthelot, maréchal (7.5-}-
8.13); Simond Bénard, tonnelier; Etienne Archenault. maitre d'école
(obole) ; Thomas Lacour, carrier (4-}- 4.15) ; Joseph Leclair, tailleur de
pierres (2-}- 2.8) ; Louis Cosson, tourneur (4 -}-4.15); Sulpice Jacquet,
vigneron (28. 10-}- 3.4). — Dcpnlcs : Marin Tliicrcelin ; Pierre Renault-
Forêts ; Claude Rouillon.
Population en 1790. — 1,133 habitants.
Cahier de 'plainte!^, doléances et remontrances
par les habitants de la paroisse de Fay -aux- Loges.
Disent que leur pai^oisse est composée de 242 feux, que
GO habitants sont sur la liste des pauvres à la mendicité,
la plus grande partie liors d'état de travailler et de vivre sans
le secours continuel des charités ; que ces mêmes ne peuvent
se procurer du sel par le prix excessif où il est monté, [ce]
qui serait [un] grand soulagement dans leurs besoins nécessi-
teux.
(1) Le caliier a été rédigé dan3 une gi'ange de la ferme du château, où se tint, ù l'issue de la
messe, une réunion spéciale consécutive ù l'assemblée éluclurale. Voir le caliier in fine.
CAHIER 1)1-: FAY-AUX-LOGES. 595
Ceux de la médiocreté (sic), qui sont au moins 150, éprouvent
pareille disgrâce, n'osant divulguer leur misère, crainte de
perdre leurs crédits (sic), éprouvent encore en ce moment une
calamité des plus fâcheuses par la rupture du pont de Jargeau
qui était pour eux de toute nécessité poui- la vente de leurs
denrées, éloignés de 2 lieues 1/2 de Châteauneuf, 4 de Neu-
ville-aux-Bois, () de Pithiviers et 4 d'Orléans, [ce] sont les
marchés qui les environnent.
Représentent que jadis il y a eu [un] marché à Fay-aux-Loges
qui [se] tenait le mardi de chaque semaine, et deux foires, la pre-
mière le ler lundi de mai, et la seconde le 27 septemhre, place
et halle en conséquence appartenant à notre seigneur duc de
Penthièvre que nous prions instamment de vouloir bien nous
continuer ses charités et nous protéger dans notre malheureux
sort ; que ce marché ferait beaucoup de bien à Fay, mais
encore aux mariniers sur le canal d'Orléans et à plus de 15 à
20 paroisses voisines qui sont : Bou, Mardié, Pont-aux-Moines,
Donnery, Yennecy, Trainou, Rebréchien, Loury, le Bourgneuf,
Santeau, Ghilleurs et Mareau-aux-Bois, Sully-la-Chapelle,
Ingranues, La Cour-Dieu, Vitry, Courcy, Vrigny, Bouzonville
et autres, lesquelles allaient ci-devant à Jargeau au marché
et ne peuvent aujourd'hui y aborder, tant rapport aux risques
de la Loire qu'aux deux côtés de fabordage ([ui sont inacces-
sibles en tout temps.
Lesdits habitants se réclament à {sic) la puissance royale et
à ses bontés, demandant le rétablissement de leurs marché et
foires, si importants au bien public, ou la reconstruction du
pont de Jargeau ;
En outre, la décharge de la taille, de la capitalion d'industrie,
de la contribution à la corvée et de la gabelle, de la suppression
des aides, des fermes générales et des employés, qui sera {sic)
convertie en un impôt territorial payé par les propriétaires,
aux offres par les fermiers de tenir compte pendant le cours
de leurs baux aux propriétaires de ce qu'ils paient annuel-
lement pour taille, capitation d'industrie, évaluation de corvées
59(3 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
et gabelle ; que les commerçants qui ne possèdent pas de pro-
priétés paient l'impôt personnel ;
Enfin, [que] les frais de justice soient diminués et les procé-
dures abrégées.
Représentations sur le recouvrement et la levée de Vimpôt.
Il y a dans chaque paroisse deux collecteurs élus par la
municipalité et les habitants. Ces deux collecteurs sont labou-
reurs ou vignerons, manœuvres ou gens de métier, presque
dans toutes les paroisses. Il n'y a pas de bourgeois : ces der-
niers se retirent en ville franche pour s'éviter des charges
locales.
Cette commission qui était ci-devant donnée à 3, 4, 5, 6 ou 7,
cliacun l'a toujours évitée. Abus qui se fait par la plus grande
partie des redevables : les collecteurs passent dans leur bourg
ou hameau, trouvent les personnes à la maison, leur deman-
dent de l'argent pour le Roi ; l'on n'est pas honteux de dire :
(( Je n'en ai point » quand on peut 'payer, ou « Je n'ai pas le
temps ». Les collecteurs se retirent sans répéter ; pourquoi?
Parce que c'est son {sic) maître, son rentier, sa pratique ou par
quelque autre considération ; le lendemain [ils] vont dans la
campagne; les gens qui voient venir les collecteurs ferment
leurs portes ou se cachent. Voilà une tournée infructueuse. Ils
en font quatre à cinq de même, ne pouvant recevoir au plus
que moitié du paiement (ju'ils ont à faire. Il faut que les collec-
teurs avancent (i), la plus grande partie est hors d'état [de le
faire] : on leur envoie un garnisaire qui, sans doute, doit être aux
frais des redevables, ce qui ne s'est jamais exécuté dans la phis
grande partie des paroisses ; pourquoi? Rapport aux considé-
rations ci-dessus, craignant la vengeance des personnes de qui
ils dépendent ; ce qui fait un recouvrement ruineux pour des
collecteurs mal aisés, qui ont besoin de leur temps pour faire
valoir leurs biens, fermes ou métier.
L'on croit que la perception de l'impOt serait plus facile,
(1j Sous-entendre : les fonda.
CAHIER DE FAY-AUX-LOGES." 597
plus douce, moins dispendieuse pour les peuples et plus
avantageuse pour le Roi en exécutant ainsi qu'il suit :
Dans chaque paroisse, les membres de la municipalité nom-
meront un habitant d'entre eux ou un autre qu'ils cautionne-
ront pour faire la recette de l'impôt. Chaque paroisse fera
sa déclaration des saisons qui seront plus faciles à elle de
payer (1) suivant la vente de ses denrées. Les redevables sont
tenus d'aller ou envoyer payer par quartier entre les mains du
receveur, à peine de 4 deniers pour Uvre de ce qui se trouvera
redevoir ('2) de son quartier, en forme d'amende envers le
receveur. L'annonce sera préalablement faite au prône de la
messe de paroisse à la diligence du receveur, huit jours devant
l'échéance du quartier, afin que personne n'en prétende cause
d'ignorance; faute par lui de le faire, il demeurera déchu de
l'amende. Le receveur sera tenu de payer le quartier entre les
mains du receveur du département, à l'époque prise à cet eiïet
et d'en justifier la municipalité ; à défaut de paiement, la muni-
cipalité sera tenue solidairement de payer dans la huitaine
pour ne causer aucun retard, d'après ce (3) pourvoir contre
son receveur par les voies de droit et par corps. Le quartier
échu, ceux qui n'auraient pas payé, le receveur exercera ses
droits et actions contre eux comme par le passé, etc. L'on
observe que ces 4 deniers pour livre ne font pas ce qu'il en
coûte de frais pour les garnisaires qu'on (sic) est obligé de
se servir. Chacun aura soin de payer à l'époque pour s'éviter
de payer ce petit supplément, (pii sera honteux pour eux, de
n'avoir pas payé dans son terme le tribut (pi'il doit à son sou-
verain. La perception se faisant ainsi, la collecte ne sera plus
une commission ruineuse, fera le sort d'un citoyen de la
paroisse.
L'on observe encore qu'il ne passe pas de collecteur qui n'»'-
prouve des reproches. On les accuse de n'avoir pas mis ou reçu
(1) C'esl-à-dire : où il lui sera plus facile de payer.
(2) C'est-à-dire : de ce que chacun se trouvera redevoir.
i3) Il faut rectifier : « et après se pourvoir (•ontre »
598 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ce qui leur a été payé : cela peut être comme n'être pas ; ceci
est réciproquement ; enfin que dans plusieurs paroisses,
il se trouve des collecteurs qui ne savent ni lire ni écrire,
ou très mal; qu'ils peuvent tomber malades en même temps;
que (sic) plus est, il arrive qu'ils se prennent de vin, au risque
de perdre leurs rôles. Des rôles aussi précieux doivent être
mis en mains sûres, et non au hasard.
Fait et arrêté entre tous les habitants de ladite paroisse
de Fay-aux-Loges, dans une grange de la ferme du château,
au désir de l'annonce faite issue de la messe de paroisse par
le greffier de la municipalité, le 22 février présent mois,
et au son de la cloche, cejourd'hui, mercredi, jour des Cendres,
25 février 1789.
(Suivent 2i signatures : celles de Durand, syndic; Thiercelin;
Belletoise, etc., et celle de Petitgué, notaire.)
SULLY-LA-CHAPELLE.
D&p. Loiret. Arr. Orléans. 0°^. Neuville.
Gcn. FA. Orléans. Gren. Ghâteauneuf. Dioc. Orléans.
.Tousse. — Bourg- et paroisse. 77 feux (i). La marquise de Bellay.
Haute justice, v. k Orléans. On écrit par Orléans. Br. de Ghâteauneuf.
A 3 lieues de Chàteauneuf, 11 de Gien, 0 d'Orléans et H de .Targeau.
Assemblée le diinam-lie après le 28 août, jour de saint Sulpiee. Foret
d'Orléans. Plaine. Le terroir est en vignes, prés et forêts. Les écarts
sont J^hilipponnes, les Vernelles, le Liaveux, le Petit Resy et Marchenai.
M. Roussel, conseiller au I^^irlement. y a son château appelé Clereau.
La cure vaut environ 700 1.; à la collation de Tarchidiacre de
[Pithiviers].
1768. — 82 feux. Des I^iurdons. Vigne.
DÎME. — Terres labourables, 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par
arpent.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,0()."') 1. h") s., dont 07."). 15 pour
le principal et 1,090 pour les impositions accessoire et la capitalion.
(1) Au-dessous, 71.
CAHIER DE FAY-AUX-LOGES.
599
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, au banc
cl'œuvrede l'église (1), sous la présidence d'Edouai'd Petitgué, notaire de
la chàtellenie royale de Vitry, en la paroisse de Sully-la-Ghapelle. —
Population : 79 feux. — Comparants : Jean-François Tringault,
laboureur, syndic (15.10 -j- 17); Jacques-Pierre Recullé, laboureur
(31.10-1-34. 11); Médard Guillon (42.5-f-4G.7), Etienne Lcjeuue,
anciens laboureurs ; Louis Pénillon, ancien boulanger (2 -|-2. 4) ; Antoine
Fouquet (10^11); Jean Fouquet (6.15-^7.8); Pierre Houdré,
manœuvre (10-|-il); Jacques Gouet, charron (11 -[-11.2); Pierre
Hussonnois, journalier (().10-[-7.3); Jacques Boudin, meunier (64 -f-
70.3); Louis Vachon, tailleur (3 -f 3.(3); Charles Godier, tailleur de
pierres; Antoine Recullé, laboureur (18. 18 -|- 20.6); Justin Croix,
manœuvre; Louis-Grégoire Bertrand, maréchal; Claude Charpentier
père, sonneur (11 -f- 12.2); Claude Charpentier fils, manœuvre (6 -]-
6.12); Claude Auge, laboureur (17 -}-18.13). — Députés : Pierre
Hussonnois ; Jacques Gouet.
Population en 1790. — 400 habitants.
Cahier de plaintes, doléances et remontrances par les habi-
tants de la paroisse de Sully-la-Chapelle, élection d'Or-
léans.
Disent que leur paroisse est composée de 80 feux; que les
terres qui en dépendent sont très légères; qu'ils n'y recueillent
que petits blés, seigles, maïs; encore bien, qu'outre ce, ils
sont environnés de forêts et petites garennes; que vers la
moisson, les gibiers des forêts et petits gibiers des garennes
rongent et gâtent totalement leurs blés et autres denrées, sans
être dédommagés par les seigneurs à qui appartiennent les
forêts et garennes. A peine tirent-ils leurs semences, et, au
moyen de ce, leurs travaux deviennent infructueux. Que ladite
paroisse n'est composée que de petits manœuvres, bûcherons
et charbonniers qui ont bien de la peine à vivre, leurs biens
chargés de i-entes, accablés par la taille et autres impositions
accessoires ;
(1 ) Le cahier a été rédigé dans une chambre chez le sieur Vessière, aubergiste. Voir le cahier
in fine.
000 UAILLIAGE D'ORLÉA^■S.
Que les seigneurs des environs jouissent et possèdent la
majeure partie des biens dudit Sully-la- Chapelle, que lesdits
seigneurs ont, dans la plus grande partie, en prés ;
Et que lesdits seigneurs ont aboli de leurs dépendances plu-
sieurs fermes qu'ils ont converties en petites locatures et
s'étaient réservés les terres et prés qui en dépendaient pour
en faire des pâtures à leur profit, et ce qui fait un tort consi-
dérable à leur paroisse, attendu que la taille de ces fermes
abolies a été rejetée sur ladite paroisse ;
Que les créanciers de rentes ne pouvant être servis des
arrérages d'icelles leur font des frais considérables et tiennent
à leur égard des procédures énormes et très dispendieuses et
qui absorbent le prix des biens qui se trouvent à être vendus,
l'adjudication faite d'iceux sur une multiplicité d'actes et pro-
cédui-es qui deviennent inutiles. L'adjudication étant faite, cette
procédure n'est plus propre à rien. Au contraire, si on réfor-
mait cette procédure, les créanciers se trouveraient remplis
(le leurs créances, et au moyen de ce que les créanciers oppo-
sants établiraient leurs créances par leurs oppositions, et être
donné jour par le magistrat d'assises pour la distribution, et
n'en point tenir; ce qui forme différents incidents qui man-
gent encore les biens de la veuve et des orphelins.
Au moyen de quoi, sur tout ce que dessus, les habitants de
Sully-la-Chapelle supplient très humblement Sa Majesté d'avoir
égard à leur pauvreté et aux torts qui leur sont faits par le
gibier et à la multiplicité des procédures qu'ils essuient, ne
pouvant payer, et à peine dans ladite paroisse pourrait-il s'y
trouver quatre à cinq particuliers un peu aisés.
On observe à Sa Majesté que le pont de Jargeau est écroulé,
où se tenait un marché et foires ; qu'il conviendrait pour le
présent en établii- un, ainsi que des foires dans la |)aroisse de
Fay-aux-Loges qui est environnée de plus de 15 à 17 paroisses
voisines de celle de Fay.
Comme aussi [supplient] Sa Majesté de leur moilérer partie
CAHIER DE TRAi.NOU. 601
de la taille et autres impositions à qui lesdits habitants sont
imposés en ladite paroisse.
Lesdits habitants demandent aussi la suppression des aides
et des fermes générales et gabelle et la réformation des
employés.
Fait et arrêté entre nous, habitants de ladite paroisse,
assemblés dans une chambre, chez le sieur Vessière, auber-
giste à Sully-la-Chapelle, par l'annonce qui a été faite au prône
de la messe de ladite paroisse et au son de la cloche, le
22 février de 8U, et assemblés cejourd'hui 3 mars 1789; ceux
qui ont déclaré savoir signé ont signé, et ceux qui ont déclaré
ne le savoir, de ce enquis.
(Suivent 8 signatures : celles de Recullé; Godier; Trin-
gault, syndic, etc., et celle de Petitgué, notaire.)
51» Traînou.
Dcp. Loiret. Arr. Orléaus. C'o". Neuville.
Gcn. El. Gren. Bioc. Orléans.
.Tousse. — 194 feux (1). Chapitre de Sainte-Croix. .Justice de Sainte-
Croix. Il y a un prévôt pour juger les petites causes au-dessous de 3 1.,
qui va par appel en la justice de Sainte-Croix. 2 assemblées : le jour de
l'Ascension et le dimanche après le 30 août, jour de saint Fiacre.
2e br. d'Orléans. A 5 lieues dudit lieu, 3 de .Targeau, 1 de Lourj. Pays
couvert. Vignoble et forêt pour \n plus grande partie; il y a aussi
quelque peu de seigles. Les hameaux sont : Puiseau, la Giraudière,
la Césardière, la Nouville, Vagnan, les Trois-Croix, Clechy, la Bretagne,
Laizeau, la Vallée, Ponteux. La cure est à portion congrue; le casuel
vaut environ autant. Le chapitre Sainte-Croix en est curé primitif.
DiMK. — 2 gerbes de 52 pouces par arpent.
Tau.le de la paroisse en 1788.
PoPUiATioN EN 1700. — 8()0 lial)itaMts.
Ni le procès-verbal ni le cahier n'o7il jiu dire retrouvés.
(1) Au-dessous, 204.
602 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
52» Chilleurs-aux-Bois.
Dép. Loiret. Arr. et C»". Pithiviers.
Gcn. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. Bourg. 251 feux. Marquis de Saumery. .Tustioe,
r. à Pithiviers. Br. de Pithiviers. A 8 lieues de Pithiviers, l'i de
Montargis et 7 d'Orléans. Route d'Orléans à Pithiviers. Sur le rein de
la forêt d'Orléans. Plaine et pays couvert. De Ghilleurs à Loury. il y a
2 lieues de bois où il s'est fait plusieurs vols.
1768. — 245 feux. Lambert. Blé.
DÎj^jE. — 3 gerbes de 50 pouces par arpent (excepté les terres de la
Gervaise).
Taille de la paroisse en 1788. — 6,392 1., dont 2,040 pour le
principal et 3,452 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verhal. — Assemblée électorale le dimanche P'"" mars,
dans l'auditoire du lieu, sous la présidence de Jean Boucher, notaire
tabellion à Ghilleurs. — Population : 290 feux. — Comparants :
Bernard Faurier, maitre en chirurgie, syndic de la municipalité ;
François Pilbert, ancien maître de la poste aux chevaux; Michel
Bonneau, laboureur; Charles Nochet, maitre bourrelier; André-
P'rançois Dupré, maitre boulanger ; .Jacques Débourge, aubergiste ;
Denis Gudin, laboureur ; Simon Hussonnois, vigneron ; Denis Bonneau,
Louis-Paul Aubier, laboureurs, tous membres de la municipalité ;
Edmond-Abraham Ollivier, procureur-fiscal de la justice de Oliillcurs;
Jean-Joseph Ducoullemyer, bourgeois; François Leclerc, maître en
chirurgie ; Pierre Caillette, Louis Robillard, meuniers ; Gervais Leclerc,
Symphoi-ien Fauze, laboureurs; Louis Bonneau, boulanger; Pierre
Rocher, tuilici-; Pierre Maupâté, marchand ; (iermain Barbier, vigneron;
Nicolas Brnnet, aubergiste ; Pierre Léger, couvreur ; Louis Lesage ;
François Lesage; Pierre Soyer; Antoine Pottier; Jean Leseur; Etienne
Gauget ; Charles liamet ; LauriMit Durand, bom-geois ; Denis Hus-
sonnois; Claude-Gervais Poisson; Jean PcUcrin; Bernard Chesneaii;
Jean-Louis Nardin. — Députes : Edmond-Abraham Ollivier; Jean-
Joseph Dufoidli'iiiyci- ; François Leclerc (1).
pMiTi.ATioN KN 1790. — LI09 h;ihil;uits.
(1) Une note au procès-vcrlial porte que le sieur Ollivier. l'un des députés, sest retiré
avant la clôture de l'acte.
CAHIER DE CHILLEURS-AUX-BOIS. 603
Cahier de doléances, plaintes et remontrances de la paroisse
de Chilleurs-aux-Bois, élection de Pithiviers, généralité
d'Orléans, fait en V assemblée de la majeure partie des habi-
tants d'icelle, tenue en l'auditoire de ladite paroisse, cejour-
d'hui ic^' mars 1789, icelle assemblée annoncée tant au
prône de la messe paroissiale dudit Chilleurs qu'au son de
la cloche, le dimanche 22 février dernier, et convoquée en
la manière accoutumée.
Pour satisfaire à la lettre du Roi du 24 janvier aussi dernier,
signée Louis, et plus bas Laurent de Villedeuil, à l'ordonnance
de M. le lieutenant du bailliage d'Orléans du 13 février der-
nier, et à la lettre de M. le procureur du Roi du même bail-
liage du 16 dudit mois de février, et après que lecture a été
faite dutoutauxdits habitants assemblés, entre lesquels étaient:
(suit rénumération des comparants).
Lesquels, après avoir délibéré entre eux, sont tous demeurés
d'accord pour faire les remontrances suivantes :
Art. 1er. _ Que comme leur paroisse est composée de
290 feux, qu'elle est limitrophe de la forêt, que la grande route
d'Orléans à Fontainebleau la traverse et que la recette des
deniers royaux de Pithiviers passe par cette route pour être
portés à Orléans, il serait nécessaire que la brigade de maré-
chaussée qui est à Neuville fût demeurante en ladite paroisse
de Chilleurs ;
Art. 2. — Ou'il y eût un l)ureau tle poste aux lettres, ce qui
ne peut être d'aucun coût pour le gouvernement, en ce que le
facteur de la poste de Neuville-aux-Loges est obligé d'aller
chercher trois fois la semaine les lettres pour Neuville à Arte-
nay, qui en est distant de 4 petites lieues; au Heu qu'en
allant les chercher trois fois la semaine de Neuville à Pithi-
viers, qui est la même distance, il serait tenu de passer par
Chilleurs pour prendre les lettres de cet endroit ; auquel la
paroisse accordera 6 deniers par lettre ou paquet, en sus de
la taxe du port du bureau de Pithiviers ; de même elle accor-
G04 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dera 6 deniers par lettre et paquet au directeur de Cliilleurs,
qui sera tenu de les remettre à leur adresse. Ils observent que
le chemin de Neuville à Artenay est impraticable dans Thiver
et que celui de ce même endroit à Pithiviers par Ghilleurs est
toujours beau, en ce qu'il est sablé et pierre, et que le facteur
aimera beaucoup mieux aller à Pithiviers qu'à Artenay par les
raisons ci-dessus ;
Art. 3. — Qu'il fût établi en leur paroisse un marché et trois
foires; que ce marché fût tous les jeudis et chaque semaine,
que la première foire fût le mercredi des Gendres, la seconde
le 18 du mois de juillet et la troisième le 18 du mois de sep-
tembre ; ils observent qu'ils ont une belle halle sur la place
publique de leur paroisse ;
Art. i. — Que [pour] tous dommai^es et retirages de terre
causés par des personnes domiciliées ou non domiciliées dans
la paroisse, soient condamnées [lesdites personnes] par la
municipalité, à la pluralité des voix et sans appel, à réparer
lesdits dommages et retirages de terre ; et pour constater les-
dits dommages et retirages de terre, ladite municipalité nom-
mera de ses membres, qui ne pourra excéder le nombre de
cinq, pour faire la visite desdits dommage et retirage de terre;
lesquels membres nommés à cet effet seront tenus d'appeler
avec eux ceux qui auront causé le dommage et le retirage, et
ceux auxquels le tort aura été fait et causé ; laquelle appella-
tion sera faite verbalement aux déhnquanls et nux personnes
endommagées par l'un des membres qui seront nommés pour
la visite; et si ceux (jui aui-ont causé le dommage sont demeu-
rants dans une autre paroisse, ils seront assignés par un liuis-
sier ordinaire, qui ne pourra exiger que 15 sols par lieue, et
les poursuites qui seront obligées d'être faites par la munici-
palité seront sans fi'ais ;
Art. 5. — Que les hnpôts dont la paroisse sera chargée soient
supportés par tous les propriétaires, nobles et ecclésiastiques
séculiers et régidiers, et les roturiers qui se trouveront possé-
der des biens dans la paroisse.
CAHIER Y)K CIIILLEURS-AUX-BOIS. 6()5
Art. 6. — Ils demandent que la procédure soit abrégée, que
les frais de justice soient diminués de moitié, et rpie les procès
soient jugés le plus célérement possible.
Art. 7. — Gomme la quantité de pigeons qu'il y a dans la
paroisse cause un dommage considérable lors de l'ensemence-
ment des grains et lors de la maturité d'iceux, ils désireraient
qu'il n'y eût dans ladite paroisse qu'un seul colombier appar-
tenant au seigneur haut justicier de ladite paroisse.
Art. 8. — Que comme leur paroisse supporte actuellement
en taille, accessoires d'icelle et capitation, la somme de
6,4(i0 et 7 livres 10 sols, ils observent que cette somme est
trop forte d'un quart, en ce que leur terrain est composé d'une
grande partie de sable très maigre et brûlant, à cause de la
forêt qui l'environne, et que le surplus est extrêmement aqua-
tique et de difficile culture, et qu'il y a même des années où
une partie ne peut être ensemencée à cause des eaux qui y
séjournent.
Art. 9. — Nous prions et supplions l'assemblée provinciale
de vouloir nous accorder ou faire accorder un vicaire pour
notre paroisse, pour deux raisons : la première, en ce qu'elle
est composée de différents hameaux entre lesquels il y en a
plusieurs qui sont éloignés d'une lieue du bourg ; et la
seconde, que le seigneur est obligé et offre de lui payer la
portion congrue de 350 livres, comme gros décimateur de
ladite paroisse ; pourquoi les habitants demandent que leur
cure soit augmentée jusqu'à 2,000 livres (ne valant actuelle-
ment que 1,200 livres), et pour parfaire ladite somme de
2,0<J0 livres, le sieur curé recevra, comme il reçoit actuelle-
ment, la portion congrue qui est de 700 livres, la portion con-
grue du vicaire qui est de 3r)0 livres, le revenu de 5 ar-
pents 1/2 de terre qiù dépendent de la cure, qui valent
annuellement 00 livres, les fondations que lui paie la fabrique,
montant à 166 livres et une rente de 6 boisseaux de blé et
autant d'avoine, valant 12 livres ; toutes les sommes ci-dessus
revenant ensemble à celle de 1,288 livres; et comme il s'en
G06 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
faut de 712 livres que ladite somme n'égale celle de
2,000 livres, nous supplions ladite assemblée provinciale de
vouloir bien faire supporter cette dernière somme de
712 livres par trois bénéfices simples qui sont en notre
paroisse :
Le premier est le prieuré de Saint-Nicolas-des-Landes ; le
second est celui de la Madeleine de Ghantemerle ; et le troi-
sième celui de Saint-Jérôme de Pont-aux-Moines ; ou sur
d'autres biens ecclésiastiques; et nous ne faisons cette demande
qu'aux conditions ci-dessus, à la charge par le sieur curé de
loger, nourrir, chautïer, éclairer et meubler le vicaire que
nous demandons, et, en outre, de lui payer tous les trois mois
une somme de 50 livres pour son entretien, le tout à la charge
par lesdits sieurs curé et vicaire de n'exiger aucuns honoraires
et droits casuels de nous autres habitants.
Art. 10. — Nous observons qu'il n'y a aucunes fondations
pour les petites écoles de cette paroisse et qu'il serait néces-
saire qu'il fût accordé sur les trois bénéfices dénommés en l'ar-
ticle précédent une somme de 500 livres ; et si le revenu de
ces bénélices est insuffisant pour payer ladite somme,
ils demandent qu'elle soit prise sur d'autres biens ecclé-
siastiques ;
Art. 11. — Qu'il soit permis aux pauvres de notre paroisse
de ramasser du bois dans la forêt et y cueillir de l'herbe poui'
leurs bestiaux ;
Art. 12. — • Qu'il soit permis à tous les propriétaires de
cette paroisse de nettoyer ou faire nettoyer l'herbe qui croît
dans leurs blés et autres grains, et cela dans les temps et sai-
sons qu'ils jugeront à propos ; comme aussi qu'il soit permis à
tous les proj)riétaires et fermiers de faire entiivei'iier (1) leurs
terres en chaume de blé huit jours api'ès runlèvement du
LH'aiii :
(1) Ce mot, dont la lecture parait certaine, Oîtsana doute un compiï^ di! liivji-nsr, din5 la
sens de faire passer l'hiver aux terres en les couvrant de chaume.
CAHIER DE CROTTES. W7
Art. 13. — Que, comme il se commet un abus concernant
les glanages en ce que plusieurs personnes solvables non seu-
lement y envoient leurs enfants, mais louent encore des domes-
J,iques pour glaner, qu'il leur soit défendu d"y envoyer leurs
enfants et domestiques, même de cueillir de Therbe dans les
blés qui sont en javelles, et dans le cas où il s'élèverait quelques
contestations sur la solvabilité ou l'insolvabilité des glaneurs,
la question sera décidée par la municipalité de ladite paroisse,
et sans frais ;
Art. 14. — Que nous soyons déchargés du droit de franc-
ilef ou que les biens nobles et ecclésiastiques y soient assu-
jettis ;
Art. 15. — Que si les blés, seigles ou orges se trouvent
être à un prix excessif comme ils le sont actuellement, qu'ils
soient fixés par l'État à un prix raisonnable, tant pour les
laboureurs que pour les pauvres.
Fait et arrêté cejourd'hui premier mardi 1789, et ont ceux
desdits habitants qui savent signer signé, et quant à ceux
qui n'ont signé, ils ont déclaré ne le savoir, de ce enquis. Et
quant au sieur Olhvier, l'un des députés, il s'est retiré avant la
signature des présentes.
(Copie signée : Tringault, greffier, de la minute déposée
aux archives du greffe de la municipalité, portant '21 signa-
tures, cotée et paraphée ne varîetur par Boucher, notaire.)
53o Crottes.
Drp. Loiret. Arr. l'ithiviers. C'^". Outarville.
Gén. EL Orléans. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. 61 feux (1). La marquise de Chapiseaux. Du
marché de Neuville. Br. de Pithiviers. A 3 lieues de Pithiviers. i'A de
Montargis, 7 d'Orléans et 1 de Neuville. Routes de Neuville à Autruy ;
de Boiscommun à Yenville (.lanville). Beauce. Très peu de vignes. Ter-
(1> Au-dessous, 70.
008 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
roir passablement bon à blé, orge et avoine. La cure vaut environ
500 1. ; à la nomination de l'archidiacre de Beauce.
1768. — 74 feux. Philippes. Blé, vigne.
DÎME. — i gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent (20 mines de Fromar»
ville exemptes).
Taille de la paroisse en 1788. — 4,128 1. 10 s., dont 1,049 1. 10 s.
pour le principal et 2,179 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal, — Assemblée le dimanche l""" mars, dans l'auditoire
du lieu, sous la présidence de Charles Desnojers, notaire à Izj. —
Population ; 74 feux, — Comparants : François Lejeune, syndic de
la municipalité, laboureur (226. 15 -|- 203.10); Joseph Marchon (419.5 -f-
468.15), François Gagé (21.5 -j- 23.16), Louis Berthereau (16.5 -f-
18.2), membres; Louis-François Marchon, laboureur (246.5 -f- 275.6) ;
Sébastien Solon (8 -f- 8.19), François Delarue (10.5 -|- 11.9), adjoints;
François Rivière, greffier (10.15 -j- 12); Symphorien Thizamboine,
syndic de la paroisse (13-]- 14.1); Antoine Thizamboine le jeune (10.5 -f-
11.9); Nicolas Housseau (9.5 -j- 10.6) ; Symphorien Brossard ; Pierre
Brossard (10 -|- 11.4); Fiacre-Denis Barberon (32 -j- 35.15); Louis-
Michel Goueilbn (U -f- 12.6) ; .Jean-.Tacques Thizamboine (9.15 -j- 10.18) ;
Sébastien Prou lejeune (7.15 -)- 8.13) ; Michel-François Sevin (9.5-}-
10.6); Jean Prou (12 -f- 13.8) ; Jean-Louis Vapereau (8.10 -[- 9.10) ;
Louis Merlin; Marc-Antoine Fichet (7 -j- 7.16). — Dvpulvs : Louis-
François Marchon; Louis Berthereau.
Population en 1790. — 310 habitants.
Cahier des plaintes, doléances et remontrances des Jiabitants
de la paroisse de Crottes, pour être remis et présenté par
les deux députés de ladite paroisse à l'assemblée particu-
lière et préliminaire des députés du Tiers état qui sera tenue
le 7 mars prochain devant M. le Ueutena)it ijénéral du
bailliage d'Orléans en vertu de son ordonnance par lui
rendue le 13 février dernier en conséquence des lettres du
Roi du 24 janvier dernier et du règlement y annexé.
lu Le Roi ayant bien voulu ordonner <[ue le nombre des
députés du Tiers élaL (ùt égal à celui des deux premiers ordres
CAHIER DE CROTTES. 609
réunis, supplient Sa Majesté que les ti'ois ordres opinent
ensemble et que les voix soient comptées par tète;
2'' Qu'il plaise à Sa Majesté d'assujettir le Clergé et la
Noblesse aux mêmes contributions et impôts que les autres
citoyens sans aucune distinction dans la prui)ortion du revenu
de chacun, dans la même forme et sur le même rôle;
30 Qu'il lui plaise supprimer les gabelles, ou tout au moins
faire réduire et modérer le prix du sel, dont le pauvre est
obligé de se passer à cause de son excessive cherté ;
40 Qu'il lui plaise supprimer les droits d'aides ou les rem-
placer par d'autres droits moins nuisibles et moins onéreux qui
pèsent d'une manière accal)lante sur les habitants des cam-
pagnes trop l'ail tles pour s'opposer aux vexations des commis;
50 Qu'il lui plaise faire rendre à ses peuples la justice
gratuitement par ses juges, et corriger la procédure qui fait
consommer en frais les pauvres plaideurs;
()0 Qu'il lui plaise faire jouir le commerce de la plus grande
liberté et supprimer les privilèges exclusifs;
70 Qu'il lui plaise modérer les droits de contrôle, insinuation,
franc-lief et auti'es droits ou impôts désastreux et les hxer par
des tarifs clairs, précis et non susceptibles d'extension ;
80 Qu'il plaise à Sa Majesté de corriger les abus qui se com-
mettent dans les corvées;
90 Qu'il lui plaise de supprimer en temps de paix la levée
des milices, et que lorsque les besoins exigeront cette levée,
(pi'il (sic) soit [)ermis à celui à (pii le sort sei'a tombé de s(> faire
facilement substituer par un autre ([ui sera ingr ciipable de
servir le Roi ;
10" Qu'il plaise à Sa Majesté d'accorder au culti valeur la
lacidté de labourer et exploiter son champ dans le temps et de
telle manière qu'il le jugera plus à i)i'0i)0s et de supprimei-, à
cet égai'd, toutes les ordonnances, arrêts de la Cour et ordon-
nances de police rendus à ce sujet.
.39
010 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
llo Comme la jmidictioii de cette paroisse a depuis longtemps
toujours été en litige entre le bailliage d'Orléans et celui de
Neuville-aux-Loges, supplions Sa Majesté d'ordonner h ses
juges de fixer et de déterminer d'une manière stable et non
équivoque celui de ces deux endroits [qui] aura et doit avoir la
prépondérance; ce qui évitera la duplicité des droits d'insi-
nuation que quelques-uns des soussignés ont payés et acquittés
à raison des donations entre vifs d'immeubles situés en cette
paroisse, qui leur ont été faites.
12o Sera très liumblement suppliée Sa Majesté ne mettre
aucun nouvel impôt sans le consentement de la Nation assem-
blée aux Etats généraux, dont le retour périodique sera fixé
avant la dissolution de ceux-ci.
Fait et arrêté tout ce que dessus par nous, habitants taillables
de la paroisse de Crottes, en l'auditoire dudit lieu, cejourd'hui
IfT mars 1789; et avons signé le présent ainsi que le duplicata
que nous avons présentement remis et déposé au grefle de cette
paroisse.
(Suivent 15 signatures : celles de François Lejeune; Joseph
Marchon, Gagé, etc.)
54o Groupe d'Allainyille et Erceville.
Même président dans les deux paroisses : Jean-Charles Petit.
ALLA IN VILLE.
Di'p. Loiret. Arr. Pithiviei-s. C»". (Jularville.
Gcn. Oi-léans. Kl. Gren. Pilhiviers. Dioc. Sens.
.JoussE. — (>•{ feux. Rolland, eonseiller. Justice de Pitliiviers, i*. à
Orléans. Br. de Pitliiviers, l'"« lient. d'Orléans. A 3 lieues de Pitliiviers
et 10 d'Orléans. Dans une plaine.
1708. — 50 feux, llollaiid. P,ié.
DÎMK. — 8 jiei'bes par arpent en l)lé ; une gerbe 1/2 [lar ar[)i'nt en
mars; la gerbe de 50 pouces. 5 pintes par poinçon de vin.
CAHIER d'ALLAINVILLE. Oll
Taille de la paroisse en 1788. — :i,370 1., dont 1,550 pour le pi'iii-
cipal et 1,820 pour les impositions accessoires et la eapitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, dans
l'auditoire du lieu, sous \a présidence de Jean-Charles Petit, conseiller
du roi, bailli d'Allainville. — Population : 58 feux. — Comjicn'ants :
Jacques Rivet, syndic municipal, laboureur; Gharles-Marie-Laurent
Fortin, Louis-Étienne Sevestre, Gantien Gautier, laboureurs; Pierre
Rivière, maréchal; Jean Baile, maçon-couvreur; Jean-Baptiste Aubin,
charron; Etienne Quinton, Claude Giroux, Jean-Paul Drouet, Louis
Grandemain, Jean Lesage, Etienne Conté, Louis Guillot, Jacques Parard,
Jean Rousseau, Etienne Parard, Antoine Gudin, Etienne Ghamard,
Louis Gudin, Hilaire Dupuis, Pierre Gendrot, Antoine Chaussard,
manœuvriers. — Dépmlês : Rivet, Fortin.
Population ex 1790, — 2.35 habitants.
Cahier des remontrances, plaintes et doléances de tous les
citoyens habitants de la paroisse d'Allainville en Beauce,
bailliage royal de la ville et Chàtelet d'Orléans, élection de
Pitliiviers, g énér alité d'Orléans et diocèse de Sens, pour les
États généraux au 27 avril prochain i789.
L'an 1789, le dimanche premier joui' du mois de mars, en
l'assemblée générale de tous les habitants de cette paroisse,
convoqués au son de la cloche par les soins et à la dili.i^ence
de sieur Jacques Rivet, syndic de la paroisse et de la nuuiici-
palilé d'icelle, dûment annoncée au prune le 22 février dernier
en la manière et forme accoutumées, lecture ayant été faite
tant de la lettre du Roi pour la convocation des États géné-
raux à Versailles le 27 avril prochain, que du règlement
lait par le Roi pour rex(''Ciilion des lettres de convoca-
tion du 21 janvier dernier, enseud)ie de l'ordonnance de M. le
lieutenant général au Chàtelet d'Orléans du lA lévrier der-
nier, portant injonction à tous les habitants du Tiers état des
villes, bourgs, paroisses et communautés de campagne, nés
français ou naturalisés, âgés de 25 ans, domiciliés et compris
au rôle des impositions, de s'assembler au lieu accoutumé, à
l'effet par eux de procéder d'ahurd à la l'édacLioii tin cahier
GJ2 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
des plaintes, doléances et remontrances que lesdites villes,
bourgs, paroisses et communautés entendent faire à Sa Majesté
et présenter les moyens de pourvoir et subvenir aux besoins
de l'État et intéresse)- la prospérité (sic) du royaume et celle de
tous ses sujets, ensuite de procéder à liante voix à la nomina-
tion et élection de deux députés pour cette paroisse composée
de 58 feux et de 450 communiants, lesquels deux députés
seront choisis entre les plus notables et capables liabitants,
pour les charger de porter ledit cahier à l'assemblée prélimi-
naire que M. le lieutenant général du Chàtelet d'Orléans, dont
cette paroisse ressortit, tiendra le samedi 7 mars prochain, à
9 heures du matin ;
Tous et chacun des habitants de cette paroisse, pénétrés de
reconnaissance de la tendresse paternelle avec laquelle le Roi
se propose de rehausser sa majesté royale, de s'immoi'taliser par
les deux vertus les plus chères à son cœur, son amour pour ses
sujets et le désir dont sa grande âme est pénétrée de les
rendre heureux, puisqu'il nous assure lui-même que le comble
de sa félicité et le plus beau jour de sa vie sera le bonheur de
ses sujets; de la confiance avec laquelle il veut bien associer
même ses plus petits sujets à la sagesse de ses conseils, afin
que la naïve expression de leur détresse et de leur misère
devienne le triomphe de son humanité; et que, confondant les
grandes vues d'ordre et d'économie que son bon cœur médite
avec les lumières naturelles et les connaissances techniques
des différentes classes de citoyens de ses États, il pompe
(comme fait l'abeille aux lleurs) l'essence de l'administration
la plus simple, la plus solide et la plus proportionnée à l'éclat
de son trône et à l'aisance d'une nation ([ui donne aux autres
l'exemple du plus ardent et du plus inviolable amour pour ses
Rois; et qu'enfin il respire le baume délicieux de cette tran-
(|iiiHit(' dont il avoue lui-même que son âme est privée depuis
longtemps.
0 précieux don du ciel, sagesse incréée, venez éclairer le
digne Monarque qui gouverne cet empire; fortifiez cette
CAHIER d'ALLAINVILLE. G13
louable, cette juste disposition de son cœur de secourir la
classe la plus indigente et consé({uemment la plus digne de
pitié de ses sujets ! Sans doute ({u'il sent leur misère et l'urgence
de leurs besoins, puisqu'il y veut compatir en les apprenant de
leur bouche et convenir avec eux des moyens de les faire
cesser. Vous allez renaître, âge d'or; un nouvel Auguste va
venir visiter les campagnes écrasées par le tléau funeste de la
grêle du 13 juillet dernier, par des impôts énormes de toute
espèce, par une vexation tyrannique soit dans la perception
de ces droits que la Nation aimerait à apporter aux pieds du
trône pour en soutenir l'éclat, soit dans l'administration de la
justice qui désole aujourd'hui nos campagnes par un arbitraire
aussi dangereux qu'illégal, soit enfin par le découragement et
le dégoût qu'éprouvent le grand et le petit cultivateur dans les
entraves qu'il a à craindre à raison de sa vassalité. 0 toi, qui,
depuis de longues années, gémis et languis dans la plus grande
perplexité, respectable cultivateur de la vigne de tes père?,
espère ne plus dessécher et mourir de faim auprès de ton cel-
lier rempli du fruit de toute une année de ton travail ! tu
touclies à la liberté de le rendre vénal comme toutes les autres
pi-oductions de la terre! Bientôt tu goûteras l'incomparable
satisfaction d'être alîranchi d'une cohorte ennemie acharnée à
ta ruine; de l'exercice des commis aux aides qui t'interdit
toute œuvre de charité, même porter un verre de vin à ton
voisin inlirnieou dans le besoin ; Lu vas respirer, comme toutes
les classes des citoyens, la liberté dans la vente et le débit de
tes boissons. Mais ce détail trop succinct des plaintes et
doléances des différentes classes et personnages de cette
paroisse ne comprenant pas tous les chefs sur lesquels ils ont
à se plaindre et à réclamer, on va tacher d'y procéder d'une
manière plus étendue et plus circonstanciée.
Ai'l. !'■'■. - La paroisse d'AUainville en Beauce (pouilleuse),
de l'élecliori de Pilhiviers, généralité cl bailliage d'Orléans, et
du diocèse de Sens, est située au i-7« degré '2i" latitude ot
19" 20" longitude, à 1 lieue 1/2 de la route de Paris à Orléans.
644 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Son assiette est pays plat, coupé de deux grandes vallées dont
les côtes sont fort ingrates et n'ont été mises en valeur que de
mémoire d'homme. La totalité de sa surface est de 1 ,376 arpents ;
il y a trois grosses fermes et deux moindres, avec quelques
lots de terre sans manoir. Un grand nombre et presque tous
les habitants cultivent et font valoir 4 à 5 arpents de terre au
total ; car l'unique ressource de cette paroisse consiste dans
l'espoir de la récolte du blé, du seigle, de l'avoine et de l'orge.
La terre y est assolée, et l'expérience a démontré qu'il est
impossible de le faire produire tous les ans, quelques engrais
qu'on y mette. On compte sur la paroisse 4 à 5 arpents de
vigne en 15 lopins. Le peu de vin qu'elle produit est de mau-
vaise qualité, parce que le sol n'a pas de fond; c'est pour cela
que les arbres à fruits n'y peuvent produire.
Cette paroisse, toute petite qu'elle est, paie tous les ans
3,410 livres 15 sols d'impositions avec 869 livres de vingtièmes,
sans la corvée, dont le rôle est de 387 livres 10 sols. Tous les
paroissiens n'ont qu'une voix pour désirer que les États géné-
raux arrêtent irrévocablement que chaque paroisse, bourg et
ville fera parvenir ses impositions directement chaque année,
et par quartier de trois en trois mois, dans les coffres du Roi,
au moyen d'un sol pour livre, y compris la perception pour
laquelle on donnait jusqu'ici 6 deniers. La municipalité se fera
gloire et honneur de s'en charger et d'en répondre.
On laisse à penser combien cette manière de percevoir les
impositions serait avantageuse à l'État en tombant net dans
les coffres du Roi; combien les citoyens seraient délivrés d'un
cruel ennemi dans la personne du receveur des tailles, qui
vexe et tyrannise les colons au gré de ses désirs ; cai" il est juge
et partie, et il lance sa foudre (la garnison) quand il lui plaît,
en morte comme en bonne saison. 0 humanité ! (ju'alors ton
règne serait grand !
Art. 2. — Pour son grand malheur, cette paroisse est
située dans l'extrémité du diocèse de Sens. Ce diocèse a
toujours été et sera toujours pauvre et dénué à cause de
CAHIER d'ALLAINVILLE. 615
la modicité de son produit. On dit que les autres dio-
cèses qui nous environnent, comme Orléans et Chartres,
se sont rédimés, et, parce que celui de Sens a toujours
été dans l'impossibilité de se rédimer, il est continuelle-
ment écrasé par un droit d'enti'ée qui devient arbitraire par
la volonté des commis, qui, comme Ton sait, ont pour sys-
tème la grand'main. Nous n'avons tous qu'un cri, et en ce
nous croyons être d'accord avec tous les sujets du royaume
qui sont affligés de ce tléau. Nous demandons qu'il soit à
jamais détruit, que tous les sujets du Roi aient la liberté et la
franchise pour l'achat et la vente de toutes espèces de bois-
sons ; chaque municipalité peut suppléer par d'autres moyens
à cette immunité.
Art. 3. — La gabelle, dont la suppression, lors de l'assem-
blée des notables, était si fort à cœur au lloi ([u'il se promit
d'y revenir dans un temps plus opportun, est un des besoins
de première nécessité. La classe la plus indigente, celle qu'on
se propose de soulager et de secourir, a autant besoin de sel
que de pain. Le grain dont on fait le pain circule par la voie
du commerce dans toutes et chacune des parties du royaume.
Pourtiuoi ne ferait-on pas de même, en supprimant la gabelle,
circuler par la voie du commerce le sel, qui alors deviendrait
vénal ?
Quand l'homme pensant réflécliit aux trésors immenses
des fermiers généraux qui, en abusant de la conliance du Roi,
sont les sangsues de la Nation et boivent dans des coupes d'or
les pleurs des malheureux, n'est-il pas saisi d'une sainte indi-
gnation? Peut-il s'empêcher de voter avec un empressement
égal à sa dépense énorme l'abolition de ce corps entier dont
l'existence continuera toujours à ruiner la France et s'opposei-a
constamment au bonheur de ses sujets? Oui, le Français, le
citoyen si zélé, si transporté d'amour pour ses Rois, ne pourra
espérer d'être heureux que lorsque, éclairé dans les imposi-
tions, il pourra comparer ses charges et dépenses avec le
fruit de son travail et balancer l'un par l'autre, ce qui ne
616 BAILLIAGE d'ORLÉAISS.
peut s'effectuer sans la suppression totale des fermiers géné-
raux. Les lumières et la capacité des génies des trois Ordres
offriront sans doute à la sagesse de notre Monarque les
moyens puissants pour opérer cette grande réforme ; et c'est
le principal et le premier de nos vœux, puisqu'une associa-
tion de cette espèce, qui emporte et exige des frais de percep-
tion immenses, entraîne comme nécessairement la ruine des
membres de l'État vers lesquels elle est dirigée.
Art. 4. — Le tabac est devenu pour une grande partie des
citoyens, et plus particulièrement pour les gens de la cam-
pagne, une denrée de première nécessité : c'est un amuse-
ment pour ceux-là, mais c'est un besoin pour ceux-ci, qui,
s'il était vénal connue les autres denrées, trouveraient dans
leurs petits jardins à épargner une dépense qui toute seule
serait plus que suffisante pour acquitter toutes leurs imposi-
tions. Mais tout le monde sait avec quel soin les commis sur-
veillent la classe la plus indigente, soit pour arracher et dé-
truire cette plante dans leurs vergers, soit même pour les (sic)
condamner à des amendes arbitraires ; car partout où il est
question de la ferme générale, partout on trouve des ennemis
de riiumanité et la source de l'injustice.
Art. 5. — Le contrôle établi par la sagesse du législateur
comme un moyen assuré de conserver à la Nation le droit de
ses possessions, la sûreté dans ses acquisitions, dans ses trans-
actions, dans ses obligations respectives, dans son commerce
national ou étranger, n'est pas exempt de fraude et (riujuslice
dans la perception des droits portés au tarif. Souvent le citoyen
est la victime d'un droit en sus, encouru par l'ignorance de
rofficier public qui n'a pas su revêtir son acte des plus strictes
clauses.
Les biens nobles possédés par les roturici's doivent le droit
d'une année tous les vingt ans. Les commis du contrôle sont
))lus i\\w surv(Mll;iiils i)()ur (s/r) demander, exiger, contraindre
et contumacer pour la perception de ce droit plusieurs années
avant l'expiration des vingt ans. On a en mains actuellement
CAHIER d'ALLAIN VILLE. 617
la preuve par témoins et par pièces de ces deux vexations ; et
si le citoyen n'a pas soin de conserver son ac(iuit représen-
tatif du droit qu'on lui demande, il coui't risque d'être concu-
tionné (sic) pour l'exigence d'une plus grosse somme ; ce qui
n'arriverait pas si le préposé à la perception de ce droit avait
l'honnêteté de donner au débiteur la connaissance de sa
dette par la communication de son registre sur lequel il est
porté.
Art. (). — La justice a été réservée aux seigneurs dans
l'étendue de leur seigneurie, dans les vues d'une sage législa-
tion, qui prévoyait que le seigneur veillerait à maintenir les
vassaux dans leurs droits et possessions, veillerait à faire
régner entre lui et eux une cordialité et un dévouement res-
pectueux, veillerait et prendrait connaissance de leurs débats
et emploierait toute sa supériorité à les porter à un accord
raisonnable et juste dont il se rendrait lui-même le médiateur,
veillerait à terminer promptement et sans de gros frais les
procès indispensables, veillerait enfin à pourvoir son bailliage
d'un officier pieux comme de droit (sic), parfaitement instruit
des lois du royaume, disposé à prendre une connaissance bien
exacte et circonstanciée des affaires soumises à son jugement,
plein de zèle pour honorer sa place, d'empressement à juger
sans délai, de sévérité dans ses jugements au point d'être prêt
à répondre de ses fautes par sa bourse. (M. Pothier, illustre
jurisconsulte, a payé 10,000 livres pour une cause qui fut
jugée sur son avis, n'ayant pas saisi l'espèce). Mais où sont-ils,
ces juges doués de ces heureuses qualités? Les seigneurs ont
pour juges des procureurs de bailliages royaux, chrétiens de
nom, parfaitement ignares des lois du royaume. Ce n'est pas
leur état d'étudier et de savoir les lois, et la modicité des hono-
raires qu'ils reçoivent des seigneurs n'est pas capable de leur
insi)irer le goût de l'étude des lois ; éloignés de la justice plus
OH moins (car il n'y en a pas un (|iii fasse son domicile à son
siège), conséquemmeiit i)eu disposés à prendre coiniaissance
des affaires à juger, fort hisouciants d'honorer leiu" place, ils
618 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
gagnent trop peu pour s'en occuper, remettant à tenir leur
siège que les alïaires s'accumulent (1); fort zélés et sévères
dans les jugements où le seigneur est intéressé, afin de les
juger en sa faveur, comme dans les affaires de fisc et de gibier
qui dévaste et ruine l'espoir de la récolte ; le vassal accusé
n'est jamais absous ; son champ est tondu par le gibier ; c'est
toujours à tort qu'il se plaint. S'il demande le dégât (2), il n'est
jamais écouté. 11 doit tout souffrir sans se plaindre ; il faut
qu'il soit subjugué, il faut qu'il paie, il faut qu'il soit ruiné : on
s'abstient ici de plusieurs autres réflexions.
Art. 7. — On a dit ci-dessus que celte paroisse était située
en pays plat, n'ayant pas d'autre ressource que la récolte de
blé, seigle, etc. La récolte se fait pour l'ordinaire à la faucille,
elles citoyens font des vœux pour que la moisson du blé et du
seigle ne se fasse qu'à la faucille et jamais à la faux, à moins
que le blé et le seigle n'eussent pas 2 pieds de haut. La
récolte ainsi faite laisse du chaume sur pied. L'ordonnance
du Roi fixe au 9 de septembre la permission pour la classe la
plus indigente des citoyens de ramasser ce chaume qui leur
appartient comme pauvres. Mais M. le bailli de cette justice
rend tous les ans (pourquoi? on le devine) une ordonnance
qui défend de riimasser le chaume avant le '22 septembre. Ce
retard est souvent la cause d'un très grand dommage pour les
malheureux qui n'ont point d'autre ressource pour rétablir
leurs chaumières et se chaufïer l'hiver. Quand il vient des
pluies, il (3) est souvent pourri aux champs. On observe que ce
retard, qui n'est que de treize jours, a, dans des années, fait
toii de 100 pistoles pour les pauvres, et l'expérience a démon-
tré que le chaume qui hiverne sur la terre conserve la che-
nille qui ronge les avoines. Ce tort est inappréciable pour les
cultivateurs.
\^.l <^, _ Tous et chacun des habitants d." cette paroisse,
(1) La rédaction est obscure, mais le sens est clair. L'aulour veut dire ; remettant A tenir
leur siège tellement que les alïaires s'accumulent.
(2) C'est-à-dire : la réparation du dégât.
(3) Sous-entendre : le cliaume.
CAHIER d'ALLAINVILLE. 619
émerveillés de la bonne forme, du zèle et du bon ordre qui
régnent dans celte municipalité, désireraient qu'elle fût auto-
risée à maintenir la police, tant pour le service divin que
pour la tranquillité publique, comme de régler le temps où il
convient de défendre d'aller cueillir de l'herbe dans les blés,
seigles et autres grains susceptibles de dégâts, sans être
arrêtés par la défense qui se fait par les gardes-chasse, sous
prétexte de conserver le gibier qui est toujours en trop grand
nombre ; comme de prendre connaissance sans frais ni autres
assignations que le rapport et la plainte de la partie lésée, de
tout ce <|ui concerne la culture des terres, l'égalité respective
entre voisins, la défense expresse de tourner sur les aboutis-
sants sans leur volonté explicite ; comme d'empêcher que les
voitures, à la moisson, ne passent sur le champ de qui que ce
soit non moissonné ; comme de fixer le jour de la vendange,
le jour et l'heure de ramasser le chaume ; comme d'interdire
à toute personne, même aux gardes-chasse, de mettre le pied
dans les grains depuis qu'ils sont en tuyau jusqu'à ce qu'ils
soient récoltés, sous quelque prétexte que ce soit ; comme de
saisir les mendiants vagabonds et les faire conduire aux pri-
sons royales les plus proches. Rien ne serait plus avantageux
au bien général des habitants de la campagne, qui aimeraient
à être surveillés par des membres tirés et choisis entre leurs
proches parents et leurs amis.
Nous bornons donc notre réclamation aux remontrances
ci-dessus, qui tendent toutes à un seul et unique impôt en
argent et jamais en nature, pai-ce que toute perception entraîne
une vexation et des fi-ais considérables. Elle décourage le culti-
vateur en lui enlevant ses empaillements, unique source des
récoltes abondantes; car il n'en est pas du cultivateur comme
du conHnei'(;ant, et c'est une réllexion qu'on ne se pardonne-
rait ])as d'avoii- omise, en ce que l'im et l'autre sont bien dille-
remment traités.
Le commei'çant en blé, en ('piciM'ie, en mercerie, en dra-
perie, en laines, en bois, l'aubergiste, le boulanger, le mar-
620 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
cband de vin, le procureur, le notaire, l'huissier, etc., mettent
dans leur commerce et à leurs chai^ges 10, 12, 20, 30,000 livres;
avec ce comptant, ils font pour 100, 150, 200 et souvent
300,000 livres d'alYaires; ils gagnent à proportion 3, 4, 0, 8, 10
et 20,000 livres, sans courir le risque pour la plupart de
perdre leurs fonds. Combien croyez-vous qu'ils paient d'im-
positions? Consultez la taxe de leur capitation et industrie,
vous verrez qu'ils paient depuis 20 jus(iu'à 80 et rarement
100 livres; au lieu que le cultivateur de la première classe
emploie pour l'ordinaire 8, 9 et 10,000 livres pour monter une
charrue de labour; il gagne à coup sûr bien moins que le
commerçant, il risque son fonds (la grêle du 13 juillet dernier
en est une preuve trop complète), et il paie plus de 2G0 francs
d'impositions par chîin'ue. Le sieur Jacques Rivet, syndic de
cette municipalité et notre député vers vous, fait valoir, comme
fermier de M. le président Rolland, 394 arpents de terre, et la
monture de sa ferme peut valoir 30,000 livres environ ; il
risque ses fonds (il vient d'être grêlé comme toute cette
paroisse), il est bien loin de gagner des 6, 8, 10 et 12,000 livres
par an. Cependant il paie au Roi tous les ans 913 livres 11 sous
d'impositions, non compris le rôle de la corvée qui est de
107 livres 12 sous. Les autres fermiers et tous les cultivateurs
grands et petits sont taxés sur le même pied dans cette paroisse.
D'où vient cette inégalité? Pour(|uoi n'entrerait-on pas dans la
discussion, dans le détail des afïaires et du connnerce de cha-
cun des citoyens? S'il (1) refuse de communiquer son journal
à la municipalité, qu'elle ait la liberté de rinqK)ser. S'il se sent
grevé, il viendra à jubé (2) et produira les moyens de ne le
pas surcharger; car c'est cette égalité respective ([u'il est
essentiel d'établir entre tous les citoyens.
Oui, si on y parvient et qu'on fixe un seul iinpùL percevable
comme on l'a projeté (art. 1er), on ose se llatler (|ue, quelles
;i) Sous-enlendro : le commerrant.
(2) Il se soumettra uvee résignation.
CAHIER d' ALLAIS VILLE. 621
que soient les dettes de l'État, les trois Ordres conciliés et bien
unis parviendront dans peu à les acquitter'.
Qu'attend-on de plus des lud^itants de cette paroisse? Ils ne
se croient pas assez de lumières, assez de connaissances pour
donner leur avis et voter sur les réformes, suppressions d'abus
et le nouvel ordre des choses à établir dans le clergé. Ils
savent bien que l'Église souffre beaucoup par la faute de ses
ministres; que, dans l'ordre hiérarchique, il existe une dépra-
vation de mœurs, une insouciance pour le soutien de la doc-
trine, une négligence dans les pasteurs pour rompre le pain de
la parole et préparer les cœurs à la vertu par le zèle de la
charité. Ils conviennent bien que la présence de leur premier
pasteur, qu'ils n'ont vu de mémoire d'homme, réveillerait en
eux cette vivacité de la foi dont les premiers chrétiens étaient
saisis à la présence des apôtres. Mais est-ce à eux à mettre la
main à l'encensoir? Non. Le respect qu'ils ont pour la religion
ne leur permettra jamais de s'ingérer dans la réforme à faire
dans ses ministres, et si les plaintes des dillérents membres
de ce corps sont comnumiquées aux trois ordres pour aviser et
rétablir une aisance naturelle dans les parties souffrantes de ce
premier corps de l'État, nous nous réservons à en donner
notre avis à nos députés aux États généraux et à les en instruire
de vive voix préliminairement.
Nous conserverons toujours pour la Noblesse, qui va par-
tager avec nous le fardeau des impositions de l'État, le respect
dû à son rang. Nous conviendrons éternellement de la svipé-
riorité qu'elle a toujours eue sur nous. Ses ancêtres, en méri-
tant bien de l'État, ont rendu leurs vassaux soumis et heureux.
Le joug qu'ils leur imposaient ressemblait à celui de l'Évangile,
il était doux et léger; nous espérons que la respectable assem-
blée des États généraux sanctionnera pour toujours la
suppression de l'abus d'autorité dans les seigneurs qui entraî-
nent nécessairement la ruine des vassaux.
Toutes lesquelles nos remontrances, plaintes et doléances,
qui ten<lent toutes à la destruction des abus, à l'établissement
622 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
d'un seul et unique impôt territorial, industriel et personnel,
à la suppression des quatre grosses fermes et à la formation
d'un code de justice qui en règle irrévocablement les frais,
nous tous, citoyens et habitants de cette paroisse d'Allainville,
avons délibéré et arrêté en ladite assemblée et les avons
signées les jour et an que dessus pour être mises es mains des
sieurs Jacques Rivet et Charles Fortin, tous deux laboureurs
et habitants notables, que nous avons choisis, élus et priés de
les porter à l'assemblée que tiendra M. le lieutenant général
du bailliage et cliàtelet d'Orléans le samedi 7 mars prochain;
lesquels ont volontairement accepté et nous ont promis de se
faire lionneur de les porter à ladite assemblée et d'y développer
plus amplement nos besoins, leur donnant pour ce tous pou-
voirs et autorité.
(Suivent 12 signatures : celles de Jacques Parard; Etienne
Quinton; Etienne Parard, etc.)
ERCEVILLE (autrefoif^ ARCEVILLE).
Dcp. Loiret. At-r. Pithiviers. C'^^. Outarville.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Dioc. Sens.
JoussE. — Bourg. 55 feux. Delpèche, conseiller. Haute justice, r. à
Orléans. Br. de Toury. A 2 lieues de Toury et 12 d'Orléans. Dans une
plaine. Route de Mérinville.
17G8. — 69 feux. Rolland. Blé.
DÎMK. — 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent de terre. 2 pintes par
poinçon de vin.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,000 1.. dont 2,300 pour le prin-
cipal et 2,700 pour les impositions accessoires cl la capitation.
PROCKS-VERBAL. — Asscmblée électorale le mardi 3 mars, dans l'audi-
toire du lieu, sous la présidence de .Iean-(]harles Petit, conseiller du
Roi, bailli d'Erceville. — Populalion : 00 feux. — Cowjxirants :
François Dollon, syndic paroissial; Jean Ponceret, syndic municipal;
Éloi Foucher, Nicolas (iilles, Félix Beauvallet. .loadiiiu Goy et Etienne
Ilav, tous laboureurs; Claude Gendrot, nuiréchal; Louis Fillon, cliarron;
CAHIER d'arceyille. 6'23
Louis Foiicher, manœuvrier; Joseph Foucher, Aignan Foueher, Louis
Foucher et Jean Charpentier, tous maçons en gros murs et couvreurs de
chaume; Claude Brichard, cabaretier; Guillaume Plé, charretier; Sébas-
tien Brosse le jeune, berger; Louis Martin, manœuvrier; Antoine Brosset,
tailleur d'habits et cabaretier; Pierre Cliarpentier, vigneron; Pierre
Brosset, manœuvrier, et Simon Pachol, du même état. — Dcpulés :
p]loi Foucher; François Dollon.
Population en 1790. — 303 habitants.
Cahier de plaintes et doléances que proposent aux Etats
généraux les habitants d'Arceville, bailliage d'Orléans.
Lesdits habitants espèrent de la bonté du Roi, en qui ils
mettent toute leur confiance, et des lumièi^es des États géné-
raux, qu'ils voudi^ont bien réformer les abus qui se sont
jusqu'à présent glissés dans les finances, faire en sorte que
les deniers perçus sur eux ne circulent plus par tant de mains
où ils sont diminués, et parviennent directement au trésor de
l'État, pour subvenir aux besoins d'icelui, auxquels ils sont
toujours prêts de contribuer, ainsi que les autres sujets de
Sa Majesté; et comme c'est avec confiance qu'ils espèrent
la réformation des abus, ils proposent leurs griefs particuliers
ainsi qu'il suit:
Art. 1er. _ Observent lesdits habitants qu'ils ont été seuls
chargés de la masse des impôts, tandis que leur seigneur
qui fait valoir une grande partie des terres de la paroisse
jouit de toutes exemptions, quoiqu'il ait fait planter une
grande partie de terres en bois, qui est peuplée de gibier qui
dévaste le surplus de la campagne ; outre que les bois ainsi
que les avenues qu'il a fait planter en grande quantité
détériorent et annuUent presque les terres qui les avoisinent
de façon que ces terres, même dans les meilleures années
ne donnent aucune récolte. Pourquoi demandent que
concurremment avec eux et sans aucune distinction de titres
et qualité, ledit seigneur soit imposé comme eux, ainsi que
tous les autres seigneurs qui possèdent des biens dans cette
624 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
paroisse, pour la quotité de leurs biens, ensemble pour leurs
avenues et terres adjacentes à icelles jusqu'à 50 pieds desdits
bois et avenues, et qu'il soit pei'mis à tous de détruire le gibier
qui ruine leurs moissons.
Art. 2. — Se plaignent de ce que les dîme et cbampart leur
enlèvent une grande partie des engrais de leurs terres,
de façon que, bien loin de pouvoir améliorer leurs terres,
ils les voient avec chagrin se détériorer annuellement par
l'enlèvement des pailles et fourrages, qui non seulement
serviraient à l'engrais de leurs terres, mais encore à la nourri-
ture de leurs bestiaux. Pourquoi ils demandent que les droits
de dîme et champart soient supprimés, ou au moins convertis
en une redevance annuelle en argent.
Art. 3. — - Qu'il existe dans cette province un impôt qui n'a
peut-être lieu nulle part ailleurs, qui est le droit de gros
d'entrée et de sortie sur les vins, source de mille procès de la
part des employés de l'administration. Pourquoi requièrent que
lesdits droits sur les vins et autres boissons soient supprimés
en leur entrée, ou au moins qu'ils soient similés (1) aux autres
provinces du royaume.
Art. 4. — Les Irancs-fiefs ont été établis pour empêcher
les roturiers de posséder des fiefs nobles, et on ne peut
entendre par fiefs nobles que terres seigneuriales d'où relèvent
des vassaux et censitaires, et non pas des terres relevant des
seigneurs qui ne sont que simples fiefs servants; de plus,
ce droit onéreux est exigé à toute mutation, même indirecte,
avec les 10 sols pour livre, de façon qu'il se trouve souvent
qu'un propriétaire de ces sortes d'héritages paie en deux années
de suite trois années de revenus de son bien sans aucune
déduction des autres impôts dont il est gvewé ; et, attendu que
ledit impôt est une espèce de glaive de servitude abhorré
par un peuple libre, en demandent la suppression en son
entier.
(1) Assimilés.
CAHIER DE BOISSEAUX. 025
Art. 5, — Observent lesdits habitants qu'ils paient une
infinité d'impôts dont ils ne connaissent ni l'origine ni les lois
en vertu desquelles ils les paient, et, entre autres, un droit
de centième denier sur le remport des bagues et joyaux
stipulés au profit des femmes dans les contrats de mariage ;
droit qui n'a jamais été demandé et qui n'est exigé que depuis
environ six mois, qui occasionne des recherches malhonnêtes
de tous les contrats de mariage depuis plus de vingt ans.
Pourquoi requièrent que tous les impôts actuellement subsis-
tants et qui n'ont pas été consentis par la Nation assemblée,
nonobstant toute vérification et enregistrement es cours qui
n'en avaient pas de pouvoir, soient supprimés, et qu'il ne puisse
à l'avenir être établi aucun impôt soit perpétuel, soit à temps,
sans le consentement de toute la Nation assemblée en États
généraux.
Au surplus, déclarent lesdits habitants s'en rapporter à ce qui
sera décidé à l'assemblée des États généraux.
Fait et arrêté en l'assemblée générale de tous les habitants
de ladite paroisse d'Arceville, ce 3 mars 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de Dolloii ; Foucher; Joachim
Gou, etc., et cehe de Petit.)
55» Boisseaux.
D('p. Loiret. Ar7\ Pithiviers. C"". Outarville.
Gén. Orléans. El. Yeiidùmc. Gren. Dioc. Orléans.
1708. — 4 feux. La baronnie de Vendôme. Blé.
JoussE. — Pai'. El. de Vendôme. 28 feux. Les Bénédictines de
Vendôme. Haute justice, r. à Vendôme. Bi'. de Vendôme. A 4 1. de
Vendôme, 5 de Blois, 12 d'Orléans. Grande route de Vendôme à Orléans.
Près le bois de Boisseleau. Plaine.
DÎME. — 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent. ;
Population en 179Û. — 535 habitants.
Ni le procès-vevhal ni le cahiei- n'ont pu être retrouvés,
T. 1. ^
6'26 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
56» Gharmont.
Bé]). Loiret. Arr. Pithiviers. C"". Outarville.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Sens.
JoussE. — 112 feux. L'évèque d'Orléans et M. Rolland. Justice de
Pithiviers, r. à Orléans. Br. de Pithiviers. A 3 lieues de Pithiviers,
12 de Montargis et 11 d'Orléans. Dans une plaine.
17G8. — 111 feux. L'évèque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Blé : 3 gerbes de 50 pouces par arpent, sur 2,350 arpents.
Vin : 8 et 0 pintes par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,783 1., dont 2,070 pour le prin-
cipal et 3,113 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1'-'' mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Jean Malou, notaire à Ghar-
mont. — Postulation: 110 feux. — Comparants : Germain Leluc et
Jean Rousseau, députés ; François Huteau; Jean Marchand ; Paul Ghan-
sard; Etienne Durand; Pierre-Joseph Merlet ; Etienne Ghaumette;
Gharles Sagot ; Pierre Gharbonneau ; Honoré-Gabriel Laumonnier ; Jean
Boudard ; Jean-Denis Bruuet ; Pierre Ruzé ; Jean Pilté ; Hilaire Gau-
thier ; Jacques Rousseau ; Glaude Barbier ; Paul Picard ; Hippolyte
Dufrêne ; Pierre Dumuis ; Gharles Merlet ; Paul Ghaumette ; Antoine
Leluc ; Gharles Ghaumette ; Etienne Leluc ; Jean Malou ; André Merlet ;
Pierre Pointeau ; Pierre Bouvard ; Joseph Texié ; Jean Sigot ; Joseph
Renard, greffier ; François Barbier, syndic de la municipalité. — Dé-
piilas : Germain Leluc, laboureur ; Jean Rousseau, vigneron.
Population en 1790. — 508 habitants.
Cahier des plaintes et doléances de la paroisse
de Chatinont.
Sa Majesté, comme père de famille, regardant ses sujets
comme ses enfants, leur permet et môme leur ordonne de lui
faire chacun leui-s représentations à Tellet de procurer le bien
de l'État et de chaque sujet en particulier.
L'assemblée tenue le 'le de mars, à l'issue des vêpres de
CAHIER DE CHARMONT. 027
l'église Notre-Dame de Charmont, au son de la cloche, afin
que personne n'en prétende cause d'ignorance.
Nous représentons que la paroisse de Charmont est com-
posée de 116 feux et contenant 2,330 arpents de terre labourable
et partie en novale, savoir :
l» 725 arpents de terre chargée à raison de 3 gerbes l'arpent
pour la dîme de tout grain ;
2o 695 arpents de terre chargée à raison de 2 gerbes par
chaque arpent de tout grain pour la dîme. Les deux parties
sont perçues par le sieur curé, avec 14 arpents labourables
dépendant du domaine de la cure, le tout évalué à la somme
de 1,200 livres;
3° En outre, le casuel de ladite paroisse revient au moins à
la somme de iOO Uvres, attendu qu'il exige au-dessus de son
fixe tant sur les mariages que sur les enterrements et fétole
blanche ;
4o 910 arpents de terre qui sont perçus pour la dîme par le
prieur de Notre-Dame de Flottin, à raison de 2 gerbes de
tout grain par arpent, évaluée à la somme de 600 francs;
5o Plus, il y a à payer dans ladite paroisse 174 mines 1/2
de blé et autant d'avoine, mesure de Pithiviers, à percevoir sur
547 arpents de terre :
6o Savoir : monseigneur l'évêque d'Orléans reçoit 33 mines
de blé et autant d'avoine, mesure de Pitliiviers, à percevoir
sur 80 arpents de terre ;
7° M. le prieur de Flottin reçoit 34 mines de blé et autant
d'avoine, dite mesure, à percevoir sur 101 arpents de terre;
8° Le seigneur de Chàtillon-le-Roi reçoit 20 mines de blé et
autant d'avoine, même mesure, 2 chapons, 4 deniers de cens
à prendre sur 80 arpents;
9o Le seigneur de Berouville reçoit 4-3 mines 1/2 de blé et
autant d'avoine, susdite mesure, à percevoir sur 158 arpents
de terre ; . •
(328 BAILLIAGE D ORLÉANS.
10° M. le marquis de Barbançois reçoit 24 mines de blé et
autant d'avoine, même mesure, à percevoir sur 48 arpents;
llo Les demoiselles du Goudray, 20 mines de blé, autant
d'avoine, 1 mineau de pois, 1 mineau de fèves, dite mesure, à
percevoir sur 80 arpents de terre ;
4^0 M»'e de Planois, dame d'Andonville, est dame d'un
manoir et de 100 arpents de terre en fief de sadite seigneurie
d'Andonville;
13o 59 arpents en total à champart, à raison de 12 gerbes
une, savoir : 150 arpents envers M. le président Rolland et
9 arpents au chapitre de Saint-Georges de Pithiviers ;
14° Tous lesdites rentes et champarts évalués à la somme de
950 livres, savoii' : pour les rentes, 750 livres; pour les cham-
parts, 200 livres; [le] total se monte à la somme de 950 livres.
15û Et aussi toutes les rentes en grains, exprimées ci-dessus
qui se perçoivent par les seigneurs sur 5i7 arpents de terre
qui ne paient aussi aucun vingtième. Néanmoins, les particu-
liers qui possèdent lesdites terres sont imposés au vingtième,
sans aucune déduction des seigneurs rentiers.
IGo Autre dépense qui se prélève sur ladite paroisse par les
commis, tant sur le peu de vin qu'on y peut récolter que d'y
arriver (1), et sur toutes les eaux-de-vie, tant pour le détail
desdits vins et eaux-de-vie, et la boucherie, se montant à la
somme de 850 livres.
17» Et en outre, ils forcent encore de payer le gros man-
quant que celui qui consomme plus de 3 pièces de vin
dans sa maison est obligé de payer le trop bu, quoique
provenant de sa récolte, qui monte cette année à la somme
de 102 livres.
18o En cette paroisse, il y avait une boucherie. Le boucher,
par les pertes et mortes-payes, se trouvant aujourd'hui hors
d'état de faire sa bouclierie, a fait signifier au directeur
(•1) C'est-à-dire : le peu de vin qui peut y arriver.
CAHIER DE CHARMONT. 629
le 22 mars 1788, et le force tous les jours à lui payer la
somme de 120 livres par année jusqu'à concurrence de son
bail.
190 Nous avons supposé que le droit sur les cuirs se monte
à la somme de 1,000 livres.
2O0 Nous avons évalué que le sel fait une dépense dans cette
paroisse de 5,000 livres, et que les gabelles soient anéanties
pour rendre la vente du sel libre. Sa Majesté cherche à sou-
lager ses enfants. Ce sont les plus misérables. Combien d'entre
eux qui ne sont point ou peu imposés à la taille ne possèdent
rien, sont accablés par cet impôt sur le sel, le plus criant
et le plus chargé (sic) à l'humanité ! Combien parmi eux qui
sont privés du plus nécessaire de leur nourriture, ne pouvant,
faute d'argent, se procurer du sel! A quoi bon cette foule
innombrable de commis pour le sel, et le vin, et le tabac, et
les cuirs et autres impôts? Il est juste, sans doute, de contri-
buer chacun aux charges de l'État. Que personne n'en soit
exempt, soit du Clergé, soit de la Noblesse ; que personne n'en
soit accablé par cette foule de commis qui ne lui fait tout au
plus au Roi que le dixième de leurs exactions. Qu'il n'y ait plus
qu'un seul impôt sur toutes les impositions, que le produit de
cette imposition unique ne passe plus par tant de mains pour
parvenir au trésor royal.
2I0 Nous représentons qu'il régne au droit du seigneur
justicier une espèce d'exaction pour la voirie : il n'est pas
permis à un particulier d'ouvrir une porte ou une fenêtre, ou
bâtir sur la voie publique sans une permission qui leur (sic)
coûte la somme de 2 1. 10 s.
22° Dans laquelle quantité de 2,330 arpents de terre, il s'en
trouve 130 arpents qui ne paient pas de vingtième :
230 Savoir, 51- arpents dépendant du collège royal d'Or-
léans ;
24^ Plus 46 arpents appartenant à l'abbaye de Saint-Euverte
d'Orléans;
630 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
25° Plus 10 arpents appartenant à la fabrique de ladite
paroisse ;
200 Plus 14 arpents du domaine de la cure de ladite
paroisse ;
27o Plus 30 arpents plantés en bois, appartenant à M. le
président Rolland, qui ne sont point imposés à la taille et
autre accessoire; et, en outre, que les bois attirent le gibier
et que les gardes-chasse se promènent dans les grains en
toute saison, et ce qui fait un dégât considérable au menu
peuple.
28° 11 convient aussi de représenter qu'il y a dans ladite
paroisse trois colombiers garnis en abondance de pigeons qui
font un très grand dommage au menu peuple, attendu qu'ils
font une consommation tant dans les semences qu'à la récolte
des grains et autres menues denrées, ainsi que pour les cou-
vertures des bâtiments qui sont couverts en chaume, comme
c'est l'usage dans la paroisse et autres paroisses circon-
voisines; et les bâtiments des pauvres deviennent en ruines,
attendu que les laboureurs font tout faucher (1) leurs blés et
que les chaumes sont le soutien de tout le menu peuple, tant
pour la couverture de leurs bâtiments que pour leur chauffer (2)
en hiver.
29o Nous représentons que les mendiants sont sans doute
une très grande charge ; mais il y en a une peste plus dange-
reuse pour les campagnes, attendu que la plupart vous mena-
cent de bien des choses. Nous prévoyons que les colporteurs
merciei-s qui viennent de toutes les provinces et qui ôtent la
vente des commerçants vont en toutes les maisons et prennent
connaissance de l'asile de tous les gens, et la plupart d'entre
eux, par les débauches, les occasionnent à les rendre à la
mendicité. Voilà d'où viennent les mendiants.
(1) C'est-à-dire : faurher totalement.
(2) Infinitif pris substantivement, pour : leur chaulîage.
I
CAHIER DE CHARMONT. 631
Et en outre, pour le principal de la taille . . 2.728 1. 10 s.
Pour les accessoires et capitation 3,123 »
Pour la corvée 682 ;>
Pour les vingtièmes 1.485 j)
Total 8.018 1. 10 s.
Rapport des impôts.
Pour la dîme à M. le curé 1.200 livres.
Pour le casuel 400 —
Pour la dîme du prieur de Flottin 600 —
Pour les rentes et cliampart 950 —
Pour le droit des vins et eaux-de-vie 850 —
Pour le gros manquant . . • 102
Pour le droit des cuirs 1.000 —
Pour le sel 5.000 —
10.102 livres.
Récapitulation.
Impositions royales 8.018 1.10 s.
Rapport des impôts 10.102 »
Total général 18.120 1.10s.
Fait et arrêté en l'auditoire de la justice de ce lieu, en pré-
sence des comparants dénommés au procès-verbal de l'assem-
blée et qui ont signé ledit jour 1er mars 1789.
(Signatures de F. Barbier, syndic; Renard, greffier; Malou,
notaire.)
63-2 bailliage d 'orléans.
570 Groupe de Pithiviers.
Nous rangeons dans le groupe de Pithiviers, outre le cahier de cette ville :
io les cahiers de Bondaroy et de Marsainvilliers, rédigés sous la présidence
de Ghénard de Fréville et Quinton, notaire à Pithiviers, qui liguront tous
deux à rassemblée de cette ville ; Quinton est même l'un des quatre députés
élus par elle ;
2o Ceux d'Engenville et de Bouzonville-en-Bcauce, rédigés sous la
présidence de Ghénard et de son collègue Mercier, lequel fut délégué par la
communauté des notaires à l'assemblée de Pithiviers, où on lui donna
défaut;
30 Celui d'Intville-la-Guétard, rédigé sous la présidence de Ghénard et de
son collègue Laillet ;
4" Ceux de Bourg-l' Abbaye, Escrennes et Pithiviers-le-Vieil, rédigés sous
la présidence de Pointeau, procureur fiscal de la haute châtellenie de
Pithiviers;
50 Ceux de Grigncville, Guignonvillo, Léouville, Morville et Sébouville,
rédigés sous la présidence de Sébastien Besnard, notaire au bailliage de
Pithiviers, résidant à Sébouville.
PITHIVIERS.
Dcp. Loiret. Arr. C"". Pithiviers.
Gén. Orléans. EL 6^re;t. Pithiviers. I)ioc. Orléans.
JoussE. — Ville et. paroisse. 3 paroisses, 1 collégiale. 655 feux.
L'évéque d'Orléans. Plusieurs justices, r. à Orléans. Bailliage. Maison
de ville. Election. Grenier à sel. Marché le samedi. 4 (1) foires: les
23 avril, 30 juin, 22 septembre et 18 novembre (dure 2 jours). Lieu de
la résidence de la brigade de Pithiviers. A 10 lieues d'Orléans et 10 de
Montargis. Sur le vieux chemin de Paris à Orléans. Sur la rivière
d'P^ssonne. Plaine. Sur une montagne.
1708. — 723 feux. L'évéque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Blé et menus grains, 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par arpent.
Vignes, 16 s. par arpent. Safran, 3 1. 4 s. par arpent. Chanvre, la
18*^ livre. Oies, canards, le 12«'. Cochons de lait, 1 par truie. Troupeaux,
1 s. par bête.
Taille de la paroisse en 1788. — 16,414 1., dont 7.550 pour le
princi[)al et 8,864 pour les impositions accessoires et la capitation.
(1) Le texte porte 3, mais en énumère 4.
CAHIER DE PITHIVIERS. 633
Le Calendrier historique, p. 239, consacre une notice à Pithiviers ;
il décrit le chapitre collégial de Saint-Georges, l'hôtel-Dieu, le gouver-
nement, la subdélégation, le bailliage, l'hôtel de ville, l'élection, le
grenier à sel, les médecins, chirurgiens, apothicaires, et les divers
bureaux des « affaires du Roi ».
Procès-verbal. — Assemblée du corps municipal le jeudi 5 mars,
sous la lirésidence de Jacques-Louis Lebègue d'Ojseville, seigneur du
Portail, maire, et de Pierre-Nicolas Dufresne, procureur es sièges royaux,
conseiller du procureur du Roi, de la ville et du receveur. —
Coviparanls : Perret, bailli; Vénard, avocat; Davoust, aubergiste;
Provenchère l'aîné, traiteur; Dufour, mégissier; Rabier, menuisier;
Doguet, serrurier; Dufresne, marchand, et Quinton, notaire; tous
représentants des diff'érentes corporations, corps et communautés de
ladite ville de Pithiviers et des bourgeois et habitants d'icelle.
— Députes : Perret; Vénard; Quinton; Rabier. Le procès- verbal
continue ainsi :
« Leur recommandant en outre qu'en concourant à la rédaction du
cahier général des trois Etats du bailliage, il ne soit fait aucune omission
de ce qui est compris au présent, et, dans la nomination des députés aux
Etats généraux, de ne choisir que des personnes animées d'un zèle sûr
et éclairé, soit que cette nomination soit faite en commun par les trois
ordres cordialement réunis, soit qu'elle se fasse séparément dans chaque
ordre.
« Donnons défaut contre les sieurs Mercier, notaire, et Courtois,
tanneur, aussi députés, absents. Et le présent a été sur-le-champ, ainsi
que ledit cahier, inscrit au registre de l'hôtel de ladite ville ; lesdits jour
et an. »
Population en 1790. — 3,020 habitants.
Cahier des demandes, remontrances, plaintes et doléances
du Tiers état de la ville de Pithiviers.
Nous, députés des bourgeois et habitants de toutes profes-
sions, arts et métiers composant le Tiers état de la ville de
Pithiviers, ressort du bailliage d'Orléans, nommés par les
assemblées préliminaires et partielles tenues en exécution des
lettres du Roi pour la convocation des États généraux, règle-
634 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ments y annexés et de l'ordonnance de M. le lieutenant
général du bailliage d'Orléans, chargés de la rédaction du
cahier des demandes, remontrances, plaintes et doléances du
Tiers état de cette ville, avons procédé ainsi qu'il suit à la
rédaction dudit cahier, sous la présidence et coopération de
MM. les officiers de cette ville.
Nous commencerons par mettre au pied du trùne les assu-
rances de respect profond et de l'amour filial de nous et de
nos constituants et concitoyens, suppliant Sa Majesté d'être
persuadée de la confiance que nous avons tous dans la pureté
de ses intentions et sa bienfaisance soutenue et éclairée, la
remerciant de procurer à ses peuples, par la convocation des
États généraux, les moyens de réparer les torts faits à la
Nation et à l'autorité royale.
Nous rappelons avec sensibilité les titres de père, de conseil
et d'ami, les seuls que le Roi ambitionne de porter au milieu
des représentants de la Nation dont il est le chef. Nous nous
abandonnons avec autant de franchise que d'espérance au
douloureux examen de la multitude de maux que la révolution
des iemps et des erreurs des siècles passés ont accumulés
sur ce royaume au grand détriment des peuples.
Constitution.
La longue interruption de la tenue des États généraux,
quels qu'en aient été les motifs, peut être regardée comme
une des causes qui, en faisant presque oublier les principes
de la constitution française, ont laissé enraciner cette multi-
tude de maux qui excitent les doléances des peuples.
Cette réllexion suffit pour avertir la Nation de se précau-
tionner par la suite contre les dangers évidents d'une pareille
interruption.
La vérité, l'honneur, l'amour de l'ordre et du bien public,
qui lorment le caractère de notre vertueux Monarque, ne lui
ont pas permis de se dissimuler que la Nation seule, légitime-
CAHIER DE PITHIVIERS. 635
ment assemblée et suffisamment représentée, avait le droit de
revivifier les lois de sa constitution et de son administration.
Prévenons le retour de nos malheurs et peut-être notre
ruine en fixant la tenue périodique et libre des États géné-
raux, et déterminant pour toujours les formes de cette convo-
cation et tenue.
Arrêtons que, dans des circonstances où des rois moins
vertueux que Louis XVI éluderaient cette convocation, elle
aurait lieu de droit et aux époques fixées.
Arrêtons encore à tous les individus de la Nation une repré-
sentation légitime et suffisante, en déterminant irrévocable-
ment que les députés du Tiers état soient en nombre égal à
ceux des deux ordres réunis ; qu'aucune délibération générale
ou particulière ne fera loi si elle n'a été prise en commun, et
en recueillant les voix par tête et non par ordre.
Il ne peut exister d'Etats généraux légitimes que par ces
formes ou autres absolument équivalentes, s'il y en a ; ce sera
donc le premier point sur lequel l'Assemblée nationale doit
statuer, et nos députés seront obligés de le solliciter, et
s'ils ne pouvaient parvenir à l'obtenir, de protester et se
retirer.
On pourrait déterminer le laps de temps d'une tenue d'États
généraux à l'autre à dix années.
Et cependant, attendu la régénération que doivent produire
les États de 1789, il paraîtrait nécessaire qu'ils se réunissent
en 179'2, pour s'assurer de l'exécution de tous les plans et
changements qu'ils auraient prescrits et de leurs eflets, puis
en 1800, et par la suite tous les dix ans, d'après les formes
irrévocablement arrêtées.
Au retour périodique et assuré des États généraux, nous
joignons la demande d'une création prochaine d'États particu-
liers dans les provinces. Le Dauphiné en olTre le modèle, sauf
les changements indiqués par la diiïérence des lieux. Les États
provinciaux de l'Orléanais doivent comprendre les sept dépar-
636 BAILLIAGE D ORLÉANS.
tements qui forment l'administration provinciale actuelle (1) ;
le département de Glamecy ne doit point en être séparé; c'est
le vœu de cette ville, de sa Noblesse, de son Bureau inter-
médiaire; c'est celui de toute la province.
Les États généraux sont suppliés d'examiner s'il n'est pas
anticonstitutionnel de diviser ce royaume par les concessions
multipliées d'apanages. La Nation doit sans doute un traite-
ment convenable à ceux qui sont nés et élevés sur les degrés
du trône qu'elle a donné librement ; mais l'aliénation du do-
maine en laveur des princes sous la forme d'apanages parait
également opposée aux principes de la constitution française
et d'une bonne administration. Les apanages introduisent
une multitude de conseils, d'agents, de fiscalités onéreuses
aux peuples. Des revenus pécuniaires, relatifs aux degrés de
proximité du trône, acquitteraient la Nation de ce qu'elle doit
au sang de ses maîtres, donneraient aux princes la faculté
de tenir leur rang, et leurs économies les mettraient à portée
de devenir aussi grands propriétaires qu'il peut convenir.
La liberté individuelle est une des lois fondamentales de la
nature et de la constitution d'un peuple libre. La vie, l'hon-
neur et la fortune des citoyens étant sous la sauvegarde de
la loi et du pouvoir exécutif à qui elle les confie, l'autorité
seule n'en peut donc disposer; l'usage des lettres de cachet
est donc anticonstitutionnel et doit être absolument abrogé.
Personne ne doit être arrêté et incarcéré sans ordonnance du
juge; il doit être interrogé promptement; tout prisonnier doit
être traité avec les égards dus à la dignité d'homme : on peut
s'assurer des plus grands scélérats sans manquer à l'huma-
nité.
Les lettres missives qui contiennent le secret des familles et
les affaires de tout genre, qui sont l'épanchement de l'amitié
et de la confiance, ne doivent jamais être ouvertes ; en rompre
(1) Lors de la formation des Ass('inl>l(''cs provinciales, les élections de la pcnéralilé d'Orléans
furent groupées et réparties en dt'paitomciits administrés par les Assemblées et Bureaux inter-
médiaires. On eut ainsi les départements d'Orléans et Beaugency, Montargis et Pitliiviers,
Chàleaudun et Vendôme, etc.
CAHIER DE PITHIVIERS. 637
le cachet, c'est un attentat à la liberté, c'est un acte de despo-
tisme contre lequel les États généraux doivent réclamer.
Tout ouvrage publié par l'impression est abandonné à la
censure et même à la vindicte publique, s'il contient des
principes anticonstitutionnels, immoraux ou antichrétiens.
Que les gardiens des lois, des mœurs et de la religion le
poursuivent, le llétrissent, le condamnent s'il y a lieu ! Tout
homme qui s'érige en maître de ses compatriotes doit
répondre de ses principes et de l'usage qu'il fait de la liberté
d'imprimer, qui ne doit avoir d'autres bornes que celles de la
justice et de la loi.
Ces principes fondamentaux de la liberté nationale, posés
par les États généraux, reconims et avoués par le chef de la
Nation qui les trouvera gravés dans son cœur, n'en doutons
pas, nos représentants descendront dans le détail de l'admi-
nistration.
Administration.
Deux espèces de lois gouvernent les Français : les lois cons-
titutionnelles, faites et consenties par la Nation; les lois
royales ou d'administration, qui ne doivent être (jue l'applica-
tion et l'exercice des premières.
Les lois constitutionnelles ne peuvent être changées ni
détruites que par la Nation assemblée; les lois royales, faites
pour les temps et les circonstances, susceptibles de prendre la
teinte des passions et des préjugés particuliers, ont besoin
d'être rapprochées, comparées, du code de la nature, de celui
de la Nation, qui, tous deux, comprennent les droits et
devoirs respectifs de l'homme et du citoyen, du Roi et du
sujet.
Nous demandons que toutes les lois émanées de l'adminis-
tration royale, ayant pour objet la vie, l'honneur, la liberté,
les propriétés des- citoyens, soient examinées et vériiiées par
ceux à qui la Nation confiera le dépôt de ces lois fondamen-
638 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
taies pendant l'intervalle de ces assemblées, avant de pouvoir
obtenir force coactive.
C'est à la sagesse des États généraux à remettre cette sanc-
tion en des mains sûres et fidèles. Ce frein est nécessaire à la
cour des rois, où l'histoire nous montre le mal qu'a produit
la versabilité de l'esprit ministériel, ses erreurs et ses
passions.
Sans doute, les vertus de Sa Majesté régnante et d'un
ministre rappelé par l'opinion publique au timon des affaires
ne laissent point d'inquiétude à la génération présente ; mais
les vertus ne sont pas héréditaires dans les cours.
Le but de toute société politique est sa permanence et son
bonheur. Pour y parvenii-, il lui faut un esprit national et des
moyens capables de soutenir ses entreprises intérieures et
extérieures.
Le Roi, chargé du pouvoir exécutif et de l'administration
sur des principe fixés avec lui dans l'assemblée nationale, doit
veiller sur tout ce qui peut conserver l'esprit national, faire le
bonheur public et celui de chacun de ses sujets, intéresser
l'honneur et la gloire du nom français. Telles sont aussi les
intentions connues de Sa Majesté régnante; mais c'est à la
Nation à lui en fournir les moyens ; elle l'a fait en consentant
à ce que, pour toutes les dépenses nécessaires, utiles ou glo-
rieuses, il soit levé des sommes suffisantes, afin que l'adminis-
tnition termine avantageusement ses entreprises de tout
genre.
Impôts.
C'est Vorigine <les impôts [d'être] destinés au maintien de
l'ordre, d'où naît la liberté des pc^rsonnes, la garantie dos pro-
priétés, de la vie ot de l'honneur d(^s hommes; ils doivent être
aussi relatifs au degré de protection «pie chaque individu
reçoit du gouvernement pour sa personne, l'étendue de ses
propriétés, facultés et revenus.
CAHIER DE PITHIVIERS. 639
L'emploi, la répartition et la concession des impôts est
incontestablement du ressort de la Nation assemblée.
La dilapidation des deniers de l'Etat étant venue au point
qu'il ne reste plus de ressources à une administration viciée
depuis longtemps, les États généraux sont la seule puissance
qui, de concert avec le chef de la Nation, puisse reprendre
en sous-œuvre toute la législation bursale.
Le premier pas est la connaissance très distincte que doivent
acquérir les États généraux du véritable déficit des finances
et de la dilïérence entre la recette et la dépense.
Ces recherches apprendront aussi les causes de la progres-
sion de la dette de l'État et donneront lieu d'entrevoir
des précautions à prendre pour qu'elle ne puisse se reproduire
par la suite.
Le Tiers état soussigné indique les suivantes :
Que les fonds destinés à l'acquittement de la dette publique
soient assignés sur telle ou telle partie de recette et n'en
puissent être détournés, sous quelque prétexte que ce soit,
pendant sa durée ;
Qu'il en soit de même des fonds de chaque département,
dont la dépense sera modérée, calculée et arrêtée aux États
généraux ;
Que chaque ministre soit responsable des fonds de son
département ;
Que tous les ans, dans le courant de janvier, les comptes
de l'année précédente soient publiés et rendus de la manière
la moins compliquée ;
Que ces comptes soient envoyés aux États provinciaux,
pour y être vérifiés et certifiés de leur exactitude ;
Que les pensions, dons, gratifications, traitements de toute
nature, soient réduits; que, par la suite, les grâces pécu-
niaires ne puissent s'obtenir que sur le vu des États provin-
ciaux ou Commissions intermédiaires ; ce moyen étant le seul
640 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
capable d'empêcher les rois et les ministres d'être trompés
sur les talents, les mérites et les besoins des solliciteurs ;
Que le Roi soit supplié de réduire et de fixer avec les États
généraux la dépense de sa maison à ce qui convient à
la majesté du trône et à l'agrément de sa vie domestique ;
de supprimer toutes les dépenses d'un faste inutile, profitables
seulement à ceux qui les ordonnent; enfin, que les dépenses
de la Cour ne se fassent jamais à crédit, parce que c'est le
moyen d'être toujours chèrement et souvent mal servi.
La dette de l'État connue, les représentants de la Nation
doivent approfondir les forces du royaume, examiner si une
répartition juste et proportionnelle sur la généralité des
citoyens suffirait à l'acquittement des dettes et des dépenses,
ou si de nouveaux sacrifices doivent être ajoutés aux anciens
qui pèsent déjà si fortement sur les peuples, c'est-à-dire sur
tout le Tiers état.
Mais il sera passé comme loi constitutive, fondamentale,
imprescriptible, qu'il ne soit levé aucune taxe au delà de celles
arrêtées et consenties par les États généraux ; qu'aucun emprunt,
extension, prorogation d'impôt, enfin aucune contribution, sous
quelque dénomination que ce soit, ne pourra avoir lieu que
de la manière et dans les circonstances prévues par les États
généraux, et pour le temps qu'ils auront limité ;
Qu'aucune loi bursale, interprétative ou d'administration ne
puisse être promulguée dans l'intervalle d'une tenue d'États
généraux à la suivante, que d'après l'acceptation des États
provinciaux consentant à l'enregistrement dans les cours de
justice ;
Que la taille et les vingtièmes, impositions directes qui
alfectentles propriétaires réels, soient également et proportion-
nellement répartis sur toutes les propriétés sans distinction
d'ordres et propriétaires, de la même manière et suivant
la même forme;
Que la capitation soit répartie en raison des facultés
CAHIER DE PITHIVIERS. 641
et revenus des capitables, et proportionnellement et sans
exception.
De la prestation de la corvée.
Que la prestation de la corvée réduite dans son allivrement
soit supportée proportionnellement par les propriétés sans
distinction; qu'elle soit étendue à toutes les manières d'user
des chemins construits des deniers publics, en exceptant toute-
fois ceux qui ne les parcourent qu'à pied ou à cheval.
La prestation représentative de la corvée porte uniquement
sur le Tiers état à la réserve de la dernière classe, à qui sans
doute on a fait justice en allégeant cet impôt pour elle ; mais
le poids en retombe sur le cultivateur, le laboureur, le mar-
chand, le bourgeois, tandis que le clergé, la noblesse, la finance,
la multitude de ceux qui voyagent par intérêt ou par plaisir
parcourent sans la payer les cliemins construits aux dépens
des taillables.
De la gabelle.
Nous demandons que la désastreuse gabelle, déjà jugée par
le meilleur des rois, soit ramenée à des formes qui en fassent
disparaître tout l'odieux et le fardeau.
Si les besoins de l'État ne permettent pas sa suppression
totale, il n'est pas du moins impossible de la rendre plus
supportable sans perte pour le ti'ésor royal ; mais il est absolu-
ment nécessaire de la purger de toutes les horreurs qu'elle
cause, en dévouant à la ruine, à l'ignominie et à la mort des
milliers de sujets et en armant contre eux une partie des citoyens
qui, du moment où ils sont suppôts de la Ferme, sont les enne-
mis de tous.
Du contrôle.
Le contrôle, dont le code inextricable est abandonné au génie
extensif de ses agents, exige Fanimadversion des États géné-
raux. Les contractants sont environnés de difficultés qu'ils
ne peuvent prévoir; ils n'ont d'autres juges que des commis-
T. I. 41
642 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
saires qui prononcent sur l'avis des employés, d'autres lois
qu'une foule d'arrêts du Conseil inconnus pour la plupart
et donnés à la rapacité de la Fernae.
Si le délabrement des fmances ne permet pas de renoncer
en entier à l'accroissement que le génie fiscal a donné à cet
impôt, il est nécessaire et de toute justice, et nous le deman-
dons, qu'il soit réduit à des règles simples, non extensibles
à l'avidité des agents du contrôle.
L'origine, respectable assurément, du contrôle était d'assurer
la date et la teneur des contrats. Il doit en être rapproché le
plus qu'il sera possible; toutes recherches trop rétroactives
doivent [être] interdites; la prescription doit s'acquérir par
trois ans.
Des aides.
La multiphcité des droits connus et inconnus, mais qui se
paient cependant et rigoureusement, sous le nom d'aides,
traites, douanes, droits de boucherie, droits réservés, marque
des cuirs, fers, or, argent, etc., sont une branche considérable
du revenu du trésor royal. Ils sont aussi la cause d'une déper-
dition pécuniaire très forte et très onéreuse au peuple, et en
pure perte pour le trésor royal. Ils nuisent, de pluSj à la
culture, au conunerce, et, comme toutes les fiscalités, ils tien-
nent en état de guerre une partie de la nation contre l'autre.
Il n'est aucun individu, aucune profession qui soit à l'abri des
commis.
Les droits de gros, vente, revente, pays rédimé, pays non
rédimé, entrée, etc., grèvent les propriétés de contributions et
les propriétaires de formahtés (jui donnent ouverture à mille
vexations.
Les ti-aites, douanes, gênent, embarrassent et font languir le
commerce.
Les droits aux boucheries forcent, par un exercice répété et
incommode, à des abonnements ruineux qui élèvent très haut
le prix de la viande.
CAHIER DE PITHIVIERS. 643
Les droits réservés sont exercés avec dureté, sans justice,
sans égard pour les temps, les lieux et les intérêts de la culture
et de la récolte.
Le tabac, devenu par l'adresse des premiers traitants, spécu-
lateurs en cette partie, une denrée nécessaire, est fourni par
la Ferme infidèlement, chèrement, et occasionne aussi de
grandes vexations.
Enfm, à peine jouit-on d'un objet de nécessité, d'utilité ou
d'agrément, qu'on voit un commis qui prépare une friponnerie.
L'homme sans défense, plus souvent en faute involontaire
qu'en fraude, est efïrayé et croit déjà voir le bruyant et inso-
lent commis maître du peu qu'il a, et transige avec lui : il
abandonne le fruit de ses épargnes, de son industrie, de ses
sueurs, pour éviter des procès dont la plupart sont attribués à
des commissaires du conseil, qui jugent sur les avis intéressés
des suppôts de la Ferme.
Le procès-verbal d'un homme de 20 ans, qui n'est maître ni
de sa personne ni de ses biens, peut ruiner ou faire périr un
honnête citoyen.
Toutes ces horreurs peuvent et doivent être anéanties.
La plupart de ces droits peuvent être remplacés.
La terre cultivée en vigne ofire d'elle-même le remplace-
ment des droits levés sur le vin.
C'est à la sagesse de nos représentants chargés de nos
plaintes et doléances, à combiner avec le Roi les moyens de
délivrer son peuple de toutes les inventions de la fiscalité, soit
en substituant aux contributions actuelles de nouveaux impôts
purgés de tout arbitraire, soit en les réduisant à des règles
justes, invariables, communes à tous, à la portée de tous, soit
en abolissant tout ce qui nuit à la liberté, qui ne favorise point
la reproduction, les consommations, l'agriculture, l'industrie
et le commerce.
644 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Des francs- fief s.
Quand on sait que le franc-fief est le revenu de l'année,
plus un excédent de moitié pour les 10 sols pour livre du
principal, qu'il peut s'exiger à la rigueur et qui l'est en elTet,
quand le crédit, l'humanité ou la justice n'ont point de pou-
voir sur l'esprit des exacteurs, on serait tenté de croire que
les hommes de tel pays sont condamnés à mourir de faim, et
les terres à rester incultes. Mais les États généraux penseront
sans doute que la terre, fief ou non fief, est la mère nourrice
de tous les hommes; que cette distinction de lief, la plus
chimérique de toutes celles auxquelles les hommes mettent
tant d'importance, ne transmet pas au possesseur de cette
terre la faculté de se passer de nourriture et des besoins de
la vie, lui et sa famille, pendant dix-lmit mois tous les vingt
ans.
Les États généraux penseront encore que, s'il est utile
d'étendre aux terres les prérogatives de prééminence et d'hon-
neur qu'il est nécessaire de conserver dans les rangs et les
conditions parmi les hommes, les charges pécuniaires ne peu-
vent différer entre elles par la différence de la qualité de leurs
possesseurs.
Le franc-fiel n'a jamais été consenti, et son injustice évi-
dente ne permettra jamais qu'il le soit. Nous en demandons
l'abolition.
[En marge:] Addition importante.
Enfin, lorsque, après un mùr examen de la dette de l'État,
des forces et des ressources du royaume, par une répartition
juste, proportionnelle, sans exception ni distinction, les États
généraux auront détruit, changé ou réformé les impôts directs
ou indirects actuels, ou auront constitué de nouveaux sacrifices
nécessaires, nous demandons que la perception de toutes les
conti'ibiitions, quelles qu'elles soient, soit faite avec humanité
et économie ; que les trésoreries, les recettes et les employés
CAHIER DE PITHIYIERS. 645
ne soient pas multipliés au delà de ce qui est nécessaire; que
l'on tarisse enfin les sources des gains illicites, des vols faits à
rÉtat et aux citoyens, et des fortunes scandaleuses.
La justice distributive.
La distribution de la justice est une des plus importantes
fonctions de la royauté; une Nation ne peut l'exercer par
elle-même : son chef est le souverain justicier de tous les
citoyens.
Dans les premiers âges de la monarchie, nos rois rendaient
eux-mêmes la justice à leurs sujets. L'accroissement du
royaume, la multiplicité des affaires ont obligé d'instituer des
corps de magistrature chargés d'acquitter, au nom du Roi, son
devoir de rendre la justice.
Les coutumes, les usages ont été rédigés, le code volumi-
neux des lois s'est grossi, les détours de la chicane et de la
mauvaise foi l'ont embarrassé ou la fiscalité a trouvé des res-
sources pécuniaires, et la cupidité des moyens de fortune,
jusque dans l'administration de la justice.
Enfin, cette auguste fonction de la royauté est devenue, par
la méchanceté des hommes, l'occasion des plus grands brigan-
dages.
Depuis longtemps, la France sollicite une réforme devenue
nécessaire dans cette partie de l'administration.
Il n'est pas de moment plus favorable que celui d'une assem-
blée nationale, suprême législatrice.
Nous demandons donc que les États généraux s'occupent
d'abord de la grande question sur la possibilité d'une seule
coutume, d'un seul poids, d'une seule mesure dans le
royaume.
Si la chose est jugée impraticable, il n'en doit pas être de
même de la réforme reconnue nécessaire dans l'administration
de kl justice. Nous demandons que les degrés de juridiction
soient réduits ;
646 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Que les justiciables soient rapprochés de leurs juges naturels
dans des arrondissements qui facilitent le transport des justi-
ciables et l'expédition des atïaires ;
Que la durée des procès soit fixée ;
Qu'il n'y [aitj qu'un ordre de juges sur toutes sortes de
matières ;
Que la procédure soit réformée et simplifiée ;
Que toutes sentences et arrêts soient motivés ; qu'en afïaires
criminelles tout accusé soit défendu ;
Que tout accusé soit traité avec humanité dans les prisons ;
qu'il puisse toujours avoir un conseil entre lui, ses accusateurs
et ses juges;
Que tout tribunal d'exception soit aboli, ce qui sera d'autant
plus aisé que les lois civiles, criminelles et bursales devenant
plus simples et plus justes, et les coutumes peut-être réduites
à une seule, la science s'acquerra plus facilement ;
Que les intendants des provinces n'aient aucun contentieux;
Que tous juges soient gradués et résidants au chef-lieu des
juridictions; de même du ministère public; que les fonctions
des uns et des autres soient inalliables à tous emplois des
finances, régie pour le Roi et les particuliers, etc. ;
Que les juges royaux soient multipliés; qu'il leur soit
fait des arrondissements et donné des attributions conve-
nables ;
Qu'il soit libre de s'adresser aux juges royaux en première
instance ;
Qu'en respectant la propriété des seigneurs, il soit ordonné
que, de tous les endroits peu considérables qui ne peuvent
olfrir de résidence aux officiers supérieurs et subalternes de
la justice, l'exercice de la juridiction soit transféré à la ville la
plus prochaine ;
Que les acquisitions, dont les contrats sont mis au greffe
des hypothèques, soient publiées et affichées au domicile du
CAHIER DE PITHIVIERS. 647
vendeur, et non pas seulement au lieu de leur situation [une
autre main a ajouté :] mais bien à la justice subalterne ;
Que le notariat soit séparé de la postulation ; que le nombre
des notaires de campagne soit réduit; ({u'on ne puisse être
notaire de seigneur sans avoir passé dix ans dans une étude
et être approuvé par le juge royal ;
Enfin qu'il soit fait un nouveau tarif modéré des frais,
salaires des juges, procureurs, greffiers, huissiers, des droits
du sceau, de ceux des notaires aux scellés, inventaires,
ventes, etc., des droits de contrôle et sceau des sentences et
arrêts, etc.
Demandes particulières de la ville de Pithiviers.
La ville de Pithiviers sollicite depuis longtemps la création
d'un siège royal et la translation de celui d'Yèvre-le-Chàtel
dans ses murs.
Elle fut sur le point de l'obtenir, il y a plus de cent ans ;
elle renouvelle aujourd'hui ses sollicitations à cet égard.
Elle présente à l'appui de cette demande le vœu général de
tous les ordres des citoyens, celui des bourgs et villages qui
l'environnent, consignés dans les délibérations et mémoires
qu'elle a adressés l'année dernière au conseil et aux ministres
du Roi.
Ce vœu est fondé :
lo Sur la situation locale de Pithiviers, qui se trouve le
centre et le rendez-vous nécessaires dans un arrondissement
de 8 à 9 lieues de circonférence, dont la superficie contient
environ cent villages, qui tous ou presque tous, pour le dépar-
tement provincial, pour les impôts, pour le commerce et
pour toutes les autres relations sociales, n'ont affaire qu'à
Pithiviers ;
2o Sur l'insuffisance du bourg ruiné d'Yèvre-le-Châtel pour
la résidence des officiers de la justice ;
648 BAII^LIAGE D'ORLÉANS.
3o Sur la résidence effective de tous ces officiers dans la
ville de Pithiviers;
¥ Sur la difficulté du transport de ces officiers au siège de
la juridiction, ce qui courvoie également les juges, les officiers
et les plaideurs, ralentit l'administration de la justice et la
rend plus dispendieuse.
La demande d'une justice royale secondaire à Pithiviers est
fondée :
1o Sur l'importance non exagérée de cette ville par elle-
même et par sa situation;
2o Sur la facilité et la possibilité d'un arrangement avec le
seigneur, sans perte pécuniaire pour lui, par l'abandon de sa
justice qu'il a déjà démembrée ;
30 Sur la possibilité reconnue de composer à Pithiviers un
tribunal suffisant et qui mérite la confiance du public qui le
désire ;
40 Sur la nécessité de donner à Pithiviers, comme partout
où la chose sera possible, des juges hors de l'atteinte des sei-
gneurs et de leurs gens d'alïaires.
Sans abandonner la poursuite et l'examen des grands inté-
rêts communs avec tout le royaume, nos députés aux États
généraux formeront cette demande particulière avec tout le
zèle que nous ne doutons point qu'ils n'apportent à tout le
reste. Cet article est important pour la ville, les bourgs et les
villages qui l'environnent.
De la police générale.
L'éducation publique, un des plus puissants ressorts du
gouvernement, destinée à former des hommes et des citoyens,
est sous la main du pouvoir exécutif.
Le Roi sera donc supplié d'apporter toute la vigilance
de ses soins et de son amour pour l'ordre et pour ses
sujets :
CAHIER DE PITHIVIERS. 649
1° A la réforme des collèges, où l'on suit aveuglément et
opiniâtrement des routines anciennes d'enseignement, désap-
prouvées par les bons esprits ;
2o A la réforme des séminaires, où il est important de faire
revivre les bonnes études et la solide piété ;
3o A la réforme des écoles de droit, où la facilité de prendre
des degrés en les payant donne des juges ineptes et des défen-
seurs ignorants.
L'usage a consacré dans nos moaurs le droit de chasse
comme une propriété et un droit honorifique.
La nature le restreint dans des bornes légitimes, souvent
outrées des seigneurs, et, plus encore, de leurs agents, qui
n'exigent pas avec moins de rigueur les droits pécuniaires
assignés sur des terres dévastées par le gibier.
Il paraîtrait juste qu'une loi nouvelle, sans anéantir cette
espèce de propriété, reste de la barbarie féodale, vînt au secours
de rhuinanité. Les municipalités et les particuliers, qui ne
doivent jamais se faire justice à eux-mêmes, devraient être
autorisés à porter leurs plaintes sur l'excès du gibier ou les
vexations relatives à la chasse devant des juges royaux qui
seraient obligés de juger promptement, gratuitement sur
preuves justificatives et conclusions du ministère public.
Les gardes-chasse seraient obligés de produire des témoins ;
désarmement de qui que ce soit interdit à eux et à la maré-
chaussée, si ce n'est sur Fordonnance du juge motivée et avec
conclusions du ministère public.
Distribution des bénéfices.
Le Tiers état de la ville de Pithiviers a juste sujet de former
des remontrances et doléances sur la distribution des bénéfices.
Ils sont accumulés sur la même tête, sans égard pour la science,
la vertu, les services, sans avantage, sans honneur pour l'Église.
Destinés à être le patrimoine des pauvres, après avoir fourni
650 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
à la subsistance légitime des ministres des autels, ils sont
prodigués à une foule d'individus qui n'ont d'autre vocation
à l'état ecclésiastique que l'ambition de devenir grands
et riches, tandis que le second ordre, utile et respectable par
ses lumières, ses vertus et ses services, vit difficilement,
en remplissant ses devoirs, et acquittant, en partie, ceux des
bénéficiers du premier ordre.
Nous demandons qu'à l'avenir les bénéfices soient distribués
suivant les services et le mérite, sans distinction, tous les prêtres
étant égaux, et conformément aux canons de l'Église.
Nous demandons la suppression du casuel forcé, humiliant
pour le ministre, onéreux à une grande partie du peuple ;
du déport ecclésiastique qui réduit un curé chargé de l'adminis-
tration d'une paroisse, des fonctions du ministère, du soulage-
ment de ses pauvres, à une modique pension alimentaire,
tandis qu'un gros bénéficier regorge du surplus souvent mal
employé.
Nous demandons une dotation convenable pour tous les
pasteurs du second ordre ;
Des retraites honnêtes et suffisantes pour les curés, vicaires
et prêtres âgés et infirmes, après de longs et pénibles services ;
La réunion des cures médiocres par leur revenu, leur
étendue, leur population, à d'autres de même nature et voisines.
Les États généraux observeront que les revenus immenses,
dont le haut clergé jouit seul, peut en lournir à ces constitu-
tions.
Rien n'est plus contraire au bien de l'Ktat et à l'agriculture
que les baux des biens ecclésiastiques qui cessent à la mutation
ou mort des titulaires des bénéfices, que les fermes générales
données à des gens d'affaires qui ruinent le cultivateur
et le pays.
Le Clergé, qui n'est qu'usufruitier partout, no doit point
avoir d'autres lois à cet égard que celles (jui régissent
la Nation et les pères de lamille.
CAHIER DE PITHIVIERS. 651
Du commerce.
Le commerce ne fleurit (]ua l'ombre de la liberté; il languit
en France sous les lois prohibitives, les douanes, les maîtrises
et les droits multipliés.
Les États généraux ne peuvent trop approfondir les moyens
de ranimer le commerce en France par la suppression de toutes
les entraves, et en lui assignant la considération qui lui est
due.
Sans gêner la liberté des individus de se porter, suivant leurs
goûts, facultés ou talents, vers les professions mercantiles
et de l'industrie, il est cependant quelques précautions à prendre,
par exemple, contre le colportage.
Cette espèce de profession, outre qu'elle recèle souvent des
contrebandiers, faux-sauniers, des gens sans aveu, sans fonds,
sans domicile, des voleurs et des malfaiteurs, nuit réellement
au commerce. Les commerçants et marchands forment à grands
frais des magasins, élèvent des maisons de commerce, paient
de grosses contributions et se voient enlever leur débit par
la concurrence des colporteurs, qui, n'ayant rien à payer,
n'acquittant aucune des charges de la société, [n'ayant] point
de maison à tenir, peuvent mettre leurs marchandises même
au-dessous du prix du commerçant.
Ces mêmes colporteurs, commissionnaires souvent infidèles,
causent quelquefois la ruine de ceux qui prennent confiance
en eux; n'ayant ni domicile, ni propriété, la fuite les dérobe
à la justice.
Ils sont aussi, parfois, les instruments d'un vil espionnage.
Nous demandons que, sans cesser de favoriser toutes les
classes des citoyens, les États généraux et le Roi restreignent
le colportage dans de justes bornes, qui ne nuisent ni au com-
merce, ni à la bonne foi, ni aux bonnes mœurs.
652 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Du service militaire.
Nous supplions les États généraux et le Roi de prendre
en bonne part et d écouter favorablement les plaintes et doléances
du Tiers état soussigné sur quelques lois ministérielles relatives
à l'état militaire.
Les Francs étaient originairement tous militaires et guerriers;
c'est encore l'esprit général de la Nation.
Le Franc, homme libre, par cette seule qualité, était militaire ;
étant militaire, il était noble.
Les concessions foncières qu'il obtenait, appelées alors béné-
fices et depuis fiefs, étaient à la charge du service militaire;
elles donnaient aussi la noblesse, de sorte qu'être guerrier
ou possesseur d'un lief, c'était être noble.
Voilà les premières sources de l'institution positive de la
noblesse en France ; car la noblesse n'est nulle part un état de
par' Dieu, ni de la nature.
Les révolutions physiques ou morales, qui ont tout changé,
ont aussi contraint de porter de nouvelles lois à cet égard.
Les rois ont retenu avec justice et raison le droit de conférer
la noblesse ; elle n'a plus été attachée ni au service militaire,
ni à la possession des fiefs.
L'état militaire, cependant, a été alïecté principalement,
mais non exclusivement à la noblesse. Des nobles et des
citoyens du Tiers état ont rempli concurremment les difiérenls
postes d'officiers dans les troupes réglées; de simples soldats
se sont élevés par leur mérite et leurs services aux premiers
rangs. L'art de la guerre s'est perfectionné ; des ouvrages
célèbres, des capitaines fameux, nés dans le Tiers état, ont
acquis au peuple français le titre du plus savant sur le fait des
armes. L'opinion publique les a placés sur la même ligne (]ue
les princes et les généraux.
Le gouveriirment a senti <|ii<' rilliistratiou et la noblesse
provenant des armes était la preniiêiv (jui convint au génie de
la nation.
CAHIER DE PITHIVIERS. 653
Sous Louis XV, ont paru la création d'une noblesse mili-
taire et celle d'une école militaire, établissements faits pour
assurer le préjui^é utile qui jusqu'à présent à placé au premier
rang l'état militaire, pour en conserver le goût dans la nation
et y faire naître l'émulation par la concurrence de la Noblesse
avec le Tiers état, classe la plus nombreuse, la plus instruite,
la plus puissante et le véritable nerf de la Nation, en guerre
comme en paix.
De nouvelles lois viennent contredire la sagesse des anciennes
et répandre l'humiliation sur le Tiers état, qui, à tant de titres,
a si bien mérité de la Nation. L'entrée du service, comme
officier, est fermée à sa jeunesse, et le soldat qui, au milieu
de la licence des camps et des garnisons, a conservé sa vertu
et montré des talents, n'a plus d'avancement à prétendre au
delà de la commission de capitaine et de la croix de Saint-
Louis.
Nous supplions Sa Majesté de supprimer les distinctions
humiliantes pour le Tiers état, d'entretenir l'émulation dans
tous les ordres des citoyens, en admettant aux emplois du
service de l'Église et de la magistrature tous ceux du Tiers
état qui se présentent avec le goût, l'aptitude, l'éducation et la
fortune convenables.
L'égalité absolue des conditions est une chimère; la nature
même y répugne par la distribution inégale qu'elle fait des
forces du corps et de l'esprit, première source et bien ancienne
de l'inégalité parmi les hommes. Mais les relations sociales,
l'éducation, les talents et les vertus rapprochent des premiers
rangs ceux qui paraissaient jetés par le hasard le plus loin
dans la foule.
De la milice.
La milice n'est point un impôt, mais elle est l'occasion d'une
contribution rigoureusement perçue et très onéreuse à la
«lasse la plus indigente. Elle est surtout sensible dans ce
moment.
654 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Les précautions les plus sévères n'ont pu, jusqu'à présent,
arrêter cette taxe pécuniaire qui n'est d'aucune utilité pour la
Nation ni pour le trésor royal, qui fait le désespoir des pères
de famille, des veuves et des vieillards qui ont besoin des bras
de leurs enfants.
C'est au milieu des États généraux tenus au xviiie siècle,
éclairés par Fexpérience du passé et les lumières du présent,
que la constitution civile et militaire doit être fortement pro-
noncée, et non pas abandonnée à cette multitude de lois et
d'ordonnances éphémères et qui se contredisent, ouvrages de
ministres sans vue et sans amour du bien public.
C'est à la Nation à donner à la milice française une exis-
tence et une régénération analogues à l'esprit national et
sans les inconvénients attachés à l'institution actuelle.
Conclusion.
Enfm, appelés par notre souverain, par notre père, à mettre
sous ses yeux nos méditations sur les moyens de régénérer et
restaurer la monarchie française, notre patrie, nous supplions
Sa Majesté, nous recommandons à nos représentants d'aviser
avec Elle au renouvellement des bonnes mœurs, à faire renaître
le respect dû à notre religion sainte et consolante que la
France a toujours professée et défendue, à consulter l'opinion
publique qui ne trompe jamais.
Dans les beaux jours de Rome, le tribunal de la censure fut
en vigueur et en honneur; les Romains, alors, furent un peuple
de rois.
Une institution pareille peut avoir lieu ciiez le peuple libre
et généreux des Français. Nous abandonnons cette idée à la
sagesse du Roi et des Etats généraux.
Telles sont les demandes, remontrances, plaintes et do-
léances que le Tiers état de la ville de Pithiviers a l'honneur
CAHIER DE BONDAROY. 655
de présenter au meilleur des rois et à l'auguste assemblée des
représentants de la Nation.
(Signatures de Perret; Vénard; Quinton; Dufresne; Proven-
chère l'aîné; Rabier ; Dufour ; Davoust; Doguet ; Dufresne,
conseiller; Clienard, procureur du Roi; Devault ou Deveaux (?),
receveur.)
BONDAROY.
Dép. Loiret. Arr. et C»". Pithiviers.
Gén. Orléans. EL Oren. Pithiviers. Dioc. Orléans,
JoussE. — Paroisse. 57 feux. Toutun. B. r. au Parlement. Assemblée
le dimanche après le 17 novembre. Br. de Pithiviers. A 1/4 de lieue
de Pithiviers et 10 d'Orléans. Sur la rivière d'Essonne. Sur un coteau.
1768. — 68 feux. De Fougeroux. Blé.
DÎME. _ Blé et grain, 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par arpent.
Vigne, 16 s. par arpent. Menues et vertes dimes, le 12«. Safran, 1 once
par arpent. .Jardins, 1 ou 2 sols. Troupeaux, 1 s. par bête. Droit de
déport.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,863 1., dont 1,330 pour le
principal et 1,353 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. - Assemblée électorale, le dimanche l^^" mars, au
lieu ordinaire des assemblées municipales, sous \si présidence àe Chénard
de Fréville et Quinton, notaires royaux à Pithiviers. — Population :
51 feux. — Comparants : Jean Pasquier, syndic ; Guillaume Hureau ;
Simon Glouzeau ; Louis Laureau l'aîné ; François Mathieu ; Biaise
Tavernier ; Pierre Foucher ; Pierre-Aignan Laureau ; Jean Billard ;
Jean-Simon Billard ; Mathurin Billard ; Charles Hureau ; Orégoire
Bruneau; Pierre Arrault; Sébastien Poirier; Pierre Molvault; Jean
Debast ; Pierre Ronceray ; Étienne-René Couture ; Jean-Baptiste Mon-
ceau ; Sébastien-Charles Bertheau ; Louis Charpentier. — Députés :
Pasquier; Guillaume Hureau.
Population en 1790. — 270 habitants.
656 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Cahier oii mémoire des plaintes, doléances et remontrances
que les habitants de la paroisse de Bondaroij prient
MM. les députés qui seront choisis en l'assemblée du Tiers
état qui sera tenue devant M. le lieutenant général d'Or-
léans, en exécution des ordres du Roi portés par ses lettres
données à Versailles le 24 janvier 1789 et de l'ordon-
nance de mondit sieur le lieutenant général, de présenter
à l'assemblée des États généraux qui doit être tenue inces-
samment à Versailles.
Lesdits habitants, usant de la liberté que Sa Majesté, toujours
attentive au bien de ses sujets, veut bien leur donner, croient
devoir représenter que le plus grand abus qui régne dans le
royaume et ce qui est plus à charge à l'État et au public et les
atteint le plus est qu'il y ait tant de receveurs, tant de direc-
teurs et commis répandus dans le royaume, tant pour la per-
ception des deniers royaux que pour veiller à la perception
d'iceux, et que c'est la source de tous les impôts multipliés sous
différentes dénominations.
Car il faut nécessairement imposer sur les sujets de Sa
Majesté les sommes considérables qui leur soient {sic) distri-
buées soit pour leurs commissions, soit pour leurs gages;
chaque impôt, s'il ne se trouve pas doublé, se trouve au moins
ti-iplé, à part (i) la gène [et] contrainte auxquelles les sujets de
Sa Majesté sont perpétuellement réduits, les vexations et les
procès à tout propos.
En l'écartant. Sa Majesté trouvera le moyen d'acquitter sûre-
ment et promptement les dettes de l'État et de remplir ses
vues bienfaisantes.
Lesdits habitants demandent donc, et ils croient bien que
c'est le vœu général de toute la Nation, (|ue tous fermiers,
receveurs, directeurs, ainsi que tous impôts généralement
quelconques et sous quelque dénomination, soient éteints et
(1) C'e3t-à-dire : sans compter.
.CAHIER DE BONDAROY. 057
supprimés, et qu'il soit établi un seul et unique ini[)(H ({ui
sera pris et perçu sur les propriétés de chaque particulier,
sans distinction, eu égard à sa valeur, et (^ue cet inipùt soit
déterminé à une somme fixée pour chaque paroisse, et la por-
tion dont chaque fermier sera tenu d'y contribuer aussi égale-
ment fixée.
2» Comme il est juste que chaque individu qui lait un com-
merce quelconque contribue aux charges de l'Etat, lesdits
habitants croient que, pour les y faire contribuer, il serait à
propos d'établir un second impôt sur les commerçants, qui
serait par eux payé indépendamment de rinqjùt qu'ils paieraient
pour les propriétés, relativement à chaque commerce divisé en
plusieurs et différentes classes.
Les deniers de ces deux impôts perçus par les mêmes
collecteurs.
[3o] Il est encore une chose importante sur laquelle le Sou-
verain est supplié de vouloir bien porter ses regards : c'est
l'administration de la justice. Lesdits Iiabitants désireraient, au
moyen de ce que les officiers de la justice qui sont établis
dans cette paroisse ne résident pas sur les lieux, dans le cas
où il plairait à Sa Majesté de les conserver, que l'exercice s'en
fît en la ville la plus prochaine. Ces habitants demandent que
la procédure soit simplifiée : ce serait un moyen de faire
rendre une justice plus prompte, plus exacte et moins dispen-
dieuse.
[4o] Les habitants demanderaient encore un nouveau tarif
des droits de contrôle et insinuation, non sujet à aucune inter-
prétation ni extension; que les droits en soient modifiés, sur-
tout pour les contrats de mariage.
Fait et arrêté |.ar nous, habitants de la paroisse de lîonda-
roy, le l^^''" mars 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de Charpentier; Louis Lau-
reau; Jean Billard, etc.)
658 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Le cahier de Marsainvilliers est une copie de celui de Bondaroy, les
deux paroisses ayant d'ailleurs eu le même président. Mais il y a d'assez
sensibles différences de rédaction ; en outre, trois articles qui ne figurent
pas dans le cahier de Bondaroy ont été ajoutés à celui de Marsainvilliers,
dont nous croyons devoir, pour ces diverses raisons, donner le texte eu
entier.
MARSAINVILLIERS.
Dép. Loiret. Arr. Co>^. Pithiviers.
Gén. Orléans. EL Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
■ JoussE. — 58 feux. L'évèque d'Orléans. Justice de Pithiviers. Assemblée
le 29 juin. Br. de Pithiviers. A 1 lieue de Pithiviers, 10 de Montargis
et 10 d'Orléans. Plaine.
17(38. — 50 feux. L'évèque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Blé, 3 gerbes de 4 pieds 2 pouces par arpent. Menus grains,
2 gerbes. Vin, 5 pintes par poinçon, mesure de Pithiviers. Troupeaux,
1 s. 3 d. par tète.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,824 1., dont 3,600 pour le
principal et 4.224 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verual. — Assemblée électorale le dimanche 1'"' mars, au
lieu ordinaire des réunions de l'assemblée municipale, sous la présidence
de Ghénard de Fréville et Quinton, notaires royaux à Pithiviers. —
Populaiion : 58 feux. — Comparants : Jean Thouard, syndic de ladite
paroisse ; Antoine Déjouy ; Gantien Delafoy ; Honoré-Charles Poisson ;
Antoine Perrot ; François Joisneau ; Michel Arvaux ; René Bizouarne ;
André Monceau; Pierre Bouleux ; Louis Vaslier ; Gabriel Benoist;
Jean-Louis Doillet ; Jean Chaumette; Pierre Chauniette; Jacques-
Philii)pe Pommereau. — Déjnités : Charles Poisson; Michel Arvaux.
Population en 1790. — 240 habitants.
CAHIER DE MARSAINVILLIERS. 059
Mémoire des plaintes et remontrances que les habitants de
la paroisse de Marsainv illier s prient MM. les Députés qui
seront cJioisis du Tiers état à rassemblée qui doit se tenir
à Orléans devant M. le lieutenant général dudit lieu,
en exécution des ordres de Sa Majesté portés par ses lettres
données à Versailles le 24 janvier de la présente année
et de Vordonnance de mondit sieur lieutenant général,
de présenter à V assemblée des États généraux qui doit être
tenue incessamment à Versailles.
[lo] Lesdits habitants croient que le moyen de soulager
l'État et d'entrer dans les vues de Sa Majesté serait de suppri-
mer généralement tous receveurs des deniers royaux, directeurs
et tous commis, cette classe étant en quelque façon la source
des impôts multipliés qui se trouvent aujourd'hui, à part des
vexations et des procès faits et suscités continuellement
au sujet de l'État. Les sommes qui sont attribuées à cette
classe retourneraient au profit de Sa Majesté, et les dettes
de l'État seraient plus sûrement et plus promptement payées,
et le souverain plus à portée de soulager son peuple.
De là, on pourrait suppléer tous ces impôts par une imposi-
tion seule et unique qui serait prise et perçue sur les pro-
priétés de chaque sujet de l'État; il serait à désirer que
la somme pour laquelle chaque paroisse devrait contribuer
à cet impôt fût déterminée, et la part pour laquelle le fermier
devrait contribuer dans la sonrnie pour laquelle le propriétaire
serait imposé. Lesdits habitants demandent donc la suppression
de tous impôts présentement établis, sous quelque dénomi-
nation qu'ils puissent être.
[2»^] Gomme il est juste que tous sujets de l'État contribuent
à ses charges, lesdits habitants croient (pie le moyen de faire
contribuer ceux qui n'ont aucune propriété serait d'établir
un impôt quelconque sur chaque espèce de commerce et de
diviser chaque espèce de commerce en différentes classes.
[3'^] Il serait bien à souhaiter qu'il y eût une réforme dans
060 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
la justice ; le moyen serait de simplifier la forme de la procé-
dure, d'abréger les délais des procès et d'en diminuer les
frais.
[4o] Il serait encore bien nécessaire qu'il y eût un tarif
des droits [de] contrôle et insinuation immuable et non sujet à
aucune interprétation. Surtout, lesdits habitants demanderaient
que les droits de contrôle et insinuation des contrats de mariage
fussent modifiés et qu'il ne fût pas au choix de prendre tantôt
sur la part, tantôt sur la qualité.
[5o] Les mêmes habitants demanderaient qu'il fût établi dans
leur paroisse une assemblée municipale composée du syndic
et des marguilliers ou composée [de] telles autres personnes
pour veiller sur la police.
[60] N'y ayant point dans cette paroisse de bureau de charité,
malgré tous les efforts faits pour y en établir un, lesdits habi-
tants demanderaient qu'il fût permis aux pauvres de leur
paroisse, enfants et vieillards, d'y mendier à 1 lieue \hl
de leur clocher, tant qu'il n'y [en] aura point [d'établi] dans
les pai'oisses circonvoisines pas plus que dans cette paroisse.
La raison pour laquelle ils font cette demande est que les
pauvres circonvoisins viennent mendier dans la leur. Les per-
sonnes munies de bons certificats seraient seulement autorisées
et ne pourraient s'écarter au delà de la limite ci-dessus.
Il n'est pas possible que les habitants se chargent de faire
arrêter les mendiants ; ce serait les exposer à être plus souvent
attaqués, même exposés au feu.
[7o] Lesdits habitants demanderaient aussi que les colombiers
fussent détruits; il en résullcrail un avantage considérable
pour les cultivateurs.
Fait et arrêté par nous, habitants de ladite paroisse de Mar-
sainvilliers, au lieu où se tient ordinairement l'assemblée
municipale de ladite paroisse du 1'''" mars 1789.
(Suivent i4 signatures : celles de Cantien Delafoy ; Poisson;
A. Perrot, etc.)
CAHIER d'eNGENVILLE. 661
ENGENVILLE.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C'*'». Malesherbes.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. 87 feux. L'évêque d'Orléans. .Justice de Pithiviers.
Prévôté de Saint-Samson, r. d'Yèvi'e-le-Ghâtel. Assemblée le 9 octobre.
Br. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers, 11 de Montargis et 12 d'Or-
léans. Route de Pithiviers à Paris. Plaine.
1768. — 117 feux. L'évêque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Grains, 3 gerbes par arpent. Troupeaux, 1 s. par tète. Vin,
12 pintes par poinçon. Menue et verte dîme, le 18*^. Dîme du chapitr<î
de Saint-Georges de Pithiviers évaluée 300 1.
Taille de la paroisse en 1788. — 8,783 1., dont 4,230 pour le prin-
cipal et 4,553 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche i^'^ mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la présidc7ice de Ghenard et Mercier,
notaires royaux à Pithiviers. — Poinilation : 105 feux. — Compa-
rants : Éloi Guerton ; Jacques Rivet ; Gantien Guerton; .Jean Bréche-
mier; André Lepage ; .Jean Ghaumette; Louis Leblanc, manouvrier ;
Antoine Rousseau ; Charles Largaut ; Michel Solon ; Germain Boucher,
laboureur; Gabriel Rivet; Pierre Solon; .Jacques Rousseau; Etienne
Guerton ; Pierre-Louis Percheron ; Germain Hervé ; Etienne Guerton ;
Pierre Merlet; Joseph Rety; Jean Jolj; François Rouleau; Denis
Minier ; Louis Lesage ; Jean-François Durand ; Louis Rigault ; Joseph
Pichard ; François Hervé ; Jean Jamet ; Jean Quinot ; Etienne Gheval-
lier ; Glande Gauthier ; Jean Guerton ; François Cotteau ; Pierre Guer-
ton; Louis Fournier; Jean Beaumont; Etienne Hervé; Michel-Fran-
çois Rousseau; Barthélémy Guillemin; Etienne Boucher; Jean Gham-
bon ; Pierre Bizouerne; (kantien Beaumont; Antoine Lesage, syndic de
la municipalité, et Gharles .lamet. — Députés : Germain Boucher;
Louis Leblanc.
Population en 1790. — 503 habitants.
062 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Doléances des habitants de la paroisse
d' Engenville-en-Beauce.
1" Demander que les trois Ordres opinent ensemble et que
les voix soient comptées par tête;
2o Que les impositions soient payées par tous les individus
des trois Ordres sans distinction, et dans la proportion du
revenu de chacun, dans la même forme et sur le même rôle.
3o Sera suppliée humblement Sa Majesté de supprimer l'in-
dustrie et la capitation, deux impôts qui ne peuvent qu'être
arbitraires et qui empêchent l'industrie par la crainte d'être
surchargée.
4o Sera suppliée humblement Sa Majesté de supprimer les
gabelles, les contrôles, insinuations, centième denier, franc-
fief, aides, tous droits désastreux qui pèsent d'une manière
accablante sur les habitants des campagnes, que l'on induit
en erreur et qui sont punis le plus souvent pour une faute
que l'homme le plus instruit ignore, et dont les receveurs sont
juges et parties dans leurs propres causes, ce qui ne peut que
devenir très préjudiciable aux mallieureux cultivateurs.
5o Sera suppliée Sa Majesté de suspendre le tirage des
milices qui ôte les meilleurs ouvriers des campagnes ou qui
les force à faire de mauvais mariages pour les sauver du sort
ou de l'imposition volontaire, que chacpie garçon fait devient la
ruine des pauvres, et ({ui les chasse souvent des campagnes, ce
qui devient très préjudiciable à la culture.
6° Sera suppliée Sa Majesté de supprimer et cliangcn- la
perception des dîmes et champarts ([m gêne, in([uiète et
décourage le cultivateur, ((ui diminue les productions géné-
rales, appauvrissent les terres pour augmontiM' les productions
particulières, (pii (1) pourrait être convertie en rentes à gi-ains
en proportion de la fertilité des terres, ou même en rendant
(1; C'est-à-dire ; la dimc et le champarl.
CAHIER d'engenville. 0G3
le tiers des terres qui sont sujettes au fur du douzième ou
deux tiers au fur du sixième, ainsi de suite; par ce plan, les
possesseurs de ces revenus ne perdraient point de leurs droits,
et l'encouragement s'en suivrait, et la culture augmenterait en
proportion de la jouissance paisible des récoltes.
7» Sera suppliée Sa Majesté que ces substitutions ne soient
que du père aux enfants seulement pour un degré et (|ue la
publication soit renouvelée de cinq ans [en cinq ans] dans les
justices des biens substitués.
80 Sera suppliée Sa Majesté qu'il soit fait défenses à tous
mendiants (1) d'aller quêter liors la ville où est situé le cou-
vent.
90 Sera suppliée Sa Majesté de ne plus permettre aucune
lettre de cachet, qui doit répugner à sa bonté paternelle et aux
droits de citoyens ;
IQo Que MM. les évêques, abbés, commendataires et prieurs
soient tenus de résider chacun dans leurs évéché, abbaye,
prieuré; et le temps qu'ils passeront dehors, leur revenu sera
du temps ('2) appliqué à la décharge de la communauté où ils
doivent résider; le peuple aura, par ce moyen, un bon exemple
à suivre ou une décharge d'imposition.
llo Sera suppliée Sa Majesté que les baux des fermes soient à
l'avenir de douze ans au heu de neuf ans, (|ue tous les baux faits
par gens de mainmorte aient la même durée malgré l'aban-
donnement, la résignation et la mort du bénéficier, dont (3)
l'incertitude et le peu de durée et les pots de vin découragent
les fermiers et les forcent de surcharger les terres en les décou-
rageant.
12» Sera suppliée Sa Majesté d'ordonner que les colombiers
et volières de ceux qui sont édifiés (sic) malgré ses ordon-
nances soient rasés et qu'ils soient condamnés à une amende
(1) Il s'agit des religieux mendiants.
(2) C'est-à-dire : leur revenu pendant le temps qu'ils passeront dehors.
(3) Sous-entendre : baux dont l'incertitude...
064 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
de 300 livres au profit des pauvres, et cela sous la dénon-
ciation de deux habitants de la communauté; mêmes défenses
pour les garennes non entourées et la trop grande (juantité de
gibier, [ce] qui sera attesté par le tiers des habitants de cliaque
communauté.
13o [Sera] suppliée Sa Majesté que la police des marchés soit
faite exactement, que les mesures soient vérifiées tous les lun-
dis de chaque mois, en présence d'un boulanger nommé de sa
communauté, d'un laboureur et d'un bourgeois, lesquels trois
experts seront reçus en justice et changeront tous les six mois.
Les trois experts seront tenus de vérifier toutes les mesures à
la matrice de la justice, de dresser procès-verbal de la quan-
tité de mesures vérifiées, et, s'il s'en trouve qui ne soient pas
justes, ils les feront briser devant eux, et en feront mention en
leur procès-verbal, qu'ils pourront faire afficher sur la prin-
cipale porte de la resserre (?) ; ils déclareront dans ledit
procès-verbal la quantité de mesures de chaque espèce et leur
marque, qui sont usagées audit marché. Ils auront soin de
s'informer du prix de chaque espèce de grains, soit en sacs
exposés, ou en témoins (1), ce qui n'a jamais été fait au marché
de Pithiviers en témoins par la crainte de diminuer le minage
à M. févêque. Par cet abus intolérable et contraire au bon
ordre, il s'ensuit une perte réelle aux laboureurs, (|ui voyant
avec douleur que leur vente dans le marché est inférieure aux
marchés circonvoisins, ils (sic) se hasardent quelquefois à mener
aux autres marchés; ils sont forcés d'y revenir, attendu que (sic)
chemins impraticables qm ruinent chevaux et harnais et qui
leur font perdre un temps précieux; il (2) ruine et décourage
les boulangers et *[m (sir) excite des plainles des consomma-
teurs qui voient avec chagrin une augineut:ili(Mi qui n'a point
été gra<iuée soit pour la diminution ou augmentation qui se fait
sans règle, le plus souvent n'ayant point de rapport de fait.
L'nn df'sirerait que les rapporteurs soient ieiuis de fain^ leur
(1) C'est-à-dire: échantillons.
(2) C'est-à-dire : cela.
cahier.de bouzonville-aux-bois. 6G5
rapport du prix des grains, dont la taxe serait faite sur le
champ; il leur serait payé 15 sols par chacun par ledit seigneur,
qui profite seul du marché. Il doit être obligé dans le courant
de l'année présente de faire paver à neuf tout le marché où il
reçoit son droit; faute par lui de le faire, les officiers munici-
paux doivent y (sic) être autorisés à cette construction, qui sera
faite aux Irais dudit seigneur évêque. Sera tenu de donner
ordre que ledit marché soit toujours balayé et que l'on n'y voie
point de chiens ni chats morts qui se trouvent assez communé-
ment.
15° (1) [Sera] suppliée [Sa Majesté] que les épices des pro-
cureurs et salaires des huissiers soient diminués; qu'il soit fait
un règlement qui sera affiché et publié.
16o Sera suppUée humblement Sa Majesté de supprimer les
prestations en argent de la corvée qui tombe directement sur
les malheureux cultivateurs.
17o [Sera] suppliée humblement Sa Majesté qu'il soit permis
aux citoyens de rembourser les rentes, quoique foncières, et
qu'ils doivent au Clergé et aux autres classes de la société.
(Suivent t>9 signatures : celles de Éloy Guerton ; André
Lepage; Bizouerne; Lesage, syndic de la municipalité, etc., et
celle de Mercier.)
BOUZOXVILLE-Ey-BEAUCE.
Dép. Loiret. Arr. et C"«. Pilhiviers.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviei's. Dioc. Orléans.
JoussE. — Paroisse. 29 feux. MM. de Saint-Benoit. Justice ifYèvre-
le-Ctiâtel. Assemblée le dimanche après le 4 juillet. Br. de Pithiviers.
Distant de Pithiviers d'une lieue et de 10 lieues d'Orléans. Plaine.
1768. _ 35 feux. Abbé de Saint-Benoît. Blé.
DÎME. — Grains : 2 gerbes par arpent. Safran : une once par arpent.
Oies, canards : le douzième, Troupeaux : un sol par bête.
(-1) Pas d'article 14.
666 BAILLIAGE D ORLÉANS.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,148 1., dont 1,510 pour le principal
et 1,638 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. - Assemblée le lundi 2 mars, dans la maison de
Jean Bouvard, vigneron, syndic, à défaut d'autre lieu commode, sous la
présidence de Ghénard et Mercier, notaires à Pithiviers. — Popula-
tion : 32 feux. — Comparants : Jean Bouvard, syndic de la munici-
palité; Antoine-Mathurin Pinsard ; (Grégoire Bouchet ; Michel Picard;
Nicolas Golleau; Jacques Pinscm ; Hippolyte Lejeune; Jean Picard;
Nicolas Lirault; Etienne Rousseau; Pierre Colleau ; Louis Buttet ;
Jean Brossard ; Louis Poirier ; Pierre Jallet ; Barthélémy dit Maria ;
Louis Sigot; Jean Pion; Éloi Picard. — Députés : Éloi Picard;
Pierre Jallet.
Population en 1790. - 151 habitants.
Doléances des habitants de la paroisse Saint-Benoit
de Bouzonville-en-Beauce.
Le cahier de Bouzonville est une copie de celui d'Engen-
ville.
Demander et supplier très liumblement S. M. :
Art. ic>-. — Art. 1«>" d'Engenville.
Art. '2. — Art. 2 d'Engenville ; var.: sans aucune distinction
et à proportion . . .
Art. 3. — Art. 3 d'Engenville ; ainsi rédigé :
(( Que les industrie et capitation soient abolies, parce que
ces deux impôts, qui ne peuvent qu'être arbitraires et (|iii
empêchent l'industrie par la crainte de payer des impôts pkis
considérables et par conséquent d'être surchargée, sont très
préjudiciables au commerce. »
Art. 4. — Art. 5 d'F^ngenville ; ainsi rédigé :
(( De suspendre aulaiil qu'il sera possible le tirage^ <\ç la mi-
lice, qui prive les campagnes de la plus grande p;irtie des meil-
leurs ouvriers en se retirant (1) à Paris où la milice n'a pas
(1) C'est-à-dire : i|ui se relirenl.
CAHIER DE BOUZO^ VILLE- AUX-BOIS. 667
lieu, ou qui les force de faire des mariages trop précipités, et
pour la plupart font de mauvaises alliances pour éviter le sort,
ou [à cause] de l'imposition que font volontairement les garçons,
laquelle devient immense à de pauvres habitants de la cam-
pagne, et ce qui est très préjudiciable à la culture. »
Art, 5. — Art. 4 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« De supprimer les contrôles, les insinuations, centième
denier, les francs-fiefs, les aides et gabelles, papiers et par-
chemins timbrés, tout droit ruineux et désastreux, qui accablent
les pauvres habitants qui souvent sont induits en erreur et que
l'on punit injustement pour une faute involontaire, et que
l'homme le plus savant ne connaît pas, parce que les ditîérents
règlements sont peu connus. A joindre que les fermiers, rece-
veurs ou commis sont en même temps juges et parties dans
leurs propres affaires, ce qui devient encore onéreux aux
malheureux artisans. »
Art. 6. — Art. 6 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« De supprimer et changer la levée des dîmes et champarts
qui se perçoivent en nature, gênent, nuisent et font perdre le
courage aux cultivateurs, qui diminuent les productions géné-
rales, qui diminuent la bonté des terres en les surchargeant
pour augmenter les productions particulières ; lesquels pour-
raient être, sans inconvénient, changés en rentes en grains ou
argent au choix du créancier, proportionnellement à la bonté
des terrains qui en sont redevables.
« Parce moyen, les propriétaires de ces droits se trouveraient
toujours remplis, d'où il résulterait un courage qui ne serait
pas diminué par la difficulté de la perception de ces droits; la
culture recroîtrait par les récoltes dans lesquelles les laboureurs
et artisans ne seraient point troublés. »
Art. 7 et 8. — Art. 11 d'Engenville; ainsi rédigé :
« 7° Que les baux des fermiers et autres cultivateurs de la
Beauce seront à l'avenir faits pour douze années au lieu
de neuf; »
668 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
« 80 Que tous les baux qui seront faits par gens de main-
morte aient le même espace de temps que les autres, quoiqu'il
y ait résignation, abandonnement ou que la mort du dernier
titulaire arrive, parce qu'il est très incertain du temps que dure
leur bénéfice; les pots de vin, que tire chaque nouveau
titulaire avant l'expiration des baux de leurs fermiers,
découragent ces derniers, et, pour bien faire leurs affaires,
les forcent de surcharger les terres ou de quitter l'exploi-
tation. »
Art. 9. — Art. 7 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« Que les substitutions n'auront plus heu que des pères et
mères aux enfants seulement pour un degré et que la publica-
tion en sera renouvelée de cinq ans en cinq ans dans les sièges
d'où relèveront les biens substitués. »
Art. 10. — Art. 9 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« De ne plus accorder aucune lettre de cachet, ce qui
répugne à l'amour paternel et aux droits des citoyens. »
Art. 11. — Art. 8 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« Qu'il soit fait défense à tout moine et religieux mendiant
de demander l'aumône aiheurs que dans la ville ou dans
l'endroit où est leur communauté. y>
Art. 12. — Art. 12 d'Engenville; ainsi rédigé :
« D'ordonner que les colombiers et vohères qui existent au
mépris des coutumes et règlements soient abattus, et que ceux
qui sont plus considérables, qu'ils ne doivent l'être [soient]
diminués ; que les propriétaires d'iceux soient condamnés en
une telle amende qu'il plaira à Sa Majesté de fixer, applicable
aux pauvres de la paroisse où sont lesdits colombiers et
volières, d'après la dénonciation faite par deux habitants de la
paroisse. »
Art. 13. — Art. 12 d'Engenville (2^ partie) ; ainsi rédigé :
« Que ceux qui ont des garennes remplies de gibier et non
entourées soient contraints de les dépeupler, ainsi que ceux
CAHIER DE BOUZONVILLE-AUX-BOIS. 669
qui sur leurs terres ont une trop grande quantité de gibier
qui ruine les grains naissants, et condamnés en une amende
comme dessus, d'après les attestations de dix des principaux
habitants de la communauté ; sinon et à faute de ce l'aire dans
le temps qui sera prescrit, le général des habitants [sera] au-
torisé à tirer et tuer le gibier chacun sur leur propriété. »
Art. 14. — Art. 10 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« Que MM. les évêques, archevêques, abbés commandataires
et prieurs soient obligés de rester dans leurs évêchés, arche-
vêchés, abbayes et prieurés ; sinon, le revenu du temps qu'ils
passeront ailleurs [sera] appliqué au profit de toutes les pa-
roisses dépendantes de leur domination, et ces derniers (1) des
paroisses de leur résidence. Par ce moyen, le peuple aura un
bon exemple ou une décharge des impôts en y employant ce
qui leur reviendrait. »
Art. 15. — Art. 15 d'Engenville ; ainsi rédigé :
(( Qu'il est de toute utilité, pour éviter les vexations et l'avidité
des procureurs et des huissiers, même des autres officiers de
justice, que leurs salaires soient diminués et qu'il en soit fait
un règlement qui sera publié, affiché, même colporté dans
toutes les provinces du royaume, afin que tout sujet puisse
s'en procurer ;
(( D'établir des présidiaux dans toutes les principales villes
de chaque province, même dans celles où il y a élection comme
il avait été fait l'année précédente (2), et y joindre les justices
seigneuriales dans lesquelles les affaires languissent. »
Art. 17. — Art. 17 d'Engenville; ainsi rédigé :
« Que toutes les rentes dues aux mainmortes, quoi([ue fon-
cières, soient remboursables à toujours. »
Art. 18. — Art. \6 d'Engenville ; ainsi rédigé :
« Que la perception des travaux et corvées soit remise dans le
(1) C'est-à-dire : le revenu des biens des prieurs au profit des paroisses de leur résidence.
(2) D'après l'édit de mai 1788 sur la réforme de la justice, qui créait 47 présidiaux.
670 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
même et semblable état ou elle était avant l'établissement du
paiement du quart de la taille (1), parce que les cultivateurs
faisaient en ce temps leurs tâches dans des temps et saison
où la culture des terres leur permettait facilement de voiturer
les pierres pour les chemins et pour les construire, au lieu
qu'actuellement ils paient des sommes [qui], quoique propor-
tionnées à leur exploitation, sont considérables, et que ceux
qui en profitent ne sont que des étrangers, ce qui appauvrit
cette paroisse. Au moins si les entrepreneurs ou adjudicataires
étaient tenus de ce service tant des voituriers de chaque
paroisse que des manouvriers, ils auraient la consolation de
retoucher un impôt qu'ils auraient payé, et la circulation serait
plus favorable aux malheureux qui n'ont rien à faire dans la
saison où on fait les chemins ;
« Qu au moyen de ce que les terres de cette paroisse sont
toutes mauvaises et médiocres, qu'elles sont cliargées d'un
champart au fur du dixième, que le nommé Cliarlot, maître de
poste aux chevaux à Pithiviers, possédant 5(J et quelques
arpents de terre en ladite paroisse et qu'en sadite qualité il est
exempt de la taille, les halDitants sont extrêmement surchargés
de taille ; pourquoi ils voudraient exiger une diminution consi-
dérable, ce que Sa Majesté est suppliée d'ordonner, car
cet impôt appauvrit les habitants et les rend malheureux. »
(Suivent 15 signatures : celles de Jean Bouvard, syndic;
Grégoire Bouchet, etc., et celles de Chénard et Mercier.)
INTVILLE-LA-GUÉTARU.
l)ép. Loiret. Arr. Pithiviers. C^^. Malesherbes.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussK. — 30 feux. L'évêque d'Orléans. Justice de t^ithiviers, r. à
Orléans. Br. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers, 11 de Monlargis et
10 d'<Jrléaus. Route d'Audeville à Tourj. Plaine.
(1) A litre d'impôt représentatif de la corvée.
CAHIER T)'lNTVILLE-LA-aUÉTARD. 071
17(38. — 32 feux. L'évêque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Terres labourables : 4 gerbes par arpent. Vin : 8 pintes par
poinçon, mesure de Pithiviers. Troupeaux : 1 s. par bête. Oies, canards :
le 12^ Menues et vertes dîmes : le i2«. 3 sacs de blé et 3 sacs d'avoine
pris sur le produit tutal dus au prieuré de Saint-Pierre.
Taille de la paroisse en 1788. — 3,478 1., dont 1,600 pour
le principal et 1,878 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l""" mars,
au banc d'œuvre de l'église, sous la présidence de Laillet et Ghénard
de Fréville, notaires royaux du bailliage d'Orléans, résidents à
Pithiviers. — Pojiulation : 32 feux. — Covrparants : François Pou-
lin, laboureur et syndic ; Etienne Hutteau, maître d'école ; .Tacques
-Rabourdin, Jacques Foucault, laboureurs ; François Foucault, charron;
Toussaint Pelletier, manouvrier ; Louis Bouvard, manouvrier et mar-
guiliier; Etienne Beauvallet, aussi manouvrier et marguillier; Etienne
Apremont, Charles Hautefeuille, Gilles Lirot, Etienne Daguet, manou-
vriers ; Jacques Daguet, marchand ; Martin Pasquet, François Levert,
Germain Bouvard, Nicolas Langlois et Etienne Beauvallet, dit Privé,
manouvriers. — Députés : François Poulin ; Jacques Rabourdin.
Population en 1790. — 151 habitants.
Le cahier d'Intville-la-Giiétard est une copie à peu près
textuelle de celui d'Engenville.
Le titre diffère :
Cahier de doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse d' Intville-la-Guétard, qui prient MM. les
députés qui seront nommés de le porter et 'présenter à
V assemblée générale qui se tiendra à Orléans.
Mais les articles sont les mêmes avec d'insignifiantes
variantes de mots.
L'article 6 d'Engenville est supprimé, ainsi que la moitié de
l'article 13, à partir de : Les trois experts seront tenus...
672 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
L'article 10 d'Engenville est l'article 15 d'Intville, sous la
forme suivante ; « Supplier S. M. de supprimer l'imposition
de la corvée en argent, devenant onéreuse et trop considé-
rable pour les taillables. »
(Suivent 13 signatures : celles de F. Poulin, syndic ; J. Ra-
bourdin ; F. Foucault, etc., et celles de Laillet et Chénard de
Fré ville.)
PITHIVIERS-LE- VIEIL.
Dép. Loiret. Arr. C«". Pithiviers.
Gén. Orléans. El. Gven. Pithiviers. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 98 feux. L'évèque d'Orléans. .Justiee de Pithiviers, r. à
Orléans. Br. de l^ithiviers, A 1 lieue de Pithiviers, 11 de Montargis et
10 d'Orléans. Route de Pithiviers à Artenay. Sur la rivière d'Essonne.
Plaine.
1768. — 1.56 feux. L'évèque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Grains : 2 gerbes par arpent. Vigne : 10 s. par arpent.
Safran : 20 s. par arpent. Troupeaux : 1 s. [)ar bête. Cochons de lait :
1 écu par truie.
Taille de la paroisse en 1788. — 0.2;i8 1., dont 4,250 pour
le principal et 4,988 pour les impositions accessoires et la capita-
lion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"' mars, au
banc d'œuvre de l'église, sous la pvéùdence de Denis-Bernard Poin-
teau, procureur-fiscal de la chàtellenie de Pithiviers, demeurant à
Pithiviers. — Populalion : 160 feux. — Ccnnparania : les sieurs Louis
Brechu, syndic ; Claude (^hasline et Noël Fougeron, marguilliers ;
Clande-Marc-Antoine Poisson, Jean Renard, Henri-Pierre Poisson,
Jean-Guy Dumenil, Jean Bizouerne, Gabriel Bayard, Jean Duguet,
tous laboureurs ; Etienne Legivre ; Mathieu Tavernier ; François Gil-
bert ; Gervais Guérln ; François-Xavier Chasline ; Gervais Qninot ;
Jérôme et Antoine Quinot ; René Jamais ; André Picard ; François
Charpentier ; Phili[)pe Fourniquet ; Pierre Languille ; Germain Cail-
lette ; Germain Chauniette ; Jean-Charles Gauchet ; Nicolas Gingréau ;
Jean Beaufort ; Jean Tavernier; Paul-Joseph Suratteau ; Charles-
CAHIER DK PITHlVIERS-LE-VIlilL. G73
Bernard Legivre ; Georges Boizanl ; François Goult ; Jean Bercher ;
Louis Roux ; Thomas Guerton ; Sébastien Guerton père et fils ; Hilaire
Beauvallet père et fils ; Jean Bretonnet ; François Morlet ; Denis Gil-
bert ; Denis Benoist et Pierre Neveu ; Jean Grand'niain ; Michel Chas-
line ; Pierre Dupoux ; René Ghasline ; Jean (]ribier; Jean Touzet père et
fils ; Alexis Legivre et Claude Tavernier ; Charles Bercher ; Jean Fran-
jon ; Etienne Ghasline; Jean-Pierre Guérin ; Amand Rivière; Simon
Pardigeon ; Denis Neveu le jeune ; Jacques Mérigot ; François Guyot ;
Simon Foucher ; François Boudard ; Guy Milon ; Aignan Tavernier le
jeune. — Députes : Henri-Pierre Poisson, laboureur ; Louis-Pierre
Rivierre, maréchal-expert.
Population en 1790. — 765 habitants.
Cahier des doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la paroisse de Pithiviers-le-Vieil.
Art. 1er. — Dans la pleine confiance où sont lesdits liabi-
tants que le Roi assemble la Nation pour opérer le bien géné-
ral du royaume dans toutes les parties qui en sont susceptibles,
les députés aux États généraux seront chargés de demander
l'état général des recettes et dépenses du royaume pour servir
de base à leur travail.
Art. 2. — Ensuite, ils demanderont la suppression de toutes
les dépenses inutiles dans toutes les parties de l'administration ;
après quoi, ils consentiront toutes celles qui ont pour objet la
dignité du trône, la gloire et la prospérité de l'État.
Art. 3. — Pour subvenir à toutes ces charges et parvenir
même à la réduction de certains impôts qui écrasent les cam-
pagnes, les députés seront cliargés de demander que tous les
impôts généralement quelconques soient supportés également
par les trois ordres, c'est-à-dire par le Clergé, la Noblesse et
le Tiers état, ne doutant point lesdits habitants que si chacun
contribue en proportion de ses facultés, la recette n'excède la
dépense.
Art. 4. — Les députés insisteront fortement pour qu'il n'y
T. I. 43
674 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
ait qu'une seule forme d'imposition et qu'un seul rôle de répar-
tition sur les trois ordres.
Art, 5. — C'est alors que les députés pourront faire con-
naître que la taille et les impositions accessoires désolent les
campagnes, arrêtent les progrès de l'agriculture, et que si cet
impôt ne peut, et quant à présent, [être] entièrement supprimé,
il doit être au moins modéré, eu égard aux facultés de ceux
qui le supportent à leurs peines et fatigues et aux risques qu'ils
courent par les accidents dont les campagnes sont souvent
désolées.
Art. 0. — Il en doit être de même de l'impôt du sel. Cet
impôt est d'autant plus à charge aux campagnes qu'elles font
une plus grande consommation de sel que dans les villes, eu
égard à la nature de leurs aliments journaliers et au nombre
de bestiaux auxquels cette substance est propre. Si l'état des
finances du royaume ne permet pas de supprimer entièrement
cet impôt, au moins doit-il être réduit à moitié du prix excessif
auquel il est fixé.
Art. 7. — Demander la conversion des champarts exorbi-
tants par leur nature en une redevance en argent appréciable
par chaque arpent, qui ne pourra être augmentée ni diminuée
sous prétexte de changement de culture ; cette liberté étant
inhérente au droit de propriété.
Art. 8. — Ordre de Malte. Cet ordre jouit de prérogatives
extrêmement onéreuses. Les baux des cominiinderies e\])ir(Mit
le jour même du commandeur qui est loué, il senible qu'il [est]
excepté de toutes les lois ; les récoltes commencées, les grains
presque tous serrés, l'ordre s'en empare, et, en payant labours,
façons et semences, il enlève au cultivateur son espoir, sa res-
source, le fruit de son travail et lui laisse ses charges. Telle est
la jurisprudence du grand Conseil; elle est exorbitante, con-
traire aux droits de la Nation et opère la ruine des cultivateui's.
L(î Tiers élat espère que la suppression de ces droits sera ex-
pressément sollicitée.
Art. y. — Et, s'il est procédé à la rélôrmation des luis tant
CAHIER DK l'ITHIVIERS-LE-Vn:iL. ()75
civiles que criminelles, demander que celles qui seront substi-
tuées aux anciennes soient rédigées de manière que la vie,
l'honneur, la liberté et la propriété des sujets soient sans cesse
sous la sauvegarde de ces lois qui seront d'ailleurs conçues avec
la clarté et la simplicité propres à les faire concevoir et exé-
cuter facilement.
Art. 10. — Les longueurs et frais de justice sont un vrai
fléau pour les gens de campagne. En conséquence, il convien-
dra de fixer des délais dans lesquels les affaires doivent être
terminées et les frais auxquels elles pourront donner lieu, eu
égard à l'ordre des juridictions et à l'objet des contestations.
Art. 11. — Il serait d'un grand avantage tant pour le Roi
que pour le peuple si la perception de certains impôts était
simplifiée, en supprimant le code ténébreux de la finance qui
est un labyrinthe où l'on se perd ; lesquels impôts, ainsi que le
sel, se consument en gain de ferme et régie et dont le verse-
ment au trésor du Roi n'a nulle proportion avec les sommes
que l'on tire sur le peuple, tels que sont les aides, contrôles,
insinuations, centième denier, amortissements, francs-fiefs, etc.
Art. 12. — Les droits de chasse dévastent nos campagnes.
Nous n'en demandons pas la suppression, mais que nos grains
soient défendus par la loi de tous les torts et préjudices que les
gardes et la trop grande quantité de gibier font aux cultiva-
teurs ; et que la chasse soit défendue lorsqe nos grains sont
en tuyaux.
Rien ne cause plus de ravages que le lapin. Il ôte au labou-
reur l'espoir d'une récolte sans pouvoir parvenir à se faire
dédommager que par des frais qui lui deviennent plus coûteux
que profitables.
Art. 13. — Les colombiers sont trop multipliés; les sei-
gneurs de simples fiefs prétendent en avoir le droit et que la
multitude de pigeons font (sic) un dégât alïreux sur les grains,
surtout sur les précoces; que, pour obliger les seigneurs à
nourrir leurs pigeons, il fût du moins permis aux parliculicis
de les tuer lorsqu'ils les trouvent en dégât sur leurs clnuiips.
676 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 14. — Il y a une rivière qui coule dans la paroisse dans
un espace d'une lieue et demie, dont le cours est gêné par les
moulins et aux niveaux (7) qui sont situés dessus (n'ayant pas
assez de chute, ne peuvent tourner que par des amas d'eau):
ce qui perd généralement toutes les prairies qui ne sont plus
d'aucun produit, n'étant que rouches (1) et roseaux. Joindre
à cela le mauvais air qui occasionne tous les ans des lièvres et,
de temps en temps, putridité, qui enlève beaucoup de
monde.
Art. 15. — Que les milices soient supprimées. Elles dépeu-
plent nos campagnes. Les jeunes gens qui sont sujets au tirage
sont presque tous de la classe la plus indigente des citoyens.
Les parents de ces malheureux tirent avec la plus grande dou-
leur et même avec des larmes pour faire une bourse pour
indemniser celui qui tombe au sort; ces sommes d'argent
privent trop souvent des malheureuses familles de la sul>sis-
tance même.
Art. 16. — Que tous les ordres de l'État soient sujets à la
corvée, et que les deniers de cet impôt [soient] mis en caisse
et employés dans chaque arrondissement d'élection aux entre-
tiens des chemins et aux travaux de charité, et qu'il ne soit
pas permis de soustraire aucun de ces fonds d'une élection à
l'autre.
Art. il. — Qu'il serait dans le bon ordre que Sa Majesté,
ayant établi dans les provinces d'élection des asseml)lées~pro-
vinciales divisées par départements et municipahtés, elle
accorde auxdites municipalités une sorte de juridiction de
poHce sur les cabarets qui donnent à boire pendant le service,
à des heures indues, pour veiller sur les mendiants, vaga-
bonds, faire arrêter les perturbateurs du repos public.
Art. 18. — Que si l'on supprime le casuel Ibrcé que les
curés ont coutume de percevoir, le revenu de la cure de
Pithiviers-le-Vieil serait trop modique pour une aussi forte
(1/ Petits arbrisseaux qui «u'oissent dans les endroits liuniides.
CAHIER DE bourg-l'abbaye-lks-pithiviers. 677
paroisse composée de 160 feux en 14 écarts éloignés de demi
et trois quarts de lieue de l'église ; que l'on peut monter ce
revenu en donnant au curé toutes les dîmes qui, quoique
simples aumônes, sont entre mains ecclésiastiques.
(Suivent 45 signatures : celles de Brectiu, syndic; A. Bou-
lin ; Ronceret, etc.)
BOURG-L'ABBA YE-LÈS-PITHI VIERS.
■Dép. Loiret. Arr., Con, et C"«. Pithiviers.
. Gén. Orléans. El. Pithiviers. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
•Tousse. — 30 feux. Le prieur de Saint-Pierre-lès-Pithiviers. Haute
justice, r. à Yèvre-le-Chàtel. Justice de Pithiviers. Assemblée le 8 sep-
tembre. Br. de Pithiviers. A 10 lieues de Montargis, à 10 d'Orléans
et 0 de Pithiviers. Rivière d'Essonne. Fond.
1768. — 28 feux. Le prieur de Saint-Pierre. Blé.
DÎME. — Blé et grains : 2 gerbes par arpent. Troupeaux : 1 s. par
bête. Vin : 2 boisseaux de raisin pris dans la vigne. Menues et vertes
dîmes : le 18". Droit de déport à chaque mutation.
Taille de la paroisse en 1788. — 586 1., dont 270 pour le principal
et 316 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Denis-Bernai^l Pointeau,
bailli de la justice de Bourg-l'Abbaye, demeurant à Pithiviers. —
Population : 30 feux. — Comparants : Louis Fourniquet, syndic delà
municipalité ; Pierre Renoir, marchand boucher ; Gabriel Ballot, caba-
retier; Jacques Boucher, maréchal ferrant ; Jacques Caillou, boulanger;
Germain Guyon, tailleur et cabaretier ; Louis-César Sedard, jardinier ;
Hilaire Varet, charron ; Denis Lemerle, Vincent Poisson, François
Hureau, François Guerrier, Charles Hutteau, vignerons ; Pierre Char-
mont, sonneur; Jean Digard, terrassier; Vincent-Pierre Poisson,
vigneron; Joseph (lauthier, cabaretier; Alexis Catinat, jardinier. —
Députés : Renoir ; Ballot.
Population en 1790. — 140 habitants.
078 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
[Cahier de Bourg -VAhhaye?\
C'est une copie littérale de celui de Bondaroy, jusqu'aux
mots : et les procès à tout propos. Il continue ainsi :
1» Ils demandent (1) que, s'il était à propos, qu'il fût retiré
un petit revenu sur le prieuré [fondé] dans le commencement
du sixième siècle, le prieuré de l'ordre de Gluny, une abbaye
de cet ordre, composée d'un abbé, un prieur et seize religieux,
qui avait titre de patron de la paroisse, la cure a été fondée
par les religieux; et, par ce moyen, le curé serait chargé des
charges du prieur qui consistent en deux messes par semaine.
2° Un objet très essentiel pour les habitants serait d'être
délivrés des droits d'entrée de ville et autres, auxquels plus
de la moitié (2) a été assujetti en l'année 1736 par les traitants,
droits qu'ils n'avaient jamais payés avant cette époque; ce qui
a entraîné la ruine de la paroisse, qui auparavant était compo-
sée de quatre bouchers, plusieurs marchands et aubergistes,
et depuis n'est habitée que par de pauvres vignerons, ouvriers
et manouvriers. Ces droits les alarment d'autant plus (jue les
fermiers font des entreprises pour les étendre, et ((u'en 1787
ils ont assujetti ime maison qui n'avait pas été comprise dans
l'arrêt qu'ils avaient surpris au Conseil ; laquelle entreprise
a coûté 400 livres à un pauvre vieillard infirme qui [en] a été
la victime; cela, sur le prétexte de la proximité de la paroisse
à la ville de Pithiviers, qui cependant est séparée par une rivière
sur laquelle est un pont de communication.
3o Ils désirent la décharge de la taille, de la capitation, [de]
riiidustrie, de l'évaluation, de la corvée, qui [seront] toutes
converties en un impôt territorial payé par les propriétaires,
aux olh-es que font les fermiers et locataires de tenir compte
auxdits propriétaires pendant le cours de leurs baux du
(1) Cr cahier a donné lieu à certaines difncnltés de lecture, dues à la très mauvaise graphie
de l'original qui émane corlaineinenl d'une main très inexperte.
(2) Sous-cntendre : des hahitants.
CAHIER DE BOURG-l'ABBAVE-LÈS-PITHIVIERS. ()79
montant [de] ce qu'ils paient annuellement pour le [même]
objet (sic).
4o Ils demandent qu'il ne puisse être par la suite levé aucun
impôt sur les fermes à raison de leur exploitation ou sous
prétexte de réparations connues qui ne pourront être supportées
que par les propriétaires; qu'il ne soit établi aucun impôt sans
le consentement des États généraux donné ; on supplie Sa Majesté
de fixer le retour périodique avant la dissolution des États ;
5» Qu'il soit arrêté que les Parlements ne pourront enregis-
trer aucun impôt ni aucune gi'atification d'office auxquels elle
attaclierait des émoluments, tant que les États généraux ne
seront pas convoqués;
60 Que les frais de justice soient diminués et les procédures
abrégées ;
70 La résidence dans la paroisse du bailli et autres officiers
de justice, ou, au défaut, une administration municipale com-
posée du syndic, des marguilliers ensemble ou séparément,
pour veiller sur la police, dresser des procês-verbaux de contra-
vention, arrêter les mendiants non domiciliés dans la paroisse
et les conduire avec main-forte dans les prisons royales ;
8» Qu'il soit ordonné aux officiers des lieux de tenir leur
siège et, pour fixer d'annoncer l'audience le jour de la suivante,
de la faire sonner pour ({u'on ne puisse prétendre cause d'igno-
rance ; de la tenir le matin, et d'avoir une chambre publique
pour y tenir leur siège.
Délibéré à la chambre du conseil par les habitants soussignés
et autres qui ont déclaré ne savoir signer, de ce enquis, le
!«■• mars 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de Louis Fourniquet ; Jean
Thiercelin; P. Renoir, etc., et celle de Pointeau, bailli.)
680 BAILLIAGE D ORLÉANS.
ESCRENNES.
Dép. Loiret. Arr. et C"". Pithiviers.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
.JoussE. — Paroisse. 84 feux. De Toustin. .Justice, r. à Orléans;
(le Pithiviers. Assemblée le dimanche après le 15 septembre. Br. de Pithi-
viers. A 1 lieue de Pitlwviers, 9 de Montargis et 9 d'Orléans. Plaine.
Sur une colline.
1768. — 113 feux. De Toustin. Blé.
DÎME. — Grains, 2 gerbes par arpent. Safran, 1 once par arpent.
Chanvre, 2 livres par maison. Troupeaux, 1 s. par bête. Oies et canards,
à volonté. Vin, 3 pintes par poinçon, mesure de Pithiviers.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,358 1., dont 2,750 pour le princi-
pal et 2,608 pour les impositions accessoires et la capitation.
Progès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars,
au banc dVeuvre de l'église, sous la ■présidence de Denis- Bernard Poin-
teau, procureur-fiscal de la haute châtellenie de la ville de Pithiviers
et d'Escrennes, demeurant à Pithiviers. — Population : 107 feux. —
Comparants : François Pilloy, syndic ; Laurent Paquet, Jean Pointeau,
marguilliers ; Pierre-Laurent Paquet ; François Caillette ; François
Chevalier, tous laboureurs ; .Jacques Dauvoy ; Jean Legrand, Pierre
Boucher ; Pierre I^oirier ; Bené Delacroix ; François I^otteau ; Noël
Martin; André-Pierre Chasline ; Claude et Louis Chassinat; Jacques
Lecoq ; Jean Dubé ; Jean Charpentier ; Germain Margottin ; Jacques
Davignon; Fiacre Viet ; Jean et Germain Gallier ; Pierre Fia mmery;
Denis Bamond ; Claude Bénard ; Jean Gillotin ; Claude Margottin;
Jacques Sevin ; Charles Benard ; Jean Guillot ; Barthélémy Viet ; Jean-
Pierre Ciradde; Jacques et Lubin Viet; Etienne Chasline; Etienne
Gallier;. Jean et Aignan Beauvallet; Louis Paget; Louis Querlin; Claude
Jamain ; Jean Bouleux ; François Hervé ; Pierre Boucher le sonneur ;
Louis Brisson ; Claude Chasline ; Pierre Beaufort ; Pierre Boizard ; Martin
liernouy; Michel Chaumetierre ; Claude Chamaillé; Louis Rouauld ;
Pierre liellenoue ; I^ouis Vaury ; Charles Doussin ; Jean Bâton. —
Députés : Jean Poitou ; Jean-Pierre Ciradde.
Population e.n 1790. — .506 habitants.
£:ahier d'escrennes. 681
Doléances des habitants et paroissiens d'Escrennes.
Art. 1er. — La dîme ciiriale étant une charg-e réelle des biens
de la paroisse et gênante dans l'administration des récoltes, on
n'hésite pas d'en demander la suppression, ainsi que celle du
casuel forcé que les curés sont autorisés à exiger pour l'admi-
nistration des sacrements; et pour y suppléer, de doter chaque
curé sur les biens ecclésiastiques qui sont suffisants, ainsi que
les États généraux s'en convaincront sans doute.
Art. 2. — Une administration municipale composée du
syndic et des marguilliers autorisés à veiller, et sans frais, et à
administrer la police, dresser des procès-verbaux de toutes
contraventions, arrêter les mendiants qui s'écarteront de plus
de deux lieues de leurs demeures.
Art. 3. — La taille, la capitation, la corvée en argent, les
aides et droits y joints, la gabelle, le contrôle, le centième
denier et droit d'insinuation sont absolument si à charge aux
citoyens et habitants de la campagne qu'il n'y a ({u'un vœu
général pour en demander la suppression, en substituant à ces
différents droits, qui sont autant d'impôts, une imposition parti-
culière, c'est-à-dire un impôt territorial proportionné à chaque
nature de propi'iété.
Art. 4. — Quant à la corvée en argent, on est bien con-
vaincu qu'elle moleste absolument le cultivateur en lui faisant
payer en argent ce qu'il payait, avant la suppression, en jour-
nées dont il ne s'apercevait point; pourquoi, et dans tous les
cas, on demande le rétablissement de l'ancienne corvée.
Art. 5. — On demande aussi que les États généraux veuil-
lent bien s'occuper de la diminution des frais de justice par
des taxes modérées et coimues, et principalement de l'abré-
viation des procédures, en obligeant tous les officiers de justice
à la résidence dans le lieu le plus prochain, et à l'établissement
des présidiaux dans un arrondissement.
Art. 6. — Pour suppléer au tirage annuel de la milice qui
(382 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
désole toutes les campagnes et les fait déserter par la majeure
partie des jeunes gens, on offre annuellement un homme aux
frais et dépens de la paroisse, que les syndics présenteront à
M. l'intendant; à TeHet de quoi la municipalité doit être auto-
risée à lever la somme nécessaire, par une contribution juste
et raisonnable, sur tous les jeunes gens âgés de 18 ta 40 ans.
Art. 7. ~ Les pigeons, lapins et tout gibier étant désastreux,
on en demande la suppression.
Fait et arrêté par nous, laboureurs, vignerons, manouvriers
et habitants de la paroisse d'Escrennes, en l'assemblée générale
terme au banc de l'œuvre de l'église paroissiale Saint-Lubin
d'Escrennes, le l«r mars 1780.
(Suivent 39 signatures : celles de François Pilloy; Claude
Chassinat; Jean Pointeau, etc., et celle de Pointeau, procureur
liscal.)
Les quatre cahiers de Grignevillo, Guignonville, Léouville, Sébouville,
rédigés sous la présidence de Bosnard, notaire à Sébouville, présentent
entre eux de très grandes analogies et des ressemblances jusque dans les
termes. Mais il y a aussi d'assez nombreuses différences de rédaction,
à cause desquelles leur publication intégrale nous a paru nécessaire.
GRIGNi:VILLE.
Dép. Loiret. Arr. Fithiviers. C'^^'^ Outarville.
Gén. Orléans. El. Grcn. I^ithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — 96 feux. L'évêque d'Orléans. Justices d'Vèvre-le-(]hàtel,
de Pithiviers et de Châtillon. Bv. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers.
12 de Montargis et 0 d'Orléans. Route de Pithiviers à Yenville (.lanville).
Plaine.
1768. — 121 feux. Levêque d'Orléans. Safran.
DÏMK. — Terres labourables, 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent.
Tah.lk de la paroisse en 1788. — 4,343 1., dont 2,000 pour le prin-
cipal et 2,343 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbai,. — Assemblée électorale le diniaiiche V'^ mars, sous
CAHIER DE GRIGNEVILLE. G8o
la présidence de Besnard, notaire-tabellion au bailliage et châtellenie de
Pithiviers, résidant à Sébonville. — Population : 149 feux. — Coinpa-
ranis : André (Jronier, Beauvallet, nianouvriers et syndics; Louis Ber-
theau, Lebrun, nianouvriers ; Beauvallet, greffier de la municipalité ;
Simon Lesueur, Rousseau, Jacques Rousseau, laboureurs ; François
France, manouvrier; Jean-Augustin Bertheau, laboureur ; Jean-Baptiste
France, manouvrier ; Jean Fougeret, marcliand ; Pierre Page, manou-
vrier ; Jean Merlet, laboureur; Louis Merlet, aubergiste; Malaquin,
tourneur ; Denis Doret, manouvrier ; Michel Mercier, boucher ; Georges
Rousseau, petit laboureur. — Députés : Louis Merlet ; Jean Finigeret.
Population en 1790. — 626 habitants.
Cahier concernant les 'plaintes, doléances et remontrances
dirigées et consenties par les syndic et habitants de
la paroisse de Grigneville, élection de Pithiviers, suivant
et conformément à la lettre du Roi, notre Sire, et au
règlement y annexé, ensemble à l'ordonnance de M. le lieu-
tenant général du bailliage et siège présidial d'Orléans,
le tout en date des '■24 janvier et 13 février derniers, et
desquelles plaintes, doléances et remontrances la déclaration
suit, savoir :
[o Les taille, capitalion et impositions y jointes sont très
coûteuses au public ;
2o Que le sel est du prix de 14 sols la livre, ce qui l'ait que
les petits nianouvriers se trouvent bien souvent hors d'état
de pourvoira leurs besoins nécessaires, ce qui leur est fâcheux ;
:> Que, se trouvant ces mêmes habitants obligés de payer
la corvée pour l'entretien des grandes routes qui sont néces-
saires à d'autres personnes qui ne sont point comprises
au paiement d'icelle, et que les ouvrages des grandes routes
ne s'avancent pas depuis quelques années, quoiqu'on en exige
le paiement ;
4o Que les impôts qui sont sur les cuirs les ont fait augmenter
depuis cinq à six ans d'un tiers du prix, ce qui surcharge
684 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
ces mêmes habitants, tant pour l'usage des souliers que pour
le harnachement des chevaux, que tout autrement (1);
50 Que ceux qui ont quelques pièces et morceaux de terre
qui se trouvent relever en fief, que les commis les font payer
avec 10 sols pour livre du principal, ou même que, si un père
ou une mère les ayant payés jusqu'à leur décès, leurs enfants
sont tenus les payer, à commencer la jouissance du jour
du décès de leurs dits père et mère, ce qui n'est pas juste ;
60 Les droits de contrôle et centième denier des actes ainsi
que des successions collatérales, qui sont beaucoup augmentés
avec les 10 sols pour livre ;
70 Le tabac valant 4 livres la livre, ce qui fait une grande
dépense au public, attendu la falsification que les bureaux
y font et le rendent très humide, ce qui en ôte le bon goût.
80 II serait très nécessaire à tout le public que les juges des
lieux jugeassent les procès pendants par devant eux prompte-
ment, pour éviter la multiplicité des frais quelquefois très consi-
dérables, qui mettent les parties hors d'état de pouvoir vivre
du nécessaire et de payer les taille et impositions dont ils sont
tenus ;
90 Que s'il arrive la mort de quelque petit particulier et
de sa femme, il faut élire un tuteur à leurs enfants mineurs.
Les frais d'inventaire et vente de meubles, le contrôle et frais
d'insinuation, qui sont de 5 livres, et un « libéra », 5 sols,
le tout privilégié, absorbent presque tout le montant des suc-
cessions, en sorte qu'il ne reste plus rien aux enfants mineurs,
attendu l'augmentation de tous les droits. Néanmoins, les
notaires de campagne sont très nécessaires, attendu que c'est
beaucoup moins coûteux au public (2).
[lOoJ 11 serait à propos, pour les particuliers, (ju'il n'y eût
qu'un seigneur dans chaque paroisse ; car si un particulier
(1) C'est-à-dire : que pour tout autre usage.
(2) Cette dei-nièrc phrase est d'une autre main et a été intercalée après la rédaction
du catiier.
CAHIER DE GRIGNEVILLE. 685
qui a cinq ou six pièces ou morceaux de terre relevant de
plusieurs seigneurs, il faut qu'il passe et fournisse autant
de reconnaissances qu'il se trouve de seigneurs, ce <[iii devient
très coûteux à ce particulier.
Mo Les nouvelles consti'uctions et réparations des églises
et presbytères sont coûteuses au public de chaque paroisse ;
12o Que les impôts sur les vins, tant en détail qu'autrement,
sont considérables ; qu'on paie pour chaque poinçon il livres
6 sols pour le débit, 9 livres 16 sols pour annuel, et 15 sols
pour chaque congé pour l'enlèvement en gros ;
13o Que le terrain de la paroisse de Grigneville est un terrain
très infructueux, qu'à peine y peut-on recueillir ce qu'on y a
semé ; en outre chargé, pour une partie, du droit de champart ;
qu'icelui droit de champart cause très souvent la perte des
grains dans les champs par la' pluie qui arrive au temps
de moisson, au moyen qu'il faut (1) rendre ledit champai't
en la grange champarteresse, et même que ledit champart fait
encore une dégradation sur les terres, attendu que ça ôte les
pailles et fourrages.
14° Les habitants représentent encore ((u'il y a beaucoup
de colombiers et volières à pigeons, ce qui fait beaucoup
de dégâts dans le temps de moisson et endommage une grande
partie des grains, attendu qu'il y en a de plus qu'il ne devrait
en avoir.
Et finalement, que la rigueur de l'hiver dernier [a] endom-
magé et gelé la plus grande partie des safraiis, ce qui met
la plus grande partie des habitants de ladite paroisse de Grigne-
ville hors d'état de leur nécessaire et de pouvoir à l'avenir
payer les impositions dont ils sont teiuis.
En conséquence des circonstances ci-dessus détaillées,
lesdits habitants de ladite paroisse de Grigneville requièrent
la clémence et la bonté de Votre Majesté pour en obtenir
(1) C'est-à-dire : parce qu'il faut.
686 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
toutes les modérations possibles, et ils continueront à offrir
leurs vœux au ciel pour la gloire et félicité de Votre INIajesté
et de la prospérité de votre royaume.
Fait en l'assemblée du général des habitants de ladite
paroisse de Grigneville, le dimanche premier jour de mars 1789,
et ont signé.
(Suivent 20 signatures : celles de Louis Bertheau ; Lebrun ;
André Gronier, syndic municipal, etc., et celle de Besnard,
notaire.)
GUIGNOSVILLE.
Dép. Loiret. Arr. I^ithiviers. C^». Outarville.
Gcn. Orléans. EL Gren. Pitliiviers. Bioc. Orléans.
.Toussé. — 71 feux. L'évèque d'Orléans. .Justice de I^itliiviers.
Br. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers, 12 de Monta rjj;is et 10 d'Or-
léans. Route de Pithiviers à Toury. Fond.
1708. — 89 feux. Évêque d'Orléans. Safran.
DÎME. — Grains : 1 gerbe 1/2 de 50 pouces par arpent. Vin : 4 pintes
par poinçon.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,.355 1., dont 2,050 pour
le principal et 2,305 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"" mars,
snus la présidence de Sébastien Besnard, notaire tabellion au bailliage
et châtellenie de Pitliiviers, résidant à Sébou ville. — Population :
80 feux. — Comparants : .Jules Thibault, .I.-A. Thibault, laboureurs ;
.Jean Barillier, cordonnier; François I^agé ; Bouteille, syndic; .Jean Plé,
maréchal; Jean Beaufort, laboureur; Louis Hursin, manouvrier ;
François Beaufort, marchand ; Paul Malbranchc. manouvrier ; .Jean
Loiseau, manouvi'ier. — Députés : Jean-Alexis Thibault ; Jules Thibault.
Population en 1790. — 350 habitants.
CAHIER DE GUIGNONVILLE. 687
Le cahier de Guignonville est i>énéralement identique à
celui de Grigneville.
Les 8 premiers articles sont les mêmes.
Art. 9 = art. 40 de Grigneville.
Art. 10 = art. 11 de Grigneville.
Art. 11 = art. 12 de Grigneville.
Art. 12 = art. 13 de Grigneville, ainsi rédigé :
(( Que le terrain de la paroisse de Guignonville-Saint-Félix
est très commun et chargé d'un peu de champart et dîme, ce
qui fait une dégradation sur les terres, attendu que ça ôte
les pailles et fourrages » ;
13o Que s'il arrive la mort de quelque particulier et de sa
femme, il faut élire un tuteur à leurs enfants mineurs. Les
frais d'inventaire et vente de meubles, le contrôle et frais
d'insinuation, le tout privilégié, absorbe presque tout le mon-
tant des successions, en sorte qu'il ne reste rien aux enfants
mineurs, attendu l'augmentation de tous les droits ;
14o Que la rigueur de l'hiver dernier a endommagé et gelé
la plus grande partie des safrans, ce qui met la plus grande
partie des habitants de ladite paroisse de Guignonville-Saint-
Félix liors d'état de leur nécessaire et de pouvoir à l'avenir payer
les impositions dont ils sont tenus (art. 14 de Grigneville,
2e alinéa) ;
15o Qu'il y a beaucoup de pigeons dans ladite paroisse, ce
qui fait un tort considérable, attendu qu'il y en a beaucoup qui
ne devraient point en avoir (art. 14 de Grigneville, l'-'" alinéa);
16o A l'égard de la corvée, qu'il serait à propos que chaque
paroisse se prête à arranger ses rues en pierres, attendu que,
dans le temps de l'hiver, elles sont très mauvaises et même
empêchent de rouler aux gens de commerce, ce qui fait tort
aux marchés, attendu que ce ne serait pas d'un grand dc'pens
pour les habitants de chaque paroisse.
17" Les habitants de ladite paroisse représentent encore
qu'il vaudrait beaucoup mieux parvenir à un impôt territorial,
que lesdits liabitants se trouveraient plus soulagés parce qu'il
688 . BAILLIAGE d'ORLÉANS.
y a des nobles, abbés, moines, religieux et curés (jui possèdent
une grande partie, des biens qui ne paient aucun impôt, ce
qui surcliarge le menu peuple, et que l'argent qui provien-
drait dudit impôt territorial et recouvrement, il serait à pro-
pos qu'il passe tout de suite au trésor de Sa Majesté, parce
qu'il arrive qu'il passe de bureau en bureau, cela fait que,
quand il est rendu au trésor de Sa Majesté, il est beaucoup
diminué.
La fin comme à Grigneville.
(Suivent 16 signatures : celles de Bouteille, syndic; Jean
Barillet; J.-A. Tbibault, etc., et celle de Besnard, notaire.)
LÉOUVILLE.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C^n. Outarville.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
.Tousse. — 36 feux. L'évêque d'Orléans. Justice de Pithiviers,
r. à Orléans. Br. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers, 12 de Montargis
et 9 d'Orléans. Plaine.
1768. — 31 feux. L'évêque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Blé : 3 gerbes de 50 pouces par arpent. Vin : 8 pintes par
poin(,ton.
Taille de la paroisse en 1788. — 890 1., dont 410 pour le principal
et 480 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"" mars,
sous la présidence de Sébastien Besnard, notaire tabellion au bailliage
de Pithiviers, demeurant à Sébouville. ~ Population : 25 feux. —
Comparants : François Pajen, Oermain Morize, Fran(,-ois Ci)Uteau,
laboureurs; Paul Morize, manouvrier; Paul Nolleau, vigneron; Claude
Lavau, Jean Gendrop, Louis Morize, Charles Malbranche, syndic de la
municipalité, André M(jrize et Pierre Morize, manouvriers. — Députés :
François Pajen ; Paul Morize.
Population en 1790. — 106 habitants.
Le cahier de Léouville oITre de grandes ressemblances avec
ceux de Grigneville et de Guignonville ; mais il est plus court
et présente de notables différences de rédaction.
CAHIER DE LÉÛUVILLE. 089
Cahier concernant les plaintes, doléances et remontrances des
syndic et habitants de la paroisse de Léouville, suivant et
conformément à la lettre du Roi et règlement annexé,
ensemble à V ordonnance de M. le lieutenant général du
bailliage et siège présidial d'Orléans, le tout en date des
24 janvier et 13 février derniers, desquelles la déclaration
suit, savoir :
lo La taille et imposition montant ensemble à la somme de
mille neuf cent cinquante-huit livres cinq sols, ci. 1.958 1. 5 s.
2o La corvée se monte à deux cent vingt-neuf livres dix sols
six deniers, ci '229 1. 10 s. 6 d.
3o Le rôle des vingtièmes se monte à la somme de cinq cent
quinze livres dix-huit sols, ci 515 1. 18 s.
4« Le sel valant 14 sols la livre;
5» Les cuirs de toutes les espèces sont augmentés du tiers
du prix depuis 5 à 6 ans ;
6o Le tabac coûte 4 livres en livre, ce qui devient très
coûteux au public, attendu les falsifications qui sont faites dans
les bureaux ;
7o Les particuliers qui ont des terres relevant en fiels, ça
paye le droit aux commis tous les vingt ans et 10 sols pour
livre, et, s'il arrive la mort de ce particulier ayant payé la
jouissance échue vingt ans après son décès, s'il arrive la mort
de ce particulier (sic), les commis contraignent les enfants de
ce particulier de payer la jouissance des vingt années, à
compter du jour du décès du père;
8" Les contrôle et impositions sont augmentés, ce qui fait
une charge au public;
9o II serait très nécessaire au public (jue les [juges] jugeas-
sent les affaires et procès pendants en leur justice, que ce fût
promptement pour éviter la multiplicité des h-ais, queUiuefois
très onéreux au peuple;
10« Les frais d'insinuation de chaque [jarLicuUer, 7 livres.
llo La dîme de tous grains, de chacun 3 gerbes par arpent
de 4 pieds 2 pouces de valeur, le tout ensemble 1,000 livres ;
690 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
12o Pour les mariages, 6 livres;
13» Les impôts du vin sont du prix actuellement de 5 livres
10 sols par chaque poinçon tant vendu que par acheté;
14» Qu'il soit permis aux particuliers de pouvoir cueillir et
détruire les herbes qui sont nuisibles dans leurs grains ense-
mencés, pour par lesdits particuliers les cueillir quand bon
leur semblera, sans nuire à l'ordre de police;
15o Qu'il soit fait défense aux gardes-chasse d'aller et de se
transporter avec leurs chiens dans les grains ensemencés, lors
la maturité d'iceux, comme ils se sont ci-devant transportés et
causent des dégâts considérables.
En conséquence des circonstances et délibérations ci-dessus
détaillées, faites par lesdits habitants de ladite paroisse de
Léouville requérant amplement la bonté de Sa Majesté pour
toutes modérations possibles, et ils continueront d'offrir leurs
vœux au ciel pour la gloire et félicité de Sa Majesté et la pros-
périté du royaume.
Fait en l'assemblée des habitants de ladite paroisse de Léou-
ville, le dimanche premier jour de mars 1789, et ont signé à
l'exception de tel et tel.
(Suivent 11 signatures : celles de Germain Morize ; Claude
Lavau; Charles Malbranche, syndic, etc., et celle de Besnard,
notaire.)
Sur un morceau de papier détaché se trouve la note sui-
vante :
« La paroisse de Léouville peut faire valoii- 090 arpents de
terre, et les « hortenent » (1) 90 arpents, sans payer d'impôts.
Ledit terroir de Léouville est composé de 788 à 790 arpents de
terre. »
SÉBOUVILLE.
Dép. Loiret. Arr. C'<"*. Pitliiviers.
Oén. Orléans. EL Gren. Pitliiviers. Dioc. Orléans.
.ToussK. — Al feux. Jj'évêque d'Orléans, .fustice de IMtliivier.s, r. à
(1) Probablenienl pour hora-lL-nants.
CAHIER DE SÉBOUVILLE. 691
Orléans. Justice de Saint-Euvevte, r. en la prévôté d'Orléans. Br. de
Pithiviers. A 2 lieues de Pithiviers. 12 de Montargis et 9 d'Orléans.
Plaine.
1768. — 48 feux. L'évêque d'Orléans, Safran.
Taille de la paroisse en 1788. — 2,646 L, dont 1,160 pour
le principal et 1,480 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
DÎME. — Grains, 1 gerbe 1/2 par arpent. Vin, 5 pintes par poin-
çon, mesure de Pithiviers. Safran, une once par arpent. (Chanvre,
une livre par chènevière. Oies, canards, un par bande.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^'' mars, sous
la. présidence de [Sébastien Besnard], notaire-tabellion aux bailliage et
châtellenie de Pithiviers es paroisse de Sébouville, y demeurant, et
autres lieux. — Population : 56 feux. — Comparants : Louis Thi-
bault, Jean Bonnet, laboureurs ; Aignan Tavet, Louis Sigot, manou-
vriers ; Jacques Brunet, maitre des petites écoles ; Jean-Gervais Sevin,
soldat provincial ; François Bonnet, Gabriel Rivet, Denis Sigot, Germain
Mineau, Denis Benoist l'aîné, manouvriers ; Louis Bonnet, laboureur et
syndic de la municipalité, et Jacques Thibault. — Députes : Louis Bon-
net ; Jacques Thibault.
Population ex 1790. — 278 habitants.
Le cahier de Sébouville est à peu près identique à ceux de
Grigne ville et de Guignonville.
Même titre.
lo Les tailles, capitation et impositions y jointes, disant que
les impositions sont de 2 sols pour livre du principal de la taille
plus fortes que les environs et paroisses circonvoisines ;
2» Gomme à Grigneville ;
3» Gomme à Grigneville ;
4o Gomme à Grigneville, avec l'addition suivante :
A l'égard des chaumes, les petits manouvriers se plaignent
que les laboureurs font tout faucher les blés, et ({ue ça ote
l'aliment d^s mêmes peuples qui ne peuvent i)lns cuiivrii' Icui-s
maisons, ce qui est très fâcheux;
692 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
5» Comme à Grigneville, avec suppression des mots : ce qui
n'est pas juste ;
G" Gomme à Grigneville ;
7° Gomme à Grigneville ;
8o Gomme à Grigneville, avec l'addition suivante :
« Néanmoins, les notaires de campagne sont très nécessaires
pour tous les peuples, attendu que c'est beaucoup moins coû-
teux »;
9o = 10 de Grigneville;
IQo = 11 de Grigneville ;
41o = 12 de Grigneville, avec addition des mots : ce qui
devient très coûteux ;
12° Que le terrain de la paroisse de Sébouville est un terrain
très infructueux pour la plus grande partie; qu'à peine peut-on
recueillir ce qu'on y a semé ; en outre chargé du droit de cham-
part au fur de douze gerbes une pour la plus grande partie
dudit terrain ; qu'icelui droit de champart cause très souvent
la perte des grains recueillis sur les champs par la pluie qui
arrive au temps de moisson en ce qu'il n'est pas permis
d'enlever les gerbes après soleil couché, au moyen qu'il faut
rendre ledit champart en la grange cliamparteresse du lieu où
il doit être rendu et que ledit cliampart fait encore un tort
considérable, attendu que çaôte les pailles et fourrages, ce (jui
fait une dégradation sur les terres; en outre, chargé de la dune,
ce qui fait aussi une dégradation sur les terres;
13o Gomme à Guignonville;
14» Gomme à Grigneville, 2'' alinéa, moins les mots : et
finalement ;
La suite, jusqu'à la fin, comme à Grigneville.
(Suivent 14 signatures : celles de Louis l'iiibault; Aignan
Tavet; Jean Bonnet, etc., et celle de Besnard, notaire.)
CAHIER DE MORVILLE. 693
Le cahier de Morville, quoique rédigé comme les précédents, sous la pré-
sidence du notaire Bcsuard, en diflére notablement. Il y a donc lieu d'en
donner le texte.
MOHVILLE.
Dép. Loiret. .4^;-. Pithiviers. C^n. Malesherbes.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — 49 feux. L'évêque d'Orléans. Justice de Pithiviers. Br. de
Pithiviers. A 3 lieues de Pithiviers, 13 de Montargis et 10 d'Orléans.
Route de Pithiviers à Monnerville. Plaine.
1768. — 54 feux. Evêque d'Orléans. Blé.
DÎME. — Grains, 3 gerbes par arpent. Vin, 8 pintes par poinçon de
Pithiviers. Troupeaux, 1 s. par bête. Cochons de lait, 5 1. par truie.
Menues et vertes dîmes : le \2.^'.
Taille de la paroisse en 1788. — 6,043 1., dont 2,780 pour
le principal et 3.263 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, sous
la préùdcnce de Sébastien Besnard, notaire-tabellion aux bailliage et
châtellenîe de Pithiviers es paroisse de Sébouvîlle, y demeurant, Mor-
ville-en-Beauce et autres lieux. — Population : 52 feux. — Compa-
rants : Etienne Hautefeuille, François Hautefeuille, Jacques Hallot,
Germain Beauvillier, laboureurs ; André Bruneau, mai'chand ; Pierre
Gudin, Louis-Charles Richault, laboureurs ; Etienne Bonneau, Domi-
nique Percheron, manouvriers ; Pierre Merlet, charron ; Charles Rivier,
maréchal ; Jacques Barbier, Michel Bruneau, manouvriers ; Jean
d'Ézerville, cabaretier, et Joseph Percheron, maître des petites écoles.
— Députes : Etienne Hautefeuille ; François Hautefeuille.
Population en 1790. — 256 habitants.
Cahier des plaintes et doléances de la paroisse de Morville.
io Cette parois.se est composée (renvii'on 1900 ai'pents de
terres labourables, distinguée en deux territoires, savoir :
Morville, chef-lieu, et Barberonville, hameau qui en dépend,
éloigné du chef-lieu d'une demi-lieue ; qu'il ne faut pas con-
694 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sidérer ledit territoire de Morville et dépendances comme
un des meilleurs de la Beauce orléanaise, pour la distinguer
de la Beauce, vulgairement appelée la Beauce orléanaise,
pour la distinguer de la Beauce chartraine ; qu'à la vérité,
il peut avoir un peu de supériorité si on le compare avec
certains terroirs qui le bornent et renvironnent, mais que,
pour dire l'exacte vérité, selon l'estimation commune du pays,
il peut être partagé en trois sortes de qualités de terre, savoir :
un tiers de bonne, un tiers de passable, et l'autre tiers, qui à
peine, communément parlant, récompense le cultivateur de ses
peines et soins;
2° Le hameau de Barberon ville, composé de 804 arpents
de terres labourables et 24 arpents de bois et deux colom-
biers à pied, distingué en trois fermes, dont deux appartiennent
en propre à M»i« la comtesse de La Tour du Pin, et l'autre aux
héritiers Ponchevron, sans être chargé d'aucune redevance
annuelle ni de dîme, ni de champart, mais seulement d'une
modique redevance de vingt mines de blé due annuellement à
la cure de Morville pour lui tenir lieu de dîme ; encore a-t-il
fallu un arrêt en Parlement pour y contraindre les prédéces-
seurs de Mme la Comtesse.
Au contraire, le territoire de Morville, outre le droit de dîme
et champart, est encore chargé d'une infinité de rentes, savoir :
envers Mme la Comtesse, la quantité de quatre-vingt-dix mines
de blé, mesure de Pithiviers, et autant d'avoine, sans qu'il
paraisse qu'elle supporte aucune imposition pour cet objet, ce
(jui n'est pas juste; et encore envers le chapitre de Saint-
Nicolas de Mainlenon, une rente de cent deux mines de blé,
même mesure do Pithiviers, et cinquante-quatre mines d'avoine;
et envers l'hôtel-Dieu de Pithiviers, quarante-quatre mines de
blé et autant d'avoine, et en outre, à Bezonville, un colombier
à pied;
3o Un si petit territoire, si chargé de rentes qu'à peine, dans
les années malheureuses comme la dernière 1788, plus des
deux tiers desdits habitants peuvent à peine subsister et frayer
CAHIER DE MORVILLE. 695
aux dépenses nécessaires et indispensables, tant pour les façons
de labour et autres travaux des terres que pour l'entier acquit-
tement des rentes dues par lesdits particuliers aux différents
seigneurs, paie (ce qui paraîtra sans doute inconcevable à tous
esprits justes et raisonnables) plus de 6,000 livres de tailles
assez mal réparties tant sur les terres que sur les maisons,
même des simples locataires, ce qui est contre toute justice. Le
rôle des tailles de ladite paroisse prouve cette injustice jusqu'à
l'évidence. Exorbitante imposition si on la compare avec le rôle
des vingtièmes de la même paroisse, relativement surtout au
taux des gros propriétaires. Ce n'est pas qu'elle n'ait. formé des
plaintes dans différents temps sur ce poids immense d'impôts,
tant auxdits seigneurs intendants qu'à leurs subdélégués ; mais
le temps n'était pas encore venu où le peuple opprimé pouvait
parler avec confiance : placets, mémoires, représentations, tout
était rejeté ; il fallait se croire heureux de supporter un joug
trop lourd, trop pesant, et lesdits habitants le déclarent main-
tenant, que si leur bon père Louis XYI ne leur permettait de
se plaindre librement, écrasés, ils aimeraient mieux plier que
de réitérer des plaintes presque toujours rejetées et non rare-
ment suivies de menaces.
4o Outre ces taxes exorbitantes, ces rentes, ces charges
annuelles, on leur prend encore le quart du principal de la
taille pour des chemins qui leur seront toujours étrangers;
cette corvée, ces répartitions d'argent où chacun s'enrichit aux
dépens du public, qui n'est pas servi, s'exigent avec la plus
o-rande dureté ; les mêmes abus subsistent, le cultivateur et le
pauvre sont écrasés. Elle seule (1) paie plus de 700 livres
pour des chemins qui ne lui seront jamais d'aucune utilité,
tandis que la moitié de ladite somme consacrée pour rendre
abordable Morville ferait plus de bien à eux, habitants, que
cet arf^ent, qu'on les force de verser dans des mains étran-
^^ères avides de s'enrichir et de n'éclairer jamais le Souverain
(1) C'est-à-dire : la paroisse.
696 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
sur des abus qu'il réformerait avec empressement, s'ils lui
étaient connus.
50 Les milices, abus trop criant et trop public pour n'être
pas proscrit par la Nation! Tout le monde sait que les
milices enrichissent qui (1) et ôtent bien do l'argent aux cam-
pagnes. Une prestation d'argent prise sur cliaque paroisse
pour chaque garçon dans le cas de tirer à la milice sans aucune
exemption mettrait le Prince dans le cas d'avoir de bonnes
troupes toujours sur pied de troupes de milice dans des temps
de nécessité. Le cœur du Français est trop porté pour son
Roi pour ne pas s'empresser de voler au secours de son Prince
sans y être contraint, forcé en quelque sorte, brutalisé, comme
il n'arrive que trop souvent par la manière odieuse dont se
tirent les milices.
60 Rien de plus criant que la manière dont se perçoivent
les impots : jamais on ne paie assez tôt ces receveurs avides ;
conti'aintes, garnisons, c'est surtout dans les paroisses de la
campagne que se commettent et s'accumulent ces excès en
tous genres, et cette avidité des receveurs qui ne connaissent
que les contraintes et les frais contre les paysans qui ignorent
les lois, et pour quelles raisons ! Le Prince en est-il plutôt
payé? Erreur! Il est notoire, et ce n'est pas une chose cachée
que tel receveur qui entre dans une recette, n'ayant rien, devient
en peu d'années un grand seigneur, parce que, après avoir
sucé avec dureté, au nom du Souverain qui n'en sait rien, le
sang du laboureur et de l'artisan, il prête à très gros intérêt un
argent qui ne lui appartient pas, puisqu'il est au Roi, et que le
Souverain le paie de ses peines.
70 Lesdits habitants n'ont point à se plaindre de leurs
seigneurs, du côté surtout du droit de la chasse, les seigneurs
étant ecclésiastiques et ne les vexant point sur cet objet,
(juant au fief de IJarberon ville, qui s'étend sur Bezonville,
paroisse et terrain de Morville, ses droits sont trop bornés et
(1) Les points suspensifs sont dans le texte.
CAHIER DE MORVILLE. 697
trop mêlés avec ceux des autres seigneurs pour que leurs
droits de chasse puissent jamais leur faire beaucoup de tort.
Quant à l'amélioration de la cure dudit Morville, lesdits habi-
tants s'en rapportent à la décision des États généraux, déclarant
lesdits habitants (pi'ils ne voient aucun moyen pris dans la
paroisse de rendre le sort dudit curé plus avantageux, au
désir de la Nation, que de le faire rentrer dans la dîme en
nature du hameau de Barberonville, dont aucun acte légal n'a
prouvé qu'il n'y eût droit.
80 Pour obvier à bien des inconvénients, on pourrait établir
dans chaque paroisse de la campagne une administration
municipale composée du syndic, des mai^guilliers et des deux
notables pour veiller sur la police, répartir les impositions
conjointement avec les collecteurs de chaque année, et pour
dresser des procès-verbaux des contraventions et autres
malversations qui pourraient arriver dans lesdites paroisses,
en avertir les juges des lieux pour y remédier le plus promp-
tement et à moins de frais possible.
Enfin, lesdits habitants estiment qu'en simplifiant la manière
dont se perçoivent les impôts, en réformant cette multitude
innombrable de commis, de traitants, gens inutiles et avides
d'argent, presque toujours au mépris des lois de l'honneur et
de l'équité, surtout dans les paroisses de la campagne, où, sous
prétexte de fraude, de contravention à des lois ignorées,
inconnues, ils commettent toutes les injustices que leur dicte
l'esprit de cupidité qui les conduit ; en supprimant tout ce qui
a rapport aux aides et aux gabelles, laissant le commerce libre,
rendant le sel et le tabac marchands, et en établissant un
impcH sur chaque propriété, obligeant les gros propriétaires à
payer au- Roi selon l'étendue de leurs revenus annuels, lois
qu'ils ne peuvent trouver injustes tant qu'ils seront raison-
nables; en réformant les abus énormes et criants de tous les
tribunaux de justice, détruisant avec prudence et composant
avec sagesse, ne composant les nouveaux tribunaux que de
sujets connus par leur probité, leurs mœurs et leur religion,
(398 BAILLIAGE D ORLÉANS.
soit qu'ils soient nouvellement choisis au mépris des anciens,
si ceux-ci se sont rendus prévaricateurs et par là une si noble
fonction (1) que celle de rendre la justice, soit qu'ils soient
pris dans le nombre des anciens qui peuvent mériter les
éo^ards, renvoyant impitoyablement ce tas d'officiers subal-
ternes comme procureurs, huissiers, êtres superflus qui
n'entourent les tribunaux que pour tromper les juges, multi-
plier les frais et s'enrichir aux dépens de la veuve et de
l'orphelin, et consacrer par une ordonnance sage, raisonnéeet
méditée dans l'esprit de sagesse et de religion les justes et
bornés honoraires de chaque défenseur de parties avec injonc-
tion sous les peines les plus griefs (sic) de terminer tous les
différends dans le moins de temps possible, pareille injonction
aux juges de rendre compte au Souverain à sa première
réquisition de la manière dont ils s'acquittent de leurs devoirs,
méritent sa confiance et celle du public dont on ne se moque
jamais (2); un pareil règlement, une loi si sage, si elle peut
subsister, éternisera à jamais la respectable assemblée qui a
de si grandes choses à traiter, couronnera de lauriers
immortels le prince qui mettra le dernier sceau de son auto-
rité, ramènera le calme dans les esprits et l'heureuse abon-
dance de nos pères, essuyera les larmes de tant d'infortunées
victimes de mille vexations de toutes espèces, et surtout de
ces milliers de clients pauvres persécutés par des puissants ou
chicaneurs de mauvaise foi qui les écrasent, et pourquoi?
Thémis est aveugle parce qu'elle ne voit pas d'or, qu'elle en
voit plus d'un côté que de l'autre, ajouté à plus de crédit et de
protection. Enfin, après une pareille loi, le cultivateur et l'arti-
san, le pauvre et le riche, béniront, cliériront le Prince qui
aura eu le courage d'anéantir tous les abus, de mettre tout
dans l'ordre et de faire revivre la justice, les lois et la
religion. Que cela arrive le plus tôt possible !
Fait et arrêté à l'assemblée desdits habitants, pour copie
(1) C'est-à-dire : et par là souillant une si noble lonction.
(2) Sans doute pour : dont on ne doit jamais se moquer.
CAHIER DE MAREAU-AUX-BOIS . 699
desdites plaintes, doléances, et autres moyens proposés de
subvenir aux besoins de l'État et de parvenir à la réformation
entière de tous les abus des différents chefs d'administration,
être remise entre les mains des sieurs Etienne Ilautefeuille et
François Hautefeuille, tous deux laboureurs, députés choisis
par lesdits 1 labitants pour les représenter à l'assemblée générale
d'Orléans.
A jMorville, le premier jour de mars 1789, et ont signé.
(Suivent 15 signatures : celles de Percheron ; G. Beauvillier,
syndic; Hautefeuille, etc., et de celle de Besnard.)
58o Mareau-aux-Bois.
Dé2i. Loiret. Arr. C^n, Pithiviers.
Gén. Orléans. El. Grcn. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. — 108 feux. Daldart. Justice, r. à Pithiviers. Justice de
Courcy. Assemblée le 25 avril. Br. de Pithiviers. A 2 lieues de Pithi-
viers, 11 de Montargis et 8 d'Orléans. Route de Boynes à Tourj.
Plaine.
1768. — 124 feux. De Rochechouart. Safran, vigne.
DÎME. — Terres labourables, 2 gerbes de 50 pouces par arpent. Vin,
3 pintes par poinçon.
Tau.lb de la paroisse en 1788. — 4,564 L, dont 2,100 pour
le principal et 2,464 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de (ruillaume Marteau, notaire
et procureur-fiscal de la justice de Mareau-aux-Bois. - Population :
140 feux. — Conijxiranls : Les habitants de la paroisse en nombre
suttisant. — Députés : Etienne Grillière le jeune et Louis André le
jeune.
Population en 1790. — 787 habitants.
700 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
Plaintes et doléances des habitants de la paroisse
de Mareau-aux-Bois.
[o Désirent que la généralité d'Orléans soit érigée en pays
d'États ;
2o Que les impôts sur le sel, le tabac, sur les vins, cuirs,
toiles, mousselines et autres de pareille nature soient sup-
primés ;
3o Qu'il ne soit plus question des droits de franc-fief et suc-
cession collatérale;
4° Que les hautes, moyennes et basses justices soient aussi
supprimées, ou permettre aux créanciers de traduire leurs
débiteurs devant quel juge il avisera (sic);
5» De supprimer aussi les notariats subalternes et les ériger
en royaux et charges héi'éditaires, avec un arrondissement suf-
fisant pour faire subsister un ménage ; de supprimer les cor-
vées, de faire laisser les voies publiques libres; de ne souffrir
lapins et pigeons, lièvres, en trop grande quantité, qui dévorent
les campagnes;
6° Et enfin qu'il serait à propos qu'il n'y eût qu'un seul
impôt, sauf néanmoins les contrôles des actes et exploits, à
cause des fraudes qui peuvent se multiplier, mais (jue les droits
fussent modérés et déterminés, non sujets à des interpréta-
tions, tels qu'ils sont actuellement.
Observations.
L'impôt sur le sel rapporte peu à Sa Majesté et fait un tort
considérable aux plus indigents. Combien de personnes qui
sont des semaines entières sans faire de bouillon ?
Le tabac est quelrpiefois utile et nécessaire pour la santé :
celui actuel est d'un faible secours, est éventé et propre à rien
autre chose qu'à faire du mal.
Le débit des vins étant hbre éviterait quantité d'inconvé-
nients. Combien de temps perdu, des hommes et des animaux
CAHIER DE MAREAU-AUX-BOIS. 701
étant à chaque instant arrêtés! Le premier droit sont (.sic) les
congés de remuage, ensuite les passe-debout, et enfin les
entrées sur les cuirs, toiles, mousselines, etc., ce qui retient
le commerce et empêche la circulation des espèces, et tous ces
impôts sont très dispendieux ù. percevoir et pour lesquels il y
a quantité d'honnêtes gens de compromis (jnelquefois inno-
cemment.
Si Sa Majesté, comme on le pense, veut mettre tous ses sujets
susceptibles d'impôts dans l'égalité, pourquoi assujettir les
roturiers à payer des francs-fiefs tous les vingt ans et à tout
décès? C'est ôter la liberté au Tiers état de faire circuler leurs
espèces ; c'est leur interdire le commerce du bien, qui devrait
être aussi libre comme le reste.
La suggestion de payer le droit de succession collatérale par
tous les sujets du Roi n'est pas sans inconvénient. Des décla-
rations que l'on croit justes deviennent fausses et attaquées de
fraude sans le mériter et sous un vain prétexte, parce que
tous les jours il peut arriver que par convenance, ayant le
bonheur d'être adhérent d'un voisin opulent, on lui vendra le
double de la déclaration de valeurs.
Les hautes, moyennes et basses justices n'occasionnent
qu'une augmentation de frais, et souvent les parties sont écra-
sées avant de pouvoir aller aux sièges présidiaux, et quelque-
fois, après cette haute justice, il faut encore essayer un degré
de juridiction d'un petit bailliage royal, et il n'est pas surpre-
nant qu'mie personne puisse mieux errer que plusieurs.
Tous notariats à bail sont très dangereux pour le peuple, soit
subalterne ou royal, parce que les seigneurs suzerains s'ar-
rogent le droit de faire enlever les minutes soit à la fin des
baux ou du décès, et les disposent dans leur grelïe, qui
finissent par être dans des greniers et deviennent la proie des
rats et des souris, etc.
Il serait à propos pour le bien de l'État q\ï\\ n'y eût que
deux impôts, savoir :
702 BAILLIAGE d'ORLÉAIN'S.
Un droit de contrôle pour fixer la date des exploits, actes et
procès-verbaux, etc. ;
Et un impôt territorial, auquel tous les sujets du Roi ne pour-
ront échapper et y participeront proportionnellement.
Il serait aussi très à propos de transmettre à de petites cures
le superflu de celles trop opulentes ou d'en faire des réunions,
et que les cures au-dessus de 1,200 livres de frais seraient
tenues d'avoir un vicaire dans les paroisses composées de plus
de 100 feux, le casuel supprimé.
Gomme il est ci-devant question de suppression de justices,
il serait à propos de suppléer au défaut par l'établissement d'un
commissaire dans chaque paroisse pour taire la police, éviter
tout scandale, veiller à ce que les cabaretiers et taverniers ne
donnent point à boire aux habitants pendant le service et à
heure indue, et pour mettre des tuteurs-curateurs, éviter des
corvées aux sujets et de la dépense, et enfm pour apposer des
scellés en cas d'absence d'héritiers, et faire rendre libres les
voies pubhques.
En ce qui concerne le seul impôt à établir, il faudrait qu'il
fût perçu en nature sur chaque espèce de récolte; faute de quoi
il sera difficile à recouvrer et s'y trouvera quantité de
iraudes.
Il faudrait comme la 20« gerbe de blé sur les ori^e, vesce,
avoine, escourgeons, pois, fèves, safran, lin, chanvre, sainfoin,
foin de pré, moutarde, h'uits aux arbres, 20'' poinçon de raisin
ou 20« pinte de vin, 20« bourrée, fagot, corde de bois, 2()'" toise
de bois carré, planches, lattes, charniers, poutres, ridelles,
limons, etc., des buissons, haies et bois non en gruerie dans
les paroisses.
Et quant aux bois en gruerie, tant dans les villages que dans
les forêts, comme il se tient des registres d'adjudication. Sa
Majesté pourrait percevoir le dixième diï prix sur les registres
qu'elle se ferait repi'ésenter, et prononcer une peine en cas de
fraude, facile à justifier.
CAHIER DE MAREAU-AUX-BOIS. 703
S'il en était ainsi, les laboureurs cultivateurs paieraient sur-
le-champ en nature, et comme ils se trouveraient surchargés,
il faudrait que les propriétaires fussent tenus de leur tenir
compte du dixième du prix de leur ferme parce qu'un arpent
de terre peut produire 20 et 30 mines de grain. A partir de
cette taxe, le cultivateur se trouverait chargé plus de 6 et jus-
qu'à 10 Uvres de l'arpent, suivant la cherté des grains; par
cette manière d'étabhssement, il n'y aurait point à faire plu-
sieurs classes de terres. Les mauvaises terres rapportant moins
paieraient moins, comme les mauvais prés, bois et toute autre
chose, etc., ne payant rien, se trouveraient sujets à cet
impôt.
Combien de seigneurs qui font valoir des terres, prés, bois et
vignes, etc., sont atïranchis, qui ne pourront se soustraire à
cet impôt? Et, dans l'équité, il faudrait qu'il fût établi sans
exception sur toute personne, de quelques qualité et condition
qu'elle soit, les monastères des deux sexes, les hôtels-Dieu, les
hôpitaux, etc., sans exception, et, par ce moyen, il ne sera pas
nécessaire de déclaration de bien. Chaque paroisse connaît son
contenu, sauf les forêts qui s'y trouveront ci-dessus. Pour la
participation de cet impôt général, il faut que cet impôt soit
crié trois fois à la porte de l'église, issue de messe paroissiale,
par les gagiers ou syndics de la municipalité, avec indication
d'un jour pour être crié et recevoir les enchères, et la der-
nière annonce avec indication du jour, lieu et heure que l'ad-
judication s'en fera sans remise au plus oiïrant et dernier
enchérisseur, à la charge par l'adjudicataire de donner bonne
et sufhsante caution, de payer tous les trois mois et par quar-
tier le prix de l'adjudication, à l'endroit que le gouvernement
jugera à propos de désigner.
Par ce moyen, tous les biens se trouveront imposés égale-
ment.
Pour l'établissement de celui sur les bourgeois et marchands
des vihes, bourgs et villages qui ne font valoir aucun bien que
leurs logements, jardins, laisser subsister les capitation.,
704 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
dixième, vingtième et suppléments tels qu'ils sont établis sur
les seules gens des villages par classes : ceux vivant bourgeoi-
sement, les gens de toute espèce de métiers, fixer une taxe
par grade, laquelle taxe sera comprise dans les adjudications
des bourgs et villages, pourvu toutefois qu'ils ne diminuent dans
aucune culture de grains proportionnée à leur logement, et
ce faisant, ils doivent être exempts de cette seconde taxe.
D'après ces indications qui seraient envoyées en bref délai
au gouvernement qui, d'après calcul, fait approfondir s'il y
aura suffisamment pour subvenir aux dépenses nécessaires de
la maison du Roi, de la Reine, des princes, des pensions, entre-
tien des troupes, corvées, etc., et s'il se trouvera de quoi mettre
la tranquillité dans tous les États de la France.
Enfin, augmenter en cas de nécessité et diminuer, si le cas
y échet, et toujours sous le même titre.
Il est à croire que de tous les impôts qui se sont perçus jus-
qu'ici, il ne s'est rendu que le sol pour livre au plus dans les
coffres du Roi, et qu'étant portés à la suite en deux fois, la
première par les adjudicataires sans frais, et la deuxième indi-
recte par celui qui en sera chargé, qu'il lui soit accordé le sol
pour livre, ce sera 18 millions sur 20 qui rentreront de
plus.
Gomme ces adjudications ne sei'ont pas sans inconvénient, il
faudrait maintenir les adjudicataires et les autoriser à faire
ouvrir des cénacles de particuliers qu'ils re(|uei'i'ont et, en cas
de li-aude, prononcer des amendes réversibles au profit des
adjudicataires, et, en cas de récidive des délinquants, déclarer
comme vol et prononcer peine affiictive.
Comme aussi dans les cas de gelée, inondations, grôle;
foudre qui, quelquefois, bat les grains qui sont à leur matu-
rité, au (juart, tiei-s, moitié, etc., auxquels cas admettre des
remises aux adjudicataires, proportionnées à leurs pertes. C'est
au gouvernement à rectifier, augmenter ou diminuer, ce (|u'il
jugera le plus convenable.
CAHIER DE YÈVRE-LA-Vll.LE. 705
Et ont lesdits habitants signé le présent pour être remis
aux députés et sur le double resté au greffe de la municipalité,
cejourd'hui 2 mars 1789, après avoir été annoncé au prône et
par le syndic à la porte de l'église au son de la cloche, les
22 février et jour d'iiier, à laquelle assemblée ont été nommés
pour députés Etienne Gandrille le jeune et Louis-André des
Grillières, habitants de cette paroisse, qui ont signé avec les
habitants et nous, procureur fiscal tenant ladite assemblée,
cejourd'hui 2 mars 1779.
(Suivent 25 signatures : celles de Etienne Gandrille, dé-
puté (1); Louis-A[n]dré, député ; Simon Galher, syndic, etc.,
et celle de Marteau.)
59o Yévre-la-Ville.
Dép. Loiret. Arv. C''". Pithiviers.
Gén. Orléans. El. Gren. Pithiviers. Dioc. Orléans.
JoussE. - 149 feux. L'abbé de Saint-Benoît. .Justice, r. à Orléans.
Br. de Pithiviers. A 1 lieue de Pithiviers, U de Montargis, 10 d'Or-
léans. Route de Pithiviers à Montargis. Sur la rivière d'Essonne.
Plaine.
i7(]8. — 100 feux. Religieux de Saint-Benoît. Safran.
DÎME. — Orains, fourrages, terres novales, 2 gerbes par arpent.
Menues et vertes dîmes : le 18«. Safran, 1 once par arpent. Cochons de
lait, 5 1. par truie. Troupeaux, 1 s. par bête. Vin, 2 et 4 pintes par
poinçon.
T.\iLLE de la paroisse en 1788. — 3,81(5 1., dont 1,870 pour
le principal et 1.940 pour les impositions accessoires et la capita-
tion.
Proch:s-verb.\l. — Assemblée électorale le mercredi 4 mars, au l)anc
d'œuvre de l'église, sous la présidence de Pierre-Louis-Rémy Perret,
avocat en Parlement et au bailliage d'Yèvre-la Ville, en l'absence du
]jailli. __ Population : 100 feux. — Comparants : Aignan Rouault,
syndic: Denis Rouault; R<'né Cliain; .b'an Brière ; Simon P.rièi'e ;
(1) Membre de la muiùcipalité.
rr T *5
T. I.
706 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
François Gourdou; Etienne Moucron ; Jacques Roullon ; Marc Hureau ;
Jean Hutteau ; Barthélémy Lecomte ; Gervais Balot ; Pierre Guillotot ;
Jacques Couture ; Ambroise Luche ; Pierre Bénard ; Pierre Berthier ;
Laurent Foucault ; Olivier Dupré ; Louis Vacquin ; Jean Roullon ;
Pierre Couture; Pierre Brie; Pierre Brière ; Charles Massuré ; Denis
Roullon; Laurent Guillotot; Sébastien Charmont; Jacques Chain; Louis
Thaurau ; Nicolas Charpentier ; Jacques Rivierre ; Guillaume Brière ;
Noël BaiUy ; Jean Courtois ; Jean Petit ; Pierre Rouault ; Adrien
Hutteau et Jacques Brie ; Pierre Colliard. — Députés : Jacques Cour-
tois ; Sébastien Charmont.
Population en 1790. — 655 habitants.
Cahier de doléances de la paroisse d'Yèvre-la-Ville, qui sera
présenté à rassemblée préliminaire qui se tiendra le
7 mars présent mois et au devant M. le lieutenant général
du bailliage d'Orléans, en exécution des ordres de Sa
Majesté, et d'après publications faites au prône et à la porte
de l'église de cette paroisse, lequel cahier sera porté par
Jean Courtois et Sébastien Charmont.
Après que les habitants se sont mutuellement entretenus
entre eux et avoir donné tous les pouvoirs nécessaires aux
députés ci-dessus nommés pour aviser, conseiller et assister
dans toutes les choses qui seront mises sous les yeux de notre
Monarque, afin que tout tourne à l'avantage du Roi et de son
peuple, Sa Majesté est suppliée de vouloir Ijien accorder
|: i^j] que toutes les cures du royaume soient dotées d'une
somme de 2,000 livi-es, en abandonnant par eux {sic) le casuel
forcé et le droit de dîme ;
2° La suppression générale des aides et gabelle;
3" La diminution des droits de contrôle ;
4» La suppression des droits de franc-fief;
5» La destruction des colombiers ;
0» La destruction ou modération du gil)ier et les gai'ennes
murées ;
CAHIER DE YÈVRE-LA-VILLE. 7()7
7t> La suppression de la corvée ;
8t» La suppression de la milice ;
9» Une diminution des frais de justice ;
10° Que les justices seigneuriales où les juges ne sont
point domiciliés soient transférées à la ville la plus près ;
llo Qu'il soit accordé la police au syndic de la municipalité
et aux marguilliers pour arrêter les mendiants et gens sans
aveu et conduits (1) devant le juge du lieu ;
42o La suppression des champarts; y substituer un autre
droit à la place ;
13'^ La suppression du don gratuit ;
14o La suppression des élections et autres justices d'attri-
bution ;
15» Gréer l'impôt territorial ; ordonner que les deniers pro-
venant de cet impôt soient reçus par le syndic et autres offi-
ciers de la municipalité, qui en tiendront compte aux officiers
des assemblées intermédiaires qui verseront ces mêmes deniers
dans les coffres du Roi, sans frais ;
16o La suppression des intendants ;
17o La suppression de la capitatioii et industrie, de manière
qu'il ne soit imposé par la suite aucun impôt sans le consen-
tement des États généraux, dont le retour périodique sera fixé
avant la dissolution des États généraux ;
18o Ordonner que l'impôt territorial sera réparti sur tous les
biens, sans excepter ceux des ecclésiastiques et nobles;
19» La suppression des religieux ; que les évoques et abbés
soient tenus de rester dans leurs évêchés et abbayes, ainsi que
la suppression des religieuses, et que leurs biens soient
employés à la dotation des curés.
(Suivent 26 signatures : celles de Brière ; Rouault ;
Chain, etc., et celle de Perret.)
(1) C'est-à-dire : et qu'ils soient contluits.
708 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
60 GUIGNEVILLE.
Dép. Loiret. Arv. C^n. Pithiviers.
Gén. Orléans. El. Pithiviers, Dioc. Orléans.
.Tousse. — 69 feux. L'évèque d'Orléans. Justice de Pithiviers.
Assemblée le 22 juillet. Br. de Pithiviers. A 1/2 lieue de Pithiviers,
11 de Montargis et 10 d'Orléans. Plaine.
1768. — 92 feux. Évêque d'Orléans. Safran.
j)mE. — Grains, 2 gerbes par arpent. Vin, 8 pintes par poinçon,
mesure de Pithiviers. Safran. 1 once par arpent. Troupeaux, 1 s. par
bête. Cochons de lait, 1 par truie. Oies, canards, 1 par bande.
Taille de la paroisse en 1788. — 7,171 1., dont 3,.300 pour le princi-
pal et 3,874 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l*"'" mars,
dans l'auditoire du lieu, sous la présidence de Louis-Nicolas Hautefeuille,
ancien procureur du bailliage de Guigneville, y faisant fonction déjuge
en l'absence du bailli, assisté du greffier ordinaire. — Population :
120 feux. — Comparants : p]dme-Germain Morin, .Jacques Lesueur,
Denis Bertheau, Nicolas Morin, Etienne Bruneau. Paul (kiérin, .Jacques
Hutteau, .Jean Poincloux, Hilaire Gauthier, Jean Gilbert. Joseph
Gauthier, Antoiue Hautefeuille, Jérôme Leblanc, Louis Malèzé, Etienne
Gauthier, Louis Dauvois, Louis Leblanc, François Colleau, François
Pelletier et autres, tous habitants, laboureurs et vignerons de ladite
paroisse de Guigneville. — Députés : Denis Bertheau ; Jean-Baptiste
Rivet, vigneron.
Population en 1790. — 550 habitants.
Cahier des doléances de la paroisse Saint-Hilaire-
de-Guigncville.
Ce cahif3r présente de nombreux traits de ressemblance
avec ceux d'Engen ville et de Bouzonville-en-Beauce, notam-
ment dans ses articles 2, .'5, G, 7 et 8.
Art. l^r. — Le Roi ayant bien voulu ordonner tiue le noml^re
des députés du Tiers état fût égal à celui des deux premiers
Ordres réunis, nous demandons que les trois Ordres opinent
ensemble et que leb voix soient comptées par tête;
CAHIER DE GUIGNEVILLE. 709
Art. 2. — Que les impositions soient payées par tous les
individus des trois Ordres sans aucune distinction, dans
la proportion du revenu de chacun, dans la même forme et
sur le même rôle.
Art. 3. — Sera très liumblement suppliée Sa Majesté de
supprimer la gabelle, les contrôles et domaines, impôts désas-
treux qui pèsent d'une manière accablante sur les habitants
des campagnes, trop laibles pour s opposer aux vexations des
commis.
Art. 4. — Sera également suppliée de supprimer la corvée
ou la prestation en argent, représentative de cette corvée,
qui tombe presque en son entier sur la classe des culti-
vateurs .
Art. 5. — Nous demandons que les frais de justice soient
diminués et les procédures abrégées, ayant vu qu'on était
obligé de passer par devant plusieurs justices pour avoir le
dernier ressort du jugement de ses difficultés et la connais-
sance des frais qu'il n'est point entendu dans les habitants
des campagnes (1).
Nous prouvons que, pour une difficulté d'une somme quel-
conque de la valeur de 3 livres et moins, qui arrive dans plu-
sieurs familles [de] propriétaires ou locataires, un aimera mieux
perdre ses intérêts qui lui sont dus, et l'autre voudra exiger
ses droits. Il est donc bien malheureux à celui qui aime mieux
perdre son droit, ayant vu qu'il faut passer par devant plu-
sieurs justices ; mais il n'est pas moins malheureux à celui qui
veut exiger des droits qu'il croit lui être dus. Ils demandent
qu'il leur soit rendu justice.
Nous prouvons que, pour cotte somme modique, ayant vu
qu'on était obligé de passer par devant plusieurs justices, en
fin qu'à la lin de cette procédure, qu'un (sic) propriétaire ou
locataire est obligé de vendre son bien; souvent, il arrive qu'il
(1) C'est-à-dire, sans doute : pour arriver à la connaissance des frais auxquels n'entendent
rien les habitants des campagnes.
710 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
n'est pas même suffisant, étant obligé de lui faire saisir son
mobilier pour payer ses droits.
Nous demandons qu'au-dessous de 300 livres, qu'il (sic) soit
rendu justice en dernier ressort au bailliage de l'endroit et qu'il
n'en soit point rappelé en d'autres justices ;
La félicité publique qui nous rendra à nous particuliè-
rement le calme et la tranquillité dont nous sommes privés
depuis si longtemps.
Art. 6. — Nous demandons que les terres soient franches
de dîmes et champarts, ayant vue à l'incommodité que cela
peut faire aux laboureurs et habitants des campagnes, ayant la
facilité d'enlever son champ à sa volonté et d'avoir les pailles
et fourrrages. Cela obligerait les cultivateurs et occasionnerait
la production des grains, ayant vue aux bestiaux que l'on
pourrait avoir de plus, sans compter encore l'incommodité
d'avei'tir son receveur pour champarter les gerbes qu'il peut
avoir dans son champ, la difficulté de lui conduire dans sa
grange champarteresse.
Et la difficulté des dîmes, de laisser la ([uantité de gerbes
qu'il est dû dans clia(|ue arpent aux MM. les curés de paroisse,
et que quelquefois, même souvent, l'enlèvement de leur dîme
ne se fait pas au jour de renlèvement du labourein% ce qui est
une grande incommodité pour la pâture des bestiaux : ainsi,
pour avoir la pâture des bestiaux et n'avoir pas de difficulté avec
son curé de paroisse et autres gros décimateurs pour la gros-
seur des gerbes qui peuvent leur appartenir, il est aisé de croire
qii'ime gerbe, lors(|u'elle n'est point enlevée le môme jour du
l;d)( (tireur, n'est plus le lendemain dans la même grosseur, pro-
duit quelquefois des procès considérables contre les cultivateurs
des campagnes. Ayant [égard (?) | à cette incommodité, nous
faisons offre de la même quantité de tout grain, y compris les
pailles et fourrages qui peuvent lenr être dus.
Nous faisons la même offre aux propriétaires des champarts
on à lenrs receveurs, savoir : [)onr les champarts et dîmes,
CAHIER DE GUIGNEVILLE. 7 1 l
nous demandons qu'il soit porté dans l'ordonnance en même
temps faite une estimation de tous les pailles et fourrages de
ce qu'ils peuvent valoir, l'un portant l'autre.
Nous faisons la même offre de payer la quantité de tout grain
qui peut leur être due, suivant l'estimation portée par l'ordon-
nance que nous vous prions d'adopter. Nous prions MM. les
curés de paroisse et autres propriétaires receveurs des
champarts d'en faire leur choix, savoir : la quantité de tout
grain cjui peut leur être due, y compris la valeur des pailles et
fourrages, pour leur faire le même revenu en argent ou en
grain, à leur clioix. En conséquence, nous vous prouvons que
nous ne cherchons pas nos propres intérêts, mais que nous
cherchons le bon moyen de la production des grains, jointe au
bonheur de la France.
Art. 7. — Nous demandons que les baux des abbayes ou
commanderies existent (l) en cas qu'un abbé ou commandeur
vienne à mourir. Il est extraordinairement malheureux qu'un
fermier qui s'établit dans une ferme d'abbaye ou commanderie,
ay;mt vue que les établissements sont bien chers, [doive] payer
le prix de son bail et donner une somme quelconque que l'on
nomme pot-de-vin, si le maître en exige, et l'usage dans les
maitres n'est malheureusement que trop commun pour les fer-
miers et autres habitants de campagne. Il est aisé de croire
qu'un fermier, qui n'a que le prix de son étabUssement bien
juste, était privé de jouir en cas que son maître vierme à mourir,
ayant vue que le nouveau abl)é ou commandeur souvent il (sic)
demande une somme d'augmentation toutes les années du prix
de son bail et souvent du pot-de-vin en sus du prix du bail,
ayant vue que le fermier a rétabli la terre ; il arrive souvent
que le nouveau abbé ou commandeur profite des h'ais que les
fermiers et autres habitants des campagnes ont faits {2). C'est
(1) C'est-à-dire : continuent à exister.
(2) Phrase laborieuse et incorrecte, qu'on peut rétablir à peu près ainsi : « Il est e^xtraordi-
naiiement malheureux qu'un fermier qui s'élablit dans une ferme d'abbaye on commanderie. eu
éeard à ce que les établissements sont très chers, doive payer le prix de son bail et donner en
outre une somme quelconque que l'on nomme pot-de-vin, si le maître en exige un, et cet usage
de la part des maîtres n'e=t malheui-eusement que trop commun vis-a-vis des fermiers et autres
712 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
une condition de bail désastreuse et accablante pour les fer-
miers et autres habitants des campagnes.
Art. 8. — Les pigeons de colombiers et volières et les
lapins des bois, les gibiers des champs étant encore un des
fléaux qui dévastent les campagnes et dont la trop grande quan-
tité détruit l'espérance des laboureurs et autres habitants de
campagne, qui n'en sont pas moins dans la nécessité de payer
leurs impositions, fermages, cens et rentes, et il ne nous est
pas permis d'en faire la destruction nous-mêmes, ayant vue
qu'il y avait une amende afireuse pour les laboureurs et autres
habitants de campagne.
Nous prouvons qu'un colombier garni de pigeons peut valoir
400 livres de revenu à son maître tous les ans, sans compter
la nourriture ([u'il peut leur falloir dans le courant de l'hiver.
Nous prouvons que, depuis le 1^''- juin jusqu'au mois de sep-
tembre, que (.sic) chaque colombier garni de pigeons fait une
destruction dans les grains des cultivateurs; de ce qu'ils perdent
et de ce qu'il peut leur falloir pour leur nourriture, nous esti-
mons leurs désastres au moins à 3,000 livres, sans compter la
perte qu'ils peuvent faire dans les semences des blés et tout
autre grain.
Sera également suppliée de supprimer le gibier des champs,
;iyant vue qu'on ne connaît pas d'autre nourriture que les blés et
safran qui peut (sic) leur servir de nourriture. 11 a été bien mal-
heureux au cultivateur tant par ses alïaires(|ue pour la nourri-
ture des hommes de se voir accablé, sans avoir le pouvoir de
se défendre; et souvent il arrive que là où la produclion des
grains ne se fait pas beaucoup abondante, c'est justement où il
se fait une forte production de safran. Nous prouvons qu'à ce
défaut de cette dite agriculture qui se travaille à force des bras
était accablée de gibier en augmentant comme depuis quelque
habitants de campagne. Il est ais(; de croire qu'un ftrinicr qui ne possèdo que |i' prix de snn
élablissement bien juste est bien malheureux, s'i) est privé d'en jouir an las (|ue son maître
vienne à mciuiir, eu égard à ('C i\nii lu nouvel abbé ou coinmiuidcur souvent demande une
somme d'augmentation toutes les années du prix de son bail et souvent du pot-de-vin en sus du
droit, parce que le fermier a rétabli la terre. »
CAHIER D AULNAY-LA-RIVIERE. /Jo
temps on serait obligé d'en perdre ragricuUure (1). Quant aux
lapins des bois, ils ne soutfrent aucune difficulté au milieu des
campagnes; il n'est pas moins inalheui'eux à celui qui a des
terres labourables dans les environs des bois, quoique moins
d'étendue que les gibiers des champs ; nous prouvons qu'ils font
le même désastre du (2) gibier des champs en moins d'étendue.
Il est plus aisé aux seigneurs des campagnes de faire la des-
truction des lapins des bois qu'à un simple particulier de se
défendre contre son maître ou contre son seigneur de qui on
dépend, ayant vue aux précautions qu'il faut prendre, portées
par l'ordonnance d'aujourd'hui.
Le Roi sera très humblement supplié de vouloir bien dans
sa bonté paternelle donner les ordres les plus précis pour que
désormais ce qui doit être la nourriture des hommes ne
devienne point la pâture des animaux destinés uniquement au
plaisir des seigneurs.
(Suivent 23 signatures : celles de Jean Poinclou ; Thibault,
syndic; Edme-Germain Morin, syndic municipal, etc.)
61o AULNAY-LA-RiVIÈRE.
(Autrefois AULNAY-ROCHEPLATTE.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C^'K Puiseaux.
Gén. Orléans. El. Grcn. Pithiviers. Dioc. Sens.
.Tousse. — Paroisse. (j7 feux Le comte de Rocheplatte. Basse justice,
r. à Yèvre-le-Châtel et présidialement à Orléans. Assemblée le dimanche
après le 4 juillet. Br. de Pithiviers. A 2 lieues 1/2 de Pithiviers
et i2 d'Orléans. Route traversière de Puiseaux à Montargis. Sur la
rivière d'Essonne. Dans un fond.
17(38. — 85 feux. Chevalier de Bouville. Blé.
DÎME. — Blé, 8 gerbes par arpent; menus grains, 2 gerbes par arpent.
Vin, 4 pintes par poinçon, mesure de Saint-Denis. Troupeaux, 1 s. 3 d.
par béte. .Menues et vertes dîmes, le 18". Safran, 30 s. par arpent.
(1) Cette phrase obscure est textuelle.
(2) Cest-à-dire : que le.
714 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,303 1., dont 1,980 pour le princi-
pal et 2,323 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le mercredi 6 mars, à l'école,
sous la présidence de .Teap-.Jacques-Denis Miger, bachelier en droit,
procureur-fiscal et notaire du bailliage et comté d'Aulnay-Rocheplatte,
pour l'absence du bailli, assisté de Jean-Pierre Prud'homme, bachelier
en droit et procureur audit bailliage et comté, faisant fonctions de greffier
en l'absence du greffier ordinaire. — Population : 58 feux. — Compa-
rants : Jean Sodard, laboureur, syndic de la municipalité; Gantien
Ménard, laboureur; Jean Merlet. vigneron; Achille Poisson, laboureur;
Nicolas Morin, Charles-Abraham Foucault, laboureurs, François Merlet,
charron, adjoints ; André Bréchemier, vigneron, secrétaire-greffier ;
Amand Aussenard, laboureur ; Jean Lhomme, charron ; Charles Baudi-
chon, marchand boucher ; Jacques-Michel Moreau, maréchal ; Louis-
Valentin Huet, laboureur et meunier ; François Coûté, ancien meunier ;
Pierre Fortier, vigneron; Abel Brassamin, ancien maitre d'école. —
Députés : Jean Sodard ; Cantien Ménard.
Population en 1790. — 439 habitants.
Cahier des habitants de la paroisse d'Aulnay-Rocheplatte, qui
sera remis aux députés de ladite paroisse à l'assemblée du
bailliage royal d'Orléans.
[o La paroisse d'Aulnay-Hoclieplatte est située dans un ter-
rain aride ; elle est cliargée des droits d'anciens et nouveaux
cinq sous et inspecteurs aux boissons sur les vins qui s'y
récoltent; des droits de gros, augmentation, jauge-courtage et
courtiers-jaugeurs à la vente; du gros man(|uant; des droits
réservés; des dix sols de la taille, capitation et droits y joints;
de la corvée en argent; des vingtièmes, conti-ùle, centième
denier, insiiuiation, papiers et parchemins timbrés, et de beau-
coup d'autres impositions; et le sel s'y vend (piatorze sols trois
deniers la livre.
La réunion de tous ces impôts forme un objet plus considé-
rable que le revenu total des iDiens de la paroisse. Les liabitanls
gémissent et sont pres(]uetous réduits à la plus extrême misère,
CAHIER d'aulnay-la-rivière. 715
et la cherté actuelle du blé les met dans le cas de manquer de
pain.
Leur dernière ressource est l'espérance qu'ils ont que les
États généraux leur procure (sic) le soulagement qui leur
devient indispensablement nécessaire.
Il serait possible de leur procurer ce soulagement et d'aug-
menter les revenus de l'État en supprimant les impôts onéreux
qui ont actuellement cours, notamment les aides et la gabelle,
et établissant pour un temps fixé de nouveaux droits répartis
également sur tous les sujets et sans exemption pécuniaire.
Cette répartition ne peut mieux se faire qu'en laissant à chaque
municipalité la liberté d'y procéder.
2" Les députés demanderont qu'au lieu des assemblées pro-
vinciales, il soit établi des États provinciaux, qui soient chargés
de tout ce qui concerne l'impôt.
3o Ils demanderont aussi que l'on s'occupe sérieusement et
efficacement de la réforme des abus que la petite paroisse
d'Aulnay-Rocheplatte ne peut entreprendre de détailler, mais
que le vœu général de la province fera connaître.
4o Tous les habitants désirent qu'il soit fait de bons règle-
ments et qu'on tienne la main à leur exécution, notamment
pour rendre facile le recouvrement des droits, l'expérience
ayant fait connaître que ce qu'il coûte pour les commis de toute
espèce est presque autant à , charge au peuple que l'impôt
même.
50 Après que ces objets auront été discutés et arrêtés, l'as-
semblée donnera pouvoir aux députés de prêter tous consente-
ments aux arrangements qui seront pris pour acquitter la dette
de l'État, et pour assurer à l'avenii- sa force et son bonheur.
Les députés représenteront aussi <|ue les milices sont très
coûteuses et très à charge au peuple, qu'il serait à propos de les
supprimer.
Ils représenteront aussi que le gibier, surtout le lapin, fait
un tort considérable aux productions de la paroisse et (ju'il
716 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
serait avantageux de prendre des mesures pour détruire le
gibier, et qu'il lut permis à chacun de le faire.
Fait et arrêté le présent cahier pour être porté et remis, avec
un double de l'acte d'assemblée de cette paroisse, à l'assem-
blée générale du bailliage d'Orléans, cejourd'hui mercredi
4 mars 1789.
(Suivent 17 signatures : celles de Sodard, syndic; Ménard,
député; Merlet, etc., et celles de Miger et Prudhomme, com-
mis-greffier.)
62» Ondreville.
Dép. Loiret. An-. Pithiviers. C^n. Puiseanx.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Gt-en. Malesherbes. Dioc. Sens.
.Tousse. —52 feux. Le comte de Rocheplatte. Justice d'Yèvre-le-Chàtel.
Assemblée le dimanche après le 14 septembre. Br. de Pithiviers.
A 3 lieues de Pithiviers, 8 de Montargis et 11 d'Orléans. Sur la rivière
d'Essonne. Pays couvert.
17(38. — 50 feux. Chevalier de Bouville. Blé, vigne.
DÎME. — Grains, 2 gerbes par arpent. Vin. 4 pintes par poinçon,
mesure de Saint-Denis. Safran, 20 s. par arpent. Troupeaux, 1 s. par
bête. Menues et vertes dîmes, le 18".
Tah^le de la paroisse en 1788. — 1,789 1., dont 800 pour le principal
et 939 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l""" mars, à l'issue
de la grand'messe, dans l'auditoire du lieu, à défaut d'hôtel de ville,
sous la présidence d'Étienne-Louis Devilliers, notaire du Roi à Puiseaux
et procureur-fiscal du bailliage d'Ondreville, faisant fonction de juge
en l'absence du lieutenant. — Populalion : 70 feux. — Comparants :
Mathurin Beaudon, sieur de la Grou, syndic de ladite paroisse; Pierre
Barthélémy. Etienne Briehard, laboureurs; [.aurent Laine l'ancien,
receveur; Laurent Laine le jeune, Jean-Baptiste-Timothée Poisson,
Jacques Jingriau, laboureurs; Charles Dangerard. Simon Lanhelon
l'aîné, Simon Larchelon le jeune, Louis Porchon, Laurent Laine.
Sébastien Bernardon, .Jean Marc, Pierre Le Bœuf, (termain Bernardon,
Charles Durant, vignerons et artisans; François Bertheau, tailleur
d'habits; Louis Dangerard; Pierre Bernardon, André Porchon, .lean
CAHIER d'ONDREVILLE, 717
Vilin, Jacques Viliu, Jean Grapeau, Vincent Boussard, vignerons et
manouvriers. — Députés : Mathurin Beaudon ; Laurent Laîné.
Population en 1790. — 250 habitants.
Le cahier d'Ondreville est incorporé au procès-verbal, dans
lequel on lit, immédiatement après la désignation des dé-
putés : [Les habitants] nous ont dit qu'ils n'ont aucunes
doléances, plaintes et remontrances particulières à faire, sinon
qu'ils désirent que les abus en général soient réformés ])our
le bien et la prospérité de ce royaume et le bonheur des
sujets de Sa Majesté; que les justices seigneuriales soient
supprimées, les impôts diminués, la corvée répartie sur tous
les sujets indistinctement, les milices abolies comme trop
onéreuses aux peuples, la Uberté et la propriété de chaque
citoyen mise sous la sauvegarde du Roi et des lois, les muni-
cipalités conservées avec plus de pouvoir qu'elles n'en ont
pour l'assiette des impôts, tous les ordres religieux supprimés,
les privilèges des nobles et du clergé abohs, et enfin l'égalité
de tous les ordres pour la contribution aux impôts propor-
tionnés aux besoins de l'Etat.
La pluralité des sulïrages s'est réunie en laveur des sieurs
Mathurin Baudon et Laurent Laine le jeune, laboureui-.
(Suivent 16 signatures : celles de Baudon; Laine; J.-B.-T.
Poisson, etc., et celles de Chevillard, greffier du l)ailliage, et
Devilhers.)
63» Groupe de Malesherbes.
Le groupe de Malesherbes comprend, outre le cahier de cette paroisse,
ceux de Dimancheville, Labrosse et Hutliiers où présida llamouy, commis
notaire de la justice de Soisj'-Malesherl)es et dépendances, qui exerça aussi
les fonctions de président à Malesherbes même dans la séance du 2 mars. Il
n'y a, comme on le verra, de ressemblance marquée qu'entre les cahiers de
Dimancheville et de Labrosse.
MA LESHERBES {SOISY-MA LESHERBES) .
Dé]:». Loiret. Arr. Pithiviers. C^". Malesherbes.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Grcn. Malesherbes. Dioc. Sens.
718 BAILLIAGE D ORLÉANS.
JoussE. — 154 feux. De Blancmesnil. 1 couvent de Cordeliers. Justice
subalterne, r. au Parlement. Bailliag-e et grenier à sel. Marché
le mercredi. 4 foires : le mardi de la semaine de la Passion, le 4 juillet,
24 août et 12 novembre. Br. de Pithiviers. A 4 lieues de Pithiviers,
9 de Montargis et 13 d'Orléans. Route de Linas à Puiseaux. Sur la
rivière d'Essonne. Fond.
17(58. — 209 feux. Chancelier de Lamoignon. Blé.
DÎME. — Grains, 3 gerbes par arpent; dans les terroirs, la 18" et
la24« gerbe. Vin, 3 pintes par poinçon, mesure de Malesherbes. Menues
et vertes dîmes, le 18^. Troupeaux, 6 deniers par bête.
Taille de la paroisse en 1788. — 6,174 1., dont 2,840 pour le prin-
cipal et 3,334 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le jeudi 28 février, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de Louis Desroziers, conseiller du
Roi, grenetier au grenier à sel et lieutenant des bailliage et chàtellenie-
pairie de Soisy-Malesherbes. — Population : 234 feux. — Compa-
rants : Jean-Baptiste Lours, syndic; Jean Lejeune, receveur du grenier
à sel; maître Edme-François Vantard, notaire et procureur-fiscal;
Étienne-Louis-Bernard Bouché, directeur de la poste aux lettres; maître
Pierre-Nicolas Havard, greffier; maître Pierre-Benoit Bénier, con-
trôleur du grenier à sel; Jacques-Achille Poisson; Pierre et Louis
Chaillou; Jean Pechoux; Dominique Courtois; Antoine et André Combe;
Etienne Leluc; Pierre Lasnier; Jean-Pierre Gatinot ; Jean Hervet ;
François Sevard ; Etienne Butet; Louis Rigault; Jean Tabernat; Alexis
Bouchet; Jacques Renault; Antoine-Chrétien Doiiine et autres, repré-
sentant le général de la i)aroisse. — Députés : Desroziers; Vantard;
Bénier.
Population en 1790. — 9;^>9 liabitants.
(c Du procès-verbal lailpar les lial)itaiits delà paroisse de Malesherbes,
le 28 février 1789, i)ortant nomination de MM. Desroziers, Vautard et
Bénier comme députés à l'ettet de porter le caliier des doléances à
l'assemblée générale qui se tiendra le 7 mars audit au devant M. le lieu-
tenant général d'Grléans, et au l)as ducpiel procès-verbal est l'acte ci-
après :
«. Et le 2 mars audit an 1789, quatre heures du relevée, en rassemblée
de nouveau convoquée cejourd'hui en la manière accoutumée, en l'au-
dituiro de ce lieu, jiar devant nous. Gabriel-André llamouy, commis-
CAHIER DE MALESHERBES. 719
notaire aux ])ailliage et châtellenie. paroisse de Soisj-Malesherbes et
dépendances, faisant fonction en cette partie, à la réquisition desdits
habitants, à cause de l'absence de MM. les bailli, lieutenant et notaire
de ce bailliage, sont comparus les sieurs : Jean-Baptiste Lours, syndic;
Louis-Bernard Bouché, directeur de la poste aux lettres; Pierre
Ghaillou; Jean Péchoux; Pierre Lasnier; Jean Hervet; Jacques-Achille
Poisson; Nicolas Binoux; François Dupuis; Louis Rigault; François
Gomy; André Bordery; Germain Vallée; Jean-Louis Joyen ; Louis
Ghaillou, et Jean-Pierre Gatineau, tous habitants de ce bourg de Males-
herbes, en représentant le général.
« Lesquels ont dit que, lecture à eux présentement faite par le sieur
Lours, syndic susnommé, d'un exploit de signification à eux faite
cejourd'hui au domicile dudit sieur syndic, à la requête de maître
Pierre-Benoît Bénier, conseiller du Roi, contrôleur au grenier à sel de
ce lieu de Malesherbes, contenant de la part dudit sieur Bénier que
c'est par erreur et mal à propos qu'il a été nommé un des députés pour,
conjointement avec les autres députés, présenter le cahier des doléances
dudit lieu de Malesherbes par le procès-verbal du 28 février dernier,
attendu que, suivant l'article 2.5 du règlement fait par Sa Majesté pour
l'exécution des lettres de convocation du 24 janvier dernier pour con-
courir à la rédaction des cahiers et à la nomination des (léi)Utés. il faut
être domicilié et compris au rôle des impositions, et que ledit sieur
Bénier n'étant ni l'un ni l'autre, il na donc pu donner sa voix pour
aucun des députés et encore moins être nommé, et que ladite significa-
tion est le motif de la présente assemblée sur laquelle il s'agit de
délibérer.
« La matière mise en délibération,
« Il a été reconnu par tous lesdits syndic et habitants susnommés
qu'effectivement ledit sieur Bénier, au désir dudit article 25 dudit règle-
ment, n'était point dans le cas d'être nommé l'un des députés; pourquoi
il était à propos d'en nommer un autre des habitants en son lieu et
place, pour, avec MM. Desroziers et Vantard, autres députés nommés
par le procès-verbal dudit jour 28 février dernier, porter le cahier des
doléances des habitants à l'assemblée qui se tiendra le 7 du présent mois
devant M. le lieutenant général d'Orléans, à laquelle nomination il a été
présentement procédé entre les syndic et habitants susnommés, et les
voix ayant été par nous recueillies en la manière accoutumée, la plura-
lité des suffrages s'est réunie en faveur du sieur Jean Péclnjux, bour-
geois, lequel, à ce présent, a volontairement accepté ladite commissiou
720 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
et promis de s'en acquitter fidèlement et de porter le cahier de doléances
desdits habitants conjointement avec les deux autres députés sus-
nommés.
« Dont et de tout ce que dessus, lesdits habitants susnommés nous ont
requis et leur avons octroyé le présent acte pour être déposé aux
archives ou secrétariat de cette communauté; et ont lesdits syndic et
habitants avec nous, commis notaire, signé le présent, ainsi que le
duplicata remis audit sieur Fechoux, député, lesdits jour et an que
dessus. »
Cahier de doléances des habitants de la paroisse de Males-
Jierbes, généralité d'Orléans, élection de PUhiuiers, le
bailliage de Malesherbes relevant nuement du Parlement de
Paris et, pour les cas royaux, du bailliage d'Orléans.
Art. !«'•. — Qu'il paraît intéressant à tous les Français qu'il
soit arrêté, ainsi qu'il est énoncé par tous les papiers publics,
qu'il ne sera à l'avenir imposé aucune charge quelconque que
du consentement des trois États assemblés ;
Art. '2. — Qu'il le sera aussi que chaque citoyen jouira de
toute sa liberté s'il n'est pi^évenu d'aucun déht par la justice,
sauf le cas où, pour des raisons de famille, on se trouverait
obligé d'avoir recours au souverain pour obtenir de lui des
lettres de cachet pour soustraire de la société civile les sujets
qui se seraient mis dans le cas ; et pour empêcher les abus
qui en pourraient résulter, qu'il parait nécessaire qu'il soit
établi un conseil ad hoc pour prendre connaissance des causes
de demande et mettre les sujets contre lesquels on voudrait
user de ces voies en état de se justifier, s'il y a lieu, de
manière que les familles conservent l'honneur qui en peuvent
être les motifs ;
Art. 3. — Qu'il paraît également nécessaire d'abréger les
h'ais de justice, de faire de nouveaux, codes ; à cet eflet, qu'une
chose utile serait de faire des réunions des justices de cam-
pagne dans lesquelles il ne réside aucun officier à des lieux
où il y a des marchés ; que l'on ne reçoive que des officiers
CAHIER DE MALESHERRES. 7l21
intelligents et d'une probité reconnue ; que un ou deux d'entre
eux dans les juridictions soient élus par les officiers et
par le concours des habitants, dans une assemblée qui serait
convoquée, sous le nom de juges de paix; qu'il ne soit formé
aucune demande en justice qu'au préalable la partie qui voudra
traduire l'autre commence par lui faire ftiire une sommation
par un huissier de se trouver aux jour et heure indiqués
devant ce juge de paix pour répondre aux causes sur les-
quelles elle aurait à se plaindre; que lors, si les deux parties
comparent (sic), ce même juge dressera son procès-verbal de
leurs dires respectifs, les accordera, si faire se peut, en donnant
son avis qui sera homologué pai' le juge, ou duquel il sera passé
acte devant notaire pour servir de transaction, et, dans le cas
contraire, les renverra devant les juges ordinaires, et [au cas]
où l'une des parties ne comparaîtrait pas, donnerait défaut
avec jugement, tel qu'il se pratique dans les tribunaux, aux-
quels néanmoins la partie défaillante pourrait se pourvoir par
opposition dans la huitaine de la signification qui lui en serait
faite par le même ministère d'un huissier en payant les frais
du premier procès-verbal et indiquant un autre jour et heure
pour déduire les causes de son opposition, où l'autre partie
serait tenue de comparaître pour sa défense sous les mêmes
peines, de sorte néanmoins que chacune des parties ne
pourrait obtenir qu'un seul défaut l'une contre l'autre et qu'elle
ne pourrait plus après se pourvoir en justice réglée qu'en con-
signant une amende de ^U livres qu'elle ne pourrait répéter
que dans le cas où elle gagnerait sa cause.
Comme dans les paroisses de campagne il n'y a ni se trou-
vera aucun officier, il serait bon de les autoriser de commettre
le syndic et deux des principaux habitants qui seraient élus à
la pluralité des voix par la paroisse et qui ensuite seraient
réunis en justice, de veiller à leur conservation, d'arrêter les
délinquants, de les amener en justice, de faire la police con-
formément aux oi'donnances qui leur seront adressées, et du
tout en dresser procès-verbaux qu'ils déposeront au grelle
T. I. •*6
722 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
des juridictions, pour les poursuites être faites à la diligence
des procureurs du Roi ou fiscaux, sauf les destitutions, dom-
mages et intérêts contre les auteurs desdits procès-verbaux,
s'ils se trouvaient faux.
Art. 4. — Quant aux États généraux, les membres qui les
composent doivent examiner avec toute attention possible la
situation des finances en se faisant représenter les recettes et
dépenses, [afin] de dévoiler, s'il est possible, d'où procède le
déficit, de le faire rapporter, ou partie d'icelui, s'il est possible,
par ceux qui ont abusé de l'autorité royale qui leur a été con-
fiée, et de prendre les mesures nécessaires pour éviter de
pareils abus à l'avenir; même si besoin est, de rendre les
ministres garants sur leur honneur et sur leur vie des dépré-
dations dans les finances qui pourraient arriver par leur faute
ou négligence ;
Art. 5. — Que lesdits membres desdits États généraux
doivent insister, ainsi que les grands du royaume, dans ce que
le Clergé et les grands seigneurs ont ofiert, que les impôts
doivent être supportés eu égard à leur fortune et à celle des
autres citoyens ;
Art. 0. — Qu'un seul impôt doit suffire dans le royaume
pour les dépenses ordinaires de l'État, eu égard aux revenus
domaniaux, en le répartissant sui' tous les fonds, sans (fistlnc-
tion d'Ordre;
Art. 7. — Qu'il poui'rait être avantageux d'établir un autre
impôt extraordinaire pour l'acquit des dettes de l'État et sub-
venir à des besoins imprévus, mais que cet impôt doit frapper
sur les entrées du royaume des marchandises venant de
l'étranger, sur celle des villes principales pour empêcher que
les campagnes deviennent désertes et sur le produit de la poste
aux lettres, <lont du tout sera foi'iné une caisse parlicuHère, de
laquelle la dislribiilion ne sera faite que dans la l'orme qui sci-a
délibérée par lesdits États généraux ;
Arl. 8. (Jn'au moyen des deux précédents artich'S, toutes
CAIIIKR 1)K MALESIIERBES. 72.' 5
les aides et gabelles, ainsi que toutes autres impositions,
seront supprimées comme très préjudiciables aux intérêts de
l'État et à tous les citoyens :
Aux intérêts de l'État, en ce que la plus grande partie
desdits droits font la fortune non seulement des fermiers
généraux qui se sont chargés de leur perception mais encore
à une multitude de personnes employées à cet ellet et qui ont
d'autres commis auxquels ils donnent tout au plus la simple
subsistance ;
Et aux intérêts des citoyens, en ce que les dilTérents règle-
ments (]ui sont intervenus pour lesdites perceptions ne peu-
vent être connus de la plus grande partie des hommes, en
sorte qu'ils sont exposés journellement à des procès desquels
on ne peut connaître la source, qui forment des nouvelles
impositions par la crainte que l'on a de les éviter, en fiiisant
des sacrifices d'arrangement auxquels ceux qui les forment se
portent le plus souvent, ou pour faire leur cour à leurs supé-
rieurs, ou pour éviter les coiuiaissances que l'on a intérêt à
cacher pour tenir le pubhc dans les inquiétudes et la i^ène, et,
sous ce prétexte, tirer de lui ce qui peut lui appartenir.
Par exemple, dans les aides, on commence à faire payer aux
propriétaires, dans les villes et bourgs clos, les entrées des
vins qui proviennent de leurs crûs ; on détermine même que
trois pièces de vendange doivent produire deux pièces de vin,
ce qui ne peut être. On les fixe à ne pouvoir consommer, sans
payer- d'autres droits, que quatre pièces de vin, sans consulter
souvent leur nombreuse famille et leur commerce qui leur
occasionne des dépenses, et, s'ils en consomment plus, on leur
foit payer les mêmes droits que s'ils avaient vendu le surplus
qui a servi à leur coiisommaliou.
Si l'on vend du vin, il faut en payer les droits sur W |ti-ix,
sans consulter ce qu'il en a coûté poui- les h-ais de cultui'e et
autres, même celui des futailles. Et si des particuliers veulent
commercer sur cette production, on leur lait payer autant de
droits qu'il y a de mutations, et on va cncoiv à y ajoiilci' un
724 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
autre droit que l'on qualifie d'annuel et qui n'a pu être obtenu
que par surprise, puisque le tout révolte à la nature. Il y a
plus : c'est que l'on fait aussi payer au dé tailleur d'autres
droits qui sont plus du double que celui de la vente; on y ajoute
ce prétendu droit d'annuel, et on ne lui accorde pas la dépense
qu'il fait pour lui et sa famille, de manière qu'il paie par ce
moyen ce qu'il paierait ailleurs que cliez lui ; ce qui est révol-
tant, puisque, le plus souvent, par tous ces différents droits réi-
térés, les fermiers généraux ont plus que la valeur de la
marchandise.
Dans le commerce des eaux-de-vie, en en payant les droits
qui sont exorbitants, on y joint, pour le fixer, celui du prix de
la voiture et ceux de débit et annuel.
Et dans les gabelles, on force des malheureux qui sont
chargés de nombreuse famille, qui souvent sont forcés de faire
mendier leurs enfants, de prendre du sel ; ne pouvant le faire,
on décerne contre eux des contraintes et on leur fait payer, ce
qui fait que, si on ose le dire, cet impôt est plus désastreux que
tous autres, puisque, dans celui de la taille, on a égard,
lors de l'imposition, aux facultés et que, dans les aides, on ne
paie rien si fon ne récolte et que l'on ne dépense rien.
Une autre chose dans les salines est que ceux qui en font
commerce ne sont point libres de disposer de leurs marchan-
dises ; ils ne peuvent, qu'en la présence des commis, ouvrir les
vaisseaux qui les renferment. A l'ouverture, on en extrait tout
le sel, cela donne lieu à la corruption de cette marchandise ;
on est contraint de la consommer dans cette position, malgré
les torts qu'elle peut faire à la santé ; et ce sel que l'on lui ùte
pour sa conservation est pris par ces commis sans aucune
indemnité, pas même celle de la voiture, et est vendu au profit
de tout autre que du propriétaire qui en fait l'achat.
Une autre chose encore pour procurer des avantages par ies
procès et les amendes est que l'on limite à un particulier le lieu
où il doit prendre cette deni'ée, de sorte que, plus proche d'un
lieu où il y a grenier à sel que d'un autre, il ne peut y aller,
CAHIER DE MALESHERBES. 725
quoiqu'il y ait le même avantage pour le fermier; pour cet effet,
le sel est rempli de différentes marques qui servent d'autant à
remplir la mesure.
Nous ne parlerons pas des désagréments qu'essuient les per-
sonnes qui sont à portée du lavoir, qui ne peuvent en jouir pour
se procurer du sel gratuitement : leur réclamation se joindra
aux entraves que nous venons d'exposer pour la destruction de
cet objet.
Art. 9. — Un autre impôt aussi odieux est celui de l'inspec-
teur aux boucheries. On avait abonné ce lieu aux bouchers;
on a voulu leur donner une augmentation considérable ; ils
n'ont pas voulu d'abord s'y soumettre, mais on les y a contraints
par ces tourments de visite, des procès injustes, et on a poussé
l'audace jusqu'à faire saisir la viande du seigneur, quoique les
droits aient été acquittés à Milly, lieu duquel on la faisait
venir.
Nous ne parlons pas non plus des autres impôts sur les cuirs
et papiers, l'amidon, la poudre à poudrer et autres, que nous
ne connaissons pas; ceux que cela intéresse ne manqueront
pas, bien sûrement, de faire connaître combien ils sont à
charge et onéreux à l'État.
Nous finissons, à cet égard, à (sic) représenter combien les
aides et gabelle sont préjudiciables au bien-être du royaume,
puisqu'ils font la fortune à (sic) tous les fermiers généraux, à
la plus grande partie de leurs principaux commis, et font vivre
plus de quarante mille hommes, ainsi que leurs familles, occu-
pés à ôter la liberté due au nom des Français et à [causer] leur
ruine par les procès que tous leurs monopoles occasionnent, ce
qui assure combien leur destruction est utile au bien de l'État.
D'après avoir ainsi opéré pour le bien public, il paraît juste de
s'occuper des siens particuliers.
Art. 10. — Nous sommes dans une position où le sol n'est
pas avantageux, le teriitoire n'ayant pas grande étendue, les
terres arides, chargées de champarts et dîmes, la prairie n'étant
720 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
que de la tourbe, [ne] produisant que de mauvais foin qui n'est
propre qu'à faire de la litière aux bestiaux.
Art. 11. — La seule ressource du pays est le marché, qui
fait que tous les habitants, qui ne sont pour la plupart que des
artisans, s'occupent aux ustensiles nécessaires aux gens de
campagne et à leur procurer les autres besoins nécessaires à la
vie, et les impôts dont nous sommes écrasés font qu'il y a
beaucoup d'habitants qui ne peuvent subsister sans le secours
des autres, ce qui rend le pays malheureux.
Art. 12. — Le seul bien que l'on peut faire est d'abord la
réduction desdits impôts et de faire la route de ce lieu au
Plessis-Chenet qui joindrait celle de Fontainebleau à Paris ; par
ce moyen, le marché pourrait devenir plus considérable en
procurant l'abondance à la capitale, ferait l'avantage du pays et
des environs par l'enlèvement des denrées, et particulièrement
à la province du Gâtinais, cette route ouvrant le débouché pour
la vente de leurs vins.
Art. 13. — Nous ne devons point laisser ignorer qu'il passe
ici la route de communication de Fontainebleau à Orléans ;
mais, en même temps, nous devons observer qu'il semble que
les (uitrepreneurs et ingénieurs des routes ont pris à tâche de
la faire construire de la manière la plus dispendieuse, en la
faisant faire en pierrotie que l'on réduit en si petits objets que
la moindre roue qui passe dessus la convertit aussitôt en pous-
sière, pendant que l'on aurait pu, clans la plus grande partie,
le former en pavés de grès sans plus gi-ande dépense, y en
ayant sur place.
Nous pensons que les dépenses annuelles étaient celles qui
pouvaient leur être avantageuses, motif qui, bien sûrement, les
ont décidés à former ainsi cette route, et ce qui le prouve, c'est
que les deux ponts qui sont sur la rivière où passe ladite route
sont en bois; ((ue leur réfection, qui se réalise souvent, coûte
plus de 1,200 livres, et qu'ils ont préféré de le faire dans cette
forme à celle de le mettre en pierres de taille, pour lesquelles
on ne demandait que 1,500 livres. Ainsi, s'il en est de même
GAUIRR DE MALESHERI5ES. /-/
dans le royaume, en proportion, cela mérite la plus grande
attention des États généraux.
Notre pasteur, qui ne peut ni ne doit se mêler de nos déli-
bérations dans la présente assemblée, n'en mérite pas moins
nos attentions. Le revenu de sa cure est affermé 850 livres, qui
est un objet trop modique, eu égard à sa qualité, à son mérite
et aux peines et attentions qu'il prend pour ses paroissiens, et
particulièrement pour les pauvres. Nos désirs, que nous croyons
conformes à tous ceux de la Nation, sont que nous pensons
qu'il serait à propos d'établir un revenu fixe et déterminé d'une
somme honnête à messieurs tous les curés, soit sur les biens
ecclésiastiques qui doivent suffire à cet effet, soit en faisant des
réunions de cures.
Notre position est avantageuse; Rouville et Trézan, qui ne
sont que des petites paroisses où il y a tout au plus dans cha-
cune 50 communiants et qui ne sont pas éloignées d'une demi-
lieue, pourraient remplir cet objet et mettre notre pasteur
dans le cas d'avoir un vicaire; ou, si l'on voulait encore, on
pourrait y réunir, avec l'une de ces deux petites paroisses, le
patrimoine du couvent des Cordeliers de ce lieu, qui dépérit
journellement, n'y ayant plus que quatre religieux, compris un
frère, qui ne subsistent qu'à peine, les réparations du bâtiment
du couvent absorbant les revenus, de manière que, de temps
à autre, on a été obligé d'en détruire.
Art. 15 et dernier. — Sous toutes les réflexions ci-devant, que
nous prions MM. les députés de faire valoir, nous nous soumet-
tons, avec toute la résignation que doivent avoir tous bons
Français, à tout ce qui sera décidé aux États généraux, nos
intentions étant la prospérité de l'État, le bonheur et la satis-
faction de notre respectable ^lonarque, pour lequel nous décla-
rons et affirmons que nous sacrifierons notre bien et notre vie,
persuadés qu'il ne veut et ne désire que de rendre son peuple
heureux.
Fait et arrêté en l'assemblée des habitants convoquée en la
manière ordinaire, et ont les soussignés signé ; à l'égard des
728 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
autres comparants, ont déclaré ne savoir signer, de ce inter-
pellés.
Et à l'instant, MM. les membres de la présente assemblée
qui ont la conservation des droits du grenier à sel ont repré-
senté que les marques que l'on annonce être dans les greniers
n'existent pas.
(Suivent 26 signatures : celles de Vautard; Lours, syndic;
Bouché, etc.)
DIM AN CHEVILLE.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C°'^. Puiseaux.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Gren. Malesherbes. Dioc. Sens.
.Tousse. — Paroisse. 24 feux. De Blancmesnil. Justices de Malesherbes
et Nemours. Br. de Pithiviers. A 4 lieues de Pithiviers, 8 de Montargis
et 13 d'Orléans. Route de Pithiviers à Milly. Rivière d'Essonne.
Plaine.
1768. — 24 feux. Le Chancelier. Blé.
DÎME. — Grains, 3 gerbes par arpent. Troupeaux. 1 s. j)ar bête.
Vin, 3 pintes par poinçon, mesure de Saint-Denis. Menues et vertes
dîmes : le 18«.
Taille de la paroisse en 1788. — 43.51., dont 2(X) pour le principal
et 235 pour les im[)ositions accessoires et la capitation.
Procks-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, dans la
chambre de l'assemblée municipale, sous la présidence de Gabriel-
André Hamouy, commis-notaire des bailliage et chatellenie-pairie de
Soisy-Malesherbes et dépendances, faisant fonction en l'absence
de M. le bailli, lieutenant et notaire du bailliage. — Population :
20 feux. — Comparants : Christophe Bruneau, syndic ; Jacques Guyard ;
IMiilis Viron ; Etienne Begault ; Michel Lepage ; Jean Begault; Michel
Marlin ; Martin BouUery. — JJcjnctés : Jacques (îuyard ; Michel
Marlin.
Population en 1790. — 103 habitants.
CAHIER DE DIMANCHEVILLE. 7'29
Cahier de doléances des habitants de la paroisse de Diman-
cheville,du bailliage deMalesherbes, et relevant nuement en
la Cour du Parlement, et, pour les cas royaux, du bailliage
d'Orléans.
Art. ler. — Qu'il serait d'une nécessité absolue que nul sans
distinction ne soit exempt de payer tous les impôts, à propor-
tion de tous les biens qu'il possède ;
Art. 2. — Que l'on supprime tous les emplois généralement
quelconques, qui sont plus onéreux que profitables pour l'inté-
rêt public ;
Art. 3. — Que l'on fasse passer directement dans les mains
du Roi tous les deniers provenant de la perception des impôts ;
Art. 4. — Qu'il serait à propos de rendre la milice moins
onéreuse, et pour cet effet, que tous garçons sains et libres
payent une somme quelconque au Roi depuis l'âge de 18 ans
jusqu'à 40 ans, de quelque taille qu'ils soient, sans exemption .
j^rt. 5. — Que les ministres rendent bon et fidèle compte
de l'emploi des sommes d'argent payées par la commune;
qu'ils soient responsables de leur conduite ;
Art. 6. — Que l'on donne la liberté à tout Français d'écrire,
faire écrire ou imprimer toutes espèces de plaintes sur les
injustices que pourrait susciter un grand seigneur ;
Art. 7. — Qu'il serait nécessaire d'assurer la propriété des
biens immeubles, et que la taille, vingtièmes, aides et gabelle
soient supprimés et remplacés par un seul impôt ;
Art. 8. — Que nul ne pourra, sous quelque prétexte que
ce puissse être, s'emparer du bien d'autrui, soit pour faire
un cbemin ou grande route pour l'utilité publique, sans au
préalable le dédommager raisonnablement et payer comptant
la valeur rlu bien qu'il serait obligé de prendre pour faire son
entreprise ;
730 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
A^Pt 9. — Que lorsqu'il sera question de choisir dorénavant
des députés, que les communautés en aient le choix ;
Art. 10. — Que la représentation de la commune aux États
généraux sera égale à celle des prêtres et des nobles réunis;
Art. 11 . — Qu'il est indispensable que l'on diminue les dépenses
annuelles de l'État ;
Art. 12. — Que les aides surtout soient supprimées et rem-
placées dans un seul impôt comme à l'article 7 ;
Art. 13. — Qu'il faudrait que les seigneurs ne renouvellent
leurs terriers que tous les cinquante ans ;
Art. 14. — Qu'il est nécessaire que les constructions de pres-
bytères soient supportées par moitié par le gros décimateur
ou les gros bénéficiers ;
Art. 15. — Que les assemblées soient formées de manière
que la volonté de chacun puisse y être connue, ses intérêts
stipulés et reconnus, pour être défendus ; qu'elles remplacent
MM. les intendants et subdélégués dont on demande la suppres-
sion ;
Art. 16. — Que le seid impôt qui sera établi à la place de
tous les autres qui seront supprimés soit fait avec la plus
grande économie et avec justice ;
Art. 17. — Que l'on détruise tous les droits de péages,
banalités, minage et mesurage, et qu'on les remplace pju' des
droits moins onéreux et moins gênants;
Art. 18. — Que les députés aient les pouvoii-s les plus entiers
pour assurer la protection des laboureurs et gens de la cam-
pagne ;
Art. 10. — Que l'on foui'nisse des secours aux pauvres qui
ne peuvent plus Iravaillei', soit par le trop grand âge ou par
dos infirmités;
Art. 20. — Qu'on supprime les pigeons, ou du moins qu'on
ne laisse point sortir aucun d'eux de leurs ntlonibiers depuis
CAHIER DE LABROSSE.
73j
l'entrée des moissons jusqu à la fin d'icelles, et dans toutes les
semences (1).
Fait et arrêté en ladite paroisse de Dimancheville, l'assem-
blée tenante, le 5 mars 1789.
(Signatures de Bruneau, syndic; Guyard ; Begault; Viron ;
Lepage.)
LABKOSSE.
Dcp. Loiret. Arr. Pithiviers. (>». Malesherbes.
Gén. Orléans. El. Pithiviers. Gren. Malesherbes. Dioc. Sens.
Tousse - 28 feux. Le marquis deLanmarie. Justice de Malesherbes,
r *au Varièrent. Foire le 30 avril. Br. de Pithiviers. A 3 lieues de
Pithiviers, 8 de Montargis et 13 d'Orléans. Plaine. Sur une montagne.
i768. _ 30 feux. Le Chancelier. Blé.
DÎME - Grains, 3 gerbes par arpent. Vin, 8 pintes par poinçon,
mesure' de Saint-Denis. Troupeaux, i s. par bête. Menues et vertes
dîmes, le 18''.
Taille de la paroisse en 1788. - 052 1., dont 3U0 pour le principal
et 35'> pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-vehhal. - Assemblée électorale le jeudi 5 n.ars, dans la
chambre de l'assemblée municipale, sous la présidence de Gabnel-Andie
Haluv, commis notaire des bailliage, châtellenie-paine de Scusy-
Male.h;rbes. en l'absence du bailli, lieutenant et notaire du bailhage. --
"Z^Ln: 40 feux. - Comparants : And^ Deshayes ; Fi.n.ns
Biinet; Louis Po.hon ; André Bouchet ; Charles Nizet; Laurent Jaur
C ^ude Thuault; .Ican Pou.ot; Charles Greaux ; Jean-François Big et,
T François Minier; Etienne Deshayes; Pierre Boulle^^ ; ean
^::iir; Jacques Bouchet l'ainé ; François <>"^-d^;^^ ^^^^^^^
Jean Guain ; André Deshayes, manouvrier.. - IhpuUs . Andie
Deshayes ; Jean Bignet.
Population en 1790. - 176 habitants.
Il)
C'ebl-à-diie : pendant tout le temps des semences.
732 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
[Cahier de Lahrosse.]
Il est identique à celui de Dimancheville.
Ajouter toutefois en tète de l'article ler le paragraphe suivant :
« Qu'on supprime les champarts que l'on paie de huit gerbes
l'une, et la dîme de trois gerbes de quatre pieds deux pouces
par arpent. »
Fait et arrêté le 5 mars 1789.
(Suivent 14 signatures : celles de L. Pochon ; A. Bouchet ;
C. Nizet, etc.)
BUTHIERS.
Dép. Seine-et-Marne. Avr. Fontainebleau. Co^. La Chapelle-la-
Reine.
Gén. Orléans. EL Pithiviers. Gren. Malesherbes. Dioc. Sens.
.JoussE. — Paroisse. 43 feux. De Blancmesnil de Lamoignon. Justice
de Malesherbes, r. au Parlement. Br. de Pithiviers. A 4 lieues de
Pithiviers, 9 deMontargis et 14 d'Orléans. Dans une plaine.
1708. — 48 feux. Le Gliancelier. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 973 1., dont 540 pour le principal et
433 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. • — Assemblée électorale le dimanche P"" mars, dans
la salle de l'assemblée municipale, sous la présidence de Gabriel-André
Hamouy, commis-notaire au bailliage de Malesherbes et dépendances.
— Population : 54 feux. — Coniparajits : Nicolas Ayot ; Gilles
(^hauveau; Mathurin Dessienne; Pierre Chaillou ; François Parnageon ;
Pierre Argan ; Michel Grison ; Louis Ganivet ; Mathurin Denise; Gilles
Artois; PYançois Landon ; Antoine Denise; Denis Artois; Pierre Parna"
geon; Antoine Leroy; François Dai-dclet; Alexandre Hénault; Michel
Picard; Louis Rudier ; Toussaint Ilarcourt; Maximilien Vincent. —
Dcj^ulés : Denis Ghauveau ; Mathurin Dessienne.
CAHIER DE BUTHIERS. 733
Cahier des plaintes, doléances et remontrances de la paroisse
de Buthiers pour être présenté à Sa Majesté par l'assemblée
des États généraux qui doit se tenir à Versailles le
27 avril prochain.
Les habitants de la paroisse de Buthiers, assemblés aujour-
d'hui 1er mars 1789 dans la salle des assemblés municipales
par devant M^ Hamouy, commis notaire à Malesherbes, en
conséquence des lettres de Sa Majesté données à Versailles
le 24 janvier 1789, portant convocation des États généraux île
ce royaume et permission de faire à Sa Majesté les plaintes,
doléances et remontrances qui seraient convenables, et en
vertu de l'ordonnance, en exécution desdites lettres du Roi,
rendue par M. le lieutenant général au Chàtelet d'Orléans le
13 février, prennent la liberté d'adresser très humblement à
Sa Majesté leurs plaintes, doléances et remontrances de la
manière qui suit :
Art. le'\ — Qu'il serait infiniment glorieux à Sa Majesté,
pour aider ses peuples dans les circonstances actuelles où se
trouve l'État, de vouloir bien faire le sacrifice de ses domaines,
de ses acquisitions et de celles de ses maisons royales qui ne
lui sont pas nécessaires, Sa Majesté n'ayant besoin que de
l'amour de ses peuples pour être la plus riche puissance de
l'univers ;
Art. 2. — Que Sa Majesté, en supprimant les fermes géné-
rales qui écrasent les peuples et cette multitude innombrable
et odieuse de commis de toute espèce qui infestent toutes les
provinces et partout dégradent et avilissent l'humanité, trouve-
rait encore dans cette réforme économique et nécessaire une
nouvelle ressource pour le paiement de ses dettes;
Art. 3. — Qu'il serait à propos qu'au lieu des impôts actuel-
lement existants, tels que la taille, la capitation d'industrie, la
corvée, la gabelle et autres, il fût uniquement établi un impôt
territorial qui pourrait être augmenté ou diminué chaque
année, selon les circonstances, payable par les propriétaires, et
734 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
dont le produit serait versé, ainsi que tous les autres revenus
de Sa Majesté, dans la caisse de la province pour passer de là
directement au trésor royal, aux offres que font les fermiers
de tenir compte aux propriétaires pendant la durée de leurs
baux de ce qu'ils paient annuellement pour raison de tous ces
impôts ; n'étant pas douteux, étant même de la dernière évi-
dence que plus l'impôt sera simplifié soit dans sa nature, soit
dans sa perception, plus les peuples seront soulagés et plus
Sa Majesté sera riche ;
Art. 4. — Que les habitants de Buthiers désireraient que le
revenu de la cure, qui consiste en dîmes, par eux évalué à la
sonnne de 900 livres, fût porté à celui de 2,000 livres ; moyen-
nant quoi les curés ne pourraient à l'avenir recevoir ni exiger
aucune espèce de casuel pour l'administration des sacrements;
Art. 5. — Que lesdits habitants supphent Sa Majesté de vou-
loir bien éteindre tous les bénéfices simples, les abbayes, les
prieurés, les chapelles et généralement tous les bénéfices qui
rapportent des revenus souvent considérables et qui n'imposent
aucun travail à ceux qui en sont pourvus, n'étant ni juste ni
convenable qu'on voie dans l'Église de Dieu ce qu'on ne voit
nulle part dans la société, c'est-à-dire des hommes oisifs et
inutiles qui regorgent de biens, tandis que les ouvriers et les
travailleurs manquent souvent du nécessaire;
Art. 6. — Que des revenus de tous les bénéfices anéantis
dans toute l'étendue du l'oyaume, il plût à Sa Majesté de for-
mer un riche fonds qui serait employé plus à propos à l'aug-
mentation des cures, lorsqu'il ne serait pas possible d'y pour-
voir autrement, à des étabhssements utiles et nécessaires à la
religion et à l'État dans les villes et dans les campagnes, à des
pensions que le zèle et de longs services auraient méritées,
aux réparations et reconstructions des églises et des presby-
tères, pour le soulagement des peuples ;
Art. 7. — Que la communauté de Buthiers étant de la justice?
de Malesherbes et n'y ayant aucun officier de justice sur les
heu.x, il serait nécessaire que la municipalité déjà établie eût
CAHIER d'orveal*. 735
droit (le police dans la paroisse et que, par conséquent, elle
lût autorisée à veiller sur le maintien du bon ordre, à dresser-
des procès-verbaux de contraventions, à arrêter les mendiants
non domiciliés et à les conduire devant le juge du lieu;
Art. 8. — Enfin qu'il serait digne de Sa Majesté, qui doit la
justice à ses peuples, de diminuer les frais de justice et d'abréger
la longueur des procédures qui ont été, jusqu'à présent, la
ruine de tant de familles; même d'établir auprès de chaque
Parlement du royaume des bureaux de charité où les causes
des veuves, des orphelins et des autres pauvres seraient gratui-
tement défendues. Faute d'un pareil établissement, les pauvres
habitants d'Herbeauvilliers, paroisse voisine, viennent d'être
assujettis à un champart injuste que les dames de Montmartre
leur ont imposé, parce qu'ils n'ont pas eu la force ni le cou-
rage de se défendre. Faute d'un pareil établissement, les mal-
heureux habitants d'Auxi (1), paroisse de Buthiers, attaqués
depuis peu au Parlement par ces dames, sont sur le point de
subir le même sort, à moins que l'administration ne veuille
avoir la bonté de leur tendre une main secourable.
Fait double à Buthiers les jour et an que dessus, ladite
assemblée tenant, présents lesdits habitants dénommés au sus-
dit acte, dont les uns ont signé, les autres ayant déclaré ne
savoir signer, de ce enquis, suivant l'ordonnance.
(Suivent 15 signatures : celles de François Landon ; Chau-
veau; Ayot, syndic, etc., et celle de Hamouy.)
ORVEAU.
Dép. Loiret. Ai-)-. Pitliiviers. C"«. Maleslierbes.
Gén. Orléans. EL Pitliiviers. Gren. Malesherbes. Dioc. Orléans.
JoussE. — 45 feux. Religieux de Saint-Benoît, .lustice, r. au b.
d'Orléans. Br. de Pitliiviers. A 4 lieues de Pitliiviers, 10 de Montargis
et 12 d'Orléans. Route de Puiseaux à Monnerville. Pays {)lat ot rouvert.
(1) Aujouidhui Aussy (Seine-et-.VIarne), commune Je Butliiers.,
736 BAILLIAGE d' ORLÉANS.
1768, — 50 feux. Religieux de Saint-Benoît. Blé.
DÎME. — Blé. 3 gerbes par arpent; menus grains, 2 gerbes. Vin,
4 pintes par poinçon, mesure de Saint-Denis. Troupeaux, 1 s. 3 d. par
bête. Menues et vertes dimes, le IS^".
Taille de la paroisse en 1788. — 3,478 1., dont 1,000 pour le prin-
cipal et 1,878 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, au lieu
où se tient la justice ordinaire du bailliage d'Orveau-Bellesauve,
sous la présidence de Salomon Mercier, bailli d"Orveau. — Population :
47 feux. — Cotnparants : Pierre Hautefeuille ; Jacques Delafoy ;
Jacques Sainsard ; Charles Pointeau ; Savinien Ghambon ; Etienne
Cormier; François Gibier ; Jacques Ghapart; Edme-François Hureau ;
Jean Morize. — Députés : Pierre Hautefeuille ; Charles Pointeau.
Population en 1790. — 2l^0 habitants.
Cailler de doléances, plaintes et remontrances de la paroisse
de Saint-Germain d' Orueau-Bellesauue auxquelles Sa Majesté
est très humblement suppliée d'avoir égard pour le soula-
gement de ses sujets.
i" 11 est nécessaire que les trois États opinent ensemble
et que l'on compte les voix par tète ;
!2o De supprimer les contrôle, insinuation, centième denier,
francs-fiefs, les aides et g-abelles, papiers et parchemins tim-
brés, droits exorbitants qui ruinent les pauvres sujets de
Sa Majesté et qui sont punis inhumainement pour une faute
qu'ils peuvent avoii* commise sans connaissance de cause,
parce qu'ils ne connaissent pas les dillérents règlements qui
sont même ignorés des personnes les plus éclairées parce qu'ils
ne sont pas assez mis au jour ; mais, pour donner une authen-
ticité aux actes, (ju'il soit érigé des charges de contrôleurs dans
les villes dont Sa Majesté retirerait des finances, pour lesquels
il serait attribué des faibles droits comme des ventes et baux
d'héritages dont le principal n'excéderait pas 100 livres 5 sols,
les plus conséquents (juelque chose de plus, et ainsi des autres
actes ;
CAHIER d'orveau. 737
30 Que kl capitation et l'industrie n'aient plus lieu, parce que
ces deux impôts ne peuvent èti'e qu'arbitraires et qu'on ne peut
facilement imposer avec justesse, ce qui décourage et ralentit
le commerce dans la crainte d'être imposé fortement ; ce qui
est donc très préjudiciable au commerce ;
40 Que tous ces impôts soient convertis en un seul territorial
et payé par tous les sujets des trois classes sans distinction et
à proportion des propriétés de chacun, dans la même forme
et sur le même rôle, et cet impôt sera levé par un des habi-
tants de chaque communauté tous les deux ans et nommé par
le général des habitants, qui compterait entre les mains d'un
officier qui serait nommé à cet effet dans chaque chef-lieu
d'élection, et qui directement ferait passer les fonds au trésor
royal par les postes ou messageries qui seraient tenues de s'en
charger gratuitement. Par ce moyen, les fermiers généraux
et leurs commis, qui absorbent une partie des impôts, seraient
inutiles ;
50 Que la milice soit suspendue autant que Sa iSIajesté
le jugera à propos, parce qu'elle prive la campagne des meil-
leurs ouvriers qui s'en vont dans des endroits où on ne tire
point au sort; on les excite à ûiire de prompts mariages qui
souvent n'ont pas de bonne suite, ce qui est très préjudiciable
à l'État, parce que la culture est négligée;
()0 Qu'à l'avenir, Paris et autres villes du royaume exemptes
de milice soient mises au nombre des autres. Par ce moyen,
chaque sujet restera dans son endroit ;
7'J De changer la nature du champart qui se perçoit en choses
sur le cliamp, en rentes en grains ou argent; ce qui ne doit
souffrir aucune difficulté, parce que peu importe que les pro-
priétaires d'iceux soient payés aussitôt l'enlèvement des fruits
ou ({uelques semaines après en fixant la quantité de la rede-
vance selon la bonté du sol ; par ce moyen, les cultivateurs
feraient des récoltes paisibles, enlèveraient quand bon leur
semblerait leurs grains et vins, [àppii (luelquefois, pur la paresse
ou la malice du champarteur, les iïdt attendre, et (|u'il arrive
738 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
de grandes pluies et orages qui écrasent ce qui devrait être
en grange et serré; par là, la culture recroîtrait, l'émulation
serait excitée, et le commerce reileurirait;
8» Que les baux qui seront faits par gens de mainmorte
soient de la même durée que ceux des autres sujets, nonobs-
tant abandonnement, résignation ou que la mort arrive, attendu
qu'il est très incertain de la durée de leur bénéfice qui décou-
rage le laboureur avec d'autant plus de raison que chaque
bénéficier tire des pots-de-vin considérables du fermier qui se
voit contraint de payer, crainte d'être privé de l'exploitation
qu'il a eue depuis plusieurs années, ce qui cause souvent
la ruine des pauvres laboureurs qui ne peuvent échapper
à l'avidité de leurs maîtres qu'en quittant leur occupation
et sont dans le cas de ne pouvoir s'en procurer de sitôt d'autre,
et cela les ruine encore ;
9° Que défenses seront faites à tous religieux et religieuses
de mendier autre part que dans l'endroit de la situation de leur
couvent ;
40° D'ordonner que les colombiers et volières édifiés contre
le gré des règlements soient abattus, et ceux trop forts réduits ;
que les propriétaires d'iceux soient condamnés à une telle
amende qu'il plaira à Sa Majesté de hxer, appliquée aux
pauvres de la paroisse ovi ils se trouveront être lesdits colom-
biers et volières, sous la dénonciation qui en serait faite par
quatre habitants;
11" Que les propriétaires des garennes non entourées qui
sont trop remplies de gibier soient tenus de les dépeupler,
ainsi que ceux qui ont une trop grande quantité de gibier sur
leurs terres; alors les cultivateurs auront la consolation de
i-ecueillir les fruits de leur sueur, qui à présent sont considé-
rablement diminués par le gibier; condamner à une amende,
comme dit est; sinon et à faute de le faire dans le temps (lu'il
est besoin de fixer, le général des habitants pouri'a tuer tout
gibier, même pigeons, chacun en droit soi ;
(L\HiER 1)'orvi:ai'. 73*.>
12* D'établir les grands bailliages et présidiaux dans le chef-
lieu d'élection, ainsi qu'il avait été fait l'année dernière (1) ;
d'y joindre tontes les justices seigneuriales où les affaires sont
tardivement jugées ;
13° De supprimer les notaires tabellions et attribuer leur
arrondissement aux notaires royaux des villes circonvoisines,
parce que la plupart de ces tabellions sont ignares et capables
plus souvent de mettre les familles dans le désordre en rédi-
geant mal les actes concernant leurs propriétés;
14'' D'abréger les formalités des procédures, modérer les
honoraires des officiers de justice et les taxer par un règlement
qui sera publié, affiché et distribué dans tous les pays
de l'obéissance de Sa Majesté, afin que tous ses sujets s'en
procurent des exemplaires ;
15t> Qu'il soit permis de rembourser toutes les rentes fon-
cières aux gens de mainmorte ;
lOo Que les travaux des grands chemins soient faits comme
ci-devant et qu'il ne soit perçu d'argent pour les faire, attendu
que cette manière est ruineuse pour tous les sujets, et qu'en
faisant eux-mêmes les corvées, ils étaient beaucoup plus
soulagés, parce qu'ils le faisaient dans des temps où la culture
leur permettait d'y vaquer;
17o Représenter que les ouvriers employés à la construction
des chemins dont ils se sont rendus adjudicataires s'immiscent
à ouvrir sur les terres voisines des chemins des carrières
pour en tirer des pierres, détruisent entièrement le fonds qui
n'est plus propre à rien, déracinent et arrachent les grains et
vignes qui s'y trouvent ensemencés et plantés. Ceci cause une
perte considérable au propriétaire sans espérance d'en être
gratifié ; une telle entreprise est des plus ai)surdes, car les entre-
preneurs et faiseurs de chemins sont bien payés par rimpôt
que les malheureux habitants payent, et se voient les uns
privés de leurs fonds, et les auti'es des rentes qu'ils ont à
■ (1) Allusion ù ledit Ue 1788 sur les présidtaux.
740 BAILLIAGE d'ORLÊANS.
prendre sur ces mêmes fonds. Il est donc de toute équité que
les pauvres agriculteurs soient récompensés du tort qui leur
a été fait par les entrepreneurs, et qu'il doit être ordonné qu'à
l'avenir les entrepreneurs des chemins seront tenus d'acheter
les pierres, avec défense d'en fouiller dans les terres d'autrui
propres au labour, sinon dans celles vagues et d'aucune utilité
pour le commerce.
(Suivent 12 signatures : celles de Hautefeuille, Jacques
Delafoy ; Sainsard, etc., et celle de Mercier.)
65° Groupe de Beaune-la-Rolande.
Ce groupe comprend :
1» Le cahier de Beaune (Popelin, ancien procureur, président de l'assem-
blée en l'absence du juge) ;
2<i Les caliiers de Juranville, Saint-Loup-des-Vignes et Barville (président :
Gliappeau, substitut du procureur fiscal du bailliage de Beaune) ;
3" Celui de Batilly (président : Delacroix, notaire à Beaune, où il compa-
raît comme membre de l'assemblée de cette ville).
Le cahier de Juranville est, dans sa plus grande partie, une copie de celui
do Beaune. Les cahiers de Saint-Loup-des-Vignes et de Batilly ont sur beau-
coup de points de l'analogie avec les précédents.
BEA UNE-LA-RO LANDE.
[Autrefois BEAUNE-EN-GATINAIS.J
Déjo. Loiret. Arr. Pithiviers. C»». Beaune-la-Rolande.
Gén. Paris. El. Nemours. Gren. Boisconimun. Dioc. Sens.
(Beaune n'appartenant pas à la généralité d'Orléans, il ne se trouve
aucune notice le concernant dans .biusse, ni dans l'état de 17()8. ni
dans les rôles de tailles.)
DÎME. — La 18" gerbe du blé; la 18'' pinte du vin.
Procks-verbal. — Assemblée électorale le dinianulie l'"" mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de I*ierre Popelin, ancien procu-
reur au bailliage et cliâtellenie de Beaune, faisant fonction de juge en
l'absence des officiers du bailliage. — Populaiion : 520 feux. — Com-
jjurrinls : M'' Jacques (Jhappeau, notaire, procureur et syndic; Sébas-
CAHIER DE BEAU.NE-LA-ROLANDE. 741.
tien-Étienne -Toussaint Monet ; Joseph .larry, Jacques Corneillat,
Antoine Popelin, François Dugué, Jean Fauvin, Claude Pesty, Joseph
Dugué, membres; Pierre Bouchet; Paul Brunet, bourgeois; Mathurin
Parnageou; Pierre Foucher; Laurent Rouflard; Sébastien Moreau;
Antoine Bertrand; Pierre Grégoire; Bonaventuro Boutet; Joseph-Jean
Lejeune; Etienne Mizalin ; Charles Pesty; Denis Pesty; Dominique
Pesty; Vincent Pillard; Noël Trousseau; Mathieu Lavocat; Clément
Jacquemaut ; Charlea-Augustin Delacroix ; Jean Moreau ; Pierre
Pesty; Claude Ménard; Louis Pellard; François Mesnager; Denis Sou-
danne ; Pierre Yillain ; Jacques Letellier ; Claude Godard ; PÎltienne
Godard; Etienne Pérou; Pipe (1) Bernier; Etienne Bissauge ; Paul
Barreau ; Louis Berger; Antoine Prévost; Jean Moreau; Louis Ghambon;
Etienne-Sébastien Chambon; Guillaume Vallier; Sébastien Depallier;
Jean Sureau; Jean Barreau; Guillaume-Germain Pesty; Martin-Gabriel
Coupy ; Barthélémy Gaillard ; Laurent Pesty ; Jacques Larpenteur ; Jean
Méranger ; Jean Pesty ; Jean Gilbert ; Pierre Liger ; François Méranger ;
Alexandre Labsolu; Jacques Vergue; Toussaint- Alexandre Miliet; Jean-
Roger Lejeune ; Louis Moreau ; Paul Barreau. — Députés : Pierre
Bouchet; Etienne-Toussaint Monet; Charles-Augustin Delacroix; Jean
Fauvin.
Population en 1790. — 2,028 habitants.
Cahier contenant les représentations, observations, plaintes et
doléances des habitants de la ville et jmroisse de Beaune-
en-Gâtinais, ressortissant au bailliage d'Orléans pour les
cas royaux, dressé en exécution de la lettre du Roi pour la
convocation des États généraux du 24 janvier i789, règle-
ment y annexé du même jour, et de l'ordonnance de
M. le lieutenant général du bailliage d'Orléans du 13 fé-
vrier 1 789.
Art. 1er. _ S'assujettir à l'impôt territorial, s'il y a lieu ; au
moyen de quoi, demander la suppression ou la décharge de la
taille, capitation d'industrie, de la contribution à la corvée,
même de la gabelle et des vingtièmes; faire statuer sur la
(1) Prénom commun en Gàtinais, saint Pipe étant né à Beaunc, d'après la tradition.
742 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
(juotité dudit impôt territorial, lors de la tenue des États géné-
raux, même sur sa perception.
Art. 2. — Demander que les ecclésiastiques et la noblesse
soient assujettis aux mêmes impôts que le Tiers état et par
proportion ; l'abolition des droits de corvées seigneuriales, des
banalités de moulins, fours, pressoirs banaux, du droit de
chasse et autres droits onéreux de cette espèce.
Art. 3. — La suppression des aides; un impôt par arpent de
vigne qui tiendrait lieu des droits; même celle (1) des inten-
dants et commissaires départis.
Art. 4. — La suppression ou du moins une modération sur
les droits de contrôle, insinuation et autres droits y joints,
qui se perçoivent actuellement presque arbitrairement et sur
lesquels droits il est impossible que les peuples puissent statuer
aujourd'hui.
Demander la résidence d'un juge sur les lieux, l'étendue du
bailliage étant assez considérable.
Art. 5. — La suppression des milices; un impôt payable
par chaque garçon de la taille et de l'âge indiqués par les
règlements.
(Suivent 44 signatures : celles de Bouchet; Monet; Ghap-
peau, syndic, etc., et celle de Popelin.)
J un AN VILLE.
l)('p. Loiret. Avv. l'itliiviers. C^n. Beaune.
Gén. Paris. El. Nemours. Gren. Boiscommun. Ihoc. Sens.
(.hiranville n'appartenant pas à la g'énéralit(' (r()rl('aiis. il ne se trouve
aucune notice la concernant dans .lousse, ni dans l'état de 1708, ni dans
les rôles de tailles.)
DÎME. — Blé, la 18« g'erhe; une partie à la 24''. Vin, la 18'^ pinte.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le diinanclic t'"' mars, dans
(1) Cesl-à-tUrc : de môme la suppression des intcndanls.
CAHIER DE JURANVILLE. 71-3
la maison presbytérale, sous la présidence de Jacques Ghappeau,
substitut du procureur-fiscal du duché d'Orléans au bailliage de Beaune-
en-Gàtinais, résident à Beaune, faisant fonction en l'absence des officiers
qui le précèdent. — Population : 140 feux. — Comparants : Etienne
Miguet l'aîné, syndic municipal; Louis Gotelle, Guillaume Gauchet,
Toussaint Benard, Antoine Henry, Germain Maslard et Toussaint
Besnard le jeune, membres ; Charles Marsille, receveur de la terre et
seigneurie de Juranville et membre de l'assemblée du département de
Montereau ; Etienne Miguet le jeune, laboureur et greffier de la muni-
cipalité ; Germain Guérot ; Paul Huré ; Charles Chaintreau ; Marc
Philippot ; Louis Masson ; Antoine Grosbois ; Sylvain Raphaneau ;
Jacques Bézille ; Guillaume Philippot; Pipe Chemin ; Marc Millet;
Antoine Damon ; Toussaint Lamotte ; Pierre Cotelle ; Jean Brinbœuf ;
Laurent Thillon ; Antoine Bézille ; Marc Henry ; Louis Lamothe ; Louis
Fauvin; Charles Guibert; Jean-Louis Besnard; François Baudichon ;
Martin Gaillard ; Jean Bain ; Noël Henry ; Jacques Chesnoy ; Toussaint
Ghesnoy ; Denis Chaintreau ; Jean Legueule ; Etienne Desforges. —
Députés : Charles Marsille; Pierre (probablement Etienne) Miguet le
jeune.
Population en 1790. — 049 habitants.
[Cahier de Juranville.]
Ce cahier est, en partie, la copie de celui de Beaune. Le
titre et les 5 premiers articles sont prescjne identiquement les
mêmes. A noter les variantes suivantes :
Apt. 3. — Supprimer les mots : même celle des intendants
et commissaires départis.
Art. 4. — Supprimer les mots : demander la résidence d'un
juge sur les lieux.
Les autres articles rédigés comme suit :
Art. 6. — La liberté de la presse ;
Art. 7. — Que l'on s'occupe de la ivforme de la justice et
des moyens de la rendre gratuitement ;
Art. 8. — Que l'on établisse des assemblées d'administi-ation
de province (jui remplaceront les inlcndiinls et subdélégués.
744 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 9. — Que les papiers terriers ne soient renouvelés que
tous les cinquante ans, et les droits de commissaire à terrier
modérés.
(Suivent 24 signatures, celles de Miguet, Gotelle, Besnard,
etc., et celles de Chauvot et Chappeau.)
SA INT-LOUP-DES- VIGNES.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. Con, Beaune-la-Rolande.
Gé7i. Paris. El. Nemours. Gren. Boiscommiin. Dioc. Sens.
JoussE. — Justice de Beaumont. Assemblée ou foire le !<"• septembre.
Br. de Pithiviers. A 3 lieues de Pithiviers, 7 de Montargis et iO d'Or-
léans. Sur une montagne.
DÎME. — Grains, la 18« gerbe ; vin, la 18^ pinte.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, sous le
porche de l'église, sous \si présidence de .Jacques Chappeau. substitut du
procureur-fiscal du bailliage et ciiàtellenie de Beaune-en-Gâtinais. —
Population : 136 feux. — Comparanls : Louis Bourbon, syndic muni-
cipal ; François Gaillard, Nicolas Combourg, Paul Brinbœuf, Loup
Moreau, François Durand, membres; Charles Collas, greffier; Etienne
Laugueteau ; Mathurin Perthuis ; Antoine Vallier ; Martin Dabin ;
Fra,nçois Perthuis ; Pierre Gaillard ; .Jean Perthuis ; .Jean Berger ; Michel
Vallier ; François Gaillard ; Louis Gilles ; .Jean Chapelain ; François
Chapelain ; Nicolas Bonnard ; Etienne Chaintreau ; Eltienne Deflou ;
Martin Moreau ; Jacques Chesnoj ; Jacques Combourg ; Alexandre
Perthuis ; Louis I^enot ; Pierre-Paul Deflou ; Charles Pinson ; Jean
Vallier; Antoine Payé; Jacques Collet; Pierre (^harmoy ; Nicolas Dabin ;
Martin Deflou; Charles Pinson; Charles Berger; François Venon ;
François Sellier ; I^ierre Ricois ; François Durand ; Pierre Moreau ;
Jean Duguet ; Etienne Durand ; I^ouis Deflou ; I^ouis Durand ; Louis
Dabin ; Jean Billard ; Jacques Huguet ; Jean Rousseau ; Etienne Jouy ;
P'i-ançois Gaillard; François Chaintreau ; Jean Chagot ; François Gail-
lard le jeune. — JJépulés ; Nicolas Combourg ; François Durand.
Population en 1790. — 560 habitants.
Lo cahier de Saint-Loup-des-Vignes se rapproche l)eaiicoiip
de ceux de Beaune et de Juranville sans en être cependant
une copie textuelle. 11 y a lieu de le publiei- en entier.
CAHIER DE SAINT-LOLP-DES-VIGNES. 745
Cahier contenant les observations, plaintes et doléances des
habitants de la paroisse de Samt-Loup-des-Vignes, dépen-
dant du bailliage de Beaune-en-Gdtinais, ressort pour les
cas royaux du bailliage d'Orléans, pour être présenté par
les députés qui seront nommés à cet effet à l'assemblée du
7 mars 1789 en réponse sur la lettre du Roi et règlement
pour la convocation des États généraux, et ordonnance de
M. le lieutenant général au Chdtelet d'Orléans en date du,
13 février 1789.
Art. le'". — Nous, syndic et membres municipaux compo-
sant la municipalité de ladite paroisse de Saint-Loup, et en
présence de tous les autres habitants cotisés aux rôles des
impositions de ladite paroisse, sommes convenus de ce qui
suit, savoir :
Que nous nous soumettons aux ordonnances qui nous font
connaître aujourd'hui la sagesse et la bonté infinies de notre
auguste Monarque en rappelant les plus petits de ses sujets à
ses États généraux, en les faisant paraître jusqu'au pied du
trône de Sa Souveraine Majesté, à l'effet d'y porter leurs
plaintes et doléances et y faire toutes leurs remontrances
nécessaires pour le bien de l'fc^tat.
Nous soumettons tous nos biens à l'impôt territorial; du(iuel
toute la Nation française doit bénir à jamais le premier mou-
vement qui est sorti de la plume de celui qui est l'auteur de
cette admirable invention.
Art. 2. — Ce bel ordi'e lumhieux de l'apostolat et tous les
autres membres ecclésiastiques, tant réguliers que séculiers,
rentiers et bénéficiers des deux sexes, ne rougiraient-ils pas au
pied du trône, à la face brillante de notre auguste Monarque,
de posséder un si grand nombre de biens, de si belles terres,
dont ils sont seigneurs, d'une infinité de revenus provenant de
leurs terres, fiefs, bénéfices, et qu'ils pi-élèvent sur les autres
biens du Tiers état par des rentes, droits de gros décimateurs,
et autres droits de champarts, qu'ils ne paient aucun impôt au
746 BAILLIAGE D ORLÉANS.
Roi, sinon quelque peu de décimes; nous désirons (]ue l'état
ecclésiastique soit déchargé de leurs (sic) décimes, et d'imposer
tous leurs biens tels que les nôtres audit impôt territorial.
Noblesse.
^Vrt. 3. — Cette vaillante Noblesse, qui possède la plus
grande partie des biens fonds qui sont situés dans notre
royaume sous l'obéissance et la plus grande sévérité d'un si
digne monarque, dont nous ne pouvons, qu'avec le plus pro-
fond respect, le regarder que comme le meilleur des rois.
Sans doute que vous ne pouvez nous empêcher de porter
nos plaintes de doléances (sic) au pied du trône, sur la partie
nombreuse de vos biens, de vos cens et rentes, dîmes et
champarts, qui sont toujours prélevés sur le malheureux Tiers
état qui sont (sic) vos vassaux.
Jusqu'à ce jour, la Noblesse ne s'est pas contentée de ne
payer à la décharge du Tiers état qu'une modique partie de
ses vingtièmes : elle voudrait encore le vexer par une multi-
tude de procès-verbaux, qu'ils (1) reçoivent tous les jours, en
faisant doubler les gardes, qui souvent ne sont pas des gens
de bonne foi, ni de justice, soit par des prises de bestiaux, soit
pour le gibier, et qui souvent tout cela est faux (2); mais
comme ces seigneurs ont toujours des justices qui leur appar-
tiennent, ces malheureux sont toujours condamnés.
11 serait donc de la plus grande importance que les biens de
ces seigneurs soient, pour le bien de l'État et le soulagement
du Tiers état, compris dans l'impôt territorial.
Art. 4. — Nous demandons, pour le bien de notre com-
munauté, notre renvoi par appel dans les procès civils de
notre juridiction à Orléans pour les cas présidiaux.
Art. 5. — Nous désirons, pour le soutien do l'État et le bien
(1) C'est-à-dire : les gens du Tiers état.
(2) Il est difficile de rendre correcte cette phrase; on comprend le sens : les accusations
portées dans les proc(''s-vtrl)aux des gardes au sujet soit des bestiaux, soit du gibier, sont sou-
vent fausses.
CAHIER DE SAINT-LOUP-DES-VIGNES. 747
des communautés, que les municipalités restent dans l'état et
l'ordre duquel elles ont été établies.
Art. 6. — Nous représentons à l'administration des États
généraux combien qu'il (sic) serait nécessaire au bien de l'Etat
du royaume et [poiu-J le plus grand bonheur des sujets de Sa
Majesté, que l'on nous rompe ces chaînes par lesquelles nous
avons le malheur d'être enchaînés depuis un si long temps,
comme des esclaves, sous la tyrannie des fermiers généraux,
sous le poids du fardeau pesant qui nous accable. Ils perçoivent
sur tous nos biens la quintessence de tous nos revenus, de
sorte qu'il [ne] nous reste plus que des yeux pour pleurer, en
voyant enlever nos meubles et ceux de nos concitoyens par des
garnisaires, pour satisfaire aux impôts qui sont légitimement
dus à Sa Majesté pour la taille vingtième et autres impositions.
Nous faisons connaître à notre auguste Monarque combien il
serait utile qu'il n'y ait plus qu'un seul impôt sous le titre
d'impôt territorial.
Nous commençons à payer pour la taille, capitation et acces-
soires de la taille une somme par chaque arpent de terre, tant
par arpent de prés, tant par arpent de vignes et tant par
arpent de bois. Nous n'avons pas plutôt fait nos vendanges
que, dans les quarante jours d'après, le fermier nous fait
inventorier tous nos vins. Les conunis de ce même fermier ne
cherchent qu'à nous induire en erreur, sous prétexte de leurs
procès-verbaux; nous connaissons bien le faux de leurs procès!
Mais comme nous sommes si bien épurés par eux, ils ne nous
laissent pas assez de forces pour pouvoir tirer plus grande
justice de la Cour des aides.
Ce serait une juste proportion qu'il faudrait faire dans la
réunion de tous ces impôts en un seul qui serait territorial, et
alors les sujets de Sa Majesté se trouveraient déchaînés de la
tyrannif de ('<^s usurpateurs.
Puissent nos elïorts répondre à notre zèle et opérer un jour à
(sic) la sui^pression d'une compagnie qui entretient, aux dépens
748 BAILLIAGE D'oRLÉANS.
des produits de l'impôt, une troupe déterminée pour combattre
honteusement et pour vexer, par toutes sortes de moyens, la
portion de la Nation la plus digne des commisérations.
Art. 7. — Suppression des milices ; pour en tenir lieu, un
impôt payable par chaque garçon de l'âge et de la taille requis
par les ordonnances.
Art. 8. — Une administration provinciale ; au moyen de
quoi, la suppression des intendants et des subdélégués.
Art. 9. — Demander la suppression des gabelles et la liberté
pour le commerce du sel.
Art. 10. — Demander que les terriers ne soient renouvelés
que tous les cinquante ans, et les droits des commissaires
diminués.
(Suivent 26 signatures : celles de Bourbon, syndic; François
Gaillard; Combourg, etc., et celles de Chappeau et Ghauvot.)
Art. \i. — Et d'après (1) les signatures, lesdits députés se
sont aperçus qu'il était nécessaire de représenter que les droits
de champarts demanderaient un amortissement ou les réduire (2)
en censives payables par chaque an par les cultivateurs.
Art. 12. — Demandons une modération dans les contrôles et
insinuations.
Art. 13. — Demandons que les seigneurs ne puissent pré-
tendre la sixième ou douzième partie des ventes en mutations,
et que cela soit réduit à un taux plus modique.
Art. -J4. — Demandons que ces mêmes seigneurs ne laissent
pas accroître de gibier en si grand nombi-e, :uiisi que leurs
pigeons qui font une perte considérable (3).
Art. 15. — Demandons que les grueries restent dans les
bornages où elles sont actuellement et que les pauvres culti-
(t) C'est-à-dire : après.
(2) C'est-à-dire : qu'ils fussent réduits.
(3) C'est-à-dire : qui causent des pertes considérables de récoltes.
CAHIER DE BATII.LY. 749
valeurs jouissent de leur restant de biens-fonds en payant l'im-
pùt territorial .
Art. 16. — Demandons que la cure de notre dite paroisse de
Saint-Loup soit évaluée à 1,500 livres, par réunion des cures
voisines.
Art. 17. — Demandons la suppression des justices subal-
ternes et les procédures abrégées.
Art. 18. — Demandons que tous juges des petites juridictions
en affaire criminelle ne soient à l'avenir pas si négligents à
remplir leurs fonctions, lorsqu'il arrive quelque meurtre,
sous l'ombre de ménager les intérêts des seigneurs justi-
ciables .
BATILLY.
Dép. Loiret. Arr. Pithiviers. C^'K Beauae.
Gén. Paris. EL Nemours. Gren. Boiscommun, Dioc. Sens.
JoussE. — Paroisse. 218 feux. Le prince de Tingry. .Justice de Boau-
mont, r. au Parlement. Br. de Pithiviers. A 4 lieues de IMthiviers et
10 d'Orléans. Route traversière de Boiscommun à Étampes. Plaine.
17(58. — Néant.
DÎME. — La 18e gerbe du blé ; la 18" pinte du vin.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le lundi 2 mars, dans la
maison de Jean-Baptiste Tazé, recteur des petites écoles, lieu ordinaire
des assemblées de la paroisse, à défaut de chambre municipale, sous la
présidence de Charles-Augustin Delacroix, notaire royal au bailliage
d'Orléans, résident à Beaune. — Pojmlalion : 200 feux et au-dessus.
— Comparants: Pierre Balot, syndic; Charles Faveraut, François
Méry, François Leclerc, Etienne Picard, Sulpice Fonce et Jean Ricois,
membres ; Pierre Durand ; Jean Baudouin ; Charles Poisson ; Pierre
Poisson ; Etienne Picard ; Martin Girard ; Paul Glouet ; Etienne Gil-
bert ; Michel Huré; François Méry; François Barberont; François
Mercier; Pierre Royer ; Denis Laureaut ; Louis Chevalier; (;harles
Thomasson ; Antoine Augis ; Etienne Brinbeuf ; François Gaudin ;
Antoine Bayeau; Etienne Vion; Pierre Gautier ; Pierre (Irillier; Paul
Fonce ; François Barreau ; François Baudouin ; Paul Thiéry ; Martin
Tondu; Pierre Vion; Savinien Picard; Sébastien Fuiry ; François
750 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Roussiat. — Députés : Pierre Vion l'aîné; François Méry le jeune;
Etienne Brinbeuf.
Population en 1790. — 838 habitants.
Bailliage d'Orléans. Paroisse de Batilly.
Cahier des doléances, plaintes et remontrances des habitants
de la, paroisse de Batilly soussignés, dressé eu exécution
des ordres de Sa Majesté contenus eu ses lettres données à
Versailles le 24 janvier dernier pour la convocation et
tenue des États généraux, du règlement y annexé et de l'or-
donnance de M. le lieutenant général au bailliage d'Or-
léans, le tout signifié au syndic de la municipalité de cette
paroisse par exploit de sieur Bonnet, huissier royal d'Or-
léans, le 19 février dernier, pour être par nous, habitants
de ladite paroisse soussignés, remis aux députés d'icelle
ci-après élus par l'assemblée de ce jour, et par eux à pré-
senter à l'assemblée générale et préliminaire des trois Etats
du bailliage d'Orléans qui se tiendre par devant M. le lieu-
tenant général au même bailliage le 7 du courant.
Lequel cahier a été rédigé ainsi qu'il suit :
Art. -1er. — Demander la réunion de la cure de Saint-Micliel
à celle de Batilly, le village de Saint-Michel composé de GO feux au
plus n'étant éloigné du bourg" de Batilly que de 500 toises ou
environ d'une église à l'autre. Ces deux cures ainsi réunies,
colle de Batilly trouverait alors une ressource suiïisimte,
quoique intérieure à 2,000 livres, pour la subsistance honnête
du sieur curé, à la charge que ledit sieur curé, en se confor-
mant au vœu général, ne pourrait par la suite exiger aucune
rétribution forcée ni même volontaire pour l'administration des
sacrements.
Cette réunion exigerait dès lors un vicaire, à la subsistance
duquel il devrait être pourvu par une dotation proportionnelle
applicable sur les biens ecclésiastiques.
Dans le cas où la réunion ci-dessus requise ne serait pas
CAHIER DE BATILLY, 751
accordée, demander pour lesdiLs habitants ([ue le revenu actuel
de la cure dudit Batilly, qui n'est qu'un gros de 700 livres,
d'ailleurs insuffisant, soit augmenté jusqu'à 2,000 livres par
application de biens ecclésiastiques; à la charge par ledit sieur
curé de ne pouvoir exiger connue ci-dessus aucune l'étribu-
tion pour l'administration des sacrements, ni même, dans l'un
et l'autre cas, aucune espèce de menue espèce de rentes
et dîmes tant en nature qu'argent.
Art. 2. — N'ayant en cette paroisse aucun officier public et
qui ait caractère pour sévir en cas de nécessité, demander
l'établissement d'une administration municipale, composée du
syndic et des marguilliers successivement en charge pour
veiller sur la pohce, arrêter les mendiants non domiciliés, les
conduire devant le juge du lieu, et en général maintenir le bon
ordre et la tranquillité publique dans la paroisse.
Art. 3. — Demander la décharge de la taille, de la capita-
tion d'industrie, de la contribution à la corvée, même de la
gabelle, qui seraient converties en un impôt territorial qui
serait supporté par les propriétaires, aux offres par les fermiers
de tenir compte pendant le cours de leurs baux aux pro-
priétaires de ce qu'ils paient annuellement pour taille, capita-
tion d'industrie, évaluation de corvées et gabelles, de manière
qu'il ne soit imposé par la suite aucun impôt sans le consente-
ment des États généraux.
Art. 4. — Les habitants remontrent que les droits d'aides,
comme gros et autres y joints, aux({uels leur paroisse est assu-
jettie, est celui (sic) de tous les autres impôts qui leur répugne
le plus, non pas encore tant en raison de la (juotité de ces droits
que parce qu'ils sont esclaves de cette espèce de marchandise
dont le commerce exig-e des soumissions d'autant plus rigou-
reuses que la moindre contravention trop souvent ignorée
expose journellement à des procès ruineux. Pour en tenir lieu,
offrir une somme, que les possesseurs de vignes paieraient
en raison de la quantité par arpents en valeur qu'ils font
valoir.
752 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Art. 5. — Demander la suppression de la milice, aux offres
par chaque garçon de la taille et âges requis de payer 3 livres
pour en tenir lieu, dont les pères ou mères demeureraient res-
ponsables.
Art. 6. — Demander le rétablissement par corvées du grand
chemin-chaussée, vulgairement appelé le chemin de César, qui
traverse Batilly et va joindre le grand chemin de Paris à Orléans
par Nemours; lequel, dans son mauvais état actuel, empêche
l'exportation des vins et autres marchandises qui soutiennent
le commerce tant dudit BatiUy que des paroisses circonvoi-
sines .
Art. 7. — Demander la suppression ou modération des droits
de contrats et accessoires, dont l'impôt presque toujours arbi-
traire est exorbitant et empêche très souvent les actes néces-
saires à la tranquillité des familles.
Fait et arrêté, l'assemblée des habitants de cette paroisse,
soussignés, tenant cejourd'hui 2 mars 1789, et ont ceux des
Ijabitants qui savent signer signé avec nous.
(Suivent 28 signatures : celles de François Méry, P. Vion
Et. Brinbeuf, etc., etcehesde Delacroix et Lacoudre, greffier.)
BARVILLE.
Dêp. Loiret. Arr. Pithiviers. T'o»*. Beaune.
Gén. l-*aris. El. Nemours. Gren. Boiscominun. Dioc. Sens.
(La paroisse de Barville n'appartenant pas à la généralité d'Orléans,
il ne se trouve aucune notice la conceniant dans .Jousse, ni dans l'état de
1768, ni dans les rôles de taille.)
DÎMK. — Terres labourables : 2 gerbes de 4 pieds 2 pouces par arpent.
Vin : la 36" pinte.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1*"' mars, dans
la chambre des assemblées municipales, sous la présidence de Jacques
(jhappeau, substitut et dojen des procureurs au bailliage et châtellenie
de Beaune-en-Gàtinais, faisant fonctions déjuge en l'absence du bailli et
lieutenant dudit bailliage. — Populaliun : 10.5 feux. — Comparants :
CAHIER DE BAUVll.I.E. 17),]
Jean-Laurent Hui-é; Duvallot, procureur au duché de Beaumonl et
bailliage de Beaune, syndic, et Jacques Visset l'aîné ; Mathurin-Jean
Ponceau, membres; Guillaume-Joseph-François Le Franc, greffier, elles
sieurs Jacques Marcille, receveur; Ednie-Antoine Villemard, maître en
chirurgie ; Etienne Brunet ; Marin Marchand ; Jacques Delavanne ;
Pierre Dabin ; Jacques Leroy ; Pierre Cosson ; Pierre Marchand ; Louis
Gosson ; Paul Marchand ; Etienne Gauthier ; André Picard ; Barthélémy
Robert ; Louis Dupré ; Pierre Berthier; Antoine Jouanneau; François
Cosson ; Gervais-François Torchon ; François Soupin ; Jacques Souchet ;
Jacques Vacher, tous laboureurs et vignerons. — Députés : Edme-
Antoine Villemard ; Etienne Brunet.
Population en 1790. — 500 habitants.
Cahier de doléances, plaintes et remontrances de la paroisse
de Barville, dépendant du haiUiage et châtellenie de Beaune-
en-Gâtinais, ressortissant pour les cas roi/aux du bailliage
d'Orléans.
Les très obéissants, très soumis et fidèles serviteurs de
notre auguste et bienfaisant Monarque, satisfaisant aux bonnes
intentions de Sa Majesté, portées en sa lettre qu'il nous a fait
passer par son procureur,
Nous députés, nous vous présentons le cahier de plaintes et
observations que Sa Majesté, zélée pour nous, veut bien nous
permettre de lui faire passer, espérant de votre illustre assem-
blée de vouloir bien nous être favorable.
Art. le. — La petite paroisse de Barville, qui est composée
de 105 feux, peut contenir 2,000 arpents de terre ou environ ;
sur quoi il faut en défalquer environ 200 arpents, tant terres,
prés et bois, qui appartiennent au sei<^iieur de ladite paroisse,
. M. le comte de Luxembourg, duc de Beaumont; reste donc,
pour les habitants, 1,800 arpents, que (sic, pour dont) la
majeure partie, outre la (hme, est encoi-e grevée du champart
qui est la douzième du produit, qui appartient encoi'e audit
seigneur.
Art. 2. — Que nous désirerions avoir une a(huinisli'ali(»n
T. I. ^
754 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
municipale, composée d'un syndic, de deux députés, pour
veiller sur la police, dresser des procès-verbaux des contra-
ventions qui se fait (sic, pour font) journellement à icelle (1),
et arrêter les mendiants non domiciliés et les faire conduire
par la maréchaussée devant le juge royal.
Art. 3. — Nous ne nous plaindrons pas non plus sans cause,
ainsi que nos concitoyens, de la lenteur de l'administration de
la justice, des vexations, des concussions qui s'y commettent
journellement ; que nous avons vu avec douleur, depuis très
peu de temps, des assassinats et autres crimes rester impunis
par négligence et parce que les frais des procès aussi sérieux
qui devraient être exemplaires, où la sûreté des citoyens étant
à la charge du seigneur justicier, duquel dépend les officiers
sulbaternes, lesquels ne rendent la justice que par intérêt ou
protection (2).
Art. 4. — Nous désirons que les voix se recueillent par tête et
non par ordre, étant indubitable que deux Ordres en emporte-
ront toujours un.
Art. 5. — Qu'il ne soit plus enregistré aucun arrêt portant
impôt par les Parlements, sans le consentement unanime de
la Nation.
A.rt. 6. — Du code de la chasse. Il est affligeant pour tous
les propriétaires fonciers et non fonciers de voir détruire
les productions de leurs travaux par un million de gibier que
ses possesseurs nourrissent eux-mêmes, et auxquels on fait
journellement des procès en défendant leurs biens (3), tandis
qu'il ne faut peut-être pas deux pièces de gibier par jour pour
le seigneur. Nous voyons encore avec plus d'ignominie et d'in-
dignation des attroupements journaliers de gardes et leiu's
véneries foudroyer les grains et vignes près les récoltes de ces
précieuses nourritures.
(1) G'esl-à-dire : des contraventions qui se ont journellement à la police et à ses règlement;;.
(2) C'est-à-dire : par néj.îligcnce et à cause des frais de procès aussi sérieux, que devraient
agir avec la force d'exemples; la snrulé des citoyens étant à la cliarge du soigneur justicier,
duquel dépendent les ofQciers subalternes, qui ne rendent la justice que par intérêt ou protection.
(3) C'est-à-dire : auxquels on fait journellement des procès où ils ont à défeii'lre leurs biens.
.CAHIER DE BARVILLK. /.X)
Art. 7. — La taille. Cet impôt ne sera jamais bien perçu
qu'au préalable on ne fixe sur chaque paroisse une somme
déterminée, et laisse (1) aux habitants la répartition à en
faire entre eux. Sa Majesté bienfaisante en serait beaucoup
mieux ser\ie, et ses sujets moins gênés.
Art. 8. — • Notre paroisse se trouve encore grevée de l'impôt
de la corvée, qui est d'autant plus onéreuse que, depuis près de
vingt ans, il a été payé 30,000 livres tant sur l'État que sur
les corvéables pour les réparations seulement, sans qu'il y en
ait eu de faites pour 1,200 livres jusqu'à ce jour.
Art. 9. — Pour ce qui concerne le sel. Que le sel, étant une
denrée indispensable et d'un prix excessif, prive par sa cherté
la majeure partie des citoyens d'en pouvoir faire usage.
Cet article entraîne tant de gêne avec lui que l'on a vu une
personne à laquelle les gabelous ont fait un procès pour l'avoir
trouvée lavant une poignée de sol recueillie dans une ([ueue de
morue achetée au marché; disant les mêmes gabelous ([ue ce
sel était pure contrebande! Voyez, Messieurs, si il n'y a pas
de l'horreur à priver les citoyens d'une chose qu'ils achètent en
public !
^Pt. 10. — Des aides. N'est-il pas inhumain de se voir et se
trouver dans les entraves attachées inséparablement à uu impôt
si mal dirigé, et encore bien plus mal e.xécuté ? Notre chétive
et piteuse paroisse, quoique n'ayant aucun artisan, ou l'a assu-
jettie aux entrées et dons gratuits et aux trobuts (2). Nous
n'ignorons pas que tous pays sujets aux entrées doivent être
exemptés de trobut. Notre paroisse n'a que trop essuyé, depuis
longues années, de la part des commis aux aides des poursuite^i
vexatoires pour les paiements des dons gi-aluils et trobuts, ce
qui a réduit les trois quarts des habitants dans la dure néces-
sité, ayant été dans rimpossibilité de payer les di-oils, vu la
médiocrité de nos vins.
(1) C'esl-à- dire : et on ne laisse.
(2) Droit de trop bu ou de trop manquant.
756 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Ainsi, nous supplions cette illustre assemblée de suppri-
mer les aides et gabelles et remplacer par un seul impôt tous
ces objets, qui rendra plus d'argent au Roi, [sera] moins abu-
sif et vexatoire pour les peuples ; que les impôts de la taille,
corvée et vingtième soient aussi supprimés et convertis aussi
en un seul, qui est l'impôt territorial.
Art. 11. — Nous n'avons autre chose à dire sur le Clergé
que la réclamation d'un impôt égal aux nôtres et en raison de
leurs (sic) possessions.
Art. 12. — Nous pourrions nous récrier contre certains
gentilshommes, connus le plus souvent que (sic) par leur
orgueil, menaçant un roturier de le faire enlever par lettre de
cachet à la première altercation qu'ils ont ensemble en défen-
dant chacun leurs droits communs, ce qui en impose à l'igno-
rance populaire.
Art. 13. — Et, pour suivre les intentions de notre illustre
et désintéressé M. Necker, un compte rendu au moins tous les
deux ans des recettes et dépenses de l'État.
Art. 14. — Que la milice devienne moins coûteuse dans les
campagnes et que l'on ne tire pas plus de miliciens qu'il n'en
faut pour le service de l'État, comme il se pratique nécessai-
rement dans la généralité de Paris, puis que l'on donne avant
la première revue des congés absolus aux miliciens qui le
payent.
Art. 15. — Trouver les moyens de faire passer directement
l'argent des différents impôts dans les mains du Roi.
Art. l(j. — Que les communes et tous les Français envoyent
des députés au moins tous les deux ans pour former les États
généraux, sans que rien ne puisse s'y opposer.
Art. 17. — Que la représentation du Tiers état soit au
moins égale à celle des prêtres et des nobles réunis.
Art. 18. — Que si les États généraux n'étaient pas rassem-
blés tous les deux ans, les impôts cesseraient d'être payés.
CAHIER DK BARVIKLE. /•">/
Art. 19. — Que les ministres rendent compte de l'emploi des
sommes d'argent payées par la commune, et qu'ils soient
responsables de leur conduite.
Art. 20. — Que l'on supprime toutes les charges et emplois
inutiles.
Art. 21. — Que les papiers terriers ne puissent se renouveler
que tous les cinquante ans, leurs rénovations plus fréquentes
étant à charge aux peuples.
Art. 22. — Trouver un remède à ce que la reconstruction
des presbytères n'entraîne plus à l'avenir tant de dépenses aux
paroissiens, et que les gros décimateurs et les gros bénéficiers
en paient la moitié.
Art. 23. — Nous désirons, pour le bien commun, que l'éta-
blissement des assemblées d'administration de province soit
élu par le peuple ;
Art. 24. — Que ces dites assemblées soient formées de
manière que la volonté de chacun puisse y être connue, ses
intérêts disputés et défendus; enfin qu'elles remplacent les
intendants ainsi que leurs subdélégués, dont nous ne voulons
plus.
Art. 25. — 11 serait nécessaire de procurer (1) aux pauvres
incapables de travailler par un soulagement pécunier (sic) et à
ceux qui peuvent travailler par des travaux qui sont sans
nombre, tels que les l'outes et autres ouvrages.
Telles sont les intentions du Tiers état, représentant la
Nation.
Puisse notre auguste et sensible Monarque recevoir nos très
humbles et très respectueuses plaintes et sollicitations.
Puissent aussi messieurs du Clergé et tout le corps de la
Noblesse se joindre à nous pour concourir au bien de
l'État.
(1) C'est-à-dire : procurer [de la subsistance].
758 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Puisse encore M. Necker conserver son intégrité, afin que
tout aille bien.
Fait et rédigé par nous, syndic, membres et greffier de la
municipalité et habitants de la susdite paroisse de Barville
soussignés, en l'assemblée tenue en la manière prescrite,
tenante en la chambre ordinaire, le dimanche lc>- mars 1789,
et avons signé avec ceux desdits habitants qui savent signer.
(Suivent 23 signatures : celles de Delavanne; Villemard,
maître en chirurgie; Duvallot, syndic municipal, etc., et celles
de Chappeau et Ghauvot, greffier.)
66o Groupe de Létuin et Sainville.
Les deux paroisses n'ont pas eu le même président ; mais on constate :
io que Quénard, notaire, président à Létuin, est adjoint de la municipalité
de Sainville ; 2" que les deux cahiers présentent de très grandes ressem-
blances.
LÉTUIN.
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Chartres. C»". Auneau.
Gén. Orléans. El. Chartres. Dioc. Chartres.
.Tousse. — 75 feux. Le prince de Glermont, abbé de Marmoutiers.
Moyenne justice, r. à Voize. Assemblée à la Saint-Gervais. Br. de
Chartres. A G lieues de Chartres et 11 d'Orléans. Grande route de Paris
en Berry. Plaine.
1768. — 65 feux. Archevêque de Tours. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 4,648 1., dont 2,000 pour le prin-
cipal et 2,648 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le vendredi 27 février, dans
la salle d'audience du lieu, sous la jyrésidence de Charles-Antoine Qué-
nard, notaire royal du lieu, bailli du bailliage et châtellenie de Létuin.
— Population : 60 feux. — Comparants : Claude-Norbert Lambert,
syndic de la municipalité ; Charles Benoist, François Henry, Sébastien
Rabourdin et Protais Michau, membres; .Jacques Couturier l'aîné, Jean
^latineauet Jean-.Iacques Chéret, adjoints; Michel Benoist; .Jean-Fran-
<;'ois Leprince ; Etienne-Toussaint Dargent ; .Tacqucs-Marcou Chantalou ;
Vincent Morizet ; Claude Michau l'aîné; Claude Michau le jeujle ; Claude
CAHIER DE I.KTriN. 759
Pavard ; RenéDelaville. buiiri-olior ; Christophe RouUeaii ; Jean-Jacques
Pinguenet ; Benoist Michau ; Pierre-Michel Boucher ; Louis Chéret ;
Jean Lemoine ; Louis Robert ; Etienne Denize ; Jean-Charles Girault ;
Jacques Couturier le jeune ; Pierre Pinguenet ; Pierre Perret ; Jacques
François ; Jacques-Claude Rouillon et Antoine Chéret. — Députés :
François Michau, laboureur ; René Delaville.
Cahier contenant les doléances, plaintes et remontrances par
les habitants de la paroisse de Létuin, composée de
60 feux, tendant à la réforme des abus dont ils ont à se
plaindre et à former les justes demandes qui intéressent
l'ordre des citoyens en général et les habitants des cam-
pagnes en particulier, et, après avoir mûrement délibéré sur
ces différents objets, lesdits habitants ont résolu et arrêté de
demander aux États généraux ce qui s^iit :
lo Que tous droits domaniaux et d'aides, tels que taille,
impositions accessoires et capitation, imposition représentative
de la corvée, contrôle des actes, centième denier pour toutes
espèces de mutations, droits d'aides et gabelles, etc., soient
abolis et convertis en un impôt territorial payé et supporté par
les propriétaires, aux offres par les fermiers de tenir compte
pendant le cours de leurs baux au prorata de ce qu'ils paient
annuellement pour tous ces droits, sous la déduction de ce qui
se trouve attribué desdits droits h tous receveurs générnux et
particuliers, directeurs, contrôleurs, vérificateurs et autres
commis, dont la suppression procurerait un allégement consi-
dérable en faveur du peuple, puisque la majeure partie des
droits imposés sur lui se trouve consommée par leurs appoin-
tements et par les frais ({n'occasionnent les procès- verbaux de
toutes espèces de contraventions, lesquels n'auraient plus
lieu ;
2o Que tous droits de chaniparts, dîmes champarteresses,
avenao-es et autres redevnnces en grains soient pareillement
abolis, comme étant rruii préjudice inappréciable au cultivateur
et à l'agriculture, en ce que le cultivateur, se tiouvaut privé
760 BAILLIAGE D ORLÉANS.
d'une partie des grains qu'il devrait recueillir et des empail-
lements, ne peut entretenir et alimenter autant de bestiaux que
l'exige la quantité des terres qu'il exploite ; par conséquent, il
ne peut fumer autant de terres qu'il en fumerait s'il recueillait
tout ce que ses terres produisent ; à joindre que les redevables
des droits de champart, étroitement obligés de conduire et
livrer les grains dans les granges champarteresses des seigneurs,
ont la douleur de voir souvent perdre leurs grains par les
pluies, tempêtes et autres intempéries de l'air ; si, au contraire,
ces droits étaient abolis, le cultivateur aurait la facilité d'en-
lever les grains au fur et mesure qu'ils seraient coupés ; que
tous ces droits et redevances en nature fussent convertis en
une prestation en argent équivalente à ce que les seigneurs en
retirent annuellement, laquelle prestation serait seigneuriale
ou foncière et de même nature que les droits dont elle tien-
drait lieu ; ce qui encouragerait le cultivateur qui ne cesse de
réclamer contre ces droits, qui non seulement lui enlèvent une
partie du fruit de ses travaux et lui (jtent les moyens de faire
fructifier ses héritages, comme il le ferait effectivement, s'il
convertissait en engrais tous les empaillements produits par ses
terres, mais encore lui occasionnent une perte considérable par
la dure nécessité où il se trouve d'attendre souvent et long-
temps ceux qui sont chargés de percevoir ces droits. Où vont,
(Vailleurs, ces empaillements, et à quoi sont-ils destinés? Chez
les seigneurs (pu les emploient dans des potagers ; il est vrai
que ces engrais leur procurent une plus grande abondance de
légumes; mais ces légumes peuvent-ils être de la moindre
considération au préjudice de la fertilité des terres destinées à
produire les grains qui sont la principale et indispensable sub-
sistance de l'homme. D'ailleurs, les seigneurs ne recueilleraient-
ils pas toujours assez de légumes pour leur usage? Manque-
raient-ils de moyens pour maintenir leurs potagers dans un
engrais convenable, en faisant ramasser dans leurs bois des
feuilles d'arbre et lierbes nuisibles, propres à faire un terreau
ou engrais, en les faisant consommer, sans y employer des
empaillements destinés par leur nature à élever et entre-
CAHIER DE LÉTUIN. 761
tenir des bestiaux et à engraisser les terres qui les ont géné-
reusement produits ?
3« Que le droit de chasse, si préjudiciable et si funeste, soit
aboli quant aux seigneurs particuliers. Ce dr'oit est préjudi-
ciable en ce que la plus grande quantité du gibier mange et
ravage une partie des grains, tant en herbe qu'en maturité, et
met le cultivateur dans l'impossibilité de nourrir une plus
grande quantité de bestiaux, tels que bœufs, vaches, veaux,
moutons et volailles de toutes espèces, ce qui compenserait
au moins le manque de gibier, joint à ce que la plus grande
quantité et facilité des engrais fertiliserait les terres qui pro-
duiraient avec plus d'abondance;
40 Que les bois et avenues d'arbres des seigneurs et particu-
liers altèrent les terres ({ui les environnent par les racines
qui s'étendent au moins à 20 toises de distance ; il serait
nécessaire que les propriétaires desdits bois fussent contraints
de faire entourer leurs bois de fossés de 4 pieds de profondeur
et de largeur [proportionnée], pour empêcher les racines de
s'étendre au delà desdits fossés ;
5» Que les procédures et formalités soient réduites et sim-
plifiées, puisque aujourd'hui l'on ne saurait former la moindre
demande ni faire la moindre réclamation en justice sans
supporter des frais immenses par des formalités multipliées par
la cupidité et l'esprit de chicane des procureurs et autres
officiers de justice ;
()0 Que l'imposition représentative de la corvée, si elle sub-
siste, en ce qui est supporté par les habitants de Létuiii,
soit employée et destinée à la réparation des rues de leur
village et des chemins pour y arriver, lesquels rues et cliemins
sont' remplis d'endroits creux qui en rendent l'abord très
difficile, pour ne pas dire impossible, aux voitures pendant
l'hiver ;
7o Que le revenu de la cure diidit. Létuln ne consistant
qu'en un gros composé de 12 setiers de blé-froment, 27 setiers
762 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
de blé-méteil et 42 sacs d'orge, le tout mesure d'Auneau,
que l'on ne peut évaluer, année commune, que 750 livres, y
compris le loyer de 15 setiers de terres dépendant de ladite
cure ; les soussignés demandent la réunion du revenu consistant
en 14 setiers de blé-froment et 5 setiers d'avoine, mesure de
Chartres, d'une chapelle qui existait autrefois à Noir-Épinay,
hameau de ladite paroisse, lequel revenu est présentement
touché par le seigneur dudit Noir-Épinay, et le casuel forcé
aboh.
Tout ce que dessus fait et arrêté en l'assemblée tenue à
ce sujet cejourd'hui 27 février 1789.
(Suivent 17 signatures : celles de Claude -Norbert Lambert;
François Henry; Sébastien Rabourdin ; Prothais Michau, etc.,
et celle de Quénard, juge.)
S A IN VILLE.
Z)e/9. Eiire-et-Loire. Arr. Chartres. Con, Anneau.
Gén. Orléans. El. Chartres. I)ioc. Chartres.
.Tousse. — 180 feux. I/abbé de Saint-Benoît. Haute justice, r. à
Étampes. Br. de Chartres. A 0 lieues de Chartres, 15 d'Orléans, 3 1 2 de
Dourdan, 5 d'Étampes et 10 de Montiort-l'Amaury. Route de Chartres
à Étampes. Plaine.
1708. — 120 feux. Lévêque de Valleine. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 9,936 1., dont 4.(5.50 pour le princi-
pal et 5,286 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le jeudi 5 mars, dans
l'église, « attendu que l'auditoire de la juridiction est situe dans une
autre paroisse », sous \r présidence d'Etienne Iléroux, avocat en Parle-
ment, bailli du bailliage et chcàtellenie du Plessis-Saint- Benoit, Authon
et Sainville. — Population : 113 feux. — Comparants : Pierre Lucas,
syndic de la municipalité; Nicolas Rabourdin, Michel Troisvalhets, Louis
Rabourdin, Marin Millochau, Guillaume Lépicier et Georges-Jean-
Jacques Texier, tous six membres ; Charles-Antoine Quénard, Jean-
Augustin Lhomme et Simon Hervé, tous trois adjoints ; Jean-Jacques
CAHIER DE SALWILLE. 763
Pigrais ; Michel Michau ; Pierre Ménard ; Claude Chantoiseau ; Denis
Amiet ; Louis Gidoin ; François Pavard ; Charles-François Lasne ,
Pierre Petit ; Gilles et Etienne Drouillaux ; Pierre-Eustache Pavard ;
Etienne Bordier ; Thomas Guyot ; Joseph Lambert ; Antoine Texier ;
Jean-Louis Delafoy ; Jean-François et Jean-Picrre-Raphaël Belzacq ;
Louis-Michel Chaude ; Cantien Baranton ; Jacques Vabois ; Jean-
Baptiste Colot ; Jean-François-Marie-Alexandre Jalliot. — Députés :
Charles-Antoine Onénard, notaire royal ; Marin Milloehau.
Cahier contenant les doléances, plaintes et remontrances par
les habitants de la paroisse et village de Sainville composé
de il 3 feux. (Le reste comme à Létuin.J
Les articles 1 et 2 comme à Létuin, avec des variantes
insignifiantes.
3o Que le gibier de toute espèce détruisant une grande
partie des grains tant en herbe qu'en maturité fait encore un
tort considérable aux cultivateurs et à l'État. Il serait du bien
général et particulier que le droit de chasse fût aboli quant aux
seigneurs particuhers qui, pour la plupart, ont l'ambition
d'avoir sur leurs terres autant de gibier que sur (i) les plaisirs
du Roi ; ce gibier se trouvant en peu de temps détruit en
plus grande partie, alors les terres produiraient beaucoup plus
de grains et par conséquent beaucoup plus de fourragements,
ce qui mettrait le cultivateur à portée d'élever et de nourrir
une plus grande quantité de bestiaux (La fin connue à Létuin.);
4o Que les bois des seigneurs et particuliers appauvrissant
les terres qui les entourent par leurs racines qui s'étendent au
moins à vingt toises de distance, causent encore une perte
considérable des grains; il serait nécessaire que les pro-
priétaires desdils bois et avenues fussent contraints de les
entourer de fossés de quatre pieds de profondeur, et de
largeur proportionnée pour empêcher que les racines s'éten-
dent au delà desdits fossés sur les terres qui avoisinent;
5o Comme à Létuin ;
(1) Sic au lieu de * pour ».
764 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
60 Que l'imposition représentative de la corvée, si elle
subsiste en ce qui en est supporté par les habitants de Sain-
3ville, soit employée et destinée pendant trois années à la répa-
ration et réfaction (sic) des rues de leur village remplies
d'endroits creux qui maintiennent et conservent une grande
quantité d'eau, qui, en croupissant, occasionne, jusqu'au
dessèchement, une odeur infecte très préjudiciable à la santé
des habitants;
7" Que la plus grande partie des seigneurs et autres pro-
priétaires des biens de la Beauce, ayant réuni plusieurs fermes
en une seule, c'est-à-dire affermées à un seul fermier, font
encore un préjudice notable à l'État et aux fermiers particu-
liers : lo en ce que ces réunions, réduisant le nombre des
fermes, empêchent et diminuent les établissements, ce qui est
contraire et préjudiciable tant à la population qu'à tous les
Etats de la province; 2» en ce qu'une partie des habitants de
campagne, fils de laboureurs, qui pour tout talent ont celui du
labour et de l'agriculture, ne pouvant parvenir à se procurer
un établissement convenable sous contrainte de rester garçons
et filles, assujettit les uns à rester à la charge de leurs père et
mère, les autres à se mettre en servitude, après que tous ont
fini par se mésallier et consommé les ressources qu'ils ont
retirées de leurs familles; ce qui, par conséquent, augmente le
nombre des pauvres. Pour remédier à ces abus, il serait
nécessaire de contraindre les propriétaires de maintenir et
entretenir toutes leurs fermes, d'y remettre les terres qui en
ont été distraites pour les joindre à une seule, et de ne pouvoir
en alTeriner plusieui'S à un même fermier;
8« Que les assemblées provinciales, bureaux intermédiaires
et municipaHtés continuent d'avoir lieu et qu'il leur soit accordé
la répartition de toutes espèces d'impositions et la nomination
des collecteurs préposés au recouvrement ( ficelles, et que
lesdits collecteurs soient tenus de porter les deniers procédant
desdites impositions aux bureaux intermédiaires, et que les
officiers desdits bureaux intermédiaires soient pareillement
CAHIER DE MERVILUERS. 765
tenus de déposer lesdits deniers directement au trésor royal,
avec attribution à chacun d'une indemnité proportionnée;
9" Que les baux de biens de campagne faits par tous béné-
liciers aient leur entière exécution et que leurs successeurs
soient étroitement tenus de les entretenir jusqu'à leur expira-
tion, attendu que la faculté qu'ont eue jusqu'à présent lesdits
successeurs bénéficiers de résilier les baux des biens dépendant
de leurs bénéfices à leur volonté, il en r-ésulte un relâchement
de la part des fermiers de ces biens dans la culture et l'amen-
dement, par l'incertitude de continuer leur jouissance, joint à
ce que les fermiers se trouvent, par l'éviction de leur jouis-
sance, sans établissement, ce qui est encore très préjudiciable
à l'agriculture.
Fait et arrêté par nous, habitants de Sainville soussignés, en
l'assemblée tenue cejourd'hui, jeudi 5 mars 1789, à la table de
l'église paroissiale dudit lieu.
(Suivent 28 signatures : celles de Pierre Lucas; N. Rabour-
din; Guillaume Lépicier, etc.)
67° Mervilliers.
{Anciennement ISIaRVILLIERS.)
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Chartres. C^n, .Janville.
Gén. EL Orléans. Gren. .Janville (1). Dioc. Orléans.
.Tousse. — 23 feux (2). GO communiants. De Mortières (1<> la Planche.
Haute justice, r. à Orléans. D'Yenville pour le marché et de Toury
pour la poste aux lettres. Br. de Toury. A 2 lieues de Toury, 0 d'Or-
léans, 1 d'Yenville, 4 d'Artenay. Route de Doui-dan. 1 Maine. 350 ar-
pents de terres labourables, 25 arpents de bois, 2 arpents de vignes.
Cette paroisse est très peu de chose, quoiqu'elle soit sur le bord du
chemin de Chartres. La cure vaut 450 1. par an.
17(j3. _ 25 feux. Marquis de Gouflier. Blé.
(1) D'aprè3 Jousse.
(2) Au-dessous, 20.
766 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Taille de la paroisse en 1788. — i,739 1., dont 822 pour le principal
et 917 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès- VERBAL. — Assemblée électorale le mardi 3 mars, sous la
présidence de Jean Poisson, bailli de Mervilliers. — Population :
22 habitations. — Compamnts : Guillaume Lubin, syndic de la
paroisse (7.10 -f- 8.7); Charles Marchon, receveur de la terre et sei-
gneurie du lieu (592-}- 000. 16); .lean Bellenoue (82.5 -f- 91.10) ; Claude
Lesourd (10-)- 11.4), laboureurs; Claude Bonneau (10^11.3); Marin
Houzé (9.15 -|- 10.7); Jacques Buisson (0-|-0.14), Jean Mousset (4.5-f-
4.14), journaliers ; Nicolas Renard, berger (1 -\- 1.2); Simon Rochérieux,
journalier (l-f-1.2); Claude Lemaire (7.5 -f- 8.1); Louis Mesland
(27.5 -)- 30.6), laboureurs. — Députés : Claude Lesourd; Claude
Bonneau.
Le cahier se confond avec le procès-verbal, dont il est la
suite immédiate. Après avoir relaté l'élection de deux députés
et mentionné leurs noms et professions, le procès-verbal se
poursuit ainsi :
(( Auxquels ils ont donné pouvoir de comparaître en l'assem-
blée qui se fera en la ville d'Orléans le 7 du présent mois de
mars et d'y déclarer conformément aux instructions et pouvoirs
ci-après :
(( Que, pour s'assurer à l'avenir de la jouissance de leurs pro-
priétés, ils désirent :
« lo Qu'aucune partie de leurs propriétés ne puisse leur être
enlevée par des impôts, s'ils n'ont été préalablement consentis
par les États généraux du royaume composés, ainsi que le
veulent la raison et la loi, des députés librement élus par tous
les cantons sans aucune exception et chargés de leurs pou-
voirs ;
« 2» Qu'attendu que les impôts non consentis n'ont été payés
que par la crainte des emprisoimemonts arbitraires qui ont
arrêté toutes les réchunations, les habitants désirent que per-
sonne ne puisse être empHsonné et détenu pour aucun motif
qu'en vertu des lois du royaume.
n. Seront tenus lesdits députés de faire insérer ladite déclara-
CAHIER DE MERVILLIERS. 707
tion des volontés desdits habitants dans le cahier du bailliage
d'Orléans, et charger ceux qui seront élus par l'assemblée du
bailliage d'Orléans de les faire valoir aux États généraux.
« Leur donnent néanmoins pouvoir, sous la condition ci-
dessus, de consentir à l'établissement ou prorogation de
subsides que les États généraux jugeront indispensablement
nécessaires aux besoins de l'État, toutes dépenses inutiles
préalablement retranchées, pourvu toutefois que les impôts
qui distinguent les Ordres soient supprimés et remplacés par
des subsides également répartis entre tous les citoyens sans
distinction ni privilège, à raison seulement de leurs propriétés.
((. Chargent en outre les habitants lesdits députés de repré-
senter à l'assemblée du bailliage d'Orléans que, les champarts
faisant un tort considérable au progrès de l'agriculture en ce
qu'ils détournent les empaillements et par conséquent dimi-
nuent les engrais, de faire commuer ce droit en une redevance
en grains ou argent.
« La suppression particulièrement des gabelles et aides, le sel
étant un impôt ruineux pour le pauvre peuple en ce que
souvent, n'ayant pas le sol, on le contraint de lever du sel,
tandis qu'il n'a pas de pain de quoi se nourrir ;
(( Que tous les impôts, sous quelque dénomination qu'ils puis-
sent être, soient réduits à un seul, en ce que les frais de régie
sont immenses et qu'au plus un quart est reporté dans les
coffres du Roi;
(c Que les sommes destinées pour les corvées soient employées
à cette destination, les habitants étant certains que, de la
manière dont les ouvrages des chemins se font, il est impos-
sible que les sommes qu'ils paient pour raison de ce y soient
employées ;
(( Que les droits que les contrôleurs perçoivent ne soient plus
arbitraires, qu'ils soient fixés par classe, et les francs-fiefs
supprimés.
«Auxquels Lesourd etBonneau tous les habitants ont donné
768 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
pouvoir et puissance, de présenter et faire valoir les articles
ci-dessus et autres qu'ils jugeront bon être par raison, et même
de nommer telles personnes suffisantes et capables, avec les
autres paroisses et juridictions dépendant du bailliage d'Orléans
et autres, pour assister aux États généraux du royaume de
France lorsqu'ils se tiendront.
Fait et arrêté les jour et an que dessus, et ont signé, sauf
ceux qui n'ont point signé, qui ont déclaré ne le savoir.
(Suivent 8 signatures : celles de C. Marchon; J. Buisson;
Guillaume Lubin, syndic, etc., et celle de Poisson.)
680 NOTTON VILLE.
Dcp. Eure-et-Loir. An-. Ghâteaudun. Co». Orgères.
Gén. Orléans. El. Ghâteaudun. Dioc. Chartres.
.JoussE. — 107 feux. M'i" de Rian et l'abbé de Marmoutiers. 2 hautes
justices, l'une r. au b. de Chartres et l'autre au b. d'Orléans. Br. de
Châteaudun. A 4 lieues de Châteaudun, 8 de Chartres et 9 d'Orléans.
Route d'Orléans en Normandie. Route de Blois. Sur la Coiiie. Dans les
bois. Plaine. Dangereux à cause des bois.
1708. — 112 feux. De la Borde. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,532 1., dont 2,900 pour le princi-
pal et 2,632 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche 1«'' mars, à
l'issue de la messe, au lieu ordinaire des assemblées de la paroisse, sous
la présidence de Joseph (ùaillaux, notaire et procureur-fiscal de la
châtellenie de Nottonville, faisant en cette partie la fonction de juge
expédiant en l'absence du bailli. — Poimlation : 130 feux. — Compa-
rants : Grégoire Gouache, laboureur et syndic; .Jacques Rivière,
laboureur; .lacques (^uuvret, journalier-, ces deux (lei'iii<>rs marguilliers ;
.Jacques Blot, laboureur; Léger Neveu, marchand; Charles Bigot,
Thomas Morisset, laboureurs; Jacques Maison, maréchal; Jacques
Masson, laboui-eui' ; Jean Guillaumin, journalier; Louis-Luc Barré,
mar<'hand ; Joseph Fourré, hibouirur. — Dépulcs : Grégoire Gouache;
André (1) Fourré,
(,1) Probablcmenl erreur du scribe, poui' : Joseph.
CAHIER DE NOTTONVILLE. 7G9
[Cahier de Nottonville.]
lo Les représentants de la Nation demanderont qu'on leur
donne communication des comptes depuis au moins dix ans,
afin de connaître d'où provient le mauvais état des finances et
de pouvoir y apporter remède ;
2o Que dans le cas où il existerait un déficit entre la recette
et la dépense, il soit levé des deniers sufiisants, pour remplir
le vide, sur les anoblis et les gros bénéficiers ;
3o Que toutes les pensions excessives soient réduites; que
tous les emprunts qui n'ont point été enregistrés en Parlement
ou dont l'enregistrement a été forcé soient déclarés nuls ;
4o Que toutes les rentes ou échanges onéreux à l'État soient
également déclarés nuls ;
Qu'on abolisse tous les privilèges des villes et des gentils-
hommes, parce qu'on veille à la sûreté de tous les citoyens et,
conséquemment, qu'il est juste que tous participent à l'impôt;
5o Que les subsides qui seront accordés au Roi soient
répartis également entre tous les propriétaires des terres sans
distinction, et que tous les banquiers, agents de change, négo-
ciants contribuent à l'imposition en raison de leurs facultés ;
6» Qu'on abolisse tous les droits des octrois qui ne servent
qu'à décorer les villes et (]ui sont à charge au Tiers des cam-
pagnes qui n'en jouit point;
7» Qu'on abolisse les droits de franc-fief et des centièmes
deniers, parce qu'ils sont insupportables, odieux, parce qu'on
ne peut payer 12 livres lorsque l'on n'en reçoit que 8 et
parce que très souvent il y a ouverture au droit de rachat en
même temps que celui de franc-fief, de manière qu'avant de
retirer aucun bénéfice de nos héritages, nous nous trouvons
avoir avancé deux à trois années de revenus ;
8o Enfin nous croyons le droit de franc-fief odieux, et on ne
peut le regarder que comme une des dernières ressources du
génie fiscal. Connnent en a-t-il pu revenir dans la pensée de
nous faire racheter le fruit des travaux de nos pères? Conunenl,
T. 1. VJ
770 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
en nous assujettissant à une imposition annuelle qui nous
enlève la majeure partie de nos revenus fonciers, peut-on
exiger en outre tous les dix ans au moins la totalité de ce
même revenu?
9» Qu'on autorise le remboursement des droits de champart
à un denier qui sera fixé par les États, parce que ce droit
enlève la majeure partie des engrais de la terre et l'appauvrit
après un certain labre {sic, pour laps) de temps ;
IQo Qu'on fasse de nouveaux règlements sur nos moissons,
ne pouvant jamais être détruites par le gibier. Nous sommes
fort éloignés néanmoins de vouloir enlever à la Noblesse et
aux gentilshommes le droit de chasse qui semble devoir leur
appartenir exclusivement à tout autre ; mais qu'il ne se trouve
plus de ces âmes assez basses que comme le seigneur (1) de
notre paroisse ; qu'il a une quantité de bois et bordés (?) de
petite rivière appelée la Gonie et qui, les ayant peuplés d'une
grande quantité de gibier qui dévaste nos terres jusqu'au point
de devenir incultes, et que notre seigneur se fait un bénéfice
de 1,200 à 1,500 livres par chaque année. C'est une chose bien
odieuse à la nature qu'après qu'un pauvre particulier aura mis
tous ses travaux et ensemencé ses terres qu'il (sic) se trouve
que ses peines soient perdues.
llo Notre paroisse de Nottonville est écrasée de tailles. Les
terres sont les plus mauvaises de toutes les paroisses de la
généralité d'Orléans, bordées de bois que le gros propriétaire
fait valoir par lui-même, toutes ses terres et moulins et de ce
qu'il jouit des privilèges de la noblesse, ce qui est intéressant
au cultivateur d'abolir.
l'> En outre, notre seigneur a fait comme une construction
de moulins à foulon et comme retenant les eaux inutilement
et les ayant fait relever de 15 à 18 pouces, ce qui nous
endommage nos prés et marais et fait un tort considérable à
notre paroisse lorsc[u'ils ne produisent plus de foin;
(1) C'est-à-dire : aussi baaaes que lo seigneur.
• CAHIER l)K VIF.IVIC. 771
13o Que les corvées se lassent comme autrefois en nature,
ou qu'on établisse un droit de péage pour en tenir lieu. Ce
dernier parti semblerait plus juste parce qu'il n'y aurait que
ceux qui useraient des routes qui frayeraient à leur entretien ;
14o Qu'il soit fait de nouveaux règlements pour la compo-
sition de l'assemblée provinciale, et qu'il soit arrêté que le
quart au moins des membres soit tiré de la classe des culti-
vateurs. Que les États soient assemblés périodiquement et que
dans chaque assemblée il se trouve au moins le quart tiré de
la classe de cultivateurs ;
15o Qu'on établisse une commission intermédiaire des Etats
généraux et qu'on accorde au Parlement le droit de vérifier et
d'enregistrer les lois ;
16° Enfin, qu'on ne fasse jamais de lois, qu'on n'établisse
jamais d'impôt sans le consentement de la Nation.
Fait et arrêté par nous, habitants de la paroisse de Notton-
ville, cejourd'hui premier de mars 1789.
(Suivent 10 signatures : celles de G. Gouache, syndic ;
André Fourré ; Denis Tulïay, greffier, etc.)
69« ViEUVIG
Dép. Eure-et-Loir. Arr. Ghâteaudun. C<^". Bi'on.
Gén. Orléans. FA. Chartres. Dioc. Chartres.
JoLssE. — 100 feux. Le prince de Clermont. 2 hautes justices, v. à
Chartres et Xoltonville. Br. d'Illiers. A 1 lieue d'IUiers, 0 de Chartres
et 15 d'Orléans. Route de Brou à Illiers. Route d'Alhiyes à Montigny.
Rivière de la Nonain. 200 arpents de bois. Plaine.
17(38. _ 111 feux. Abbé de Richeprince. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — r'),l>8.":) 1., dont 2,800 [«our le in-in-
cipal et 3,185 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procks-verh.vl. — Assemldée électorale le dimanche l'"'' mars, dans
l'auditoire ou hùtel de ville, sous la jm-sidcnco .h> Louis Lecour. prin-
cipal notaire et tabellion du pri.niré de Vieuvif. — I'nj„if<i(inn :
772 BAILLIAGE d'oRLÉANS.
104 feux. — Comparanls : Gabriel Forestier ; Pierre Lemaire ; Louis
Debeausse ; Mathias Trefoy ; Nicolas Tiiion ; Anselme Larclié ; Charles
Gibot ; Jacques Debeausse ; Nicolas Larue ; Pierre Hermelin ; Jean
Petit ; François Blin ; Louis Hubert ; Jacques Lesieur ; Etienne Eroutin ;
Jacques Bourgot ; Jeau-Louis Lefroit; Jacques Blondeau. — Dcpulés :
Louis Lelardeux, syndic de la municipalité ; Jacques Gournaj,
Cahier de doléances, plaintes et remontrances, fait par nous
Louis Lecour, principal notaire tabellion du prieuré de
Vieuvic et syndic et membres et adjoints de la municipalité
de la paroisse dudit Vieuvic et une partie des habitants
qui se sont présentés à l'assemblée qui a été tenue le
iôr mars 1789.
Messieurs,
Il est gTandement temps que notre bon Roi prenne pitié et
compassion de son pauvre peuple très obéré.
lo Nos pauvres cultivateurs, bommes précieux qui fertilisent
la terre, qui font naître les productions nécessaires h la vie et
à nos besoins, vont vous laire connaître la misère où ils sont
réduits, ainsi que tous les habitants.
De nos travaux pénibles et utiles, nous recevons avec peine
une subsistance grossière. Des impôts énormes nous accablent.
Des droits odieux nous enlèvent une partie de nos récoltes. Des
animaux de toutes espèces ravagent nos moissons. Et de com-
bien d'autres fléaux ne sommes-nous pas les victimes?
Ces calamités nous coûtent bien des larmes; elles excitent
depuis longtemps des murnmres. Mais nous n'avons formé jus-
qu'à ce jour que des vœux impuissants. Voici donc le moment
de faire entendre nos justes réclamations. Les citoyens de tous
les ordres vont se réunir pour délibérer sur notre sort, sur
celui de la Nation. Nous sommes appelés à cette assend^léc,
puisque nous sommes membres de la société; la coiuluile que
nous tenons pourra peut-être nous être très avantageuse.
Notre marclic est si simple et facile qu'il nous est impossible
CAHIER DE VIEUVIC. 773
de nous tromper; il suffit de nous mettre sur la voie. Lorsque
nous avons une afiaire, nous choisissons celui qui nous parait
le plus capable de la bien discuter; il ne nous est jamais venu
dans la tête d'abandonner notre confiance à un adversaire,
attendu que nos intérêts et les siens sont opposés.
Eh bien ! dans la circonstance présente, nous agissons comme
nous avons fait journellement et nous croyons suivre le bon
chemin.
Que celui qui contribue peu aux charges publiques nous
laisse sa part à acquitter ; nous le chargerons de demander la
modération des impôts qui nous oppriment.
Sera [-ce] celui qui lève le champart, la dime, et mille autres
redevances féodales sur nos champs que nous chargerons de
demander le remboursement ou l'indemnité de ces droits des-
tructeurs de l'agriculture?
Sera [-ce] celui qui jouit de la chasse que nous chargerons de
demander l'abolition de ce juste privilège (sicy!
Non, sans doute ! On ne prend point pour corriger et
détruire des abus ceux qui en profitent; on ne choisit point,
encore une fois, un adversah'e pour son défenseur.
Or nous savons quels sont ceux à qui tous ces droits appar-
tiennent : les seigneurs et les nobles. Nous ne pouvons donc
choisir ni seigneur ni noble sans le plus grand danger. Il est
des seigneurs humains, généreux, bienfaisants ; mais ils ne sont
pas moins jaloux de leurs droits, de leurs privilèges et de
nous tenir dans leur dépendance.
Nous devons nous défier de tous gentilshommes qui nous
sollicitent ou qui nous font solliciter par leurs gens. Nous
devons être persuadés ((u'ils tendent un piège à notre Ixuuic
foi et qu'ils ont envie de nous tromper.
Cultivateurs, nous n'avons de vrais défenseurs que dans notre
classe, dans le Tiers état. Si nous les prenons ailleurs, nos
774 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
intérêts seront sacrifiés et nous continuerons de vivre mal-
heureux.
Enfin, Messieurs, ouvrez les yeux et considérez, s'il vous
plaît, la misère où nous sommes réduits.
Nous avons encore les corvées des chemins qui nous écrasent ;
depuis deux ans, c'est encore bien pis, nous sommes encore
bien plus surcliargés. Nous demanderions que la somme que
l'on nous impose fût prise sur la somme totale, ou de les (1)
faire comme le passé, parce qu'il nous en coûte quatre fois le
double.
Nous sommes encore obligés de payer la dîme de blé et
mars à Monsieur notre curé, et si nous faisons de la filasse
dans nos terres, il faut que nous lui donnions la treizième
poignée ; il faut que nous hii payions aussi les menues dîmes
qui sont 2 sols 6 deniers par pièce de vache et 1 sol par cliaque
bête à laine; même jusqu'à nos plus malheureux, s'ils font
quelque peu de filasse dans leur petit jardin, en espérance de
recueillir de quoi leur faire quelque peu de toile dans leurs
petits ménages, ils sont obligés d'en donner aussi la treizième
poignée. Ce sont des gens à qui nous sommes obligés de faire
l'aumône les trois quarts de l'année.
Ainsi, Messieurs, vous voyez les misères à quoi nous sommes
réduits.
Nous sommes exposés encore, comme vous n'en doutez pas,
à la mortalité des bestiaux, (|ui nous cause des pertes consi-
dérables.
Nous sommes obligés d'acheter le sel très cher pour la
consommation de nos maisons. Nous demandons que les
gabelles soient abolies et que le sel soit marchand comme les
autres denrées et que les liefs soient abohs et ({ue le contrôle
soit diminué.
Nous avons dans notre paroisse plusieurs geiiLilshommcs
(1) C'esl-à-dire : les corvées.
CAHIER DE VIEUVIC. / /•)
nobles (pii possèdent des biens dans l'étendue de la paroisse,
qui ne paient qu'un petit impôt qui est le vingtième.
M. Garnier du Breuil, trésorier de France, jouit d'une
maison bourgeoise et plusieurs autres bâtiments, un grand
jardin et la maison du jardinier, avec en\dron 20 arpents de
bois, 2 arpents 1/2 de bons prés et une rivière.
Nous avons aussi M. le marquis de La Rouge-Boisseau,
qui a une quantité de bois dans notre paroisse.
Nous avons aussi M. Perrier de Monjouvin, noble, qui a 28 à
30 arpents de bois aussi dans notre paroisse, qui ne paie que
le vingtième.
Nous ne parlons point ici de M. Cugnot de l'Épinay, fermier
général, seigneur de notre paroisse, qui a aussi environ
400 arpents de terres dans l'étendue de notre paroisse, tant en
terres labourables que prés, pâtures, bois et étangs, parce que
tous ces objets sont alïermés à ferme générale, et le fermier en
paie l'impôt.
Notre paroisse a toujours été surchargée en taille par les
horsains (1) qui tiennent des terres à ferme dans noire
paroisse, parce qu'ils se font renvoyer à leur paroisse.
Enfin, Messieurs, nous pouvons vous représenter ({ue nous
sommes écrasés de toutes sortes de façons.
Si nous faisons quelques poinçons de cidre, lorsqu'il est fait
au pressoir, il faut, avant de l'amener chez soi, aller le déclarer
au bureau, et si on le fait à un pressoir hors de paroisse, il
faut que nous payions 8 sols chaque poinçon.
Si nous faisons du petit cidre, qui est de l'eau que nous
mettons Iremper dans le marc après que nous avons tiré le
cidre, il faul aussi que nousalUons le déclarer au bureau, et en
payer aussi 8 sols par poinçon (in;iii<l il est fait à un pressoir
hors de paroisse. Il faut aussi le faire amener le même jour ([uo
l'on a pris le congé; car si messieurs les employés prenaient la
(1) Ceux qui sont du dehors, les étrangers à la paioisse.
776 BAILLIAGE D'ORLÉANS.
voiture le lendemain, ils en feraient coûter gros au particulier à
(jui serait le cidre jusqu'à le ruiner, quoique ce ne fût que de
l'eau.
Nous vous demandons aussi que le contrôle des cuirs ne
soit pas si exorbitable (sic) ; il serait bien à propos que cet
impôt fût diminué ; c'est une affaire qui nous coûte gros.
Nous avons encore les élections qui nous prennent encore
des droits exorbitables (sic) quand il s'agit que quelqu'un quitte
quelque objet, c'est-à-dire quelques setiers de terre à ferme,
ou pour en reprendre d'autres sur une autre paroisse; il faut
avoir une sentence qui coûte beaucoup, pendant qu'il suffirait
que la personne qui quitte l'objet le fit signifier par un huissier
à la municipalité.
Nous avons plusieurs seigneurs voisins qui font valoir leurs
terres par leurs mains ; il est vrai qu'à la vérité ils ont fait
décharger leurs paroisses et nous en avons supporté l'augmen-
tation.
Nous demandons que l'on nous accorde l'impôt territorial ; si
on nous l'accorde, nous serons exempts de beaucoup de
choses qui nous ruinent.
11 y a des seigneurs qui cnt plusieurs fermes, et le plus
souvent, ils |ne] les afferment qu'à un seul laboureur, pendant
qu'elles étaient autrefois affermées à plusieurs petits laboureurs
qui élevaient leurs petites familles tout doucement.
Les fermes n'étaient autrefois que de 40 à 50 setiers de
terre par saison ; à présent il y en a de 100 et 150 ; il n'y a que
les riches (pii peuvent faire cela.
La plus grande partie des seigneurs ruinent les laboureurs
par des sommes qu'ils leur tirent en prenant leurs baux.
Fait et arrêté le icr nvir^ 1789, dans la chambre de
l'assemblée municipale dudit Vieuvic, en présence des syndic,
membres, adjoints, greffier de la municipalité et autres
CAHIER DE VILLEAU. 777
habitants qui ont signé avec nous, notaire, après que les autres
ont déclaré ne savoir signer.
(Suivent 13 signatures : celles de Lelardeux; Jean-Louis
Lefroit ; Voisin, etc., et celle de Lecour, notaire.)
70 ViLLEAU.
Dép. Eure-et-Loir. Arv. Chartres. C°^. Voves.
Gén. Orléans. El. Chartres. Dioc. Chartres.
.Tousse. — 95 feux. De Ghanseville. Prévôté, r. à Xottonville et, de
là, à Orléans. Assemblée à la Saint-.Jean. Br. de Chartres. A 6 lieues de
Chartres et 10 d'Orléans. 50 arpents de bois. Plaine.
1768. — 93 feux. Religieuses de Poissy. Blé.
Taille de la paroisse en 1788. — 5,6581., dont 1,788 pour le principal
et 2,700 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'"'' mars, dans la
chambre des assemblées municipales, sous la présidence de Georges
Amaury, lieutenant du marquisat de Reverseaux et justice de Villeau y
unie, en l'absence du bailli. — Population : 100 feux. — Coinparafils :
Barthélémy' Foirien, ancien laboureur, syndic municipal de ladite
paroisse ; Cosme Roussille, laboureur, premier membre de ladite muni-
cipalité; Pierre Connay, laboureur, second membre ; .Jean-Louis Godart,
aussi laboureur, troisième membre ; Sébastien Fouquet, .Tean-François
Gouache, laboureurs; Pierre-Philippe Lenormand, laboureur et syndic
p(jur le Roi ; Michel Connay, Louis Roussille, laboureurs; Jean-Baptiste
Varry, boulanger; Pierre-Philippe Godard, laboureur; Louis Bourgine,
maçon et couvreur; Louis Boucher, journalier. — Députés : Barthélémy
Foirien ; .Jean-François Gouache.
Cahier contenant les doléances, plaintes et remontrances des
habitants de la paroisse de Villeau-en-Beauce, détroit (1)
du bailliage d'Orléans, fait et dressé par nous Barthélémy
Foirien, ancien laboureur, syndic municipal de ladite
paroisse; Cosme Roussille, Pierre Connay, Jean-Louis
Godart, laboureurs, membres; Sébastien Fouquet, Jean-
(1) Au sens étymologique (districtum), disUicl, ressort.
778 BAILLIAGE D'ORLÉANS.-
François Gouache, Pierre-Philippe Lenormand, syndic
pour le Roi, Michel Connay, Louis Roussille, laboureurs;
Jeayi-Baptiste Varry, boulanger; Pierre- Philippe Godart,
laboureur; Louis Bourgine, maçon et couvreur; Louis
Boucher, journalier, en l'assemblée convoquée au son de la
cloche en la manière accoutumée; fous nés Français ou
naturalisés, âgés de 25 ans et plus, compris dans les rôles
des impositions de ladite paroisse et village de Villeau
composée de 100 feux, pour obéir aux ordres de Sa Majesté
portés par ses lettres patentes données à Versailles le
iA janvier il 89 pour la convocation et tenue des États
généraux de ce royaume, et satisfaire aux dispositions du
règlement y annexé, ainsi qu'à Vordonnance de M. le lieu-
tenant général du Chàtelet d'Orléans du 13 février dernier,
dont nous avons une parfaite connaissance tant par la
lecture qui vient de nous en être faite que par la lecture et
publication ci-devant faites au prône de la messe paroissiale
par M. le curé cejourd'htd, et par la lecture, publication et
affiche pareillement faites ledit jour à Vissue de ladite
messe de paroisse au-devant de la principale porte de
l'église, et au désir de la notification faite à moi Foirien,
syndic municipal, par exploit de Henri Delamarre, huissier
royal à Orléans, le 21 du présent mois, dont j'ai repré-
senté la copie.
Lequel cahier a été rédigé ainsi qu'il suit :
Art. l<:r. — Nous exposons (luc, pour répondre aux vues bien-
faisantes (le Sa Majesté pour ses peuples, qu'il serait (s/c) d'un
grand soulagement pour le Tiers état d'obtenir l'abolition des
droits de francs-liefs que tout roturier propriétaire est tenu de
payer aux domaines du Roi tous les 20 ans et à toutes morts
et mutations avec les 10 sols pour livre qui y sont attachés : ce
qui est infmiment onéreux et absorbe le revenu d'une année
et demie de l'héritage noble, et, en même temps, ce droit est
très nuisible aux aliénations et ventes de ces mêmes biens;
Art. 2. — Qu'il serait du même avantage pour les habitants
CAHIER DE VILLEAU.
779
de la campagne que les droits de rachat perçus par les sei-
gneurs sur les terres en fiefs, ainsi que les cens et cham-
parts, fussent supprimés, en observant particulièrement que la
paroisse de Villeau est grevée de beaucoup de redevances de
cette nature, et que M. l'archevêque de Tours, en qualité
d'abbé de Marmoutiers, était originairement seigneur temporel
etoTos décimateurdela paroisse de Villeau; que depuis envu^on
dix ans, il a cédé une partie de ses droits seigneuriaux à M. le
marquis de Reverseaux, intendant de La Rochelle, mais qu'il
s'est réservé à lui et à ses successeurs les dîmes, champarts
et terraR-es qui se perçoivent par son fermier sur les terres
qui y sont sujettes, ce qui s'étend principalement sur le terri-
toire de Villeau et sur celui de Teilleau, hameau de ladite
paroisse ; que ces champarts consistent dans la douzième gerbe
et le terrage dans la sixième gerbe de tous fruits croissant
sur les terres, et, comme elles sont d'une très médiocre qualité,
le produit n'en est pas considérable pour le propriétaire et
cultivateur; qu'en outre, ces droits sont onéreux a cause de
la servitude qui les accompagne, le cultivateur étant oblige,
avant l'enlèvement de son champ, de prévenir le champarteur
pour en recevoir le compte et de lui livrer dans la grange a ce
destinée, sous peine d'une amende, de sorte qu'il en resuite la
perte d'un temps précieux, et que le cultivateur est expose a
courir les risques d'une pluie qui gâte son grain ou d une
orèle dont nous n'avons malheureusement que trop d exemples
depuis plusieurs années ; d'où il résulte qu'il est essentiel, pour
le bien de l'État, le soulagement du propriétaire et cultivateur,
que ces droits soient mitigés au moins quant à la servitude, et
quant au fond, qu'il soit permis à tous propriétaires de se
rédimer à prix d'argent de ces droits fonciers ou seigneu-
riaux dont le remboursement alfranchirait la propriété .lui,
chacun.
Nous ajouterons à cet article qu'en payant par le cultiva-
teur ces droits de champart et terrage en nature, i est prive
d'une partie de ses empaillements et des engrais, et par cette
780 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
raison il néglige d'entretenir et d'améliorer les terres qui y
sont sujettes ;
Art. 3. — Qu'il existe un a}3us considérable dans la cam-
pagne sur l'administration de la justice ; en premier lieu,
parce que la forme de la procédure est ruineuse, pourquoi il
serait de la sagesse du gouvernement de procéder à la rédac-
tion d'un nouveau code pour la justice civile ; en second lieu,
parce que la plupart des seigneurs n'ont point d'officiers de
justice sur les lieux ; d'où il résulte que les aiïaires languis-
sent et que souvent le malheureux plaideur est obligé d'aban-
donner ses droits et ses intérêts plutôt que d'en poursuivre la
restitution; et en troisième lieu, parce qu'il arrive assez sou-
vent qu'on soustrait un habitant de la campagne à son juge
naturel ou qu'il est exposé à éprouver différentes juridictions
qui l'effrayent tant à cause de la multiplicité des frais et
faux frais qu'à cause du déplacement pour solliciter son
affaire ;
Art. 4. — Que l'abondance du gibier et des pigeons est
notoirement nuisible à l'agriculture et aux productions de la
campagne ; pour raison de quoi il serait bon et sage qu'il fût
fait un règlement pour empèclier cet abus et fixer le nombre
des colombiers dans une paroisse à raison de ses feux et de
son étendue, et en même temps le nombre de boulins dont
chaque colombier serait composé ; qu'il fût fait défense à tous
particuliers d'avoir volière et ordonné que ceux qui en ont
seront détruites (sic);
Art. 5. — Que la forme de la perception des corvées en
argent, qui se trouvent monter à cinq sous deux deniers pour
livre du capital de chaque taux de taille, est inlinimeiit oné-
reux pour les habitants de la campagne ; pour(|uoi nous en
demandons la suppression, et que chaque cultivateur, pro-
priétaire et taillable soit tenu de la (i) faire en personne, confor-
mément à l'ancien règlement ; il serait encore beaucoup mieux,
pour le soulagement des corvéables, qu'il fût établi des péages
(1) C'est-à-dire : la corvée.
CAHIER DE VILLEÀU. 781
de distance en distance sur les grandes routes pour la per-
ception des droits qui seraient réglés et auxquels seraient
assujettis tous les rouliers et passants, qui sont véritablement
ceux qui dégradent les grandes routes, au lieu que la plupart
ne passent pour ainsi [dire] point par ces grands chemins,
ou en tout cas ils paieraient comme les autres les droits de
péage destinés à l'entretien des routes. Nous observerons
d'ailleurs que, depuis qu'on a adopté de faire l'adjudication
des corvées, quoique au rabais, les sommes qu'elles ont pro-
duites n'en sont pas moins considérables, que les grands che-
mins sont impraticables dans plusieurs endroits, et dans d'au-
tres moins bien entretenus qu'auparavant ;
Art. 6. — Que nos intentions et même le vœu général du
Tiers état sont de demander la suppression des aides et
gabelles comme très nuisibles à la subsistance humaine, sur-
tout dans la classe la plus nécessiteuse des sujets du Roi, et
dont la perception des droits qui en résultent, par la multi-
plicité des personnes qui y sont employées, en absorbe la
majeure partie ; de même la suppression des droits sur les
cuirs, de la taille, capitation, industrie et autres semblables,
et, par une suite nécessaire, celle des élections, comme étant
autant d'impôts accessoires de la taille et autres impositions;
et que, pour tenir lieu au Roi du produit de ses deux fermes
et de tous autres droits compris dans la suppression, il fût
établi un impôt unique sous le nom de territorial, dont per-
sonne ne serait exempt du Clergé ni de la Noblesse, et par
cet établissement, on remédierait à lui abus qui est que les
seigneurs font ou peuvent faire valoir une partie de leurs
domaines sans pouvoir être assujettis aux impositions, ce qui
surcharge nécessairement les taillables ; au lieu que si ces
domaines étaient alTermés, celui qui les ferait valoir contri-
buerait au paiement de la taille et autres impositions ;
Art. 7. — Que depuis que le papier timbré est porté à son
prix actuel, et notannnent le parchemin, qu'on a obligé tous
les notaires et greffiers des justices royales et seigneuriales
782 BAILLIAGE d'ORLP^ANS.
d'employer, les uns dans les expéditions de leurs actes et les
autres dans les grosses de leurs sentences, [il] est devenu un
impôt considérable qui gêne même et retient les habitants de
la campagne de faire rédiger leurs actes de famille et autres
de différentes natures d'une manière authentique ; pourquoi
il est essentiel pour le soulagement public que le prix du
timbre soit modéré ;
Art. 8. — Que l'établissement des assemblées municipales
et provinciales est très sage ; qu'il est désirable qu'elles
soient maintenues ; que les États généraux soient consis-
tants (sic) pour l'avenir, et que les assemblées provinciales y
correspondent directement ;
Art. 9 et dernier. — Que le Tiers état est la partie la plus
essentielle du royaume tant pour l'agriculture que pour le
commerce, et en outre, il est constant qu'il contribue au
paiement des impositions plus que les deux autres ordres du
Clergé et de la Noblesse ; par cette raison, il mérite une
bienveillance particulière de la part de l'administration.
Kait et arrêté audit Villeau, l'assemblée tenante comme
dessus, en une chambre destinée à tenir les assemblées muni-
cipales de ladite paroisse, cejourd'hui 1er mars 1789, en deux
doubles dont l'un a été déposé au secrétariat de cette paroisse
et le présent duplicata remis aux députés de notre paroisse, et
avons signé lesdits deux doubles, à l'exception de ceux d'entre
nous qui ne savent écrire.
(Suivent 12 signatures : celles de B. I^'oirien ; Gosme Rous-
sille ; P. -P. Lenormand, syndic, etc.)
71 0 Groupe de Ghatillon-sur-Loire.
CHATILLON-SUR-LOIIiE.
Dëp. Loiret. Arr. Gien. C^n. Châtillon-sur-Loire.
Gén. Orléans. El. Gren. Oien. Dioc. Bourges.
JoussE. — Ville. 422 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Haute justice, r.
à Orléans. Bailliage. Marchés, les mardi et samedi. Foires, les 11 juin,
CAHIER DE CHATILLON-SUR-LOIRE. 7813
29 août, l:^, novembre et 13 décembre. Bi'. de Gien. A 3 lieues de Gien
et 18 d'Orléans. Routes de Gien à Sancerre, de Bonny à Aubigny. Sui-
la Loire. Dans un fond.
17(38. — 430 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Blé.
DÎME. — Le 18^.
Taille de la paroisse en 1788. — 11,353 1., dont 5,150 pour
le principal et 0,203 pour les impositions accessoires et la capi-
tation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l'''- mars, dans
l'auditoire du lieu, sous la présidence de .Jacques Pommier, avocat en
Parlement et en la justice de Ghâtillon, faisant fonction de juge en l'ab-
sence du bailli. — Population : 500 feux. — Comparants : Jean-
Pierre Bizot ; Hector Vallet ; .Toseph Chevreau ; Pierre-François Qué-
tin ; Paul Poupa ; François Ghampault; Biaise Aupetit ; Etienne Tartin-
villè ; .Jean-Pierre Méry ; Annet Marchin ; Jean Poupa ; André Leveau ;
Louis Gitton: Pierre-Gésar Girault ; Joseph-Pierre Cœur; Gabriel
Quetin ; Pierre Godard ; Louis Barillet ; Gharles Lassis ; Ghrysostôme
Poupa ; Jean-Pierre Flory père ; Pierre Flory fils ; Jean Quétin ; Fran-
çois Soutain ; Jean-Augustin Auger ; Etienne Pichery ; Michel Saint-
André; Jean Fayat ; François Saint- André ; Jean Ghartier ; Jean Ghe-
vreau ; Jacques Bonnet et un grand nombre d'autres habitants de cette
paroisse. - Députés : Jean-Pierre Bizot, syndic de la municipalité ;
Joseph Ghevreau, Hector Vallet, membres de la municipalité ; Pierre-
François Ouétin, bourgeois.
PopuL.YTioN EN 1790. — 2,030 hal)itants.
Vœux et doléances de la ville de Chdtillon-siir-Loire, quelle
autorise ses députés à présenter à rassemblée convoquée à
Orléans pour y être inscrits sur les cahiers que la lettre de
Sa Majesté portant convocation des États généraux charge
ladite assemblée de faire :
Art. 1er. _ Sur la nécessité d'une constitution ([ui fixe inva-
riablement les droits du Souverain et ceux des sujets ;
:Vrt 2. — Sur le retour périodique et annuel des États
généraux à qui tous les individus employés dans le ministère
784 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
seront comptables et à qui le droit d'enregistrer et de sanction-
ner les lois doit être exclusivement attribué;
Art. 3. — Sur ce que la dette de l'État soit parfaitement
connue de l'assemblée nationale, ainsi que le produit net de
chaque branche de iinance, de manière qu'au moyen d'une
supputation comparative on puisse facilement remédier au
mal présent et à venir ;
Art. 4. — Sur ce que la dette nationale, une fois bien
connue, devienne propre à la Nation, pour que l'acquitte-
ment en soit fait graduellement, de manière qu'il ne gène
aucune classe, et particulièrement la trop nombreuse classe
des journaliers et des indigents ;
Art. 5. — Sur ce qu'il ne soit prélevé qu'un seul impôt sur
toutes les productions territoriales, qui sera fixé sur les besoins
de l'Etat et qui diminuera dans la suite avec la diminution de
ceux-ci ;
Art. 6. — Sur ce que les privilégiés, sans aucune exception,
soient imposés comme les non-privilégiés, d'une manière
relative aux facultés de chacun, soit en qualité d'usufruitier,
soit en qualité de propriétaire ;
Art. 7. — Sur l'extinction des droits d'aides, pour la per-
ception desquels le peuple est continuellement opprimé
par les commis sur l'apparence même de la fraude:
Art. 8. — Sur la cherté du sel, cette production si néces-
saire dont le malheureux est souvent forcé de se priver, faute
de moyens pour l'acquérir et, à plus forte raison, n'en donne
point à un bétail précieux qui ferait sa richesse, si cette
denrée était au même prix que dans les provinces privilé-
giées ;
Art. 9. — Sur ce que tous les bureaux des traites, qui gênent
le commerce, soient portés sur les frontières, laissant à la
sagesse de l'assemblée à trouver les moyens pour que le com-
merçant et le capitaliste supportent l'impôt dans la même pro-
portion que le propriétaire terrien ;
GROUPE DE CHATILLON-SUR-LOIRE. 785
Art. 10. — Sur ce que dans toutes les provinces il y ait la
même loi, le même poids, la môme mesure, le même régime
et que, pour cet efïet, elles soient toutes réduites en pays
d'États provinciaux organisés à l'instar de celle du Dau-
phin é ;
Art. 11. — Sur ce qu'il soit pourvu au sort de messieurs les
curés et vicaires des paroisses qui, en compensation de la sup-
pression de tout casuel, doivent avoir, dans la position la
moins favorable, les premiers : 2,000 livres, et les seconds :
800 livres ;
Art. 12. — Sur la réforme du code civil et criminel, qui,
perfectionné, doit être la sauvegarde du citoyen et le mettre
surtout à l'abri de ces coups d'autorité arbitraire et contraires
à toutes les lois aux(|uelles cependant la plus grande autorité
doit être soumise ; sans quoi elle détruit le pacte social et met
la tyrannie et le malheur à la place de la justice et ilu bon-
heur qui doit en être la suite ;
Art. 13. — Sur la multipUcation des grands bailliages, qui,
rapprochant les tribunaux des justiciables, leur évitera les
frais de voyages et de déplacements onéreux au delà de l'ex-
pression ;
Art. 14. —Sur les abus des justices seigneuriales; notamment
qu'au cas que ces établissements continuent de subsister, les
juges seigneuriaux ne prononcent aucun jugement qui puisse
intéresser le seigneur ;
Art. 15. — Sur ce que dans chaque paroisse il y ait des
soldats invalides pour donner main-forte aux offlciers de police,
garder les héritages, empêcher les délits qui s'y conunettent
journellement tant par les hommes que par les bestiaux ;
Art. 16. — Sur ce que, par rapport à toutes les questions
importantes qui seront agitées dans cette auguste assemblée, il
soit opiné par tête et non par ordre, à moins qu'il ne soit
statué par la constitution sollicitée que l'opposition de la
majorité d'un seul ordre empêchera la motion de passer;
786 BAILLIAGE D'ORLÉA^■S.
Art. 17. — Sur ce que chaque particulier fût (sic) autorisé à
rembourser les droits seigneuriaux, tels que rentes foncières
tant eo grains qu'en argent, cbainparts, ferrages et autres rede-
vances foncières, et que le fur auquel il pourrait faire ces
remboursements fût fixé ;
Art. 18. — Sur ce que cette ville de Cbàtillon, située sur les
bords de la rivière de Loire, éloignée de la grand'route et
séparée d'icelle par le trajet de la rivière, paie 1,330 livres
pour son entretien (1), tandis que les chemins qui comnui-
niquent à ladite ville sont presque inaccessibles ;
Art. 19. — Sur ce que la somme de 1,330 Hvres à laquelle
cette ville est taxée pour l'entretien de la grand'route soit
employée au rétabhssement des chemins qui y aboutissent, en
observant que, par sa position, elle peut servir de dépôt à
différentes espèces de marchandises pour l'approvisionnement
d'Orléans et Paris, n'étant éloignée que d'une lieue du canal
de Briare ;
Art. 20. — Sur ce que cette ville, composée de 500 feux, y
compris les habitations de la campagne, a des foires et un
marché approvisionné par les productions de douze paroisses
circonvoisines, sans lesquelles elle ne pourrait subsister.
Demander la réunion de ces douze paroisses à la justice de
cette ville, sous tel titre qu'il plaira à Sa Majesté de nous
l'accorder ;
Art. 21. — Sur la banalité dont cette ville est grevée, tant
des moulins, boucheries, charcuteries, fours que pour la ven-
dante. Ces anciens restes de féodalité s'exercent très arbitrai-
rement, et les habitants sont forcés de subir le joug, souvent
partial et onéreux, de ceux que la loi ou l'usage les obligent
d'employer. Celte tyrannie révoltante est d'autant plus difficile
à supporter qu'il n'est pas démontré qu'elle fût à (sic) l'abri
d'un examen rigoureux, dirigé par la droiture et l'impartialité.
Après de si grands intérêts, sera-t-il permis aux députés
(1; C'est-à-dire : (jour l'enUctien de la grand'route.
. CAHIKR ]) oussox. 787
(le la ville de Chàlilloii de parler de la iiiallieLii-euse position de
leur ville avec celui de son revenu (i), et la comparaison i-end
sensible le redressement des griefs dont elle se plaint.
La taille et les corvées montent à 12.879 livres.
Les vingtièmes, d'après la vérification la
plus exacte faite au mois de murs de Tan-
née J 777, ne s'élèvent qu'à 2. 7^28 -
Et on observe que, ne consistant la plus grande partie qu'en
vin, sujet par conséquent à des accidents incalculables, [qui],
sur six années, le réduise|nt| pendant trois presqu'à rien:
vérité trop réelle et que la rigueur de l'hiver fait vivement
sentir cette année, puisque tout le vignoble de cette paroisse est
entièi'ement gelé.
Au surplus, la ville charge expi'essément les députés du 7 ('2)
de choisir pour l'assemblée du 10 des députés d'un bon
sens et d'une probité reconnue. Mais si elle leur prescrit de
taire ce choix avec discernement et dans leuràmeet conscience,
que ne prescrit-elle pas à ceux du 16 pour nonuner des députés
aux États généraux !
(Suivent 22 signatures : celles de Quétin ; Jean-Pierre Méry ;
Pommier ; Vallet ; Dufour, greflier, etc.)
OUSSON.
Dép. Loiret. A}-r. Gien. fo". Briare.
Gén. Orléans. EL Gren. (lien. Diuc. Auxeri'c.
.JoussE. — 90 feux. Abbé de Saiiit-Beiiùit. Haute justice de Chàtillon-
sui'-Loire, r. à Orléans. Br. de Bonny. A 1 lieue de Boany, 4 de Gien
et 19 d'Orléans. Route de Glaniecy à. . . lioute de Saint-Fargeau. Ruis-
seau. Bois taillis. Fond en plaine. Dangereux.
i7(38. _ 85 feux. Abbé de Saint-Benoit. Vigne.
(1) C'est-à-dire : l'iiUérùt de la question de son revenu.
(•2) C'est-à-dire : de l'assemljlée du 7 mars (qui se tiendra à Orléans) où seront clioisii lis
députés pour rassemblée générale du Itj mais.
788 BAILLIAGE D ORLEANS.
DÎME. — Le 24e.
Taille de la paroisse en 1788. — 1,788 1., dont 820 pour le prin-
cipal et 968 pour les impositions accessoires et la capitation.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^^" mars, dans
la maison de Marc Dagot, syndic de l'assemblée munici[)ale, à défaut de
l'hôtel de ville, sous la présidence de Joseph Chevreau, notaire royal à
Châtillon-sur-Loire. — Population : 110 feux. — Comparants : Marc
Dagot, syndic ; Pierre Hariat ; 'Simon Hariat ; Guillaume Hariat ; .Jacques
Chevreau; .Jacques Dagot; Amable Loiseau ; Jacques Gautier; Jeau-
Abdon Briant ; François Liibault ; Edme Guérin ; Edme Loiseau ; Pierre
Chevreau; Henry Chartier; François Serugue; Louis Bourgoin ; Martin-
Guy Loiseau ; Jean François ; Jean Parcineau ; Edme Bouin ; Pierre
Chevreau ; Philibert Chevreau ; Jean Rigoux. ; Pierre Bossicault ;
Jean Bartelot; François Minard ; Edme Jouneau ; Louis Parcineau;
Ale.xis Godard ; François Jouneau ; Louis Imbault ; Pierre Bardin ;
Pierre Renard ; Antoine Gorget l'aîné ; François Bordier ; Augustin
Suplinot ; Jacques Suplinot ; Vincent Roy ; Louis Pillard ; Etienne
Audx'y; Amable Imbault; Louis Imbault; François Imbault; Edme
Jouneau fils ; Jean Gautier ; Claude Imbault ; Pierre Loiseau ; Germain
Chevereau. — Députés : Pierre Hariat; Jacques Chevreau.
Population en 1790. — 461 habitants.
Cahier des plaintes et doléances du bourg, paroisse et com-
munauté d'Ousson pour être présenté à V assemblée générale
du Trois (sic) état du bailliage d'Orléans par les députés
dudit bourg, paroisse et communauté, ledit cahier présente-
ment arrêté en l'assemblée générale dudit bourg, paroisse et
communauté.
Du fait de V administration et charges publiques.
io Sera représentée l'injustice que le peuple de htdite
paroisse souffre, ainsi que les peuples des campagnes, dans
l'inégalité de la répartition des impôts qui opèrent sur les
habitants des campagnes une charge énorme, et surtout l'in-
quiétude occasionnée par la multiplicité des droits de tous
genres et par la recherche des commis établis pour les
CAHIER d'OUSSOX. 78U
exercer, sous prétexte dempêclier une prétendue fraude dont
les cas n'en sont pas bien déterminés.
2° En conséquence, demander la suppression des taille,
capitation, vingtième, gabelle et aides; le remplacement par
un impôt réel, que supporteront sur tous les biens du royaume
tous ceux qui les possèdent, à tel titre que ce puisse être :
ecclésiastique, noble et roture, sans distinction d'état et con-
dition ;
3° Qu'il soit établi des États provinciaux responsables au
Roi de la somme à laquelle la province se trouvera devoir
contribuer en général au soutien de l'État, et que le commun
de chaque lieu soit également responsable à la province de ce
que chaque lieu devra fournir dans ladite contribution ;
4° Que, dans le cas où il serait impossible de faire supporter
directement à la propriété toute la masse de l'impôt, il soit
distrait sur cette masse par la province une somme qui sera
supportée par l'industrie et le commerce et réglée entre les
lieux par des bases justes, qui seront réglées par les personnes
qui seront pour ce nommées librement;
5o Que, dans le cas où il serait nécessaire de conserver les
impôts sur les consommations, lesdits impôts seront simplifiés
et réglés par un seul tarif, déterminé par les dilïérentes
classes dispositives des lieux, et que, dans ce cas, la régie
desdits droits sera tenue par les États de province et assem-
blées de municipalités; qu'il en sera de même de la gabelle, si
elle est conservée, laquelle sera partout rendue d'un prix égal,
quant à la somme imposée et régie par la province et les com-
munautés.
6o Demander en conséquence la suppression de tous fer-
miers, sous-fermiers et régisseurs du Roi, commis, sous
quelque titre que ce soil, ;iuti'es que les préposés do la i)ro-
vince et des communautés;
7o Que, pour parvenir à ces règlements, il soit établi dans
chaque lieu une forme d'administration composée d'habitants
796 BAILLIAGE D ORLÉANS.
en nombre proportionné à la force du lieu, et, dans la pro-
vince, des États d'une constitution libre et sûre, où le Tiers
état ait une influence proportionnée à ses forces contributives
et au moins égale au Clergé et à la Noblesse.
80 Demander que tous les ouvrages utiles au public et toutes
les dépenses relatives à l'administration et à l'ordre intérieur
des provinces soient faits par la province même sur une con-
tribution dont les fonds resteront dans une caisse destinée
pour ce dans la province, à laquelle contribution seront sujets
tous les habitants et propriétaires desdites provinces et posses-
seurs des biens d'icelles, sans distinction d'ordre, état et con-
dition.
Du fait de l'église.
1» Demander que la paroisse d'Ousson participe avec toutes
les autres communautés du royaume à l'amélioration qui sera
faite par la recherche de tous les abus dans l'ordre hiérarchique
de l'Église, tels (sic) que la suppression de tous bénéfices, com-
munautés et fondations dont l'institution ne sera plus remplie,
pour lesdits bénéfices, communautés et fondations supprimés,
être fait emploi soit du produit de la vente des biens, soit du
revenu, à l'augmentation des rétributions des curés, l'étabhs-
sement des vicaires partout, sauf la réunion des petites
paroisses aux voisines, jusqu'au nombre de cent feux, la dota-
tion des églises paroissiales, la construction et l'entretien des
bâtiments tant des églises que des presbytères qui contiendront
aussi le logement du vicaire.
Du fait de Injustice.
Demander que le bourg, paroisse et communauté d'Ousson
jouisse, comme toutes les autres communautés du royaume, du
droit d'adresser leurs (szc) plaintes et affaires civiles et crimi-
nelles au juge royal, juge des cas royaux, le plus prochain dudit
lieu, où chacim de ses habitants puisse porter directement ses
alfaires civiles et criminelles, sans être obligé de se transporter
en la ville d'Orléans, distante de vingt lieues ;
CAHIER d'OUSSON. 791
2o Qu'il soit établi duns ladite communauté un officier de
police résidant, qui aura la charge de régler les alîaires minu-,.
tielles (sic) en matière pure personnelle, de mettre le scellé en
cas de nécessité, faire la police, arrêter les délinquants pour
les remettre incontinent au juge royal, juge des cas royaux,
assisté dans toutes lesdites fonctions de deux des plus notables
habitants nommés par la communauté. Et, dans le cas où ledit
officier devrait être nommé par le seigneur, qu'il soit, comme
les juges royaux, inamovible et indépendant dudit seigneur;
3» Remontrer tous les abus des justices seigneuriales et con-
courir avec les autres députés dudit bailliage d'Orléans à leur
réforme, notamment qu'en cas que ces établissements conti-
nuent de subsister, que les juges seigneuriaux ne prononcent
aucun jugement qui puisse intéresser ledit seigneur en sa
personne ou ses biens, de quelque nature qu'ils soient, ni les
personnes de sa dépendance ;
4« Qu'il soit aussi avisé aux moyens d'éteindre tous droits de
servitudes pubhques et seigneuriales, onéreux au peuple, en
fixant le denier de leur rachat stipulé libre ;
50 Qu'il soit demandé au Roi la suppression de tout droit
distinctif des ordres pour la possession des biens, notamment
des francs-fiefs, à cause du préjudice notable que le commerce
des biens fonds en souffre;
60 Qu'il soit demandé la suppression de tout droit contraire
à la simplification des affaires domestiques et rabrègement(.s<c)
des procès, tels que contrôle, sceau, timbre et autres de
cette nature ;
1^ Qu'il soit avisé par l'assemblée générale des États du
royaume aux moyens de procéder à la réforme du code civil et
criminel et à l'abréviation des procès, la revision de toutes les
lois et coutumes et les réduire à des points simples, clairs et
inteUigibles par tous les citoyens, la réforme de tous les poids
et mesures du royaume pour n'en avoir qu'un seul et
même.
792 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
Enfin, remontrer et aviser et consentir par les députés de la
paroisse et communauté d'Ousson tout ce qui sera utile et
nécessaire pour donner pouvoir suffisant aux députés du Tiers
état dudit bailliage d'Orléans, soit dans l'assemblée des trois
Ordres dudit bailliage, soit dans celle du Tiers état.
Fait et arrêté audit Ousson, le l"' mars 1789, issue de la
messe paroissiale dudit lieu.
(Suivent 16 signatures : celles de Loiseau; Baudier; Dagot,
syndic de la municipalité, etc., et celle de Chevreau, notaire.)
72o Le Moulinet.
Déj). Loiret. Arr. C«". Oien.
Gén. Orléans, EL Montargis. Gren. Gien. Dioc. Sens.
JoussE. — 40 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Haute, moyenne et basse
justice, r. à Lorris et à Ghâtillon. Assemblées le l'*'' mai et les dimanches
suivants. Br. de Montargis. A 5 lieues de Montargis et 1.5 d'Orléans.
Grande route de Lorris à Ghâtillon. Dans la forêt d'Orléans. I^avs plat
et couvert.
i7(38. — 44 feux. L'abbé de Saint-Benoît. Blé,
DÎME. — Le 24".
Taille de la paroisse en 1788. — - 041 1., dont 21»0 pour le principal et
.T)l pour les impositions accessoires et la capitatioii.
Procès-verbal. — Assemblée électorale le dimanche l^"" mars, à
9 heures du matin, dans la chambre des assemblées municipales, sous la
présidence d'Étienne-Maximilien Langlois, notaire roval au bailliage de
Lorris, y résidant. —l'opu/alion : 45 feux. — Coînjn/ranls : .Jean Quelin,
ancien syndic de la paroisse; Louis Vauvelle, syndic de la municipalité;
Louis Desnoues, André Berruet, .fean Avril, Biaise Renard, Etienne
Laurent, Etienne Jarry, Mathieu Bizot, François .Tousse, Vrain .Tousse,
Edme Pichard, Edme Picliard, .Tacques Foucher, François Patriarche,
tous laboureurs ; Pierre Pilorgé ; Hippolyte Garnier ; P^dme Monneau ;
.Tacques Morand; François I^isson ; François Desnoues; François Chan-
geux; I^tienne Benoist; Louis Rossignol; Jean Durand ; Claude Moïse;
Jean-Baptiste Brucy; Jean (Hrardin ; .Tean Paris; Louis Garnier; t]dme
CAHIER DU MOULINET. 793
Bizot, marchand ; Martin Delaveau ; François Moreau ; Gatien Chan-
geux, tous^ manœuvres. — Députés : Edme Bizot; Louis Desnoues.
Population en 1790. — 204 habitants.
Cahier rédigé par les habitants de la paroisse du Moulinet
assemblés le i^r mars 1789.
Lecture faite de la lettre du Roi, du règlement y annexé du
24 janvier 1789, ensemble de l'ordonnance de M. le lieutenant
o-énéral du Chàtelet d'Orléans du i3 février aussi dernier, et
de suite afiicliée dans la salle de la présente assemblée, a été
arrêté que Sa Majesté sera très liumblement suppliée d'affran-
chir la paroisse du Moulinet du droit de gruerie, qui est une
charge si considérable pour la paroisse qu'elle réduit tous les
habitants sans pain ;
Qu'il ne sera dorénavant payé qu'un seul et même impôt,
qui sera également supporté par chaque individu, soit noble ou
ecclésiastique, proportionnellement à leur (sic) richesse;
Que les chemins de communication soient rétablis et que
la corvée soit supprimée ;
Que le commerce du sel devienne libre et que le prix du
sel soit fixé à une somme arbitrée par les États généraux; en
conséquence, que les officiers et employés aux gabelles soient
supprimés.
Les officiers de la numicipalité et les députés demandent
particulièrement à être autorisés à se faire rembourser par le
o-énéral des habitants des frais et déboursés qu'ils sont obhges
de faire pour raison des affaires qui concernent cette paroisse.
Fait et arrêté en ladite assemblée, les jour et an que
dessus.
(Signatures de Bizot; Jarry; Garnier, Quelin ; Vauvelle ;
Bizot et Langlois.)
Demandent de plus lesdits habitants du Moufi.iet que tous
les droits d'aides soient abolis et tous les officiers et employés
794 BAILLIAGE d'ORLÉANS.
soient supprimés; qu'il soit suppléé auxdits droits par un
impôt représentatif sur les terrains.
Observent que les permissions qu'ils sont obligés d'obtenir
pour la coupe des bois qui leur sont nécessaires pour les répa-
rations de leurs biens et leurs usages leur sont plus dispen-
dieuses que le bois ([u'ils coupent ne vaut ; pourquoi ils
demandent que ce droit de gruerie soit représenté par une
redevance et qu'ils soient entièrement libres de disposer de
leurs bois;
Que les garçons volontaires qui ne voudront dépendre de
pères, mères ou maîtres soient arrêtés comme errants et vaga-
bonds, conformément aux règlements, et qu'il soit fait défense
à toute personne de les retirer, si ce n'est en qualité de domes-
titpie ;
Qu'au moyen des dîmes qu'on paie aux curés, il ne leur
soit payé autre chose pour leur tenir lieu de droits de mariage
et enterrement.
(Signatures de Jarry ; Quelin ; Bizot ; Vauvelle.)
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION.
Pages
I _ Objef et méthode de la publication
11. - Esquisse d'un tableau de l'état économique du bailliage d'Or-
léans en 1180
CAHIERS DE DOLÉANCES DES PAROISSES.
I. _ Groupe d'Orléans.
lo Justice temporelle de rÉvèché. ^
Saint-Jean-de-la-Ruelle ^
Saran
2o Justice d'Ingré. ^
Ingi'é 16
3o Ormes ig
4o Ghanteau, Fleury-aux-Choux ^^
5o Semoy 28
6" Boigny • ' ■ 3.^
70 Marigny 3(j
80 Saint-Jean-de-Brayc " • ■ ' ^g
90 Combleux 40
10" Vennecy ■ ' :
•M>. Justice de l'abbaye de Saint-Mesmin-de-Micy . ^^
Ghaingy 53
Saint-Denis-en-Val ^g
Mézières 59
La Ghapelle-Saint-Mesmin . '^^
Saint-Hilaire-Saiut-Mesmin . • • ^^
Saint-Nicolas-Saint-Mcsmin . ....■■• • • ■■ • ^^
120 Justice de Bucy-le-Roi
130 Justice de Sainte-Croix d'Orléans. .... 77
Sougy. '.'.... 80
Terminiers 9Q
Rouvray-Sainte-Croix gg
Gémigny 95
Saint-Pryvé-Saint-Mesmin • gg
Mardié 107
Olivet (Saint-Martin-d')
796 TABLE DES MATIÈRES.
Pages
14o Justice de Saint-Aignan d'Orléans.
Artenay 110
Santilly. . 116
Teillay-le-Peneux 118
Ruan 124
Lumeau 129
15« Justice de la baronnie de Chevilly.
Ghevilly 133
Gercottes 139
Gidy 141
Boulay 144
Bricy 146
Creuzy 148
Huètre 150
16" Justice du marquisat de Montpipeau.
Rozières 155
Saint-Sigisraond 156
Saint-Ay 157
Goulmiers 163
170 Justice de la baronnie de La Ferté-Lowendal (La Ferté-St-Aubin).
La Ferté-Saint-Aubin 171
Menestreau-en-Villette 178
Marcilly-en-Villette 184
Ardon 191
Yvoi 195
18o Saint-Jean-ie-Blanc 199
19» Ghécy 203
20o Justice de Saint-Cyr-en-Val 209
2!" Justice du marquisat-pairie de Ghàteauneuf-sur-Loire.
Ghàteauneuf-sur-Loire 213
Ouvrouer-les-Ghamps 225
Le Queuvre (La Queuvre) 229
Sigloy 233
11. — G>-oiijtes divers.
22o Justice de la châtellenie de Jargeau.
Jargeau 236
Férolles 243
Hou 246
Ingrannes 248
Donnery 249
Darvoy 252
Vienne-en-Val 257
TABLE DES MATIÈRES. 797
PflfiTGS
23o Saint-Denis-de-rHôtel ; 260
24»^ Sandillon 265
250 Justice de la chàtellenie de Saint-Benoît-sur-Loire.
Saiut-Benoît-sur-Loire 270
Ghâtenoy-aux-Bois 278
Bouzy 282
Guilly 286
Bray 289
Vieilles-Maisons 294
Saint-Aignan-des-Gués 298
Saint-Martin-d'Abbat 301
Germigny-des-Prés 304
Les Bordes 307
Tigy •...-.-. 310
Neuvy-en-SuUias 315
26" Groupe de Sully-sur-Loire.
Sully-sur-Loire 320
Isdes 334
Vannes 339
Viglain 342
Sennely 347
Souvigny 350
Lion-en-SuUias 352
Saint-Florent 355
Bonnée 361
Saint-Père 304
Chaou 366
27" Saint-Aignan-le-.laillard :}74
28" Saint-Gondon 377
29" Justice de la chàtellenie de Cerdon.
Gerdon 382
Villeraurlin 387
30" GouUons 391
31" Vouzon et La Motte- Beuvron 401
32" Nouan-le-Fuzelier 450
33" Pierrefitte-sur-Sauldre 459
34" Groupe de La Ferté-de-Pestre (Saint-Aignan).
Grouy 467
Bonncville 471
35" Toury-en-Sologne ■'*74
36" Groupe de Suèvres.
Saint-Christophe-de-Suèvres , 476
Saint-Martin-de-Suèvres, Saint-Lubin-de-Suèvres 479
798 TABLE DES MATIÈRES.
Pages
37o La Ghapelle-Saint-Martin 482
38o Gléry 487
39° Groupe de Meung.
Meung-sur-Loire 496
Mareau-aux-Prés 501
40" Raecon 500
41" Groupe de Gharsonville.
Gharsoaville bVA
Huisseau-sur-Mauves 510
42" Groupe de Saint-Péravy-la-Goionibe.
Saint-Péravy-la-Colombe 518
Bucy-Saint-Lipiiard 520
Goinces 522
43o Groupe de Nids et Tournoisis.
Nids 525
Tournoisis 526
44" Groupe de Toui'y-en-Beauce.
Toury-en-Beauce 530
Teillay-le-Gaudin 540
Rouvray-Saint-Denis 542
Mérouville , 550
45" Groupe de Tivernon.
Tivernon 555
Lion-en-Beauce , 564
46" Groupe de Saint-Lyé.
Saint-Lyé 568
Villereau 572
Bougy 575
47" Trinay 578
48" Rebréchien 580
49" Groupe de Loury.
Loury 585
Le Bourg-Neur 591
.50" Groupe de Fay-aux-Logcs.
l'iiy-aux-Loges .593
Sully-la-Cliapelle ' 5i)8
51" Trainou 601
52" Ghilieurs-aux-Bois 602
53" Grottes 607
54" Groupe d'Allainville et Erceviiie.
Allainviile. OlO
Erceviiie " 622
TABLE DES MATIÈRES. 799
Pages
ôôx Boisseaux 625
56" Gharmont 626
57o Groupe de Pitliiviers.
Pitliiviers 632
Bondaroy 65o
Marsainvilliers 658
Engenville 661
Bouzonville-en-Beauce 605
Inlville-la-Guétard 670
Pithiviers-le-Vieil 672
Bourg-l'Abbaye-lès-Pitliiviers 677
Escrennes 680
Grigneville 682
Guignonville 680
Léouville 688
Sébouville 690
Morville 693
58o Mareau-aux-Bois 699
59" Yévre-la-Ville ''OS
eOo Guigneville "^08
Olo AuInay-la-Pvivière 'i*^
62o Ondreville "'"^^
03» Groupe de Malesherbes .
Malesherbes /i/
Dimancheville '■^^
Labrosse 731
Buthier.s "^32
040 Orveau ^^^
05" Groupe de Beaune-la-Holiuidc.
Beaune-la-Boiande "-'*0
Juranville ^'^
Saint-Loup-des-Vignes "'t'i
Batilly '^'*''
Barviile ''^-
OGiJ Ijroupe de Létuiu et Saiuville.
Létuin .
Sainville
758
702
08o Nottonville ''^^
07" Mervilliers • • • • ''^^
08" Notto
09" Vieuvic
70" Villeau
//l
777
800 TABLE DES MATIÈRES.
Pages
71" Groupe de Châtillon-sur-Loire.
Châtillon-sur-Loire 782
Ousson 787
72o Le Moulinet 792
FIN DU TOME PREMIER
ERRATA
Pages Au lieu de : Lisez :
265 . . Sandillon (titre) 24o Sandillon.
623. . Cahier d'Arceville (titre courant). Cahier d'Erceville.
665,7,9 Cahier de Bouzonville-aux-Bois
(titre courant) Cahier de Bouzonville-en-Beauce.
735 . . Orveau (titre) 64o Orveau.
Oni.ÉANS — nif. ORLÉANAISE, HUE ROYALE, 68
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Bloch, Camille (éd.)
Département du Loiret
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